L'auteur : NRT421
La course : Endurance Trail des Templiers
Date : 24/10/2014
Lieu : Millau (Aveyron)
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Distance : 100km
Matos : Saucony Xodus 4.0
Salomon SLab 12L (modèle 2012) avec toutes les couttures refaites !!!
Salomon Softflasks 0,5L
Objectif : Terminer
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Le poireau c'est moi. Et les "sans borne" ce sont celles qui m'attendent pour mon 3ème trail. Après la féérique SaintéLyon 2012 (les Monts du Lyonnais enneigés sous la Lune) et l'intimiste Intégrale des Causses en 2013, ce sera cette année l'Endurance Trail. C'est assez logique : 50 ans cette année, donc 50x2=100km et 50x100 = 5000m, le compte est bon ! Mais il va falloir se préparer sérieusement car c'est une très grosse marche pour moi tant en distance qu'en dénivelé.
En cet automne 2014 où bouillone un fil de discussion sur Kikourou qui tente d'établir si le récit de trail est plutôt con quoique substantiel ou lycée de Versailles et réciproquement, je m'adresse plus particulièrement à ceux qui pourraient être intéressés par cette superbe course en partageant d'abord mon approche de la préparation avant d'évoquer l'épreuve elle-même.
La préparation
Après avoir cliqué sur la case fatale en janvier, une analyse détaillée s'impose : comment c'est-y donc qu'on prépare cette sorte de sôôôterie ? Les grands gourous (Balducci, Lacroix, Millet et al.) sont unanimes : un cent bornes à dénivelé ça se prépare en douze semaines à raison de 4 séances MINI par semaine avec entraînement croisé càp, vélo, natation, PPG, pétanque et macramé. Ouais ... sauf que 4 séances par semaine ... ben ça rentre au chausse-pied dans mon agenda (va falloir descendre à environ 5 heures de sommeil en semaine, beurk). Et plus de 4 séances, ça marche juste pas. La consultation des textes sacrés suggère une alternative : tenter de bloquer des "week end chocs" (ou WEC pour la jouer initié). La course se déroulant fin octobre, la préparation démarre pendant les congés d'été ce qui permet d'en planifier une première séance en août. Et en pariant sur une reprise professionnelle pas trop intense, j'en positionne également une début septembre
Je vais également éviter cette année d'avoir une coupure franche pendant la croisière familiale annuelle. Les chaussures feront donc parti de l'équipage. A l'ancre près de la pointe de la Revelata, cela me donne l'opportunité d'improviser une montée au 703m du Capu di a Veta d'où s'offre un superbe panorama sur Calvi, la plaine environnante ainsi que la magnifique montagne corse qui enserre l'ensemble et où subsistent encore en ce mois d'août de larges paques de neige. Magiques moments d'apesanteur entre ciel et mer.
Début de la préparation formelle le 3 août. Je me cale sur le programme proposé dans le Hors Série Entraînement Trail 2014 de Trails Endurance Mag. Il est sans surprise établi sur une base de 4 séances par semaine avec 2 séances optionnelles supplémentaires. Je vais finalement parvenir à tenir ces 4 séances en respectant (presque) les volumes proposés. Seules les semaines 4, 5 et 6 se limiteront à 3 séances. C'est logique pour la semaine 6 qui constitue la récup de mon 2ème WEC en semaine 5. Pour la semaine 4, ben c'est pas rentré, alors tant pis. Pour les adeptes des statistiques j'ai cumulé sur 12 semaines 810 km et 19.200 m D+ en 82 heures avant la course.
Je tente d'insérer une fois par semaine une séance de PPG que j'axe particulièrement sur le travail de quadri qui est mon gros point faible et qui m'a handicapé l'année dernière sur l'Intégrale des Causses (crampes récurrentes dès la moitié du parcours) : à moi squat, chaise, HIIT.
Mes WEC sont positionnés en semaines 3 et 5. Le 1er sera effectué entre Vaucluse et Hautes-Alpes. Je cumule sur 3 jours 77km et 2.790m D+ en 9h32. J'ai la chance de pouvoir réaliser le 2nd à Chamonix le WE après celui de l'UTMB. 3 jours merveilleux avec une météo de rêve (à l'exception de la 1ère ap-midi qui que j'aurais pu finir en palme - masque - tuba). J'y accumule 87km et 6.530mD+ en 18h36.
Le 2nd jour je parcours sans le savoir une bonne partie du tracé du Trail des Aiguilles Rouges (le TAR kwâââhhh : Cham, Flégère, Lac Blanc, vallée et refuge de la Bérard, col de Salenton). Moments d'exception seuls avec les chamois et les bouquetins. J'improvise ma halte au refuge de Moëde Anterne, plus attiré par la perspective d'une pasta avec une option dodo pas trop tard que par un mix barres aux graines et coucher très tardif dans la vallée. Quoique rempli de groupes de randonneurs, le responsable du refuge me trouve un lit. Comme il me demande si je suis en train de préparer le TAR (dont j'ignore l'existence même à cet instant), je m'interesserai plus tard aux CR de l'épreuve et découvrirai ainsi que c'est un personnage connu et respecté ; je confirme : je ne peux que louer sa gentillesse et celle de son équipe. Ce WEC aura semé la graine du TAR dans mon ciboulot et il se pourrait bien qu'en 2015 ... on verra.
Arrive enfin la dernière semaine et ses trois jours de gavage glucidique avant de rejoindre le lieu des réjouissances. Même en m'y prenant dès janvier c'est in extremis que je suis parvenu à trouver une chambre à l'Ibis rue du Sacré Coeur. Moins idéalement situé que le Domaine St Estève ou les campings de la Route des Plages, l'accueil y est bon et il n'est pas si mal placé : à quelques minutes à pied de la gare, à proximité du pont sur le Tarn et à une vingtaine de minutes de marche tranquille du village des Templiers. Bref, avis aux nouveaux venus sur les Templiers, même pour les courses du vendredi, le logement peut s'avérer galère.
Pour préparer mon plan de marche j'ai utilisé le Road Book élaboré par Parrice Sondag et mis à disposition sur trailbook.fr : merci à eux d'avoir partagé ce document. J'ai estimé des temps de passage à partir des informations fournis par des Kikous sur le fil de discussion Endurance Trail 2014 (notamment Rem et Tercan).
La course
Vendredi matin. J'arrive assez tôt et me retrouve dans le 1er quart du sas de départ. Frileux je suis en 3 couches et bonnet "spermato" de la STL 2012. Speech, musique, fumigènes ... c'est parti. Ca démarre assez fort et je suis doublé régulièrement. Sur ce début mon objectif est clair, hors de question de répéter l'erreur de l'année dernière : pendant au moins la 1ère heure pas un instant au-delà de 80% de ma fréquence cardiaque de réserve (FCr). Je laisse donc filer. L'aurait dû se mettre plus loin dans le sas le poireau me direz-vous. Mais à partir de Carbassas, la pente s'inclinant, le rythme se tasse déjà un poil avant même que ça devienne franchement étroit. Le poireau est rassuré : il n'aura finalement gêné personne. Je suis dans le rythme sur le plat et je double aisément dès que ça descend.
A propos de gêner, malheureusement sans surprise, quelques ahuris (j'ai écrit "abrutis" ... ça a dû m'échapper) dégainent largement avant le 6ème kilomètres leurs bâtons en dépit du règlement pourtant clair sur ce point. Toujours des crétinus minabilus pour penser qu'ils sont tellement malins qu'ils peuvent interpréter les règles comme ça leur chante et que les autres sont bien stupides de les respecter. Pôv' mecs !
D'ailleurs au sujet des bâtons, quitte à perdre dès maintenant la moitié de mes lecteurs pendant que l'autre moitié me balance des tomates je suis perso pour l'interdiction pure et simple des bâtons. Et hop, ça c'est dit. C'est de la course à pied, pas de la marche nordique, du ski de fond ou un entraînement de majorettes. Pas de bâtons, pas de débats sur le fait qu'on puisse les utiliser ou pas à tel ou tel moment, sur le fait qu'on puisse se les faire remettre par une assistance avant, pendant ou après la zone de ravito. Et pour finir de me faire détester je suis aussi pour l'interdiction des assistances et autres pacers. Faisons simple tudious !
Fin du hors sujet de vieillard ronchon et retour sur la piste. Arrivés en haut de la côte Carbassas ça serpente agréablement dans les pins et voilà qu'arrivent les premières sections de vraies descentes. Misère, je succombe immédiatement à mon pêché mignon : m'amuser en descente. Je me donne bonne conscience en me disant qu'ainsi je ne bloque pas sur mes quadri et les préserve. Pas certain que l'argument soit valable, mais j'y reviendrai plus tard.
Le peloton s'étire même si c'est par moment encore un peu dense. D'Aguessac à Boyne, la nuit nous enveloppe. Il fait bon et le relief légèrement valonné désormais permet de dérouler agréablement. Les récits de certains Kikous annonçaient une partie ennuyeuse. Les goûts et les couleurs ne se discutent pas et je respecte leurs ressentis mais perso j'ai bien apprécié cette partie.
Au 1er ravitaillement de Rivière-sur-Tarn, je frétille: avec 2h09 au chrono je suis largement en avance sur mon tableau de marche. Mais je pète aussi un boulon : dans mon sac c'est la zoubia : un stick d'Effinov et un de Nutratlétic se sont percés. Poudre partout façon junkie sniffeur. Pour faire bonne mesure, trois de mes six sticks de gel PowerGel "Hydro C2Max" sont également percés, et malgré le sac plastique dans lequel ils étaient emballés, c'est coulis ultra poisseux dans ma poche latérale droite et sur mon short. Je récupère une bouteille d'eau pour m'arroser dans la fraîcheur de fin de nuit : trop bon, j'en rêvais justement !!!
Effinov, Nutratlétic et PowerGel, je vous maudis à cet instant. Vous ne pourriez pas regarder trente secondes de quoi sont constitués les emballages de Pompotes et autres compotes Aptonia ? Ceux-là sont increvables. Réfléchissez un moment à l'usage qui est fait de vos produits flûte de zut. Oui, il y a quelques chances qu'ils se retrouvent un poil agités dans un sac de trailer : dingue non ? Alors ce serait bien que vos £$%µ d'emballages tiennent le coup ! Merci d'avance !
La montée au-dessus de Boyne donne le ton de la journée : dans les Causses ça monte moins longtemps que dans les Alpes mais si les organisateurs le veulent ça peut monter sacrément pentu. C'est dans la grande boucle qui conduit à Mostuéjouls que je verrai le jour se lever. Splendide !
De Mostuéjouls au Rozier, la montée commence en pente douce puis s'incline très nettement. La pente et le décor me font penser au dernier tiers de la montée au Col du Brévent depuis le pont d'Arlevé. Parvenus au sommet on bascule en descente vers le Rozier avec un début un peu en plateau, une section zigzagante à la pente plus marquée puis une longue traversée très roulante. Je parviens au Rozier en 8h21, toujours bien en avance sur mon plan de marche. Youpi.
On peut alors attaquer la petite douceur du jour : une double bosse passant par le Truel avant d'aborder le plateau qui mène à St André de Vézines. C'est une séquence à double visage, et pour moi il y aura un avant et un après. La face angélique, ce sont ces superbes balcons avec une vue splendide sur la vallée de la Jonte sur lesquels on croise des patrouilles de vautours qui tournent à quelques mètres au-dessus de nos têtes. La face diabolique (mais néanmoins adorée par votre serviteur) c'est cette succession de montées et descentes très marquées qui font piocher dans le potentiel des quadri. La 1ère montée depuis le Rozier est velue. Les intermèdes montées et descentes de blocs sont bien sournois. La descente vers le Truel rajoute la couche qui va bien et on peut alors embrayer sur une nouvelle ascencion longue et pentue à souhait.
Jusqu'au point culminant avant la descente vers le Truel, je déroulais comme si ça pouvait durer des jours. Parvenu au point culminant après la montée suivant Le Truel il m'a fallu passer en mode zombie robotisé. Le temps du V du Truel j'étais passé de "Kilian c'est bibi" à "hello je suis Nono le robot et il va vite falloir remettre de l'huile cause que là ça grince". La foulée était devenue raide, le posé de pied plus incertain (donc shoote les rochers et cracs les ongles). Le rythme reste correct mais clairement j'ai dépassé mon potentiel physique normalement accessible et désormais c'est avec les dents qu'il va falloir racler les fonds de tiroir.
Jamais de ma courte carrière de trailer je n'étais passé aussi vite d'un état à l'autre, ce qui pose inévitablement la question de ma gestion de course.
Ravito à St André où je m'agace à nouveau à trifouiller dans mon sac englué dans le mélange gel et poudre. Grrrrr ! Ca déroule ensuite gentimment jusqu'à un "chti coup d'Q" pour remonter vers Roquesaltes. La descente vers La Roque sera la première où mes quadri grinceront vraiment fortement. Je me mets à la remorque d'un coureurs en mettant la musique à donf : à moi Nickelback, Imagine Dragons, Offspring, Nightwish et consorts. Arrivée au superbe village de La Roque. C'est à partir de là que ma moyenne s'effondre clairement même si je suis toujours aussi heureux d'être dans ces superbes paysages et goûte ma chance de cette parenthèse privilégiée.
La nuit tombe alors que j'approche le pont sur la Dourbie à Massebiau. J'avais goûté aux délices de la montée vers le Cade l'année dernière pour l'Intégrale des Causses. Pas de surprise donc et j'ai pris mes précautions au ravito de La Roque pour la réserve de liquide. Du coup même pas besoin de faire halte au point d'eau. La montée est néanmoins laborieuse et j'y expérimente une sensation amusante pour passer les quelques blocs de pierre qu'on trouve dans la partie supérieure. Ceux-ci imposent de lever la jambe à plus de 45° et de pousser sur le quadri. Mon cervelet envoie bien l'ordre ... mais il ne se passe rien. Ce n'est même pas un problème de douleur, juste il ne se passe rien. Je monterai donc ces blocs à genoux. C'est pas élégant, mais ça fait le boulot.
L'accueil à la ferme du Cade est toujour aussi émouvant de chaleur humaine : sacrée équipe de bénévoles ! Un grand bonheur avant de se relancer pour la partie finale dans la nuit aveyronaise qui commence à sérieusement se rafraîchir. Je peine à passer en mode course et alterne avec une espèce de démarche claudiquante. Heureusement la nuit est bien noire et les caméras du JT de TF1 absentes. De toute façon je sais maintenant que sauf énorme aléa je vais être finisher de mon premier 100 bornes alors fi de l'élégance, il est content Gaétan. Je dois tout de même avouer guetter les dossards des concurrents qui me dépassent en me promettant de mettre le turbo si un V2H apparaissait. Compét' quand tu nous tiens !!!
Dans la descente vers Millau je peste à la remontée vers la grotte du Hibou, mais en même temps que serait cette descente sans cet épisode. C'est enfin l'arrivée ... ou déjà l'arrivée. Mélange d'intense satisfaction d'avoir plié ce joli morceau et de regret d'en avoir fini avec cette journée d'exception.
Le retour d'expérience
1 - Clairement un 100km/4900m ne se gère pas comme une Saintélyon ou une Intégrale. Il me faut résoudre la question de l'équilibre entre le début et la fin de course. Même si je n'ai pas fait un volume énorme de préparation, il ne me paraît pas normal d'être si rapidement passé de "ça le fait" à "ouyouyouy". Et dans cet équilibre il y a possiblement la question de la gestion des descentes. Il y a peut-être un intermédiaire à trouver entre je descends au ralenti en ayant l'impression de bloquer sur les quadri et j'y vais en déroulant tel le cabri des Abruzzes. Bref de beaux sujets de réflexions pour cet hiver.
2 - En outre, par rapport au volume d'entrainement que je peux assurer, cette distance / dénivelé est probablement la limite de ce que je dois viser pour pouvoir me faire plaisir, faire un temps correct et ne pas risquer de m'esquinter.
3 - En terme de ravitaillement, je m'étais une fois de plus chargé pour la jouer en autonomie sur le solide. En fait très rapidement pour éviter la monotonie j'ai tapé dans les buffets de ravito que j'ai trouvé tous bien avitaillés et variés. J'ai donc jonglé entre bananes, abricots secs, tucs et tartines de roquefort, ne puisant que très peu dans mes stocks à qui j'ai donc offert une ballade de 100 bornes. Débile non ?
Les bons points
1 - Bien sûr en priorité aux bénévoles qui nous chouchoutent tout le long. Un grand merci à vous avec une pensée particulière pour l'équipe du Cade.
2 - Bon point à l'organisation. Franchement parcours, balisage, cadeaux finishers, repas d'arrivée, ... perso je ne trouve rien à redire et me contenterai de remercier. Avec les cadeaux offerts à la remise des dossards (livre, chaussettes, buff, calendrier) je trouve qu'on est très bien traités.
3 - Bon point également au site trailbook.fr et à Patrice Sondag qui y a déposé un roadbook que j'ai trouvé super pratique pour y annoter mon plan de marche.
4 - Bon point enfin aux Kikous pour le partage d'info.
Les cartons jaunes
Je ne sais pas à qui le donner mais il y a un problème structurel sur le logement autour du Festival. J'ignore comment cela peut se résoudre. Faut-il limiter les participants (au passage je suis personnellement pour le fait de s'en tenir au nombre de participant initialement annoncé : le passage de 800 à 1050 sur l'Endurance Trail était sympa pour permettre au maximum de coureurs de participer mais de fait perso le nombre de participants sur une épreuve fait parti de mes critères de choix, donc un changement en cours de route n'est pas ma préférence) et du coup arriver progressivement à des systèmes frustrants de quotas, tirage au sort, points ou autres ? Ou bien voir comment renforcer l'offre en logements (pas facile pour sûr au-delà de s'assurer de l'ouverture des campings) ? Pas simple.
Les cartons rouges
A ceux qui considèrent qu'ils sont trop "intelligents" pour respecter les règlements.
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