Récit de la course : Grand Duc de Chartreuse 2010, par BOUK honte-du-sport

L'auteur : BOUK honte-du-sport

La course : Grand Duc de Chartreuse

Date : 27/6/2010

Lieu : Le Sappey En Chartreuse (Isère)

Affichage : 2837 vues

Distance : 71km

Objectif : Pas d'objectif

14 commentaires

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GRAND DUC 2010 - Pure Totale Fucking Trail

Aaaaaaaaah enfin nous voici le dernier week-end de Juin… Et c’est la date de LA course que j’attends depuis… l’an passé ! Notre Grand Duc National !

 

 

 

 

En 2009 je l’avais couru en relais 5… Pascale est blessée, Fleur a déménagé, Adrien est en Islande, Luca aux Seychelles… Donc cette année je tente le relais duo avec Val-3-8. Au menu, le plus long trail de ma courte carrière, 31 kil et 2050 m+ annoncés (oui, oui je fais la première partie, la plus "fastoche"… !). 

 

 

Préparation julienesque habituelle, à savoir un peu de repos quand même (pas de course depuis le Mont Aiguille, soit QUINZE jours), par contre du sommeil en retard et une alimentation, euh, pas optimale ! 

 

 

Le plus dur démarre… Un réveil à 4h30… Snif. Dans un état comatique, un bon ass death en fond sonore dans la voiture, je rejoins le Sappey (BIG JACK !). Rien que la route me rappelle notre fameuse course à saucisson, notre Montée des Trois Communes nationale, miam ! 

 

 

Petit déjeuner, je me force à prendre une demi-tartine de confiture histoire de ne pas être à jeun, et nous voici déjà au parc à héros. Regards vers le Chamechaude, regards inquiets d'ailleurs… "P****, Julien, arrête de réfléchir"... Briefing, puis minute de silence à la mémoire d’Olivier Cordeuil… Et sans un bruit nous nous élançons… 

 

 

Comme à l’accoutumée je démarre dans les derniers, surtout sur un si long trail. Mais je ne tiens pas un kilomètre, et commence à doubler… Sauf que là, avec tous les bâtons c’est pas bien facile. Et il faut GE-RER l’effort Môssieur D'Joul's. Finalement je me cale avec un gars et nous remontons tranquille. 

 

 

Nous voici dans un sentier, en pleine forêt. C’est géant. J’adore. On grimpe déjà pas mal tout de même puisque le Sappey semble déjà bien plus bas. Et surtout, d’un coup d’un seul, le soleil se lève plein Ouest EST et nous aveugle d’un coup… Quelles lumières… Majestueux. 

 

 

On arrive à un embranchement, une chenille de quinze personnes est devant donc ça ne sert à rien de doubler, je prends mon mal en patience et me dis qu’au moins je m’économise.

 

 

 

 

S’en suit une partie assez plane pour rejoindre la brèche Arnaud. Génial, j’adore ça… mais pas avec 15 personnes devant. Je suis à 60%, limite obligé de freiner tel Lance Armstrong dans les lacets de la Montée de l’Alpe… Oui j’me la pète un peu (le book est narcissique n’est-ce pas) mais sur le coup c’était frustrant ! 

 

On arrive à cette brèche, corde obligatoire, et nous voici dans la phase finale. C’est trop beau.

 

 

 

 

 

 

Je me sens bien, la chenille s’est dézinguée, on dirait vraiment une étape de montagne du Tour de France avec ses attaques, ses lâchers, ceux qui luttent... Il ne manque que jean-René Godard sur sa moto-trial. Je me sens bien et en termine avec ces 1100m de D+ en 1h19.

 

 

 

 

    

 

 

Démarrage de la descente… Ubuesque, un pierrier sans nom, une pente folle, j’étais mieux ici cet hiver en snowboard qu’en trail !

 

 

 

Rapidement une nouvelle hierarchie se forme, trois mecs descendent à balle, je les accroche, tandis que derrière un écart, non, un FOSSE se crée ! Dingue de lutter en montée durant 15 minutes avec des coureurs pour gagner 10 secondes alors qu’ensuite de tels écarts se fassent en si peu de temps.

 

La descente se poursuit… Dans les trois tarés, le premier a filé, et je m’accroche aux deux V1 devant moi, non sans mal d’ailleurs... On arrive au ravitaillement, coooool. Un p’tit caf’ et je repars. Je repars… et m’aperçois vite que derrière les 2 V1 ont pris leur temps et ne sont pas repartis tout de suite ! 

 

Nous voici à descendre le vallon en direction de St Hugues… Et je suis seul seul SEUL. Into the Wild. Un sentier mono trace, ou plutôt un MINI sentier en forêt qui descend bien. J’adore. Je remonte un gars, je le remonte même en deux secondes puisqu'en fait il s’agit du dernier solo. Je cours depuis 1h32, donc lui depuis… 2h32. Ca va être chaud pour les barrières horaires…  

 

Puis un autre type en rouge au loin, mais lui il carbure... On en termine avec la forêt, nous voici sur les pistes de ski de fond. Et il avance le bougre, pas moyen de le remonter. Derrière le no man’s land… Petites traversées de rivière sur des ponts en bois, c’est poétique, puis remontée vers St Hugues.

 

Et je me répète, mais quelle chance de vivre CA :  

 

 

 

Ravito. 2h10 de course. Et moi qui pensait mettre 1h45 pour cette portion. Enfin j’ai encore du jus (ah ah ah), et le second relais est, dans ma tête, une formalité. Et ce que j’ignore, c’est que je suis le 1er Duo mixte ! Enfin en même temps peu de duos mixtes ont aligné le mec sur le premier relais !!! 

 

 

 

 

On redémarre par du bitume, aïe, je déteste ça avec ces baskets-là. Toujours à la poursuite de mon type en rouge de tout à l’heure… Puis c’est la montée vers le Col, et là, ça grimpe…

 

 

Je m’accroche, usite au mieux mes bâtons même s’il me manque la technique, et que mes bâtons c’est du lafuma premier prix. Bon, c'est du lafuma quand même. Sauf que je commence à sentir des douleurs, bon...  Un autre duo de devant est grillé, je le passe, ça fait du bien au moral.

 

 

Retour sur la route, j’essaie de recourir mais bien que ce soit un faux-plat, c’est pas une bien belle foulée que j’emmène… Et ça se remet à grimper, et le voilà, LE VOILA le moment critique, ce p*** de moment où l’on commence à tergiverser, à maudire l’inscription, à regarder la montre tous les, euh, 200m, à songer à l’abandon, bref, atroce. Brrrrrrrrrrrrrrrrrrrr. 

 

 

Des solos me remontent, moi qui leur avais pris une heure cash.

Des duos aussi, que j’avais largué dans le Chamechaude, il y a une éternité… Une grande leçon de plus, la gestion de la course sur du long, mais je crois que c'est officiel, je ne l’assimilerai jamais…!! 

 

 

Et enfin ce panneau « Col », descente, mais j’envoie rien, trop mal sur le bas des cuisses, puis piste de ski de fond descendante et me voici au ravito. Bénévoles : « Encore 8 kms ». Gné ??? Ma montre déjà m'indiquait 15.5 au lieu de 14 à St Hugues, et là elle est loin de m’indiquer encore 8 bornes ! 3h45 de course, j’envoie un texto à Val lui disant qu’il ne me restait qu’une heure… Pas un as du pronostic ce Book… Ou un bel optimisme...

 

On redémarre par une belle remontée jusqu’aux crêtes, et enfin, Miracle, le paysage du Grésivaudan s’offre à nous, nos chères bourgades 400m en bas, ouaaaaaaaaah c’est mague-nifique. 

 

 

 

 

 

 

 

Je recours un peu, le parcours devient un terrain de jeux génial, idéal, avec montagnes russes, une tonne de racine, de pierres, sauf que j’ai pas d’énergie donc je savoure QUE DALLE, et ai du mal à repérer le balisage. Tant et si bien qu’à un moment j’attends quasiment une minute la suivante plutôt que de me tromper. Et à chaque fois qu’on me double, impossible de suivre le rythme. Je suis cuit-cuit !

 

 

Les crêtes me paraissent interminables… Comme sur la carte IGN en même temps… Et pourtant au moment où je pense ça je n’ai même pas fait le tiers du parcours crêtois ! J’essaie de me repérer en distinguant l’Isère en contrebas, mais finalement ça ne donne pas grand chose… 

 

 

Et finalement, FINALEMENT, nous voici au Fort St Eynard.

 

 

 

 

 

 

 

1h pour parcourir ces foutues crêtes... Bordel, on ne m’avait pas menti, cette partie n’est absolument pas roulante mais alors pas du tout. On nous annonce encore une demi-heure de course jusqu’au Sappey, ça me ferait un temps final de 5h15, ouch. Dois-je rappeler mon pronostic ? Enfin là je pense plus à Val qui doit s’impatienter et me maudire ! 

 

 

La descente me fait du bien. Je reprends enfin quelques coureurs plus prudents, m’enfin c’est pas le rythme des grands jours, réserves épuisées oblige… On arrive même à se tromper de parcours avec une solo, heureusement vite rattrapés à l’ordre par des hèlements de concurrents (décidément, il n’existe pas une course où je ne me plante pas, dingue ça…). 

 

 

Et le revoilà, le Sappey au loin… !! Soulagement, Sms à Val, j’arrive dans 5 minutes ! 5 minutes… qui deviennent 15 minutes puisqu’on a droit à une surprise du chef, une remontée vers un téléski. Ca m’achève. Littéralement. Plus de jus. Des crampes. Des douleurs. C’est ça le dépucelage de l’Ultra ?? Bordel ça se paie cash… et ça fait mal ! Obligé de m’arrêter 30sec, croyant que mes jambes commencent à se bloquer… Ca craint ! 

 

 

Enfin au moins, une fois cette maudite côte digérée, c’est du bonheur à l’état pur, me revoilà au Sappey, enfin, enfin, enfin, ça y est, c'est derrière, et je me mets à penser, à penser à ces solos, comment font-ils… A ce stade ils n’ont pas encore couru la moitié du parcours, alors que moi je suis atomisé, carbonisé… 

 

 

Hop hop, je passe la place de l’Eglise, je repenserai à ce moment à la prochaine M3C ! Un virage, et CA Y EST, je donne enfin le relais à Val qui gagne déjà la médaille de la patience…

 

 

5h13 de course… Moi qui tablais prudemment sur un temps de 4h… J’ai la mémoire vraiment courte, l’an passé déjà nos 5 relais avaient été sous-estimés malgré une forme de nous 5... Voilà Val partie, l’après-midi va être longue pour elle…

 

 

 

Ravitaillement, je bois encore 5 litres de coca-cola et mange un bout. P**** je ne suis pas prêt de m’aligner sur un Ultra…! Mais quel soulagement… J’ai hâte de voir ma trace sur googleearth ! Et surtout, au-delà du sport restent les souvenirs visuels, ce cadre, cette Chartreuse, c’était quand même di-vin…  

 

 

LE RESTE DE LA JOURNEE

 

A vadrouiller entre le Sappey, Quaix, et le Sappey… A encourager les premiers et les moins bons, à échanger avec les gentils kikoureurs de tout horizon, à encourager Matthias (qui court avec un dossard et un kéké aux fesses !!), à rassurer Mme Dude, à consoler Samontetrop (ah non en fait pas la peine !), à bisouter le kéké, à découvrir le Blueb', à rigoler avec l'Aspa Meylan… Val arrive à Quaix marquée… J'émets une timide hypothèse envisageant un abandon, hypothèse qu’elle écarte dans le dixième de seconde… et arrive vers 20h30 au Sappey, énorme, on est FINISSEUR !  

 

Une dernière mention à l’organisation, du rôdé de chez rôdé. Un accueil parfait, des bénévoles géniaux, un repas savoureux, du coca et des pâtes de fruits aux ravitos, QUE DU BON !      

 

 

 

 

 

14 commentaires

Commentaire de Pascaline posté le 28-06-2010 à 21:01:00

Et moi qui suis montée spécialement pour te voir, pas de Julien au Sappey, dommage, félicitation pour votre duo de choc...

Commentaire de val38 posté le 28-06-2010 à 22:28:00

Bravo co-équipier ! tu nous fait vivre ta portion comme quelquechose qu'on ne peut pas rater malgré tes souffrances qui sont tout à fait dignes de l'ultra ! sacré parcours...garde en tête les bons souvenirs ça rend l'ultra plus digeste !!! et merci pour les photos elles tuent !

Commentaire de the dude posté le 28-06-2010 à 22:29:00

Excellent mec, comme d'hab, ungrand bravo à toi!!!
Par contre le soleil qui se lève plein ouest, tu pourras me la refaire à jeun celle-là? 0:)

Mme Dude te remercie pour ton soutien et Mr Dude pour tes encouragements et ta bonne humeur!

2009: relais à 5
2010: duo
2011: à toi de jouer!!!

Commentaire de L'Dingo posté le 28-06-2010 à 22:36:00

Très "chouette" ton récit.
Rassure toi, En solo, ce sont les memes plaisirs et les memes galères, seule la vitesse moyenne change. Bravo à Val, ta moitié de duo, car la 2eme partie n'etait pas plus facile ;-)


Une remarque,je cite:
"Et surtout, d’un coup d’un seul, le soleil se lève plein Ouest" !!!!!!
Je ne sais pas ce que tu mets dans ton bidon, mais je veux bien en prendre. les effets sont terribles , arrfffff, :-)))))))

Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 29-06-2010 à 00:57:00

"une demi tartine de confiote"?? C'est ça ta recette de la forme??
Tu ne changes pas...! ^

Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 29-06-2010 à 00:57:00

Ju pourquoi quand je poste un com ça me marque qu'il est de toi?
Emi

Commentaire de l ignoble posté le 29-06-2010 à 08:32:00

le dauphiné est la plus belle terre du monde,merci mon bouck dans ton récit, passionnant, d'aventurier du trail de nous le signaler de manière poetique...

Commentaire de CROCS-MAN posté le 29-06-2010 à 13:19:00

Superbes paysages, ça vaut le détour, MERCI.
Tu crois pas qu'un petit déj plus consistant serait un +?

Commentaire de vogoy' posté le 29-06-2010 à 18:24:00

belle course marbouk...
comment cela pas d'ultra :):):)
on commence par les relais et puis un jour...on fait comme les autres :)
encore bravo

Commentaire de le_kéké posté le 29-06-2010 à 22:42:00

Bravo juju, le métier qui rentre !!!
Tu crois pas que toi l'expert de la course au saucisson (et de la partie natation du tri), tu te pointe sur un duo du grand duc et paf la perf, ben non c'est pas comme ça que ça marche.
Petit scarabée tu as encore beaucoup à apprendre et longue et la route qui va te mener à la sagesse du départ prudent (et pas seulement sur 200m), du matériel éprouvé (les bâtons) ou adapté (le T-shirt manche longue arfff) ...
Allez l'année prochaine je te prends sur mon porte bagage pour faire un grand duc solo ???

Commentaire de raspoutine 05 posté le 29-06-2010 à 23:16:00

Félicitations pour la course et y'a pas ! les photos sont toujours super !
merci pour le récit

Commentaire de Khanardô posté le 01-07-2010 à 09:49:00

Escellent le récit, je l'ai lu 2 fois, et je l'ai conseillé à des copains non kikoureurs...
Merci et bravo pour ta course !

Commentaire de herve38380 posté le 04-07-2010 à 19:17:00

super reportage, merci pour les photos. Neanmoins, il aurait ete cool d'avoir l'autre partie du parcours par val38 a la suite...mais bravo quand meme.

Hervé, responsable du secteur " la pinea > col de la charmette "

Commentaire de les machine-gônes posté le 31-07-2010 à 23:06:00

Merci mille fois Mardouk (Marbouc?, demande ma co-équipière). Merci mille fois, car les photos sont exquises, le récit terrible, effrayant à souhait mais l'information cruciale est là : en cas d'inscription d'un duo mixte, l'homme doit impérativement montrer son sens du sacrifice en prenant le premier relai !!! Ce que je ne manquerai pas de faire l'an prochain, bien sûr, en emportant une réserve conséquente de pates de fruits sur mon dos dans le sac à dos porté par un petit balon d'hélium (Ah, ah, ah, on a tout prévu !)

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