Récit de la course : Trail des Allobroges 2013, par Zorglub74

L'auteur : Zorglub74

La course : Trail des Allobroges

Date : 19/5/2013

Lieu : Bellevaux (Haute-Savoie)

Affichage : 2401 vues

Distance : 53.5km

Matos : Bonnet + buff + gants en polaire + tshirt ML (changé 1 fois) + 3/4 + booster + technica skyrace + bâtons leki monobrin + sac d4 avec veste d4, couv survie, sweat de rechange, poche remplie au R1 et pâtes de fruit Doucet

Objectif : Se défoncer

6 commentaires

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Un dimanche humide chez les rustiques Allobroges


Pour cette troisième participation je mets toutes les chances de mon côté pour prendre un maximum de plaisir sur ce trail un peu velu mais toujours organisé de main de maître.

La semaine précédente comme préparation à la glisse et pour bien casser de la fibre je cours au Salève.

La veille je roule en vélo avec ma femme entre une vallée de l'Arve bien fraiche et un plateau des Bornes venté le tout sous un ciel menaçant et en tenue quasi hivernale.

Le samedi soir je charge le VW de tout le matos nécessaire sans oublier la réhydratation d'après course

(note perso pour l'année prochaine : supprimer la bouteille de perrier non consommée et rajouter quelques bières dans le frigo)

et je monte dormir sur le parking à côté du départ. La soirée est magnifique, fraiche mais pas trop nuageuse. Je croise Sapi74 qui va passer la nuit dans sa voiture.

Vers 2h je suis réveillé par la pluie qui tambourine sinistrement sur le toit en me disant que cela va juste rajouter un peu d'humidité aux chemins déjà saturésEn pleurs. A 4h00 je me réveille et me prépare mon petit-déj du sportif composé d'un savant mélange de muesli au thé agrémenté de pain tartiné de miel, dehors il fait 3°C, il pleut et dedans 10° et le chauffage ne veut pas fonctionner…Déçu 4h30, je prépare mes affaires et vais chercher mon dossard, les sommets sont complètement enneigés.

Le directeur de course n'en mène pas large et m'annonce qu'il attendra de toute façon un point météo à 6h00. C'est décidé vue la tournure des événement je prends mon courage à deux main et décide de me recoucher, il fait bien meilleur sous la couette.

Une demi heure plus tard il faut bien se décider à affronter la dure réalité et je m'apprête :

Ma tenue ? des chaussures à l'accroche incertaine, des trucs pour couvrir les jambes un tshirt manche longues prévu pour le ski un bonnet des gants et quelques affaires sèches, un peu de poudre de perlin pinpin dans un camel vide pour l'instant et des pâtes de fruit fabriquées par des amis à Oraison, l'appareil photo aussi mais vu les conditions j'hésite vraiment à le laisser à la voiture.

A 6h00 dans la salle bien chauffée je croise quelques kikou (Sapi, Benos et Sarajevo) je fais environ 200 m d'échauffement consciencieux avant de rejoindre la ligne de départ alors que la pluie vient de cesser, je laisse donc la veste dans le sac.


On discute un peu entre connaissances, Bénédicte et Marc Paturel, David Martin, Christian Roth, Didier Jigou avec qui je ferai un bon bout de chemin. Le temps de faire quelques photos et c'est déjà parti au petit trop dans les rues de Bellevaux.


Comme il y a une semaine je déroule tranquillement et laisse partir au galop ceux qui le sentent. On traverse la rivière et nous sommes d'un coup plongés debout dans le bain de boue, les premiers hectomètres le long du Brevon nous permettent de nous habituer à notre nouvel environnement (boue disais-je mais aussi racines glissantes, cailloux glissants, ruisseaux boueux, chemins ruisselants, herbes mouillées et rapidement boueuse….)


Les premières photos sont un peu floues car j'avais mal réglé les iso de l'appareil...

La première montée de 600 m est une excellent mise en jambe pour réapprendre les subtilités de l'appui glissant, fuyant, dérobant, les bâtons sont pour moi indispensables pour rattraper des pertes d'équilibres sans cela tragiques.

J'ai vite repéré le local du groupe coiffé d'un béret et prénommé Patrick avec qui nous causons ski de rando afin d'être sûr de ne pas être en sur-régime. Nous rejoignons Didier et trottons tranquillement sur les crêtes saupoudrées de neige fraichent qui nous mènent au col de Jambaz.


La descente sur le col s'effectue d'abord dans une jolie forêt de feuillus au sol glissant autorisant les première figures de style puis dans un chemin creux caillouteux particulièrement piégeux transformé en rû où je note la présence d'un premier cadavre de bâton high tech tout carbone qui n'a pas résisté à une simple flexion compression sans extension.

Ici une photo prise par mon père lors du passage du 15 km pour donner une idée de l'état pour ceux qui sont derrière...

La montée vers le ravito de la Bray voit le rythme changer, la marche succède à la course et la boue d'abord caillouteuse se transforme petit à petit en boue limono-argileuse bien collante, dans les bois nous cherchons par des détours savants à éviter le bourbier laissé par la trentaine de nos prédécesseurs; je n'ose pas imaginer ce que nous laissons pour ceux qui nous suivent.

Nous retrouvons la neige fraiche sous la Pointe du Jottis et la joie de la glisse sur herbe détrempée alterne avec celle de la glisse sur boue neigeuse. En compagnie de Patrick et d'un petit groupe le ravito N°1 de la Bray arrive finalement plus vite que prévu; les bénévoles ne semblent pas super réchauffés pourtant le ciel se dégage un tout petit peu.


Le temps de remplir mon camel back je perds de vue mes compagnons et continue plus ou moins seul en direction de la Tête des Follys dans un décor de fin novembre sous les premières neiges avec un ciel chaotiques transpercé de rares rayons lumineux.


C'est splendide. Le temps de prendre quelques photos derrière et vers la valléeoù l'on voit le lac de Vallon


et je plonge en courant sur l'arrête neigeuse jusqu'à la Tête au Moine avec de très bonnes sensations de glisse et de course facile.

Ensuite, dans les bois au-dessus de Bellecombe, plus de neige, que de la boue et là cela se complique un peu, il n'y a pas eu de grosses gamelles mais les fesses et les mains par terre entre deux figures improbables de glisses sur un pied l'autre loin en l'air, du grand art. Quelle rigolade cette descente!!! L'arrêt au point d'eau est mis à profit pour retirer un peu de graviers boueux qui se sont glissés dans mes chaussures puis je repars à la poursuite de Didier et Patrick en direction des chalets de Pététoz que nous trouvons sous une jolie couche de neige. J'y retrouve également Marc Paturel qui apprécie très moyennement le côté boueux de la chose.


Dans la descente sur le lac de Vallon, on reprend le même tryptique de neige, boue et racines glissante auquel s'ajoute quelques passages de ruisseaux dans lequel l'un de mes compagnons de route fait un aplat involontaire, douloureux pour le genou. La piste plus large leur permet enfin de dérouler à grandes enjambées chose que j'apprécie très peu avec mes petites pattes, je souffre et souffle. Heureusement il y a quand même ça et là quelques mares boueuses nécessitant une lecture fine de la trajectoire dont l'optimale n'est pas forcément la plus rectiligne. Le ravito de la Chapelle St Bruno est vite passé et après quelques bains de pieds dans le ruisseau de la Dromaz nous remontons rapidement en direction de la Bray.

La montée est sèche (raide) et humide (boueuse) jusqu'au refuge forestier dans lequel nous avions passé un inoubliable réveillon 2009 (9 enfants, 7 adultes, des luges et des sacs bien chargés, un temps neigeux très humide, un poêle sans tuyau, une bonne fondue, des boissons suaves, des jeux, des rires et plein d'amitié). Mes filles me redemandent quand on est-ce qu'on refait ça…  trêve de souvenir...

Au refuge donc la piste devient roulant mais neigeuse, il m'est difficile de relancer dans ces conditions. Après une brève descente bien enneigée puis des sketchs sur l'herbe détrempée nous croisons les derniers du 35 km au niveau du ravito de la Bray où l'on peut reboire un coup même si ce n'était pas prévu.

Après un passage anecdotique sur les pâturages du Jottis sur route sèche (donc sans intérêt dans le cadre de ce récit consacré à la boue) je me retrouve un peu seul pour affronter le bourbier que plus de 400 coureurs ont laissés derrière eux car vers Béman d'en Haut nous reprenons à rebrousse poile l'itinéraire de montée jusqu'au col de Jambaz… un vrai champ de mine, bansaï adieu les derniers scrupules concernant les chaussures, désormais c'est droit dedans…Cool

Au col de Jambaz je me retrouve derrière une jolie demoiselle du 15 km qui malheureusement a une foulée beaucoup plus fluide que la mienne quoique toute aussi crottée.

Au niveau de la l'attaque de la grimpette de la Chapelle du Merle je me fais rejoindre par Patrick qui a eu semble-t-il encore moins de scrupule que moi dans la descente boueuse. Je décide alors de tenter le tout pour le tout pour le lâcher et me libère du poids énorme de mon sweat ML de rechange que je laisse à un copain rencontré làInnocent. Et ça marche, des ailes me poussent la pente est avalée sans trop de soucis et je peux même rivaliser de vitesse avec ceux du 15 km dans les relances qui suivent. Bref tout va bien c'est le bonheur, on plaisante et cela avance.

Dernier ravito à l'Ermont où les gars attaquent l'apéro au blanc mais ne veulent pas partager avec moiIncertain, je me résigne donc et attaque seul mi trottant mi marchand la piste 4x4 qui monte aux Nants. Ensuite forcément c'est moins sec et surtout plus humide sous les bois de la Pointe des Riandets où la neige accumulée sur les branches fond et me coule désagréablement sur le crâne alors que mes pieds glissent sur les racines humides.

Enfin la dernière pente avant Niflon que nous empruntions déjà sous le soleil lors de l'édition 2009 avec une foule et des cloches pour nous encourager. Cette année, pas de cloches, juste un peu de vent et la neige qui commence à tomber, je met donc la veste pour la première fois par-dessus mon Tshirt ML. Deux gars me rattrapent (dont un avec un seul bâton, cassé l'autre?) auxquels je m'accroche pour en finir avec cette dernière difficulté.


A Niflon on retrouve la neige


Les bénévoles se sont réfugiés dans l'un des chalets avec un bon feu et ils ont bien raison, nous ne nous attardons pas et nous attaquons ensemble les pentes enneigées versant nord. Même s'il faut rester concentré c'est un vrai régal de pouvoir descendre à grandes foulées glissées jusqu'à Niflon d'en Bas, en nous avertissant mutuellement des pièges et autres trous.

Ensuite nous trouvons enfin la boue parfaite : un mélange de feuilles, de limons gravillonneux sans trop de cailloux qui permet d'enchainer une descente de folie avec un amortissement idéal jusqu'à l'Ermont.

Mes compagnons s'éloignent pendant que j'enlève ma veste pour la dernière petite boucle. Il se remet à pleuvoir, mais je m'en f.. mouillé pour mouillé, la veste restera dans le sac. La foulée est encore légère le long du Brevon, ce n'est pas comme lors du final de 2010. Puis laissant l'arrivée à ma droite je me délecte de la dernière grimpette de 200 m taillée à la mesure de ce trail sur une trace improbable entre rochers moussus et arbres dégoulinants, seuls les points oranges montrent que la piste est la bonne, merci à l'organisation pour ces portions qui sont la signature des Allobroges, je me régale,


La dernière descente à fond juste pour le plaisir (personne devant personne derrière si ce n'est les coureurs du 35 km), le pont couvert


et le plaisir de voir mon père qui m'attend au sommet de la dernière grimpette.


Le temps d'un rinçage radical au tuyau d'arrosage chez les pompiers on se retrouve dans le camping car avec mon oncle qui vient de faire le 15 km (sans bâton) et mon père pour fêter cette jolie course avec une bonne bière au Genepi…


Un peu plus tard après le repas et la remise des prix j'ai le plaisir de voir Benos qui en termine après 12h00 d'effort.


Nouvelle bière pour fêter cela avec Sapi74 et d'autres qui étaient par là et c'est le retour à la maison content de cette course bien rude mais sur laquelle je ne me suis pas trop abîmé et où j'ai réellement pris beaucoup de plaisir.

Un énorme merci à tous les bénévoles de l'organisation présents tout au long du parcours, à leur convivialité et leur bonne humeur malgré des conditions un peu fraiches pour ceux qui ne bougeaient pas.Rigolant

A la prochaine.

P.S. pour les temps de passages voir le file du forum consacré à cette édition 2013. Pour une fois le chrono n'avait pas une importance primordiale.

6 commentaires

Commentaire de sarajevo posté le 22-05-2013 à 20:08:42

chouette CR et content de t'avoir croisé !!!

Commentaire de Arclusaz posté le 22-05-2013 à 20:28:05

quelles photos !!!!!! et quelle course !

et bien sur :

Allobroges vaillants ! Dans vos vertes campagnes,
Accordez-moi toujours asile et sûreté,
Car j'aime à respirer l'air pur de vos montagnes,
Je suis la Liberté ! La Liberté !

Commentaire de sapi74 posté le 22-05-2013 à 21:11:45

oh oh arclusaz nous sort l'hymne savoyard. bravo pour ton parcour et surtout ton récit qui est très agréable à lire. encore merci pour la bière à l'arrivée. et bon courage pour la montagn'hard.

Commentaire de Jean-Phi posté le 22-05-2013 à 22:34:24

Bravo pour t'être aligné sur le grand parcours. J'ai préféré jouer petit bras sur le 35 et ne le regrette pas ! Belle édition que cette cuvée 2013 !
PS : Photos superbes ! Content de voir qques photos de Nifflon

Commentaire de BENIBENI posté le 23-05-2013 à 15:22:54

Ah cette binouze, qu'est ce qu'elle a fait du bien ! Sinon je fini en 11h55 Môsier !

Commentaire de rachele posté le 23-05-2013 à 17:33:51

bravo , beau reportage

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