Modérateur: Modos
.Running. Course sur route : « Notre sport est devenu ringard »
Face à la baisse chronique des inscrits, les courses sur route, dont Auray - Vannes dimanche, n’ont plus le choix : elles doivent se réinventer sous peine de disparaître.
Le phénomène n’est pas nouveau : les courses sur route séduisent de moins en moins et les pelotons fondent comme neige au soleil. Jean-Claude Le Boulicaut, l’organisateur d’Auray - Vannes, dont la 48e édition aura lieu dimanche, le constate amèrement. Avec 2 700 engagements sur le semi-marathon et un peu plus de 500 sur le 10 km, il est loin des standards des grandes années de la classique morbihannaise. « On est en chute libre… »
« Ils sont contents lorsqu’ils sont finishers »
Les raisons, l’organisateur les connaît. « Depuis la crise de la covid, les gens font du sport différemment. Les sportifs d’aujourd’hui ne veulent plus de contraintes. Ils sont contents lorsqu’ils sont finishers d’une course. Le chrono, ça ne les intéresse plus ».
Dominique Chauvelier, l’emblématique marathonien des années 1980-90, dresse le même constat : « On est dans une société où on prend soin de soi, mais où on n’a plus envie de s’arracher et de se faire mal. Pourquoi faire des compétitions ? On veut juste se faire plaisir. »
« Il faut remplacer les speakers par des DJ »
Si l’ancien international français n’est pas tendre avec les coureurs, il ne l’est pas non plus avec les organisateurs. « Ils ne se sont pas remis en cause depuis un certain nombre d’années. Certaines courses n’ont pas évolué depuis 30 ans : c’est le même village, les mêmes animateurs, peut-être la même musique au départ et à l’arrivée. »
Dresser le constat est une chose, proposer des solutions en est une autre. Jean-Claude Le Boulicaut reconnaît son impuissance. « Comment enrayer le phénomène ? Bien sûr que je me pose la question, mais je n’ai pas la recette. Si je l’avais, je l’appliquerais ».
Dominique Chauvelier ne manque pas d’idées. « Aujourd’hui, il faut mettre du fun, du rock et des feux d’artifice. Il faut remplacer les speakers par des DJ. Notre sport est devenu ringard », lâche-t-il, citant en bon élève les 10 km de Paris, course réunissant 17 000 personnes dans une ambiance digne des plages d’Ibiza.
La bonne recette de la Corrida de Langueux
Gwénaël Vigot, organisateur d’une épreuve pédestre à Brest dans les années 1990 et ancien manager de coureurs kényans, a dû mal à comprendre la désaffection des coureurs sur route. « Les puristes de la course à pied pestent contre les trails et ils ne viennent pas sur les courses sur route. Je ne comprends pas ».
À Langueux, Michel Aubault s’en sort plutôt bien. Sa Corrida, programmée en juin, ne perd pas d’inscrits. « Cette année, nous sommes au même chiffre qu’avant 2019. » Sa recette ? Des courses en centre-ville, avec, en bouquet final, une épreuve de très haut niveau qui séduit le public. Le tout dans une ambiance festive.
Le Costarmoricain est quelque peu inquiet pour l’avenir des épreuves pédestres, estimant qu’il y a en trop. « Quand j’étais président des courses hors stade dans les Côtes-d’Armor, il y avait 40 courses. Aujourd’hui, il y en a 120… »
Vannes innove avec une épreuve en nocturne
Alors comment les courses peuvent-elles tirer leur épingle du jeu ? En innovant et en offrant un concept inédit. Le bon exemple est celui du Brest Urban Trail, course qui permet de découvrir des lieux mythiques de Brest. L’épreuve, dont la troisième édition est programmée en 2023, avait affiché complet en 2017 et 2019.
Autre concept qui marche bien, les épreuves où l’on se bouge pour récolter des fonds pour lutter contre une maladie. En Bretagne, La Vannetaise, La Lorientaise ou Odysséa au Relecq, toutes trois engagées dans la prévention et le traitement des cancers féminins, font un carton chaque année en proposant une course à pied mais aussi une marche et une grosse animation.
D’autres organisateurs ont carrément proposé des épreuves dans la boue avec des obstacles à franchir. Il y a aussi les courses non chronométrées où les concurrents sont aspergés de poudre colorée. Le but étant de s’amuser entre amis.
Se renouveler et jouer la carte de l’originalité, c’est également ce que veut faire le marathon de Vannes en programmant, pour la première fois, son 10 km la veille du marathon. La course se déroulera en nocturne. La lumière jaillira-t-elle de la nuit ? Réponse le 15 octobre
eha a écrit:- la pratique de plus en plus courante de faire envoler le prix d'inscription en fonctions du nombre de dossards vendus...Sur un 160 sans le nommer on peut passer de 120 à 199€ pour les derniers dossards...c'est juste ridicule.
jano a écrit:pour répondre à marathonnerre sur la référence de 1€ du km, c'est quelque chose qui est venu progressivement il y a quelques années quand justement de plus en plus de trails ont atteint ou dépassé ce tarif alors que ça n'existait pas jusque là (et on ne parlait pas trop des courses sur route).
jano a écrit:Gilles45 a écrit:Par exemple l'excellent trail des Piqueurs en mars est à 23€ l'inscription pour 55 km. C'est franchement pas cher pour une excellente "prestation" ...
si eux arrivent à le faire, pourquoi celui d'à côté sera au double du prix ?
Marathonnerre a écrit:jano a écrit:pour répondre à marathonnerre sur la référence de 1€ du km, c'est quelque chose qui est venu progressivement il y a quelques années quand justement de plus en plus de trails ont atteint ou dépassé ce tarif alors que ça n'existait pas jusque là (et on ne parlait pas trop des courses sur route).
Cela fait 10 ans que j'entends cette référence à 1 € par kilomètre, ce sera encore pareil dans 10 ans. Sauf que 20 ans auront passé mais que personne ne semble comprendre qu'il n'est pas étonnant que les tarifs augmentent peu à peu (pas forcément chaque année, mais par paliers). Certes, de 2010 à 2020 l'inflation annuelle moyenne doit être vers 1,3 %, elle est beaucoup plus élevée depuis peu (situation passagère ou durable ?), mais c'est tout de même 13 % en 10 ans, il faut bien les répercuter ou alors diminuer certains postes
Yvan11 a écrit:Je pense que l'on va bientôt voir apparaitre des "randos" trail, comme il en existe pour le VTT depuis des années. Un ou deux parcours, un ou deux ravitos, un balisage ou une trace gps partagée, pas de chrono, juste de la convivialité pour un prix modique :5, 7 ou 10€ avec parfois bière/saucisse à l'arrivée.
jano a écrit:tu entends 1 euro du km depuis 10 ans pour quelles courses ? l'UTMB ?
jano a écrit:Comme certains calculent le coût d'une voiture au km sur sa durée de vie et peuvent comparer une dacia et un hummer finalement.
jano a écrit:UTMB 2013 = 160 euros --> UTMB 2022 = 305 euros
Marathonnerre a écrit:Il n'y avait pas le prélèvement " ville de Paris " qui est actuellement de 2 € par dossard (donc 100 000 € pour la course) ni le droit d'exploitation de la marque " marathon de Paris " (700 000 € annuels soit environ 14 € par dossard).
Marathonnerre a écrit:jano a écrit:UTMB 2013 = 160 euros --> UTMB 2022 = 305 euros
Pour comparer les prix à plusieurs années d'écart il faut raisonner en parité de pouvoir d'achat : 160 € de 2013 c'est à peu près 172 € pour 2021.
Des tarifs ont manifestement fortement augmenté, les prix sont libres et les éventuels participants le sont également.
Spir a écrit:L'organisation du marathon de Paris paye 700 000 € annuels de droit d'exploitation de la marque "Marathon de Paris" ? S'il y a une chose dont on peut être sûr, c'est qu'à un moment, une partie du prix des inscriptions a permis de financer un fiscaliste
jano a écrit:ok la parité de pouvoir d'achat...soit 172€ équivalent pour 2013...et donc 305 euros en 2022.
Juste qu'on s'interroge sur la désaffection pour les courses, qu'entre autres raisons le critère du prix est évoqué par beaucoup, que tu réfutes globalement cette impression de l'augmentation pour finir par cet argument massue...
jano a écrit:Marathonnerre a écrit:jano a écrit:UTMB 2013 = 160 euros --> UTMB 2022 = 305 euros
Pour comparer les prix à plusieurs années d'écart il faut raisonner en parité de pouvoir d'achat : 160 € de 2013 c'est à peu près 172 € pour 2021.
Des tarifs ont manifestement fortement augmenté, les prix sont libres et les éventuels participants le sont également.
alors je trouve tes interventions souvent justes et pleines de bon arguments et de sagesse.
Mais là on dirait du corporatisme.
ok la parité de pouvoir d'achat...soit 172€ équivalent pour 2013...et donc 305 euros en 2022.
Mais du coup, dire que les prix sont libres et les gens libres de s'inscrire...bah oui, implacable.
Juste qu'on s'interroge sur la désaffection pour les courses, qu'entre autres raisons le critère du prix est évoqué par beaucoup, que tu réfutes globalement cette impression de l'augmentation pour finir par cet argument massue...
mic31 a écrit:
Oui mais justement ça n'a pas d'effet là. L'Utmb c'est comme le Hellfest, c'est plus que complet et ils peuvent ajouter 20, 30 ou 50 euros chaque année, ça continuera de l'être. La désaffection ne les touche pas.
eha a écrit:Marathonnerre a écrit:mic31 a écrit:aussi pour le cinéma qui n'a pas retrouvé son public.
Pour ce qui est des OFF, c'est bien aussi que les coureurs s'aperçoivent qu'ils peuvent en petit groupe se faire des OFF à la journée ou sur plusieurs jours qui valent largement certains ultras et à moindre couts et avec souvent des souvenirs (bivouac..météo...faune sauvage) mémorables.
Et puis ça permet à certains de découvrir la fonction navigation d'onéreuses montre GPS et c'est pour moi une de leur fonctionnalités la plus intéressante.
Spir a écrit:L'organisation du marathon de Paris paye 700 000 € annuels de droit d'exploitation de la marque "Marathon de Paris" ?
oui, oui, l'utmb n'a pas ce problème de remplissage, en tous cas pour l'instant.(il y a peu, personne n'aurait imaginé que le tor aille à la pêche aux inscriptions alors qu'il y a 4 ans, c'était un tirage au sort pas évident)mic31 a écrit:jano a écrit:ok la parité de pouvoir d'achat...soit 172€ équivalent pour 2013...et donc 305 euros en 2022.
Juste qu'on s'interroge sur la désaffection pour les courses, qu'entre autres raisons le critère du prix est évoqué par beaucoup, que tu réfutes globalement cette impression de l'augmentation pour finir par cet argument massue...
Oui mais justement ça n'a pas d'effet là. L'Utmb c'est comme le Hellfest, c'est plus que complet et ils peuvent ajouter 20, 30 ou 50 euros chaque année, ça continuera de l'être. La désaffection ne les touche pas.
jano a écrit:Mais peut-être que mic31 peut parler du coût sur les citadelles (je n'ai pas regardé les tarifs d'inscriptions, c'est peut-être un contre-exemple)
CROCS-MAN a écrit:Chaque coureur devrait au moins une fois par an être bénévole ou organisateur pour comprendre comment ça marche et se faire sa propre opinion sur les courses
Benman a écrit:J'ignorais la faillite dont parle Marathonnerre, et les répercussions qu'elle a eue sur les orgas non remboursées.
Benman a écrit:On n'est pas là pour un cadeau ou un goodies, mais on aime bien aussi ces petits plus finalement quand on y pense. L'idéal serait de donner le choix avec 2 prix avec ou sans cadeau / repas.
titebistouille a écrit:je souhaite attirer votre attention sur la pratique en OFF.
pour certaines courses le parcours emprunte des chemins, bois privés pour lesquels l'orga demande des autorisations.
avec la pratique du OFF les propriétaires se retrouvent alors avec des personnes qui se baladent sans leur autorisation sur leurs terres.
aujourd'hui, en partie dû à cette pratique, des propriétaires nous refusent tout simplement le droit d'emprunter leurs chemins, imaginez comme organiser une trace devient un vrai casse-tête !
VIGILANCE dans cette pratique
Itou !mic31 a écrit:Ca n'apporte rien à la discussion, mais je voulais juste écrire qu'elle est très intéressante...
Perso, je n'y crois pas trop, j'imagine qu'il restera sensiblement moins de grosses, et des petites courses qui s'organiseront sur la base de clubs, comme avant la bulle. Mais on verra...Eomer a écrit:...Le gros piege, se serait qu'a terme, les grands gagnants soient les grosses "usines" et que les "petites" courses n'existent plus...
C'est sans doute inévitable. Je me souviens de pas mal de modes successives, comme la planche à voile il y a 40 ans... aujourd'hui, il reste toujours quelques passionnés (entre plein de kites) qui se font bien plaisir !Gilles45 a écrit:...Après est-ce une si mauvaise nouvelle d'aller vers de la décroissance ? cela obligera peut-être la "bulle" trail à se dégonfler..
grumlie a écrit:Je cite un point vu plus haut:
"Dominique Chauvelier ne manque pas d’idées. « Aujourd’hui, il faut mettre du fun, du rock et des feux d’artifice. Il faut remplacer les speakers par des DJ. Notre sport est devenu ringard », lâche-t-il, citant en bon élève les 10 km de Paris, course réunissant 17 000 personnes dans une ambiance digne des plages d’Ibiza."
C'est exactement cela qui me file des boutons à l'idée de prendre un dossard.
La partie dj/ambiance de concerts et autres "clapping" aux départs des courses me gave au plus haut point.
huralp a écrit:Entre les GR, les GR de pays, les PR et les circuits VTT, je pense qu'il y a quand même de quoi se tracer des OFF, sans passer dans des chemins et bois privés.
mic31 a écrit:J'avais oublié de réagir à ça, merci du rappel. Chauchau était aux Templiers, avec quelques people Koh Lantiens et autres, plus une grosse musique de merde style Véronique et Davina. Insupportable, il n'y avait qu'Anemo à sauver juste aux moments des départs. Je déteste tout ça. Et en particulier les speakers qui se prennent pour le centre de la course.
Je suis dubitatif pour les claping et autres "accroupissez vous" au départ, ça me gave assez en tant que coureur, et je me dis que ça doit plaire aux coureurs alors je laisse faire en tant qu'orga (pas super chaud quand même...).
benoitb a écrit:mic31 a écrit:J'avais oublié de réagir à ça, merci du rappel. Chauchau était aux Templiers, avec quelques people Koh Lantiens et autres, plus une grosse musique de merde style Véronique et Davina. Insupportable, il n'y avait qu'Anemo à sauver juste aux moments des départs. Je déteste tout ça. Et en particulier les speakers qui se prennent pour le centre de la course.
Je suis dubitatif pour les claping et autres "accroupissez vous" au départ, ça me gave assez en tant que coureur, et je me dis que ça doit plaire aux coureurs alors je laisse faire en tant qu'orga (pas super chaud quand même...).
Je suis speaker sur pas mal de courses, et j'avoue que j'ai du mal avec ces trucs, ce n'est pas naturel pour moi... J'aime bien faire monter la pression en faisant 2-3 phrases un peu grandiloquentes sur une musique bien choisie, mais faire taper dans les mains ou des trucs dans le genre, c'est simple je n'y arrive pas. Et pourtant, j'ai un pote bien connu parmi les speakers (celui du GRP, qui était également à la Réunion cette année, vous voyez ? Il nous lit peut être d'ailleurs) qui adore ce genre de trucs, et il a un vrai talent pour ça... Les coureurs aiment bien, je peux en témoigner, j'ai fait plusieurs départs avec lui. Quel positionnement adopter ? (je suis conscient de sortir du sujet de départ en créant une branche dissidente )
mic31 a écrit:huralp a écrit:Entre les GR, les GR de pays, les PR et les circuits VTT, je pense qu'il y a quand même de quoi se tracer des OFF, sans passer dans des chemins et bois privés.
Il faut faire une recherche pour ça, préparer un parcours. Or, comme cela a été dit, certains prennent les gpx des courses et font le parcours en dehors du jour J. Et là ça peut poser des problèmes par endroits..
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