Récit de la course : Raid Le Puy - Firminy 2016, par bubulle

L'auteur : bubulle

La course : Raid Le Puy - Firminy

Date : 20/11/2016

Lieu : Le Puy En Velay (Haute-Loire)

Affichage : 2201 vues

Distance : 67km

Objectif : Pas d'objectif

13 commentaires

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Et de six...ou sept

Un de plus.



Une fois de plus trouver ce que je vais bien pouvoir vous raconter. Mais, finalement et curieusement je vais trouver. Eh oui, car chaque Le Puy-Firminy est un peu différent des autres et cela doit expliquer pourquoi je reviens chaque année depuis 2011.

Pourtant, en cette année 2016, il détonne un peu dans mon calendrier, ce Raid. Là où, l'an dernier, il était le gros sommet final de la saison, avec un aller-retour épique enchaîné avec un Roanne-Thiers 2 semaines plus tard, cette année ma course fétiche arrive surtout 2 semaines avant une Origole qui s'annonce énorme (j'écris ceci avant qu'elle n'ait lieu).

Du coup, il est un peu difficile d'y avoir un objectif bien précis : essayer d'y battre mon meilleur temps (7h15) me semble irréalisable. Il faudrait se dépouiller et je ne serais même pas certain d'y arriver, tout en prenant de gros risques de compromettre l'Origole.

L'idée de faire le raid en marche nordique m'a un temps traversé l'esprit mais, là aussi, ce serait très impactant sur le physique. Trop risqué. Idem pour l'enchaînement avec le Sainté Trail Urbain, avec à peine 1 heure entre les deux courses.

Ce sera donc un LPF simple, consistant à venir pour juste profiter de la course, essayer de faire un temps pas trop long. Disons qu'autour de 8 heures, ce serait bien. Mais en réalité, c'est surtout "on verra bien".

On verra d'autant plus que je n'arrive pas extrêmement frais sur la course. J'ai eu un rythme d'"entraînement" assez soutenu après avoir récupéré de l'UTMB, mais j'ai aussi casé deux ou trois "TALC" : un retour intégral de notre maison de Normandie (soit 91km en 13h30) voici 3 semaines et demie, plus un Off "6 heures de la Colline" où j'ai fait le hamster sur la Colline d'Elancourt pendant....6 heures pour plus de 33 kilomètres et 3000m de dénivelée.

Un peu beaucoup avant cette course nocturne jamais facile. Ce qui me conforte dans la modestie des ambitions.

La nouveauté de cette année sera de participer à la pasta party Kikourou organisée par Franck. Occasion de voir et revoir des têtes connues : Franck, que j'ai quitté....à Champex fin août, zeze69 en préparation de sa 180, didscott69, coba, Martine qui, pour une fois coache tournette74. Je n'ai pas remarqué sur le fil du forum qu'un invité mystère est annoncé.

D'où ma surprise lorsque Franck débarque dans la salle du CLCS accompagné....d'Arclusaz ! Eh oui, ces deux zigotos ont fait tout le voyage depuis leur pays lointain et inhospitalier pour venir s'encanailler dans une gargote appelouse.


Et Arclu (que j'ai quitté, lui, sur les pentes du Mont Joly quand, tel un zombie, je terminais ma Montagn'hard) n'est même pas venu les mains vides, mais avec un trophée que je me dois désormais d'arborer fièrement.



Je ne décrirai pas plus en détail le repas gastronomique à 13€, bière comprise, mais il fut riche en échanges divers autant que variés. Et même enrichi encore par l'arrivée de Bicshow puis de notre Respecté et Vénéré Sénateur, Son Excellence Jean-Mimi, citoyen d'honneur du Val d'Aoste.


Et que dire du retour du resto dans la Jean-Mimobile qui est, euh.....une camionette sans éclairage dans la partie fourgon.



Mais cet avant-course était décidément promis à son lot de moments inattendus car, arrivés à nouveau au CLCS et après avoir récupéré notre doss^W carton, je me retourne......et je découvre Sab et Fa2 assis à une table !

Cette surprise, ils me la mijotaient depuis 3 mois, mes amis et compères de la Mordor Rire(s) Team....et bien sûr en gardant Bert et Raya dans la confidence. Et bien sûr, en se payant ma fiole toute la journée sur notre éternelle conversation Messenger, sans que je ne me doute une seconde de ce qui m'attendait.



Autant vous dire que l'attente de l'arrivée des cars, le voyage sur Le Puy, et l'attente d'avant-course, tout cela va passer très vite, et dans une ambiance joyeuse. Je comprends désormais mieux l'insistance de Sab pour que je n'oublie pas de lui prêter ma frontale de secours suite à la panne de sa Stoots. Bref, ces vils comploteurs m'auront diablement fait plaisir.



Au Puy, nous avons comme toujours largement le temps de nous préparer, toujours autant dans un gros bazar de marcheurs et coureurs, et même en suivant France-Australie de rugby sur les écrans de la buvette du stade où nous attendons bien au chaud.

Au chaud, justement. La météo est à nouveau favorable : il ne pleuvra pas, les températures sont clémentes (ils sont bien loin, les -15°C de certaines éditions). Seul un vent assez fort est annoncé pour la fin de nuit. Je prends donc le coupe-vent par précaution, mais je pars finalement assez peu couvert : corsaire et TS ML, avec les manchettes par dessus pour le tout début de course.

J'ai proposé un moment à Sab et Fa2 de faire la course ensemble, mais j'ai eu droit à l'habituel "ah non, tu fais ta course, tu vas être loin devant". Or, en fait, je n'en crois rien...mais nous y reviendrons.... Je ferai ma course, alors. Je profiterai tout seul de la Grand Solitude de l'HyperEspace Altiligérien.

Comme je n'ai pas de photos, cette année, je vais vous sortir les cartes, tiens. Cela va me permettre une redescription de parcours pour ceux qui n'en ont pas marre des explications millimétriques. Et puis, comme on nous annonce que le parcours a changé pour "plus de chemins", vous pouvez imaginer l'impatience du maniaque des cartes que je suis...

Placé assez près de la tête, je veille cependant à prendre un départ pas trop rapide. Je sens que je dois m'économiser, oublier tout de suite ces 7h15 impossibles. Je suis donc sur une résolution "allons-y prudemment et si jamais je vois que je pète la forme à Monistrol, j'envoie le pâté".



Cela défile donc un peu autour de moi le long de la Borne. Bien agréables ces deux premiers kilomètres, identiques aux années précédentes, mais sans le chantier de l'échangeur d'autoroute. Je suis presque surpris d'arriver si vite au Pont Romain sur la Loire.

Les coureurs autour m'entraînent.....et je cours dans la côte, bien que je me sois promis le contraire. Décidément, incorrigible. J'arrive quand même à ralentir le long de la voie express sur le chemin en terre (GR65 sur la carte) et à passer en mode "marche". En fait, en mode "marche qui va aussi vite que ceux qui courent", mais bon...:-)



Le parcours s'écart du précédente : nous abordons une des nouvelles sections en traversant la RN88 pour de petites routes et chemins de l'autre côté de la N88, qui nous amènent, après l'échangeur de Malescot, à de minuscules routes bien plus agréables que celles de la zone artisanale où passait l'ancien parcours. Je vois passer plusieurs féminines, je suis un peu surpris d'en voir autant alors que Sab est encore derrière....et que j'imagine qu'elle peut faire podium. Mais, comme toujours, tout le monde partant trop vite, je ne suis pas trop inquiet pour elle.

Le parcours me surprend un peu : on repasse sous la N88 pour rejoindre l'ancien parcours : mais par où va-t-on monter ? Je perds un peu le fil, mais en réalité, l'ancien parcours (en bleu ciel sur la carte) traversait la N88 par l'échangeur de Blavozy alors que le nouveau (bleu foncé) repasse sous la N88 ET la 156 que nous prenions avant pour s'engager dans une montée assez longue sur un chemin agricole.

Cette montée, plutôt agréable, voit enfin tout le monde passer à la marche, ce qui me permet de remonter quelques places ! Surtout, ce chemin rempalce très avantageusement la départementale empruntée précédemment. On rejoint celle-ci à 500m du haut de cette première côte, en la longeant même encore par un sentier. Au final, on fait à peine 200m sur la route elle-même dans la partie montante. C'est bien agréable. Evidemment, tout le monde, moi compris, s'est remis à la course.



Au sommet (carrefour de Chaspinhac), je sais qu'on part pour 2,5km de descente sur la route. Comme j'entends un peu de bruit derrière, je décide d'appuyer un peu et de m'éloigner : j'aime préserver le grand silence si caractéristique de LPF, avec seulement le bruit de mes foulées sur le bitume. Je dévale donc vers Malrevers, atteint très rapidement.



Ce premier ravito est atteint en 1h08 (1h06 en 2013)...et je ressors aussitôt. Sab et Fa2 passeront 3 minutes derrière moi. Je me sens très bien, très frais à ce moment là, la descente m'a donné la "super pêche", primaire de la droite oblige.



Comme il s'ensuit une assez longue côte jusqu'à la Croix de Ceyssac, je choisis, comme toujours, de ne pas me griller inutilement : passage à la marche dès le pied de la côte, et je maintiens cela jusqu'au replat final où on retrouve la départementale. Evidemment, je me refais dépasser, notamment par une féminine "mobylette" avec  un collant violet, que j'avais repérée dès le départ en me disant "elle, Sab doit lui coller 1/2h"...;-). Je commence à me dire que la Miss ne doit pas être loin derrière, d'ailleurs. J'imagine les grands compas envoyer du lourd dans ces côtes.....et un Fafa s'accrochant en trottinant à côté (il n'aime pas marcher en côte).

Croix de Ceyssac : une nouveauté du parcours. On va abandonner la départementale qu'auparavant on suivait sur une section longue et barbante, pour aller chercher de toutes petites routes au Sud de Rosières. Bien plus agréable, même si tout autant bitumé. Cette section est toutefois assez éprouvante car ce sont de longues sections de faux plat montant en terrain dégagé où le vent commence d'ailleurs à souffler un peu. J'alterne un peu marche et course, pour ne pas m'épuiser totalement, car je sens que je plafonne un peu.



En fait, j'attends la grande côte de Coindet, au dessus de Rosières...:-). Le village de Rosières est traversé dans de petites rues, là aussi plus agréables que la départementale et, en sortie, on rejoint le parcours habituel. Sab est toujours 3 minutes derrière (je ne le sais évidemment pas, mais ça m'amuse de comparer, a posteriori)



Je prends l'option de monter cette côte sans forcer outre mesure, bien que la tentation soit grande d'aller picorer du coureur. Mais je redoute un peu la longue section qui suivra le point culminant, la descente vers Malataverne. Je ne me sens quand même pas au mieux. Je vais cependant, curieusement, prendre 2 minutes à Sab et Fa2 sur cette montée. Difficile à expliquer.



La bise au cousin Fabien au 2ème ravito, je prends au vol un bout de....je ne sais quoi....et je repars aussi sec, et sans remplir les bidons : il me reste plus de 0,5l sur le litre emporté au départ : oui, je sais, en 20 kilomètres et 2 heures, c'est trop peu...:-)

A Coindet, c'est souvent que la solitude devient totale : on n'y manque pas, ici. Le retour sur la D7 se fait avec personne devant ni derrière. De même la montée sur le chemin assez gras qui mène à Montméac...où je vois quand même se rapprocher un coureur devant.

 


Nous voici désormais au point culminant de la course, à 875m d'altitude. Le premier moment de vérité : les difficiles 5 kilomètres de bitume qui vont nous amener, presque constamment en descente légère, à Malataverne. Là, c'est clair, j'ai du mal. C'est d'ailleurs ce que je vais dire à Trimoreo qui m'y rejoint puis m'y dépasse. Ce rythme de marathonien n'est décidément plus pour moi, je l'ai bien vu aux Fauvettes. J'ai donc décidé de gérer !



D'ailleurs, Sab et Fa2 qui avaient 7 minutes de retard au point culminant (pour cause, apparemment, au vu de sa trace, d'un arrêt technique...oui, je sais, Sab, j'analyse ta trace au millimètre), n'en ont plus que 6 à Malataverne.



Un Malataverne où je suis plus qu'heureux de retrouver une côte qui me permet enfin de repasser à la marche. Heureux aussi de voir, certes, s'échapper les coureurs devant, dont Trimoreo....mais personne revenir derrière. Allez, hauts les coeurs, je ne suis pas si mal que ça !



Cependant, jusqu'à Beaux cela reste bien poussif. Désormais dans une solitude totale, j'ai l'impression d'avoir du mal à avancer et à relancer, je sens déjà les cuisses se durcir, bref je ne suis pas d'un optimisme débordant. Même la petite redescente sur le village ne me rend pas plus optimiste car j'ai du mal à envoyer un peu, ce que je ferais usuellement. J'attends le ravito avec impatience (heureusement que je sais qu'il faut d'abord traverser tout le village). On rattrappe d'ailleurs curieusement des marcheurs : il semble que, cette année, certains d'eux soient partis en avance du Puy, comme cela se fait souvent sur Roanne-Thiers.



Enfin, j'atteins le ravito de Beaux dans un état pas très reluisant. J'y retrouve d'ailleurs Trimoreo, ce qui est un souvenir de 2013 où il m'y avait rapporté.....ma casquette Kikourou, alors perdue en route. Je lui indique que je ne me sens pas super frais et qu'il va déjà falloir que je commence à gérer. J'ai cependant l'intention de ne pas m'éterniser car ce ravito bien au chaud est un piège : il est toujours difficile de ressortir dans le froid, donc autant le faire vite ! Je n'oublie quand même pas de prendre deux soupes, puisque je bois trop peu (même si, quand même, je remplis cette fois-ci mes flasques !) et.....je vois arriver Sab!

Là, je dois dire que c'est un peu la surprise : je m'attendais à ce qu'elle soit plus loin derrière (ce qui est idiot, à la réflexion) et, de manière surprenante, ça me met un peu un coup au moral. Etonnant, non, quand on parle de ses amis proches?

Je suis arrivé à Beaux en 3h02. Sab et Fa2 en 3h07. Encore une petite minute de perdue (honnêtement, a posteriori, ça me fait bien rire car nous étions super proches sur cette course!).

Je ressors en 3h09 (soit 10 minutes de plus qu'en 2013 où j'étais vraiment en meilleur état) mais totalement en mode "faut gérer". Je me convaincs donc qu'il n'est pas grave si certains me rattrappent, que je dois absolument ne pas me griller définitivement. Je sais que le parcours change, qu'on n'a plus ces très difficiles 6 kilomètres de descente bitumée...mais qu'il y en a quand même 2 ou 3 sur la route avant de prendre un chemin.



Ils vont être plutôt longs, ces 2-3 kilomètres. Je me force à ne pas aller trop vite, à marcher dans le replat du hameau de Courenc. Evidemment, je perds des places, ce dont j'ai peu l'habitude sur cette section (usuellement, à partir de Beaux, je pacmanise). En fait, j'attends avec un peu d'impatience la nouvelle section sur un chemin pour descendre vers la Loire. Et, effectivement, je ne suis pas mécontent quand, 600m après Courenc, le parcours tourne enfin à gauche (ce que Jean-Mi Touron....qui est alors bien devant...va manquer).



Délivréééééé, libérééééééé. Un petit morceau de route bitumée, puis c'est le Bonheur : une descente de 100D- bien raide, sur un chemin plein de cailloux et de racines. Je mets la Stoots aux taquets et c'est parti....j'arrive en moins d'un kilomètre à reprendre 6 ou 7 coureurs bien plus prudents. C'est qu'il faut  que j'en profite vite d'avoir du terrain un peu technique, ça ne va pas durer..:-). Petite pensée à Sab qui va certainement a-do-rer ce passage, hihihi.


Sab qui, soit dit en passant, était revenue à 3 minutes derrière moi avant cette descente.....et est à 4'30" en bas. Toc..:-p. J'ai eu chaud aux fesses, quand même...



Cela m'a requinqué et c'est donc en bon état que j'arrive au Pont de Bransac même si je passe illico en mode marche sur la code bien raide qui suit. Moment amusant, d'ailleurs, puisqu'un coureur dépassé me redépasse très très très péniblement en trottinant et en continuant à trottiner dans cette côte ce qui lui permet....de garder une vingtaine de mètres d'avance. 20 mètres qui seront comblés dès qu'il repasse à la marche, nomédidon. Le pacman amorcé dans la descente se poursuit d'ailleurs, je retrouve un peu d'optimisme même si je sens que ce n'est toujours pas extraordinaire.



Derrière, je ne le sais pas, mais Sab doit faire une montée monstrueuse. Ils passent au pont de la Loire avec 5 minutes de retard sur moi et à la Croix de l'Orme, ils n'ont plus que DEUX minutes de retard. Sur le replat montant qui suit, je m'obstine à relancer pour ne pas perdre complètement le fil, mais c'est quand même un peu dur. Heureusement, j'ai deux coureurs devant en point de mire ce qui m'"oblige" à ne pas lâcher le morceau.

J'ai bien fait car sinon, devinez qui j'allais voir passer ? Eh oui : en regardant nos traces, Sab et Fa2 étaient 30 secondes derrière moi au moment où on retrouve la route de Beauzac à Confolent (lieu-dit "Proriol", cote 585 sur la carte). En fait, ils devaient voir ma frontale !

C'est un petit bout de descente technique qui va à nouveau me "sauver" (et me permettre, incidemment, de passer d'autres coureurs). Ce secteur est un de mes secteurs usuels de pacman, mais c'est clairement moins net, cette année, je suis toujours en mode "gestion" même si j'arrive quand même à bien courir sur la partie bitumée qui amène au ravito de Confolent.

Ravito de Confolent où je retrouve Trimoreo qui y prend un peu son temps alors que je ne vais guère m'attarder : je n'ai pas très faim (j'ai pris des compotes ça et là) et je sens que je suis sur le fil...il vaut mieux continuer sans trop réfléchir.



Donc, même pas 2 minutes d'arrêt et je repars en 4h35, juste avant que Sab et Fa2 y arrivent, semblerait-il d'après nos traces respectives !

C'est un peu en mode "survie" que je repars. Il commence à être difficile de courir sur le plat qui mène à Pont de Lignon. Je n'ai pas très chaud (c'est souvent le moment où il fait le plus froid sur la course) et, plus déprimant, je vais me faire dépasser par un autre concurrent dans la côte qui suit Pont de Lignon. Je crois que cela ne m'était jamais arrivé ! Je sais qu'il me faut tenir jusqu'à La Chapelle d'Aurec où, souvent, cela va mieux, mais c'est quand même un moment où la perspective d'avoir encore 25 kilomètres à faire est un peu désespérante.

La relance en haut de la côte au dessus de Pont de Lignon est impossible, cette année. Les cuisses hurlent qu'elles n'en veulent plus, je dois me résoudre à marcher : vite, certes....mais marcher. Je me console juste en voyant que je maintiens l'écart avec le coureur qui m'a dépassé, devant....et qu'au passage j'en dépasse un autre. Allons, allons, je ne suis pas SI mal que ça.

Cela dit, d'après nos chronos respectifs, Sab et Fa2 étaient 5 minutes derrière moi à Pont de Lignon....Et seulement à 1 minute 30" en haut, à l'échangeur de Monistrol. Vous avez dit "prendre cher" ? (mais aussi, cela illustre les montées monstrueuses qu'arrive à faire Sab, avec notre pauvre Fafa que j'imagine désespérément accroché....).



Et quand les cuisses hurlent, croyez-vous que ce soit bien le moment de se taper "la ligne droite de la mort", ces 2020 (précisément) mètres interminables dans Monistrol....qui n'ont même pas le bon goût d'être plats ? Certes non. Et pourtant, il faut bien s'y coller. Je n'ai alors plus qu'à débrancher tout ce qu'il me reste de branché, oublier le coureur là-bas loin devant....ne pas trop me retourner pour voir les quelques frontales égrenées ça et là derrière moi. Bom bom bom bom bom bom....avancer, une foulée après l'autre. Oublier l'odeur du pain qui commence à cuire à la boulangerie Colombet, 46 avenue de la Libération (1,7km pour la boulangerie). Je me distrais en regardant le balisage, qui est quand même léger dans la ville : celui qui ne connaît pas le parcours, il peut hésiter un bon moment, quand même).

Qu'est-ce qu'il est bienvenu, quand même, ce ravito ! J'y arrive totalement explosé, en 5h27 (pour 5h pile en 2013, la différence est notable, désormais). Et ma baisse de régime m'est confirmée par l'arrivée de Sab à peine 1 minute derrière moi. Ce que je ne sais en fait pas, c'est que Sab et Fa2 font vraiment une superbe course, mais j'avais un peu fini par croire leurs affirmations que je devais forcément être "loin devant".

Du coup, je décide de repartir avec eux, même si je n'ai aucune certitude d'arriver à terminer avec eux, en fait, à ce moment de la course. Le redémarrage le confirme bien, d'ailleurs : j'ai un mal fou à suivre, d'abord dans la côte, puis lorsque Sab relance. Bon, Fabrice me confirme certes que lui aussi et que, lui, ça dure depuis 55 kilomètres...:-).


Les 3 kilomètres de route jusqu'au Pont Tranchard seront un calvaire absolu. Je m'accroche comme je peux à la foulée de Sab et Fab, qui sont impitoyables. JE DÉTESTE CETTE JUPE ROSE QUI REFUSE DE MARCHER. Une vraie machine, c'est déprimant. Je finis d'ailleurs à un moment par craquer et m'octroyer un répit à la marche : c'est la première fois que cela m'arrive sur cette section. Même l'an dernier, après l'aller-retour, je crois que j'ai tout fait à la course. Décidément, ce passage est de loin mon pire moment de cette course.

L'arrivée au Pont Tranchard est un vrai répit : enfin on "a le droit" de marcher. Nous repassons donc tous trois en pas rapide (j'ai quand même réussi à recoller à mes deux machines)....si ce n'est que ce n'est pas le même pas rapide pour tout le monde.



Il m'est parfois arrivé de prendre une belle claque par un autre coureur sur une course mais, là, c'est un double aller-retour que nous colle Sab, à Fab et moi. Cela fait longtemps, en fait, que nous n'avions pas couru ensemble sur une compétition, j'avais déjà bien ramé derrière la jupe rose et les jambes de 2 mètres mais....jamais autant. Sab avale aussi Trimoreo en passant, alors qu'il nous avait mis un beau vent dans leplat précédent. Je me retourne parfois et je vois Fab qui fait ce qu'il peut derrière.

2 minutes en même pas 2 kilomètres, ça pique. J'ai failli en louper le contrôle de La Chapelle d'Aurec, qui a été déplacé à l'entrée du village. J'y retrouve d'ailleurs Sab à qui j'indique que je repars aussitôt car je ne veux pas m'arrêter et gouter trop longtemps à cette salle paisible. Je suis persuadé que, de toute façon, elle me rattrapera à la petite côte de La Peyrouse (j'ai l'impression qu'ils ont décidé, avec Fab, de finir chacun de son côté).



Je repars donc dans une solitude absolue. Il n'y a strictement personne loin devant : je vois juste deux frontales en haut de la côte de La Peyrouse alors que je suis en bas. Un peu plus loin dans cette côte, j'ai l'impression de voir des frontales qui suivent : ce soit être Sab....allez, je vais me bagarrer un peu pour qu'elle ne me rattrappe pas tout de suite.

Tu m'auras bien aidé, du coup, sans le savoir, Sab, car la looooongue traversée vers Ouillas se fait, du coup, entièrement à la course, juste parce que je ne veux pas me faire rattrapper....et déposer !

Petit à petit, d'ailleurs, je sors de mon trou. Je me sens mieux. Cela me le fait souvent sur ces crètes : je me promets, du coup, de regarder mes temps de pointage à La Chapelle et Lafayette car je sais que mon record sur cette section est de 50 minutes en 2012 (un énorme coup de mieux) et qu'en 2013, je l'avais faite en 58 pour cause de brouillard.

J'arrive à courir presque tout le temps, sauf quand même sur les mini côtes : là, les cuisses demandent grâce. Je vois revenir une frontale à même pas 20 mètres de moi juste avant la partie plus descendante vers Oriol, mais ce n'est pas Sab. Du coup, je décide que ce gars là ne me dépassera pas...et je me fais violence pour dévaler la petite route d'Oriol, puis la descente acrobatique vers la Semène que j'arrive quasiment à courir même si elle est plutôt glissante. C'est assez payant....et je dépasse du coup un petit train de quelques coureurs, ça met le moral !



La remontée vers Lafayette est toujours difficile, mais je me sens bien mieux que vers La Chapelle et je commence à me dire que, finalement, Sab ne me rattrapera pas...:-p. Du coup, j'ai juste envie d'en finir maintenant.


Je grille quasiment le ravito de Lafayette ; la crèpe ne passerait pas ! Détail amusant que j'apprendrai seulement plus tard : Sab qui comptait y prendre son temps et commençait à déguster une crèpe a soudain vu arriver à ce ravito....la troisième féminine. Selon les dires même de Fa2, elle est alors repartie comme une furie, le plantant quasiment là, et fermement décidée à ne pas laisser "l'autre" revenir. A posteriori, j'en souris encore car j'aurais bien voulu être là pour voir ça : la montée après Lafayette a du être un ouragan....;-). Pauvre Fafa, je compatis....

Je dis ça, mais moi qui vois un tee-shirt rouge 300 mètres devant dans cette même côte, je ne pense qu'à une chose : aller le chercher. Ce à quoi je vais d'ailleurs d'autant plus m'employer qu'au début de la descente je croise martinev qui va chercher son Chris et qui m'apprend que ce tee-shirt rouge....c'est Sénateur Jean-Mi !

Alors ça, arriver à finir avec mon Jean-Mi, ça serait le top. Je dévale le chemin plein de cailloux et de racines de Montessus comme un dératé, je me force (à grand peine) à courir dans Fraisses et même sur la remontée vers Firminy-Vert mais....rien n'y fera, je terminerai tout seul, comme d'habitude.



Et c'est quand même un immense soulagement que d'arriver, totalement épuisé, du coup. Et aussi une grande joie, en arrêtant le chrono de voir que j'ai réussi à terminer en moins de 8 heures (7h57) alors que c'était vraiment mal emmanché quand je me sentais si mal à Beaux ou à Monistrol, ou quand je ramais derrière Sab et Fa2.



Lesquels vont d'ailleurs arriver 5 minutes seulement derrière moi. Sab s'est battue comme une teigne pour défendre sa deuxième place...et elle y est arrivée. Et à peine arrivée, sa première pensée, plutôt que de faire pointer son carton, c'est de repartir chercher Fab. Comme quoi, c'est une teigne, certes....mais une teigne qui aime...ce qui change tout...;-)

Et puis, quand même, cette teigne et le pauvre malheureux qui court avec elle, ils m'avaient fait une tellement belle surprise par leur présence qu'ils méritaient vraiment d'avoir une place toute spéciale dans ce récit et donc d'en faire la conclusion.

C'était mon sixième Le Puy-Firminy. A l'an prochain pour le septième !


13 commentaires

Commentaire de Arclusaz posté le 27-11-2016 à 19:29:14

On mesure la valeur humaine des gens au nombre et à la qualité de ceux qui les entourent.... et aux bêtises que ceux ci sont prêts à faire pour eux.

Et c'est pas courant de courir à Courenc.

Commentaire de bubulle posté le 28-11-2016 à 20:02:34

J'ai fait un petit ajout au récit...;-)

Commentaire de Arclusaz posté le 28-11-2016 à 22:13:07

Ah, oui, ça rend ce récit encore plus éclatant !!!!

Commentaire de fred_1_1 posté le 27-11-2016 à 19:55:00

Merci Bubulle de m avoir fait découvrir ce raid le Puy - Firminy avec toute cette pub que tu as fait sur kikourou !

Une course atypique qui vaut le déplacement .

Commentaire de franck de Brignais posté le 27-11-2016 à 21:16:43

Eh ben, quelle bagarre ! Tu deviens un véritable... sénateur... de cette course tellement unique. Sympa de t'avoir croisé ! :)

Commentaire de Benman posté le 05-12-2016 à 15:49:26

J'avais pas fait gaffe que le Franck, si il est pas sénateur, est un vrai cumulard. LPF + 180. c'est une vraie machine! bravo à Bubulle pour cette version toujours renouvelée de cette belle course.

Commentaire de Arclusaz posté le 05-12-2016 à 17:38:11

ouais, enfin la LPF, il l'a fait...au resto !
pasque à ce compte là, moi j'ai enchainé LPF et STL et personne ne s'en émeut.

le vrai, le dur, le tatoué qui a enchainé LPF et 180, c'est zézé : même jean Mi ne l'a pas fait.
Zézé, Président !!!!!!!!!

Commentaire de sabzaina posté le 28-11-2016 à 11:13:23

Depuis le temps que je voulais te faire cette surprise
Ça n'a pas été simple !
Bravo pour ta ténacité et merci de m'avoir permis de me surpasser

Commentaire de coco38 posté le 28-11-2016 à 13:43:43

Ben si... finalement original... on est tenu en haleine par ses combats respectifs.
Et quelle belle brochette quand même au Flore ..euh pardon au Saveurs Appelouses. ;)
A se croiser l'année prochaine au CLCS.

Commentaire de zeze posté le 28-11-2016 à 20:54:39

Je suis toujours impressionné par les récits détaillés comme le tien, J'en suis bien incapable . Il y a des années que j'avais noté Le Puy Firminy sur mes tablettes mais que je n'avais pas pu y participer. J'ai adoré, tout ..l'ambiance, les rencontres kikouresques et les autres, s'enfoncer seul dans la nuit....les ravitos, le pointage, le parcours où finalement je n'ai pas ressenti la prédominance du dur (bitume et chemin recouvert) mais je dois te faire un aveu.... Jean Mi tu n'aurais jamais pu le rattraper... aussi incroyable que cela paraisse on peut motiver Jean Mi... j'ai su trouver les mots ... j'ai honte ...alors qu'il me disait commencer à coincer, une simple phrase digne de Donald Trump en campagne a suffit......"on va quand même pas se faire battre par les parigots" ce qui est paradoxal venant d'un Zeze ayant habité 35 ans entre Bagnolet et Paris 20 éme. Après cet aveu, j'espère que tu voudras bien de moi l'année prochaine pour faire l'aller retour...encore bravo et merci pour ces supers moments.

Commentaire de sabzaina posté le 29-11-2016 à 18:14:07

MDR ! Excellente motivation

Commentaire de zeze posté le 28-11-2016 à 20:54:49

Je suis toujours impressionné par les récits détaillés comme le tien, J'en suis bien incapable . Il y a des années que j'avais noté Le Puy Firminy sur mes tablettes mais que je n'avais pas pu y participer. J'ai adoré, tout ..l'ambiance, les rencontres kikouresques et les autres, s'enfoncer seul dans la nuit....les ravitos, le pointage, le parcours où finalement je n'ai pas ressenti la prédominance du dur (bitume et chemin recouvert) mais je dois te faire un aveu.... Jean Mi tu n'aurais jamais pu le rattraper... aussi incroyable que cela paraisse on peut motiver Jean Mi... j'ai su trouver les mots ... j'ai honte ...alors qu'il me disait commencer à coincer, une simple phrase digne de Donald Trump en campagne a suffit......"on va quand même pas se faire battre par les parigots" ce qui est paradoxal venant d'un Zeze ayant habité 35 ans entre Bagnolet et Paris 20 éme. Après cet aveu, j'espère que tu voudras bien de moi l'année prochaine pour faire l'aller retour...encore bravo et merci pour ces supers moments.

Commentaire de coba posté le 29-11-2016 à 07:06:51

très beau récit et content de t'avoir rencontré.

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