L'auteur : sapi74
La course : AravisTrail - 42 km
Date : 16/6/2012
Lieu : Thones (Haute-Savoie)
Affichage : 3041 vues
Distance : 51km
Objectif : Terminer
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Samedi 16 juin 5h00.
Le réveil sonne, je n’ai pas trop de mal à me lever, j’ai plutôt bien dormi. Un bon petit déjeuner comme je les aime: pain, beurre, miel, fromage, pâte d’amande. Je mange assez car le départ est à 9h30 j’aurais largement le temps de commencer ma digestion.
Je finis de préparer mon sac et prend la voiture direction Thônes gonflé à bloc, je sais que la journée sera dure, ce que je ne sais pas encore c’est qu’elle sera aussi longue… très longue.
7h30 Thônes
Je retire mon dossard; très peu d’attente et des bénévoles souriants et efficaces, les cadeaux d’inscription sont un t-shirt en coton pas très beau et une bouteille d’Évian (sa change du trail du Ventoux où c’était un t-shirt technique et une bouteille de vin pour le même prix…).
Je monte ensuite dans le bus qui doit nous conduire au Bouchet Mont Charvin lieux du départ et fais la connaissance de Jean Phi avec qui j’avais dialogué un peu sur le forum au sujet de la course.
On discute sur le trajet il m’explique que lors du débriefing de la veille l’organisation avait indiquée que, comme convenue sur le site internet, la montée à la Tournette ne serait pas possible en raison de la neige encore présente, et qu’ils avaient réalisés un parcours bis avec le même dénivelé mais que le kilométrage serait plus proche des 50 kms que des 42 kms.
" le nouveaux tracé"
On pense tous les deux pouvoir le faire entre 8h et 9h. (On était jeune et insouciant)
Arrivée sur les lieux de départ; on apprendra que le départ est retardé à 10h en raison d’un débalisage sauvage. Déjà on s’imagine la montée à Praz Dzeures en plein cagnard et on grince un peu des dents.
10h top départ
Enfin! Je pars tout doux je vois Jean Phi qui part devant; je n’essaye pas de le suivre. Les premières sensations ne sont pas super: les jambes un peu lourdes et je suis un peu essoufflé alors que le cardio n’est pas très haut. Le manque de fer découvert lors de mon dernier don du sang n’est peut être pas étranger à cela.
Après une première petite montée, on attaque une descente assez boueuse et glissante, ensuite on attaque la première difficulté de la journée : la Tournette, amputée de son sommet puisque l’on coupera dessous à partir du refuge de Praz Dzeures.
Je commence a retrouvé de bonnes sensations. Je rattrape un peu de monde dans cette montée. Je double Jean Phi qui me dit souffrir un peu, on ne se reverra malheureusement plus. J’essaye de bien m’hydrater mais ma boisson est déjà bien chaude. A chaque point d’eau je m’arrose la tête et les avant-bras pour éviter le coup de chaud.
"et oui c'est tous la haut que l'on monte"
La montée est bien raide, ce qui me convient plutôt bien. Et la vue magnifique: j’aperçois le Mont Blanc au loin.
Arrivée au Praz Dzeures j’entends un bénévole annoncer l’arrivée du 115e. Je me sers un verre d’eau au passage: ça fait du bien de boire quelque chose de frais.
Ensuite on attaque une traversée sous la Tournette pour repasser un petit col et attaquer la descente qui est très raide et technique.
Je me sens bien j’envoie un peu dans la descente (ce que je regretterais plus tard), les cuisses chauffent un peu, j’essaye de ralentir mais sa chauffe autant que quand je cours… alors je ne me retiens pas trop.
J’arrive enfin au bas de la descente et on attaque aussitôt une belle petite montée qui me casse les jambes. Je sens à ce moment là que j’ai un peu trop forcé dans la descente.
"le belle descente de la tournette"
13h30 col du Marais
J’arrive au premier ravito, j’ai très envie de boire du gazeux. Ma boisson plus que tiède commence à m’écœurer. Je mange pas mal de chose salée: ca passe bien. Je bois du coca coupé avec de l’eau, de l’eau gazeuse avec du sirop de citron.
Je remplis ma poche à eau. J’ai bu 1,5l jusqu’ici je ne mets pas de poudre dedans je me dis que ce seras moins écœurant comme ça.
Mon portable sonne. C’est ma mère qui m’appelle pour me demander comment ça c’est passé?…….. « Euuuuh ben je t’appelle quand je suis arrivé………. »
J’en entends quelques uns qui abandonnent déjà ici, je ne traine pas trop, je repars.
13h40 montée a Sulens.
Pas de plat, on attaque directement la montée suivante. Au début, pas trop dur, puis de plus en plus pentu. Je continue à me tremper la tête et les bras dans tous les bassins que je croise, la chaleur est étouffante. Je sens que je suis en train de cramer sur la nuque; je retourne ma casquette pour pouvoir être protégé par la visière en sachant qu’il est déjà trop tard.
Mes cuisses donnent quelques signes de fatigues mais c’est gérable. Par moment c’est des véritables murs qu’il faut grimper. Mais ce seras pire plus tard….
Je passe la première bosse je descends doucement je veux économiser
mes cuisses. On est au milieu de champs plein de fleurs, c’est beau comme tout.
J’arrive vers des bénévoles et leurs demande a combien de km de l’arrivée on est, car avec tous ces changement je ne sais plus trop où j’en suis. En fait en km, ils ne savent pas trop. Mais ils m’indiquent qu’il faut monter a une ferme, que l’on voit plus haut, ensuite il y a encore un raidillon avant de basculer sur Manigod.
Je visualise la ferme, c’est haut mais pas trop. Le chemin pour y monter n’est pas très agréable: pleins de gros cailloux et surtout il n’y a pas d’ombre… J’ai chaud, j’ai la tête qui tourne, j’ai du mal à m’alimenter comme je le devrais. Il y a un petit ruisseau: je me passe la tête dessous ça me fait du bien: la tête tourne moins.
Je reprends ma montée, quand j’entends crier au sommet de la montagne en face de moi. Je lève la tête et aperçoit une file de personnes en train de monter un véritable mur.
«Ohhhh put…. De bor… de mer… C’est pas possible!!!… ils vont pas nous faire passez la haut!"
"dré dans l'pentu je vous dit"
Et bien si…..
J’arrive doucement au pied de cet arête j’essaye de me concentrer, je me dis: c’est comme pour remonter l’arête de l’Aiguille du Midi: il ne faut surtout pas s’énerver, un pas après l’autre.
Petit à petit je monte, à un moment je m’aide même des mains pour grimper. Je sens des débuts de crampe dans les cuisses: j’essaye de gérer pour ne pas qu’elle se déclenche.
" la même vue du bas"
Il y a une main courante au sommet, je m’en sers pour me tirer. Oufff! Ca y est, j’y suis! Je m’allonge 2 minutes, je reprends mes esprits et essaye de décontracter mes cuisses.
16h45 sommet de Sulens
J’attaque la descente en marchant, mes cuisses sont toujours douloureuses. Puis petit à petit ça passe je peux recommencer à courir, quand mon portable sonne…. C‘est ma mère …: « Alors ça c‘est bien passé?…. » « Euuuuh ben je cours encore là…. »
Je me refais une petite santé je recommence même a avoir faim et soif, sauf que j’ai plus d’eau.
Je passe devant une ferme, en espérant y trouver un bassin, mais rien. Plus bas, il y aura un ruisseau où je tremperais ma tête comme d’habitude et je ne pourrais m’empêcher d’y boire un peu.
Arrivé au col de la Croix Fry, il y a un ravito en eau dont je ne connaissais pas l’existence, mais qui tombe a pic. On m’annonce 11km avant l’arrivée et 5 km avant le ravito de Manigod.
Après avoir refait le plein en eaux, je continue la descente vers Manigod. Les cuisses vont beaucoup mieux, je cours pratiquement tous le long sans avoir l’impression de forcer. Le sentier sur la fin est un peu boueux, il faut faire attention.
Tien mon portable sonne, c’est mon beau frère…: « Alors …. Comment ça c’est passé ????? »
« Ben c’est en train de ce passer là, je cours toujours……… »
18h15 ravito de Manigod
Juste avant d’arriver, il y a un bassin, cette fois je plonge carrément la tête dedans, ça fait toujours autant de bien. Arrivé au ravito, c’est une vraie hécatombe: il y a pleins de coureurs qui ont abandonné, qui sont assis par terre où couchés dans l’herbe.
Je m’alimente un peu. Il y a un magnifique reblochon qui coule a souhait sur la table de ravito. Mais je n’oserais pas en prendre; ce sera pour le ravito d’arrivée.
Je demande aux charmantes bénévoles combiens il reste; elles m’annoncent 7km pour 500m d+.
Je sens bien que je suis quand même bien entamé, mais je me dis qu’il serait trop bête de m’arrêter si prêt du but, alors je débranche le cerveau et je repars.
Et ça attaque « dré dans l’pentu » comme on dit dans la Yaute. Et ça n’arrête jamais, on dirait un km vertical, il n’y a jamais de pause, ça grimpe sans cesse.
Mes cuisses ce rappellent à mon bon souvenir et les crampes font bientôt leurs réapparitions. J’essaye de gérer pour ne pas qu’elles se déclenchent, mais cette fois rien à faire, je n’y arrive pas. Je suis obligé de m’arrêter 4 fois, pour essayer de les faire passer. Mais dès que je repars, ça recommence, ça descend même sur le tibia, je ne peux plus plier la cheville….
J’essaye de m’asseoir pour récupérer, mais cette fois ça en déclenche d’autres au niveau des hanches. Je me relève vite et repart.
Je n’en voie pas le bout. Quand tout à coup la forêt s’éclaircie un peu, ça y est le sommet est là. Je vois des bénévoles et une ambulancière qui, en me voyant marcher comme un zombie, comprent tous de suite que je souffre de crampes.
Elle me dit de bien boire et de m’étirer (qu’est-ce qu’elle croit que j’ai fait toute la montée…). Elle m’indique que le sommet est 30m plus haut, j’y vais et arrive à m’asseoir sans déclencher de crampes.
Je récupère doucement. Je téléphone à Elodie (ma femme), pour lui expliquer ou j’en suis (elle m’attend sur la ligne d’arrivée depuis le milieu
de l’après midi et il est 19h30) et dans quel état je suis.
Je bascule doucement sur la descente en marchant. Je n’est plus de crampe mais très mal aux cuisses à chaque fois que je dois me freiner.
Je reçois plusieurs sms d’encouragement, Elodie a rameuté les troupes pour m’encourager.
J’essaye de courir un peu et ça ne fait pas plus mal que quand je marche alors autant souffrir le moins longtemps: c’est décidé je cours.
Petit à petit mes cuisses se dénoue quelque peu; j’arrive à courir presque normalement.
Cette descente est encore très raide. Ce trail restera dur jusqu’au bout.
Tien mon portable sonne ….. C’est ma mère….: « Tu es arrivé???? »
« Oui presque …… »
Je commence à entendre la sono de la ligne d’arrivée: ça me regonfle le moral.( je téléphone à Elodie pour lui dire que j’arrive bientôt). Puis le sentier devient un chemin forestier, qui en sortant de la forêt devient un route goudronnée, qui débouche sur Thônes. Un spectateur me dit que la ligne d’arrivée est 50m derrière l’église qui est a 500m a peine.
Ca y est, je traverse Thônes sous les encouragements des passants, et j’aperçois enfin cette ligne d’arrivée. j’aurais mis 2h15 pour faire les 7 derniers km!!!!!!
20h23 ligne d’arrivée.
Je m’arrête au niveau d’Elodie pour lui faire un bisou. Axel, notre fils de 9 mois, qui est dans ces bras, me gratifie d’un magnifique sourire.
Allez 25m et c’est fini je recours et voilà je franchie la ligne en 10h23mn.
Sur les 246 inscrits seul 108 arriverons au bout, je termine à une honorable 70e place.
Bilan: une belle course, très exigeante, que l’on ne doit surtout pas sous estimer. Mais quel pied de passer la ligne d’arrivée d’une telle course.
J’écris ce récit 2 jours après et j’ai encore mal aux cuisses.
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5 commentaires
Commentaire de Arclusaz posté le 19-06-2012 à 23:01:45
et t'as pensé à rappeler ta mère ?
en tout cas bravo !!!
Commentaire de sapi74 posté le 20-06-2012 à 08:40:45
ouuups je savais bien bien que j'avais oublié quelque chose :).
Commentaire de Jean-Phi posté le 20-06-2012 à 10:22:55
Pas encore eu le temps de faire le mien, de CR mais tu as tout dit ! Pour moi les crampes se sont déclenchées au moment de la douche. A un endroit où je ne pensais pas pouvoir en avoir (mais non gros dégueulasse !! ^^) : juste au dessus des quadriceps ! Du jamais vu ! C'était dur quand même cette course. Quels bons moments ! Ravid e t'avoir connu et bravo pour ton temps et classement ! Récupère bien surtout !
PS : C'est 270 partants pour 106 arrivants... Ca calme !
Commentaire de sapi74 posté le 20-06-2012 à 13:48:23
ravi de t'avoir rencontré egalement. c'est sur que c'était dur mais on pouras dire a nos petits enfants: l'aravistrail 2012 j'y était.
Commentaire de totoro posté le 20-06-2012 à 13:53:22
Dédiou, rien qu'en te lisant, j'en ai eu mal aux cuisses ! Bravo pour avoir fini une telle épreuve et merci pour le récit !
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