L'auteur : Shoto
La course : Intégrale des Causses
Date : 20/10/2017
Lieu : Mostuejouls (Aveyron)
Affichage : 5087 vues
Distance : 64km
Matos : Salomon Speed cross 4 (chaussures) - Bâtons BLACK MOUNTAIN - Coupe vent Salomon. TS Raidlight manches courtes.
Objectif : Terminer
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9 oct :
Après avoir couru l’intégrale des causses aux Templiers 2016 un pote revient avec des étoiles pleins les yeux. Il nous donne envie, Olivier et moi, de participer en 2017 à cette belle course sauvage et nature.
Je mets en place dés le mois d’août un plan d’entrainement sérieux et concret. Belle montée en puissance … jusqu’à 6 semaines du départ …
Patatra, je me fais une entorse de cheville sur mon circuit préféré des 25 Bosses en forêt de Fontainebleau le 9 septembre, soit 6 semaines avant le départ. Cette sortie devait être la dernière rando course longue avant mon trail intermédiaire ; l’Imperial de Fontainebleau 40km.
La poisse !
Evidemment, j’annule ce trail compétition intermédiaire en espérant pouvoir me présenter sur la ligne de départ de l’Intégrale des Causses. Double patrata, le docteur spécialiste du sport (et accessoirement bon ultra traileur) m’affirme d’un ton froid et péremptoire que je ne serai pas guéri dans 6 semaines et qu’il vaut mieux annuler. Le ton monocorde et froid de son diagnostic me donne l’impression lugubre de tomber dans un puits sans fond … ma charmante épouse me ramasse à la petite cuillère dans les jours qui suivent. Je vois s’envoler cette belle intégrale dont je rêvais lorsque j’écoutais les récits de mon pote Alex et lors de mes lectures des CR de kikoureurs. Je visualisais fort bien cette course grâce aux vidéos de traileurs youtubers vidéastes passionnés. Celui qui me sort de ma déprime trailique est tout simplement … le bon vieux kiné qui s’occupe de ma rééducation. Ancien rugbyman, un peu rustique, il visualise très bien ma blessure et me promet d’essayer de me remettre sur pied pour le départ de la course 6 semaines plus tard. Chiche !
Glaçage, massages et double ration de vélo … et de kiné car je m’achète un plateau sur boule que j’utilise matin et soir. Exercice de renforcement et de proprioception. Pas de répit !
12 jours sans sport puis je reprends VTT et vélo de route.
17 jours sans course à pied, puis je reprends en respectant la progressivité.
Quand je vois que la cheville tient bien et que le kiné me donne le feu vert, double ration de sport ; vélo et course à pied 6j/7 + un petit régime pour perdre un peu de poids.
J’encaisse sans broncher !
23 sorties soit 237 km de CAP en 2 mois avant la compet dont 17 jours d’arrêt.
+ 14 sorties soit 397 km de vélo en 2 mois avant la compet dont 12 jours d’arrêt.
En fait je me rends compte que mes 12 jours d’arrêt n’ont pas entamé mon foncier car j’étais déjà arrivé presque au top avant l’entorse… ils m’ont en fait permis de reposer le corps bien sollicité depuis cet été.
Je viens juste de finir mon plan d’entrainement chahuté par cette entorse mais je suis fatigué et heureux.
Commence aujourd’hui ma période d’affutage. Il me reste 10 jours pour récupérer du jus avant de m’aligner avec mon pote Olivier à 6h50 heures sur la ligne de départ à Mostuéjols.
Et je suis à bloc !
(écrit le Lundi 9 oct. 2017)
Le 20 octobre au petit matin :
Mostuejols, il est 6h40 et nous progressons à pied en montée dans la nuit, Marc, Olivier, Stéphanie et moi, le long de cette route goudronnée serpentant jusqu’à la ligne de départ que nous voyons un peu plus loin sous le feu des projecteurs. Nous venons de laisser ma voiture au carrefour 200 mètres plus bas et nous ne sommes pas seuls. Des dizaines de lampes frontales nous précèdent et nous suivent … la grande famille des traileurs dont beaucoup ayant pris la navette à Millau situé à 20 km, heureux d’être là ce matin si près de leur objectif … pourtant un long chemin restera à faire avant l’arrivée. Des femmes et des hommes bien affutés et visiblement bien équipés nous entourent … cela prouve leur degré de motivation, de préparation et d’investissement pour cette belle Intégrale des Causses, une course réputée technique de 63 km qui n’autorise pas l’impréparation.
Mes 2 confrères et ma consoeur sont bien préparés eux aussi. La seule inconnue est pour Stéphanie une petite déchirure musculaire datant de 1 mois et demi et mon entorse de 6 semaines. Un peu de stress pour ma part … mais pressé d'en découdre maintenant.
La nuit a été courte, particulièrement pour moi, contrarié par la perte de ma frontale hier soir … retrouvée ce matin dans la valise de mon pote Olivier ! Il avait confondu les sacs plastiques ! vive la proximité de la vie communautaire entre traileurs ! Nous avons loué un gîte à Boynes à 10 traileurs. Dodo dans un couloir de passage avec Olivier … réveillés à 2h00 du matin par nos 3 amis colocataires partant pour le départ de l’ENDURANCE TRAIL (100 km). Evidemment, cela me change de mes voyages trailiques solitaires où je profite tout seul de chambres d’hôtel confortables … mais je ne me plains pas, cela a du bon de partager une passion de trail avec des amis en acceptant de laisser un peu de confort de côté.
447 coureurs au départ. Course volontairement intimiste, nature et sauvage. Cela me change du Marathon du Mont Blanc en juin à Chamonix avec près de 2500 traileurs sur la ligne de départ. Nous sommes peu nombreux aujourd’hui mais le speaker est survolté et excite la foule des partants dans le bruit des enceintes et la lumière des projecteurs. Partage de plaisanteries avec mes camarades, çà chambre fort … j’allume la GO PRO pour filmer notre départ … et BOUM TOP DEPART, çà pulse. Je tente de rester avec Stéphanie, petit boutchou de femme emportée par la vague mais vite la ruée sauvage de frontales nous sépare. Marc part vite devant, Olivier suit son train dans un premier temps. Ma tactique de course est simple aujourd’hui ; je veux partir plus doucement que d’habitude pour imprimer un rythme lent et sécure pour préserver ma cheville et éviter tout risque de surentorse. Mon docteur (et coach de trail) m’a prévenu … TU N’AS PAS LE DROIT A L’ERREUR ! … tout est dit ou presque.
Je ralentis et hurle le prénom de Stéphanie que j’ai perdue. Une petit voix dans la meute des traileurs « enragés » me permet de la localiser et de la rejoindre. Je suis aujourd’hui en mode « Saint Bernard » pour Steph qui stresse pour sa blessure subie sur l’Imperial Trail de Fontainebleau début septembre. Pour l’instant elle n’a pas mal … pourvu que çà dure.
Nous déroulons en montée sur des petits chemins mono-traces près du petit village médiéval de LIAUCOUS dans la nuit aveyronnaise. Le jeu des lumières est fantastique devant et derrière … mais pas trop le temps de lever la tête … il faut bien regarder où l’on met les pieds. Nous discutons gentiment avec Steph qui semble comme moi peu à peu se relâcher de la pression du départ. Nous sortons les bâtons qui resteront nos fidèles alliés jusqu’à l’arrivée.
Olivier a décidé finalement de nous attendre et c’est à 3 que nous rejoignons le 1er ravito du ROZIER au 6ème kilomètre en 47 minutes. Une salle assez spacieuse et bien aménagée. Des tables terriblement bien achalandées. Des gobelets de boissons, des assiettes pleines avec des choix variés … tout y est. Des bénévoles aux petits soins et fort aimables. C’est chouette d’être là même si j’ai prévu de ne pas m’arrêter longtemps ici. Un traileur original et démonstratif entre dans la salle en portant une banderole tenue à bout de bras au dessus de sa tête avec écrit en grosses lettres « MERCI LES BENEVOLES » … ovation bruyante des bénévoles et traileurs présents, avec sifflets audacieux et applaudissements. Je trouve çà trop fort et génial ! C’est de l’esprit trail.
Nous sommes synchros avec Olivier et Steph, prenant bien garde de ne pas oublier nos bâtons. Pas besoin de refaire les niveaux d’eau quasi pleins.
Je suis parti avec 2 litres d’eau plate dans le camel bag et une gourde de réserve de 300 ml vide pour l’instant (sauf poudre énergétique), un gel (que je n’utiliserai pas) et des pâtes de fruits + 1 tube de sportinine … eux m’aideront bien plus loin dans la montée du Cade !
Mais en général sur mes trails moyens longs, je me restaure bien sur les tables des ravitos alternant sucré / salé et cela me suffit largement et me réussit bien.
Niveau matos et vêtements : chaussettes de contention (dont 1 paire de rechange dans le sac ... si pieds mouillés), short, un TS manche courte, un TS manches longues dans le sac, un coupe vent Salomon imperméable, un beuff, des mitaines VTT aux mains (évitent les ampoules avec la sueur et à cause des bâtons), une couverture de survie, des Salomon speed cross 4 aux pieds, 2 frontales dont 1 de secours dans le sac, un sac à dos Lowe Alpine et ma Go Pro avec sa perche … et une chevillère de renfort au cas où … pas besoin de plus.
Levé de soleil sur les Causses, magnifique ! Nous grimpons et progressons sans surrégime sur des chemins techniques en balcon remplis de racines et de cailloux à flanc de coteau puis au dessus des falaises de la Jonte. Les formations rocheuses sont de toute beauté. Les aplombs sont à pic au dessus des gorges de la Jonte. Nous admirons les gros blocs calcaires, les belles corniches et les couleurs rouges, oranges et vertes de la végétation d’automne. Quelques brumes matinales accrochent les crêtes. Des belles grimpettes qui réclament des quadris de bouquetin et nous surplombons vite des villages endormis dans la pénombre du matin, des maisons typiques en pierre, des toits baignés de nappes de basse brume.
Dans la torpeur matinale, les chiens aboient, estomaqués de voir cette ribambelle de drôles d’humains équipés de bâtons et de lumières percer l’aube blafarde.
Je me rends soudain compte que c’est mon 1er levé de soleil en course rencontré en trail compétition. Moment de recueillement d'un jeune traileur (pas dans l'âge, j'ai 46 ans ... mais dans l'expérience trailique) … pourvu qu’il y en ait d’autres !
L’ambiance est très bonne. Nous discutons avec les autres traileurs. Il ne fait pas froid (environ 13°C) et surtout il ne pleut pas ! Hier notre arrivée au village du trail à Millau s’est faite sous une pluie torrentielle qui a aujourd’hui rafraichi l’atmosphère et détrempé le terrain. Steph qui était sur cette même course l’année dernière me dit que cela permet de courir sur un chemin plus agréable qu’en 2016 car la poussière est collée au sol par l’humidité et le sol est moins dur et donc beaucoup plus meuble et sympathique pour nos amortis. Temps clément confirmé par le speaker de départ … bref des conditions idéales de course pour moi qui souffre habituellement de la chaleur . La température n’atteindra pas plus de 17/18°C au plus chaud de la journée avec du vent. Ciel couvert qui laissera apparaitre quelques rayons de soleil dans l’après midi. ... c’était ma minute météo .
Cette course est vraiment à part pour moi compte tenu des circonstances. Pour une fois, je ne cours pas seul et j’apprécie la compagnie agréable de mes amis. Pourtant habituellement, j’aime courir dans ma bulle. Aujourd’hui, je me suis fixé comme objectif de courir le plus longtemps possible avec Stéphanie. Elle a sensiblement le même niveau que moi, une certaine capacité de grimpe comme moi, descendeuse moyenne (comme moi) et rythme sur le plat sensiblement identique (VMA entre 15 et 16 k/h). Je pensais perdre Olivier très vite à cause de sa « grosse cylindrée » de course (VMA à 17,5 K/h) … mais il restera plus de 20 km avec nous. Sympa le copain ! Je connais bien Olivier depuis de nombreuses années. Il a été mon compère de raids multisport pendant près de 10 ans. Nous nous sommes cramés et perdus ensemble sur des courses d’orientation VTT et CAP, des sorties plus ou moins longues et ardues en forêt profonde, de jour comme de nuit … le type est humble, simple, solide et très fiable, un caractère toujours égal et bienheureux même au plus profond des forêts sombres la nuit lorsque nous nous cassions les yeux et les pattes à chercher des balises introuvables … alors que parfois il pleuvait.
Je connais Stéphanie depuis peu de temps, une athlète rencontrée au cours des séances d’athlétisme du mercredi soir au Plessis Robinson. C’est une femme d’une quarantaine d'années, agréable, chaleureuse et joviale.
Aie ! au bout de 8 km, Steph me dit qu’elle a mal. Sa blessure à la cuisse s’est réveillée. Son moral tombe en chute libre … et le compte à rebours de l’abandon semble enclenché. Elle déprime car l’année dernière sur la même course de l’Intégrale, elle avait déjà dû abandonner sur blessure (le dos) à St André de Vézines … malédiction ! Je m’attends donc à l’accompagner … mais jusqu’où ce petit boutchou de femme est-elle capable d’aller ? et surtout jusqu’où veut-elle aller ? Sans dévoiler trop vite la suite de mon récit, Steph va me montrer que les femmes ont une capacité de résistance à l’adversité parfois PHE-NO-ME-NALE ! Ce petit bout de femme sociable, serviable et généreuse va me donner une leçon de courage qui me servira de modèle dans l’avenir. Elle ira jusqu’au bout et sera FINISHER à mes côtés sur la ligne d’arrivée.
Extraordinaire !
Bravo et respect !
Enthousiasmés comme des gamins, nous profitons des chemins techniques et des formes rocheuses originales ainsi que des aplombs calcaires impressionnants tout le long du parcours .. ce trail en visuel est probablement le plus beau que j’ai fait.
Ravito avec une rampe à eau au TRUEL au bout de 14 km. Nous sommes à 2h23 de course.
Suivi de la plus grosse grimpette qui nous élève à 920 mètres (environ 400 D+) point sommital de course du km 18.
Après une belle section en forêt sur le plateau, le ravito de St André de Vézines installé sous un auvent arrive au 26ème km (temps de passage 4h19 de course). Olivier notre lièvre amical est déjà parti devant … libéré du joug de ses 2 boulets (il finira 140ème en 10h10).
La douleur de Steph s’est stabilisée avec la chaleur du mouvement. Nous prenons 20 bonnes minutes à bien nous ravitailler sous les airs de musique rétros de guinguette / musette et nous repartons.
Nous nous sommes faits dépassés par de nombreux traileurs depuis le départ mais maintenant les espaces se creusent et se stabilisent. J’ai l’impression de courir en fond de peloton.
Mais je m’en fous ; il n’y a pas de barrière horaire pour nous stresser. Je ne regarde pas le chrono, bien décidé à profiter de chaque instant de cette course que j’ai bien failli rater. Je ne suis pas pressé d’arriver en fait ! CARPE DIEM !
Dans certaines montées assez abruptes, le dénivelé étant bien présent sur cette course, nous sommes à la queue leu leu à un rythme un peu trop lent à mon goût … un peu frustrant … mais ô combien bénéfique pour la longue distance ….préservons nos forces.
Avant PIERREFICHE nous passons au dessus de la DOURBIE.
PIERREFICHE – Ravito complet sucré salé très bien achalandé dans une salle au chaud. Cà tombe bien, je ne sais pas comment m’habiller aujourd’hui jonglant entre le tee shirt seul, puis le coupe vent Salomon sur les hauts plateaux venteux du LARZAC … puis le tee shirt technique manches longues … que je garderai jusqu’à la fin. Nous sommes au 37ème km et nous courons depuis 6h18 sans fatigue particulière. Bonnes sensations ... sauf pour la blessure de Steph..
Dotation & orga :
L’organisation des 14 courses des templiers est superbement bien orchestrée. Une sacrée machine de guerre. Les sentiers sont très bien balisés. Pour éviter toute erreur facilement faite par des traileurs cramés en perte de lucidité, les changements de direction sont, en plus des habituelles rubalises, marqués au sol par des flèches de peinture et par des branchages couchés en travers de la continuité de piste à éviter. Ce matin en partant du gîte, des ouvreurs couraient à la frontale sur le tracé de l’ENDURANCE TRAIL 100 km avant les compétiteurs afin de réimprimer les flèches de direction sur le sol à la bombe de peinture.
Bravo le grand chef d’orchestre pour la mise en musique des centaines de bénévoles et l’efficacité de ces derniers. Tout semble être bien rodé.
Deux petits reproches toutefois de ma part :
- les stands un peu trop mercantiles à mon goût du village de trail à Millau,
- et la ligne d’arrivée un peu terne sans staff d’accueil … qui change bien de l’arrivée et de l’ambiance des courses à Chamonix et de l’Ecotrail de Paris.
Vous excuserez j’espère l’aparté critique du franchouillard râleur moyen .
Sacrée dotation aux TEMPLIERS ; un beau tee shirt technique et un beuff en guise de cadeau de bienvenue ainsi qu’un poster avec de superbes photos d’un traileur Kalenji courant dans des paysages hauts en couleur des Causses … devinez qui a sponsorisé ces posters ? Une belle veste sans manche floquée FINISHER à l’arrivée. Tout çà pour un prix relativement modéré ; j’ai calculé 1,19 euros du km y compris l’assurance annulation (... à comparer à la Maxi Race d’Annecy, l’Ecotrail de Paris ou le Marathon du Mont Blanc).
Bravo les organisateurs.
ENDURANCE TRAIL 100 KM
Ce qui est fabuleux sur l’Intégrale des Causses et de voir nous doubler le TOP 100 des coureurs de l’ENDURANCE TRAIL 100 km dont le parcours final (quand même 60 km sauf erreur) est commun avec notre course. Avec steph nous apprécions de libérer le passage et d’encourager ces bêtes de course qui, pour la plupart, nous retournent les encouragements que nous leur prodiguons. Impressionnantes foulées et physiques d’athlètes, nous avons tout le temps de les admirer … rappelons qu’ils ont déjà 80 km dans les papattes lorsque nous n’en avons que 40 km !
Féminisme trailique :
Dans une montée abrupte, la première féminine de l’ENDURANCE TRAIL 100 km nous rattrape et nous double … joie hystérique de Steph et d’une traileuse papotant avec elle lorsqu’elles voient cette véritable héroïne passer sous leurs yeux. Les encouragements sont bien plus chaleureux qu’avec les gars .. et la coureuse semble apprécier le compliment de ses 2 consœurs …
Ah ! la solidarité féminine !
Après le ravito bien complet de PIERREFICHE du 37ème km, le chemin aérien et monotrace est parfois en devers, ce qui n’est pas forcément agréable pour les articulations d’autant que le sol est humide et parfois glissant. Nous suivons un moment un traileur tatoué, Mickey, et son pote lyonnais. Les 2 traileurs sympathiques sont visiblement cramés. Mickey tente plusieurs fois de tirer son copain qui tire la langue pour nous redoubler à plusieurs reprises. Ils semblent progresser en yoyo… alors que j’évolue un moment derrière le lyonnais, celui-ci se tord plusieurs fois les chevilles risquant l’entorse … un comble pour moi qui justement souhaite tout faire pour éviter l’entorse ! Mickey se plaint de ses tendons d’Achille douloureux. Avec Steph, je me rends compte que nous sommes plus constants et homogènes dans notre progression, avec des appuis bien plus assurés. Nous participons toutefois plusieurs fois à leurs pauses admirant les vues de toute beauté sur la vallée, les magnifiques Causses vêtues de leurs couleurs automnales. Au loin, Steph me montre MILLAU, le Viaduc perdu dans le lointain derrière la corniche accueillant la pointe du CADE avec son antenne … où nous devrions aller tout à l’heure.
Je prends pleinement conscience de la chance d’être là aujourd’hui dans un environnement exceptionnel. A cet instant je remercie le bon dieu …. et surtout mon kiné !
Aurélien Collet et la jupette
Un peu avant MASSEBIAU vers le 50ème kilomètre nous quittons les haut plateaux sauvages et majestueux pour plonger dans la descente technique avant de sauter la Dourbie.
Avec Steph, absorbés dans notre discussion et les yeux rivés sur le tracé technique de cette partie de la course, nous ne voyons pas arriver en courant un jeune type fluet qui monte à notre rencontre … je lève les yeux … et découvre subitement Aurélien COLLET ! … un des 10 meilleurs traileurs français.
Il est visiblement en train de se chauffer pour la BOFFI FIFTY la course de 50 km des TEMPLIERS de demain … qu’il gagnera !
« Oh ! Aurélien COLLET ! » je m’esclaffe. Il me sourit amusé, nous dit bonjour en nous souhaitant bon courage.
Tout heureux d’avoir pu rencontrer ce traileur connu, simple et sympathique, nous continuons notre descente … avant de nous faire doubler par lui en descente cette fois ci accompagné d’un de ses amis participant à l’ENDURANCE TRAIL.
Aurélien est alors plus prolixe qu’à la montée puisqu’il félicite chaudement avec son compars Steph pour sa jolie jupette violette de traileuse !
Comme quoi, on peut être grand champion et resté un tantinet dragueur et supporter invétéré de la gente féminine surtout lorsqu’elle est jolie ! Echange d’amabilités et de plaisanteries entre Steph qui n’a pas la langue dans sa poche et ces 2 traileurs version « Avions de chasse en manœuvre » … un moment plein d’humour.
MASSEBIAU : rampe à eau du 54ème km – temps de passage pour nous de 10h08 de course (Olivier est en train d’arriver à Millau ! Notre ami Marc est déjà arrivé depuis un peu plus d’1 heure (9h04 de course pour lui et 70ème place)).
Je suis en relatif « sous-régime » depuis le début de la course … mais je commence à fatiguer. Je sens que mes forces commencent à diminuer et qu’il va falloir me ravitailler.
Je découvre des tables avec des crêpes … super ! j’ai faim et je vais pouvoir manger.
Halte là ! me dit steph. Cette table est prévue pour les assistants qui paient leur dîme pour casser la croûte … Toi mon coco, tu dois d’abord grimper la montée du CADE avant de pouvoir te restaurer à la célèbre FERME DU CADE !
Coup au moral, je vais devoir me contenter de la rampe à eau des traileurs.
Steph qui souffre désormais énormément lorsqu’elle s’arrête pour ensuite repartir, décide tout simplement de ne plus s’arrêter jusqu’à la fin … sacrée nana !
D’un commun accord, je prends le temps de remplir ma gourdette d’eau pour la rattraper ensuite … mais la gentille Steph blessée vient de se transformer en Amazone, une véritable guerrière que rien n’arrête. Elle a passé la vitesse supérieure … alors que je passe un petit état de faiblesse. Je dois produire un effort conséquent pour la rattraper et ensuite essayer de la suivre ! La montée du CADE est fidèle à sa réputation, un joli mur de dénivelé positif ! La petite lionne progresse vite, elle « bouffe » un par un tous les traileurs sur le chemin, y compris des ENDURANCE TRAIL 100 km qui nous avaient allègrement doublé. Elle rattrape une traileuse de l’intégrale avec qui elle avait sympathisé (j’ai oublié de dire qu’elle a sympathisé avec TOUTES les traileuses rencontrées sur la course ). Une traileuse en vêtements violets papote avec elle quelques minutes … mais s’épuise devant le rythme effréné de la belle gazelle des templiers et doit donc abandonner haletante l’ascension … laissant la place… à moi-même qui tente désespérément de rester accroché à la foulée de la tigresse. Nous mettrons 51 mn entre MASSEBIAU et la FERME DU CADE … pas mal pour 2 blessés ! Avec , je le concède (pour moi seul) une pause expresse pour avaler rapidos 2 pattes de fruits et 3 cachetons de sportinine ! … mais non ce n’est pas du dopage ! Dans l’effort et ma fringale, je crois que mon estomac a instantanément assimilé chimiquement et digéré les calories nécessaires pour obtenir le surplus d’énergie pour pouvoir suivre Super Steph !
Je me souviendrais longtemps de la montée du CADE chère copine !
Et je me souviendrais de ces traileurs complètement cramés dans la montée dont plusieurs vautrés sur le côté dont un est en train de dormir … on se croirait presque à la DIAGONALE DES FOUS !
Après course, je lirais que la montée du CADE ferait à priori 28% de pente …
La ferme du CADE : ravito Roquefort : 57ème km – 11h de course.
Je mange … il gerbe :
Après l’effort de la montée du CADE, la pente s’adoucit et nous plongeons dans une forêt d’épineux. Le chemin s’élargit … après le petit enfer, j’ai l’impression de découvrir le paradis. Nous déroulons en foulée souple sur un chemin d’épines de sapins. Le paysage est reposant et magnifique. Des bâtiments de pierre apparaissent à travers les troncs .. nous arrivons à la FERME DU CADE.
J’ai la patate ! Même si je n’ai pas douté d’être FINISHER, je sais que sauf pépin (au hasard une entorse !), la course est presque gagnée.
Les CR KIKOUROU vantaient les mérites de ce ravito et de l’accueil des bénévoles. Je vais vérifier (seul) que cette réputation n’est pas usurpée. La salle principale est typique, les bénévoles fort chaleureux, et l’animal bien affamé que je suis est fort bien décidé à faire la fête aux tartines de Roquefort et aux multiples tranches de jambon.
Je me sers allègrement comme un goinfre … honte à moi. Les bénévoles compatissent devant ces traileurs à la mine fatiguée qui dévorent les rouleaux de jambon à peine posés dans les plateaux … les bénévoles recomplètent au fur et à mesure les plateaux de victuailles.
Il parait qu’il y a au CADE de l’accordéon et un feu de cheminée … pas vu ! je n’ai d’yeux que pour la nourriture. Alors que Steph n’a même pas fait une pause expresse et est repartie pour ne pas refroidir sa blessure, piochant au vol quelques éléments nutritifs.
Après avoir ingurgité quelques kilogrammes de calories, je me sers une bonne soupe que je vais tranquillement déguster au fond du ravito sur un banc à côté de traileurs fatigués et certains couchés.
Un type près de moi allongé sous une couverture choisit ce moment … pour vomir à fort bruit et spasmes violents ! Le goût de ma soupe me semble soudain quelque peu modifié … je compatis surtout avec ce jeune traileur à lunette qui semble au fond du trou. Une fois la crise passée, je lui propose par compassion (bêtement avec un peu de recul) un verre de St Yorre qu’il refuse évidemment ..
J’apprendrais plus tard qu’il s’appelle DAVID car il a publié un film sympa de sa course sur sa chaîne YOUTUBE. Il finira en plus de 13h, heureux d’être Finisher avec une vitesse de moins de 2 km/h dans la descente du CADE. Bravo à lui.
La descente du CADE :
Nous avons convenu que je rattrape Steph dans la descente … je vais pouvoir lâcher les chevaux. Mais la soupe était chaude et les plats trop succulents pour moi pour faire une pause expresse.
Je double de nombreux traileurs bien fatigués et suis surpris de voir que mes jambes répondent vraiment très bien … presque comme neuves.
Je mets quand même 20 bonnes minutes à rattraper la gazelle des templiers qui court en charmante compagnie d’un gentil traileur… ah ! les traileuses ne souffrent pas de solitude !
Sortie de la forêt et vue sur MILLAU et sa vallée ainsi que le célèbre VIADUC au coucher du soleil depuis l’aire des parapentes avant d’attaquer la partie abrupte de la descente. Magnifique, la vue ici est époustouflante … encore un bon souvenir à mettre dans notre besace.
Il reste moins de 4 km et nous attaquons cette fameuse descente … l’air de l’écurie a ravivé les forces de Steph qui en oublierait presque sa douleur.
La descente est effectivement bien pentue et technique. Surtout rendue un peu glissante après les nombreux passages de coureurs sur les différentes courses et sans oublier la pluie d’hier. Heureusement, il y a des marches sculptées dans la terre et renforcées avec des rondins de bois … les traileurs sans bâtons s’accrochent aux arbres pour se freiner.
Je ne pourrais malheureusement pas filmer cette belle descente avec ma GO PRO faute de batterie … j’ai en effet filmé 42 mn le fond de mon sac avant PIERREFICHE 2 heures auparavant en éteignant mal la caméra … stupido.
Steph puise dans ses réserves en serrant les dents. Elle est dure au mal la gazelle. Mais elle connait cette descente, l’ayant déjà parcourue lors de son Marathon des Causses il y a 2 ans. Contrairement à moi, elle n’est donc pas étonnée de devoir de nouveau remonter et re-grimper pour rejoindre la fameuse grotte du Hibou. Les traileurs qui nous accompagnent râlent de cette interruption de la descente.
Je rentre dans la grotte sans frontale bénéficiant de celle de Steph qui, prévoyante (normal c’est une fille), a sorti sa frontale avant la descente … anticipant la nuit.
Nous avions prévu de finir de nuit cette Intégrale des Causses 2017 … mais nous sommes plus rapides que prévu … la nuit n’est pas encore tombée.
La fin de la descente nous libère de la forêt sur un chemin en descente moins raide passant au milieu des champs sur 1 km environ. Nous arrivons alors à un point où nous évoluons en hauteur au dessus du village des Templiers que nous voyons en contrebas. Chouette moment de partage avec Steph car nous entendons la musique en contrebas et découvrons que nous n’avons plus que 800 mètres à parcourir. Nous venons de passer le panneau rouge indiquant « Arrivée 1 km » : gentille attention des organisateurs.
Nous nous regardons avec Steph heureux comme des gamins d’être bientôt Finishers ! … nous revenons de loin, elle avec sa déchirure musculaire mal guérie et moi avec mon entorse de 6 semaines.
Dernier passage devant le bip, puis entrée dans le couloir d’arrivée … nous découvrons nos amis qui sont venus nous accueillir à l’arrivée !!! Vive le suivi LIVETRAIL particulièrement pratique et efficace avec ses estimations des temps de passages et d’arrivée. Trop top. Nous rayonnons de joie et partageons ce moment qui restera un très bon souvenir…. Cela change des mes habituelles arrivées solitaires et discrètes.
Nous sommes FINISHERS de l’Intégrale !
Lot de finisher très sympa avec cette veste sans manche KALENJI floquée FINISHER et la médaille des TEMPLIERS. Le repas d’après course est copieux … et je me force à manger car je n’ai vraiment pas faim compte tenu de tout ce que j’ai ingurgité à la ferme du CADE !
Nous sommes 298ème en 12h16mn à l’arrivée sur 401 arrivés et 446 partants (40 abandons 9%). Temps très moyen en soi … mais compte tenu des circonstances, nous sommes tous 2 très satisfaits … et nous sommes arrivés juste avant la nuit à19h07.
Kevin VERMEULEN un suisse finit 1er en 5h51. Le dernier arrivé, le 401ème finira en 17h26. Bravo à lui aussi ainsi qu’à l’Orga et tous les courageux bénévoles.
Vitesse moyenne : 5,14 km/h pour nous
Vitesse moyenne pour le 1er : 10.75 km/h.
BILAN ET DEBRIEFING:
4 nouveaux points UTMB dans ma poche de traileur … çà devrait m’aider pour mon objectif CCC 2019.
Physiquement, je n’ai jamais fini un trail de plus de 30 km aussi bien. Même si je suis fatigué et que j’aurais pendant 3 jours après des courbatures supportables aux quadriceps (merci ce beau parcours bien vallonné et technique avec les nombreuses descentes et les non moins nombreuses grimpettes), je ne me sens pas cuit. J’étais bien préparé pour ce type d’épreuve malgré l’interruption pour entorse. Je crois que les séances de renforcement musculaire en VTT ont bien payé ainsi que les sorties « weeks ends chocs » avec enchainements VTT/CAP sur des sorties de 4 heures. Musculairement, je finis donc assez frais.
- Une seule petite ampoule sur un gros orteil (merci mes chaussures Salomon Speed Cross 4 et le nokage des pieds),
- Le strapping renforcé de la cheville malade n’a pas causé d’ampoules contrairement à ce que je redoutais,
- Pas de blessure ni de bobo sauf un peu mal aux ongles des pouces de pied … une demi pointure en plus semble nécessaire,
- Un peu mal aux coudes et triceps des bras à cause de l’utilisation intensive des bâtons … je m’en sers activement 90% du temps … il faudrait que j’intègre une prépa « batonnage » dans mon plan d’entrainement,
- Pas de douleur ou de problème gastrique. J’étais un peu écœuré par l’eau plate de mon camel bag vers le 50ème km … ma gourdette remplie d’isostar m’a aidé à passer ce cap. Il faut alterner.
- Alimentation … çà passe bien pour moi : ni trop ni trop peu. Je n’ai pas besoin des gels (trop chimiques) en course, je pars avec quelques pattes de fruit et je tape allègrement dans les ravitos : thé - soupe – coca – eau gazeuse – jambon – bananes – tucs – fruits secs …. La soupe et le thé me réussissent particulièrement bien. Mon corps les réclame.
- Mon genou droit (chondropathie rotulienne) m'a foutu une paix royale ... il aime le long ... et les bâtons !
- Seul point négatif .. non lié au TRAIL … le gite loué à BOYNES était infesté de punaises de lit qui nous ont piquées ! çà gratte ! … bien choisir son gite.
Je me rends compte que j’aurais facilement pu courir encore une vingtaine de kilomètres. Ce qui me laisse à penser que je suis probablement mûr pour attaquer un ULTRA. Je viens de comprendre que courir à bas régime permet de durer EFFECTIVEMENT beaucoup plus longtemps.
J’avais couru et souffert sur l’INFERNAL TRAIL DES VOSGES 2016 - 64 km en 11h42.
J’étais arrivé bien cramé et bien entamé ayant subi une chaleur inhabituelle en septembre (27°C). Sur I’ Intégrale des Causses, pas de gros coup de mou sauf ma fringale dans la montée du CADE. La température clémente, le rythme plus lent et ma meilleure préparation ont contribué à la réussite de mon objectif.
Un comparatif perso :
Mon cardio moyen de course (sur 3360 D+) : 127 bpm (68% de ma FCM) avec une pointe à 160 bpm max … avec 1 coup de moins bien.
Lors de l’infernal trail des Vosges (2500 D+), j’étais à 137 bpm (73% de ma FCM) avec un max de 168 bpm .. avec 3 gros coups de moins bien.
Mentalement et psychologiquement : cette course est très belle. Elle est vraiment à part pour moi car elle a été courue en binôme (voire en trinôme sur 20 km). Beau partage sportif amical avec Stéphanie que je connaissais peu et qui s’est révélée une partenaire de trail très sympathique et agréable avec un mental d’acier. Cela me redonne envie de courir un autre trail avec elle. Nous sommes complémentaires dans l’effort. 12h de course nous ont permis de découvrir que nous formions un solide binôme. Elle a fait autant attention à moi que j’ai fait attention à elle.
Moments de partage lorsque nous avons profité des magnifiques vues qui nous étaient offertes.
Elle m’a même offert ma plus belle récompense de course en m’apprenant qu’elle aurait abandonné sans moi. Lui avoir permis d’aller au bout de son rêve et de son effort me rend particulièrement heureux. Cela décuple mon plaisir d’être FINISHER de l’intégrale.
Sans pouvoir réellement se reposer et se soigner, cette femme courageuse ira attendre avec un de nos amis l’arrivée de son mari courant l’ENDURANCE TRAIL à 1 heure du matin. Respect.
Voilà, ma saison de trail 2017 est presque finie … reste le trail de SENLIS le 3 décembre (29 km). Je me projette maintenant sur 2018 et 2019 avec des beaux rêves plein la tête dont la TRANSJU TRAIL 2018 et la CCC 2019.
Vive le TRAIL
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4 commentaires
Commentaire de gregb77 posté le 26-10-2017 à 12:27:10
Salut, super récit... J'ai fait pour ma part le Grand Trail des Templiers.
Juste une remarque sur les punaises de lit. J'ai eu le même problème, piqûres multiples, démangeaisons... Et bien en fait, après diagnostic, ce sont plutôt les soies des myriades de chenilles processionnaires qui volaient dans l'air. J'en suis couvert sur toutes les parties à l'air (bras, genoux...). ça va passer mais bon courage, ça gratte. Et on n'est pas tous sensibles de la même manière, mon coéquipier n'a rien eu !
Bonne continuation !
Commentaire de Shoto posté le 26-10-2017 à 12:57:28
Merci Greg :-) et bravo pour ton Grand Trail des Templiers.
Tu as raison, je m'étonnais du nombre important de chenilles processionnaires sur le sol en courant.
Bonne continuation à toi également.
Commentaire de Bruno Kestemont posté le 29-11-2017 à 09:55:47
Merci d'avoir partagé ce moment de rêve. Cela donne envie ! Partir au petit matin, profiter du lever et du coucher de soleil, et des vues toutes la journée, de passages techniques, de bons repas quand nécessaire (sans le stress des barrières horaires), en companie d'une traileuse inspirante, remarquable et "solidaire féminine" en petite jupette sous le regard amusé d'athlètes confirmés, quel pied !
Commentaire de Shoto posté le 29-11-2017 à 15:45:38
Merci Bruno pour ton commentaire sympathique. Oui tu as raison ... le pied ! Le must du trail 😆
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