Récit de la course : Marathon de Berlin 2011, par bubulle
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Le récit
Troisième objectif majeur de cette année pour moi, le marathon de Berlin. Deuxième marathon de l'année, après Paris (mais Paris était un objectif jumelé avec l'EcoTrail, le défi étant alors plus d'enchaîner les deux).
Donc, clairement, mes intentions ici étaient de descendre mon record sous les 3h40 (réalisées l'an dernier, dans de bonnes conditions, à Val de Rueil). Berlin étant réputé comme roulant et, bien propice à performance car, même si le nombre de coureurs est très élevé (au delà de 40000), la largeur du parcours et l'organisation parfaite sont des facteurs de succès.
Seul ombre au tableau, une petite blessure début août, à la cheville, en faisant l'andouille en mode trail de montagne.....sur le GR2, en...vallée de la Seine! Résultat, une préparation plutôt cahotique avec un mois d'août passé à préserver la pauvre cheville victime de ce qui était assez probablement une petite entorse.
Malgré tout, j'ai gardé cet objectif et c'est avec lui en tête que je suis venu à Berlin. C'était planifié en mode "vacances en couple" avec ma chère moitié non coureuse qui suit avec abnégation son zinzin de Christian. Nous sommes donc arrivés largement en avance, le jeudi, afin de pouvoir faire un peu de tourisme, ce qui vous avons fait consciencieusement. Evidemment, ça n'aide pas à préserver les jambes, les visites de musées ou les balades à pied dans les quartiers berlinois. Mais, bon, on ne va quand même pas venir dans une si belle ville et l'ignorer totalement.
Le samedi matin avant la course, nous sommes allés au "Breakfast Run" au chateau de Charlottenburg. Si vous lisez ce CR en préparation d'une visite future à Berlin, je vous recommande DEFINITIVEMENT de faire ce Breakfast Run. C'est très festif, sur un peu moins de 6km, en 45 minutes, avec tous les pays représentés, des déguisements, de la bonne humeur, bref une excellente mise en jambes. Et quel bonheur de terminer *sur le stade olympique de Berlin*, d'en remonter les tribunes et globalement de partager un excellent moment avec les coureurs du monde entier présents sur cette course un peu incontournable pour un marathonien acharné. L'expo pré-marathon était un peu moins passionnante, mais obligatoire puisque c'est là qu'on retire les dossards. Un peu comme à Paris, mais en plus géant. Le seul intérêt était en fait d'être à l'ancien aéroport deTempelhof, fermé en 2008. Cela donne un peu l'impression d'être dans les années 50 (j'allais dire "les années 30", mais ces années, à Berlin, sont à oublier) dans cet aéroport "à l'ancienne". A part cela, l'expo est une foire commerciale géante et j'ai même été déçu par les stands des autres courses, bien trop commerciaux (me manquaient les zinzins de la Trace du Loup ou les ch'tis du stand des 20km de Maroilles).
Tout cela nous amène à la course proprement dite. Le départ, déjà, est une organisation parfaite. Une convergence vers une très grande zone de départ, avec zone d'habillage/déshabillage bien balisée et organisée....des blocs de départ bien balisés eux aussi...des toilettes en nombre conséquent. Contraste saisissant avec le bordel certes très joyeux, mais tout de même très bordélique, qu'est un départ de marathon de Paris.
J'avais signé pour le sas 3h30 mais me suis en fait trompé de bloc d'entrée et me suis placé dans le bloc F, celui des 3h45. J'ai en fait été trompé par la présence de meneurs d'allure 3h30 dans ce bloc, je pense. Cela dit, ça s'est avéré être une bonne idée car je me suis du coup retrouvé dans la deuxième vague de départ, à 9h10, alors que le bloc 3h30 partait à la suite des précédents.
Résultat, après faufilage, j'étais au départ environ sur le dizième rang, à même pas 20 mètres de la ligne officielle. Gros avantage : les premiers kilomètres se font avec très peu de monde devant et surtout pas de coureurs lents à dépasser (si vous avez fait le MDP, vous savez de quoi je parle : les gros malins qui se mettent dans le 3h30 avec un temps de 4h...on passe la rue de Rivoli à les dépasser et à slalomer).
Là, la Strasse der 17. Juni est presque aussi large que les Champs....et elle fait plus de 2km de long! Résultat, sur tous les premiers kilomètres, on est très au large et on ne se met pas en survitesse à dépasser.
L'objectif était donc de tenir les 5'07" au kilo. Normalement jusqu'au bout, mais je savais bien que ça allait être dur. Surtout que le beau temps était là et que la chaleur allait probablement monter assez vite. Le départ est à 9h du matin mais, longitude de Berlin oblige, cela correspond facilement à du 10h à Paris. Et là, on annonçait 23°C dans la journée...
Bref, départ dans les temps et le rythme, sans survitesse, tout va bien sur les 5 premiers kilomètres atteints en 25'31". Les 5 suivants voient un tout petit faiblissement que je n'ai en fait pas détecté car ma montre GPS me donnait toujours un rythme de 5'07 environ. En fait, le décalage était dû au décalage de mesure du GPS qui, ici, mesurait des kilomètres plus courts...effet classique sur un parcours très rectiligne (alors que c'est usuellement l'inverse sur un parcours complexe...je laisse aux passionnés de géométrie le soin de comprendre pourquoi...).
Bref 5-10 en 25'54" mais je me sens toujours très bien. On a passé le Reichstag, fait un coucou à Angela et on entre dans l'ex-Berlin-Est. Que de grandes avenues jusqu'à AlexanderPlatz (elle-même très immense), ça commence à tirer un peu. Pas de signe de bobos ou crampes mais le sentiment de n'en n'avoir plus trop sous la pédale. Donc, 10-15 en 25'55".
La traversée du Kreuzberg se fait sans trop de vrais soucis, juste, latente, cette impression de ne pas être totalement capable de maintenir ce rythme très longtemps. On tourne pourtant toujours sur du 5'10", avec juste 2 minutes perdues au km 20 pour remplir la gourde (0,8l engloutis en 17 kilomètres) et m'escrimer à mettre les Overstimeries dedans. Grosse erreur que d'emporter la poudre Hydrixir dans un sac plastique à côté du téléphone portable. Heureusement que c'est un brave vieux Palm qui résiste à tout, y compris aux platras de poudre sucrée additionnée de vraie sueur humaine. A votre avis, qu'aurait fait un iPhone dans ces conditions, hein?
Au final, le semi est atteint en 1h50 et quelques. Ça va être dur de battre le record car dans l'état où je suis, je me vois mal faire un negative split.
Vaille que vaille, ça continue jusqu'au km 28. Les 15-20 ont été faits en 26'41" (mais probablement autour de 25' si on décompte l'arrêt glouglou) et les 20-25 en 25'44".
Oui, mais voilà, les Berlinois n'ont pas oublié de mettre un mur sur leur marathon (on n'en n'attendait pas moins d'eux). Les cochons, par contre, ils l'ont déplacé du km30 pour le mettre au 28: et bing, je me le prends pleine face le mur. Tout d'un coup, plus d'énergie et de volonté. Le moral à zéro, je me dis qu'il reste un p..... de 1/3 de marathon et que je vois mal comment je vais le faire. Pas nécessairement que j'ai des signes de crampes ou autres bobos, mais juste une fatigue générale envahissante.
En plus, à partir du km 25 environ, on est loinloinloin et c'est l'endroit où il y a le moins de spectateurs et d'encouragements. Certes, c'est largement supérieur à ce qu'on voit à Paris, mais quand on a un peu regardé le parcours, on sait bien qu'après avoir passé sous le S-Bahn à Innsbrucker Tor, on va partir tout loin dans les faubourgs et qu'il faudra bien en revenir..:-)
Bon, donc, ne pas s'affoler, y'a coup de barre, on va anticiper sur l'alimentation et attaquer les gels que je garde en général pour la fin (et que souvent je ne prends pas à la fin, vu que j'arrive au dégoût du sucré). Là, conscienscieusement, je m'alimente (hors ravito, j'ai toujours tout sur moi), je bois bois bois....le deuxième bidon de 800ml va descendre encore plus vite que le premier.
Finalement, à partir du 32ème kilomètre, le moral revient. On est sur Hohenzollendamm, on est en train de revenir direction le centre, ça sent l'écurie et, finalement, malgré le coup de bambou, j'ai maintenu du 5'20"-5'25". Du coup, ça repart un peu et mes kilomètres repassent sous les 5'20". Juste une petite pause au km 34 pour mettre un SMS à ma chère et tendre qui doit m'attendre au km37. Petite bagarre avec le téléphone qui était dans la même poche de ceinture que la réserve d'Hydrixir...laquelle s'est un peu répandue dessus et a un peu coagulé avec l'humidité. Il est immonde, le Palm, mais j'arrive à composer un SMS qui dit "km34"!
Et c'est reparti sur Kurfüstendamm. Là, c'est bien, on l'a fait hier à pied, donc je connais.... Petit passage pas loin de la gare Zoo, sur Tautzienstrasse des deux côtés des travaux du métro, marrant. J'ai bien fait hier de repérer, du coup je suis resté côté droit et j'ai du faire 10 mètres de moins que les autres..:-). WittenbergPlatz, on est au 36. Va falloir que je commence à guetter ma très chère. Se mettre à droite, elle devrait être vers le tourne à gauche de Bülowstrasse. Résultat, je fais tout le virage à l'extérieur, la tête bien haute....mais, personne. Déception. Du coup, petit coup de blues et la vitesse retombe vers les 5'30" aux 37 et 38.
Révolte après avoir vu la montre afficher 5'30". Ah non, je ne vais PAS encore lentement m'écrouler sur les derniers kilomètres, pas question. Et ça repart sur du 5'20"-5'25" vers PostdamerPlatz, mais les jambes sont quand même bien lourdes. Cela dit, toujours pas de signe de crampes et je continue à bien boire (je sais ce que ça fait quand ça pète dans les cuisses, voir mon compte-rendu de la Trace du Loup 2010).
Quand même, entre le 39 et le 40, elle est fichtrement longue, cette Leipzigerstrasse. A Postdamer Platz, on était à hauteur de la porte de Brandebourg, juste un peu plus au sud, pourquoi on n'y va pas tout droit, hein? :-). Ah c'est sûr que ça serait plus un marathon, du coup. Donc cap à l'Est et on s'éloigne, et on s'éloigne..... C'est pas peu dire que je l'attends avec impatience ce tourne-à-gauche qui va nous ramener à Gendarmenmarkt puis Unter den Linden.
Enfin le voilà et, juste derrière, le tapis de contrôle du km40. Youpi...km40, là c'est vraiment l'écurie. Ça pousse, ça pousse dans le public, y'a plus qu'à "voler" (en rampant un peu...) vers l'arrivée.
Zou, Gendarmenmarkt, les deux églises, un bout de Französiche Strasse où quelqu'un braille "Allez la France"...Charlottenstrasse et, ENFIN, les tilleuls! Unter den Linden, la porte de Brandenbourg au fond, y'a pas à dire ça fait quand même un peu d'émotion, tout ça (j'imagine ceux qui ont fait ça pour la première fois en 1990). Et hop, l'arche du 41 et là, surprise....ma chérie est là sur le bord, je la vois, elle me voit, elle hurle....elle rate sa photo, mais ça y est, je suis dopé, y'a plus qu'à foncer...:-)
Bon, j'ai vraiment l'impression de me traîner en fait, mais quand même gros coup au coeur en passant la porte même si je croyais que le km42 était juste dessous (en fait, il est 200m après, donc il reste 400-500m après la porte). Grosses tribunes, bruit des spectateurs un peu assourdissant mais c'est bon nouzivoilà.
Hop, chrono et.....3h44'50". Yahou, je suis resté sous les 3h45! Deuxième temps sur marathon officiel....et dernier kilomètre en 5'08". En fait, c'est grâce à ma chérie, tout ça...:-)
Après l'arrivée, c'est allègrement moins le bazar qu'au MDP même si on attend quand même assez longtemps debout pour les médailles. Comme d'habitude sur les marathons allemands, pas de t-shirt de finisher (du moins pas qui soit gratuit, mais un ravito par contre super-bien organisé (et toute la pelouse devant le Reichstag pour s'étaler au soleil).
Bon, au final, je suis bien content de ma course. Je n'avais pas les conditions pour faire un record : préparation trop perturbée dans les dernières semaines, fatigue générale trop importante. Mais, même dans ces conditions, j'ai pu tenir les 5'07" pendant toute la première moitié et je ne me suis finalement pas trop écroulé sur la fin. Cela malgré ce gros coup de blues au km28....
Ce sera donc sur un prochain marathon que le retenterai un record. L'an prochain, ce sera un peu plus dur car il faut que je case clui de printemps assez loin de l'Ecotrail, donc vers fin mai...et il peut faire chaud! En automne, cela risque d'être le Médoc et celui-là est moins propice aux records (du moins aux records de performance).
On verra bien : tout cela sera une autre histoire.
5 commentaires
Commentaire de aymeric posté le 03-10-2011 à 15:11:34
Super récit! Et effectivement, c'est pour préparer un futur déplacement à Berlin en 2012... je note donc pour le breakfast run ;o)
Bonne récup' surtout... et bonne chance pour ta chasse aux records!
Commentaire de Pierrot69 posté le 03-10-2011 à 19:44:13
Bravo à toi pour ta course! Ce marathon est vraiment magique et même si j'y suis déjà allé 2 fois je sais que j'y retournerai un jour. Les derniers km, l'allée des tilleuls, la porte de brandebourg, le public génial et le charme de cette ville chargée d'histoire, de quoi vivre en effet de grandes émotions...
Commentaire de elbrubru posté le 04-10-2011 à 22:18:57
Félicitations bubulle pour cette belle course... j'ai moi aussi lâché un peu l'attention et le rythme à partir du km 28, sans raison aucune.
A bientôt !
Commentaire de Arclusaz posté le 17-10-2011 à 08:55:08
Bravo, "zinzin de Christian". Belle course et faire rimer athlétisme et tourisme, quoi de plus naturel !
Commentaire de Denis NERET posté le 05-10-2020 à 08:50:07
Super récit : on s'y croirait !
Bravo pour tous ces détails.
Un marathon à faire absolument !
Sportivement.
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