L'auteur : Jean-Phi
La course : Trail des Balcons d'Azur - 52 km
Date : 23/4/2011
Lieu : Mandelieu La Napoule (Alpes-Maritimes)
Affichage : 2912 vues
Distance : 52km
Objectif : Pas d'objectif
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Il y a déjà quelques temps que je sens que ça ne va pas. De la fatigue, certes, mais des douleurs un peu de partout et de moins en moins de motivation.
Ca a commencé, je crois, avec le défi vellave, course pour la quelle, je n'ai malhereusement pas pu accélérer. Je l'ai mis sur le fait que cette épreuve est un peu ma bête noire.
Puis vint l'UMS. Les adducteurs de plus en plus douloureux, un tendon qui se grippe quand il veut et c'est 6 montées dans la douleur que je réaliserai pour une même durée de temps qu'en 2010.
Qu'à cela ne tienne, je me rattraperai sur l'UTBA (ben oui, les sigles c'est à la mode ! ). En réalité, il n'en sera rien...
Nous partons, en famille, pour une semainde vacances à Mandelieu. Si je ne suis pas fan de la région et de son côté très surfait, j'adore en revanche ses paysages fabuleux, cette terre rouge, ce maqui si particulier et cette grande bleue, si enivrante, si belle. Je l'avoue, je suis là pour les paysages. Mais j'aimerais aussi reprendre le chemin du plaisr lorsque je cours et ça...
La famille ne viendra pas sur la course. Trop escarpé, trop inaccessible, trop tout. On se retrouvera donc à l'arrivée.
ma femme : "Tu comptes arriver vers quelle heure ?"
moi : "oh tu sais en trail...."
elle : "oui mais à peu près ????"
moi : "ben si tout va bien, 06h30 (même si je pense que autour de 06h00 sont réalisables quand tout va bien...), 07h00 si ça se passe pas bien ou plus ! (merde ce sera plus)
Ben voilà, c'est fait, j'ai un chrono dans la tête. Pfffff !!!!!!
RDV pour le départ 7h00 sur la plage du château. Je suis arrivé tôt mais la place commence à se remplir tout doucement. Je ne vois aucun kikoureur sinon DéB que je n'oserai pas aborder. Par timidité d'abord et puis je suis impressionné par l'athlète. Je ne vais pas aller faire mon kakou de kikou devant elle !
Je vois également Irina Malejonok, Sébastien Nain, Michel Verhaeghe. Ouah ! Ca risque de partir fort !!!!!
Top !!!! Ca part très fort. Je me suis mis un peu en retrait, pas envie de me griller tout de suite !
On commence direct dans la montée dans la Napoule, direction le maquis. Ca discute gentiment, ça chambre, tout va bien. Enfin, tout va bien... Pour les autres ! Parce que moi j'ai super chaud !!! Comprend pas : petit t shirt technique, sac à dos RLT E 10l, cuissard court, pas de manchettes, ) à peine 12 ou 13°.... Bizarre....
Toutefois, j'avance à peu près correctement. Les adducteurs grincent mais suivent, je passe la 1° difficulté avec le sourire et assez cool. Descente sur le 1er ravito, je suis annoncé 50°. Ca va.
On repart dans un décor absolument somptueux de vallons, nous traversons des rivières, je prends du plaisir à regarder le paysage à défaut d'apprécier réellement ma course. Je suis un peu inquiet car, je sens bien que mes sensations ne sont pas celles de d'habitude. Pas très faim, soif sans arrêt, je sature très vite dés que je prends un gel. C'est pas la joie. Je double néanmoins pas mal de coureurs, nous nous faisons rejoindre autour du 20° kil par les 1ers du 33. Ca avance fort ! Pour ma part, j'essaie de gérer mais ça y est la tête y est de moins en moins et le corps encore moins ! 2° ravito, j'ai la surprise d'être annoncé 35° !!!! Ca ne reflète en aucune façon mes sensations !!! Je vais le payer c'est sûr...
J'ai pas fait 2 bornes, boum 1° hypo. Je prends 2 gels coup sur coup, bois abondamment, marche. Ca passe, je repars, brumeux, je ne sais plus trop ou je suis. Ne comptez plus sur moi pour vous dire ou je me situe sur le parcours sinon que depuis que l'on monte (juste après le 2° ravito), la vue est passée de magnifique à superbe ! Un vrai régal pour les yeux et l'amateur de panoramas que je suis. Je n'ai malheureusement pas tellement la force de faire de photos. Je dois parer au plus urgent. J'avance de moins en moins, me fais doubler de plus en plus. Je vais bien, tout va bien...
Un ravito en + que ce qui était prévu en bord de mer, et l'on attaque la montée sur les petites et grandes grues. 2° hypo. Heureusement que j'ai refait le plein en flotte. Problème, le sucré ne passe plus. Mais alors plus du tout !!!
Je marche tant bien que mal, j'essaie de récupérer. J'ai maintenant d'énormes crampes abdominales de chaque côté et commence à être de moins en moins lucide ! Pour couronner le tout, les adducteurs se son rappelés à mon bon souvenir. Cool...
Passage des petites grues (ou grandes, je ne sais plus), ravito du 40. Je commets alors la plus grosse connerie que je pouvais faire ce jour là. J'essaie un nouveau truc. Le sucré ne passe plus, j'avise du coca et du gros sel. Mélange le tout et je bois. Je repars. Au bout de 50m dans la pente, je suis pris de nausées puis de vomissements terribles ! C'est pour moi une découverte. Vomir lors d'une épreuve, c'est que de la bile, c'est fort et ça fait mal. Pas bon, pas bon du tout tout cela...
Il y a belle lurette que je ne regarde plus ma montre. De toute façon, au nombre de personnes qui m'ont doublées, je m'imagine bon dernier...
Boum ! 3° hypo... Cette fois je n'en peux vraiment plus. Je suis tétanisé en pleine montée, je ne peux plus monter, pas plus que descendre. Je songe à l'abandon, je dois être à 9 kms de l'arrivée. Je m'assois dans la pente. Un coureur me dépassant me demande si ça va, que si je le souhaite, il peut rester (je dois vraiment faire peur à voir), un autre me demande si j'ai peur de conclure ! Ben non mais... Comment dire... Allez-y les gars, je vous rattraperai bien...
Je me relève au bout d'au moins 35mn (enfin je crois car je me suis même brièvement assoupi !) A noter pour le TOE, je peux m'assoupir en course !!
Je repars "gentiment" en marchant. La fin de course n'est, en dehors d'une dernière montée sur un DFCI, 3 kms avant l'arrivée, qu'une succession de pistes assez larges et peu intéressantes en rapport au reste du parcours. J'adopte la technique du "je trottine en descente, j'alterne marche et trot sur le plat et marche en montée". De toute façon... En voyant en contrebas, un château, je me dis que ça y est, j'en ai terminé. Je reprends du coup un peu du poil de la bête ! Mal m'en prend, crampe ! Ben oui, déshydratation + hypo = crampe, tout le monde sait ça mon vieux !
Hop, je marche et me décide à repartir en trottinant en direction de ce fameux château. Raté, c'est pas le bon, c'est un peu plus loin...
Un gentil garçon me dit : "ça va ? courage Monsieur, plus que 2 kms" Et d'annoncer dans son talkie : "coureur, t-shirt blanc, casquette blanche, attention, pas bien". Ah ! Ca se voit donc tant que cela !!!!
la fin de course se déroule sur la plage. Il y a bien longtemps que je ne regarde plus rien, je suis concentré sur le fait d'en terminer et je suis content de terminer. ;)
Je passe l'arche d'arrivée en 7h58, bien loin donc du temps que je pense pouvoir réaliser. Je suis dans le 2° tiers, ça c'est une surprise pour qq'un qui se voyait bon dernier. Ca n'est jamais qu'un classement, pas important...
Ma femme m'avouera après que je me sois un peu reposé, qu'elle me reconnaissait à peine à l'arrivée tellement j'étais livide !
Bilan de tout cela et pourquoi ce CR :
1- Il faut se souvenir des belles choses : Les paysages
2- Il faut se servir des mauvaises choses pour se reprendre et apprendre de toutes les expériences. Il fallait donc le coucher par écrit.
3- Il faut positiver certaines choses : J'ai pu aller au bout et ça, il n'y pas si longtemps, j'aurais mis le clignotant au 1er ravito venu dés la dernière hypo.
Après 1 semaine sans courir du tout, j'ai repris un peu cette semaine. Physiquement je suis HS, je dois aller voir le toubib du sport. J'espère qu'il pourra m'en dire plus sur les douleurs qui ont désormais envahies l'ensemble de mon corps (des pieds aux cervicales et la tête, alouette). Psychologiquement, je suis également abattu même si je tente de faire face.
Je ne cache pas ici mon inquiétude. Le constat est amer. J'éprouve de la souffrance à courir et n'y prends plus aucun plaisir. J'espère pouvoir réorienter ma prépa TOE par bcp de vélo en lieu et place de la course. J'ai pour le moment du moins, abandonner toute vélléité de chrono sur quoi que ce soit en course. Le temps n'est pa à ça. Le temps est à de la récupération si tant est que l'on puisse récupérer d'une telle lassitude. Surmenage, sûrement. Mais comment faire quand on a un TOE en point de mire ? Je ne sais décemment pas. Sauf que je ne voyais pas l'horizon ainsi.
Il faut se souvenir des belles choses : Le sport a été ma rédemption à un moment de ma vie. J'aime ce sport. J'aime la notion de dépassement de soi qu'il induit, j'aime la fraternité dans l'effort, qu'il génère quand nos compagnons d'un jour sont là, j'aime cet effort solitaire, solidaire, salutaire.
Je reviendrai donc dans la course. Même si cela prend du temps (ou pas). Merci de m'avoir lu, si vous êtes arrivés jusque là. ^^
JP
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7 commentaires
Commentaire de gdraid posté le 04-05-2011 à 19:43:00
Merci Jean-Phi pour ton récit sincère.
Ce genre de galère arrive à tous, un jour ou l'autre.
Même le coca salé n'y peut rien ...
Tes prochains courses te réconcilierons vite avec toi-même.
JC
Commentaire de martinev posté le 04-05-2011 à 22:10:00
Je t'ai lu jusqu'au bout et je te comprends. Je suis comme toi passionnee par mon sport mais je veux que cela reste du plaisir. Repose toi, essaie de retrouver du plaisir sur des distances un peu plus courtes pendant quelques semaines et tu verras que la forme et l'envie vont revenir. Et puis je crois aussi que le soutien de ton entourage est tres important. Le Toe tu le finiras avec ton mental comme tu as fini les balcons d'azur.
A bientot
Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 09-05-2011 à 20:03:00
Merci pour ton récit jeanphi, et bravo. Ben oui, tu n'as rien lâché alors que visiblement tu n'étais pas loin du clash.
Chapeau et prends soin de toi, maintenant!
Commentaire de Arclusaz posté le 10-05-2011 à 08:59:00
Je ne retiens, pour ma part, que le chouette CR et les superbes paysages que tu as du voir (merci pour les photos !!!!!).
ah, si, quand même : tu avais visiblement de mauvaises sensations dès le début et tu finis dans le deuxième tiers !
je suis partagé entre l'envie de te dire que c'est super encourageant pour quand la forme sera revenue et l'envie de t'engueuler : quand on n'est pas bien, qu'on est en vacances, que la course se déroule dans un superbe paysage et que ce n'est pas l'objectif majeur de la saison et bien .... on lève encore plus le pied et on profite simplement de la joie d'être là !!
menfin, je n'ai pas prétention d'avoir raison ni ... de te changer ...
Commentaire de Jean-Phi posté le 10-05-2011 à 11:32:00
Même les photos ont rendu l'âme ! c'est dire. Elles étaient pas terribles donc bon... Dommage car les paysages étaient chouettes c'est vrai !
Commentaire de Arclusaz posté le 06-09-2011 à 10:25:14
C'est re-moi !!!
je n'avais pas remarqué l'excellente référence musicale dans le titre de ce récit.
Voilà un sujet de plus à aborder lors d'une prochaine sortie....
Commentaire de Jean-Phi posté le 07-09-2011 à 07:03:01
Ah Thiefaine... Toute une époque. Ces albums là me mettent encore le frisson.
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