Récit de la course : L'Ascension de la Bonette 2010, par Free Wheelin' Nat
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Le récit
Pas le temps... je n'ai vraiment pas le temps, je suis en retard pour rédiger ce CR, mince... ma montre... quelle heure est-il??
L'hiver dernier , au détour d'une lecture internet, je découvre "l'Ascension de la Bonette" , course de montagne proche de chez moi.
A part la proximité de l'épreuve, l'été besogneux qui s'annonce, le support bitumeux (de la route? Beuark...), ce parcours n'éveille chez moi qu'un sentiment proche de... en fait rien du tout!
La dénivellée m'interpelle un peu, mais c'est d'un oeil distrait que je compulse le profil, et La Bonette finit par s'envaser dans le gouffre sombre de mes préoccupations futures.
C'est l'ennui sportif qui, probablement , accompagnera mes chaudes journées Colmianaises, et je me résous à mon triste sort.
L'automne me sortira sûrement de ma torpeur...?
Quoi?...
Qui vois-je se glisser au milieu de quelques lignes glanées au hasard du cyber monde ?
Une silhouette furtive et funambule tenant entre ses mains un fil... vert .
Approchant mon visage de l'écran, je me trouve happée, que dis-je! aspirée tel un fétu de paille par une brise étésienne venant lécher... la cime de la Bonette !
Pas le temps, franchement pas le temps!!...
Je dois préparer un monceaux de salades pour nos élèves-invités planant sous un morceau de chiffon, et accueillir en hôtesse respectable l'invité mystérieux avec lequel je devrai gravir la Montagne.
C'est avec lui que je devrai rejoindre alors, tout de rouge vêtue , une confrérie non moins mystérieuse ...
Mince, en retard, nous sommes en retard!!!
Nous courons, le damoiseau et moi vers le lieu où se retirent les parchemins numérotés nous permettant d'accéder à la quête de la Cime impossible.
Point d'échauffement pour les pauvres hères affolés que nous sommes...
Arrivée enfin au départ de l'Epreuve, parmi les inconnues virevoltant autour de ... Mon Dieu ! Du Loup!!, je reconnais celle par qui ce grand voyage a commencé : Japhy!
Mais déjà la foule se meut, il est temps de partir!
Je vois brièvement la queue du Loup : Ah,quel animal ! Quelles bacchantes! Quelle allure! .
Déjà il s'éloigne de sa foulée puissante , je ne le verrai plus...
Le bel inconnu qui ne l'est plus, le svelte et celte Rwanito , s'est échappé à son tour, ainsi qu'une Mère Grand quelque peu virile...
Désirant en savoir un peu plus sur mes nouvelles amies, je les accompagne quelque temps puis, me détache, à mon tour .
De ma foulée gauche je m'éloigne alors de mes soeurs chaperonnées.
L'ascendante route offre à mes sens toute une palette d'odeurs, de couleurs et de sons.
Un vif petit bonhomme bleu me rejoint et nous courrons quelques instants de concert.
Nous remontons sur une cycliste probablement d'origine slave ou Italienne qui , bruyamment manifeste son admiration et ses encouragements aux pèlerins des cimes que nous sommes.
"Bravo" , c'est bien" "Bravo!" "Ah bravo!"
In petto je me dis qu'elle risque fort de s'épuiser et ne pouvoir atteindre le sommet tant elle s'époumone à féliciter les coureurs!
De cyclistes, nous en rencontrerons tous et toutes, plus rapides ou plus lents , et beaucoup d'entre eux nous encourageront.
Je suis à chaque fois surprise et honorée , tout autant qu'admirative, l'épreuve me parait plus terrible encore à vélo!
La vallée sombre et fraiche , à senestre, s'ouvre alors sur le pied du relief, ensoleillé, et parmi les prés jouxtant la rivière, je croirais presque distinguer Heidi, Heter, le grand père et quelques chèvres!
Une silhouette, devant moi me semble familière... Patiente, j'attends que mon allure me permette de rejoindre, mais oui!,le souriant Aeolis, rencontré dans le Comté de Nice lors d'une Joute de 10km sur la Prom' en 2008.
Nous échangeons de plaisants propos puis me voilà à nouveau reprise par l'élan qui me tire vers le sommet de la Bonette, encore si loin!
J'ignore quel distance il me reste à parcourir (pourtant un coup d'oeil sur mon cadran solaire de poignet suffirait à répondre à ma question) , mais peu me chaut, je savoure le plaisir d'être simplement céans .
Peu importent les épreuves qui jalonneront mon périple, je n'ai qu'un souhait: courir.
Courir sans faillir, pour là haut brandir avec bonheur mon petit panier rempli de fierté et de fatigue.
Sauf, que , sur ce point là , j'ai un petit souci...
Pas le temps... Pas eu le temps de faire ces satanée galettes sarrasin-beurre salé-cacao que je comptais partager avec mes compagnes et compagnons d'infortune!!!
Je tenterai vainement, à de multiples reprises , de pallier à cette regrettable absence et quêterai sans succès ça et là, des galettes aux manants rencontrés lors de mon ascension.
"Vous n'auriez pas quelques galettes, mon panier est désespérément vide?"
L'un d'entre eux, bénévole, jonché sur un coursier mécanique, me proposera une barre de céréales, mais, las, ce n'est point ma destinée que de charrier de la galette emballée!
Je remercierai chaleureusement néammoins ce charmant cavalier, qui, tout au long du périple , aura sur nous, pélerins de la Bonette, un oeil protecteur et bienveillant!
J'ai aussi reconnaissance envers la population présente ça et là, qui , avec force sourires et encouragements, nous proposeront eau et subsistance.
Que la montagne est belle! L'humble petit chaperon que je suis n'a de cesse de louer cette beauté et cette quiétude qui seront ma force tout au long de mon parcours.
Mes courtes jambes sont vaillantes et rien ne semble arrêter leur course métronome! Sans illusions malgré tout sur les difficultés à venir, je savoure le doux plaisir d'une progression sans hâte mais sans nonchalance.
Une marmotte siffle ...
"Courir sans faillir", tel est mon crédo de petite bonne femme fendant
(avec quelque inquiétude je vous l'avoue) la vague poussiéreuse d'un troupeau croisé sur le chemin.
Quel avantage ce capuchon qui me protège du soleil et du vent frais!
Peu avant Bousseyas (où une envie bien naturelle me forcera, damned, à interrompre mon cheminement), deux spiridonniens devant moi.
L'un d'entre eux demande à son comparse de lui donner le nombre de kilomètres restants.
Derechef, je brandis alors deux petits boudins de doigts que je me fourre illico presto dans les oreilles, je ne veux point entendre la réponse!
Imaginez alors une rouge encapuchonnée courant les coudes en l'air en se bouchant les oreilles...
J'attends un peu, relâche mes bras, et là :
"16km" !!!
Ah, M.....e!!!! M...e, M...e, M...e!!
Alors à quoi me sert mon cadran-boussole me direz vous? Juste à me permette de m'abreuver en temps nécessaire et régulier!
Seules ces dizaines de minutes m'intéressent, j'ignore les autres données qui ne sont qu'inutiles et perfides indications!
Le bonheur de ma course immobile ne souffrirait d'une quelquonque notion de distance! Seul le temps présent compte , les lieues ne sont qu'illusion!
Tous les ravitaillements , ou presque, confirmeront que le loup ne m'aura pas cette fois, ci, il est loin devant!!(serait-il déjà en train de boulotter Mère Grand?)
"le loup est devant, le loup est devant!"
Je suis tranquille...
Toujours cheminant , j'aperçois enfin les sommets environnants qui semblent s'épandre vers l'infini.
Je retrouve avec grand bonheur cette puissante présence minérale (quittée il y a quelques années déjà) , et, déjà présent depuis bientôt quelques heures le sourire que j'arbore par intermittence se fixe pour de bon !
A quelle innocente dois-je ressembler!!
D'autant plus que je souffre du syndrôme du poisson: je frétille .
Tout en courant je sautille , me tortillant comme atteinte du feu de St Antoine,c'est ma manière habituelle d'extérioriser cette joie qui n'en finit pas de m'envahir.
Onc ne vit Nat plus guillerette que sur cette course là !
Le petit lutin bleu revient dans mon champ de vision . Lui aussi arbore comme blason une belle banane, mais semble las.
Je l'encourage et , cette fois-ci, c'est moi qui le devance peu à peu.
"Il reste sûrement 5Km", on est bientôt au bout!, on arrive là !"
Et il me montre un petit sommet où brille une lueur miroitante.
Elle me semble d'un seul coup inatteignable .
Je lutte brièvement contre un malin désespoir que je boute rapido hors de mon esprit, point de place pour le découragement , je suis proche du but!
Je m'étonne moi même de l'aisance avec laquelle je respire, mais la douleur s'immisce dans mes genoux fatigués.
Les pauvres crient "pitié!", mais le raidillon arrive et je ne souffrirais d'arriver en retard à mon rendez vous pour une fois!
Les foulées s'allongent (vue de l'esprit?) malgré la fatigue et j'arbore à l'arrivée un vigoureux 5km/h !
Je rejoins Rwanito, bien pâle (mais heureux!) sous sa couverture flamboyante, alors que je sautille encore...
Puis je retrouve le loup, Mère grand, un rose chevalier et mes rouges compagnes, avec qui nous partageons force sourires et impressions post-épreuve.
Le froid nous envahit petit à petit et nous entrons dans la navette qui nous redescendra vers St Etienne.
J'invite Aeolis à me rejoindre et, tout au long de la descente , nous restons, devant le paysages qui défile, littéralement béats d'admiration, de vrais benêts !
Nous reviendrons , sûr!
A un moment je regarde la pendule présente dans le bus, et ça fait plus de trente minutes que nous descendons!!
Inexorablement...
Il me faut faire un effort intellectuel énorme pour me forcer à réaliser que j'ai couru 27km.
En côte.
Sans marcher ( je vous jure, j'ai couru pour aller p...er et je courais encore en me rhabillant !!)
Pendant 3h27 minutes.
Et que c'est déjà fini...
Mais qu'est-ce que j'ai mis dans mes salades la veille au soir???
Fini les retards et les montres, là le temps s'est étiré jusqu'à s'arrêter à coup d'échanges et de projets autour d'un bon repas, le toutsous le soleil radieux de St Etienne de Tinée.
Vive la route! (noooon, j'l'ai pas dit , j'l'ai pas dit!!! Comment on effaaaace???)
FIN
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6 commentaires
Commentaire de les machine-gônes posté le 31-07-2010 à 18:59:00
Vu que la course n'est pas trop loin de la frontière italienne, on se demandait : y aurait-il par hasard dans les ravitos des adjuvants alimentaires non commercialisés en France ?
En tous cas, ça n'ôte rien au mérite des 27 km de montée parcourus sous le soleil au milieu des lutins. Alors, bravo à toi et tous les personnages magiques qui t'entourent !
Commentaire de RogerRunner13 posté le 01-08-2010 à 11:20:00
Faut avoir du courage pour s'attaquer à cette Bonette, déjà à vélo c'est dur? alors en courant....... Et un grand merci pour ce récit très original.
Commentaire de tophenbave posté le 02-08-2010 à 09:01:00
super ton cr!de l'humour,du style et une joie de vivre !que du bonheur!
Commentaire de brague spirit posté le 02-08-2010 à 09:13:00
Un conte d'été,rafraichissant,par ces fortes chaleurs.
Bravo,bonne récup.Peut etre à début septembre,si,la cheville peut supporter les cailloux.
Commentaire de raspoutine 05 posté le 02-08-2010 à 09:35:00
Superbe récit, on en oublierait la course et ta performance !
Mais alors, est-ce qu'on t'a offert un tasse de thé et souhaité un joyeux non-anniversaire à l'arrivée ?
Encore bravo !
Commentaire de Papillon posté le 09-08-2010 à 07:45:00
Bravo Nat, et superbe récit... Bonne continuation petit chaperon rouge!
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