L'auteur : Free Wheelin' Nat
La course : Ultra Trail Côte d'Azur Mercantour - 130 km
Date : 3/9/2020
Lieu : Levens (Alpes-Maritimes)
Affichage : 3375 vues
Distance : 130km
Objectif : Terminer
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22 autres récits :
Avertissement :
Si vous voulez vivre l'UTCAM façon saucisson chronométré , ce n'est pas le bon CR
Si vous aimez les romans photos, non plus
Si vous avez aimé « Dans la combi de Thomas Pesquet » , j'ai mieux : « Dans la jupette de Free Wheelin'Nat ».
De l'aventure, du dépaysement, du suspense , TOUT l'UTCAM VU DE L INTERIEUR !
A la différence de ce cher Thomas, mon QI est très moyen, et comme tout le monde je vois les étoiles d'en bas , et je les adore en particulier les bâtons à la main , un sac sur le dos et un relief à l'encre de chine juste en dessous.
Au départ de Levens, rien pour pour occulter un ciel tout beau, tout propre, et rapidement l'arrière pays où se raréfient vite les éclairages pollueurs se voit fortement éclairé par une grosse, une énorme lune, jaune comme un citron .
Comme elle je m'élève , lentement … Ca bouchonne un bon moment, et je n'ai qu'une hâte, voir enfin un sentier dans la frontale vierge de toute paire de chaussure ou bâtons pour pouvoir vivre ma nuit tran-quille.
Pas que je sois spécialement ronchon , mais l'humeur flirte avec le morose , comme si l'étincelle des débuts n'y était plus tout à fait . Dans les premières heures, je m'inquièterai même du manque d'entrain qui caractérise habituellement mes débuts de course . Et j'ai sommeil.
Partir doucement n'est pas dans mes habitudes, mais j'ai encore en mémoire une sortie longue récente où j'ai bloqué le rupteur avant de nager dans la poix, ou la Gapencimes où, sans le savoir, je m'étais retrouvée seconde féminine avant de rencontrer la mour, heu, le mur.
Augmenter la cylindrée est une chose, savoir la gérer en est une autre...
Mais le doute m'étreint (mon idole n'en n'a pas, elle – brûle un cierge-), outre le changement de programme de dernière minute, donc 3 semaines d'avance sur l'échéance, les 3 précédentes étaient aussi exemptes d'activité que d'oxygène dans l'espace. Quasi rien en rapport avec ce qui a précédé. Côté entrainement je lui tiens la dragée haute môa , à Thomas.
Donc je suis tiraillée entre la fatigue + ras le bol (même plus envie de courir) et la crainte que l'inactivité ne me fasse tout perdre.
Après le Férion, le peloton n'est pas encore distendu et j'ai rapidement l'impression d'être la bille dans cette Goldberg Machine utécamesque. Je ne peux pas accélérer pour mettre de la distance avec le gars derrière ni ralentir pour faire pareil devant . Chute, tombe, glisse et moi au milieu.... Déconnez pas les gars...
La descente finit par redevenir plus accueillante et juste avant le point bas du parcours (Suquet d'Utelle, je n'avais pas reconnu !) je retrouve l'équipe du Trail de la Peira et son ravito sauvage avec tisane et boissons chaudes. Génial.
Si vous avez l'occasion d'aller traîner sur ce trail court dans la vallée de la Vésubie, allez y , ce sera pour une bonne cause , dans une super ambiance sur un parcours ludique à souhait.
En arrivant au ravito je me traine toujours dans une vague mouarfitude collante et mollasse . Malgré la douceur je me refroidis vite mais Youston-zhom Utellisé de peu récupère de l'eau chaude, désachetise fissa un nutratruc saveur soupe et c'est reparti.
A la sortie je double un gars qui a semble t-il mal digéré la sienne, et je relativise ma mélancolie : aucune avarie annoncée , tous les modules sont étanches alors finalement, ça va , non ?
De l'autre côté d'un col l'horizon s'éclaire pour de bon et … et oui, je sors le crosscall.
J'ai en effet renoncé au mini à boutons: léger , certes, mais les sonneries me rendent hystérique et 20 frappes pour juste envoyer « OK » , ça décourage toute envie de communiquer.
C'est que j'ai exceptionnellement un satellite ravitailleur sur orbite, donc si avec deux centaines de grammes de plus je peux émettre que j'ai envie au prochain ravito d'un magret de canard , d'un gros câlin et de PQ , c'est quand même appréciable.
Donc la photo, c'est la classique, celle avec l'horizon bleu-ambré avec des montagnes dessous.
J'ai même réussi à en rater une . Là on est loin des clichés pris de la cupola. Et ces téléphones militaires, pour les photos, c'est moyen, surtout sans lunettes quand on ne trouve pas le mode « paysages »...
Les premier rayons du soleil éclairent magnifiquement le sentier où j'évolue (enfin) seule. J'adore ces couleurs. Je sors enfin de ma combi et dehors c'est vraiment sympa !
Le plaisir revient.
Les bâtons sortent mais retournent vite sur le sac, finalement je n'en ai pas besoin.
Il reste la descente sur Roque (billière) , elle sera longue et je n'ai pas l'intention d'accélérer.
En tout cas pas maintenant. Si jamais c'est envisageable, il est plus ou moins prévu que le second decollage commence pour de bon vers la Bollène ou Belvédère.
Deux parisiens sont avertis par mes soins que attention , elle fait mal cette descente... D'ailleurs à la base vie j'entendrai plus ou moins que le taux d'abandons a nettement grimpé.
Imprévu,Gaby n'y sera pas présent , et , j'ai assuré sur ce coup là, j'avais quand même prévu le sac Base vie,nok et la bouffe exceptés , mais ça n'impacte pas vraiment , l'inconfort fait partie d'un ultra. Si je ne l'accepte pas maintenant... Aussi zen que mon héros (-rebrûle un cierge -)
J'apprécie d'autant plus d'y piocher un des pots de baume du tigre maison . Ca sent bon, et ça réconforte.
Je tourne je vire, reconnais quelques visages ça et là .Les jeunes du club d'escalade semblent surpris de me voir (-fierté-).
Le temps qui passe le fait assez vite et une bénévole parlant à côté de moi de barrière horaire me ramène un peu à la réalité, c'est pas un camp de vacances ici !
Action-réaction je suis dehors.
Ah, il fait chaud... Petit whatsapp et Youston-Versailles qui m'alerte sur le temps passé au ravito. Mince, je ne m'en étais pas rendue compte.
Le sentier qui suit longera plus ou moins à l'ombre la Vesubie qu'on finira par traverser à Lantosque. Je crois que c'est à ce moment là que ça fighte sur W.app à propos de roadbook entre Spir et Bubulle... Je n'ai pas regretté d'avoir pris le téléphone. C'est acté, il peut vraiment faire du bien , ce gadget !
Trempage de John Doe (Bob n'est plus) dans la fontaine sur la place , passage du pont et début de la partie la plus pénible du parcours , genre « montée qui ne rapporte pas de D+ » . L'auteur de ces termes se reconnaîtra.
« Pénible » est un euphémisme, restons correct, mais jusqu'à la montée du Cloutet c'est d'un chiant... Quelques kilomètres de bitume que Vik n'a pas vraiment apprécié non plus.
Je ne sais pas qu'elle heure il est , mais c'est l'après midi et certains portions sont bien cagnardeuses, sans parler de l'ascension à la croix du Suolcle qui va faire des dégâts.
Pendant ce temps là je me passerai en boucle l'épisode 9 de Appare-ranman ! , il, m'avait bien fait rire celui-là . Fallait bien s'occuper l'esprit.
Interminable.
Je finis même par rattraper le jeune couple à priori hors de portée qui m'avait dépassé après le camp de Milo. Et pourtant j'étais moi aussi , zombie parmi les zombies carbonisés au soleil de septembre encore bien vigoureux, le bougre... Là ce seront deux des derniers morceaux de mon gamin qui vont faire bande son encore, et encore, et encore.
J'ai beau vouloir changer de plage, les deux mêmes reviennent sans cesse.
Même après la croix, quand ça ne monte plus , ça monte quand même … Même le pompier de garde là haut a l'air blasé sa mère.
Mais, selon moi même, « une côte, ça finit toujours par s'arrêter il suffit d'être patient » .
La preuve, bim, ça y est, on passe sur l'autre versant avec le Relais des Merveilles en ligne de mire.
Beaucoup plus verdoyant et plus frais, ça sent la fin de journée.
D'ailleurs en arrivant dans la Gordolasque, le soleil est déjà planqué derrière les montagnes depuis un moment et la luminosité descend d'un cran.
Je suis de loin jusqu'au Relais des Merveilles une jeune dame avec qui je râle que j'ai faim et que quand-est ce qu'il arrive le ravito ?
Il est là , et je ne suis pas surprise de ne pas trouver mon cargo , occupé à la Colmiane avec ses élèves.
Interception par un bénévole :
-portable chargé ? Check
-frontale et piles ? Check
-collant , bonnet ? Check, je vais me changer.
On peut dire ce qu'on veut sur le départ covido olé-olé du 130, mais côté sécurité et organisation, ça tient la route.
Des têtes connues et bienveillantes là encore au ravito, et la soupe au pistou (une vraie celle là!!) est une merveille , même si j'ai rajouté un peu trop d'huile d'olive dedans. Ca pique.
Je n'ai pratiquement pas mangé sucré et je tiens à maintenir la filière lipidique à plein régime, ça ne va pas aller en se réchauffant.
Préparation mentale afin de se désaper pour se changer, l'humidité nous tombe dessus à bras raccourcis...
Le temps de finir ma soupe et Parap'Gab arrive à grand pas !
Au menu , un massage et une brandade de morue bien chaude (de la balle!!!!), qui remettent la bonne femme en orbite .Soyouz n'a qu'à bien se tenir.
Je propose un peu de ma came à la jeune qui me demande quoi faire du baume (-rateau-), mais qui finit par s'en mettre et trouver ça sympa.
Il fait doux une fois le fond de vallée passé. En remontant sur la Cime de Valette de Prals, bref arrêt pour enlever la veste ...
Un autre peu après pour cette fois ci déplier les bâtons, les jambes seules ne suffisent plus.
A environ 100m au dessus de la route, on entre dans la forêt , mise en route de la frontale.
C'est à partir de ce moment là à priori que je vais enclencher la « courte » : le profil est bien en tête, et je décide que la première côte des trois sommets va faire office de rampe de lancement.
Jusqu'à présent j'étais dubitative sur l'emploi des bâtons, pas persuadée du réel avantage de ces derniers.
Sauf que.
Sauf qu'une petite vidéo a circulé sur Kikourou , avec le gentil monsieur qui fait courir avec un posé de bâton carrément contre-intuitif. En musique , 2 temps, c'est cool, ça glisse tout seul. Passer du 2 au 3, ça se complique. C'est sympa la valse, mais ça tourne carré.
On va voir si en marchant et en montée ça fonctionne, tiens...
Pas mal du tout ce système...
Et ça occupe pas mal l'esprit en ce début de nuit.1-2-3, 3, ah mince , non, c'est l'autre.
Pas du même côté le bâton, méheu...
Cool, ça marche !!
Ah, non, encore raté.
Ah oué, c'est vraiment pas mal !
Seule depuis un bon moment je reviens sur un gars qui a l'air vraiment au bout du bout . Je lui enjoins de s'arrêter un peu : il fait trois pas , s'arrête, reprend...
Moi ça va, je pourrais même dire que je me sens en forme. Combustible plutôt sympa que la brandade déshydratée... Et puis le riz au lait derrière... Rhôôôô, ça change des chips et du jambon !
Je raccroche un groupe au sommet de la Valette de Prals, ça descend tranquille puis largage d'un autre étage.
C'est que j'ai trouvé que le système fonctionne super bien en descente à condition de bien garder ce rythme tordu, mais de lancer le bras opposé à la jambe ,tendu, et poser la pointe un peu loin devant avant … de lever le pied en pivotant le...
OK , je n'insiste pas.
Je ne peux pas dire que je reviendrai là dessus, même moi je m'y perds.
Mais ça marche,
La mécanique des membres inférieurs ronronne tranquille, et ce n'est pas que l'effet du baume qui est en cause, je pense vraiment avoir trouvé un moyen de faire vite sans être brutale (siiiii.... c'est possible...).
Lors de la montée du Pisset , je vais rigoler un bon coup .
Je récupère un groupe de trois nanas, des jeunes apparemment.
Wouah, me dis-je je ne vais quand même pas m'en faire trois d'un seul coup ? C'est possible, ça ? Bon, je me rapproche vite, elles sont à l'agonie, mince.
Je me cale juste derrière, je n'ose pas demander à passer. C'est du gazon pas mal empierré, je n'ai pas envie d'accélérer. Elles verront bien qu'une frontale les suit.
Et là, dans le faisceau , sous mon nez... « Ah merde y'a des poils !! » Sur les mollets devant.
Des poils.
Des vrais.
Okkkéééé, c'est vrai qu'en principe les V.3 ou 4 hommes ne se rasent pas. Tout du moins en trail...
Ah.
Oui, bon, fallait pas porter un une veste presque rose et un mini short !!
Et avoir des mollets fins...
Hein...
Jusqu'en haut je me marre.
Mais si c'est ça les hallucinations, ça va , c'est soft !
Avant le sommet (déjà?) je raccroche un autre groupe et repars dans mes calculs avec entretemps quelques réflexions sur l'effet de la frontale sur la végétation type carex. Des fois ça file presque le vertige avec cette impression que les feuilles bordées de rosée se dédoublent avec le mouvement de la lampe. Les touffes de jonc un peu marron font aussi penser à des têtes de trolls planqués dans le gazon au bord du sentier. On est presque chez les hobbits.
Pas vu des vrais. Juste un jeune allongé (j'ai presque failli marcher dessus). Quelle drôle d'idée de se mettre là...
Le grupetto que nous formons va se scinder mais je ne serai plus seule jusqu'à la vacherie du Boréon.
Au début ça discute pas mal mais ça se calme quand on attaque la forêt et ça se complique un peu . Ca reste gérable même si par moment ça fait du bruit devant et derrière, et je glissouille aussi de temps en temps.
On longe pendant un moment un cours d'eau, et jamais on n'en voit goutte. Depuis quelque temps j'entends comme une fête où un gars parle au micro . Je ne suis pas douée en cartographie, mais il y a des bâtiments dans ce vallon ? Un camping ?
Pas de lumière, et ça cause toujours. C'est limite barbant.
Au bout d'un moment (elle est longue la descente...) je m'arrête. Ah , ben voilà, je m'en doutais...
Plus de bruit, juste le noir d'encre du vallon, les troncs des pins, le glou glou du cours d'eau et le bruit de bâtons des collègues.
Je repars : le crincrin recommence.
Ok, mon cerveau s'emm...e tellement qu'il s'invente du bruit, ou une signification à un vague frottement d'étoffe , de sac ou je ne sais quoi d'autre.
Autre looooong moment de solitude avec la piste qui suit la vacherie du Boréon, c'est pareil, ça n'en finit pas de descendre , tourner , virer tout droit : infini en plus large (une autoroute...) et moins pentu.
Dès que j'arrive au ravito je me pose et dors 20 mn .
Mon Boréonsmonaute tout gelé m'attend depuis un moment au bord de la route, ayant reçu un « j'arrive au Boréon » . Le panneau après la Vacherie m'a induite en erreur, j'avais encore quelques km à faire...
Nouveau ravitaillement en vol ou presque. J'avais donc prévu de dormir un peu mais si aux Merveilles Gaby m'avait annoncé que dans ma catégorie j'étais pas mal (nous avions convenu que le classement au cours de la course ne serait pas abordé ) là il finit par me dire que je suis première.
Bon, c'est sympa.
« A combien elle est la seconde ? »
« Une demi heure »
Calcul rapide.
Pfff, pas assez, rhaaa, je voulais dormir...
Une dernière lampée de café et de riz au lait , dernière mise à feu et je largue le dernier étage .
Mine de rien ça pousse bien, même avec un appui sur trois, et sans courir.
D'ici la traversée du ruisseau , il y a cette satanée montée spécial bitume (elle est pire en descente), je prends mon mal en patience mais ne mollis point.
Et j'accélère encore aux deux tiers peut-être de la portion, je veux voir de près l'empaffé qui fait croire à mon cerveau qu'il y a un pingouin géant au bord de la route .
Hal :« Oh, un pingouin »
Moi :« Nan, pas poss', c'est pas un pingouin, ça ne bouge pas »
Hal :« C'est un pingouin . »
Moi : « Merde, mais c'est quoi ce truc ?? »
J'ai beau essayer de voir autre chose, je ne vois que ça.
Encore accélération.
Hal : « C'est un Pingouin. »
Moi : « 'taiiiin.... »
« Clic- clic- clic- clicliclicliclicliccliclicliclicliclic !!! »
A 3 mètres de la bestiole:
Moi : »HA !! Des bornes de travaux!! Abruti ... » (-soulagement-)
Je ralentis le temps d'étudier de près la farce : un bloc blanc de profil (les gros en plastique qu'on remplit d'eau) et deux rouges couchés derrière.
Un pingouin rouge et blanc au bord d'une route en pleine nuit dans le faisceau d'une frontale n'est pas un pingouin.
CQFD
90° toute , raidar jusqu'au cours d'eau et... on part à l'opposé du chemin qui monte à l'Archas ?
Méfiance, on ne me la fait pas deux fois. Mais les balises réfléchissantes y sont, et assez haut et à un rythme normal.
Je vais continuer toutes antennes dehors encore plusieurs centaines de mètres jusqu'à doubler un couple de gars (ils sont réels , ça fait du bien) et jusqu'à que le sentier finisse par arrêter de longer la flotte pour monter au col de valette des Adus.
Ah les cons... Ce n'est pas un trou de ver , c'est bien un détour.
Donc on contourne l'Archas par le bas pour remonter par la gauche. OK, logique.
La suite me fait penser à la montée de notre Dame des Gorges , même configuration, mêmes lacets avec les balises flottant au gré du catabatique dans les arbres (-souvenirs-).
A une différence près : le nombre de gisants que je vais passer . Une dizaine au total .
J'entends du bâton, merde , quelqu'un revient sur moi. Maintiens la poussée. 1 sur 3.
Ah non, c'est au dessus.
J'ai l'impression de voir quelques lueurs mais c'est la frontale qui tape les arbres et reflète des rayons.
« Ho, ça va oui, arrête ta parano !! »
« M'en fous , je sais mais je m'éclate... »
Le rythme est assez soutenu (-rigole-) jusqu'au col sous l'Archas.
La fatigue me tombe dessus sous forme de pertes d'équilibre, et ma vitesse ascentionnelle se prend une gifle (-rigole moins-).
J'en chie, comme dirait Françoise, même si je passe encore des gens
Pas question de lâcher l'affaire.
Naaan, on ne passe même pas au sommet... (-déception-)
Je ne me souvenais âs que cette descente là était si raide, ça fait un bail que je n'étais pas passée là. (Il y a trois accès au sommet de l'Archas ).
Pas grave, le posé de bâton redevient sûr, et je lâche les frontales qui suivent .
La lueur du début d'un lever de jour révèle le profil de la descente que nous n'emprunterons pas cette année , dommage...
Ah , les carex dans la rosée, casse gueule ...
Du monde devant qui se met à ralentir, et je reviens vite dessus, et pour cause, C EST QUOI CE ...BIIIIP DE TRACE A LA ..BIIIIP !!!
Je vais râler à voix haute encore une bonne demi heure à la louche, mais je ne ralentis pas, je suis en pétard . De temps en temps un « JE SUIS DECUE !! »
Ben oui quoi, ces … de route, ces … de pistes... ce … de sentier juste à la fin, ils sont dangereux les mecs !!
Le groupe que je double décide de s'arrêter , ils sont « gavés ».
Là une vétéran avec un genou en vrac, là un gars qui vient de se blesser à la main car ses appuis sont branlants suite à entorse de cheville.
Sont pas contents les gens.
La coulée de boue-roches est remarquable , le passage vaut le coup, mais les barbelés juste au bord, pas cool.
J'arrive enfin sur la tranversale qui rejoint le « carrefour » St martin par vallon, vacherie d'Anduebis et retour à la Colmiane .
Je braille encore que c'est du foutage de gueule : cette portion est abandonnée depuis un moment (n'accède plus qu'à la prise d'eau) et rien n'a été fait : branches à terre en travers, dévers pas sympa, branches de résineux à hauteur d'homme au dessus de la trace etc... Je suis souvent obligée »e de marcher pour passer les obstacles, et ça m'énerve, je n'ai plus patience.
Pas mieux après le carrefour, c'est dégueulasse jusqu'à la piste (mais pas de leur faute cette fois-ci, la région devrait s'intéresser à ce secteur...).
La piste est là. En principe elle est , bon, un peu longue, mais en cet instant au lever du jour, elle me gonfle.
Mais ça devient intéressant , il reste 20mn à vue de nez jusqu'à la Colmiane.
Je propose à un gars vraiment crevé le canapé devant l'école de parapente (et un pot de baume sur la table devant qui n'y sera plus...) et reprends le rythme. Ah oui, je cours.
Ca, c'est fait.
Ravito passé, bref échange avec mon homme et je prends avec deux gars la piste d'accès au bas du télésiège, et encore de la piste en dessous.
Je râle encore qu'il y a un sentier parallèle juste au dessus de la piste que pourquoi ils nous font passer sur ENCORE DE LA PISTEUUU !!!
On longe le lac et c'est la descente par le Vallon du Vernet, et... c'est quoi cette rubalise au milieu du sentier ? On on doit passer à droite... Mais pourquoi on monte au site d'escalade ???
Je n'étais jamais passée là , pensant que c'était juste un accès.
Bé non. Je comprends mieux la réflexion d'une connaissance également sur le 130 « Mais pourquoi ils nous ont mis ces 150 de D+ juste à la fin ? »
En fait c'est réellement un monotrace qui redescend sur St Martin par le Trou du Diable mais qui débouche sur une route où j'ai dû passer une fois il ya des années. Je n'avais pas remarqué à l'époque le panneau ...
Je vais faire les 4km qui restent totalement éberluée mais ravie de découvrir encore un secteur inconnu , c'est du raide mais c'est une fin de course bien comme il faut avec ses 500m de D- en lacets en forêt, on ne verra St Martin qu'à la toute fin.
On va traverser la route par un tunnel en dessous pour accéder à la « rue de la rigole » dernière ligne droite dans le village .
Mon préparateur physique est là et va me suivre jusqu'à ce qu'on tourne à gauche pour passer sous l'arche. Le gars avec qui je suis me fait« Allez on arrive !!!» ,
« Oui ! mais mais dans 100 mètreuuuu, arrête d'accélérer !!! C'est que ça grimpe pas mal , le long de la rigole !!
A gauche toute, dernières foulées sous un joli pyrotechnique et passage sous l'arche.
130 bornes .
Fichtre... (- yessss -)
Devant l'ordi je regarde un peu le suivi kikourou de la course et une lueur clignotante m'attire l'oeil, à ma droite.
Ben voyons... Hooo stop... pfff... (-blasée-) Les hallus, ça suffit...
Par le hublot une étoile filante tournoie en clignotant.
Arrêt d'urgence de l'appareil.
La Stoots est dans la machine à laver !!
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17 commentaires
Commentaire de Benman posté le 14-09-2020 à 08:04:28
Dans la machine à laver de tes souvenirs, tu ne retiendra bientôt plus que la perf et le voyage intérieur. Bravo pour cela et merci pour ce partage. Sinon, le combo PQ câlin au ravito, ça doit faire du bien. ô Gaby...
Commentaire de bubulle posté le 14-09-2020 à 08:09:16
Enorme, la chute du récit.....
Toujours un peu halluciné, le bubulle, de la maestria avec laquelle tu transformes une course en quelque chose de totalement unique, dans ces récits....
Bon, bin à jeudi, hein!
Commentaire de catcityrunner posté le 14-09-2020 à 08:59:06
Un récit qui se lit d'une traite, sans reprendre son souffle ! On est vraiment immergé et pris aux tripes.
Bravo !
Commentaire de BouBou27 posté le 14-09-2020 à 09:10:12
Superbe
Ton histoire de pingouin m'a fait resurgir une citation du (superbe) livre éponyme: "Buvons pour que ce ne soit pas pire. Mieux, ça a déjà été".
Je ne sais pas si c'est à propos...
Commentaire de shef posté le 14-09-2020 à 09:51:42
Chouette CR !
Alors, la stoots est-elle parfaitement etanche?
Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 14-09-2020 à 13:35:25
J'ai eu du bol, j'ai pu arrêter la machine et vite la sortir ! Après séchage, c'est reparti comme en quatorze! lol
Commentaire de bubulle posté le 14-09-2020 à 20:14:32
Encore heures parce qu'elle va peut-être servir....
Pour les pingouins, on verra s'il y en a plus dans le 05 que dan sle 06
Commentaire de chococaro posté le 14-09-2020 à 13:23:29
Génial ! Merci pour cette pépite de récit, j'ai adoré, surtout la chute.
Commentaire de Yvan11 posté le 14-09-2020 à 14:50:04
Bravo et merci pour le récit.
Tel un Bubulle découvrant récemment le Gispet pyrénéen, je viens d'apprendre ce qu'est le Carex.
Commentaire de Arclusaz posté le 14-09-2020 à 17:26:26
quel plaisir de retrouver le style inimitable de tes récits ! et on apprend des trucs utiles : la principale différence entre un homme et une femme se situe au niveau des mollets. Bravo et merci pour ce CR habité.
Commentaire de Mazouth posté le 14-09-2020 à 18:51:08
Bravo, et encore un récit poilant ! Bises à la traileuse velue au passage...
Commentaire de Arcelle posté le 14-09-2020 à 21:19:35
Super récit, j'adore, merci !
Commentaire de Lécureuil posté le 15-09-2020 à 05:47:36
Complètement déjaqnté, tu devrais faire plus de courses et de de récits ))) autrement plus poilant que nos recits chronologiques soporiphiques ))
on attend le prochain impatiemment !
encore bravo pour ta course
Commentaire de loiseau posté le 15-09-2020 à 20:17:37
:-) :-) :-)
Trop bien ce récit, merci Nat' pour ce bon moment!
Et bon anniversaire aujourd'hui !!!
Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 15-09-2020 à 21:01:51
Un grand grand merci à tous ! :-)
Commentaire de samontetro posté le 22-09-2020 à 14:45:12
Oh la râââââleeeuuuuuse! Bon, si tu as du souffle pour râler c'est que tu peux courrir [encore] plus vite! Bravo en tout cas pour cette aventure et cette remontada sur le sentier! Sur le live on avait l'impression que rien ne pourait t'arrêter et tu l'as confirme! Warrior Nath' Félicitation pour ce beau classement.
NB: la stoots à survécu ?
Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 22-09-2020 à 17:13:51
Merci Patrick!
Vi! Je m'en suis servie sur le demi Off de Serre Ponçon !
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