Modérateur: Modos
emilcioran a écrit:je ne pense pas que les récits soient spécialement plus consubstantiels au trail qu'à toute autre activité humaine individuelle, telle que cuisiner, être fashion victim ou visite des musées ou piéton.
Par contre, le trail s'est développé à peu prêt à la même époque que l'arrivée des réseaux sociaux. pour mémoire, naissance des premiers blogs en 1995, facebook en 2005, twitter en 2006. Il est donc logique que les traileurs, comme tous les utilisateurs des réseaux sociaux, ou les blogueurs, ni plus ni moins selon moi, profitent de ces instruments. Le traileur, auteur de récit, est sans doute un individu inséré socialement et épanoui individuellement, bref bien dans sa peau. Justement sans trop d'état d'ame.
Je pense que le profil du traileur qui écrit des récits, est le même que celui du blogueur ou de l'utilisateur des réseaux sociaux moyen. Il est probable qu'outre ses récits, il fréquente twitter, facebook et commente à peu prêt tout sur tout ( articles du point et du figaro par exemple) . Il aime en effet communiquer et a des aptitudes en ce sens, qui supposent justement d'avoir confiance en soi, de s'aimer suffisamment pour ne pas avoir peur de s'exprimer, d'où le narcissisme, d'être adapté socialement et épanoui individuellement.
Si le narcissisme est ici entendu de manière péjorative, il ne faut pas oublier que dans sa définition psy, il est l'assise sur laquelle la personnalité de l'enfant se construit sans laquelle aucune estime de soi ne peut exister.
Toutefois, je pense que, en partant de l'idée émise sur ce site que les blogs se sont particulièrement développés lors des attentats du 11 septembre 2001 et ont été utilisés comme catharsis,
http://le-grenier-des-archivistes.over- ... hivistique
pour certain traileurs, le récit de course peut parfois être une catharsis et qu'il existe donc une spécificité du récit de trail de ce point de vue.
Définition de la catharsis :
La catharsis est l'épuration des passions par le moyen de la représentation dramatique : en assistant à un spectacle théâtral, l'être humain se libère de ses pulsions, angoisses ou fantasmes en les vivant à travers le héros ou les situations représentées sous ses yeux. La catharsis désigne donc, d'abord, la transformation de l'émotion en pensée.
En effet le trail, surtout l'ultra, reste quand même une aventure: on sait quand on part, on ne sait pas si on va arriver. Or, nous vivons dans une société hyper sécurisée, avec des existences souvent routinières, souvent sans véritables émotions et passions.
Le trail, surtout l'ultra, répond à ce besoin de passion, de prise de risque et est donc, quelque part, une fracture dans la vie quotidienne, par la charge d'incertitude, émotionnelle, passionnelle qu'il peut dégager.
Mettre en mot ces émotions, cette incertitude sur la possibilité de terminer, par un récit, est donc bien une sorte de catharsis, en tous cas dans certains récits. Il s'agit pour le coureur de donner du sens à posteriori à ce qui n'en a pas forcément lorsqu'on est dans la course.
C'est le fameux " qu'est ce que je fous là".
Si le récit est une catharsis pour le coureur, il l'est aussi pour le lecteur qui envisage de faire la course. Il permet ainsi de démystifier.
Donc, si le récit de course est certainement l'expression d'un certain narcissisme, il n'est pas pour autant si vain que cela, puisqu'il est utile au coureur et peut être celui qui le lit pour répondre à japhy.
ilgigrad a écrit:Les récits de Trail sont-ils proustiens ?
Mustang a écrit:mettre en mots ses émotions, alors ok pour la catharsis
et aussi le plaisir d'écrire
philippe.u a écrit:ilgigrad a écrit:Les récits de Trail sont-ils proustiens ?
Ce qui est certain c'est qu'il en existe de très proutiens
Calaferte a écrit:Rien de mieux qu'un récit de course à saucisson du bouk pour égayer une journée
Benman a écrit:Allez,
faible contributeur (5 récits à mon actif), ma motivation a été au début de trouver un angle original et surtout rigolo, en assouvissant ma passion pour les jeux de mots foireux.
Quand j'ai commencé à faire un récit + sérieux (genre je me la pète car je suis un warrior), j'ai arrêté... pourtant c'est celui qui a été le + lu et commenté...
Bref, je vais plutôt rechercher la légèreté et la futilité dans un récit.. question de style.
+ 1Namtar a écrit:Calaferte a écrit:Rien de mieux qu'un récit de course à saucisson du bouk pour égayer une journée
C'est pas faux
Reg a écrit:Ne crois tu pas que c'est plutôt la course concernée qui amène les gens à lire les CR ?
=> Il y a un peu plus de participants potentiels sur le MMB que sur le Tacot (je sais de quoi je parle, et j'aime autant l'une que l'autre attention )
En ce qui me concerne, avant de m'engager sur une course, j'aime bien les lire pour savoir à quoi m'attendre par exemple. Quant à ma contribution, elle est nulle puisque 0 CR à mon actif. Mais qui sait.... Un jour j'apprendrai peut être à écrire.
NB: J'adore tes CR.
Pieromarseille a écrit:...
Je suis convaincu que le récit de course est d'abord et avant tout le produit d'une pratique communautaire. Plutôt qu'un besoin de satisfaction narcissique, il faut le comprendre avant tout comme un signe d'appartenance.
...
c'est bien cette présence essentielle des récits de course qui sort le vulgaire forumeur de l'anonymat et le met en scène, en construisant une image idéalisée où l'héroïsme et le sentiment d'appartenir à une petite élite n'est jamais complètement absent...
Japhy a écrit:90% de ce que je lis sur ce fil sous-entend que c'est parce que nous serions supérieurs de multiples façons aux autres sportifs
Japhy a écrit:Il n'y a pas besoin de gratter beaucoup pour voir qu'on se place au-dessus des autres.
Pieromarseille a écrit:Le fait de chercher des espaces d'évasion, des bulles ou faire vivre encore quelques belles valeurs, quand on sait de quoi est fait le quotidien de la plupart d'entre nous, ne me semble pas relever de la prise de melon mais du besoin de reconnaissance par des pairs, du besoin d'exister dans une identité valorisante. Bref, on n'est que des humains, quoi.
Japhy a écrit:
D'un autre côté, lire tout ça m'a permis de comprendre une chose, c'est que si je n'ai jamais fait lire mes CR à des amis non coureurs ou même à ma famille, c'est peut-être parce que j'avais un peu honte, et peur d'être prise en flagrant délit d'auto-promotion.
Arclusaz a écrit:Japhy a écrit:
D'un autre côté, lire tout ça m'a permis de comprendre une chose, c'est que si je n'ai jamais fait lire mes CR à des amis non coureurs ou même à ma famille, c'est peut-être parce que j'avais un peu honte, et peur d'être prise en flagrant délit d'auto-promotion.
Pareil pour moi : personne de mon entourage (hors kikourou) n'a lu mes récits.
Les faire lire à des "extérieurs à la CAP" serait de la vantardise : on me dirait "ouah, tu cours 75 km la nuit dans la neige et t'es même pas mort ?".
Alors, qu'ici, quand je l'écris, tout le monde comprend "ouais bon, tu fais juste partie des 5000 personnes qui font chaque année la STL, y a pas de quoi en faire un plat". C'est ce que je recherche.
Pourquoi j'écris ? en général, à la fin d'une course, je me dis "pas de CR" cette fois. Et puis, deux jours après, sans la chercher, en marchant dans la rue, une phrase me vient, une accroche.
Alors, je me jette sur mon clavier et j'écris : c'est en fait le plaisir de la rédaction qui me fait franchir le pas (j'aime écrire et je n'ai pas souvent l'occasion de le faire...).
Une fois, le truc écrit, j'ai toujours un moment où je me dis, "non, tu ne vas pas posté ça, c'est too much, c'est trop perso". Après une lutte de quelques minutes, je finis pas le poster en m'interdisant de modifier pour laisser "l'émotion". Il y a plein de truc que j'ai écrit dans des CR dont j'ai honte !!!!!!!
Et pis, c'est vrai, j'aime lire les CR des autres (alors ce ne serait pas juste que je n'en produise pas) et.... j'aime relire les miens de temps en temps pour me rappeler de trucs que j'avais oublié : j'ai relu il y a peu mon CR de la STL2013, je me suis aperçu que je n'avais qu'un vague souvenir de ce que j'avais écrit (preuve que je ne l'avais pas souvent relu, ouf !) et je n'ai pas honte de dire que cette lecture m'a fait du bien (et aussi celle des commentaires, même si là aussi, ils sont souvent too much mais partants d'une tellement gentille attention !).
Y a pas de mal à se faire du bien dans notre petite communauté.
mais, on reste lucide, ce qu'on écrit ne s'adresse qu'aux quelques fous qu'on retrouve ici.
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