Récit de la course : L'Echappée Belle - Relais 2015, par JuCB

L'auteur : JuCB

La course : L'Echappée Belle - Relais

Date : 28/8/2015

Lieu : Vizille (Isère)

Affichage : 4168 vues

Distance : 145km

Matos : trabuco x2

Objectif : Se défoncer

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Qui a eu cette idée folle ??

Note pour plus tard : Julien, avant de t'inscrire pour l'intégrale, relis bien jusqu'au bout. Tes souvenirs se sont sûrement estompés, enjolivés depuis cette nuit du 28 au 29 août 2015. En dessous, ce n'est que la 2e partie. Je me serais prévenu !! Innocent

Parcours : C'est dur comme annoncé.
A Courchevel, j'ai trouvé des sections aussi dures mais là, t'as juste l'impression qu'ils ont fait Ctrl+C / Ctrl+V avec les cailloux.
Les recos, je ne suis pas certain que ça aide... Chaque section est abordable, c'est l'enchaînement qui les rend dures et je n'ai vu que la 2e partie. Exemple avec la fin du vallon sous Perioule, j'en avais ras le caquelon...

Orga : du tout bon
Des bénévoles à tous les cols, des points d'eau ajoutés, un bon balisage qui t’offre un fanion à vue quand tu commences à t’inquiéter.
Des ravitos remplis à ras bord, une soupe de pâtes à Gleizin excellente, nooddles pour les autres, je suis moins fan (mais là, je chipote)

Météo : grand et beau soleil. Très chaud Cool

Le contexte :
C'est l'histoire de 2 frères, 2 têtes de pioches...
Septembre 2014 : arrivée du trail de mon village (20km), le frangin me lance dans l'euphorie générale :
–Il y a aussi un petit trail à côté de chez moi, 145 km, c'est l'Echappée Belle, on le fait en relais ??
–Trop géniale ton idée, j'ai lu plein de récits dessus sur un forum, je voulais faire le 85, ça me fera mon 1er trail de nuit. Je m'occupe de l'inscription.
(Expérience : 3 trails, un 33, un 25 et le 20 du jour que je viens de terminer bourré de crampes)
La grande tête de pioche (GTP) n'avoua pas qu'il s'agissait d'une boutade...

11 mois plus tard, GTP n'en mêne pas large au retrait des dossards.
Il s'est blessé en mai, quasiment pas entraîné mais devant l'engouement de son petit frère, il fait avec.
Le soir idem, en faisant son sac, même s’il reste toujours plus détendu que moi.
''Mes bâtons ??? .... Allo, le refuge Jean Collet, oui, bonsoir, j'ai oublié mes bâtons au refuge au mois d'octobre, vous aviez dit que vous me les mettiez de côté ??? Vous les avez toujours. Cool, je me suis fait embarquer sur l'EB par mon petit frère, je passe les prendre demain. Bonne soirée !''

Un peu gonflé, c'était son idée.
Sans compter que nous avons mobilisé toute la famille pour faire le soutien logistique et la garderie (la mémé), l'assistance (le pépé = papounet, ma moitié Auré), les pacers (le beauf de GTP Amel, son fils Gaspard 16 ans & sa fille Suzette 11 ans)

Objectif : prendre du plaisir et terminer avant le 1er du 85, donc 36h grosso modo au vu des résultats
+ un objectif secret : finir devant Stéphane & Christophe

1er relais vu par le 2e: à lui,la partie ''enfants'' comme il dit.
Objectif ambitieux 13h  / Temps max 17h, pompé sur Bubulle
C'est Amel qui l'emmène au départ.
Nadia me monte plus tard à Arselle : un poil trop tard, on le rate. Direction : Chamrousse 1650 et les télécabines. Amel est parti à pied d’Arselle en chasse-patate.
Je descends une bricole sous le col de la Botte, je sors l'appareil photo et la liste de Kikous.
Le 1er que je reconnais est Steph, pas un Kikou mais un DSA.
DSA ?? c'est une sorte de secte locale dont les membres font du ski-alpinisme ou du trail, voire les 2. Comme les kikous mais c’est tous des 38 !!



15 min après arrive GTP qui a déjà chaud... il est 9h25
Il veut des pastilles contre les crampes (pas de bol dans le sac d'Amel qui essaye de le rattraper depuis Arselle), des barres de céréales et du coca. Je ne sais pas s'il a bien potassé le road-book mais le pépé monte le voir au Pas de la Coche, il y a un petit morceau avant...)




Maintenant, je suis détendu pour les Kikous (pour ceux qui ne sont pas passés)
Appareil photo dans une main, un tel dans l'autre, j'envoie les temps de passage à Philippe8474. Les 1ers filent, les suivants s'arrêtent le temps d'une pause.
J'en rate sûrement qui ont le dossard du mauvais côté...
Dans le désordre, salmonrenaud, M_baton, Masquerade7, silou38, zecrazytux, scal91, Dan38, mathias, Trimoreo,TomTrailRunner, Rafouille, cyss, bubulle, Taldius,ch'ti Gone, stphane, LudoH meyzo,jag-79, Xavhië, peky et nicou2000




Juste avant 12h00, il faut repartir. En bas, je devine Francoise84 que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam mais dont la chevelure me semble familière.
Je lance des ''Allez Francoise'' dans le vallon : c'est bien elle.
On rejoint les grand-parents pour le repas : Amel se motive pour monter aussi au Pas de la Coche
Apparemment, GTP a la grande forme : il est motivé à bloc. Ses temps de passages sont en ligne avec les 13h. L'attente dans la vallée est longue : la tension monte.
Une après-midi pour faire un sac, les barres, les boissons : ça passe si vite que je finis par être à la bourre.
Nos 2 ambassadeurs sont redescendus avec d'excellentes nouvelles : GTP a la patate, un moral d'acier.
On part pour le Pleynet avec une bricole de retard.
Message sur la route 19h10 : aïe, on est à la bourre
correctif 19h30 : on est cool.
On sera sur place à 19h10, il arrive à 19h19 avec un visage rayonnant.
Quand je pense que le WE précédent, le frangin avait mal au talon après une sortie de 12km et 1000d+…





Je tape la discut' et lui:
– Qu'est-ce que tu fous ?
– Ben, je voulais savoir comment t'avais trouvé le parcours, les paysages, les lacs, etc..
– On a 14 min de retard sur mes potes du DSA, on est 5e, fonce, à toi de jouer...
L’objectif principal vient de changer.

2e relais : C'est l'histoire d'un gars qui n'a pas compris ce qui lui arrivait.


Je m’attendais à doubler des dizaines de solos, à les encourager tout le long du parcours.
GTP m’a trop bien lancé. 2 heures après, à la sortie de Gleizin, il en restait 10 devant moi dont 4 que je n’ai jamais vu.

19H19 Je pars bon rythme avec le soleil couchant sur Valloire en face de moi.
En bas, traversée de la route et déjà 4 solos à vue qui marchent tranquillou.
Je les rattrape en trottant. Les gars se retournent : ''Julien!! (facile, c'est sur le dossard), t'as les jambes mon cochon''. Au moins, ils ont le sourire.
Petit resto avec 3-4 tables en terrasse : ''Julien !!!'' C'est Philippe8474 ! Il m'encourage, je redouble mon quatuor qui m'annonce qu'à ce rythme de pause, je n'ai pas fini...
J'ai des bonnes cannes, je file, j'arrive rapidement au pied de la 1ère montée. Il fait encore jour, je veux profiter : les écouteurs et bim !
Je prends des nouvelles des solos que je rattrape, demande s'ils sont encore dans le plaisir (non ou pas trop). Beaucoup me lâchent juste 3 mots, je n'insiste pas.
Ca m’a trotté un moment dans la tête : ''Bizarre quand même que ces gars ne montent pas ensemble. Ils n’ont pas 3 min d’écart.''
Un seul a encore la langue bien pendante : il habite Londres, il en a ras le bol des cailloux, (euh, t'as entendu parler du Moretan ? non) mais il a un avion dimanche à 13h donc faut finir samedi soir au plus tard (waouh c'est ambitieux). Il finira en moins de 36h : une perf de mutant.
Le suivant est sympa aussi. Le comble, c’est lui qui m'encourage : t'as fini la partie dure, après ça file bien...
Effectivement, je rejoins rapidement les chalets où brûle un beau feu. Des gamins m'encouragent, des bénévoles s'occupent d'un gars mal en point.
La traversée suivante se fait avec le soleil couchant : un régal.
Je mets en route la frontale vers le chalet du Léat 21h16 : c'est le début de ma 1ère nuit.

SMS de Philippe8474 et Namtar, merci les gars
La descente sur Gleyzin est facile. Juste avant le ravito, je croise Christophe 4e du relais.
On s'encourage, tape dans la main.
21h46 Amel, le pépé et Auré m'attendent. Je me fais bipper, vais prendre une soupe, passe devant deux solos assis sur un banc.
Je crois reconnaître ChristopheA (au vu des photos de son récit), pas dans son assiette.
Effectivement, c’était bien lui : désolé de ne pas avoir pris plus de nouvelles.
A côté de lui, le gars ne semble pas au mieux non plus.
Je fais vite les pleins, mets la montre en charge, prends l'alti au poignet : à moi, Christophe et le Moretan.

SMS du frangin : '' Christophe à 8 min. Le podium est une heure devant !! Ils se tiennent en 4 min.''
La montée de nuit avec les écouteurs en mode à bloc jusqu'au refuge de l'Oule. Les patous sont parqués, ce qui ne les empêchent pas d’aboyer autant qu’ils peuvent. J’ai peur des chiens, un labrador me tétanise, je ne suis pas à l’aise avec ses machins qui sont retenus par un filet que mon fils de 3 ans pourrait faire tomber…
Ensuite, plus compliqué, on rentre dans les cailloux, les vrais. C'est bien balisé mais parfois entre 2 balises, il manque juste le chemin. Au pied de la montée finale, je rattrape un solo, un jeune encore bien en forme. Puis un 2e, je reconnais les bâtons, les carbones made in DSA, ce n'est pas un solo mais Christophe. On discute un peu puis je poursuis jusqu'au col où 6-8 gars attendent en vraie veste et polaire dans le vent que l'on veuille bien pointer. 23H50
Ils m’annoncent 3e relais : ben non, les gars, il y a erreur. J’ai doublé le 4e, je suis 4e.
Christophe arrive mais la pointeuse bug. Il pointe enfin, 4e.
Je n’insiste pas. Un relais devant a abandonné mais je ne sais pas où.
Ils m'aident pour sortir ma veste et j'envoie un SMS à ma tribu : lieu + heure → le temps que ça envoie et qu'ils reçoivent, je serais peut-être au Pontet.... Christophe a déjà commencé la descente quand je prends encore conseil auprès de nos ange-gardiens.
C'est raide, casse-gueule mais avec une corde fixe et la lune cachée derrière le Grand Moretan, on voit juste assez loin pour avancer et ne pas se poser de questions sur ''et si je tombe''.
Je double rapidement un solo qui est moins à l’aise avec la fatigue.
Christophe est un skieur, sur le névé, tu le regardes, c'est facile.
Je dois être moins bon skieur...
Sur la fameuse moraine, Christophe ne prend pas tout de suite la corde.
Vu que je le rattrape rapidement, il prend aussi la main courante.
Après 2 cordes à lui coller au cul, je propose de passer devant.
Ce n’est pas l'idée du siècle : maintenant, il me colle au cul et j'ai la vue sur toute la moraine.
La lune nous éclaire dans ce vallon où doivent passer 516 bonhommes par an (500 coureurs + 8 bénévoles aller-retour)
En bas, on attaque la discus' avec Christophe qui a déjà fait le relais en 2014. Il me raconte la suite : du cailllou, du caillou et du rab de caillou (surtout après le ravito)
On s’arrête 15secs au bord du 1er lac pour voir la lune qui se reflète.
On avance quand même bien et quand on se pointe à Périoule, je suis encore en forme. 00H47.
On est 3e et 4e, c’est confirmé.
Je n'avais pas noté qu'El-Numax serait là, je l'ai raté, comme les guitaristes…
Une soupe de pâtes chinoises, un SMS aux suiveurs, les bénévoles font le plein de ma poche et Christophe qui m'attend car lui n'envoie pas de SMS.

On repart en trottant. A chaque lame de terre, à chaque replat, je crois que c'est la fin comme sur toute moraine qui se respecte. Non, ça continue. Christophe m'a prévenu : c'est Belledonne. Je commence à fatiguer : la cheville part 3 fois de suite =Pause. Christophe m’alerte à nouveau : c’est Belledonne
Il continue : je fais parler ma technique de la pause au clair de lune près du barrage.
La descente qui suit n'est pas à proprement parler difficile, c'est juste qu'elle suit le bordel précédent. Je grommelle tout ce que je peux. J'aperçois de temps à autre sa frontale bien plus bas : ça veut dire que ça descend encore et encore. Puis la route forestière, cool. Mais les fanions n'aiment pas les routes forestières et partent sur un chemin qui a une pente honorable. Il se transforme en sentier avec une pente vénérable. Je rattrape Christophe et rejoins rapidement le chemin qui part en traversée. Les jambes sont revenues. Je rattrape un solo : le premier depuis le Moretan juste avant un pointage manuel où je signale son état chancelant.
Il abandonnera à Super Collet
Je cours ensuite jusqu'à Super Collet rejoindre mon assistance.
Quand Christophe arrive, c'est l'ovation : les bénévoles ont été infiltrés par le DSA !!!
Steph est là pour lui : je ne l'avais même pas reconnu. 02h51
Je change de chaussettes, T-shirt, fais le plein de barres, de flotte, boisson repas, change la batterie de la frontale. Je repars avec Amel qui sera mon pacer d'ici à Val Pelouse.

Christophe est juste derrière nous mais je ne veux pas qu’il croche : je mets une mine dès le début de la montée. C’est le début du bordel dans ma tête : entre profiter de la course et finir devant Christophe. Qui trouvait bizarre 7h plus tôt que des gars ne montent pas ensemble ??
Le chemin n’est pas des plus jolis mais on voit tellement bien sous cette pleine lune que l’on a éteint les frontales. En haut, on découvre la vue sur toute la vallée de Grenoble à Chambéry.
SMS du frangin : '' bravo, 6 min d’avance sur Christophe à Super Collet et 50 de retard sur le 2e. ''
Merci pour les infos, pendant que tu pionces, je cours. Je sais où il est ton pote, t’inquiète.
On aperçoit en bas un feu : cool, ça semble si proche
On entame la descente : Amel trouve que c’est pépère avec tous ces cailloux bien secs.
Mais c’est qu’il me porte la poisse. 5 minutes plus tard, on entre dans la forêt et c’est humide de chez humide. Ça glisse dans tous les sens. C’est limite marécageux en pleine pente : ils font comment pour avoir de l’eau qui stagne en pente ici ?? C’est long en plus. Petite montée au milieu, le feu toujours aussi loin : impossible, ce n’est pas le même, on a du louper le 1er. Amel, tu vois des fanions, t’es sûr.
On dépasse un solo, prend des nouvelles, il est OK
C’est Nicola Bassi, on en reparle plus tard…
Je commence à me décomposer, Amel m’encourage à coup de ''plus que 10 min pour ci, plus que 10 min pour ça'' mais toujours pas ce put… de feu, il est où ???
Je sombre, j’essaye de trouver un sujet de conversation : le bignou ? bof pour lui, crotte, j’adore.
Le sport ? oui, volley. Bon va pour le volley. Et pourquoi les gars se félicitent quand les adversaires font une erreur ?? Amel tiendra 1h sur le sujet. J’ai retenu que c’était à cause de l’arbitre qui est au volley l’équivalent du commissaire de course à l’UTMB.
Le pont enfin, on remonte une bricole : 2 bénévoles devant un joli feu : Ah bon, il se voit de loin ??
Il ne se voit pas de loin ton feu, on le voit depuis trop loin.
Ils annoncent 2km et 600d+ pour les Férices : j’ai 900d+ su mon roadbook mais je n’arrive pas à lire le nom.
300 de moins, je n’irai pas les réclamer.
Amel entame la montée pleine balle : enfin je trouve. Il faut que je mange mais il faudrait un bout de replat. Amel guette puis m’annonce un bout de plat : il faudra qu’il fasse rectifier son niveau, la bulle doit être coincée au milieu…
Commence mon sketch : j’ai ressorti toutes les feintes de gosse pour s’arrêter. Pauses techniques, lacets, bouffe, boisson (même avec la pipette), chargement de la montre… tout y passe. Amel est patient et me remotive à coup de ''plus que 10 min''. J’ai une montre Amel : on monte depuis 20 min pour 600d+…
Bon an mal an, on sort de la forêt mais c’est un peu le souk. Il y a 2 frontales devant nous dans le vallon, 2-3 à gauche, bien haut sous un col. Je ne comprends pas bien par où ça passe, je suis perdu. Amel me motive toujours, je traîne ma carcasse. Derrière, une frontale se pointe. Ce doit être Christophe, il est increvable.
5H28 Aux Férices, 2 solos, 1 solo + 1 pacer sont en train de s’hydrater.
C’était Guitoune, je vous laisse deviner de quel groupe il fait partie.
On a dû doubler un autre solo en montant mais aucun souvenir…
Je pointe, demande pour la suite : 500 d+ d’ici Val Pelouse. Non seulement, ils ont retrouvés mes 300 mais en plus il y en a 200 d’offerts.
Je rattrape rapidement le solo dans la traversée merdique à souhaits qui suit.
Amel manque de se retrouver en bas. Il me dit que c’est bon.
Le jour se lève, la lune orangée se couche, c’est magnifique.
J’attaque la montée avec un rythme que je trouve correct : Amel est toujours derrière.
SMS du frangin : ''Toujours 2e au coude à coude avec Christophe qui s'accroche à 3 min. Quelle belle course !''

Il y a un pointage sur 2 qui transmet mais quand ça marche, les nouvelles ne sont pas des meilleures. Sauf que les jambes reviennent, les bras aussi. Je regarde la montre-alti toutes les 15 min pour vérifier la vitesse d+. C’est pas mal. Je jette aussi un œil derrière : le binôme est toujours devant Christophe.
Amel ne dit plus rien mais croche derrière.
J’arrive enfin au col quand je comprends que ce n’était pas le col. Il y a 3, peut-être 4 collus avant d’arriver à Arpingon où 2 bénévoles nous attendent avec le sourire.
Un 3e est 100m plus loin accoudé au rocher : ah non, c’est un fanion…
Ils m’expliquent la suite : la descente commence plus tard, pas après le machin là, encore après, puis descente difficile dans le pierrier. Juste une question : le chemin juste devant au milieu vos trucs que vous avez planté partout, oui les cailloux, vous le trouvez comment ?? C’est juste pour avoir un référentiel commun…
Entre Amel qui lutte maintenant pour me suivre, Christophe qui ne pointe pas le bout de son nez et mes jambes retrouvées, j’ai un moral au top. Comme par hasard, le soleil se lève. A croire que ce n’est pas une légende urbaine.
Amel se pose sur un collu plus loin pour regarder le lever de soleil et profiter du paysage.
La descente, je l’avale, j’ai des supers cannes et je prends mon pied jusqu’à Val Pelouse sauf les pieds qui commencent à vraiment chauffer.
7H23 Au ravito, le papounet + Auré mais pas de frangin avec Gas…Toujours aussi vide ces tentes de ravito.
Eh dugenou, t’es 5e à passer.
Le frangin arrive avec Gas. Je fais les niveaux, j’annonce que je veux juste profiter, rien à battre si Christophe me rattrape. Mais je ne reste pas et repars rapido car je ne veux pas que Christophe me voit. Je crois qu’à ce moment-là, je suis le dernier souci de Christophe…

Gas, 16 ans, repart avec moi. 7h31
Dans la 1ère montée, on croise 3 japonais avec un matos de photographe de dingue. What a F… mais ils sont partout. Les gars se posent au bord du chemin, nous encouragent et nous mitraillent.
Evidemment, ils n’étaient pas là juste pour la beauté des paysages mais bien pour Yamamoto 2e au final.
Gas est sympa, il m’encourage, m’assure que le rythme est bon, bien qu’il trépigne un peu.
La montée sur les crêtes est jolie. Longue et jolie. Surtout longue.
A l’amorce de la descente, on bifurque vers les sources du Gargotton. Le roadbook annonce une descente bucolique : en langage urbain, c’est du caillou végétalisé. Donc du caillou qui fait mal aux pieds. Gas, qui envoie les SMS, s’inquiète de savoir si son père a bien son portable (il connaît bien son père…) Mais le frangin finit par répondre avec des encouragements, donc SMS reçu.
On attaque la montée au col de la Perche, encore 400d+, 40 min.
Je fatigue à nouveau. A 100m du col, Gas propose d’aller prendre des photos au col.
Quand il y arrive, il m’en reste encore 50… J’entends la discussion avec les bénévoles sur le tonton qui arrive. L’accent n’est pas très local, il est belge.
Pointage manuel, je jette un coup d’œil à la feuille.
1202 9h05, c’est moi
Ligne au-dessus, 1205 8h50
15 minutes : je vais le croquer le 2e relais
La Lozière, le Mt Blanc, c’est joli mais je connais, pas de photo, pas le temps, j’ai un relais au déjeuner.
Mes ardeurs sont rapidement douchées par la crête qui suit. Je n’aime pas les crêtes : je ne sais jamais quand ça va finir. Je sors le GPS et décompte les kms ou plutôt les hectomètres.
Arrive enfin un kern avec une planche marqué Mt Lachat : je m'y croyais 1km plus tôt….
Descente bucolique, encore une, puis sentier forestier.
Les pieds chauffent trop.
On arrive sur un petit col, pointage manuel.
La dame me dit bonjour, grand sourire et me pose une question. (Honnêtement je ne sais plus laquelle)
Désolé madame, je ne vous remets pas.
Mais c’est ???? bien sûr du DSA !!!
Désolé, je suis le frangin : GTP, il a fait le parcours enfants (enfin, c’est son expression)
Elle nous annonce qu'on en est à 115 sur 145 et 7/8 km avant le Pontet.
C’est la panique : j’ai 13km sur le roadbook après le ravito donc 13+7= 20 pas 30…
Gas appelle la dream team pour vérifier le vrai roadbook : 20km confirmé, soulagement extrême.
Un peu trop, embranchement suivant, on reste sur la route.
500m plus loin, plus de fanion… mais c’est une route donc on ne peut pas se tromper.
Sauf qu’au croisement : rien.
Re-panique :
-Allo, chérie, on est perdu, tu peux regarder sur la carte IGN stp ou sur le roadbook
-Sur une carte ?? Moi ?? Je te passe ton frère
La route fait une épingle, le chemin a dû couper.
J’avance un peu sur la route : c’est bon, fanion à vue. Fin de l’alerte rouge.
On reprend la descente sur un bon rythme avec Gas. Les pieds chauffent beaucoup.
A 2.5km du Pontet, c’est Sussu et JC (une surprise) qui sont venus à notre rencontre.
Le 2e relais est juste devant. Il marche, il court ?? Comme moi, il court quand il peut…
Je le vois enfin. Il marche. On l’encourage, il croche.
On retrouve le frangin GTP, lui fait signe : on est 2e.
Le papounet est là aussi. On court tous ensemble
J’accélère. Mais non, je ne vais pas me griller : je ne veux pas qu’il croche.
10H50 Au ravito, JC me briefe sur la fin du parcours mais je veux m’assoir. J’ai trop mal aux pieds.
Moral au top. Je vais la garder la 2e place.
Pas de changement de chaussures ni de chaussettes, j’ai peur de démouler les pieds.
J’aperçois au bord de la route, un chasseur casquette orange qui fait la circulation.
Comme quoi, avec un fanion planté sur un poteau, tu fais un très bel épouvantail à traileur.

Ravito express : JC repart avec moi, il fait la discussion.
Sur la route, une voiture s’arrête pour nous laisser passer.
J’ai la tête dans les fanions : c’est con, c’était ma mère avec les gosses…
La montée est relativement douce mais 450d+ avec cette pente, ça ne va jamais finir.
Les pieds chauffent même en montée…
JC a un mariage au Cap d’Adge ou à côté, il doit faire demi-tour.
J’ai encore la forme, je termine la montée pour arriver sur le final qui n’en finit pas.
Elle commence où la descente ???
Je ne suis pas non plus hyper impatient, j’ai trop mal aux pieds.
Descente enfin. Non, ça remonte (ter)
Enfin la vraie. Je fais le décompte des 13kms depuis le Pontet.
Je suis explosé : plus rien dans les jambes, je suis sec.
Soudain déboule derrière un mec avec une vitesse de timbré.
C’est foutu pour la 2e. Je me retourne : sa tête doit être la même que la mienne, interrogative ?
Qu’est ce tu fous là, toi ? C’est un dossard rouge, un solo qui me fout une brasse dans le final.
Il voit aussi mon dossard : `` No problem, not the same race.``
C’est Nicola Bassi, 4e au scratch, 3e homme qui nous fait la remontée du jour

Juste derrière, m’attendent mon père, mon frangin et Susu.
Susu et le père m’accompagnent.
Le frangin descend en voiture et s’arrête à chaque croisement pour m’encourager.
Je n’arrive pas à profiter, je sens juste les pieds. A chaque fois que l’on repasse sur du goudron, c’est douloureux et il y en a…
En bas, Amel et Gas sont venus à ma rencontre. Ils m’encouragent, m’incitent à courir.
Je leur demande de cesser : je cours quand je peux.
Ils me font le décompte des hectomètres. On arrive enfin dans le parc.
Le frangin m’accompagne, les enfants et ma chérie sont là, on passe la ligne ensemble.




2e relais sur 7, 6e à l’arrivée 13h05

31h05 en tout, 17h47 pour moi, Garmin 85,62km/5776d+/6897d- vs 81,1km/5938d+/7061d- annoncés



Le speaker me demande ma 1ère impression : ''J’en ai chié'' (ter)
J’ai surtout oublié de prendre du plaisir sur la fin : j’aurais dû m’arrêter, souffler



Merci à ceux qui nous ont suivi, à l’orga et aux bénévoles

Un grand BRAVO admiratif aux forçats du Belledonne, les vrais, pas les Feignasses à 4 jambes comme nous !!!
On a vu arriver les premiers. Je n’ose imaginer l’état des suivants.


On retiendra un super moment familial, une course magique et une ambiance ressourçante selon les mots de GTP

Je crois que l’on en a profité car on a le pied montagnard. Je ne sais pas ce que ça signifie vraiment mais au vu des autres retours/récits, on ne voit pas la difficulté au même endroit. Merci les parents de nous avoir emmenés en Vanoise, Mercantour, Ecrins, Dolomites… et la Yaute évidemment.

Merci de nous avoir transmis cette passion de la montagne.

 

Merci Jean-Luc d'avoir eu cette idée un peu folle d'une Echappée Belle à 2.

Elle fut splendide.

 

31 ans plus tôt, les 2 mêmes :

Grande Tête de Pioche et La Feignasse à 4 Jambes à l'entraînement :-))



NB : Nadia, je reviendrai pour le potager

24 commentaires

Commentaire de Philippe8474 posté le 01-09-2015 à 22:33:45

Immense!
Bravo à vous deux!
Belle aventure entre frangin sur un sacré terrain de jeux!
Belle photo finale!

NB: Je relirais aussi ton intro si jamais un jour l'envi me venait de "mal-cliquer" sur le site de l'EB

Commentaire de JuCB posté le 02-09-2015 à 20:59:10

TOI, t'es en train de retomber dans le trail et pas qu'à moitié !!

Commentaire de Corne de chamois posté le 01-09-2015 à 22:47:27

Bien joué Ju
Bravo a toi et à ton frangin
Je crois qu on a trouvé notre vedette pour la ssxp2016

Commentaire de JuCB posté le 02-09-2015 à 21:00:36

Si vous pouviez faire revenir LE Julien, ce serait vraiment cool maintenant que je sais qui s'est... ;-)

Commentaire de cyss posté le 01-09-2015 à 22:59:44

vraiment beau CR!! Et superbe perf!! Bravo bravo

Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 01-09-2015 à 23:10:33

Pareil que Philippe, immense !!!
Bravo et bravo et merci pour le récit !!

(et quel beau prénom, vraiment)

Commentaire de JuCB posté le 02-09-2015 à 21:05:10

Merci, venant de LA référence des récits en Savoie, ça me touche.
Pour le prénom, il est magnifique, j'en conviens et si rare pour ma génération, au moins 75% des garçons en ont un différent...

Commentaire de Namtar posté le 02-09-2015 à 07:28:51

Superbe course, super compte rendu ! Félicitations !!

Commentaire de JuCB posté le 02-09-2015 à 21:08:36

Merci pour les SMS, ça booste bien.
Je te dis quand je retourne sur la colline !

Commentaire de Navier38 posté le 02-09-2015 à 08:05:29

"En bas, traversée de la route et déjà 4 solos à vue qui marchent tranquillou.
Je les rattrape en trottant. Les gars se retournent : ''Julien!! (facile, c'est sur le dossard), t'as les jambes mon cochon''. Au moins, ils ont le sourire. "

On était quand même à fond ...
On aura réussi à rester ensemble jusqu'au chalet Léat. Le meilleur s'est échappé avec son pacer pour finir 5ième.
Je suis resté avec le 3ième jusqu'a l'Oule ou il s'est arrêté pour dormir jusqu'a 6h du mat ! :-)
Je finis 11ième et le dernier du trio finit donc 25ième (juste 3h derrière moi alors qu'il a dormi 6h...).

Une belle course pour votre duo, Bravo !!!

Commentaire de JuCB posté le 02-09-2015 à 08:18:59

"..qui marchent tranquillou. "
"On était quand même à fond ... "
Oui, désolé, je devais être parti depuis 10 min et c'est la sensation que j'ai eu.
A relire, ce n'est pas très délicat de ma part.

Je t'ai vu arriver, le 1er des 3 aussi : juste hallucinant de finir le samedi aprem avec cette chaleur. BRAVO à vous 3

Commentaire de Arclusaz posté le 02-09-2015 à 08:49:31

Merci de nous faire partager cette superbe tranche de vie familiale : le sport mais pas que !

Commentaire de Spir posté le 02-09-2015 à 09:16:28

Bravo pour cette belle perf ! Il en aura fallu du mental pour relancer jusqu'à la fin. Bonne récup maintenant !

Commentaire de Navier38 posté le 02-09-2015 à 09:20:18

"A relire, ce n'est pas très délicat de ma part."
Non franchement c'est très drôle, la différence de point de vue est marrante ! Merci pour le récit !

Commentaire de cyss posté le 02-09-2015 à 14:00:18

Beau compte rendu!!! :-) Recupere bien!

Tu m'as oublié dans ton récit mais je suis sur la photo :-p Et je t'avoue que ca fait toujours du bien quand tu passes que t'entends ton nom! Donc merci à toi pour le petit mot quand je suis passé

Commentaire de cyss posté le 02-09-2015 à 19:21:01

rajout à mon commentaire... je t'ai fait un mp pour que tu m'envoies ma ptite photo :-D

Commentaire de JuCB posté le 02-09-2015 à 21:11:02

Récit corrigé et photos envoyées.
Avec celle de Matthieu Rieux, tu as de quoi remplir quelques cadres !!!!

Commentaire de StephMougin posté le 02-09-2015 à 16:36:51

Ah on il était secret l'objectif secret :-) ? ...

Belle course en tous cas ...

Voici la version son et lumière : https://www.youtube.com/watch?v=xHfe-QFZ2Cs

Steph

Commentaire de JuCB posté le 02-09-2015 à 21:11:44

ahhhhhhhhhhhhhh le DSA est en train d'infiltrer Kikourou !!!

Commentaire de StephMougin posté le 02-09-2015 à 16:40:43

Bon ben ça mérite une revanche à Ski cet hiver ça non ?

Commentaire de JuCB posté le 02-09-2015 à 21:14:54

Avec plaisir, je monte en télécabine !
Et si belle il y a, je propose badminton !!

Commentaire de Papounet-JuCB posté le 02-09-2015 à 17:05:44

il est bon notre Juju, il a une plume plaisante, très agréable à lire et en plus il court de rocher en rocher avec un naturel déconcertant . Mais comment tu fais pour te souvenir de tous ces détails avec une aussi grande précision?
Et puis, la photo finale : une vraie cerise sur le gâteau.
Ah, une précision : le Pied Alpin, c'est dans les gênes, t'as eu les bons ou alors.....
Une décision est prise,: je vais aller voir très prochainement à quoi il ressemble ce col du Grand Moretan. Je te ramènerai des photos diurnes!
Encore un grand bravo admiratif à tous les deux de la part des parents. Bonne récup.

Commentaire de JuCB posté le 02-09-2015 à 21:19:29

Papaaaaaaaa, arrête, il y a les kikous qui nous lisent
Les bisous, c'était à l'école primaire (quoique niveau trail, j'y suis encore...)

Commentaire de bubulle posté le 11-09-2015 à 23:33:41

On ne faisait vraiment pas la même course, là.....Non, mais 31h, quoi. Même en feignasses à 4 jambes, respect de chez respect, les gars.

Et puis encore trop merci pour la photo du Col de la Botte.

Et merci pour ce compte-rendu aux détails si précis. Tu te doutes que j'apprévie...;-)

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