Quelques petits compléments acquis de ma (relativement petite) expérience de balisage sur quelques courses (un peu de Montagn'hard, beaucoup de GR73, beaucoup de Trail des Rois Maudits, un (tout) petit peu d'UTV au pied levé avec Samontetro)...et aussi quelques constats faits avec mon expérience de coureur.
- la cohérence du "style" de balisage est très importante car rien n'est plus déroutant pour un coureur que plusieurs façons différentes de marquer les bifurcations, qui varie au long de la course
- respecter un espacement régulier des balises sur les sections sans ambiguïté. J'ai de trop nombreuses fois rencontré des passages sans balises pendant bien trop longtemps qui risquent de n'amener qu'à l'inquiétude d'avoir loupé quelque chose chez au moins certains coureurs. C'est souvent sournois sur la fin d'une section de balisage quand l'équipe de baliseurs commence à manquer de balises et qu'on a tendance à les économiser. Il y a aussi une espèce de snobisme bizarre par endroits pour "ne pas faire du balisage de parisien". Car, c'est bien connu, les "parisiens" (ceci pouvant être remplacé par lyonnais, toulousains, bordelais, etc.) bref tous ces citadins bobo-trailers qui ne mettent jamais un pied dans la nature, balisent toutes leurs courses avec une marque tous les 20 mètres. La philosophie de chacun peut varier, mais disons qu'une balise minimum tous les 150 mètres me semble un bon compromis. Mais le plus important, c'est surtout de rester cohérent car un bon organisateur va mentionner cela au briefing (le machin qu'on n'écoute jamais au départ des courses).
- baliser pour le serre-file, aussi (qui est très souvent celui qui débalisera) surtout si le baliseur est un grand gaillard de 1,90m et qu'on balise avec autre chose que des petits drapeaux plantés à terre. Franch l'a mentionné, cela inclut aussi d'éviter les noeuds (si on utilise de la rubalise, ce qui est Mal)!
- sur le matériel, là, toutes les écoles existent. Pour ma part, avec la petite expérience mentionnée plus haut (rubalise jetable et un peu de drapeaux sur le GR73, drapeaux sur le TRM, piquets sur la MH, rubalise "maison" réutilisée sur l'UTV), j'ai une petite préférence pour les drapeaux (roses ou orange), mais tous ont leurs avantages et inconvénients :
- GR73 : gâchis de plastique avec les bandes de rubalise, qui imposent aussi un long travail de préparation à l'avance et ne sont pas réutilisées. Super-encombrant pour les serre-file, par contre pas lourd à transporter et permettent aussi de caser un sponsor (à confirmer). Rapides à poser. Souvent très visibles car flottent au vent (avec le défaut de parfois aller se coincer, invisibles). Inutilisables dans les sections sans végétation haute.
- MH (et UTMB, d'ailleurs) : piquets style piquets de jardin avec partie réfléchissante sur le haut. Faciles à transporter jusqu'à un certain nombre, largement réutilisable (un peu de casse), par contre difficiles à planter (arme fatale : un tournevis pour faire les trous). Les plus longs à poser à mon avis.
- TRM (ou EB) : mini-piquets avec drapeaux en couleur flashy. Souvent faciles à poser sauf en partie très rocailleuse. Les plus faciles à transporter en nombre. Un peu fragiles : la petite partie plastique peut se détacher vite...et devient alors polluante. Requièrent un investissement notable car il en faut un peu plus que d'autres systèmes (notamment sur les bifurcations). Pas de travail préparatoire, sauf si besoin d'y ajouter un élément réfléchissant
- UTV : rubalises réutilisables assez solides pré-équipées d'un élément réfléchissant à une extrémité et d'un système d'attache artisanal, fruit de 10 ans d'expérience de Patrick, à l'autre extrémité. Sûrement les plus pratiques après les drapeaux, du moins pour les sections avec végétation haute, bien sûr. Je ne sais pas si c'est très lourd et encombrant au balisage ou débalisage, je n'ai pas assez expérimenté.
Pour le côté pratique des débaliseurs/serre-file, je voterais donc pour les drapeaux qui sont les plus "tout-terrain". Par contre, pour l'organisateur qui prend tous les paramètres en compte, les balises UTV artisanales sont certainement un excellent compromis. J'ai d'ailleurs retrouvé des balises analogues cette année sur....l'Ecotrail de Paris (où là, oui, c'est par endroits balisé tous les 20 mètres).
Et on pourrait bien sûr trouver encore plein d'arguments dans un sens ou un autre....
Un point non évoqué est le calendrier de balisage. Tant qu'on ne l'a pas fait, on n'a pas idée de la lenteur d'une équipe de balisage. On trimbale du matos, on s'arrête sans cesse, s'il y a beaucoup de bifurcations, on réfléchit beaucoup à la moins pire façon de les baliser, etc.
Quelques timings repris dans mon Strava:
- GR73 2019, 20 premiers kilomètres : 6 heures (à 3) - Section suivante (18km) : 5h30 (à 2)
- TRM 2019, 21 kilomètres : 6h45 (seul, avec quelques transferts)
- TRM 2018, 9,5km : 3h (à 2)
Cela me donne en gros une estimation de 3 km/h, variable selon le nombre de baliseurs (sur le TRM, il m'arrive de baliser seul, mais le parcours change peu et je connais d'avance les points délicats).
Se méfier des baliseurs qui connaissent bien le parcours. Ils vont inconsciemment zapper des difficultés (faux sentiers, notamment) et baliser trop léger. Sans aller jusqu'à baliser une autoroute, avoir plusieurs regards sur le balisage est souvent utile : une balise déplacée de quelques mètres peut tout changer. Pour ma part, je ne quitte pas une bifurcation ou un point délicat sans l'avoir vérifié, quitte à revenir en arrière, partir à fond de train vers ma bifurcation, comme si j'avais une cote ITRA 750 et essayer de voir ce que voit un coureur de tête. Cela peut expliquer ma vitesse assez basse...
Sur la technique, je pense que Patrick (en passant ton document m'intéresse, aussi!) est bien plus compétent que moi, donc je n'en ajouterai pas, mais ce qu'il a mis est exactement ma propre pratique.
Et, bien sûr, faire baliser par des coureurs, c'est l'idéal, ce à quoi j'ajouterai "et si vous avez des coureurs pas du coin sous la main, c'est encore mieux, en les mélangeant avec ceux qui connaissent chaque caillou par coeur".