L'auteur : tidgi
La course : Finale Mondiale Backyard par Equipe
Date : 19/10/2024
Lieu : Chatonnay (Isère)
Affichage : 318 vues
Distance : 228km
Objectif : Objectif majeur
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Pas d'autre récit pour cette course.
Ce titre est surtout une manière d’exorciser ce restant d’amertume post-finale Backyard.
Il devait s’intituler à chaud « Chronique d’un backyardeur en carton… ». On va rester factuel finalement.
Ce récit n’appelle pas de soutien particulier. Il permet juste de laisser une trace, de cet évènement. Pour le relire plus tard… ou pas…
Monteux (84), vendredi 15 Octobre, 15h : je viens de terminer ma 53° boucle, à fond en 40’… car je sais que je m’arrête là.
Je me sens encore bien mais je dois rentrer sur Lyon, je bosse le lendemainavec un RDV important le matin. Etonnant quand on analyse ça après coup…
Je viens de vivre un WE de dingue, référence pour moi. Convivialité, performance, partage, … Les planètes étaient alignées. Une performance que je n’aurai jamais pensé faire !
Me voilà sélectionné, parmi les 15 meilleurs nationaux, pour la finale mondiale qui aura lieu dans 1 an, alors que je ne savais même pas que çà existait 1 an avant. Et là on fait quoi ?
Chatonnay, en Isère, est choisi comme lieu de l’événement. J’y ferai 3 boucles en Avril pour reconnaitre le parcours : bof bof ! Va falloir être costaud car il ne fait pas rêver. On s’adaptera.
4 backyards en 2 ans (2 Dijon, 2 Monteux) avec à chaque fois un top 5 et me voilà admis dans la cour des grands. OK, j’ai quelques ultras derrière moi, mais cet exercice-là ne ressemble à aucun autre.
Avril 2024, je suis à sur la Backyard de Hossegor, histoire de « sécuriser » ma place en équipe de France et pour essayer d’améliorer/confirmer ma marque.
Tourner autour d’un lac, je connais donc on remet le couvert. Finalement je m’arrête à 40 tours/40h, le sable commençant à provoquer une belle gêne derrière mon genou : la saison est encore longue et cela ne changera pas ma sélection, même si je fais 5 tours de plus. C’est en tout cas, une bonne prépa pour l’échéance de la finale en Octobre. A nouveau un top 5 mais une légère déception de ne pas avoir été plus loin (çà se gagne alors en 54h).
Cette prépa est complétée par un 24h, couru 1 mois avant, pour une bonne cause, du côté d’Annecy. Le mental a bien tenu car j’en ai eu bien marre à un certain moment (vent, fatigue).
Enfin , le marathon de Lyon 2 semaines avant, peaufine tout ça : yapluka !!
On n'oublie pas la glace/chantilly, rituel de la veille :
Comme à Monteux, Annick fera mon assistance, indispensable si l’on veut aller loin.
Pauline et Julien, mes amis au Lyon Ultra Run, seront là le temps du WE, c’est cool !
La motivation est intacte, je me sens prêt et espère profiter de l’émulation dégagée par l’équipe dont quelques « costauds » qui vont pouvoir nous emmener loin.
Arrivé sur place, je revois quelques connaissances déjà croisées sur des backyards (Pierre, Christophe, Christophe, Nicolas, Jérôme, Fabrice, Claire) et en découvre d’autres, « légendes » de l’ultra pour certains.
L’ambiance est bon enfant et permet de patienter jusqu’au départ à 14h ce samedi 19 Octobre.
Les premiers tours semblent se faire mode très cool. Nous sommes 15 et nous avons le gymnase pour nous et nos assistances lors des pauses. Au moins on ne se marche pas dessus.
J’essaie de trouver mes marques (marche/course), mais à discuter régulièrement, je n’arrive pas à me mettre dans ma bulle, à rester concentré. Impression de faire le footing du dimanche.
Je tourne, comme beaucoup, en 48 minutes, cela me semble beaucoup par rapport à mes autres BY, mais j’apprécie alors le fait de pouvoir me reposer plus longtemps (chaussures enlevées, repos yeux fermé). Mon assistance est aux petits soins avec moi et c’est top ! Je ne me rends pas compte encore que je vais trop vite si je souhaite durer…
Seb vient pour quelques heures sur l’événement. Merci !
Au moins, il aura vu plus de sourires que s’il était venu le lendemain ;-)
La première nuit se passe plutôt bien, même si je m’attendais à mieux. J’ai du mal à être pleinement dans le jeu car l’estomac commence parfois à me gêner, rien de grave mais perturbant dans mon « protocole » de découpage de la boucle.
Arrive le jour et les 18 premières heures. Jérôme commence à être dans le dur. Nous essayons de le remotiver afin que nous restions tous dans le game (ce serait bien d’être tous là aux 24 heures déjà).
Jérôme arrêtera au bout de 24h...
L’estomac aimant de moins en moins être secoué, je décide de stabiliser en allongeant les périodes de marche, et donc en allongeant le temps du circuit.
Je rentre en 51/52’, ce que je fais d’habitude sur d’autres BY. Ce qui est la norme pour moi me donne quand même l’impression d’une « perte de temps » à cause de la fatigue, ou de se dire que le mur est proche ! (« perte de temps » = « début de la fin »)
Quand Maxime me demande si ça va, la seule réponse que j’ai à ce moment-là : « je lutte… ».
Quelques kikous viennent nous rendre visite : Nico, Patrice et Laurent (qui donneront un petit coup de main à Annick avant de repartir).
J’ai aussi la visite de Bérangère et Ludo. Quelle dommage que je ne puisse pas mieux profiter de leur présence à tous. Je dois me concentrer à chaque pause et elle se raccourcit.
La motivation pour l’équipe reste pourtant bien présente lorsque la 2e nuit commence à tomber.
Tout mon petit monde venu me voir laisse Annick seule. Notre équipe se réduit donc d’un coup. Il va falloir tenir bon (mais dans ma tête, le petit vélo tourne et me dit que la nuit va être compliquée = est-ce que j’y crois encore ?).
Ambiance séchage des chaussures, que Julien avait assuré la première nuit (à noter poiur la prochaine BY : "apporter un sèche cheveux"):
Alors que les problèmes d’alimentation ont augmenté, j’essaie néanmoins d’avaler quelques pâtes et de prendre un peu de sucré car je me sens en manque.
Et Bim ! Juste après le départ de la boucle, tout ressort…. Et je me retrouve en fond de peloton. Je sens qu’il va falloir composer seul…
Des pensées négatives surgissent : « pas un terrain pour moi », « où est l’esprit d’équipe »,...
Mais je ne peux pas décevoir ne serait-ce qu’Annick qui fait tout pour me maintenir à flot. Donc… « je lutte »…
Les 30h sont passées, c’était mon 1er palier. Il faut continuer !!
… Je regarde trop ma montre et vois les temps de passage augmenter, toujours ce même problème à chacune des quelques backyards. Mais j’ai pourtant le temps à l’arrivée ! Alors ! Je me botte les fesses… ou plutôt le cerveau. Les jambes sont lourdes dans ce faux plat montant en herbe. Je déteste ce passage.
A partir de la 31e boucle je suis avec Claire, Sébastien mais aussi Fabrice. Et si c’était le grupetto qui me permettrait de tenir le plus longtemps possible ??
La 33e est à nouveau faite ensemble. Je reste en queue de peloton, convaincu que je vais arriver trop juste. Je m’accroche et nous arrivons 1’30’’ avant le prochain départ.
Même si l’estomac est bien secoué, j’ai le temps de prendre quelques chose de liquide et repars. Ça tient… Et si ça pouvait tenir comme çà, même si je me retrouve encore dernier du groupe. Peu importe, tant que j’engrange des tours. Allez !!!
Le tournant va pourtant se produire au tour 34, à la faveur d’une pause pipi. Cela fait quelques heures que je ne me suis pas arrêté, je décide donc de le faire tandis que mes compères s’éloignent dans la nuit.
Quand je repars, les frontales sont trop loin pour être vues, je vais essayer de les rattraper mais le digestif m’empêche d’accélérer… Je suis obligé de marcher. Les temps de passage deviennent alarmants, je ne veux pas faire ce tour pour rien, alors je calcule, je force, je dois rentrer dans les temps.
Il reste 5’ quand j’arrive dans le pré, synonyme des 700 derniers mètres.
Tout le monde est arrivé, je suis le dernier à tournicoter, 3 minutes, 2 minutes… Je cours mais suis obligé de marcher tout me tenant le bide. Le mental n’y est plus non plus… L’avion est en train de faire une chute libre !
Il reste 10 secondes lorsque j’arrive au gymnase. Le tour 34 est validé !
On me dit de repartir mais pas moyen, trop mal au bide à ce moment-là… Et… je n’y crois plus …. Fin du game !....
Une ENORME déception finit de me consumer.......
Mes compagnons d’équipe repartent donc sans moi.
Un peu explosé sur le coup, je ne sais plus vraiment ce que j’ai fait à ce moment là…
Je sais que Loic à l’orga me félicite pour cette bataille, que l’on a échangé quelques mots, que j’ai fait un bisou de remerciement à Annick puis je suis parti m’écrouler – de rage, puis de fatigue – sur ma chaise longue. Dodo pendant 1h.
2h plus tard, Fabrice et Claire arrêteront à 36 tours...
Avec Fabrice, les 2 "doyens" de l'équipe :
Quelle déception !!
- Déçu de partir si tôt de l’aventure.
- Déçu de n’avoir pas pu apprivoiser ce parcours.
- Déçu de ne n’avoir pas pu apporter plus à l’équipe, je suis le 2e sorti de l’équipe. Pas très réjouissant.
- Déçu car une impression d’avoir « manqué de respect » pour mon assistance de choc, Annick. Mais aussi mes amis venus me voir ou m’assister.
- Déçu de ne pas avoir demander un peu d'aide à l'équipe, afin de se sentir soutenu (comme on a pu soutenir Jérome pour qu'il continue), la solitude du dernier tour a précipité le bonhomme dans sa chute...
Une semaine après, alors que j'ai plutôt bien récupéré physiquement (j'ai repris les sorties sans séquelles particulières), j’ai toujours du mal à ne pas ruminer :
- Suis-je vraiment fait pour tourner sur une backyard ? En effet, je raisonne essentiellement objectif final (j’ai toujours terminé mes courses, parfois dans des conditions compliquées parce que l’arche d’arrivée était au bout). Ici, pas d’objectif, « just one more loop ». Peut-être que mon cerveau n’arrive pas à intégrer.
- Ai-je vraiment le mental qu’il faut sur ce type d’exercice ? L'allongement des temps de passage au bout d’un moment engendre des pensées négatives.
- Mais aussi, comment arriver à mieux gérer ces problèmes digestifs, point faible sur mes ultras ?
Alors … je regarde déjà vers 2025 car il faut tourner la page :
- Nutrition : mieux comprendre ce qui cloche avec un spécialiste
- Posture : faire un bilan afin d’avoir une foulée plus efficace (entrainant peut-être moins de fatigue)
- Mieux revoir l’entrainement (ne pas laisser tomber le D+), le mental, …
- Et surtout continuer à me faire plaisir sur les courses, garder cette part d’insouciance…
Notre équipe de France finit 5e sur 64 pays.
Le record de France détenu par Christophe a été battu avec 84 tours par Nicolas (les 2 Christophe arrêtant à 83 tours). Et Ronan avec 80 tours.
Enorme ! Une course référence qui fera date …
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7 commentaires
Commentaire de jano posté le 30-10-2024 à 21:56:55
tu as déjà fait 53 tours en finissant "facile" donc oui, tu es fait pour les trucs longs et qui peuvent paraitre rébarbatifs à beaucoup (et tu l'as prouvé sur d'autres trucs que des BY)
Par contre, c'est sûr que la bouffe, c'est la base et que le cerveau t'emmène au bout du monde s'il a sa dose mais il t'arrête direct si ça n'est pas le cas...
Bonne analyse et recherche
Commentaire de cloclo posté le 30-10-2024 à 21:58:19
Que veux tu, Thierry, en ultra, les courses se suivent, mais ne se ressemblent pas forcément.
Ne sois pas trop dur avec toi même.
Commentaire de Mazouth posté le 30-10-2024 à 23:30:15
Je comprends que tu sois déçu, mais quand-même, 34 tours c'est très fort, surtout avec les soucis digestifs. Alors je dis bravo, et j'ai hâte de lire les récits de tes prochains exploits (LPF en retour simple ça compte pas ;))
Commentaire de Jean-Phi posté le 31-10-2024 à 10:13:58
Mon cher Thierry, ne te martèle pas autant l'esprit. Tu sais, mieux que quiconque, que l'ultra est ingrat et ne pardonne rien. Tu n’as rien loupé ni manqué de respect envers personne sauf toi-même si tu penses vraiment ne pas être fait pour cela alors que tout le monde ici sait ce que t'y es capable de faire. C'était une course sans. Enfin 200 et quelques kms, ce n'est pas non plus ce que j'appelle sans. Sois moins sévère envers toi et projette toi comme tu le fais pour corriger ce qui peut l'être et repartir. Tu es un warrior, led guerriers parfois ça doit aussi récupérer et analyser ce qui ne marche plus. Nul doute que tu vas trouver la clef car tu es fait pour ça. Courage mon ami !
Commentaire de coco38 posté le 31-10-2024 à 11:34:18
Hello Thierry
Tu sais mieux que personne que sur ce genre de course il faut que toutes les planètes soient alignées. Soucis digestifs et parcours difficiles ça fait au moins 2 grains de sable à surmonter. Dans ces conditions faire 34 tours c'est juste incroyable. L'essentiel c'est que tu te projettes vers la suite avec des pistes d'améliorations.
Rdv à Firminy !
JC
Commentaire de chirov posté le 31-10-2024 à 17:52:01
Merci Thierry pour ce récit !
Dommage que ces problèmes d'estomacs soient venus gâcher ta performance, chaque ultra amène son lot de surprises (et c'est ce qui les rend aussi enrichissants).
En tout cas bravo pour avoir tenu aussi longtemps malgré la situation, ça ne devait pas être simple mentalement !
Commentaire de tidgi posté le 31-10-2024 à 18:56:52
Merci les amis ! Z'inquiétez pas, je ne fais pas encore de la pétanque mon sport principal, même si c'est bien aussi. Forza !
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