L'auteur : Leseb
La course : Le Tour de la Grande Casse - 65 km
Date : 26/8/2017
Lieu : Pralognan La Vanoise (Savoie)
Affichage : 1785 vues
Distance : 65km
Objectif : Faire un temps
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Avant le flot des récits (attendus avec impatience!) de l'EB et de l'UTMB, je me faufile pour un retour sur un format un peu plus court: le Tour de la Grande Casse, au départ de Pralognan (65 kM, 3800 D+).
Cette course était un de mes gros objectifs de la saison, et s'inscrit dans ma démarche d'augmenter peu à peu les distances mais en tentant de rester "performant" (on s'entend, hein, rester performant c'est rentrer dans les 10%, c'est déjà pas mal!). La prépa a donc été la plus sérieuse possible, avec des beaux volumes mensuels et quelques WE choc sur juillet et aout. J'arrive donc serein sur mon état de forme et avec surtout une grosse envie de courir (en manque de course des derniers jours d'affutage!). La météo est annoncée très bonne (mais très chaude), ça devrait donc être une belle journée.
J'arrive la veille à Pralo, retrait des dossards et briefing, puis je récupère mon gite et partage mon repas avec un coureur de la région parisienne qui connait bien la région et à une liste d'épreuves longues comme le bras! (Thierry, si tu lis ça, salut!). Bouclage du sac et à 21h30 au dodo. La nuit est bonne mais très courte, le reveil m'arrache des bras de Morphée à 2h...
Pralognan - Refuge du Col de la Vanoise
(8km et 1100 D+)
C'est dans une ambiance intimiste que le départ est donné à 4h, en musique dans les rues de Pralo. Le peloton est concentré et s'élance au petit trot dans le village. Je suis en fond de peloton (le pipi de la peur qui m'a fait pointer dans les derniers...) et je remonte très tranquillement les coureurs jusqu'à la première montée. Je connais bien le terrain, je sais que le chemin est large et qu'il est facile de dépasser, je ne m'excite pas inutilement.
La première montée est assez roulante, le chemin pas trop technique et quelques plats permettent de relancer en courant. Le rythme est déjà assez conséquent et j'essaie de ne pas m'enflammer sur cette première partie. Je connais ce coin par coeur pour y être venu de nombreuses fois (alpi, ski de rando, rando, course...) et j'y ai mes reperes. Le refuge arrive vite, plein des flasks rapides et c'est reparti.
Il me faudra 1h17 pour faire cette première montée, pile poil dans les temps de mon plan de marche.
Refuge du Col de la Vanoise - Refuge de la Leisse
(10 km, 400D-, 400D+)
On déroule de nuit dans le très long vallon de la Leisse, très roulant. A part une portion de descente technique avant d'atteindre le pont de Croe Vie, ça file à bonne allure, tout est couru. Ici encore, le jeu consiste à bien avancer mais sans se griller pour la suite. Un petit regroupement de 6 coureurs s'opèrent, parfois distendu selon les descentes et les petits coups de cul. Le jour se lève tout doucement, les reliefs se dessinent, on court entre les grandes parois rocheuses et au milieu de petits lacs et pelouses d'altitude, c'est la grande classe. Il fait frais, température idéale pour courir.
Le refuge et son ravito nous attendent sur un petit promontoire. Ici aussi, je me contente d'un remplissage des flasks, j'ai sur moi de quoi manger et le beaufort ou la rosette à 6h du mat, bof...
1h10 pour faire cette section, un peu d'avance sur mon plan de marche.
Refuge de la Leisse - Val Claret
(9 km, 300D+, 600 D-)
C'est reparti sur du très roulant (ce vallon est un peu le pays des cols tout plats...) avec déjà quelques coureurs qui faiblissent et on arrive au fuyant col de la Leisse, point culminant du parcours à 2750 m. Le jour est franchement levé et les premieres remontées du domaine de Tignes apparaissent. Coup d'oeil sur le glacier moribond de la grande Motte, souvenirs de l'ITT 2015 qui passait par là et la descente s'amorce dans un beau vallon herbeux. le sentier est agréable et bien roulant, c'est la première vraie descente de la journée. Les jambes sont ok, mais je reste calme en pensant à la suite. Je suis rejoint par un gars de la Lozère, bon descendeur et ensemble on reprend un coureur qui coince un peu en descente. Arrivée à Val Claret, un peu incongrue après le sauvage vallon précédent, direction le ravito. Physiquement ça va, même si je sens que j'ai laissé des plumes dans toutes ces parties courues, mais je me dis que pour les autres ça doit être pareil!
Pleins des flasks et un peu de salé, je range mes manchettes, sors la casquette et les lunettes, le soleil est juste au dessus.
1h tout rond pour cette section, 20' d'avance sur mon plan de marche.
Val Claret - Le Laisonney
(14 km, 600 D+, 1000 D-)
Dans ma stratégie d'avant course, je m'étais dis que je commençais à enlever le frein à main dans la montée du col du Palet: on y est! Je repars en essayant de mettre un peu de rythme. Je lache rapidement deux coureurs et tente de remonter sur le coureur précédemment repris dans la descente. Mais celui ci est un avion en montée, en trottinant presque partout. Je maintiens l'écart, mais pas moyen de rentrer. Les sensations sont un peu bizarres, pas extra, mais j'avance quand même bien. Le col du Palet est un nouveau col tout plat et roulant, le vallon suivant s'ouvrage sur la face nord de la Grande Casse (moribonde, elle aussi... L'état des Italiens et de la Petite Face Nord laisse songeur!), le soleil est un peu attenué par des nuages fins, je suis tout seul, c'est le pied!
La bascule dans le vallon est le début d'une très longue descente très roulante que j'avais identifié comme une section stratégique de la course, le genre d'endroit où un rythme trop rapide te flingue définitivement et où une allure trop lente te fait perdre trop de temps. J'essaie donc de trouver un bon tempo, sans me détruire les quadris. Au train de reprend le bon grimpeur qui n'est pas au mieux et juste après me fais dépasser par une fusée que je ne reverrai plus. Ca déroule presque tout le temps sur une large piste 4x4, à part quelques coupes plus technique sur un sentier. C'est long, mais le paysage fait passer le temps! On arrive vers Champagny le Haut, secteur que je connais bien et qui me permet de reprendre quelques repères. Le ravito arrive enfin, je me perd 2' et on arrive finalement à 4 ensemble au ravito. Pleins des flasks, fruits secs et je repars avant dernier des 4.
1h44 sur cette section, encore 10' de grapillés sur le plan de marche.
Laisonney - Plan Fournier
(9km, 600D+ / 300 D-)
Une bonne portion de bitume encore bien roulante (les pieds commencent à chauffer!) puis une longue section de plat au bord de la rivière, courir, encore courir... Je reprend assez rapidement un coureur, celui parti derrière moi au ravito ne revient pas, et un autre s'éloigne avec une bonne foulée. On arrive enfin après pas loin de 5 km au pied de la montée de la Tour du Merle, qui est la première des difficultés finales. Le profil me redevient favorable, on va voir si j'ai encore un peu de jus après les km de galop!
Le sentier sepente au milieu de la foret, il ne fait pas encore chaud, la pente est agréable, quelques coureurs du 24 km parti quelques minutes plus tot de Champagny me rattrape, derrière il y a un petit trou avec mes suivants, devant je ne reviens pas, je peux me caler sur mon rythme, encore assez conséquent, ça me redonne confiance pour le final. La fin de la grimpette arrive vite, on bascule sur une petite descente bien technique qui fait crier les quadris... la grande descente de la fin va faire très mal!
Juste avant le dernier ravito je reviens sur un coureur que je n'avais pas encore vu, qui a les jambes bien dures.
Rapide plein des gourdes, trempage de casquette à la source et en route pour la dernière étape!
1h15 pour cette section, 40' de gagnées sur le plan de marche depuis le début!
Plan Fournier - Pralognan
(13.5 km, 950 D+, 1100 D-)
Ca commence par une pistasse roulante (une de plus...) que j'attaque en marchant vite. Pas envie de me cramer à courir la dessus, ça ne peut être que contreproductif pour la suite. Elle laisse place enfin au sentier de montée au refuge du Grand Bec, qui sort de la foret et serpente dans une grande combe. Je suis passé dans le coin il y a 3 semaines en reperage, je sais bien où je mets les pieds maintenant. La vue est enfin ouverte et je peux situer les autres concurrents: devant, il y a le bon descendeur/coureur à environ 10', derrière il y en a trois qui se suivent pas très loin de moi. Encore une fin de course tout sauf tranquille qui s'annonce! Je monte le plus rapidement possible tout en en gardant sous le pied pour la fin. Il commence a faire un peu plus chaud, mais ça reste très supportbale, avec une petite brise. C'est dur, mais les sensations sont a peu près correctes. Derrière, il y a en a deux qui décrochent mais le troisième reste pas loin, devant je reviens doucement. Juste avant le refuge, je reprend un coureur jusqu'à la jamais vu qui est dans le dur et avance doucement. Le refuge arrive et avec lui la perspective sur le col de Leschaux qui parait encore bien loin. On attaque une partie vallonnée qui enchaine petites montées, replats et descentes, dans un terrain nettement plus technique. Je recolle le coureur de devant mais dès que la pente s'inverse, il avance comme un cabri. Je ne me fais pas d'illusion sur la fin du parcours, je ne le reverrai pas lui! Petite descente de 100 m pour arriver au pied du col de LEschaux, on reprend un coureur encore jamais vu qui coince et c'est les 150 derniers mètres de D+. Je passe devant, essaie de finir fort, c'est dur pour tout le monde, je fais l'effort et creuse un petit trou et bascule dans la dernière descente. Depuis celle de la Tour de Merle je me prépare psyschologiquement à ce qu'elle soit dur pour les jambes, c'est au delà de mes espérances! J'ai les quadris explosés et les pieds qui chauffent, mais je débranche le cerveau et plonge vers Pralo que l'on voit là bas le plus vite possible. Après un petit quart de la descente Super Descendeur me reprend (je m'y étais préparé!), je lève la tête, au dessus l'écart se maintient. Je relance autant que possible, essaie d'oublier comment les cuisses chauffent et continue à perdre de l'altitude. La foret s'épaissit, puis c'est les premiers champs, petite remontée vicieuse, on arrive enfin sur le haut de Pralo. Un peu de bitume, virage juste devant l'arche d'arrivée pour une bouclette dans le village, dernier faux plat, je me retourne, personne, dernier virage et je peux me lacher dans l'avenue de Chasse Foret en descente pour passer la ligne en 8h55, 7ème place!
2h19 pour cette dernière section, dont 43' pour la descente depuis le col de Leschaux. 50' d'avance sur le plan de marche depuis le début.
Le suivant arrive à peine 2' plus tard, du 5ème au 8eme on se tient dans à peine 6', fin de course bien dense!
Je m'assoie par terre, ça fait trop du bien de se poser, des heures que j'en revais de ce moment!
Un temps et un classement au delà de mes espérances (j'espérais un sub 10h et un top 20!), sur un profil qui ne correspond pas vraiment à la base (bien trop roulant pour moi!). Heureusement que la fin bien exigeante m'a été favorable. Content d'avoir tenu le coup dans la dernière descente!
Un grand bravo et un immense merci aux bénévoles et à l'orga, parfait de gentillesse toute la journée (la nuit à dû être courte pour certain), parfois perchés en haut de col pas facile d'accès. Super parcours, bien sauvage (exception faite de Tignes, mais au petit matin, ça passe!), des vues magnifiques, un levé de soleil dans le vallon de la Leisse royal, un final magnifique à partir du pied de la montée de la Tour du Merle et un village de départ et d'arrivée au top!
Du point de vue perso, la satisfaction d'avoir fait une belle course pour mon objectif de la saison et d'avoir concrétisé une belle prépa. Je suis un peu défait ce matin, mais espérons que tout rentre dans l'ordre rapidement et que je serais retapé pour re capitaliser l'entrainement pour le dernier dossard de 2017, le 1er octobre!
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4 commentaires
Commentaire de dafunker posté le 28-08-2017 à 13:42:37
J'étais spectateur de l'arrivée cette année.
Félicitations à toi, joli récit et surtout belle performance !! Tu avais l'air "facile" dans le Col de Leschaux.
Le niveau de cette édition était exceptionnel.
J'espère participer à l'édition 2018 et faire un top 40 serait déjà un très beau résultat.
Qu'est ce que tu changerais à ta course afin de grappiller encore quelques minutes ?
Commentaire de Leseb posté le 28-08-2017 à 14:35:54
Facile est très exagéré, mais c'est quand même dans les montées longues que je m'exprime le mieux, alors ça allait!
Je t'encourage pour 2018, c'est quand même une belle course.
Sinon pour répondre à ta question, difficile à dire.
Ce que je peux te conseiller c'est de vraiment travailler le roulant vallonné en amont parce que tu l'auras compris ça court quand même beaucoup sur la première partie. Avancer vite et arriver "frais" au Laisonney est à la clé pour bien finir. Ensuite, si tu connais pas, il faut aller repérer la section Tour de Merle et Col de Leschaux (j'ai fait une jolie boucle par la bas début aout qui n'emprunte pas la totalité du tracé mais permet de bien se rendre compte des lieux, je peux t'envoyer le .gpx si tu veux). Entre le profil papier et la réalité du terrain, ça peut surprendre! Surtout entre le refuge du Grand Bec et le col.
Après en ce qui concerne ma course proprement dite, je pense qu'un peu plus de ravito perso aurait été pas mal (ce qui était proposé n'était pas hyper adapté au rythme soutenu: fromage, saucisson, orange, chocolat...), bien avoir ta réserve de poudre pour boisson perso (dispo uniquement eau, eau gazeuse et coca). Selon la chaleur une troisième flask peut être utile entre Plan Fournier et la fin (même si tu peux prendre de l'eau au ruisseau au dessus du refuge), j'ai été un peu juste avec un litre. Je pense après coup que j'aurai pu être un peu plus incisif dans la montée du Grand Bec, mais je redoutais la traversée Grand Bec - Leschaux. De toutes façons le super descendeur devant moi était vraiment trop fort en descente!
Bonne fin de saison!
Commentaire de Philippe8474 posté le 28-08-2017 à 15:06:09
Chapeau, ça continue à sacrément avancer!!!!
Le 1er octobre c'est lequel?
Commentaire de Leseb posté le 28-08-2017 à 15:42:07
Merci!
Le 1er octobre c'est le trail du Petit Saint Bernard... après on fait une pause!
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