L'auteur : Jam
La course : L'O'Rigole - 110 km
Date : 3/12/2016
Lieu : Le Perray En Yvelines (Yvelines)
Affichage : 4032 vues
Distance : 110km
Objectif : Terminer
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110km d’Origole : après mon abandon sur l’EB cet été, l'Origole me semblait comme un vrai défi. Pourrais-je aller au bout ? Il y a 2 ans la course avait été dure mais il y avait 30 km de moins. Bon, au moins une chose était sûre, il ferait froid mais point de gadoue ni de pluie ou de neige.
Tout commence avec David (DCA) qui me covoiture jusqu’au restaurant où une bonne bande de kikou s’est donné rdv. Une belle tablée qui partage ses petites histoires d’Origole, tous plus ou moins confiant sur son déroulement. Aller zou, un dernier verre, Vik avale son 3ème fondant, et direction le gymnase.
Préparation fébrile au milieu des kikous. Peur d’oublier quelque chose et très vite c’est l’heure du départ. Je suis tout au fond de la grille pour m’échauffer un peu avant de m’élancer. Ce dernier est donné sans que je ne m’en rende compte ! J’aperçois quelques kikous. La bande du MRT, Vik, et quelques autres. Arrive un gros bouchon. Je décide de couper et me retrouve avec Bart et Pat qui font la ballade ensemble. Nous allons faire un bon bout ensemble jusqu’aux premiers coups de culs. Nous allons nous séparer au hasard de descentes un peu engagées. Le faible rythme de la course devant moi m’agace. J’aime les descentes et à enquiller dans le noir. Les coureurs me semblent souvent bien empruntés dans ces conditions que j’adore pour mon cas. Je dévale à tout va, doublant des trailers par wagons entiers. Parti bon dernier je me retrouve dans les 80 premiers. Je m’éclate dans ces conditions. Le physique est là, les jambes aussi. Je veux profiter et prendre un maximum d’avance pour pouvoir partir tranquille sur la seconde boucle.
Petite mésaventure qui aurait pu être dramatique. Lors d’un dépassement dans une descente, en cherchant à me faufiler sur le côté, je me retrouve stoppé nette par une branche dans le ventre que je viens de percuter. Le choc est violent et brutal. Je sens mes abdos amortir l’impact. Je ne sens pas de douleur mais je réalise très vite que cela aurait pu être dramatique si la branche avait été un peu pointue et plus fine, je me serai carrément embroché dessus ! Malgré la douleur supportable aux abdos et m’être assuré que je n’avais rien de grave je reprends mon rythme très vite.
À ce stade de la course le peloton commence à être bien étiré et je suis surtout en compagnie de coureurs du 55. Je m’interroge sur mon début de course. Vais-je le payer plus tard ? 3h30 pour 30km, je crois bien avoir pété mon record sur cette distance en trail ! En tout cas je me sens bien. Le passage du 1er ravito est une formalité vite expédiée. Je ne veux pas perdre de temps d’autant que je suis bien et que c’est de nombreuses places gratos de prises.
Je n’ai pas trop de souvenir de cette deuxième partie de la B1. Je me rappelle surtout d’avoir un peu baissé de rythme, les coups de culs successifs usant doucement mais sûrement l’organisme et d’avoir commencé à gérer un peu ma course. Je pense à m’alimenter régulièrement et surtout à boire. Mais l’eau glacée, ce n’est pas terrible. Je me souviens avoir papauté quelques instants avec Caroline que j’ai rattrapé bien avant qu’elle ne se sente mal. On était dans un champ, avec un ciel magnifique. Je me souviens aussi avoir reconnu certains passages de la B3 de 2014 et avoir apprécié les passages dans des singles. J’ai pesté contre 2 traileurs du 110 qui se la pétaient grave en se moquant des coureurs du 55. Il y en a qui ont oublié qu’un jour ils ont été débutant aussi. Bref, plein de petits souvenirs, comme celui d’avoir un instant envie de prendre une chambre dans cet hôtel minable des Vaux de Cernay J avant de prendre la raide montée qui repartait juste en face. Le parcours défile encore, et puis je commence à souffrir du bas du dos. Des douleurs de plus en plus fortes qui m’ont de plus en plus gênées surtout dès que cela grimpait un peu. Je me trouve à ralentir pas mal le rythme, en tout cas bien plus que je ne le souhaiterai. Je vais perdre quelques places doucement mais sûrement dans ces derniers kilomètres qui nous ramènent au gymnase. Je me rappelle alors combien j’avais souffert des pieds avec ces ampoules énormes que j’avais et des douleurs que j’avais enduré il y a 2 ans. Foin de tout cela cette fois-ci, jusqu’au bout j’irai de nouveau. La dernière ligne droite pointe le bout du nez, je croise des coureurs du 55 qui en ont fini et qui rentrent chez eux ! Et d’autres qui repartent sur le long. D’un certain côté je me prends à les envier mais d’abord place au pit stop. Je passe la ligne presque anonymement, j’entends juste le speaker annoncer que j’entre en 65ème position du long !!! What ! Moi, si haut dans le classement, va falloir tenir maintenant. Petit coup de pression.
Mon plan au gymnase est prêt : d’abord me restaurer, ce que je fais rapidement. Coup de chance j’ai le droit à un peu de soupe et je plains les suivant qui n’auront rien. Par contre impossible d’obtenir du thé chaud ! Je pars ensuite me changer complètement pour mettre du sec. Je me couvre entièrement et m’allonge pour une petite sieste. Je ne vais pas dormir du tout, juste grelotter intensément pendant plus de 20 minutes. Je me « réveille » et trouve Bubulle en pleine méditation sur son abandon et un peu démoralisé. Vik, lui s’enfile un petit remontant bien à luiJ.
Je me lève, me prépare pour partir et file seul vers la sortie. Je croise Raphynisher qui s’apprête lui aussi à repartir, poussé par des camarades. Nous franchissons ensemble le portique et c’est reparti !
Le froid est bien présent et me saisit dès que je glisse le nez en-dehors du gymnase. Pour m’y préparer j’avais enfilé ma polaire. Sur me moment c’était une bien bonne idée, mais alors que je suis parti en solitaire et sur un bon rythme assez vite, j’ai rapidement trop chaud…et hop changement en pleine nuit et chargement du sac avec ma grosse polaire. C’est gros une polaire…et franchement pas pratique à caser dans le petit sac Salomon L. Bref, je repars très vite.
En sortant après 1h10 d’arrêt au gymnase !!!! Je ne pensais pas m’être arrêté si longtemps (je découvrirai ce point après avoir consulté les temps intermédiaires quelques jours plus tard), j’ai perdu 105 places d’après le relevé des temps. Bon, je me suis bien restauré et bien reposé. Mes bases sur les 15 premiers kilomètres sont excellentes. Je me sens particulièrement bien. Mal de dos envolé ! Fatigue disparue ! J’avale les traileurs par grosses grappes. Je gaze ! 1h44 pour ces 15 bornes malgré un terrain pas toujours accueillant, et 70 bornes dans les pattes. Bien que plat, le terrain est déformé, et les rigoles qui étaient pleines de boues il y a 2 ans sont ce jour-là archi-sèches. Je suis complètement dans ma bulle. Dès que je vois un coureur je m’en rapproche, je me colle dans sa trace quelques instants, et paf, petite accélération pour le dépasser. Pacman. Je me sens littéralement euphorique pour la seconde fois de la course. Je sais que ça ne durera pas, pourtant je ne faiblis pas. En moins de 2 heures je reprends 65 places ! Prendre son temps au gymnase et se reposer a du bon.
La suite de la course va être beaucoup plus monotone pour ma part. Nous arrivons dans les grands enchainements de lignes droites. Très mauvais pour le marathonien que je ne suis pas. Le froid est beaucoup plus prenant, et je commence à en souffrir. Mais surtout, un mal insidieux s’installe dans les genoux. Pour l’instant ça va. J’alterne entre course à pieds et marche. Ces lignes droites me pèsent sur le moral. J’ai l’impression de ne plus avancer, et je lâche un peu moralement. Je me fais reprendre par quelques coureurs que j’essaie de suivre sans véritable motivation, me faisant systématiquement larguer au bout de quelques centaines de mètres. Bref, je me traîne en attendant le dernier ravito. Ces kilomètres sont interminables, comme la nuit qui résiste au lever du jour.Et puis comme d’hab arrive le moment où on croise un gentil bénévole qui vous annonce qu’il ne reste plus qu’1 bon kilomètre avant le ravito. Alors, on sait bien qu’il ne faut jamais, mais alors jamais les croire, mais foin de tout ça notre cerveau fatigué ne réfléchit plus pour lui, plus qu’un kilomètre. Grrrrr. 4 à 5 bons kilomètres nous attendent en réalité. J’ai rarement autant maudit un bénévole. Je ne crois pas avoir été le seul d’ailleurs. Le terrain devient un peu plus sympa sur ce dernier bout. Le jour qui se lève est aussi un vrai régal pour les yeux. La végétation toute prise par le gel brille dans les rayons de soleil qui pointent. Une dernière petite côte et le fameux ravito apparaît. C’est le grand soulagement alors que mes genoux commencent à sérieusement couiner. Chose bizarre sur le moment, je retrouve la lapinette qui avait quitté le gymnase en même temps que moi, et que j’avais déposé avec son compagnon quelques kilomètres plus tard. Je suis certain que je ne me suis pourtant jamais fait redoubler par le duo. Mon étonnement se verra confirmé plus tard par Bart qui arrive lui aussi au ravito. Nous échangeons sur le fait qu’il aurait lui aussi « dépassé » Patfinisher alors qu’il est reparti du gymnase après et lui et avoue ne l’avoir jamais rattrapé. Au final, nous apprendrons plus tard, que certains ont bien involontairement coupé une boucle de 2/3 kilomètre leur permettant de dépasser quelques coureurs. Ça ne change au final pas grand chose, disons que j’aurai gagné au mieux une dizaine de places au classement et basta. Bref, pas de quoi fouetter un chat.
Après m’être réchauffé au près du feu de bois et bien repu de café qu’une bénévole super sympa nous prépare bien gentiment, nous décidons avec Bart de repartir ensemble sur un rythme de marche rapide. De toutes les façons je n’ai pas le choix, mes genoux m’interdisent la course à pied à cet instant de la course (et pour plusieurs jours…). Il nous reste 26 bornes à parcourir, certain désormais d’atteindre l’arrivée (quoique, je déguste pas mal au niveau des genoux…je me répète). Le classement n’a plus d’importance à cet instant de la course, finir est le seul objectif. Il fait toujours très froid à cet instant et nous avons un peu de mal à nous réchauffer malgré un bon rythme. Les paysages sont plus sympas qu’auparavant. Chemin faisant, nous discutons nous remémorant l’Origole 2014 sur laquelle nous avions déjà fait un gros bout ensemble sur la dernière boucle, partageant les bons et moins bons moment de cette course. Le rythme est bon. Très bon même. On tourne à 6/6,5km. Nous rattrapons un traileur, puis deux. Nous nous prenons au jeu de vouloir pacmaniser tout traileur qui viendrait à se trouver dans notre ligne de mire. L’avantage de ce petit jeu est de redonner de la motivation à cette fin de course un peu monotone et de faire passer le temps. Nous reprendrons une petite dizaine de traileurs rien qu’à la marche. Belle petite performance dont nous serons assez fiers après 110km de course ! 26 bornes tenus sur ce rythme est une belle satisfaction. Raphynisher qui finit par nous rattraper, s’étonnera de ne pas pouvoir nous suivre à la marche. Il nous lâchera à quelques encablures de l’arrivée pour finir encore une fois devant moi (déjà à la Montagn’Hard au sommet du Mont Joly avant la dernière descente).
Derniers kilomètres tranquillement effectués, le long d’un champ où nous croiserons Trinouil qui immortalisera le duo (merci pour ces biens belles photos).
Puis c’est le retour sur le bitume, les derniers hectomètres, ma chérie qui m’attend aux portes du gymnase et un petit bisou, puis l’entrée, puis la ligne et le Bagnard et Bubulle qui nous accueillent ! Voilà, c’est fini. Heureux d’en avoir terminé, d’en avoir fini de souffrir des genoux - en montagne j’aurai dû abandonner, tellement les descentes étaient des calvaires -, du froid, de pouvoir enfiler une seconde polaire de l’Origole. Petite fierté tout de même J. Très heureux d’avoir partagé la fin de cette course avec Bart (et aussi un peu au début). Mais c’est bien souvent le cas (Origole 2014, Endurance trail 2015) et à chaque fois avec plaisir.
Je remercie tous les bénévoles pour l’organisation aux petits oignons, leur gentillesse et d’avoir enduré le froid saisissant.
Je remercie Nath, mon épouse pour son soutien permanent et indéfectible dans les délires où je m’embarque, les entraînements sans fin, et sans qui je n’y arriverai certainement pas.
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8 commentaires
Commentaire de Vik posté le 20-12-2016 à 21:03:51
Yeah, Jam aux abdos d'acier :-) !
Tsais qu'à cause de toi, à chaque fois que je te croise, j'ai Jammin' du bob dans la tête, qui veut pas partir, pendant quelques km ? :D
Commentaire de Jam posté le 25-12-2016 à 23:43:23
jam jam jammin' :) Pas forcément mon style musical préféré, malgré tout ça me plaît bien.
Commentaire de catcityrunner posté le 20-12-2016 à 21:44:39
Le coup des 1 km avant le ravito, on l'a eu aussi. Le bénévole a fait pas mal de victimes. Manifestement il n'était pas au courant du changement d'emplacement du ravitaillement.
Commentaire de PhilippeG-640 posté le 21-12-2016 à 21:37:14
Punaise Jam, tu files !
Ca va vite avec toi, tu rattrapes pas mal quand tu accélères ;-)
C'est un chouette récit de partage de bons moments.
Sinon 1h10 au gymnase faut revoir ça...
Bravo d'avoir bien terminé ta 2e origole.
Ca y est je te situe grâce aux photos :)
Bonne récup à toi et à la prochaine (faut que je pense à poster mes souvenirs...)
Philippe
Commentaire de Raphynisher posté le 22-12-2016 à 14:58:28
Salut Jam, ravi d'apparaitre dans ton récit et en fond de photo derriere toi et Bart. Les gars quand ils marchent, ils marchent ! Pfiouuu !! Bravo aussi pour ta 2e Origole, je crois que j'ai mis 55' à repartir du gymnase, alors que depuis le 28e je voulais lâcher définitivement l'affaire !!
Commentaire de Jam posté le 25-12-2016 à 23:47:36
Salut Raph ! Pour quelqu'un qui voulait lâcher l'affaire...tu termines sacrément bien. Mais bon après ta Diag de fou ça ne m'étonne guère.
Commentaire de trailaulongcours posté le 24-12-2016 à 12:52:07
Hey l'ami Jam! We're jammin', jammin', jammin', And I hope you like jammin', too....
Beau récit. Je n'avais aucune idée de ton début de course. T'as bien cartonné sur le début, j'étais une dizaine voire un quinzaine de minutes derrière toi mais j'ai passé moins de temps au ravito. Pas beaucoup moins, mais en ajoutant mon erreur involontaire qui me fait gagner 3km, je me retrouve avec toi.
J'ai pris mon pied sur cette dernière partie qui est magnifique, quoi qu'on en dise et qui avait une saveur toute particulière sur cette édition exceptionnelle. Le givre, les fougères, les pins et le sable sous un soleil hivernal, que demander de plus.
Marcher à bonne allure alors qu'on a 75km dans les pattes m'a rassuré pour l'écotrail 80 qui se fera cette année avec l'ami Bert' en marche nordique. Je sais désormais que je peux aller au bout.
A très vite l'ami.
Commentaire de Jam posté le 25-12-2016 à 23:45:51
I'm jammin too my friend :)
Pas d'inquiètude pour toi sur l'Eco80. Vous réussirez sans problème ce défi, je n'ai aucun doute. T'auras juste mal aux muscles fessiers lol
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