Et bien voilà, une année s'est écoulée depuis ma bêtise de l'année dernière à vouloir courir coûte que coûte ce marathon malgré ma bonne périostite qui me lançait encore bien mais, quand j'ai quelque chose en tête...Seulement voilà, l'arrêt qui s'en est suivi en a du coup été bien long, certainement à cause de ça... 3 mois complets! Un petit jogging en Novembre pour tester mais la douleur sous le tibia est toujours présente et le constat implaccable s'impose que ce n'est pas encore le moment pour reprendre.Je profite de la semaine de vacances entre les fêtes pour tester à nouveau. Un premier jog tranquille, ça va! Puis un deuxième tout aussi tranquille, ça va encore. Youhouuu, je vais enfin pouvoir reprendre doucement.... de zéro!Entre temps, j'ai essayé de comprendre mes erreurs, lu pas mal et mieux compris certaines notions de l'entrainement.Je vais donc me forger un peu d'endurance en courant à tout petit rythme pendant quelques semaines.J'en profite aussi, chaque fois que je peux, pour faire des sorties en ski de rando, pour le plaisir bien sûr, mais également pour ne pas trop solliciter à nouveau ma périostite. Celle-ci n'est maintenant plus qu'un mauvais souvenir et, mi-février, je commence peu à peu à mettre un plus de rythme dans mes séances; quelques côtes, un peu de vitesse au seuil mais pas encore de fractionnés.Je n'ai pas encore trop décidé des courses que je ferai cette année. Pas beaucoup, c'est sûr, et je n'ai que moyennement envie de retenter un marathon tout de suite même si cela reste bien sûr dans un coin de ma tête.Mais voilà qu'un soir de Février mon téléphone sonne et la voix tremblante de mon ami à l'autre bout et la terrible nouvelle qu'il m'annonce me saisit!Quelques semaines plus tard lorsqu'il me dira qu'il s'est à nouveau inscrit pour Berlin, une nécessité, un exutoire, je ne peux que lui répondre que je serais présent à ses côtés et que l'on courra pour son étoile partie bien trop tôt...A partir de maintenant j'ai un but, un objectif et surtout une motivation sans failles. Je monte crescendo en intensité tout en continuant à forger mon endurance.Une petite coursette nature de 10km fin Mars sur mon terrain d'entrainement me montre le chemin restant à parcourir. Ce n'est pas brillant mais tout cela est bien normal avec le peu de travail spécifique effectué.Une autre fin Mai dans laquelle, là-encore, je craque un peu après 7km courus à un rythme soutenu mais ça commence à revenir.Pour le plaisir et pour l'endurance je fais deux courses nature de 25 et 35km avec un peu de dénivellé presque coup sur coup. La deuxième est un peu laborieuse mais les bases sont de nouveau là et maintenant la préparation sérieuse du marathon va pouvoir se faire.J'ai le temps, je suis un plan sur 12 semaines, 4 séances par semaine pour un objectif de 3h30.Le plan se déroule bien. Les séances s'enchainent. Des séquences de soutien à bonne allure, c'est plaisant et grisant en plus d'être utile!Fin Juillet, c'est le milieu d'un premier bloc de 3 semaines. Je suis à Londres pour quelques jours de vacances. Sortie au seuil dans Hyde Park, puis une sortie longue en cumulant Regent's Park et Hyde Park. Il fait beau, je me sens étonnemment bien, je me laisse un peu griser, encore une semaine dure et ce sera plus cool.De retour sur Lyon, séance de VMA, cette fois-ci je n'ai plus la forme, il fait chaud et je termine avec une douleur au tendon d'achille. Les deux séances suivantes me confirment que une nouvelle fois je suis en train de me blesser!Arghhh, le spectre de l'année dernière revient, je stoppe pendant 10j et emploie les grands moyens, glaçage, semelles, huiles essentielles. J'en profite pour aller nager et faire des abdos et autres exercices de PPG. Quand je reprends, la douleur semble avoir complètement disparue mais finalement je la sens un peu au bout d'une petite heure. Maintenant de toute façon je n'ai plus vraiment le choix il faut finir le plan en faisant attention de pas aggraver la tendinite.Et finalement le deuxième bloc de 3 semaines se passe plutôt bien, cette petite coupure ne m'a pas trop gêné.Les 2 dernières semaines plus cool avant le marathon me permettent de bien reposer mon tendon et je ne sens d'ailleurs plus rien. Ouf! Espérons que cela tiendra sur la distance...Nous voilà donc au départ de cette course avec Olivier, lui n'a également pas pu s'entrainer comme il le voulait à cause de son boulot. Nous nous donnons alors un peu de marge. Moins de 3h40 et si possible 3h35.Le temps est ensoleillé, plus chaud que l'année dernière et il ne fait absolument pas froid en T-shirt sur la ligne de départ. Ce n'est pas très bon signe mais nous verrons bien.
Le départ donné, nous franchissons assez rapidement la ligne en 2'30" et le premier km est couvert en 5'19". J'accélère un peu pour nous mettre dans le rythme et dès les kms suivants sous sommes dans bien dans la course.
Après 5km (25'25"), Olivier me dit de lever la tête et, que vois-je, nous sommes cernés par les ballons des meneurs 3h30 que je n'avais pas remarqué jusque là, concentré à trouver mon équilibre respiratoire. Aïe ne partons nous pas trop vite? On décide de les laisser filer un peu et de ne pas les suivre.
Au 10ème km (50'45") les ballons sont à peine à quelques encablures. Dur dur de se freiner. Premier check-up, tout va bien, Olivier me dit qu'il se sent étonnemment bien et qu'aujourd'hui c'est notre jour. Je suis un peu plus dubitatif. Mon cardio est plutôt élevé, le rythme me semble facile mais je ne me sens pas complètement relaché. Le point positif est que je ne sens pas du tout la tendinite.
15 ème (1h15'34") Je profite de l'ambiance géniale sur les bords, la ballade est agréable. Mode tourisme activé.
Semi en 1h45'57", nous voyons toujours les ballons à quelques centaines de mètres. Tous les voyants sont au vert mais j'ai toujours cette petite appréhension d'être parti trop vite, nous sommes bien en avance sur notre plan de marche.
J'essaye de ne pas penser au chemin qui reste à parcourir. Et pour ça, les animations sur le bord sont sympas pour s'évader. Les groupes de percussions, les sambas brésiliennes mettent le feu et rythment notre course.
Gebré en a terminé...
Vers le 28ème Olivier doit trouver que mon allure fluctue un peu trop et il me conseille de suivre le rythme d'une jeune femme qu'il trouve très régulière. En effet, nous la suivons sur plusieurs kms et elle nous emmène, sans le savoir, dans son wagon.
Mais vers le 35ème (2h56'34") elle marque un peu le pas, je me mets à son niveau, l'encourage un peu puis nous continuons sur notre lancée. Je commence à être usé. Jusque là je n'avais compté les kms qu'en positif et là je commence à me dire «plus que 7». Je prends un dernier gel, le troisième seulement.
Les 2 kms suivants commencent à être un peu dur, il fait chaud, je doute pouvoir tenir cette allure jusqu'au bout mais nous arrivons malgré tout à conserver celle-ci.
Km 38, la tête commence vraiment à flancher. Je demande à Olivier qui a l'air bien de faire son finish et envisage de terminer en roue libre. Il m'encourage, je tiens, essaye de faire le bilan, pas de crampes, pas de problèmes particuliers, juste que j'ai un petit passage à vide. Il est temps de décabler les capteurs et s'imprégner de pensées positives pour se remotiver!
Km 39 Olivier est passé devant. Il croit accélérer mais finalement c'est plus un maintien du rythme. Je suis toujours... J'engloutie un gel «red tonic» que j'avais pris au cas où. Zut, je n'ai pas fait gaffe qu'il n'y avait pas d'eau... j'en suis bon pour 1 km avec la bouche pateuse...
Km 40 (3h22'27") le verre d'eau avalé (enfin, 1/4 dans la bouche, 3/4 sur moi ) je sens l'écurie. J'ai envie d'en finir et d'en découdre. Je passe Olivier et accélère. Dans ses yeux je lis son étonnement, il me pensait cuit et prêt à me lacher et voilà maintenant que je prends les choses en main.Je regarde la montre, nous déboulons sur «Unter den Linden» à un peu plus 13km/h. La ligne droite qui s'annonce est majestueuse!
Km 41 Passage sous l'arche du dernier km, nous avons du boucler celui-ci en un peu moins de 4'35". J'accélère encore!
Dernier km, j'ai envie de cette libération, je me sens des ailes, je cours comme un gamin dans une cours d'école essayant d'échapper à son poursuivant. Passage sous la porte de Brandebourg, je choisi ma ligne pour éviter les coureurs à la peine.
La machine est prête à exploser mais ces derniers mètres sont jubilatoires, j'accélère encore! Olivier serre les dents derrière, il s'accroche, il me traite de fou mais au fond de nous on se marre de cette gaminerie!
Le Cardio s'affole un peu!
Nous passons l'arrivée ensemble lancés comme deux furies et au bip libérateur tout s'arrête. Je marche, je me marre, je regarde ma montre 3h32'48" (44" officiellement). Whaou! quel pied!!!
Si j'avais pensé pouvoir finir comme ça! Nous récupérons notre médaille en même temps que notre respiration se calme. La joie est bien là et je ne me sens pas si fatigué que ça!
Nous nous dirigeons tranquillement vers l'aire de massage, récupérons nos affaires et une bière (sans alcool!) au passage et allons nous délasser en attendant notre tour et en savourant celle-ci sous un franc soleil.
Après-midi tranquille à flâner un peu dans les environs puis un joli tour touristique et culturel de Berlin le lendemain, à pied, en bateau sur la Spree ou en sauts de puce de métro pour ne rien louper de Berlin et terminer comme il se doit ce merveilleux we.
Le Château «Sans Soucis» à Potsdam
Une Façade Typique
Je me suis abstenu de courir cette semaine malgré l'envie d'y retourner mais... mon inscription pour la SaintéLyon en solo vient de partir! Une première pour moi!
4 commentaires
Commentaire de Pat'jambes posté le 27-09-2009 à 22:40:00
Bravo à tous les deux et merci pour ce récit.
Préparant un marathon (plus que 3 semaines...) je l'ai lu avec attention! J'espère avoir votre pêche à l'arrivée!
Encore merci, bonne récup' et bonne SaintéLyon.
;-)
Commentaire de Berty09 posté le 27-09-2009 à 23:53:00
Bravo les gars, très sympa ce p'tit tour à Berlin avec toutes les valeurs de la course à pied...solidarité, abnégation, vaillance et même gamineries.
Commentaire de CROCS-MAN posté le 28-09-2009 à 15:30:00
Bravo pour ton chrono et merci pour ton récit bien sympa.
Commentaire de JK42 posté le 12-12-2010 à 22:52:00
moi qui m interrogeait sur mon prochain marathon (mon deuxieme), tu me donnes envie d'aller faire un tour a Berlin. Récit bien écrit, et très sympa.
Bravo à vous deux.
JK42
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