L'auteur : Pierrot69
La course : Les Aventuriers du Bout de Drôme - 100 km
Date : 14/5/2011
Lieu : Crest (Drôme)
Affichage : 4404 vues
Distance : 100km
Objectif : Terminer
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Arrive enfin ce week-end que nous allons passer en famille pour ma part et avec nos amis JP et sa femme qui nous ont trouvé une magnifique petite maison à louer dans le village de Saou. Arrivant après l'heure de remise des dossards, c'est JP qui me récupère le mien ainsi que le bâton lumineux de sécurité. Il ne reste déjà plus que quelques heures avant le départ. Nous mangeons copieusement un plat de spaghetti bolognaise. Je vais payer ma gourmandise...
Quelques heures de sommeil à peine puis c'est le réveil à 2h du matin. Nous nous préparons sans bruit pour ne pas réveiller la maisonnée puis direction l'espace Soubeyran pour le briefing de départ. J'essaye de ne pas trop cogiter, je suis là pour profiter de toute façon !
Sortie du gymnase, il ne fait pas froid du tout, je redoute à nouveau la chaleur. Et voilà, c'est enfin l'heure d'y aller. Les organisateurs nous accompagnent pour les 2 premiers km jusqu'à la sortie de Crest et puis c'est parti pour l'aventure. Ça commence tranquillement sur une montée en monotrace que l'on fait à la queue-leu-leu. Il faut dire que nous nous sommes naturellement placés en arrière. Bon, premier constat, j'ai trop mangé hier soir et j'ai une barre au milieu du ventre, c'est malin !
Malgré tout, ça ne me gène pas trop, le rythme cool aidant. La nuit n'est pas trop sombre, ma frontale éclaire royalement le sentier et nous nous élevons peu à peu en dominant la vallée du Rhône au loin. Après la montée de Ourches nous nous laissons glisser doucement jusqu'au premier ravito de la Baume Cornillane. Je n'ai plus mes temps de passage, mon FR305 ayant définitivement rendu l'âme après cette course, mais je crois que nous sommes vraiment très proche de ce que j'avais estimé. Mince, pas de Coca ici, j'aurais bien aimé pour calmer mon ventre qui me travaille encore un peu... Tant pis, je refais le plein d'eau et nous repartons en direction de Barcelonne. Celui de la Drôme, hein, pas l'autre ! Entre temps, le jour s'est levé et l'antenne à laquelle nous monterons tout à l'heure nous nargue sur notre droite.
Encore une section bien sympathique, la fraîcheur matinale est idéale pour courir, les pentes sont régulières et le rythme me convient bien. Nous avons finalement bien trouvé notre place dans le peloton. Voilà déjà un semi-marathon et je me fait la réflexion que jusque là tout va pour le mieux. Une fois la bosse passée nous redescendons par un monotrace sur Barcelonne. La fin est étroite et caillouteuse, je laisse un peu d'espace pour ne pas me tordre les chevilles, JP me précède avec 2 féminines et un autre coureur. Quand le sentier débouche sur la route, je ne les vois plus et pars tout droit mais derrière on m'interpelle pour me signaler qu'il ne faut pas plonger sur le village mais remonter ! Ah oui, tiens mais du coup où sont passés mes acolytes ? Je monte jusqu'au ravito en espérant les retrouver mais non, il faut se rendre à l'évidence ils ont fait l'erreur eux aussi. Bon, ils n'auront pas long à faire avant de s'en rendre compte, j'ai du coup un peu de temps pour me restaurer et souffler. Après mon 3ème coca, voilà en effet JP qui arrive suivi des 2 filles qui semblent un peu dégoûtées de leur erreur. De mon côté, mon ventre commence enfin à me laisser un peu tranquille et je me sens toujours aussi bien. 3H48' de course à ce point, coïncidence ou pas, cela correspond exactement à mon estimation d'avant course !
Nous repartons maintenant pour la longue montée qui va nous mener jusqu'à l'antenne relais. Des relais justement je n'en prendrais pas sur cette partie car le rythme est plutôt bon et je redoute de me mettre dans le rouge dès maintenant. Au ¾ de la première partie alors qu'elles avançaient fort jusque là, les filles font la pause. Nous passons avec JP et continuons l'ascension. Je crains de ne trop en faire mais franchement ça va vraiment bien. Le sentier débouche dans un pré qui va nous mener jusqu'à la crête et la partie sommitale de toute beauté nous laisse admirer toute la vallée de la Drôme avec en fond de paysage ces 3 becs qui nous attendent.
Une fois l'antenne passée, c'est une descente escarpée et technique que nous abordons avec prudence. Les pieds en profitent pour s'échauffer un peu... En tout cas ces chemins sont superbes et vraiment j'adore pour l'instant ce parcours !
Plus nous descendons et plus la chaleur commence à se faire sentir. Nous entrons finalement dans le magnifique village de Cobonnes où se trouve un ravito avec là encore des bénévoles aux petits soins pour nous et il me faut bien du courage pour m'arracher de cette table où le saucisson n'arrête pas de me faire de l'œil :-)
Malgré tout nous repartons pour une longue portion sous le cagnard qui maintenant est bien installé. Déjà des signes de fatigue se font sentir pour certains. JP et moi prenons nos relais, chacun à notre tour, pour avancer et ne pas nous laisser prendre dans un faux rythme. Je trouve cette partie longue mais tout va encore très bien. Je pense surtout à bien m'hydrater comme je l'ai fait depuis le départ. Finalement, une ultime traversée d'un champs de blé et au sommet de la bosse nous arrivons à Mirabel et Blacons où sont venus nous voir nos femmes et enfants. Ça fait du bien de les voir, de partager ce moment là avec eux même si ils restent un peu en retrait pour ne pas nous faire sortir mentalement de la course. Nous nous donnons rendez-vous à Saillans. Ils n'auront aucun mal à y être avant nous !
La suite va être un peu plus compliquée. Le ciel se charge assez vite et tourne rapidement à l'orage. Nous avons juste le temps de passer la première difficulté, un beau chemin en sous-bois qui nous élève de 250m de D+, que l'orage éclate. En quelques minutes, la pluie glacée redouble de violence. Nous sortons fissa nos coupe-vents et attaquons la descente dans le sentier qui se charge d'eau. A ce moment là toute la partie en face derrière Saillans est prise dans la grisaille et les nuages, on ne voit plus les 3 Becs. Plus nous avançons et plus je me dis que la course va être neutralisée. Nous voyons Saillans mais nous ne sommes pas sûr de la difficulté qui nous attend. Nous n'aurons toutefois pas beaucoup à attendre puisqu'au pointage au pied de celle-ci le jeune bénévole réfugié à l'abri de la pluie dans sa voiture nous annonce la douloureuse. Et effet, cette fois-ci plus vraiment de chemin, c'est dré dans l'pentu avec la terre qui n'absorbe pas l'eau et rend le terrain glissant. Je trouve cela moins drôle au niveau d'un passage en dévers à flanc de falaise avec ce sol boueux et glissant. L'erreur à cet endroit là serait fatale... Là, cette fois-ci j'en bave vraiment ! Surtout que nous passons au point le plus haut... Du coup, toujours sous la pluie qui maintenant s'est calmée nous entamons enfin la descente sur Saillans par un beau sentier en lacets. C'est dans un de ceux-ci que nous loupons sans doute une rubalise ou une marque et finalement il faut nous rendre à l'évidence que nous nous sommes trompés... Que faire ? Il nous faudrait remonter 200m de D+ pour retrouver le bon chemin. J'avoue que je n'en ai nullement l'envie... Nous continuons du coup la descente et arriverons dans Saillans pas l'autre côté. A priori nous ne serons pas les seuls à passer l'arche à l'envers :-)
Pour moi, ce petit cumul d'événements fait que dans la tête je n'y suis plus. Je sais qu'il nous reste entre 8 et 10h de course alors qu'on vient déjà d'en faire un peu plus de 11h. Alors même si ça ne va pas trop mal physiquement, je n'imagine pas repartir pour une telle durée, surtout avec le gros morceau qui s'annonce maintenant et le risque que le mauvais temps revienne. J'ai signé pour prendre du plaisir mais je ne suis pas préparé à en baver et là il faudrait que j'aille vraiment puiser au fond de moi pour continuer. J'ai aussi en arrière plan le fait que je vais démarrer un nouveau job cette semaine et je redoute de trop m'entamer. Sans regrets donc, je quitte la course. J'ai vraiment adoré cette première partie et pris beaucoup de plaisir et n'ai surtout pas envie de tout gâcher. JP lui est dans le mode finisher et il décide naturellement de continuer. Chapeau, car il en faut de la volonté pour poursuivre.
Nous le retrouverons à la nuit tombée au ravito de Saou. Les conditions auront en effet été bien délicates sur cette partie avec un nouvel orage dans les 3 becs et le vent froid qui s'en est mêlé. A ce moment là, je ne regrette pas mon choix, je sais que je n'aurais pas pris de plaisir sur cette portion. Alors tant pis pour l'aventure écourtée mais franchement je garde en moi une superbe expérience de course. J'ai eu l'occasion de faire celle-ci en binôme et en ayant pris beaucoup de plaisir alors vraiment tant pis si sur la feuille de résultats il est marqué « Abandon » en face de mon nom...
Je termine mon récit en remerciant vraiment tous les bénévoles qui ont été extras et bien sûr l'organisation qui nous permet de découvrir cette magnifique région. Je crois que j'ai mordu et il faudra bien que je revienne un jour pour admirer la vue depuis la laveuse...
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2 commentaires
Commentaire de ch'ti lillois d'vizille posté le 19-05-2011 à 16:12:00
Il faut une première, voilà c'est fait. Moi aussi j'ai arrêté à Saillans l'année dernière, et cette année aussi....mais je suis reparti sur le maratrail le dimanche avec de super sensations. Autant dire que l'on évolue.
Je suis sûr que tu y reviendras pour l'ensemble de l'organisation et des paysages.
Bonne récup' et bon job.
Commentaire de Arclusaz posté le 29-05-2011 à 22:03:00
sage décision certainement.
Il t'a sans doute fallu beaucoup de lucidité pour la prendre.
Mais, tout ça ne doit être que du plaisir, donc quand, pour une raison ou une autre, on n'est plus dans la course, il faut bâcher !
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