L'auteur : aragorn23
La course : Restonica Trail - 68 km
Date : 7/7/2012
Lieu : Corte (Haute-Corse)
Affichage : 3034 vues
Distance : 68km
Objectif : Terminer
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J'ai profité de notre traversée de la Corse par le GR20 pour m'inscrire sur le Trail de la Restonica, début juillet, au départ de Corte.
Un trail de 68 km avec 5000 m de dénivellé positif et un profil des plus sympathiques.
Pour être honnête j'ai calé les dates du GR20 en fonction de ce trail, avec 4 jours de repos
entre la fin du GR20 et le trail.
Largement de quoi récupérer.
Affiche du Trail avec Dawa Sherpa en vedette.
Ma femme, Sonia, nettement plus raisonnable que moi, s'est laissée le temps de la reflexion et a préféré attendre de voir son état de fatigue à la fin du GR20 avant de prendre sa décision de s'inscrire sur le 33 km et ses 2500 m de dénivellé positif.
Après une longue hésitation et un tentative vaine de me faire renoncer au 68 km pour basculer sur le 33 km,
elle pris la sage décision de ne pas s'inscrire.
Maribel, une de nos compagnes sur le GR20 s'était inscrite quant à elle sur le 33 km.
Les organisateurs, ont gâté les coureurs, avec dans la poche des produits locaux : Bière, Miel, saucisson, bouteille de rosé.
Lors de la pasta party, nous avons par hasard fait la connaissance d'une Toulousaine, Maria, qui venait là avec visiblement des intentions de résultats.
On aura le confirmation de son talent en août sur le 160 km du Grand Raid des Pyrénées où elle terminera brillament première féminine.
Une grande partie du Team Quecha est inscrite avec Dawa Sherpa et Vincent Delebarre.
Le parcours emprunte une partie du GR20 et nottament le point culminant du GR20 : la brêche de Capitellu avec sa montée très raide et technique et le passage le long du fameux lac Ninu. Une partie que j'ai eu l'occasion d'emprunter une semaine plus tôt. Un plus certain la connaissance du terrain.
Une seule barrière horaire est prévue au km 52 à 18H00 après 13H00 de course soit du 4 km/h de moyenne.
J'étais assez confiant et j'ai même indiqué à Sonia de réserver le restaurant à Corte pour 21H00.
Départ samedi à 05h00 du matin en musique et fumigènes du centre de Corte (438 m) avec une belle entrée en matière :
1400 m de D+ sur une distance de 6 km.
Je me retrouve rapidement en queue de peloton, composé de 185 coureurs.
Corte vu d'en haut, sous la mer de nuages.
Montée raide dans la forêt.
Passage devant l’arche du Scandulaghju que beaucoup de coureurs, la tête dans le guidon,
ne verront pas.
Arrivée au premier ravitaillement : les bergeries de E Padule et là première surprise : pas de gobelet !
Il fallait amener son gobelet personnel. Un détail qui a son importance et qui m'avait totalement echappé.
Premier ravitaillement.
Une montée pas trop raide le long d'une piste pour atteindre le col de bocca (col en Corse) Canaglia à 1790 m d'altitude.
Arrivée au col après deux heures de course soit une moyenne de 3km/h et donc un retard de 2 km par rapport à la barrière horaire.
On rejoint ensuite une piste forestière, en descente sur 5 km, permettant de dérouler et de rattraper le retard.
Je fais connaissance avec un autre coureur qui vient de terminer le marathon du Mont-Blanc une semaine plus tôt.
Je lui indique que ce n'est peut-être pas une bonne idée d'enchaîner deux trails aussi longs et difficiles en une semaine.
Il me dit qu'il est juste là pour être finisher. Il ne finira malheureusemant pas la course.
PC2 au Km 14.
Arrivée au refuge de la Sega : un refuge magnifique au milieu des pins.
Un gros ravitaillemnet nous attend avec d'énormes morceaux de Pamplemousse
qui feront mon bonheur pendant tout le trail.
Ravitaillement de Sega.
Après un ravitaillement bien copieux, je pars en suivant la première balise que j'aperçois.
Un bénévole un peu en retrait du ravitaillement me signale que je me suis trompé de chemin et que je suis
le parcours du 32 km.
J'ai eu de la chance de tomber sur ce bénévole qui n'étais pas là pour faire la signalisation.
Je n'ose imaginer le déroulement de ma course si je m'étais engagé sur le 33 km qui partait 4 heures après nous.
Un problème de signalisation à régler pour les prochaines éditions.
Direction le lac Ninu.
Les gites de Sega.
De retour sur le bon chemin on suit le Tavignano avec un nombre impressionnant de vasques qui donnent trop envie de se baigner.
Mais je n'ai malheuresement pas le temps de me tremper.
Vasque
Le chemin commence à monter, direction le Lac Ninu.
On se retrouve bientôt en dehors de la forêt, en pleine chaleur.
Un hélicoptère nous survol, j'apprendrais plus tard qu'il se dirigeait vers un coureur blessé pour une evacuation.
Avant l'arrivée au lac, je vois en face des coureurs. Ils viennent de faire le tour du lac et se dirigent
vers le refuge de Manganu.
Enfin le lac. Toujours aussi magnifique et on rejoint le GR20 emprunté une semaine auparavant.
Je me retrouve en terrain connu. Le ravitaillement se présente en plein cagnard.
Les pozzines
Le lac Ninu
Des bouteilles d'eau et de cocoa mais chaudes. Il y a une source juste au dessus qui permet de se rafraîchir.
Pour remplacer mon eco tasse je me découpe le fond d'une bouteille d'eau.
Départ ensuite vers la bergerie de Vaccaja sur une partie très roulante : la plateau de campotile,
ce qui me permet de rattraper du temps par rapport à la moyenne envisagée et même d'en gagner.
Les chevaux du lac Ninu.
Devant la bergerie, une terrasse de bar avec le même personnage vu une semaine plus tôt son verre de
ricard toujours à la main.
Direction le refuge de Manganu, que l'on voit de la bergerie juste en face.
J'arrive au refuge avec l'intention de remplir mon camelback d'eau, mais la source est asséchée.
Il fait de plus en plus chaud et j'attaque le morceau de bravoure, la montée vers la brêche :
700 m de D+ sur 3km dans un univers dès plus minéral avec le point culminant du GR20 à 2250 m
d'altitude.
Je monte difficilement en compagnie d'un groupe de 3 autres coureurs.
Au milieu de la montée, une petite source, avec des bénévoles pour nous la signaler et pour nous servir.
Une aubaine.
On entend au loin des supporters avec des cloches de vaches et leurs encouragements.
La brêche apparait au dessus.
Je dépasse un coureur arrêté avec une casquette de Kikourou. Nous echangeons nos
pseudos comme de coutume quand deux kikoureurs se rencontrent.
Il est à bout de souffle, et s'octroie une petite pause avant de repartir.
J'arrive enfin à la brèche, km 40, à 15 heures soit exactement 4 km/h de moyenne.
Il me reste 3 heures, avant la barrière horaire de 18H00,
pour faire 12 km dont 6 km de descente.
Je suis on ne peut plus confiant.
L'incontournable photo de Bocca Al Porte avec le Lac Capitello et le lac de Mello.
Le début de la descente, que je connais, est très difficile, et le port de deux bâtons
n'est pas là pour ma faciliter la tâche. D'ailleurs sur le GR20 je ne les avais pas.
J'arrive au passage de descente en corde, où j'avais déjà eprouvé quelques difficultés.
Une envie subite me prends de balancer mes bâtons dans le vide.
Je ne sais pas vraiment comment les tenir, face à la paroi en tenant la corde dans les mains.
Arrivée ensuite au croisement du GR20 qui continue vers le refuge de Petra Piana
et de la descente vers la Restonica.
Le début est très raide avec une corde pour nous aider. Je descends difficilement cette partie pour tomber
sur deux bénévoles qui m'indiquent la direction à suivre au milieu de gros blocs de pierre.
En bas de ces blocs j'ai du mal à me repérer et perds du temps pour retrouver la bonne trace.
Les bâtons me gênent toujours autant, j'ai du mal à me répérer avec le peu de balisage
(j'ai pris l'habitude du GR20 et ses balises tous les 50 m) et j'éprouve beaucoup de difficultés
à descendreau milieu de ces gros blocs de pierre.
Je me fais dépasser par Bert, qui s'est octroyé une petite sieste,
et qui s'est refait une belle santé.
Pour ma part, ce n'est pas la grand forme, avec des débuts de crampes.
La descente n'en finie pas, on traverse une cascade avec une magnifique vue sur la vallée.
J'attends désespérement une partie plus roulante qui ne viendra pas..
Enfin le ravitaillement du km 46 que je rejoins à 16H30 soit 6 km de descente en 1H30.
Je suis toujours dans les temps mais je pensais me faire un petit matelas dans
mon exercice préféré : c'est raté.
Je suis bien exténué. La ravitailemment est plein de coureurs en piteux état.
Je me ravitaille bien en eau et en solide et essaie de récupérer physiquement.
Je demande aux bénévoles, d'une gentillesse inouie, comme sur tout le parcours, le temps qu'il faut pour atteindre le point suivant :
la barrière horaire et la configuration du terrain.
Ils m'annoncent 40 minutes avec un terrain en descente.
Je jeur demande, si la descente est à l'image de celle que l'on vient de faire.
Il me disent que non.
Je me prends une pause de 20 minutes avant de repartir.
Il me reste 1h10 avant la barrière horaire.
Malgrè une traversée de rivière et quelques gros blocs de pierre, le chemin est bien plus roulant.
La surprise concerne le profil, il y a bien de la descente mais aussi quelques montées.
N'ayant pas amené la recharge de ma montre GPS, je n'ai pas d'indication de distance et je vois le temps défiler sans apercevoir la moindre ravitaillement.
Le chemin en balcon surplombe la route et j'attends avec impatience le moment où on plongera vers elle.
Je me fais dépasser par une coureuse, bien plus alerte que moi.
J'essaie de courir dans les parties en descente et je commence à ressentir des crampes monter au niveau des cuisses.
A plusieurs reprises je m'étire et je repars en alternant marche et petites foulées.
Toujours auucn restaurant en vue, et je me dis que que c'est la permière fois que je vais me faire éliminer par une barrière horaire et cela pour quelques minutes.
A force de flirter avec elles il fallait bien que cela m'arrive. Il est 18H05. Le départ de 05H00 étant décalé de quelques minutes, la barrière est-elle reportée aussi ?
J'entends enfin des applaudissements : c'est la fille qui est devant moi qui doit arriver au ravitaillement.
J'arrive à mon tour en haut d'une côte où je devine en bas le ravitaillement au bord de la route avec ses bénévoles qui applaudissent.
J'arrive enfin à leur hauteur. Je leur demande si c'est OK pour la barrière : ils me répondent que oui.
Gros ouf de soulagement.
Après un ravitaillement de quelques minutes je repars allégrement sur la route en descente.
Doume, le serre-file, m'indique que la suite du parcours passe par le chemin qui s'elève dans la montagne.
Il me montre le sommet que l'on doit atteindre 700 m plus haut sur 3 km.
J'avais lu dans la présentation de la course que l'on avait le choix entre le chemin des mulets et le chemin des coupes.
Je demande à Doumé une explication.
Il m'indique que le chemin des mulets monte en pente plus ou moins douce avec de longs allers et retours alors que le chemin des coupes permet par endroits d'aller droit dans la pente.
Je lui dit que je choisi dans hésitation de faire la mule.
Je n'ai plus de barrière horaire devant moi, mais en voyant le dénivellé qui m'attendsi et ma fatigue générale je me dis que je ne suis pas arrivé au bout de mes peines.
On attaque doucement la montée avec Doumé qui me suit.
Je m'octroie deux ou trois petites poses, à cause de mes crampes, malgrè une pente pas trop raides.
Doumé est en contact par Talkie Walkie avec la direction de course et les autres ravitaillements.
J'apprends ainsi qu'un coureur est arrivé quelques minutes après moi au dernier PC et qu'il est donc hors course.
Il prends malgrè tout la décision de continuer. Le directeur indiquant que s'est à ses rsiques et périls, que son dossard doit lui être retiré et qu'il ne sera pas classé.
Ce coureur nous rattrape quelques minutes plus tard et nous dépasse à vive allure en disant qu'il s'entraîne depuis 3 ans pour cette course, qu'il est dégoûté de ne pouvoir être finisher.
Je me demande comment il a pu gérer sa course vu la vitesse à laquelle il monte en comparaison de ma vitesse ascensionnelle.
Deux autres serre files nous rejoignent bientôt. je me retrouve avec trois coureurs scotchés derrière moi et obligés de se caler sur mon rythme.
Il en profitent pour ramasser les rubalises. Ils parlent entre-eux la plupart du temps en Corse. Je n'y comprends rien et je me demande s'ils ne se moquent pas de moi.
D'autant plus que je me vois confronter à un problème d'évacuation de ma vessie.
J'ai une terrible envie de la vider, toutes les 10 minutes, mais pratiquement rien ne s'évacue.
Au bout d'un moment, pour ne pas embêter mes suiveurs, je ne m'arrête plus que toutes les 20 minutes.
Je rattrape un couple dans la montée, la femme à l'air blessée.
On arrive bientôt au bocca di e Capellace et ensuite au plateau d'Alzu pour un ravitaillement dans une bergerie au bout de deux heures de montée.
3km en 2 heures : belle moyenne.
L'accueil est des plus chaleureux. Le kiné est malheuresement parti depuis un moment.
Dommage pour mes crampes.
On se ravitaille copieusement en prenant notre temps.
On repart à trois, moi et le couple qui vient de Bastia et qui découvre avec ravissement la montagne Corse.
Un couple de bénévoles de la bergerie, dont un des deux est toubib, nous accompagne avec leur chien
sur une partie de la descente.
Ils mettent une sacré ambiance dans le petit groupe.
Leur chien n'arrête pas de faire des allers retours avec une aisance incomparable et me donne le tourni.
Il reste maintenant 12 km de descente entrecoupés de quelques petites montées.
On attaque un chemin en descente au milieu d'une forêt.
Le chemin est très roulant et je retrouve un peu mes jambes ce qui me permet de me remettre à courir.
Le couple Corse est plus en jambes et je les vois s'éloigner.
La dernière place est pour moi.
La nuit se met à tomber dès qu'on se retrouve dans les gorges du Tavagnano.
Le paysage à l'air magnifique.
Doume indique notre possition régulièrement au directeur de course à l'arrivée. je me dis que Sonia va ainsi être tenue au courant de ma progression.
Pour le repas au restaurant à 21H00 s'est en tout cas raté.
Oh surprise, on rattrape un autre coureur.
Il a quelques difficultés et je le distance. Les 3 serre files restent avec lui et je me retrouve seul dans la nuit avec le groupe de 4 à 100 m derrière moi.
Au bout d'une demi-heure, le coureur repasse devant moi et s'éloigne rapidement. Cette fois je suis certain je vais être dernier.
On arrive bientôt au dernier ravitaillement. La personne qui le tiens indique aux serre file que les derniers, sont de plus en plus en forme au fil des années.
Un compliment qui me va droit au coeur.
On arrive finalement dans les abords de Corte, des bénévoles m'attendent, et on se retrouve à une petite dizaine à entrer dans Corte,
Les bénévoles m'encouragent et je franchi enfin la ligne d'arrivée au milieu de tous ces bénévoles.
Ca a du bon d'être dernier. Il est 23H40 j'ai mis 18H32 pour faire 68 km à la vitesse moyenne de 3,67 km/h.
Je m'assois et une bénévole m'apporte un sandwitch et une bonne bière Pietra.
Pas de Sonia ni de Maribel.
Je les appelle au téléphone, aucune réponse.
Je me vois mal repartir à pied vers notre hôtel à 0H00. Surtout qu'il n'est pas tout prêt.
Sonia et Maribel me rejoignent bientôt. elles m'attendaient sur le parcours dans Corte et n'ont pas mangé.
Le restaurant ce sera pour le lendemain matin.
Visiblement les bénévoles qui m'accompagnaient m'ont fait gagner quelques dizaines de mètres.
Je vais remercier Doume qui a été sensationnel comme tous les bénévoles de cette course.
Maribel sur le 33 km a fait un podium dans sa catégorie. Bravo !!!!
Après une bonne nuit de sommeil, quelques longueurs dans la piscine de l'hôtel et quelques minutes
dans le jacuzzi me font le plus grand bien.
En résumé :
J'aurai l'occasion de poser un mois et demi plus tard, lors du GRP, avec le vainqueur : Dawa Sherpa :
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4 commentaires
Commentaire de diegodelavega posté le 16-10-2012 à 16:04:35
Bravo et très beau récit ... très belles photos ... ça donne envie ! Merci beaucoup
Commentaire de Jean-Phi posté le 16-10-2012 à 16:26:25
Super chouette, merci pour la ballade !
Commentaire de map-o-spread posté le 16-10-2012 à 16:52:46
j'y étais également, c'était juste magnifique, mais très très dur aussi; le parcours est difficile et la chaleur n'a rien arrangé
Commentaire de Aiaccinu posté le 19-10-2012 à 11:26:41
J'étais sur le 33 et j'ai souffert !
Avec ton ( magnifique )récit, j'ai souffert avec toi ! Il est très beau et bien imagé.
L'expérience des serre-file, je l'ai vécu dans le Ventoux et j'ai bien compris ce que tu veux dire.
merci pour cette lecture
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