Récit de la course : Bearman XXL 2020, par La Tortue

L'auteur : La Tortue

La course : Bearman XXL

Date : 19/9/2020

Lieu : Amelie Les Bains Palalda (Pyrénées-Orientales)

Affichage : 1372 vues

Distance : 226km

Objectif : Balade

4 commentaires

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Bearman 2020 : l'ours des pyrénnées a mangé le pangolin chinois

CR Bearman 2020

 

 

Drôle de millésime triathlon, cette année 2020, coronavirus oblige. J’avais du avoir une prémonition fin 2019, car je ne m’étais pas fixé d’objectif particulier pour 2020, et je ne m’étais inscrit à aucun Xtrem tri. Je savais que je ferais l’Altriman comme tous les ans, mais pour le reste, je n’avais rien envisagé à part un p’tit half à Crozon (qui a été annulé 3 jours après le début du confinement, alors qu’on ne savait même pas à l’époque comment les choses allaient évoluer !!!!).

Pas beaucoup d’activités au printemps à cause du confinement quand les beaux jours sont arrivés ! Normalement, c’est à cette époque que je reprends les grandes sorties vélo à la journée au bord de la mer. A la fin du confinement, je me retrouve donc avec un excédent de bagages notoire sur la balance mais une reprise du vélo à haute dose  en mai / juin me permet de dégraisser un peu le mammouth. Cependant, les piscines n’ayant ouvert que début juillet, je me suis fait l’Altriman en juillet avec 2 sorties de 2000m la semaine précédente.

 


Altriman 2020, sans préparation, toujours un plaisir de courir dans mon « jardin » et d’y retrouver benoit et sa formidable équipe

 

A part la natation, l’Altriman de juillet s’était plutôt pas mal passé malgré tout, en mode très cool. Après avoir scruté quelle course je pouvais rajouter pour 2020 (Embrun annulé, tous les xtrem tri annulés), j’ai décidé de m’inscrire au Bearman. J’avais fait la première édition en 2017, l’épreuve m’avait bien plu, mais je n’aurais pas pensé y retourner un jour.

Finalement, comme Michelle et Richard Laidlow, les très sympathiques organisateurs maintenaient leur épreuve dans leur version complète, je me suis inscrit vers la mi-août. Un très grand merci à eux, car ils sont peu nombreux les organisateurs qui ont maintenu cette année contre vents et marrées. Et cela n’a pas du être facile pour obtenir toutes les autorisations requises. Bon nombre d’organisateurs ont préféré la facilité en annulant tout bonnement leur course, et en laissant les coureurs en plan ! Voilà qui est dit, toujours avec mon sale caractère !

Revenons à ce Bearman. Je commence à avoir du mal à trouver les mots pour écrire mes comptes-rendus de course, mais j’ai encore vu un concurrent pendant le vélo qui m’a dit avoir connu  le Berman grâce à mon CR de 2017, publié sur Kikourou ; ainsi cela m’encourage à continuer. Si ça peut servir….

Le week-end précédent, accompagné du Blueb et du Papy, mes deux vieux compères avec qui nous avons fait tant de kilomètres, et  de Jean-mi et Jeff (2 solides montagnards), nous avons fait la grande route des Alpes : Anemasse-Menton en 4.5 jours en passant par tous les grands cols alpins (Cormet de Roselend, Iseran, Galibier, Izoard, Vars, Bonnette et j’en passe…). Une aventure humaine et sportive fantastique ; merci encore au Blueb pour son organisation sans faille. Enchaîner un Bearman 3 jours plus tard pourrait paraitre ambitieux, mais pas tant que ça en fait, car je me suis économisé sur les routes alpestres, ne montant jamais les cols en forçant, en gardant toujours un peu de réserve, sauf dans le dernier km de la Bonnette sinon...je serais monté à pied !


 

Avec les copains, sur la Grande Route des Alpes


2 jours de repos complet dans les calanques marseillaises m’ont permis d’arriver au Bearamn bien reposé. Je retrouve sur zone Sylvie et mon Paname pour un pique-nique improvisé. Et, quelques km dans les collines au pied du pic Canigou, la veille au soir de la course, me confirment que les jambes sont en bonne forme.

 


Coucher de soleil marseillais sur le Frioul et la Bonne Mère depuis la terrasse de chez Loic

 

La course est basée à Amélie-les-bains, petite station thermale, logée au fond de la vallée du Tech, dans la région du Vallespir, à 20’ du Perthus. C’est la dernière vallée avant l’Espagne coté Pyrénées catalanes françaises. En quelques km, vous passez de la cote méditerranéenne et ses plages à la montagne au pied du massif du Canigou. Comme en 2017, je suis descendu à l’hôtel qui est un peu naze, mais qui est idéalement placé à 50m du PC course !

 


Amélie-les-bains, traversée par le Tech


La natation se passe dans une petite mare aux canards à St-Jean-Pla-de-corts, à 20 km d’Amélie à l’entrée de la vallée. Sylvie et Paname ont eu la gentillesse de dormir dans leur camion à Amélie pour m’amener au départ le lendemain ce qui m’évite de prendre la navette à 4h du mat.

Un super café de Sylvie et nous voilà dans le parc à vélo/T1, masqués, avec le Paname ; je retrouve avec grand plaisir Julien, un copain du TCN. C’est pas souvent que j’ai un camarade de club à croiser sur mes courses de bargeots et c’est très sympa de discuter un peu. Julien, c’est un costaud dans les 3 disciplines. Malgré son jeune âge, il commence à avoir un peu d’expérience sur le long et je sais qu’il s’est bien préparé car il ne prend pas les choses à la légère quand il prépare une course. Comme il me semble déjà bien concentré sur son affaire, et que je suis du genre à blaguer avant les courses, je le laisse tranquille. J’attends le départ avec Paname qui, comme moi, en a tellement vu, que nous ne sommes absolument pas inquiets. La météo s’annonce très correcte et rien que ça, on sait qu’on va passer une belle journée. Je n’ai aucun objectif. Les barrières horaires sont super larges, je sais donc que je n’aurais aucun problème pour finir. Juste un petit challenge : essayer, comme en 2017, de décrocher une médaille d’or, réservée au 50 premiers finisher. Mais le plateau est plus relevé cette année et…j’ai 3 ans de plus, donc c’est pas fait d’avance !

 


Parcours natation

 


On y va quand même ?!

 


Avec Paname, les vengeurs masqués !

 

 

Pan, c'est parti dans la nuit noire et l'eau pure !


On jette les masques à la poubelle et on peut se mettre à l’eau tranquillement car le départ est donné dans l’eau. Elle est super bonne, aucune sensation de froid sur le visage. Et « pan », c’est parti. Je pensais m’être mis au fond comme d’habitude car j’ai horreur de la bousculade, mais le circuit tourne dans le sens inverse de celui que j’imaginais, donc je me retrouve en première ligne avec les fous furieux qui me bousculent. Je me planque donc derrière une ligne d’eau pour laisser passer la meute et je pose ensuite ma nage 4 temps, bien pépère. L’eau est lisse, ça glisse tout seul et l’orientation est très simple car on longe pratiquement toujours la berge en tournant autour de l’étang dans le sens anti-horaire. Les bouées sont bien visibles avec les gyrophares, je reste un peu à l’écart de la trajectoire la plus courte pour éviter les baffes, c’est un vrai plaisir de nager dans ces conditions! Les trois tours s’enchainent sans problème, aucune gêne, aucun essoufflement, aucune fatigue en sortant de l’eau, bien aidé quand même par un sympathique bénévole pour monter sur la berge car la pente est raide et caillouteuse . 1h16, RAS.


J’aperçois Sylvie qui attend son héros et je suis surpris de voir Julien en train de s’habiller car il nage beaucoup mieux que moi à la piscine. Il a du faire une natation très prudente. Il a bien raison, la journée va être longue. Comme je le dis toujours, sur de l’ultra tri, ça ne sert absolument à rien de bourrer au début pour gagner quelques minutes en natation si c’est pour finir cramer à la sortie de l’eau. 15’ de natation, ça se rattrape en 50 km de vélo si on est frais comme un gardon après avoir nagé. Et parfois, je m’interroge sur la nécessité de nager autant d’heures en hiver à la piscine. Je pense que des sorties régulières d’entretien, juste pour ne pas perdre de masse musculaire, suffiraient largement. Après, nager reste une activité non traumatisante qui permet aussi de se bouger même quand il ne fait pas très beau. Si l’entrainement est ludique et qu’on y prend du plaisir, c’est très bien, mais j’en ai marre de me faire des séances prise de tête pour savoir comment placer mon bras, mon coude, ma tête, mes épaules, etc…c’est décidé, à partir de maintenant, je nage en mode « no stress », et tant pis si ça ne plait pas à tout le monde….je fais pas du sport, à 57 balais, pour me prendre le chou !



Parcours et profil vélo, 177 km, 3800 D+, mais pas d’altitude très élevée

 


Et c’est parti pour la roulette. Les 150 premiers mètres sont toujours aussi pourris avec un chemin de terre caillouteux où je fais bien gaffe de ne pas crever. Une première boucle de 50 km dans le piémont nous ramène à Amélie. C’est le début de la "route des cols", celle qui traverse les Pyrénées d’ouest en est et que l’on projette de faire un de ces jours avec mes poteaux de la Grande route des Alpes. 1000m de D+ sur cette boucle quand même, mais aucune vraie difficulté. C’est une succession de petits collus et de petits villages sympathiques ; sans gros pourcentage, mais avec des revêtements bien pourris. Le soleil se lève sur le Canigou, instant magique. Je déroule, la plupart du temps sur le 50 dents pour faire chauffer les cuissots, mais sans trop forcer non plus. Bien que je n’ai pas l’impression de forcer, je n’arrête pas de doubler du monde et au bout de 30 km environ, j’aperçois Julien, parti un peu avant moi de T1. Là aussi, je le trouve très prudent car il roule bien plus fort que moi d’habitude à Nantes.


 

En route vers le Canigou qui porte un coiffu !

 


Le village d’Oms. La route est dans cet état pratiquement tout le temps !

 


Le début de la route des cols pyrénéens, on y reviendra....

 


Un des petits collus à passer dans le piémont

 


Redescente sur Amélie

 

Une courte et rapide descente de Montbolo à Amélie, on repasse devant le PC course, on se fait applaudir chaleureusement par les familles des autres concurrents, puis après quelques km de plat vers Arles sur Tech, on attaque la première vraie difficulté du jour : le col de la Descarga par Corsavy. 7 km bien raides (surtout le pied), puis 5 km de replat puis à nouveau 7 km plus raides avant de faire le demi-tour au refuge de Batère que l’on voit plusieurs kilomètres en contrebas et qui permet de bien doser son effort. Julien me rattrape dans les derniers gros pourcentages et j’en profite pour faire qq photos avec lui. La montée s’est bien passée pour mes vieilles jambes, pas d’effort inutile. On est juste au pied du Pic du Canigou. Il y a des vues magnifiques sur la vallée et les sommets environnants, l’appareil photo ne chôme pas. La seule vraie difficulté, et comme ce sera la cas pendant presque toute la journée, est le très mauvais revêtement de la route qui ne rend absolument pas. Le vélo saute tout le temps en montée et en descente il faut être très prudent pour éviter les trous et en plus les routes sont étroites et sinueuses.

 


Le p’tit juju, impérial dans la montée du col de la Descarga

 

 


Vues splendides sur les Pyrénées catalanes dans leur partie la plus orientale

 

 

Au sommet, il faut faire le plein d’eau au gite car la montée m’a mis à sec. Il faut préciser que la course se déroule en autonomie totale. Aucun ravito prévu et contrairement aux Xtrem tris, voiture suiveuse interdite. Ce qui n’empêchera pas, comme toujours, de respirer les gaz d’échappement des put.. de bagnoles qui suivent leur coureur et qui nous gonflent, sans compter le rassemblement de 2000 motards espagnols qui nous doubleront toute la journée ! Les points d’eau « naturels » sont clairement identifiés au sol, et il y en a bien suffisamment pour remplir ses bidons. Seul un sac perso est amené par l’organisation au km 140 avec le ravitaillement que l’on souhaite manger. Le reste du temps, il faut bouffer des barres et autres  cochonneries en sachet que l’on peut facilement transporter sur le vélo. Je ne m’y ferais jamais à cette bouffe en plastique, et les intestins commenceront à faire des nœuds au début du marathon !


 



Au sommet de Batère, j’ai du un peu avoir chaud dans la montée car il y a de la buée sur l’objectif !

 

Descente rapide sur Corsavy, où l’on croise ceux qui montent, notamment, mon Paname, qui doit être dans les derniers à ce moment-là, mais qui avance avec le sourire. Petite remontée pour passer le "col" de Montferrer et longue descente bien casse-gueule jusqu’à la vallée du Tech qui est l’épine dorsale du parcours. Virage sec à droit et on attaque le col de Sous sur une route bien pourrie de 2 m de large. Dans mon souvenir, c’était un petit collu pas bien méchant, mais cette année, je le trouve plus pentu et surtout je n’en vois pas le bout. Cependant,ça avance toujours bien en rattrapant encore du monde. Enfin le sommet de Sous, puis une longue descente et nous voilà au ravito de Prats-de-Molo où je récupère mon sac perso avec mes sardines, mes cacahuètes et mon sandwich jambon/fromage, enfin de la vraie nourriture ! J’ai à peine commencé mon festin que Julien me rejoint sur le banc au soleil et nous cassons la croute ensemble. Encore un moment bien sympa.

 

 



Enchainement Montferrer/Sous

 

La pause sera courte et je repars pour la deuxième longue ascension du jour, le col d’Ares ; 14 km, mais avec un long faux-plat récupérateur au milieu et des pourcentages ne dépassant pas les 8%. Le revêtement, pour la seule fois de la journée, est très bon. On a la sensation de pouvoir enfin rouler efficacement. Au sommet, c’est la frontière espagnole mais comme le demi-tour est juste avant, je prolonge un peu pour profiter de la vue sur « el vall de camprodon », province d’el Ripollès. Les bénévoles et les spectateurs présents me hurlent dessus, pensant que je n’ai pas vu le demi-tour et que je pars dans le mauvais sens. Une fois les photos faites, je reviens sur mes pas et retrouve…Julien qui vient d’arriver au demi-tour du sommet. Décidément on ne se quitte pas, c'est presque une sortie club ! Encore quelques mots d’encouragement et nous attaquons la descente ensemble mais à bonne distance réglementaire. Il a l’air très frais et semble ne pas forcer du tout. Bonne gestion, bravo.


 

 

 





Le col d'Ares et la frontière

 

 

Les montagnes espagnoles : ça donne envie d'aller rouler, mais pas aujourd'hui. Demi-tour et retour sur Amélie.

 

Jusqu’à l’arrivée, ce n’est presque que de la descente et de longs faux-plats dans la vallée du Tech, juste entrecoupés par une dernière petite bosse pas bien méchante, le col du Sagué, sur une petite route dans les bois très sympa qui enjambe quelques torrents bucoliques. Julien me reprend dès que la pente est plus sévère mais il n’arrive pas à accrocher mes grosses fesses dans les descentes.

 

Passages splendides et sauvages en sous-bois

 

8h44 de vélo, soit 10’ de moins qu’il y a 3 ans, pour presque 21 de My avec 3800 D+ sur des toutes petites routes de montagne ; il a de bons restes encore la grosse tortue et puis le petit séjour dans les Alpes m’aura été très bénéfique.


Après une petite toilette et un nouveau ravito perso à T2, on repart en même temps avec Julien pour le marathon. Ce sera la dernière fois que je le verrais. J’ai mangé mon pain blanc sur le vélo, maintenant comme toujours, il va falloir gérer au mieux la CAP, surtout que 1100 m de D+ sont annoncés et la course à pied en montée, ça n’a jamais été mon truc avec mon gabarit !

 


Parcours et profil marathon : 42 km, 1090 D+. Le petit pic entre les deux cols, ce sont les escaliers de Palalda qui m’ont défoncé les cuissots.

 

 

 

Les deux boucles ont été inversées depuis 2017, ce que j’avais suggéré à Richard à l’époque car cette première boucle est beaucoup plus jolie que la deuxième, dans des paysages sauvages magnifiques ; or en 2017 la plupart des concurrents l’avait faite de nuit et n’avait pas pu en profiter.

 


Au départ du marathon avec Julien, même pas fatigués !

 

Après un petit km de plat pour sortir du village, on attaque un très gros raidard dans la caillasse. Impossible de trottiner, j’en profite pour lire et envoyer qq sms aux copains et à la famille. Vivent les technologies modernes grâce auxquelles on peut partager en live avec ceux qui nous sont chers et qui sont à des centaines de km de là.  On rejoint ensuite une petite route qui monte pendant 10 km, jamais très raide, et même avec des petites parties redescendantes. En revanche, on monte beaucoup plus haut qu’en 2017 et je trouve que le demi-tour au Mas Pujol est bien long à arriver, d’autant que je n’arrive pas à trouver mon rythme et que j’ai les intestins à l’envers. J’essaie de profiter du paysage, mais la gêne boyacale est tellement importante que je ne prends aucun plaisir qui est le moteur de mes courses en temps ordinaire. Depuis mes premières années de triathlon long où j’étais toujours ennuyé au début de la CAP, je ne connaissais plus ces problèmes digestifs, depuis que j’avais supprimé de mon alimentation les gels et autres barres énergétiques. Mais par simplicité, car je suis arrivé sur place la veille de la course et que je n’ai pas pris le temps de préparer autre chose, j’en ai beaucoup trop mangés aujourd’hui et le résultat est là. Malgré trois pauses techniques dans les bosquets, je n’arrive pas à me libérer les intestins. Pas facile de courir avec un ballon de rugby dans le ventre !

 


Paysage de la première boucle et dernière photos d’extérieur avant la nuit.

 

Après la redescente et alors que nous atteignons le semi en revenant sur Amélie et que je suis persuadé que nous allons retourner au gymnase pour pouvoir aller enfin aux toilettes, un bénévole m’oriente à l’opposé et nous voilà reparti pour une interminable boucle plate de 6 km jusqu’au centre équestre, puis une montée dans le village de Palalda par des escaliers qui me tuent les cuisses. Je n’arrive plus à courir correctement à cause de mon bide, et j’alterne trottinage et marche semi-rapide.

Km 27, enfin, le gymnase, où je peux aller aux toilettes. Ça va mieux, mais je n’arrive toujours pas à manger quoi que ce soit depuis la pose du vélo, et ce sera comme ça jusqu’à l’arrivée. Heureusement que je suis gras, et habitué à tourner à jeun, pour pouvoir faire les 5h30 du marathon sans m’alimenter. Je m’équipe pour la nuit : buff/frontale/voyant rouge clignotant obligatoire sur le camel back et après un petit coucou à Sylvie, je repars pour les 15 derniers km. Au bout de 2 km de plat, le ventre va de mieux en mieux et on attaque une longue montée, différente de ce qu’on faisait en 2017. Il s’agit d’une piste à 4x4 qui monte au col de la Reducta, avec des pourcentages parfois assez forts, et des tous petits replats. Je suis tout seul, pas de frontale devant, rien derrière. J’ai un peu sommeil, le bide est opérationnel et j’avance doucement mais surement. En haut de cette longue montée, 2 sympathiques spectateurs nous encouragent avec leur accent catalan plein de soleil et c’est parti pour 7 km de descente. Les jambes sont revenues et je déroule tranquillou. Dommage que ça s’arrête, j’étais enfin bien dans mes baskets.

Le petit Stéphane (un copain xtrem triathlète que j’ai souvent rencontré) et un autre bordelais me rattrapent dans les derniers hectomètres, et on termine à 3 le long des quais du Tech.

On sonne la cloche chacun notre tour ! Je suis un peu frustré par cette CAP où je pense que j’aurais pu mettre au moins 15’ de moins sans mes problèmes de boyaux, mais même si je dois bien avouer que j’ai mal au pates, il se trouve que je ne suis même pas fatigué...

 



Digue dingue dongue !!!

 

Temps final, 15h54, soit 40’ de plus qu’en 2017 (dont 50’ sur la CAP), mais avec un parcours CAP encore plus dur qu’en 2017 car il faut monter plus haut sur les deux boucles, avec 1100 m de D+ sur le marathon contre 700 avant. Mais bon je ne m’en tire pas trop mal car mon satané mollet récalcitrant qui m’enquiquine depuis des années et qui m’a empêché de m’entrainer en CAP ces dernières semaines m’a fichu la paix pendant toute la journée.

Michelle arrive vers nous 3 et nous dit avoir un problème. Il ne reste qu’une seule médaille d’or et nous sommes 3. Que faire ? Au chrono, je suis passé quelques secondes après les deux autres, mais une dame du public dit « il n’y a qu’à la donner au plus vieux », et du coup c’est moi qui hérite de la dernière breloque en or ; mes deux compagnons de route, largement plus jeunes que moi (pas sur qu'ils aient mon âge à eux 2 !) me la laissant bien gentiment. Merci les d’jeuns ! C’est qu’un bout de métal, mais ça me fait plaisir de la ramener comme en 2017, un peu comme si les 3 ans passés ne pesaient pas sur ma vieille carapace !

Je regarde si Julien est encore dans l’aire d’arrivée pour le saluer une dernière fois, mais il m’a mis presque ½ heure sur le marathon, et il doit déjà être au lit ! Après avoir fait la traditionnelle photo sur le fauteuil en bois des finishers avec la planche « Bearman » et la médaille, puis fait la bise (masquée) à Sylvie, je vais à l’hôtel me laver et m’habiller pour attendre, car si vous avez bien suivi jusque-là, il y a encore le Paname qui traine dans les montagnes.

L’heure tourne et on ne le voit toujours pas repasser par T2. Le flot des concurrents est de moins en moins fourni . On voit passer Dominique, la légende locale, mais toujours pas de Fred. Sylvie me semble inquiète, j’essaie de la rassurer. Le Paname, c’est un guerrier, il lâchera pas l’affaire. Et vers minuit, le voilà qui arrive bon dernier au km 27. Il a l’air bien malgré tout, et plein d’entrain pour les 15 derniers km. Je ne lui en dis pas trop sur ce qui l’attend avec la longue montée au-dessus de Montbolo par la piste 4x4 et je lui fais la bise car je n’aurais pas le courage de l’attendre encore au moins 2h30 pour son finish.

 


Le Paname au km 27, allez encore 15 et ce sera fini !

 

Finalement, il terminera avant-dernier après avoir rattrapé Domnique, avec une bonne heure de marge sur la barrière horaire. Chapeau champion, c’était important pour lui, après des ennuis de santé assez sérieux et deux échecs à l’Icon de boucler ce Bearman. Bravo! On va au TriEverest l’an prochain ????

https://triverest.com/

 

 

Julien, Tortue, Paname et Dominique, que des warriors finishers !

 

Le lendemain, retrouvailles avec tout le monde après une bonne nuit de repos et retour vers Nantes. Fin du week-end et des vacances, il faut bien que ça s’arrête un jour pour mieux apprécier les suivantes !

 


Du haut de cette photo, des milliers de km de triathlon vous regardent 😉

Notez la sobriété des athlètes, que de l’eau et du soda, même pas une petite bière !

 


Sylvie et son héros

 


Les deux vieux complices prêts pour de nouvelles aventures…..

 

Et voilà, cette saison 2020, si bizarre, se termine. Pendant ces 10 jours de vacances, entre les Alpes à vélo avec mes copains, mon séjour à Marseille chez Loïc et ce week-end catalan partagé avec Sylvie, Paname, Julien et la team Bearman ; j’ai réussi à oublier ce quotidien actuel morose avec ses masques, ses restrictions, ses confinements, ses gels hydroalcooliques, et autres tracasseries qui, insidieusement, nous pourrissent la vie. Merci à toutes et à tous.

 

 


Vivement 2021, en espérant que les pangolins resteront planqués dans leurs fourmilières cette fois !!!


Bien amicalement,

La Tortue

 

 

4 commentaires

Commentaire de Arclusaz posté le 04-10-2020 à 11:06:55

une fois de plus, les mots me manquent. Tu es vraiment increvable ! arrivé "bien reposé" après la Traversée des Alpes et deux jours de repos, c'est bluffant.

Commentaire de philkikou posté le 04-10-2020 à 23:52:57

Merci pour le partage de cette belle préparation et épreuve X-trem sur lesquels tes carburants sont le plaisir et le partage ... Ceci dit il ne faut quand même pas oublier la performance sportive ! Il faut quand même une sacrée caisse, l'entrainement et l'expérience ( cette dernière peut compenser un peu de manque d'entrainement en cette année difficile ) Pas encore regardé ton projet 2021 ... mais c'est surement une épreuve magnifique et exigeante !

Commentaire de la buse de Noyarey posté le 05-10-2020 à 11:00:47

La , je dis chapeau ; pendant que j'essayais de recuperer de la traversée des Alpes dans mon canapé tu t'enquilles un Xtreme tri . Et en plus , sans forcer.
Et bravo aussi pour le CR , toujours aussi agréable a lire.

Commentaire de augustin posté le 08-10-2020 à 12:54:25

Bravo Damien! toujours un plaisir de te lire, quel récit! tu es increvable, bravo!

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