L'auteur : MatthieuChanv
La course : Le Tour de la Grande Casse - 65 km
Date : 18/8/2013
Lieu : Pralognan La Vanoise (Savoie)
Affichage : 1451 vues
Distance : 65km
Objectif : Se défoncer
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Deux ans après une première expérience "alpine" sur le TGV, retour à Pralognan pour le TGC. J'y arrive dans le flou complet : après deux trails de 50km chez moi dans les Vosges, je me suis bêtement cassé le bras début juin. Résultat : pas de Grand Trail de la Vallée des Lacs, pas de CAP pendant tout le mois de juin, puis en juillet-août pas mal de sorties, mais quasi zéro D+, vacances et enfants obliges…
Trajet sympa sur lequel je covoiture un Mulhousien qui allait justement aussi sur ce TGC, et sur place rencontre avec un kikou, truklimb, avec qui je partage le repas du soir, et hop au lit.
Réveil 3h00, et merveilleuse surprise : il ne pleut pas ! En effet alors qu'il est tombé 5 gouttes sur toute la France depuis le 1er juin et que la semaine a été radieuse : il était sensé pleuvoir toute la journée + orages en fin d'après-midi. L'orga a d'ailleurs du inverser le parcours la veille pour ainsi rendre les derniers ravitos "accessibles" et pouvoir redescendre les coureurs si besoin…
5h : départ en petit comité : 219 inscrits, 174 partants, incroyable qu'une course aussi belle ne soit pas plus… courru. Tant mieux pour les présents, on ne se marchera pas dessus, mais étonnant quand même ! Départ calme pour moi, je commence à marcher dès la première pente, encore dans Pralo, alors que certains attaquent la première montée de la journée (environ 1100 D+ jusqu'au col de la Vanoise) en courant !
Montée tranquille et régulière à la lumière des frontales et sous les étoiles, et passage du lac des Vaches dans un début d'aurore. Une bonne dernière bosse pour arriver au refuge de la Vanoise, premier ravito et premier pointage : 1h42 pour cette ascension ou il n'était pas question de forcer, pour l'instant ça roule.
Ca déroule, ensuite dans le joli vallon qui suit, le jour se lève, les paysages se dévoilent et c'est déjà splendide. C'est sauvage, on est déjà au bout du monde : j'adore !
Suit une descente tranquille jusqu'au vallon de la Leisse qui se dévoile sur notre gauche : de plus en plus fort, de plus en plus beau. Pour atteindre le 2e ravit au refuge de la Leisse, il faut remonter ce vallon sur un sentier qui est comme un très long faux plat.
Je ressors les bâtons et alterne marche dans les côtes et course sur les portions plus plates, courtes mais nombreuses. Je ne me sens pas super sur cette portion pourtant facile : j'ai du mal à relancer et j'ai l'impression de manquer de jus. Ca a intérêt à revenir parce que sinon la journée va être bien longue… ou alors salement écourté…
La dernière bosse jusqu'au refuge passe mieux. Deuxième ravito et pointage en 3h20, soit 1h38 depuis Félix Faure. Les bénévoles sont au top, la soupe est bonne, la vue est splendide, je me sens déjà mieux, banzaï, on repart.
Je suis mieux dans la deuxième partie de la montée jusqu'au col de la Leisse, sommet de la course (2750m), qui nous fait basculer vers Tignes et le Val Claret. Descente roulante ou il faut souvent relancer. Comme souvent j'y reprend grosso-modo les places perdues en montée; Les jambes sont là, les sensations sont pas mal, et c'est toujours aussi beau, même si en descendant on lève un peu moins les yeux et que les premiers télésièges gâchent un peu l'ensemble.
Arrivée dans Tignes : 3e ravito, en 4h50, soir une heure et demi seulement après la pause précédente. A ce rythme là je me dis que les 12h sont jouables, et je m'accorde royalement 10mn de pause, d'autant que les bénévoles sont toujours aussi sympa et le beaufort au top !
Redémarrage sous la pluie, pas mécontent de quitter la station pour des panoramas plus sauvages. A nouveau je me surprend à bien monter : régulièrement en tous cas, ce qui pour moi et à mon rythme et déjà pas mal, je gratte même quelques places, que je reperd aussitôt à force de pauses photos dans la fin de la montée du col du Palet (2600m). La suite c'est 15km de descente jusqu'au pied de la dernière ascension. Je me fixe d'y arriver le plus frais possible pour pouvoir éventuellement me lâcher là-bas.
Il y a de tout dans cette descente : quelques portions de bonnes caillasses, du roulant sur piste large, du technique plus étroit. Les sensations sont toujours pas mal, je cours tout du long et gratte encore quelques places. Fondamentalement je m'en fiche un peu, mais ça fait toujours du bien au moral.
Arrivée au 4e et avant dernier ravito au Laisonnay.
Arrêt où j'essaie de na pas trop trainer : il reste 20 bons kilomètres : du roulant puis une première bosse, une petite descente et un dernier gros morceau : les 1000m de d+ du col de Leschaux et la descente du même tonneau jusqu'à Pralognan. Je repars tranquillou sur la seule portion de "liaison" de la journée : 4-5 km sur la route puis un chemin forestier large et très roulant. Evidemment là il "faut" courir, facile au début malgré un redémarrage difficile, mais ça coince rapidement. Je me rends compte d'un de mes défauts : je cours trop vite ! Enfin on se comprend, hein : mon rythme sur le plat est trop élevé, et avec la fatigue, je "craque" et du coup je marche, ce qui donne une curieuse alternance. Bref il faut que je me trouve à l'avenir un rythme de course plus lent ! Arrive la première montée, près de 500d+ tout de suite dans la forêt, ça monte régulièrement, pas encore de cailloux, pas trop raide. Je me cale sur un rythme et sur un petit groupe. On avance pas trop mal : rien de fou mais je suis content de cette montée qui me parait bien longue. Je réussi à ne pas craquer, mais je sens que je pioche salement dans mes réserves et que la fin va être chaude… Descente sèche et rapide jusqu'au dernier ravito de Plan Fournier.
J'y traine un peu, m'assoie, refait le plein de flotte, taille une bavette avec les top-bénévoles et repars. Ca commence doucement en remontant un chemin 4X4 qui me va bien, à chaque virage je m'attends à trouver le début du sentier… qui finit bien par arriver… Un gel et j'attaque, j'essaie d'y aller doucement, et… pas de doute je vais vraiment doucement ! Le soleil sort, il fait carrément bon, voir chaud et je cale une première fois après environ 300d+. On voit, enfin on croit voir le col, mais quedal, c'est bien plus haut ! On sort de la forêt et on voit les lacets avec quelques coureurs, ce qui entame un peu le moral, je refais une ou deux pauses, avant d'être rejoint par une fille. On fait un bout d'ascension ensemble, je passe devant une ou deux fois, mais rien à faire, elle est bien plus régulière et j'ai besoin d'un nouvel arrêt pour reprendre mon souffle et calmer le cardio. Je la laisse s'envoler et me retrouve seul : à regarder mes pieds pour ne pas regarder en haut ce qu'il reste à grimper. C'est le gros coup de mou : aux jambes, au moral, partout ! Le fameux moment où on se demande ce qu'on fout là, où on se dit qu'on a eu les yeux plus gros que le ventre, etc, mais où on ne peut plus s'arrêter… parce qu'il n'y a nul part où s'arrêter ! Donc eh ben on s'accroche, on remet un pied devant l'autre et on finit en haut, perché au sommet avec les deux bénévoles. Là tout s'arrête, je sais que c'est mort pour les 12 heures, mais je suis bien tout là-haut, le panorama est sauvage, splendide. Posé sur mes fesses avec ma barre de céréales, je suis le roi du monde !
Une fausse descente dans les pierriers où je m'amuse, et un dernier coup de cul pour le vrai passage du col. Une vraie bascule d'où l'on aperçoit Pralognan, 1200m plus bas ! Je regarde ma montre : 16h55, soit 1h05 pour être sous les 13h. Va pour ce challenge ! Je range les bâtons et me lance dans la descente. Je m'éclate : à ma grande surprise j'ai encore des jambes (pour descendre en tous cas ! ). C'est raide, mais pas spécialement technique, on peut envoyer. Je rattrape 3 coureurs, puis personne derrière et pas de point de mire devant une fois dans la forêt : je me retrouve à nouveau seul, avec comme seule carotte d'arriver avant 18h. On croit arriver dans Pralo, mais le chemin remonte un peu, argh, là j'aimerai vraiment bien que ça se termine !!! Ca ne dure pas et on se retrouve en ville, quelques rues où tous les gens que je croise m'encourage, et on débouche dans la rue principale où on aperçoit l'arche d'arrivée, enfin !
Mais non, il faut encore se fader un tour de pâté de maisons pour reprendre la rue et l'arche dans le "bon" sens (inversion du parcours oblige). Je me fais violence pour trottiner, à qq mn près ça devrait le faire… J'aperçois un gars qui marche et qui n'a pas l'air au top. Ca me donne mauvaise conscience : "je ne peux pas te doubler maintenant" lui dis-je. En fait c'est un gars du Jura qui était dans le Top3 mais qui s'est blessé à mi-course et qui finit en marchant. Du coup je marche aussi, on papote tous le deux, tant pis pour le chrono. On finit en courant quand même tous les deux, et comme on est toujours récompensé, on boucle ça en... 12h59'16.
Comme la pluie est revenue, je ne traine pas dans l'aire d'arrivée, d'autant que je rêve d'une douche et de la piscine du camping depuis environ 6 heures. Le temps de féliciter Philippe Delachenal pour ce parcours merveilleux et pour la dévotion des bénévoles qui ont réussi à rebaliser tout ça dans le bon sens en moins d'une journée, le toit sans fausse note ! Le balisage était parfait, les ravitos et les bénévoles parfaits, Bravo à eux, il n'y a rien à changer, ne manque que la bière à l'arrivée ! :-)
Au bilan je suis plutôt content : avec une préparation largement tronquée, peu de sorties longues et un D+ misérable dans le jambes je ne m'en sors pas trop mal. J'étais bien pendant l'essentiel de la course et je me suis fait plaisir. La dernière montée m'a fait mal, mais curieusement j'ai réussi à cavaler dans la dernière descente et à y prendre du plaisir.
Piscine, bière et tartelette pour m'auto-récompenser, et gros dodo avant un retour le lendemain vers l'Alsace. Mais la Vanoise, qu'est ce que c'est beau !
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1 commentaire
Commentaire de truklimb posté le 31-08-2015 à 10:22:37
Bravo et merci pour le CR illustré.
Et chapeau pour ton "challenge" de fin parcours, qui tu réussis à la minute près, quelle précision !
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