L'auteur : Titus73
La course : Trail du Lac d'Annecy - Technica Maxi Race
Date : 30/5/2015
Lieu : Annecy (Haute-Savoie)
Affichage : 3252 vues
Distance : 86km
Objectif : Se dépenser
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Je ne sais pas trop quoi ajouter apres les récits fabuleux et plein d'humour que j'ai lus.
Au départ je me suis inscrit par dépit sur cette maxi-race après un deuxième refus sur la CCC. J'aime beaucoup cette région et le lac y joue un role majeur alors mon choix s'est porté sur cette course qui me donnera un apercu de la difficulté pour la CCC (l'année prochaine peut-être).
Je suis un coureur de collines (au Luxembourg) et pas de plat ni de montagne: je me suis fixé un objectif de 15 heures au départ mais je veux surtout finir. Rien à voir avec les Cadors qui partent à la frontale et finissent dans la torpeur de la canicule: je pars tranquille dans le jour naissant pour finir avant la nuit.
Le petit hic s'est produit le 20 février: un accident con de ski dans lequel je perds un ligament croisé antérieur. Résultat, 6 semaines d'arrêt programmé, une opération que je ne pourrai et ne voudrai pas de suite et l'abandon de l'ecotrail de Paris.
Reste que je me raccroche à cette maxi-race pour garder la motivation car je me heurte à des moues dubitatives de la part du corps médical et quelques insultes (quoique gentiment enoncées) de la part de la famille et des amis.
Je m'(r)entraine à partir du 20 mars avec un premier 6km : ca va le faire...puis j'arrive a sortir 2 fois par semaine (j'étais à 4 avant l'accident) et finis par un 30 km l'avant-dernier WE avant la course.
Le kiné, le doc, l'autre kiné, l'autre doc sont toujours aussi peu rassurants mais qu'importe, je veux les décevoir :-)
La famille a pris une semaine de congés au bord du lac. Le lundi soir je tente une reconnaissance dans Cochette mais je dois faire demi-tour sous la pluie pas très loin du col et prends conscience que sans batons, c'est impossible, ca glisse et c'est boueux. Le genou ne souffre pas mais est trop instable et les batons seront la béquille.
Arrive le matin fatidique, j'arrive tôt, un peu trop sur le parking en face de la plage apres 2-3 heures d'une nuit agitée et j'attend comme un con et comme tout le monde je vais me soulager puisqu'il n'y a que ca a faire. L'orage ne m'a pas rassuré la veille alors que tout semblait avoir bien séché pendant la semaine. J'ai pris le départ en me disant que d'arriver a Doussard suffirait bien à mon bonheur dans les circonstances actuelles.
Dans le sas, j'ai l'impression d'être une sardine, impossible d'échauffer quoi que ce soit. Je suis un solitaire et j'ai du mal a me sentir bien au milieu de cette foule qui crie sur demande et se serre tant qu'elle peut mais le top est donné.
Je pars tranquillement pour le Semnoz que je rejoins apres 2h40. C'est beau mais dans la montée, il y a des batons qui giclent et des odeurs qui forcent à doubler (comme dans toutes les courses). J'accélère un peu mais rien à faire, on ne peut echapper a ses meurtriers.
Je ne sors mes batons qu'au sommet: c'est l'heure de vérité car seule la descente m'inquiète vraiment. Je suis à 2 à l'heure et j'ai un peu honte de faire obstacle...
Saint Eustache arrive, et je me sens bien, la chaleur semble déjà s'installer, il va falloir l'atteindre cette diablesse de Cochette cette fois. Je monte moins bien, c'est dur mais toujours pas pour le genou. Il est tellement préservé que c'est le reste en compensant qui déguste. J'arrive la-haut apres 5h05 de course, c'est a peu près conforme à ce que j'avais prévu.
On redescend, je me fais passer de bon coeur à droite, à gauche, enfin surtout à gauche parce qu'à droite si je tombe ca dévale...et j'aime autant eux que moi.
J'arrive à Doussard dans cette atmosphère plombée par la chaleur incapable de courir tout le long de cet interminable plat bitumé. Ma famille est la c'est super, ca me remotive a fond et comme le corps ne dit pas stop, je décide de continuer. Il est midi, je casse la croute tranquille et repars un peu lesté. Il faut dire que le ravito est bien complet avec du sucré et du salé a profusion. Ca va gazer dans la monter.
Col de la Forclaz, ma famille m'attend a nouveau. Petit arrêt perrier au restau du col, le pilier du bar m'offrirait bien une bière, mais je ne veux pas le ruiner, puis redemarrage vers la Montée. Ces arrêts répétitifs ne me font pas gagner du temps et il faut se relancer à chaque fois et redoubler ceux qui vont moins vite.
Je me sens bien, les chalets d'Aulps sont atteints en 9h40, puis petit arrêt paysage somptueux (je comprends les Savoyards blasés mais moi, c'est pas tous les jours un point de vue pareil) aux Dents de Lanfon après chrono et je vois passer des relais de partout mais pas trop de dossards oranges. Ils me passent bien suffisamment dans les descentes, ces petits c...
D'ailleurs cette descente-là est bien piégeuse avec les gros caillous. Je redouble de prudence, ca en devient pénible, les pieds crevassent. Menthon enfin, 12h30, je sais que j'en terminerai et ca suffit a mon bonheur surtout que la famille et les amis sont la. Photos, massages et ca repart apres une grosse demi-heure de pause.
La dernière montée vers le col des Contrebandiers est interminable, la bénévole en bas du sentier m'a parlé de 2.5 km et il en faut bien 6 pour l'atteindre. Le baron approche, re-arrêt pour discuter chiffons avec une Lorraine puis redépart pour la descente dont tout le monde me bassine la dureté depuis le départ. Eh bien non, c'est pas si méchant, juste un peu long, je n'en peux plus d'attendre cette arrivée, je traine des pieds. Encore des dossards qui me doublent, ca parle italien: mais vas-y gars, gagne les 30 secondes qui te manquent ca fait juste 16 heures que tu broutes sur les sentiers :-)
Et voila le plat final, j'accélère, je dois bien faire du 10km/h, je me fais meme flasher. Il doit pas être bien frais le poisson sur la photo, et sentir un peu la biquette à force mais il parvient heureux comme pas 2 à franchir la ligne en 16h17.
C'est pas rapide, mais c'est inéspéré, le genou n'a rien et tout le reste grince. je vais pouvoir regarder avec la banane ma kiné et le chirurgien qui m'opère le mois prochain. Et j'y crois, je suis presque sur que je peux la faire la CCC 2016.
J'aimerai revenir pour faire un temps (14h) mais à chaque jour suffit sa peine. C'est une bonne première avec autant de dénivelé.
J'ai trouvé l'organisation top, les bénévoles sympas, le parcours bien surtout quand il fait chaud car la forêt protège bien du soleil. J'aurais aimé un peu plus de points de vue mais je ne vais pas bouder mon plaisir. Doubler des elites donne un petit supplément de motivation qu'on ne refuse pas: sans rancune pour mes amis Turcs, Coréens et Ukrainiens mais ca a du leur sembler bien long.
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2 commentaires
Commentaire de Vik posté le 08-06-2015 à 07:52:07
Dis donc, pour un coureur de collines convalescent, ça fait quand même un super temps
bonne chance pour récuperer complètement ton genou !
Commentaire de Titus73 posté le 08-06-2015 à 23:07:24
Merci, Zecrazytux mais je suis plus impressionné encore par tes perfs...Je ne suis qu'un petit kikourou qui trottine a coté de toi :-)
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