L'auteur : les machine-gônes
La course : Trail de Valloire Galibier - 20 km
Date : 22/8/2010
Lieu : saint michel de maurienne (Savoie)
Affichage : 3115 vues
Distance : 20km
Objectif : Se défoncer
Partager : Tweet
10 autres récits :
Fin août 2010 : Le site « Kikourou » vole en éclats sous les coups de boutoirs des hackers, le climat se dérègle, le gulf stream charie des harengs morts et les machine-gones disparaissent dans le néant. Hasard, coïncidences ? Est-ce que c’est la terre qui tourne à l’envers, ou bien ?
Oui, souvenez-vous, le bel été 2010, les grimpettes homériques des « machine-gones » ! C’est alors la toute récente acquisition du zoo. Un couple de supposés rongeurs avide de victoires (faciles) et de gloire. On les laisse vagabonder parce qu’on les croit inoffensifs…. Mais certains déjà ont cru déceler en eux quelque chose ! Quoi ? On sait pas vraiment.
On sait pas trop… non. Car, cette saison-là, il faut le reconnaître : malgré les espoirs placés en eux par tout un peuple, les machine-gones n’ont pas toujours été à la fête.
Bref historique :
Francheville trail : début juin 2010, une accélération toute aussi fantaisiste que funeste de la musaraigne à mi-course, persuadée qu’elle est que passer la première à mi-parcours, lui fera automatiquement gagner un lot à la fin – ceci en dépit des sollicitations maintes fois réitérées du muscardin de chasser cette idée saugrenue et de ralentir un peu l’allure – place les machine-gones en situation des plus pénibles.
(Sur cette image la musa, à bloc, vient de prendre la tête des féminines. C'est très bien. Sauf que c'est juste la mi-course)
Dans la même course, la volonté assumée de ne pas toucher une goutte d’eau malgré les 35° à l’ombre pour ne pas s’alourdir, dégrade un peu plus le bilan des machine-gones.
Fin juin 2010, autre course, nouvelle épreuve, le MG ne voit pas pourquoi il faudrait courir pour s’échauffer alors qu’il y a justement 20 km à se taper ensuite : hélas, la montée directe sur le col des sauvages s’avère délicate à encaisser. La musaraigne s’en sort, à peine marquée, mais pas le muscardin.
(Après le col des sauvages, on voit un MG très marqué, ici à la lutte pour empêcher un V3 opportuniste de lui fausser compagnie)
Début Juillet, non loin de St Genest-Malifaux, les forézien(ne)s profitent que la musaraigne a encore 3g d’alcool dans le sang de la veille pour lui dicter leur loi.
Dans le Roannais, pour avoir une chance d'avoir sa photo le lundi à la Une du Progrès, il faut s'entraîner à courir plusieurs fois par semaine sur des terrains de foot jardinés à la mode "Promotion d'Honneur Départementale"...
A la mi-juillet, dans le Roannais, la MG ne voit pas en quoi 3 semi-marathons de pleine nature dans la même semaine n’est pas le rythme le plus indiqué pour assurer des podium. Le rappel à la réalité est cruel. Ramassage par la moto-balai pour le muscardin éclopé et ventre mou du classement pour musa.
Eté 2010 : Les MG volent de défaites en défaites. Le podium d'Amplepuis n'est plus qu'un lointain souvenir...
A la déroute de Lespinasse s’ajoute bien vite la déconfiture de la Christollaise dans l’Oisans où les MG sont traînés en ridicule par des isérois en pleine réussite. Ce camouflet s’enchaîne avec la désillusion de Vouglans où des jurassiens euphoriques n’hésitent pas à approfondir encore le traumatisme des MG, allant jusqu’à distribuer les prix pendant que musaraigne et muscardin sont encore sous la douche. Dans cette course la musaraigne part en roulé-boulé dans un single forestier un rien abrupte et manque de finir sans dossard.
A Vouglans, le MG est à nouveau dans le "dur" ; la MG de son côté travaille la procédure de sécurité préconisée par Voladolent, une procédure très technique, et surtout très controversée, dite "arrêt d'urgence sur sortie de route en sous-bois"...
En août, les MG sont nargués par un duo de cadets qui les supplante dans la dernière montée de leur « objectif majeur – le Chalam la Pesse » (Cf. récit Inchallam la pesse).
Balayés du Nord au Sud, piétinés de l’Est à l’Ouest… bientôt raillés même par les savoyards ? Les MG sont au plus bas. Bien sûr, entre piqures d’insectes la veille d’un grand rendez-vous et des parcours de courses « moyennement bien adaptés à nous », ce ne sont pas les raisons valables et les circonstances atténuantes qui manquent pour justifier les lacunes en place d’honneur notamment du côté masculin des machines-gones. Néanmoins par un effet inespéré, cette série de déboires et de déconvenues provoque une prise de conscience : « il faut changer quelque chose ! » Immédiatement, la musaraigne qui vient d’achever la lecture d’un magazine féminin suggère une première initiative : « Humm, pourquoi pas la marche afghane ? ». Elle poursuit : « J’te lis. Le principe : Dans un premier temps, on travaille sur un terrain plat afin de réapprendre à respirer uniquement par le nez. De cette façon, on absorbe un air plus pur qui permet une meilleure oxygénation des cellules et une dépense énergétique réduite, indispensable pour les longs trajets. Une fois le rythme de base maîtrisé (inspirer sur trois pas, retenir sur un pas), on peut appliquer cette technique lors de randonnées à la montagne ou dans le désert, mais aussi pour parcourir de grandes distances en ville et laisser la voiture au garage. Stage de 7 jours à partir de 680 € ». En entendant le prix, le MG se réveille soudainement : « Non, mais c’est quoi ce truc pour tortues octogénaires poussives ? ». Il s’insurge : « Non, il nous faut du radical ! Du RA-DI-CAL ».
Aussitôt, les machine-gones décident d’annuler leur participation prévue pour la ronde des sapins à la fin du mois et débutent une formation intensive, autonome et surtout gratuite à la Féclaz en lieu et place (On sait, c’est au même endroit, on nous l’a déjà dit. Mais c’est pas à la même date, bande de gros malins). Cette décision n’a aucun rapport avec la nécessité de se mettre au vert après le soir où les machine-gones ont fait buggué le site de kikourou en marquant sur leur fiche qu’ils couraient pour préparer la révolution, ceci depuis le bureau de leur tata qui est haut-gradée dans l’armée et dont le poste informatique ultra-sécurisé est surveillé par les renseignements généraux, la CIA et ce qui reste du KGB...
Bref, peu importe, ce qui compte c'est que c’est là, sur les traces de Dawa Sherpa que le couple de présumés rongeurs croix-roussiens a décidé de construire sa légende.
Dans un premier temps, les MG se rendent en pèlerinage à la Croix du Nivolet.
Ils prennent le parti de s’équiper : bâtons d’ultra pour faciliter la montée ; et pour améliorer la récup’ : les fameux bas de contention ultra-branchés. Certes pas donnés, mais au diable la varice !
Puis sur leur chemin de la Croix, le muscardin demande aux vaches sacrées du Revard à être placés sous leur protection bienveillante. Après avoir longtemps parlementé, elles acceptent.
Le lendemain, alors que les MG sont perdus dans le brouillard, un troupeau de vaches apparaît brutalement et pose une ligne continue de bouses en forme de flèche pointée vers le chemin du retour. Un premier signe.
Selon les préceptes de Norman et du Goéland, les MG s’efforcent d’attaquer toutes les descentes les plus techniques exclusivement sur la pointe des pieds. C’est un massacre mais qu’importe.
Dans la descente qui plus est, les MG croisent des lamas (ce qui est très rare dans les Bauges – et même en Maurienne), ils y voient un autre signe.
Mais ce n’est pas encore assez. Et voici, les MG en route vers ce vaste pierrier à ciel ouvert encerclé par la mer, ce céleste tas de cailloux où les polyphonies se chantent à plusieurs, cette terre de cascades et de buissons ardents dont aucun conquérant – excepté peut-être une douzaine de nations diverses et variées – ne sut jamais se rendre maître… Oui, c’est sur « l’Isula Bella » comme la nomment les autochtones, que les MG se mettent en chasse des plus impraticables des sentiers, ceux où jamais la main de l’homme ne posa le pied de l’âne – et vice versa. Et parmi les parcours qui rejettent l’étranger comme le cochon sauvage rejette les bogues de châtaigne, ils sélectionnent les chemins les plus hostiles et les cailloux les plus inhospitaliers pour le bâton du trailer ; tout cela mus par un seul objectif : Apprendre à courir là où courir ne se peut pas ! Il ne faut voir dans le double fait que la musaraigne raffole des figues fraîches et que la Corse en est gavée en cette saison qu’une pure coïncidence.
Une musaraigne qui pense manger des figues à midi est une musaraigne qui peut aller loin !
Autant le dire tout de suite, c’est surtout là, sur ces chemins mauvais, arides et chaotiques, où l’arbuste et la rocaille le disputent à la crotte de bique, que le MG alors âgé de 7 à 10 ans, muni seulement d’une Tongue à demi démembrée, a fait ses premières armes de trailer. Et c’est dans les réminiscences de cette enfance lointaine mais glorieuse que le muscardin puise aujourd’hui sa force surnaturelle, celle-là même qui lui permet parfois de signer des chronos déroutants comme cette 80e place sur 90 partants, conquise récemment dans l’Oisans. Clairement ce sont ces exhalaisons de maquis, ces puissances telluriques venues des temps immémoriaux que le muscardin géant entend maintenant faire partager à sa compagne insectivore, afin qu’ils nourrissent leurs âmes et leurs corps, les fortifient, les rendent invulnérables.
Riez si vous voulez, mais de l’épine au rocher, on retrouve les MG qui s’éprouvent et s’emploient. Au troisième jour, alors que le duo file sur un chemin de crêtes l’eau vient peu à peu à manquer. Transpirante, slalomant entre les cairns, la musaraigne soupire : « Ici c’est bad water presque tous les jours ». Honnêtement, c’est très exagéré. Mais plus bas, tandis que les épineux dessinent un labyrinthe, surgit dans un corridor d’aiguilles vives un sanglier gros comme une vache. Et là, ce n’est pas du tout exagéré. Stupeur, changement de cap. Les machine-gones prennent enfin un vrai rythme de compétiteurs.
Puis, doucement, les senteurs aromatiques absorbent la musaraigne qui se délecte du parfum des immortels, laisse envelopper sa narine frémissante dans les effluves de romarin. Et tout en trottinant gaiement elle dit : « J’aimerais bien courir avec une pierre dans chaque main ». « Pour simuler le portage des bâtons ? », demande l’ingénu muscardin, ravi de ces ambitions neuves et fièrement déclarées. Mais Musa ne simule jamais et la réponse fuse : « Non, juste au cas, si on croise un sanglier ». Cependant, pas d’affolement inutile : le marcassin et sa reum ont mis les bouts. Les machine-gones ne sont plus en danger.
Une fois rassurée, la MG reprend : « Tu sens le romarin ? ». Le MG vient justement d’enlever sa chaussure pour s’ôter des cailloux. Il n’est pas bien sûr de reconnaître les herbes parfumées. Par contre le paysage autour, qu’est-ce que c’est beau !
Le lendemain, au raz des mers, sous le cagnard qui cogne au sentier des douaniers, la sueur nous brûle un peu partout. Le front des falaises est brouté par le vent. Peu d’ombre, ni place pour se cacher. L’écho de nos pas fatigués fait détaler le lézard en zigzag sous toutes ses déclinaisons. Décampent aussi, sur les tracés arides, le croc de la veuve noire et le dard du scorpion tapi sous son galet. Mais pas le piquant du chardon, trop malin, qui griffe nos mollets. Le bras qui traîne d’une ronce, négligemment s’échine sur nos échines mal protégées. Ouille ; merci pour la chatouille. Et les pierres roulantes agacent nos chevilles lorsqu’elles viennent les buter (« buter » – en particulier tout ce qui bouge, c’est dans cette contrée une tradition séculaire qui s’étend jusqu’aux pierres). Aïe, cet environnement nous maltraite.
Enfin une petite combe ombragée : l'occasion d'accelerer. Mais attention aux piquants et aux insectes hostiles!
Jusqu’à un certain point, on le dit pas, mais on aime bien. Pourtant, on a beau chercher à se faire envelopper du flux d’énergie emmagasinée par cette terre depuis que les fils des âges farouches et les peuples de la mer l’occupaient, c’est surtout la chaleur par vagues qui s’affirme en compagne obstinée.
Voilà encore les MG lancés dans une folle cavalcade...
Misère, le pied du muscardin : le voici tout enflé ! Derrière ça racle et ça bute. La musaraigne, elle dit : « c’est une belle fin pour une chaussure de trail de finir éventrée tout près du GR 20 ». Mauvais sort, mauvaises pierres ! Scraaaatch encore, un peu plus tard : il faudra agrandir le corbillard des souliers égorgés. Car c’est celui du machine-gone qui a trouvé tranchant à sa mesure sur un caillou buté. Oh Silex, nous te faisons prière : « Toi qui est taillé pour faire des étincelles, épargne nos chaussures, elles sont faibles et n’ont fait de mal à personne. Puis nous en avons besoin, nos pauvres orteils de MG désonglés sont si tendres et si fragiles encore ». Hélas, à y regarder de près, il faut croire que le silex est sourd.
Et là, le lecteur incrédule se demande : « Mais quel rapport avec le trail du Galibier ? »
En fait, de la Capitale des Gaules à l’île de Beauté, il existe un itinéraire où il n’y a pas d’autoroutes à payer, ça passe par les Hautes Alpes et le col du Galibier pour être précis ; où y avait une t’ite course juste au bon moment. Alors on se l’est faite, comme ça pour déconner. Même qu’on a rencontré des futurs amis qui nous ont reconnu sur le parcours « Les Machines Gones ! Oh Les Machine Gones ! ». La célébrité quoi. On a mangé avec nos frères kikoureurs, Alain et Béné, et c’était bien sympa. Y avait aussi Laure Pion, la championne de ski escalade, qu’est un peu une idole pour Musa. Ah oui et sinon, bah on avait fini sur le podium, mais la musaraigne, elle est repartie chercher ses lunettes de soleil tombées dans le sprint final, et ça avant de remettre son dossard à la table d’arrivée et évidemment ils en ont profité pour nous faire une entourloupe et placer deux duos de militaires devant nous sur la feuille du scratch. On l’a bien pris, vu qu’on est pas revanchards et qu’on n’est pas du genre à courir pour les prix, mais quand même on s’est dit qu’on les dénoncerait, à l’occase. Là, justement c’est l’occase.
Ci-dessus : Le trail du Galibier, un truc qui plaira surtout aux touristes....
Mais au fait, qu'est-il arrivé aux machine-gones ?????
Et sur quel chemin s'est placé leur destin ? Telle est la question...
Accueil - Haut de page - Aide
- Contact
- Mentions légales
- Version mobile
- 0.08 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !
10 commentaires
Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 23-10-2011 à 22:57:10
Youpi Tic & Tac sont vivants ! Au plaisir de lire vos récits gotlibesques et autres aventures !!
Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 23-10-2011 à 23:38:49
Super chouette le récit! Et moi aussi j'aime les rubriques à brac :-)
Au plaisir de vous voir un jour dans les A.M , ici aussi y'a de beaux terrains "de jeu" et pas "de tir" ( y'a plus de milis ici), reste juste quelques bunkers
Commentaire de l ignoble posté le 24-10-2011 à 10:05:19
mais elle a pas pris des cuisses,la machine gone girl? on dirait de beaux jambons de bayonne...........
Commentaire de les machine-gônes posté le 24-10-2011 à 19:04:45
Faux : la musaraigne grimpante est un rongeur insectivore, naturellement hypertrophié des membres postérieures...
Commentaire de Jean-Phi posté le 24-10-2011 à 11:25:12
Je me suis régalé ! Encore !!!!
Commentaire de fk_isere posté le 24-10-2011 à 20:52:21
Que c'est bon de vous retrouver! Des stars de la convivialité, on en redemande!
Commentaire de les machine-gônes posté le 25-10-2011 à 10:38:14
Ah Goeland, merci et tu tombes bien... On voulait justement savoir s'il était temps de penser à prendre des gants ?
Commentaire de golf 38 posté le 25-10-2011 à 11:21:53
Quel plaisir de pouvoir se délecter à nouveau de votre prose si riche en humour décalé ... ça fait un bien fou par les temps qui courent !!!! n'ayant plus de récits " made in Machine-gônes" à se mettre sous la dent je m'étais fait à l'idée que vous aviez arrêté la course à pied, que vous vous étiez mis au VTT thermosphérique, à la plongée en apné dans le rhône ( faut avoir envie !), au point de croix ... que sais je ? mais non heureusement , vous revenez encore plus fort mettre la paté à tous ces trailers trop sur d'eux !
Quel bon souvenir que ce Trail de Valloire en duo, ce repas partagé avec vous sous le chapiteau ..... une petite bulle de bonheur dans cette vie pas toujours tendre .... en espérant vous revoir sur une course un de ces jours , amitiés, alain (sans Béné ...)
Commentaire de DROP posté le 25-10-2011 à 11:54:39
Il est juste excellent ce récit. MERCI
Commentaire de the dude posté le 25-10-2011 à 14:29:26
Ah il a mis du temps à venir mais il est vraiment très très bon celui-là!!!
Entre la prose hilarante et inspirée, et les chouettes photos (pas uniquement celle du bouc et du lama, je précise) c'est du lourd.
Mais ne nous laissons pas aveugler par la forme et gardons à l'esprit le message essentiel de ce récit: ils sont venus, ils ont perdu, ils se sont super-entrainus et maintenant ça va ch** grave!!!
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.