L'auteur : torchure
La course : Le Tour de la Grande Casse - 65 km
Date : 23/8/2015
Lieu : Pralognan La Vanoise (Savoie)
Affichage : 1551 vues
Distance : 65km
Matos : Altrarunning trail freak
baton lekis
cuissards compressport
manchons mollets compressport
manchons montagn'hard
Tshirt raidlight capsul'TEAM
Coupe vent D4
Sac raidlight olmo 12
Objectif : Terminer
Partager : Tweet
29 autres récits :
En sens inverse…
Dès le passage de la ligne d’ « arrivée » de la Montagn’Hard 100 écourtée (bifurcation sur la 60), j’ai senti le besoin de participer à une autre course en montagne.
J’ai donc laissé le corps se reposer 1 semaine en cherchant un nouvel objectif puis j’ai repris l’entrainement en mettant le paquet sur le dénivelé avec quelques sorties dans le Pilat. (15H, 100km, 5000mD+ en 28 jours)
La course choisie sera le TGC. Pour son côté sauvage, son faible nombre de participants et pour découvrir un nouveau terrain de jeux : la Vanoise. Bonne nouvelle : ce sera encore l’occasion de passer un week end en famille. En effet, Seb et Pierr s’inscrivent respectivement sur le TGC et sur la Sauvage. Ce qui nous permettra de réunir notre équipe de choc de supporters : Fabi, Cécile, Régis, Marielle, Marina, Yanis, Etan et une petite nouvelle : Célie.
Le rendez-vous est donné à Pralognan afin de récupérer les dossards et assister au briefing obligatoire. Une partie de l’équipe profite du soleil bien présent pour siroter un petit verre à l’ombre. Les dossards sont récupérés en quelques secondes. Et l’on apprend un petit changement dans le sens de la course pour la TGC.
Lors du briefing, outre le fait d’apprendre qu’il ne faut pas s’écarter des sentiers parc national oblige (point très important pour la suite), nous apprenons qu’il y a de forts risques d’orages pour le dimanche après-midi. Le sens du parcours est donc modifié afin de faciliter l’accès aux secours. Le parcours initial prévoyait un long cheminement loin de tout dans la deuxième moitié de la course. L’accent est bien mis sur la journée merdique (météorologiquement parlant) qui nous attend le lendemain. Le speaker semble vouloir nous dissuader de prendre le départ. La liste du matériel obligatoire a tendance à s’agrandir….
Il va donc falloir repenser le roadbook préparé avec minutie, les points et temps de passage indiqués à nos supporters et se préparer à affronter la grosse difficulté de fin de parcours.
Un bon repas à base de pommes de terre, patates douces et oignons nous rassemble tous dans le gîte situé dans le centre de Pralognan.
Le réveil sonne à 3h35. Une bonne petite nuit de sommeil et nous voilà tous les deux (avec Seb) en train de déjeuner en tête à tête dans la pénombre sans un mot. Les gestes sont sûrs et calmes. Nous finissons de nous préparer pendant que nos supporters se lèvent afin de venir nous encourager pour le départ.
Une petite marche d’échauffement nous amène près de l’arche de départ. Le ciel étoilé annonce une très belle journée.
Nous pénétrons dans le sas de départ. Seb aura le droit à un petit contrôle de sac. Un petit bisou et nous nous plaçons dans la foule en fin de peloton. Je me retourne plusieurs fois en espérant voir Pierr, sans succès. (Je n’ai pas pu lui souhaiter une bonne course)
(4h54) Quelques fumigènes sont allumés, la musique s’intensifie, le décompte est lancé…. Et nous voilà en train de courir dans les rues de Pralo à une bonne vitesse. Un petit coucou aux supporters que nous ne reverrons pas avant un bon bout de temps et nous voilà lancé dans la première montée en direction du col de la Vanoise.
Mon objectif est simple : garder Seb en contact et essayer de le passer avant le Col… Ben quoi ! J’ai bien bossé le dénivelé donc je dois pouvoir le faire !
Nous montons à un bon rythme, Seb n’est pas loin devant. Nous sommes tous entassé les uns contre les autres. Je garde les bâtons à la main et force le pas. Les lueurs du village ont vite disparu. Ma frontale Armitek éclaire à merveille. La piste de ski laisse la place à un joli chemin bordé de muret en pierre. Je recolle à Seb et nous échangeons quelques mots sur le faite de vouloir partager ce début de sentier avec nos supporters.
Une petite pluie s’invite forçant Seb à s’arrêter pour mettre sa veste. Je le passe lâchement afin de franchir le superbe lac des Vaches en tête. Le niveau de l’eau effleure les dalles situées au milieu du lac. Le jour commence à se lever et je distingue bien le lac. C’est magnifique !
Tout en marchant j’enfile mon coupe-vent (que j’avais mis autour de la taille) et force le pas. Quelques mètres avant le pointage, Seb me rattrape et sera le premier à se faire beeper. Flute !!
(6h40) Un petit arrêt au ravito pour avaler quelques morceaux de bananes et faire le plein d’une gourde avant de m’éclipser pour un arrêt pipi devant un paysage magnifique. Les nuages ont recouverts les sommets. Le ciel n’est plus du tout visible. La pluie s’est calmée.
Je reprends la route à la recherche de Seb qui me rejoint quelques secondes après. On chemine sur un plateau superbe parsemé de petits lacs, derrière un couple d’espagnol. Je laisse passer Seb qui semble vouloir prendre son rythme habituel.
Juste avant d’attaquer la descente en direction du pont, je fais un petit arrêt pipi. Je reprends la course mais je constate très vite que les oignons accompagnés de l’houmous n’ont pas été un très bon choix. Comme dirait Yohan D. (dossard 512), je foisonne d’idées. Chaque pas = une idée. Et j’ai bien l’impression qu’elles ont envies de se concrétiser. La course n’est plus possible. Ce profile descendant accentue l’envie de descente de mes idées. Il est interdit de s’écarter du sentier, et de toute façon, il n’y a pas un seul arbre, buisson, rocher où travailler sur la question. Je descends donc tranquillement derrière une féminine qui a dû penser que j’étais motorisé.
Arrivé au pont, 2 gardes du parc nous demandent de patienter le temps qu’un troupeau de vaches traverse. C’est l’occasion d’enlever la veste.
Ici attaque la remontée d’un vallon sublime encaissé au pied de la Grande Casse qui ne se dévoilera pas. J’attends avec impatience le prochain ravito se trouvant dans un refuge. Ce qui veut probablement dire WC… J’essaye de courir un peu lorsque le profil s’aplanie.
Le refuge est en vue au loin, une file de coureur s’étend. Nous croisons les premiers randonneurs. Je passe mon temps à tourner la tête pour observer les environs à la recherche d’animaux et pour observer ce paysage désertique.
Une bonne grimpette et nous voilà au niveau du refuge. J’aperçois Seb qui part juste du ravito.
(8h24) Ma seule question aux bénévoles sur place : « Les toilettes s’il vous plait ? »
Et me voici installé sur le « Trône de la Leisse », toilettes 4* avec une vue du tonnerre sur le vallon éponyme que je viens de remonter.
Un petit tour au ravito pour prendre quelques morceaux de banane et remplir mes 2 gourdes et me voilà partit à l’assaut du col de la Leisse culminant à 2758m. La montée est plutôt douce et longe quelques lacs manquants cruellement d’eau. Les chemins sont parsemés de cailloux. Il faut faire attention où l’on pose les pieds et les bâtons.
Il n’y a toujours pas de bruits. Mis à part celui du vent. La pluie refait son apparition avant de franchir le col. Je suis la plupart du temps isolé. Le faible nombre de partants (175) permet de cheminer à sa guise.
Le col est enfin franchi. J’ai dans l’objectif d’arriver juste avant 10H au ravito de Val Claret pour pouvoir encourager Pierr qui prendra le départ de la Sauvage. Je plante un petit pipi, j’achète un souvenir et je me lance dans la descente avec un savant mélange de retenue pour ne pas me flinguer les genoux et d’envie d’arriver au plus tôt. La descente est vraiment sympa. La vue sur le village n’est pas si vilaine que je m’attendais. Les sentiers se font de plus en plus étroits alors nous approchons du ravito.
D’ailleurs, à la sortie d’un virage, je vois me foncer dessus une centaine de gus, le couteau entre les dents… j’ai juste le temps de serrer à droite et de regarder passer les concurrents partis à l’assaut de la Sauvage. Pierr surgit du peloton et vient me taper dans la main. Nous échangeons quelques mots. J’ai pu lui souhaiter bonne course.
(10 :03) Le ravito de Val Claret se fera façon formule 1 : remplissage des 2 gourdes, attrapage de 2 morceaux de Beaufort et de quelques morceaux de bananes et je repars en regardant le serpent de la Sauvage qui grimpe en direction du Col de la Leisse.
De mon côté, après un petit pipi, j’attaque une bonne côte qui me casse les pattes d’entrée de jeux. Je marque le pas et essaye de reprendre du tonus. Je me renferme dans ma bulle. J’essaye de visualiser des trucs positifs. Je suis en train de payer mon départ rapide. La montée est longue, très longue. Avec le changement de sens, je n’avais pas visualisé la longueur de cette grimpette.
Deux gars parlent très fort derrière moi. L’un pose des questions très connes… et la discussion ne semble pas très cohérente… Cela m’empêche de me concentrer sur mon effort. Je peste de plus en plus. Ils me gonflent. J’ai ralentis et ne comprend pas pourquoi ils ne me doublent pas…. Je fini par m’arrêter et je glisse un « Fermez là ! » lorsqu’ils me doublent. Avec le recul ce n’était pas sympa de ma part mais de toute façon ils n’ont rien entendu et ont continué toute la montée….
J’arrive enfin à la bascule qui va nous amener en 10KM et 1100mD- au Laissonnay. Lieu du prochain ravito et surtout premier endroit où nos supporters pourront nous voir passer. Je commence la descente. La vue est encore sublime j’en profite donc pour un petit pipi.
Et voilà t’y pas que je me remets à avoir des idées. La course devient de moins en moins possible et je suis obligé de marcher… à bonne allure. J’ai les cuisses qui commencent aussi à bien me tirer. La descente se fait longue.
Les montagnes sont toujours dans les nuages mais ça nous laisse quand même de quoi apprécier la vue. Les sentiers sont parfois rendus très très glissants par les bouses de vaches. J’ai faillis m’y étaler de tout mon long…
Enfin j’aperçois un petit abri qui pourrait bien me servir. Mais arrivé au niveau de la porte d’entrée se trouve deux jolies jeunes filles qui s’enquièrent de mon état. « Houla mais tout va bien !!! » et me voilà repartis en courant… jusqu’au prochain virage. Sacrée fierté !!
La piste 4x4 est longue. Quelques lacets sont heureusement coupés par de jolis petits sentiers. On rejoint la petite chapelle point de retour d’une randonnée faite il y a quelques années. Je connais ainsi le chemin jusqu’au Laissonay.
On croise de nombreux randonneurs venus passer leur dimanche au milieu des marmottes qui font bronzette sur les rochers.
(12h45) Je rejoins enfin le ravito où se trouvent Fabi et les parents. Je vais prendre mon temps sur ce ravito. Ca fait tellement de bien de les voir. Je vais piocher quelques pâtes de fruits et surtout faire un second arrêt WC.
Je repars avec mon paquet de chips à la main que je vais déguster en marchant sur la route menant à Champagny quand la voiture des parents s’arrête à ma hauteur et laisse descendre Fabi.
Elle souhaite m’accompagner sur un petit km. Ça me fait hyper plaisir et nous partageons un bon moment ensemble. Pendant que je marche, Fabi trottine à mes côtés. Le temps parait moins long.
La voiture des parents est garées sur le bas côté. Fabi monte à bord et me voila de nouveau tout seul. Cette partie sera un peu longue mais entre coupée d’encouragements de nos supporters de chocs. Après avoir traversé un camping, le torrent, une aire de pique nique, j’aperçois mon Papounet venu à ma rencontre. C’est à son tour de courir à mes côtés pour une centaine de mètres malgré les gouttes qui commencent à tomber. Ce petit moment partagé me regonfle à bloc avant d’attaquer la petite bosse devant nous mener à Plan fournier. Pour cela nous attendent environ 500md+. J’attaque d’un bon pas la montée. J’en profite pour doubler rapidement un concurrent. Je visualise bien la tâche à accomplir en pensant aux entrainements dans le Pilat avec les montées de 600mD+… Le sentier serpente dans les bois. C’est très joli et agréable. Arrive enfin la bascule. Mais dès les premiers pas, j’ai une douleur intenable dans les genoux… Un bon début de TFL. Il m’est impossible de courir. Je pense rapidement à prendre mon mélange d’homéopathie qui me soulage très rapidement. Je fais attention à ne pas m’emballer dans la pente très abrupte et arrive finalement à garder une vitesse correcte. Au détour d’un virage, j’entends des voix et aperçois des toits de maisons. Le rapido de Plan Fournier est en vue sous les rayons du soleil. Mais chose étrange, des rubalises indiquent de prendre à droite et de descendre dans la forêt à l’opposé du ravito…. Je jardine un peu et peste de ne pas trouver le bon chemin. En fin de compte, les balises étaient mal positionnées. Il fallait simplement aller tout droit.
(15h10) J’arrive enfin au ravito sous les encouragements de Fabi et des parents. Il fait chaud. Je refais le plein des 2 bidons, attrape quelques pâtes de fruits que je mets au fond d’une poche. On discute un peu histoire de souffler avant d’attaquer la dernière difficulté. J’apprends que Pierr a fini la Sauvage beaucoup plus tôt que prévu.
Au programme : Monter au col de Leschaux à 2 542m alors que l’on est à 1 720m. Avant cela il faudra passer par un autre point à 2 540m et redescendre à 2 420m pour attaquer la montée du col.
La sortie du ravito se fait sur un chemin goudronnée puis une piste 4x4. Le soleil est encore présent. Je suis en tshirt et manchons. La température est agréable. La montée attaque tranquillement en forêt. Je double un premier concurrent puis rapidement un second avant d’attaquer les premiers lacets. Le sentier est bien visible. Les coureurs sont en train de monter un sacré dénivelé. On aperçoit le col au loin. Je m’arrête quelques secondes avec 2 gars et une 1 fille pour échanger quelques mots. Je me sens plus fort moralement. Ils ne semblent pas autant motivés que moi. Je prends la tête du petit groupe et monte d’un trait jusqu’au col en doublant quelques coureurs. Malheureusement, le col en question n’est pas celui auquel je m’attendais. C’est simplement un point de passage pour monter encore plus haut. Le col de Leschaux est bien en vue tout là bas en face de nous. La montagne est en forme de cirque et il va nous falloir grimper bien haut et faire le tour avant d’atteindre le pied du col. Le soleil est caché depuis la sortie de la forêt et les premières gouttes commencent à tomber. La température a sacrément chuté. Un vent froid se lève. Je double un 3, 4 coureurs sur le bord du chemin en train d’enfiler leur veste. Je continu un peu avant d’enfiler mon coupe vent. La pluie est devenue plus importante et gelée. Le chemin n’est plus un sentier sympa mais une succession de rochers qu’il faut gravir. Deux bénévoles sont là au sommet d’un énorme rocher. Le point haut de 2540m est enfin franchit. Il ne reste plus qu’a descendre au pied du col. J’ai les doigts gelés. Je n’ai pas pris de gants et je le regrette !
Le chemin est très long au milieu de ces rochers. Ce n’est pas une simple descente mais une succession de montées descentes sur des rochers lisses sur lequels coulent des rivières. C’est de toute beauté. Je fais attention à ne pas glisser et me fait doubler par 3 couleurs très à l’aise.
Me voila enfin au pied du col. Le sentier monte en 2 ou 3 lacets. Je le grimpe d’un bon pas et me voila prêt à affronter la dernière descente de 1 150mD-. Les TFL refont rapidement leur apparition. Je vois partir une dizaine de coureurs que j’avais rattrapés dans la montée et je ne peux pas les suivre.
Un passage est sécurisé par une corde et par des gendarmes. La descente se fait sur un sentier sympa. On aperçoit en contre bas les premières maisons de Pralo. La descente se fait doucement en boitant de plus en plus. J’arrive néanmoins à suivre un coureur. Quand au détour d’un virage je tombe sur un secouriste sous sa couverture de survie. Il me demande si tout va bien. Je lui indique mes soucis de genoux. Il me propose un cacheton qui fera effet dans une bonne vingtaine de minutes. Je venais juste de prendre de l’homeopathie. Donc les 2 cumulés devront faire un miracle.
J’envoie un petit texto à Fabi lorsque je passe la côte 2 000 juste au moment où ma montre me lâche faute de pile. Le sentier descend en grands lacets en flanc de montagne. C’est interminable. Heureusement les genoux se font un peu moins sentir et je peux reprendre un peu de vitesse.
Enfin nous voila au fond de la vallée et un petit chemin remonte derrière le hameau. Je croise de nombreux randonneurs et des familles. Je coure sur la route et traverse les intersections. Je coure, je coure… Ca sent bon l’écurie, j’ai mal aux jambes, aux genoux…. Je passe devant la statue de bouquetin, descend le petit chemin et aperçois toute la famille qui m’encourage. Je cours toujours, le visage fermé. Le parcours n’étant pas assez long, il faut faire le tour du village. Je marche quelques pas avant d’arriver vers l’espace olympique puis traverse le pont en courant et cela jusqu’à la ligne d’arrivée. Je suis finisher en 14h03.
Accueil - Haut de page - Aide
- Contact
- Mentions légales
- Version mobile
- 0.03 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !
1 commentaire
Commentaire de truklimb posté le 05-10-2015 à 16:23:30
Bravo pour ta course et surtout chapeau pour avoir été au bout malgré le début de TFL !
Et merci pour le CR, ça rappelle de bons souvenirs de relire tout ça...
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.