Gruissan, c'est pas la porte à côté. Alors pour avoir mon comptant de sommeil, j'avais prévu juste. Si juste que je récupère ma puce et mon dossart à peine 5 minutes avant le coup de feu. C'est le speed. Je sors du casino en petite foulée, fonce vers la voiture, enlève le superflu, attrappe mon camel back, un bandeau et oublie mes gants. Mon échauffement aura été bref, je regagne la ligne de départ, me serre contre mes compagnons d'un jour et pas le temps de dire ouf que la course est partie.

     Le soleil n'est pas loin mais le zef, lui, nous transperce déjà. Je pars sur un rythme sage car j'ai encore en tête la débacle de l'an dernier. En effet, j'avais fait une bonne course les 15 premiers km et puis plus rien...le vide et le défilé des concurents jusqu'à Gruissan. Alors cette année, je gère. Je me dis que la course ne commencera qu'après le 1er ravito (13ème km). D'ici là, je cours et les sensations sont bonnes.

     Comme je connais le parcours, j'anticipe et  je place mes pieds aussi car avec toutes ces caillasses les genoux sont mis à rude épreuve. J'arrive même à lever les yeux de temps en temps pour profiter du cadre...passage sous les oliviers...au loin la mer, du sable et ces caillasses. D'ailleurs très vite je butte sur une et je me revoie tout de suite au trail blanch, le nez collé au sol après ma chute. Cet avertissement me fera lever les pieds pour le restant de la course.

     L'objectif que je me suis fixé pour cette course est: 2heures, 50ème place. C'est plutôt ambitieux, vu ma 93ème place en 2h 07 de l'an passé mais j'y crois. Après quelques km, je me retrouve dans le peloton des prétendantes au poduim (les futures 2, 3 et 4 de la course). Ca ne chaume pas mais je laisse mon orgueil de côté et continue à faire ma course. Je sens quand même que je suis dans un bon jour car je me fais très peu doublé et je peux même hausser le rythme parfois sans être en sur-régime.

     La première partie de la course se termine, j'arrive au 1er ravito et j'en profite pour m'alimenter: un gel, une barre de noisettes et boisson tout en courant tranquillou. Ca remonte un peu de l'arrière mais je me dis surtout que c'est maintenant que je vais savoir si je tiens la distance. On longe maintenant l'étang, une piste roulante qui fais du bien (quand on a des jambes). On se tire la bourre avec quelques gars puis deux locomotives me dépassent. Je m'accroche aux wagons.

     Inutile d'en garder sous la pédale à quelques km de l'arrivée. Je m'accroche et je constate avec étonnement que je tiens le rythme. Ca fait plaisir! Après tant de courses finies au ralenti, je me sens bien. Les derniers km, je passe les bosses sans encombres et je vais grignoter une bonne douzaine de gus. Même sur le final, venteux à souhait, je rattrapperai les deux derniers que je m'étais fixé avec le plus grand plaisir.

     Au final, je fais là ma course la plus aboutie en 1h57, 42ème sur 630. Un super parcours, varié, dans un cadre magnifique et 100% nature.

     Bon, allez Berty, t'emballe pas. Y'a encore du monde devant et du pain sur la planche... mais aujourd'hui on savoure!