Récit de la course : Trail des Allobroges 2014, par ejouvin

L'auteur : ejouvin

La course : Trail des Allobroges

Date : 8/6/2014

Lieu : Bellevaux (Haute-Savoie)

Affichage : 2420 vues

Distance : 64km

Objectif : Pas d'objectif

16 commentaires

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Comment une course de préparation devient juge de paix

INTRODUCTION

Trail des Allobroges, course parfaite pour la fin de préparation à la Montagn'Hard concernant la distance, le D+ et le timing. Après discussion avec le coach, nous nous inscrivons ensemble. Sa compagne va également nous rejoindre sur le plus petit des formats, mais tout aussi exigeant. Mais qui dit course de préparation, dit pas de grosse coupure. La semaine précédente sera chargée niveau entraînement, et quelques séances en rythme avant le week end.

Malgré un lundi consacré au repos, je sens que quelque chose cloche question forme. Ceci sera confirmé dès le lendemain durant la traditionnelle séance de 6 x 1'/1'. Les jambes sont lourdes, je peine à faire monter le cardio durant l'échauffement et les fractions me tueront, une drôle d'impression de devoir me mettre minable pour atteindre 3'45/km. Malgré cela, je ne suis pas si loin de mes meilleures séances sur ce format. Alors je relativise et garde le moral. Le jeudi, encore une séance type de 2 x 6 x 30"/30" qui sera du même acabit. Ma seule satisfaction est de me dire qu'au moins je serai obligé de partir lentement niveau pulse, puisque je dois lutter pour atteindre les 140.

Cependant, le vendredi, la tête vient à me lâcher en plus des jambes. Des événements externes me donnent pas mal de soucis et je ne suis pas totalement serein. Beaucoup de questions encombrent mon petit cerveau.
DOnc voilà, à J-2 je n'ai plus de jambes, plus de tête, me reste plus qu'un truc. Mouai, sauf que j'ai de temps en temps super mal sur les fin des journées. Je vais donc aborder la course en couilles molles, et c'est peu de le dire.

A J-1, je rejoins mon coach qui va me donner une idée des temps de passage pour une performance donnée, à prendre comme une idée globale et non un roadbook détaillé. Et bien, ça remet vite les idées en place d'un coup. Bah oui mon bon monsieur, il y a du D+ au menu cette fois, en entrée, en plat de résistance et en dessert. Le digestif sera même une longue descente qui doit être usante. Et vu comment j'ai terminé le Trail des Citadelles, la pression est vraiment montée d'un cran.


Nous allons établir notre QG sur Thonon-les-Bains. La route sera assez longue et le passage par Genève une très mauvaise option en cette après midi de chaleur. Nous arriverons tant bien que mal à l'hôtel pour préparer nos affaires. C'est alors que mon coach se rend compte qu'il n'a qu'une seule poche à eau opérationnelle. Je ne peux donc pas lui en piquer une. Vite, je vais aller acheter deux bouteilles de 50 cl pour les mettre sur l'avant de mon sac, en complément du porte bidon. Je les remplirai au kms 35 pour affronter les 20 kms avant le dernier raivto. Et oui, je vais paraître bien chargé avec ces deux portages d'eau, mais quand on voit les prévision météo... et que je n'aime pas les poches à eau. Je n'ai pas trop le choix. Le repas du soir sera pris au bord du Lac, assis sur une pelouse et le couché à 20h30. Il faut se lever à 2h30 le lendemain, cela va faire une courte, très courte nuit.


ACTE UN

Et donc 2h30, on se lève, on se met tout de suite en tenue et on mange rapidement. Encore 30' de route pour rejoindre Bellevaux. Nous sommes bien à l'heure, rien à redire. Le retrait du dossard se fait sans perte de temps et nous prenons le temps de discuter.

L'heure du départ approche très rapidement et il faut déjà se mettre dans le SAS de départ. 150 concurrents, cela ne fait pas foule quand même, mais au moins nous ne nous bousculons pas. Le départ est donné sur une toute petite descente goudronnée, et tout le monde s'affole. Je trouve que cela part super vite une fois de plus. Mais il ne faudra pas longtemps pour attaquer un sentier pentu. Bim 73m D+, sur la montre, sur le premier kilo, qui seroa suivi de 212 et 152m soit presque 450m D+ en 3 kilomètres, ça calme. Et bien on passe rapidement en mode marche. J'en profite pour me retourner et je constate qu'il y a très peu de frontale derrière moi. Donc, je suis parti quasiment sur la première ligne, et je suis déjà quasiment dans les derniers... Ouch, ça risque d'être long cette ballade. Et qui sait, un premier abandon, une barrière horaire ? D'autant plus que je transpire déjà à grosses goûtes, une vraie fontaine. Et il n'est que 5-6h du mat...

Cependant, j'essaye d'être sage et je contrôle mon cardio. C'est bien, j'arrive à la conserver aux alentours de 150 de moyenne, pile poil dans la cible. Et je ne m'emballe pas en voyant tout le monde me passer. D'ailleurs c'est assez étrange, moi qui suis un mauvais descendeur, je reprends les concurrents assez facilement sur ces portions. Par contre on montée, je me fais démonter. Mais je ne m'affole surtout pas, voir je rigole en entendant le souffle de certain. J'aurai facilement misé une petite pièce sur un abandon de quelques uns.

Juste avant le premier ravito, une pente va nous rappeler la difficulté de la course. De nous près de 450m D+ en l'espace de 3 kms. Sans compter qu'il y en avait eu une intermédiaire d'un peu plus 200m en 2kms. Pur ma part les bâtons ne sont vraiment pas un luxe. Ils me permettent de rester debout et de soulager les jambes. Cela n'empêche que la pente est plus que raide. Bien entendu, un fois le sommet atteint, il faut redescendre et le pourcentage est identique. En voulant être prudent en posant mon pied, celui-ci va chasser et je tombe comme une merde pour effectuer une jolie glissade sur les fesses. Ce qui ferra dire à un concurrent "Bah voilà, c'est ça de vouloir être trop prudent". Oui bah moque toi hein, dans le bois de Vincennes il n'y a pas de tel pourcentage. Mais c'est décidé, j'irai franco dans la pente sur les prochaines.

Arrive enfin le premier ravito après environ 2h40 de course. Et dire qu'il reste environ un marathon à courir. Mais qu'est ce que c'est que cette histoire. Ce premier passage est tout simplement une bonne surprise. Fromage, saucisson, fruits secs, coca, orangina, eau pétillante, de l'eau à gogo et .... des lions coupés en deux. Le pied en gros. Sauf que manger un lion, ce n'est pas si évident, il faut pas mal mâcher et ça colle aux dents. Par contre, je suis vraiment déboussolé en faisant les amabilités d'usage aux bénévoles, je passe un peu pour un fou en disant "Bonne après midi" alors qu'il n'est que 7h40 du matin.

En fait, la course va commencer à être une hécatombe à partir de ce ravito. Certes, je continue de me faire déposer dans les montées, mais globalement les concurrents morflent sur le plat et les descentes. Nous sommes à découvert, le soleil tape comme un dingue et le mercure est bien haut. J'en reprends quelque uns qui sont à l'agonie, marchant sur le plat sans aucune réaction aux encouragements. Il y aura bien un point d'eau intermédiaire entre les deux ravitos, où je vais faire le plein des bidons et beaucoup m'arroser. Nous attaquons une montée de 5 kms, suivi d'une petite descente pour mieux repartir vers les sommets. Ce qui est marrant, c'est de voir les concurrents le long des chemins au loin. Même si cela montre tout le chemin à parcourir et se rendre compte que ça n'en finit pas de monter. Enfin, nous pouvons attaquer la descente vers le deuxième ravitaillement. Sauf que ce n'est pas qu'une partie de plaisir, ça tape, elle fait mal et il faut être vigilant.

 

ACTE DEUX

Ce ravitaillement sera en fait le début de l'hécatombe. Nombreux sont ceux qui vont mettre le clignotant à ce point. Pour ma part, je me sens encore plutôt pas mal. Pas de problème gastrique, pas de grosse fatigue apparente, juste un petit problème pour calmer le cardio qui a une forte tendance à s'envoler dès que cela monte. Mais que faire, je suis déjà hyper lent, je ne vais quand même pas m'arrêter tous les 5 mètres ? Bon, c'est parti pour ce qui me paraissait être LA grosse difficulté de la course. Une montée terriblement longue. Heureusement, un point d'eau sera organisé par les secours au milieu de la pente, dans mes souvenirs et j'ai un gros doute sur cette précision. Ce point d'eau m'aura marqué car on nous propose des bouteilles remplies d'eau de la source pour se tremper. J'en viderai une complètement sur ma tête. Et le deuxième détail qui m'a fait marrer, concerne les verres utilisés. Ils sont penchés et se cassent la gueule. Il est juste impossible de les préparer à l'avance. Les pauvres bénévoles se sont légèrement trompés lors de leur achat, mais cela nous fait bien rire.

Sinon je ne savais pas que le chemin est parfait inexistant, et la pente incroyable par endroit. C'est juste l'enfer. Par contre, heureusement qu'il y a la présence de nombreux randonneurs ou spectateurs généraux en encouragements. Mais alors que l'on croit en voir le bout, des personne nous montre le sommet à gravir, et que l'on repassera lors de la descente. A ce moment, il ne fallait pas lever la tête, c'est encore un mur qu'il va falloir se farcir. On peut voir des concurrents dans la pente et la première réflexion est "Tiens, il y en a 5 à reprendre, ils sont à une minute". Grosse erreur, parce qu'avec le pourcentage, ils sont plus à 5 minutes, mais ça je vais le découvrir lors de l'ascension.
Avec le recul, cette montée sera la cause de mon énorme coup de mou. Arrivant au sommet, je m'abrite sous le parasol de l'équipe de pointage pour reprendre mon souffle et bien boire. L'équipe prendra de mes nouvelles pour savoir si je vais bien. Étonnant, peut être que j'avais déjà une sale tronche. Cela dit, je peine à leur répondre mais j'attaque la descente qui sera elle aussi un enfer. Pas de sentier, droit dans la pente, un terrain accidenté, vraiment usant cette portion.

Mais alors que l'on a finit la descente, nous sommes invités à reprendre une ascension de col. Et là, je vais vivre un moment incroyable. Deux bonshommes perdus au 3/4 de l'ascension, nous encourage en faisant raisonner leur cloches. Cela fait un bruit incroyable, et je me demande qu'est ce qui les pousse à venir voir des inconnus se mettre minables sur une course. Cela dit, c'est juste génial.

Quand je vous disais que j'allais avoir un énorme coup de mou, cela vient se confirmer. Je vais mettre 31 minutes pour faire le 48ème kilomètre... après avoir péniblement réalisé le précédent en 21 minutes. La première féminine en profite même pour me reprendre alors que j'avais cru la mettre hors de portée. Je n'avance plus du tout et pas grand chose semble vouloir passer. Je crains alors les problèmes gastriques, mais fort heureusement cela passera.
Des randonneurs nous indiquent la présence d'une cascade au milieu d'un raidillon. Ils avaient raison, cela fait un bien fou. L'eau est froide, mais c'est un pur bonheur de placer la tête dessous. Par contre, je manque de tomber, un bâton s'accroche sur je ne sais quoi et en le tirant vers moi, je vais le planter dans la cuisse gauche, cuissard percé mais pas de bobo apparent. Ce n'est que le lendemain que je verrai un bel hématome et une griffure.
Une fois sortie de la cascade, les bénévoles nous offrent deux possibilités. Prendre tout droit dans la pente ou le chemin qui contourne par la droite. Je prends la première option uniquement parce que je n'ai rien compris à la deuxième, qui je pense était la meilleure vu mon état.

Bizarrement, j'ai l'impression de reprendre du poil de la bête. et la descente va me permettre de livrer une dernière bataille avec la féminine, et la laisser définitivement derrière moi. Sauf qu'une fois de plus la descente est technique et elle va user doucement mais sûrement. Le dernier ravito nous est annoncé à 1.5 kms, puis 5', 500m, sauf que je n'en jamais la couleur. La chaleur est également terrible sur cette portion et je n'arrive pas à voir ce foutu ravito. Enfin, on m'annonce qu'il est juste à droite après la montée dans l'herbe. QUOI ??? Encore une montée, y en a marre.

Aller, dernière pause et on prend son temps. De toutes les façons, je ne peux rien faire d'autre. Les annonces d'abandon sont importantes à ce point. Un concurrent devant moi attends les soins, j'apprends qu'un gars dans les 5 aurait aussi jeter le dossard ici. De toutes les façons, il suffit de voir nos tronches, cela fait peur. Surtout bien s'alimenter, bien charger en eau parce que là, on a une dernière montée. Je ne m'attendais absolument pas à cela, je dirai à un gars qui m'accompagne : "On est en train de faire un kilomètre vertical ou quoi ?", et cela après 55 kms de course ... Je ne serai pas loin car la montre va indiquer près de 700m D+ en 4 kms... Elle est interminable et l'on voit les différences de fraîcheur. Je vais la faire intégralement avec un gars qui va passer son temps à me prendre une vingtaine de mètres pour s'abriter sous un arbre et tirer sur sa pipette. Je me force à rester avec lui, cela me motive mais il faut être fort, car les cuisses commencent à cramper.

Alors que le chemin s' aplanis, je crois que l'on en a vu le bout et je fais redescendre le cardio en marchant avant de trottiner. Mais ce que mon compagnon d'infortune ne m'a pas dit, c'est que le chemin sur les crêtes passe son temps à monter et descendre, voir il y a une montée dans la roche où une chaîne est installée pour s'aider.

Aller, kilo 61 qui raisonne à la montre, me reste plus que 6 kms. Et oui, on m'a annoncé encore 9 kms alors que j'en étais à 58. Mais là, c'est la dernière descente, cela doit être la délivrance, surtout qu'elle est annoncée roulante. Effectivement, c'est un chemin sans aucune difficulté, de temps en temps un petit single mais rien de mortel par rapport à ce que l'on s'est tapé. Je commence à reprendre du rythme et deux concurrents sont revenus dans ma ligne de mire. Je me sens d'attaque de les récupérer, fallait pas me poser comme cela dans la montée, je suis vexé. De façon certaine, je vais en reprendre un, le deuxième je dois avouer que je ne m'en souviens absolument pas. Donc bien content de reprendre le concurrent, et il semble avoir du mal à tenir le rythme, sans prétention aucune car il faut remettre les choses à leur place... on tourne à 5'30 en descente.

Et puis tout d'un coup, je vais littéralement exploser en plein vol. En l'espace de deux minutes, je vais fermer boutique. La tête divague, j'ai des troubles de la vue, et puis il faut avouer que cela fait un moment que je peste sur mes capacités et les futurs objectifs. Un peu après le kilo 65.5, j'en ai marre d'entendre "Bravo, c'est bientôt l'arrivée", "au virage à droite et c'est quasi fini", "au petit pont vous y serez", j'en ai juste marre, juste envie de les envoyer tous balader. Je ne prendrai même pas le temps d'admirer les fesses de la dame qui passent en tyrolienne au dessus de ma tête. Il me restait deux bornes, deux bornes pour en terminer, ce n'est rien bordel. Mais non, je vais inviter mon dernier compagnon à partir seul. Je lui indique que de toutes les façons, si je suis amené à revenir je lui laisserai la place. Mais la question ne se posera pas car je passerai en marche nordique jusqu'à la fin avec pour seul motivation, si ça revient derrière je cours. Arrive enfin ce foutu pont et encore une montée, enfin 3 mètres a franchir... Les spectateurs nous applaudissent et nous apercevons enfin l'arche noire, enfin la sono.

C'est dans la bute que je vais voir Zorglub, que je reconnais grâce à ses photos dans ses CR, remonter le courant. je l'interpelle et me présente. Voyant ma détresse, il m'encourage, m'accompagne dans les derniers mètres, me soutient alors que je peste, je râle, je suis tout colère. Cependant, je ne manque pas de taper dans la main de la petite fille juste avant l'arrivée. Cela ne coûte rien, j'espère que cela lui fait plaisir, et le sourire de ces p'tits culs est une bouffée de joie intense alors que l'on souffre.

Je passe enfin cette putXXX de ligne, me fait bipper et je regarde le tableau d'arrivée, bien surpris de ce qui est annoncé.


CAPRICE DE GARCON

Je suis fracassé, c'est peu de le dire. Je m'assois sur la première chaise venue, balance mon tee shirt, mon cardio je veux respirer, être à l'aise. Mais je pars en vrac, Zorglub est là pour me parler, Philippe aussi viendra me dire quelques mots. Un organisateur vient me voir, échange quelques mots et je lui indique que cela ne va pas super super. Il va me vider 1 ou 2 bouteilles sur la tronche, ce qui au passage pourrait me faire dessus ni vu ni connu. Nous blaguons avec lui du message qu'il a tagué sur un arbre à la fin du côte : "Elle est bonne celle la ?". Je vais lui dire amicalement que c'est un bel enfoiré.

Malgré tout, j'ai toujours quelques vertiges et je vais partir en chaise au poste de secours.
Tant qu'à faire, je vais essayer d'en profiter pour m'amuser avec les secouristes féminines sans vraiment réussir, comme d'habitude finalement. Donc prise de tension, du cardio et test de glycémie. Bon, sinon la technique de donner son numéro de téléphone et son adresse pour montrer que je suis encore conscient malgré mes "malaises", ça fonctionne pas non plus. Et là surprise, elle m'annonce qu'elle va me prendre la température.

HEIIIIIIIIIIIIN ? Ah non pas le popotin, pas ça, pas devant tout le monde.

"Lever le bras monsieur SVP.". Heu, tu veux pas que je me penche et que je tousse non plus ?

Ouf, en fait la température sera prise sous le bras... Voilà, j'aurai fais mon petit caprice pour juste faire la papillote avec la couverture de survie pendant une vingtaine de minute.

Une fois que j'aurai repris mes esprits, il est temps d'enlever les chaussettes, et voir si les pieds ont morflé. Et là surprise.... deux ampoules sur les deux pouces. Sauf qu'elles se sont percées et la peau arrachée. Donc en gros, je n'ai plus de peau sur l'intégralité des pouces. Je me disais bien que ça piquait un peu durant la course.


REMERCIEMENTS

Cette course, malgré le pétage de plomb, est juste superbe. Elle a été rendue terrible par des températures très chaudes et un soleil à découvert. Ceux qui seront partis avec deux soft flask de 500ml sont soient des gros cadors, soit très joueurs.

Cela dit, la course n'avait pas besoin de cela pour être exigeante et sélective. Je n'en reviens toujours pas de ces pourcentages droit dans la pente. J'ai du me pencher sur les bâtons, tirer dessus comme un malade pour espérer mettre un pied devant l'autre. Et dire que j'en ai vu plusieurs monter sans bâtons, bravo à eux, dont le premier V3 qui est d'IDF au passage... (EDIT : en fait non, je me suis trompé. le premier V3 a été logtemps devant moi, donc ce n'est pas celui avec lequel j'ai discuté) Nous nous serons "battus" longtemps et j'ai vu qu'il est était juste derrière à l'arrivée. Les terrains, parfois très techniques comme les descentes dans les cailloux, auront eu raison à ma dernière paires de pompes (potables pour la compétition) en lui arrachant une partie des crampons.

Une mention particulière aux bénévoles. Nombreux le long de la route, sur les ravitaillements. Des équipes de "pointage" positionnées régulièrement, en bas et en haut des difficultés par exemple. Si jamais il y en a un qui voulait tricher, c'était juste impossible.

Les spectateurs, randonneurs en nombre de partout. Je ne sais pas si ils étaient venus spécialement, si il y a eu de la communication sur le déroulement de la course, mais c'était juste génial de les voir, de les entendre, de taper dans les mains.

Concernant l'organisation, le balisage était parfait. A aucun moment je ne me suis posé une question et ils ont tracé un parcours superbe offrant des magnifiques points de vue sur la région.


ANALYSE

Après avoir chargé les données de la montre, je me rends compte que j'ai trop forcé entre le kilo 20 et 35, correspondant exactement à la période pré coup de mou. Même si j'essayais de contrôler le cardio, je l'ai laissé dévier bêtement. Cela dit, je n'ai pas l'habitude de me faire du 4 km/h, j'en ai perdu tous mes repères. Et donc, je l'ai payé très cher après.

Ce qui est génial avec ces courses, c'est que l'on perd tout repère temporel quand on vient d'IDF... 3h23 pour passer le point 2, km 31, au point 3, km 45. Cela se passe de commentaires. Et finalement je comprends mieux pourquoi les montagnards nous taquinent avec nos dénivelés franciliens.

La montre m'indique 66.8 kms au compteur et surtout 5200m D+ pour 64 kms et 4800m D+ annoncés. Je suis particulièrement étonné, car en général elle m'indique un D+ inférieur à ce qui est annoncé. Mais vu le balisage, je doute que j'ai fais un détour. Seule solution, la montre a également pris chaud.

Sinon pour rire, je constate que je fais mon plus mauvais classement, en pourcentage, de l'année à 51% ... Le 4ème moins bon depuis que j'ai commencé à courir. Je commençais à m'habituer au 20%. Mais cela voudrait également dire que je termine ... 2 places devant Philippe. No comment.

Plus sérieusement, je me suis posé énormément de question pendant les 15 derniers kilos, soit plus de 3 heures, concernant le reste de la saison. Une fois la ligne franchie, ma décision est prise et je serai raisonnable. Nous faisons du sport (celui-ci ou un autre) pour se faire plaisir. J'ai tellement lutté à presque être dégoutté, je ne vois pas aller faire le mariolle pendant 24h dans la montagne et de nuit. J'ai trop peur de la blessure, trop peur du dégoût et je suis décidé à faire une pause pour avoir de nouveau l'envie et surtout le niveau. Je ne vais pas aller m'aligner sur une course pour juste publier sur les réseaux sociaux "Ca y est je l'ai fais" et voir les commentaires "Tu es trop fort", "bravo" uniquement destinés à flatter mon égo. Et ça, je me le suis dis avant de voir les dégâts sur mes pieds. Donc là, on va se faire une petite semaine repos, enfin jusqu'à jeudi car en déplacement et j'ai mis de côté toutes affaires de sport, et voir ce qu'il en est. Qui plus est, après la perte de mes chaussures, la nécessité de trouver une solution pour l'autonomie de la montre, le transport ... ce n'est peut être pas plus mal en ce moment.

Voilà comment une course de prépa devient le juge de paix.

16 commentaires

Commentaire de Japhy posté le 10-06-2014 à 07:03:00

Bravo à toi.
Fais attention à toi, repose toi bien, une telle course laisse des traces, surtout à cause de la chaleur. Pour la suite des évènements, je te trouve très lucide, notamment dans le dernier paragraphe, bien que je sache très bien que parfois, au bout de deux jours, on oublie la galère...Mais il me semble que c'est une force que tu as de ne te sentir obligé de rien, ne change pas.
Mais par contre, n'oublie pas qu'il existe des solutions de repli (le jour même...) qui n'ont rien de déshonorantes.

Commentaire de ejouvin posté le 10-06-2014 à 08:08:53

Merci Japhy. A J+2, toujours lucide sur mes capacités...

La photo de Zorglub se passe de commentaires : http://www.kikourou.net/forum/viewtopic.php?f=19&t=28780&start=80#p695945

Commentaire de crollois posté le 10-06-2014 à 12:33:18

Attiré par les allobroges pour son profil piquant, je me suis permis de lire ton récit.

Tu sembles avoir souffert, mais nul doute que tu vas en sortir plus fort et que tu vas avoir acquis de l'expréience.

Par contre, tu ne te mets pas un peu trop la pression? entre ton planning d'entrainement respecté à la lettre, le coup d'oeil régulier au cardio...perso, je ne pourrais pas, alors je me demande si par hasard tu ne devrais pas essayé de faire une course sans montre, tout au feeling, avec juste le profil de la course en tête?

Allez courage tu vas t'en remettre :)

Commentaire de ejouvin posté le 10-06-2014 à 13:25:38

Oui, j'ai souffert sur la fin de course, comme un peu tout le monde je pense.

Pour la pression, non pas du tout. Je suis assez détaché justement. J'ai eu du mal et bien tant pis ce n'est pas grave. Je vais me prendre du repos, très bien je vais faire autre chose, y a aucun problème.
Pour le cardio, c'est ma technique de course pour le moment. Peut être que cela changera ou pas. Mais une chose est certaine, c'est que si je pars sur les sensations uniquement, je me met dans le rouge sans m'en rendre compte actuellement.

Pas besoin de courage, je m'en suis déjà remis, seul le plaisir compte.

Commentaire de Jean-Phi posté le 10-06-2014 à 16:00:43

Tu es raisonnable c'est bien. Quand je vois le % d'abandons, finir est un bel exploit en soit surtout aux Allobroges. Bravo donc Etienne, tu n'es peut être pas le plus fort mais tu es un sérieux compétiteur. Prend le temps de la récup, une telle course laisse invariablement des traces. Tu as encore un peu de temps pour te décider pour la MH100. D'acc avec Japhy : Tu e te sens obligé de rien et c'est une grande force, que j'ai découvert également. C'est chouette ! Ne change rien !

Commentaire de ejouvin posté le 10-06-2014 à 16:11:39

C'est une certitude, je ne suis pas le plus fort ;-)
Un s2rieux compétiteur je ne sais pas, vu comment j'ai lâché sur la fin. Mais était ce vraiment dans la tête ? Un peu quand même, mais j'ai du louper un truc.

Bref, je me suis bien amusé quand même.

Vous avez raison, il ne faut pas se forcer dans le sport, c'est un LOISIR et cela doit le rester. Maintenant, nous verrons sur la niac suffisante revient.

Commentaire de Mamanpat posté le 10-06-2014 à 21:10:59

Tu es trop fort ! Bravo !

Bon maintenant va falloir penser à rigoler plus que souffrir, t'es sur la pente descendante, garde l'ascendant ! Pour les rires et les sourires je peux te tirer... vers le haut ! ;-p

Récupère bien chouchou !

Commentaire de ejouvin posté le 10-06-2014 à 22:06:48

Merci mais non pas trop fort. Sinon que dire de tous ceux qui sont devant ?

Et puis, j'ai pas mal rigolé sur la course quand même, au moins durant 45 kms... Mais il n'y avait personne pour me tirer... le portrait, même si il y a quelques photos quand même.

On va essayer de récupérer et voir ce qu'il en est dans quelques jours. Pour le moment, j'ai deux magnifiques poupées d'élasto sur les pouces. Je suis trop sexy comme ça.

Commentaire de Zorglub74 posté le 11-06-2014 à 07:40:09

Sympa le récit de cette chaude journée. Parmi les abandons, celui de François Lachaux qui a également accumulé pas mal de courses ces derniers temps (peut-être trop comme toi ?) et qui en plus s'est réveillé en retard et n'a pas eu le temps de déjeuner. Selon lui c'est un des trails les plus durs de France... Donc bravo encore d'être allé au bout d'un parcours qui t'était inconnu. Tu n'as plus qu'a passer à autre chose quelques temps jusqu'à ce que l'envie revienne naturellement.

Commentaire de ejouvin posté le 11-06-2014 à 08:15:22

Ah mais forcément, partir sans manger il a du avoir du mal...
Merci pour tes encouragements à la fin et ce moment de partage. Malgré ma "mauvaise humeur passagère", j'ai vraiment apprécié.

En tout cas, je suis content d'en avoir vu la fin, dans des conditions un peu folles tout de même.

L'envie est bien là, mais elle ne suffit pas pour un Ultra. Il faut avoir SUPER envie et je la laisse venir toute seule, sans me dire qu'il faut absolument que je fasse la MH100.

Mais il est évident que cela me ferrait plaisir de te voir, et y a déjà des petites choses qui me font regretter de me dire que je n'irai pas. Alors laissons faire le temps.

Commentaire de Bikoon posté le 12-06-2014 à 11:34:44

Hello Etienne,
Même si tu n'es pas LE plus fort, tu es quand même SUPER fort d'être allé au bout ;o)
Un grand bravo, ça n'a pas dû être qu'une partie de plaisir. ça monte la montagne hein ?
Je comprends ton hésitation à te lancer sur la MH100. Et est-ce que la MH60 ne serait pas un bon compromis cette année ?
C'est déjà un superbe morceau qui te permettrait de ne pas louper ce grand rassemblement de casquettes rouges !
Bonne récup

Commentaire de ejouvin posté le 12-06-2014 à 16:45:38

Je te confirme, il y a eu sur le coup des moments difficiles. Mais bon, cela reste superbe, mais il faut aimer courir en montagne. Et comme tu dis, ça monte et pas qu'un peu.

Pour la suite, pour le moment je profite des moments à ne rien faire. et c'est bien aussi.

Commentaire de Poussinator posté le 13-06-2014 à 11:11:59

Salut ejouvin, super ton compte rendu, il est vrai que pour la MH100 ca fait un peu tendu non ? Qui veut aller loin, menage sa monture.... la bise

Commentaire de ejouvin posté le 13-06-2014 à 11:57:58

Qui veut aller loin doit le faire avec plaisir surtout.
Merci pour ton commentaire.

Commentaire de franck de Brignais posté le 14-06-2014 à 14:17:46

Merci d'avoir partagé, à travers ton récit, ce moment de course qui restera longtemps dans ton esprit. Ton récit révèle en tous cas une force : ta lucidité. Nombre de compétiteurs abandonnent parce qu'ils ne le sont pas assez : incapacité de remettre en question un départ, difficulté à relativiser ce qu'il reste à faire,...
Cette lucidité t'emmènera très loin, mais jamais au delà du raisonnable. Elle te permettra aussi d'aller au bout de défis que d'autres devront abandonner.
Je partage ton avis sur la motivation qui doit porter tes défis : peu importe les "bravo !!" "comment peux tu faire ça ?!" "t'es un champion", la seule motivation qui t'emmènera au bout est celle de ta propre détermination à passer la ligne d'arrivée. Elle portera tes entraînements et te fera serrer les dents au moment nécessaire.
Je partage l'avis de Simondu38 : lâche le chrono, fais des sorties longues sans montre, sans avoir aucune idée du temps que tu as mis ou à quel niveau est ton rythme cardiaque.. tout ça n'a pas n'a aucune importance dans une aventure comme celle de la montagn'hard.
Bonne récup' !

Commentaire de ejouvin posté le 14-06-2014 à 17:54:31

Merci de m'avoir lu, surtout que la présentation est un peu indigeste.

J'espère garder cette lucidité, et si tel n'est pas le cas d'apprendre à l'avoir.

Concernant le cardio, c'est un vaste débat en fait. Il y a les pours et les contres. Pour ma part, il m'aide à mieux contrôler la course, ne me connaissant pas suffisament pour ne partir dans le rouge juste avec les sensations. D'ailleurs, cela s'est vu dans des montées, mais aussi des descentes. Je ne regardais plus et op, trop "fort".
Mais bon, je ne cours pas les yeux sur la montre non plus, je profite du paysage, enfin quand je peux encore garder les yeux ouverts.

La récup suit son cours en tout cas, et l'envie commence à revenir. Reste à l'avoir à 110 % et être remonté comme une pendule.

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