Récit de la course : Les Templiers 2014, par Zerasoem

L'auteur : Zerasoem

La course : Les Templiers

Date : 26/10/2014

Lieu : Millau (Aveyron)

Affichage : 4427 vues

Distance : 73km

Matos : Mizuno Ascend
Frontale Petzl XP2
Sac Oxsitis

Objectif : Terminer

6 commentaires

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Le Grand Trail des Templiers

En début d'année Fred me propose de faire le Grand Trail des Templiers : 73 km et 3400 m de deniv+.


C'est le saut dans l'inconnu. Lui comme moi n'avons jamais fait plus de 42 km/2400 m+.
A l’issue de ma préparation spécifique qui a commencé la dernière semaine d’août je comptabilise  440 km avec 11600 m de dénivelé + couru (et aussi marché !).

Un seul objectif : passer sous l'arche !


Nous arriv
ons à Millau le vendredi soir et prenons possession de l’appart que nous avons loué pour le WE, sur les hauteurs de la ville avec vue sur le Pouncho d’Agast, dernière difficulté de la course.

Le samedi matin nous retirons les dossards. L'après midi, après une balade dans le centre, nous retrouvons en fin de journée Fabien, un pote niçois, pour boire un verre. C'est la dernière fois qu'on le verra (départ dans le sas élite, donc à l'opposé de nous, et course en 10h08).


Le soir nous préparons les sacs et dodo tôt ; le stress commence à monter.
On réfléchit à comment faire pour se réveiller à l'heure (2h45) en tenant compte du changement d'horaire. Ca ne rate pas, je m'embrouille dans les réglages et me réveille donc à 2h45...de l'ancienne heure, sans réussir à me rendormir.
Après un bon petit déj nous décidons de partir assez tôt en en se doutant que trouver une place pour garer la voiture ne sera pas évident.

Et c’est confirmé ; nous nous garons à 1,5 km de la zone de départ.

Après un bon quart d'heure de marche qui nous réchauffe (température d’environ 5 degrés), nous arrivons un peu avant 5 h sur la ligne de départ...en fond de grille.

Fumigène rouge et Ameno en fond musical (enfin on imagine car nous entendons très peu la musique d’où nous partons), le départ est donné.
Nous avons décidé de partir ensemble, sur une allure tranquille à tel point qu'après une première pause pipi au bout de 15' (et il y en  aura beaucoup d’autres) on se retrouve quasi derniers (sur les 2950 coureurs annoncés par le speaker).
Nous avons en tête les barrières horaires à ne pas dépasser à chaque ravitaillement sous peine d'élimination.

Pendant toute la course nous savons qu'il faudra bien s’hydrater et bien manger (boire toutes les 15 ', manger environ une barre/pâte de fruit toutes les 45' et un cachet de sportenine en prévention des crampes toutes les 75' en moyenne).

Je pense que j'ai du boire au total environ 5 litres!

Après 2.5 km on attaque la première côte (montée  de 450 m de deniv) mais aussi les bouchons que nous retrouverons à plusieurs reprises tout au long de la course.
Ensuite nous cheminons entre sous bois et plaine pendant une dizaine de kilomètres.
Il fait toujours frais. Depuis le réveil j'ai un peu mal au ventre. J'espère que cette gêne passera.
Une descente un peu technique sur 6 km, à la queue leu leu, nous amène au premier ravito à  Peyrelau (21e km) avec 30' d'avance sur la limite horaire.
Après avoir mangé et bu du thé, nous retirons les coupe vents. Il fait encore frais, mais avec la montée qui nous attend à la reprise (450 m+ sur 3.5 km) on se dit qu'on va vite avoir chaud....sauf que c'est le contraire, il y tellement de monde qu'on attend presque 10' avant de se retrouver sur le single encore les uns derrière les autres. Le rythme est donc très saccadé.
Nous retrouvons un chemin vallonné qui nous amène au 2e ravito à Saint André de Vézines (31e km). J'ai pris un peu de distance sur Fred, je suis bien, le mal au ventre a disparu mais maintenant je retrouve une douleur au dos, coté gauche, que j'ai eu pendant les 10 derniers jours de la préparation. Je me dis que je retrouverai Fred au ravito. C'est le cas. On mange des tucs pour casser la monotonie du sucré qui constitue quasiment toutes les barres que l'on a avec nous. On refait le plein des Camel bag. Un petit coup de fil à Emma et on repart avec encore 30' d'avance sur l'horaire limite.


Sur cette portion nous longeons les falaises du Rajol.


Je suis toujours bien, les jambes sont là. La douleur au dos a disparu.
Je reste toujours avec Fred et me dit que peut être je partirai seul après le ravito du 47e km.
Nous somme nombreux en file indienne.
On a passé la mi-course et certains coureurs commencent à dire qu'il faut accélérer le rythme car nous ne passerons pas la barrière du 
63e km.


Après cette partie en plateau nous redescendons de 400 m vers  le village de la Roque Sainte Marguerite où un ravitaillement en eau nous attend.Nous empruntons les ruelles du village où de nombreux spectateurs sont présents. A ce moment il est 12h20.
Pensant mon Camel bien rempli,  je dis à Fred ne de pas s'arrêter pour ne pas perdre de temps...erreur.
A la sortie du village on attaque direct avec une côte qui nous monte à +350 m (sur 2.3 km).
Autour de moi je vois que pour certains ça commence à coincer mais de mon côté les jambes sont bien là.
Au 2/3 de la côte, je commence à avoir faim, la tête tourne un peu, je me dis que je dois commencer une hypoglycémie. J'enfile 2 barres ; ça m'a sauvé. Je bois et m'aperçois que mon Camel est vide!
Heureusement le ravito de Pierrefiche  au 47e n'est pas loin. C’est original, il faut monter des escaliers pour arriver dans une salle où nourriture et boissons nous attendent.
J'ai pris un peu d'avance sur Fred mais je me dis que je vais l'attendre pour voir dans quel état il est. J'ai 20' d'avance sur la barrière horaire. Fred arrive 10' après moi.
On se restaure (tucs, 2 gobelets de soupe et du sucré), et on refait le plein d'eau.
On repart à  13h30, en apprenant que  la barrière horaire à cet endroit a été rallongée de 15'.


Fred me dit qu'il commence à avoir les jambes dures. Je décide donc de l'abandonner et pars devant.
Fabien, qui avait reconnu ce tronçon (du 47 au 63 km) nous avait dit qu'il était assez roulant sur la première partie, en forêt mais vallonné avec des parties en dévers.
Je me sens bien donc je fais quasiment toute cette  première portion en courant (sauf les parties en montée). Je me dis que 3h pour fait 16 km ça devrait être bon.
Au 55e km le chemin commence à monter sur environ 5 km
Je me retrouve encore derrière une file de coureurs.
Arrivés au sommet un membre de l'organisation nous dit qu'il faut se bouger car nous n’arriverons pas dans les temps. Ni une ni deux j'emboite le pas d'un coureur qui s’échappe à bonne allure. 1 km plus tard je lui propose de passer devant pour qu'on s'entraide, chose faite...mais je le laisse sur place. On enchaine avec une descente technique qui nous amène à Massebiau, je double encore plusieurs coureurs et me retrouve derrière un autre groupe qui va plus lentement. J'ai toujours les jambes mais difficile de dépasser. Un bénévole nous dit qu' il reste 1500m. Il est 16h20. Reste 10'. Aucune info sur un possible rallongement du délai. Je fais donc le sauvage et double une dizaine de trailers. On ressort de la forêt sur une route et je finis les derniers 300 m à fond comme au stade, encouragé par les spectateurs. Je me suis dis que beaucoup viennent exprès à ce moment pour voir les coureurs arriver avant la dead line.
Bref il est donc 16h30'15" quand on scanne mon dossard. C'est bon y a plus de raison que je ne sois pas finisher dans la mesure où il n'y a pas de temps limite pour franchir la ligne d'arrivée.

Je prends une pause et me retrouve au milieu de plusieurs coureurs dans le même état que moi. On a forcé pour ne pas être éliminé. Y en a même un qui pleure de soulagement.
En revanche je me dis que pour Fred c'est mort, vu l'allure soutenu que j'ai mené c'est 3 dernières heures.
En fait ce que je ne saurai qu’après l'arrivée c'est que la barrière a été rallongée de 30'. Fred s'est défoncé. Il est arrivé à 16h58 ; 2 minutes plus tard le chemin menant à la Ferme du Cade était fermé.

Après avoir repris mon souffle et soulagé, j'appelle Emma pour lui donner la bonne nouvelle.
Je refais le plein du Camel et repars.
J'en suis à 11h15 de course!
Il ne me reste plus que 10  km de course : 2 montées et 2 descentes.

J'attaque la montée vers Le Cad ; on se prend 20 % de côte sur les 1800m premiers mètres.
C'est dur. C'est même Hamburger Hill. Plusieurs coureurs sont arrêtés de part et d'autre du single.
Encore une fois en file indienne je monte sur un rythme pas trop élevé mais régulier.
Je commence à ressentir des douleurs à l'ischio gauche (gêne que je traine depuis le début de l'année).
Une fois au sommet nous empruntons un chemin en sous bois durant 10/15' (à ce moment de la course j'ai un peu perdu la notion du temps) qui nous amène au dernier ravitaillement.


On entre à l'intérieur d'une ferme et encore une fois le ravito est bien fourni.
Comme d'hab pour moi c'est tucs, 2 gobelets de soupe et un peu de sucré.

Plusieurs coureurs font une pause à l'intérieur.
Il faut dire qu'il commence à faire de plus en plus sombre et humide.
Je m'équipe en vue de la dernière portion qui se fera de nuit (coupe vent et frontale).
Je repars doucement mais commence à avoir à nouveau mal au ventre. La fin de course s'annonce difficile. En plus ma montre Garmin 305 vient de s’éteindre, plus de batterie.
Après 1500 m de chemin je me retrouve dans une descente technique encore une fois à la queue  leu leu derrière beaucoup de coureurs.
Nous voilà arrivés au pied de la dernière montée. Je lève la tête et aperçoit tout en haut, au loin une file de loupiottes.
Et c'est parti toujours les uns après les autres. Ca monte dur. Sur la fin il faut même mettre les mains pour passer des rochers.
Enfin en haut. La pente s'adoucit et le chemin s'élargit. Je repars en trottinant. Au sommet en retrouve un single que descend sous bois. C'est très humide et glissant.
Et me revoilà bloqué derrière des coureurs.
Cette dernière descente encore technique est pénible. Il faut s'arrêter souvent, devant ça bouchonne.
C'est long. Le chemin remonte un peu. Nous passons dans une grotte sur une trentaine de mètres.
Enfin on entend le speaker au loin, la ligne d'arrivée approche.
Les 2 derniers km se font sur un chemin de prairie descendant que je fais en courant.
Ca y est l'arrivée est là.
Il y a un
 peu de monde pour nous encourager.

Il faut monter une dernière volée de marches et enfin je passe sous l'arche.


Je suis FINISHER en 
14h50.

Après avoir récupéré ma médaille et ma veste Adidas marquée du logo FINSHER, je me pose. Une bonne bière  en main je regarde mon téléphone et vois que Fred m'a envoyé un sms vers 17h.
Il me dit avoir passé la barrière 2 minutes avant la fermeture.
Je suis vraiment content pour lui.
Au bout de 30' le voila lui aussi FINISHER.


Après avoir mangé un peu au repas de fin de course nous retournons à la voiture (20 ' de marche dans le froid, c'est long et les jambes sont raides).
Nous ne ferons pas long feu le soir.
Retour à la maison le lundi am. Personnellement j'ai assez bien récupéré.

Pour conclure c'est une très belle course avec une très bonne organisation.
J'ai trouvé qu'il y a avait un peu trop de monde, et encore trop de déchets sur les chemins.

Mais j'ai quand même pris énormément de plaisir !!!

6 commentaires

Commentaire de Jeff Moontain posté le 04-11-2014 à 11:09:05

Merci pour ce CR qui m'aura fait vivre les templiers version Millau (j'ai fait les versions Nant).

J'attendais de voir combien de temps tu allais attendre pour depasser, bas oui, on fait du trail, donc si ça passe sur les bas cotés faut pas hesiter :)) Enfin c'est mon avis, et tant que tu ne gênes personnes ou met quelqu'un en difficulté.

Bravo pour ton pote Fred aussi, pas simple de savoir que son pote est devant..ça a du cogité dans sa tête.

Bonne récup.

Commentaire de Mokiloque posté le 04-11-2014 à 16:33:33

Bravo à toi, joli récit !
J'ai fini en 16h30 et j'ai fait les 40 derniers km avec une tendinite...
Rien à redire, j'ai vécu à peu près la même course :)

Commentaire de Zerasoem posté le 04-11-2014 à 20:30:48

oups je viens de voir qu'on peut répondre directement.
Je disais donc : les 10 derniers kilo n'ont pas du être faciles ; bonne récup

Commentaire de Mokiloque posté le 05-11-2014 à 14:32:30

non :-/ monter pas de problème mais descendre... un supplice ! en tout cas quelle course !! quelle organisation ! :D

Commentaire de Zerasoem posté le 04-11-2014 à 20:29:36

Merci à vous 2
@Mokiloque : les 10 derniers kilo on pas du être facile ; bonne récup

Commentaire de ANTHONY 49 posté le 06-11-2014 à 18:20:20

on a du se suivre...comme toi j'ai sprinté sur 500 m, et suis arrivé à 16h30 pile poile à la dernière barrière horaire, c'est le moment fort qu'il me restera de la course, quel soulagement !
Je l'ai bien payé ensuite, la fin a été dur !
bonne récup

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