L'auteur : Papy
La course : AlpsMan Xtrem Triathlon
Date : 2/6/2024
Lieu : St Jorioz (Haute-Savoie)
Affichage : 1040 vues
Distance : 226km
Objectif : Se dépenser
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Pas d'autre récit pour cette course.
Une petite vidéo ou notre cher Président se rince sous le jet d'eau 😂
Si la vidéo est indisponible, rafraichissez l'écran et elle reviendra !
Pour ceux qui ont suivi la course, dans ce texte quelques explications à mes "exploits" et à mon déclassement lors de cet Alpsman.
Pour les autres, je vous emmène passer avec moi une journée dans les Bauges.
Une belle journée de galère dans un magnifique décor.
Une journée où, malgré mon expérience, la non pratique du triathlon et de l'Ironman depuis 2012, s'est fait ressentir. Cela vous apprend (ou re-apprend) l'humilité devant l'effort, quel qu'il soit.
Cet Alpsman s'inscrit dans un planning(*) de préparation pour finir honorablement l'UltraMarin fin juin.
Planning d'urgence car je suis resté 3 mois en liste d'attente pour l'inscription. Lorsque j'ai reçu mon acceptation, le kilométrage vélo était proche du néant depuis 10 ans avec, les grosses années 1500 km, la natation en berne depuis plus longtemps, il n'y avait que la CAP qui se maintenait à un "petit" niveau.
Les aléas de la vie m'ont fait arriver ce matin du 8 juin 2024 avec 54 km de natation, 1070 km de vélo et 950 km de CAP. Il est clair qu'en dehors de la CAP, cela n'est pas suffisant pour réaliser une performance honorable et pourtant ma folie me laisse un infime espoir de sonner la cloche.
Je crois qu'à ce moment-là j'ai oublié toutes ces années qui sont passés depuis mes derniers résultats étonnants.
Allons voir comment finalement s'est passée cette belle épreuve...
Voilà la décomposition de cette journée extra-ordinaire
Cliquez sur le chapitre pour y accéder
1/ Le bateau
2/ La natation
3/ Le vélo, premier tour
4/ La balade des gens malheureux, où sont les bénévoles ?
5/ La galère sans smartphone au milieu de nul part, au fin fond de la vallée
6/ La rencontre avec un cycliste venu d'ailleurs
7/ Les embouteillages et la vie citadine
8/ Retour vers la montagne et ses cols
9/ Arrivée vélo
10/ Premier tour marathon
11/ Second tour marathon
12/ Le reste du marathon
1/ Le bateau
Pour avoir beaucoup vécu par procuration, aussi bien sur l'Alpsman que sur le Norseman, ces fameux moments du temps d'attente dans le bateau avant départ, j'en profite au maximum. Solennité, silence et sérénité avec de légers bruits de moteur, chacun se fait ou se refait sa préparation dans sa tête.
Certains dorment, d'autres chuchotent, voire même, sur la fin du voyage, s'échauffent à l'élastique.
Il me reste à décider si je mets les lunettes confort Décathlon, sans correction de myopie, ou les lunettes correctives, moins confortables et sujettes à plus de buée.
Il fait nuit noire à ce moment là et je ne perçois que peu de différence de vision entre les 2, alors je soupèse les arguments.
Le temps passe et les premiers se jettent à l'eau. J'ai bien écouté mes zamis expérimentés pour être quasiment le dernier à plonger dans l'eau avec... mes lunettes correctives car le soleil éclaire déjà la vallée.
Je tente d'apercevoir le portail de départ, l'imagine dans la pénombre et saute !
Main devant les lunettes, le froid me glace et rapidement je me mets en action pour ne pas me refroidir.
Mal orienté je me retrouve rapidement seul, ayant perdu de vue les bouées.
Petit instant de panique, je fais de l'hyperventilation psychogène, j'ai du mal à me situer dans l'eau et savoir où sont les bouées du parcours.
Je ne perçois qu'un bruit lointain de haut-parleur sans en comprendre la teneur.
Je tente de nager vers la direction du son et j'aperçois, enfin, une bouée portail à 200 m environ. Comment me suis je retrouvé aussi loin ?
Je sens les préparatifs de départ mais je ne sais pas dans quel sens cela va.
Je tente d'héler un bateau ou un paddle, personne ne m'entend, je nage comme je peux pour tenter de rejoindre le départ.
C'est dommage, nageur médiocre, ma sérénité du matin vient de s'envoler, il va falloir travailler pour la retrouver sous peine de me noyer.
J'arrive proche d'un paddle que je dois secouer pour en attirer l'attention. Je lui demande le sens du départ et tente de joindre le peloton.
Je n'ai pas le temps de m'installer que le départ est donné pour la lessiveuse.
2/ La natation
Suite au crash du trail de Guerlédan, les entrainements eau libre furent catastrophiques, pas de souffle, pas de bras, aucun plaisir dans l'eau. Un triathlon ne se gagne pas en natation, par contre il peut se perdre. Dans mon calcul timing pour avoir la moindre chance de sonner la cloche, il me fallait repartir du vélo autour de 1h30.
Mon dernier entrainement en eau libre m'avait rassuré : j'arrivais à poser ma nage, même en 2 temps, et j'ai réussi à prendre quelques jambes.
Comme j'avais réussi finalement à trouver le peloton, j'ai cru pouvoir faire pareil…
La corne de brume sonne le départ et me voilà à la recherche de jambes "drafting".
Je ne vois pas grand-chose et me fie aux bulles que j'ai devant. La respiration est saccadée, la nage n'est pas aisée malgré l'espace que j'ai autour de moi.
Je m'accroche aux bulles qui sont devant moi et avance quand même bon train.
Je ne vois toujours pas grand chose car la buée est forte, je reste donc dans ma lignée.
Après quelques minutes d'effort, je lève la tête hors de l'eau et... me rends compte que je n'ai pas pris le bon poisson pilote. 😧
Nous sommes seuls à l'écart du peloton, dont j'aperçois à peine quelques bonnets, proche du centre du lac. Inquiet, je tente de répiquer vers la gauche, j'arrive à retrouver des jambes que je perds pour me retrouver seul… vers le bord du lac.
Je ferais ainsi trop de zig et zag avant d'enlever mes lunettes pour les tremper dans l'eau du lac.
Autant d'habitude, en piscine, rivière ou étang, la buée revient vite, autant, surprise, tout s'est éclairé à ce moment-là jusqu'à l'arrivée. L'eau du lac a nettoyé la buée qui n'est plus revenue et j'ai pu nager droit. Trop tard car j'étais déjà dans les derniers.
Le plaisir de nager est quand même revenu, en particulier quand je faisais attention au catch me permettant de doubler rapidement. La c’est grisant, je me serais presque pris pour un bon nageur.
Malheureusement, mon affutage "légendaire" m'a encore joué des tours. Malgré une eau à bonne température, les derniers mêtres furent difficiles, le froid m'envahissant, je tremblotais de nouveau.
Presque 4,3 km au compteur pour 1h34', j'avais déjà perdu en sortant de l'eau.
3/ Le vélo, premier tour
J'avais préparé ma caisse comme jamais auparavant. Méticuleusement, j'avais positionné chaque pièce à sa place, dans l'ordre d’habillage, roulé chaussettes et manchette en mode "montage rapide" pour aller au plus vite. Sauf que la tremblotante arrivant, la pose des chaussettes fut un beau combat que mon syndrome de Reynaud n'a pas aidé. A l'Altriman, Stéphane le speaker Ironman, m'avait dit penser que je ne finirais pas en me voyant trembloter ainsi. Je n'avais pas prévu cela à l'Alpsman.
Je suis finalement parti sans mes manchettes, avec des chaussettes de travers. Au vu de ma performance de départ, je partais finalement pour une belle journée de balade.
Malgré tout, ce qui me restait d'esprit de compétition continuait de me pousser.
Les premiers kilomètres, en faux plat montant me semblent déjà difficiles. D'habitude, c'est là que je commence une petite remontada, non ? La plus j'en double, plus des avions me dépassent. J'ai un doute ?!?!? Mon pneu colle à la route ? Mon frein touche la jante ? On m'a volé mes cuisses ? Ou simplement la fatigue ou le niveau faible ? J'étais pourtant facile dans la Forclaz 2 jours avant.
Jusqu'à la moitié du col de Leschaux je stagne, sans mes jambes pyrénéennes, puis un premier déblocage se fait, les jambes tournent mieux et à l'attaque du Semnoz le plaisir revient.
Je me sens mieux et dans mon élément, les virages et pourcentages s'enchainent, j'ai l'impression que la caravane s'est détachée.
J'arrive au sommet du Semnoz où j'ai l'immense surprise de voir mon Lieutenant Blueberry qui m'encourage et me filme. Merci l'ami pour ta présence. Je ne suis pas au mieux de ma forme, mais suis très heureux de te revoir suite à tes exploits récents avec ta compagne. Félicitations à vous.
J'ai aussi le bonheur d'avoir ma "support team" avec l'un de mes fistons, Théotime, ex triathlète de bon niveau, accompagné par Fabrice Q.
Il m'indique que j'aurais monté le Semnoz plus vite que David B.
Etonnant car une bonne partie des pourcentages semblaient adaptés au style développé par David dans les Pyrénées. Je croise les doigts pour qu'il n'ait pas eu de souci. Quant à mes autres partenaires de Redon, ces avions de chasse étaient déjà passés depuis longtemps.
Je les remercie tous et file vers la descente en pensant que justement David allait nous y mettre une cartouche !
Belle descente où je perds peu de place avant de légèrement remonter vers les petits cols des Bauges.
Je me mets en mode découverte de ce premier tour.
Nous sommes sur des faux plats montants dont le revêtement est mal en point. Je reste en dedans et avec 2/3 coureurs nous remontons des petits pelotons, quand nous ne sommes pas doublés par les avions du Half parti autour de 8h30'.
Me voilà au ravitaillement de Saint-François où je dois faire la queue pour quémander une dose de poudre énergétique. Je suis désolé, c'est mon premier ironman où je suis obligé de m'arrêter pour mendier mon ravitaillement. Les bénévoles sont en sous-nombre, alors soit on patiente son tour, soit on se sert sans en avoir la permission. C'est un peu la foire à l'empoigne et le temps perdu ne se rattrappe pas.
C'est surement la journée des galères, il va falloir que j'en prenne mon parti.
J'ai de nouveaux compagnons de route avec qui je continue à remonter, attendant de forts pourcentages qui finalement ne viendront pas, jusqu'au ravitaillement de Leschraines.
La, c'est la cohue ! Le benevole tendu à l'extrême me demande si je veux mon sac. Devant la queue et le monde présent je lui fais signe que non, à son grand soulagement. Je tente de manger un peu, de remplir les bidons et je me sauve en tombant, à la sortie, sur David dégustant tranquillement un bon sandwich.
Il a fait son deuil de la cloche également, il prend maintenant tout son temps.
Je file et arrive au carrefour séparateur entre le premier et le second tour. Je prends à gauche, direction 105km-Leschraines, file dans la descente et lâche tout. Je me fais doubler par un premier avion que je garde en point de mire, puis un second, derrière lequel je m'accroche. Nous roulons à vive allure, bien plus vite qu'au premier tour, jusqu'où je tiendrais ?
4/ La balade des gens malheureux, ou sont les bénévoles ?
Je cherche désespérément à me rappeler si je suis déjà passé par là. On file vite, très vite, trop vite ?
Cela fait longtemps que je n'ai pas vu de bénévole, mais j'ai toujours ce cycliste en point de mire et des flèches au sol, aux couleurs de l'Alpsman. Cela me rassure, car je passe des carrefours sans une personne. Je n'avais pas remarqué ces flèches au premier tour. Avec le half, je n'avais pas besoin de regarder le balisage. Heureusement qu'elles sont là pour me guider, avant et après chaque carrefour, car je ne reconnais rien du premier tour.
Me voilà dans un village où, à la faveur d'un dos d'âne, je rattrappe le cycliste et repars sur la droite.
Ne pas voir de bénévole m'inquiète quand même, car je descends un peu trop à mon goût.
Me voilà au bord de l'autoroute ?!?!? C'est bon, je suis perdu !
C'est quoi ces flèches que je suis depuis un moment ?
Où vont elles m'amener ?
Comment me diriger alors que je n'ai ni carte, ni smartphone, sans plus beaucoup de souvenirs de la région visitée il y a tant d'années ?
5/ La galère sans smartphone au milieu de nul part, au fin fond de la vallée
Perdu pour perdu, j'ai été jusqu'au bout de ces flèches pour arriver au plan d'eau de Rumilly.
Des recherches m'ont appris que le XL de Rumilly passait au Semnoz et empruntait une partie du parcours de l'Alpsman. Au pont de Banges, absence de bénévole, mon poisson pilote qui se trompe en suivant les fameuses flèches aux couleurs de l'Alpsman, me voilà perdu dans la pampa !
Pas un passant à l'entrée de Rumilly, je décide de tout remonter jusqu'au panneau Annecy entr'aperçu à côté de l'autoroute. Je suis étonné de la facilité de la remontée et remarque que les flèches vertes et blanches prennent la direction de la voie rapide. Je l'emprunte en décidant de rentrer par Annecy, quand je vois les flèches monter en direction de Saint Jorioz (approximativement car ma lucidité n'est pas au top), je décide de les suivre et monte dans Alby. Au bout de 3/4km, j'en ai ma claque car je ne sais pas ou exactement cela va me mener, alors je redescends à tombeau ouvert et reprends la voie rapide.
6/ La rencontre avec un cycliste venu d'ailleurs
Certains des anciens de Kikourou se rappellent peut-être de "Jean Thevenet" ?
Un Asperger qui nous avait explicité avec ses diagrammes la variabilité de la fatigue bien avant que les logiciels de montre ne savent le faire ?
Celui qui en vélo/sacoche montait les cols au milieu des pelotons de cyclosportifs ?
Et bien, le même…
Je reprends la voie rapide et me fait doubler par un avion/sacoche.
Mon orgueil en prenant un coup, j'accélère et me mets dans sa roue.
Je n'ai plus rien à perdre, le drafting m'est autorisé !
Je m'accroche à lui jusqu'à l'entrée d'Annecy où, à bout de souffle, je le laisserais partir.
La moyenne a dû bien monter, car la portion Alby-Annecy fut promptement menée.
7/ Les embouteillages et la vie citadine
Me voilà arrêté au feu dans Annecy demandant la route pour Saint-Jorioz.
Après plusieurs interpellations infructueuses, la dame accepte de baisser sa vitre de 3 cm pour m'indiquer la direction d'Albertville. Je dois avoir l'air d'un délinquant ou vraiment être en déliquescence avancée pour lui avoir fait peur.
Le monde dans cette ville...
J'arrive à trouver la direction d'Albertville et dans un "coup de cul" pour monter à la basilique, je vois descendre mon cycliste sacoche tout souriant, me saluant.
Me voilà en bord de lac où je mets tout à droite, car sur la route.
Heureusement que j'ai ma loupiote clignotante à l'arrière, car je me fais klaxonner.
Je vais trop vite pour la piste cyclable, bien encombrée, et je guette quand je pourrais remonter sur une voie parallèle.
8/ Retour vers la montagne et ses cols
Je tente de lire les panneaux, car je voudrais quitter ce bord du lac dangereux.
Je suis à Sevrier quand je vois une pancarte "col de Leschaux", serais je capable d'y remonter ?
Surtout que je suis en avance sur mon chrono et qu'il n'est plus question de cloche à sonner (du moins dans l'équité de la course).
Je quitte cette route et monte sur ma lancée à bonne vitesse, et rapidement je suis doublé par 2 avions de chasse qui s'entrainent. Je prends la roue et même si je commence à manquer d'eau et d'alimentation, je ne les lache pas. Je dois monter ces 3%/4% autour de 25/30 km/h, Je tiens plusieurs kilomètres ainsi, cela me donne du baume au coeur quand je vois un panneau Saint Jorioz sur la gauche.
Le temps de réfléchir j'ai passé le carrefour mais j'ai laché mes traceurs. J'ai de nouveau un gros coup de mou !
La pépie me prend, je n'ai plus d'eau, et j'imagine un bon plat de spaghetti devant moi.
Cela me motive, car un autre cycliste me double et m'emmène près du sommet du col (décidemment, dans cette région il y en a beaucoup qui roulent fort).
C'est bon, je peux redescendre, je n'ai presque plus besoin de pédaler.
9/ Arrivée vélo
Après avoir croisé des triathlètes montant au Semnoz à pied (le Half y monte directement), je descends tambour battant en me disant qu'avec tout ces raccourcis je serais dans les temps virtuels de la cloche. Même si l'on ne m'autorisera pas d'y monter, cela me maintien en vie.
Je me remet de nouveau dans la compétition et je manque de me manger une voiture qui montait dans un virage.
Cela m'a refroidi et avec la déshydratation avancée plus la fringale qui arrive je suis décomposé en m'approchant du... ravitaillement de l'UCPA, réservé aux coureurs à pieds. Je m'arrete et demande ou est le premier ravitaillement sur la marathon. On m'indique qu'il y a de l'eau au PAV et que le premier point solide est à 4km !
Impossible, je ne peux pas y arriver. Je manque de me ramasser par terre, supplie de m'autoriser à m'alimenter ici et me voit proposer une chaise.
Je la refuse car cela signifierait un abandon total au vu de mes soucis d'hypotension et de malaise vagal, et me jette sur le chocolat et la brioche tranchée. Je reste plusieurs minutes à me "goinfrer" de ces 2 aliments, puis à boire de l'eau pétillante.
Je sors de mon état comateux, je remercie les bénévoles de m'avoir autorisé ce festin et file au PAV.
Au final je fais 5 km de moins et surtout plus de 400D+ en moins, ce qui explique, avec le drafting, ma relative bonne performance vélo.
Arrivé au PAV, grâce au chocolat et à la brioche tranchée, je suis de nouveau dans la course et finalement je vais me lancer sur ce marathon. Etant hors course, si je m'arrête, physiologiquement je vais être mal avec ce sentiment d'inutilité sportive. Je vais donc jusqu'au bout, comme si je tentais d'avoir la cloche.
10/ Premier tour marathon
Je ressors de la tente et essaie quelques foulées.
C'est dur ! Je n'avance pas alors que ma tête l'ordonne.
Si c'est pour me trainer à 7'/8' le km, autant m'arrêter sur la plage.
Je sors du PAV et prends la direction de l'esplanade de La Cloche. Petit à petit la foulée se décoince ou se dérouille, c'est selon les goûts. Les spectateurs, de plus en plus nombreux, nous portent, ma foulée passe sous les 6'/km.
Le passage devant le podium est euphorisant, ce qui améliore encore la foulée.
Je vois, au loin, Fabrice, confortablement installé, prêt à aider David que j'imagine pas loin derrière et mon fils qui s'agite en m'encourageant de toutes ses forces. Incrédule de me voir déjà là, il m'accompagne sur quelques dizaines de mètres où il m'explique que la cloche est à portée de main. Je lui dis que je ne la mérite pas et file avant d'expliciter toute la situation.
Dans ma tête, il n'y a avait que 24 km avant la cloche. Comme il restait plus de 2h15' avant le cut-off de 17h30', j'ai imaginé qu'en étant autour de 11km/h (5'30"/km) j'étais bon. J'ai donc découvert ce premier tour en étant, à ma montre, en 5'15"-5'20"/km. J'avais le bon rythme et les bonnes sensations, il me fallait faire gaffe à la chaleur qui nous tombait dessus. Pour cela, j'avais ma flasque d'électrolyte qui a fait merveille durant ces premiers 8km... 8km ???
Ah non, le tour est plus long, autour des 8,6 km, 600 m qui vont me tuer.
Je suis toujours en exploration de ce premier tour, vois les kilomètres défiler et toujours pas de ravitaillement UCPA, marquant le retour vers la cloche, en vue. Au 8ème km, je suis encore dans le petit bois ceinturant la plage, mes premiers doutes sur une cloche virtuelle apparaissent.
11/ Second tour marathon
16h04' au passage de la cloche Je ne me laisse pas abattre et repars sur l'esplanade sous les encouragements. Recours quelques instants avec mon fiston, que je ne remercierais jamais assez de sa patience, comprends que le Président n'est pas encore arrivé quand j'aperçois Fabrice qui me pousse, et file le long du lac. La vitesse a légèrement baissé de 10"/km, ma flasque salvatrice est vide, au vu de la chaleur, il va falloir trouver des solutions de remplacement.
Je fais donc les 4 premiers km de ce second tour à sec sous un soleil déshydratant où je me rends compte que je ne me suis pas encore arrosé.
Il va être loin ce point d'eau, sûrement trop loin pour ma stabilité.
Je commence à avoir mal au ventre en y arrivant. j'y remplis ma flasque avec ce qu'il y a (pas de poudre énergétique sur la CAP !), cela sera eau pétillante pour les électrolytes.
J'ai donc bu beaucoup "d'air" les kilomètres suivants, le gaz remplissant la moitié de ma gourde. Le rythme baisse, le mal au ventre s'amplifie, je commence aussi à "dégazer".
Je suis obligé de m'arrêter marcher pour ne pas tout lacher. Je ne ferais pas comme sur le marathon de Metz où, vu le chrono, je ne me suis pas arreté. La, je n'ai rien à gagner à finir la course avec une "pâte au c*l". J'arrive au ravito intermédiaire et demande s'ils ont des WC. A mon grand soulagement, ils m'en indiquent la direction et je peux me libérer.
J'y perds environ 5', pas plus, j'ai tenté l'arrêt au stand flash.
Je m'arrose copieusement au jet d'eau et repart fringant… Quelques centaines de mètres avant de déboucher sur la ligne droite de retour, en plein "cagniard" en me souvenant que j'ai oublié de recharger !
Je m'accroche même si le rythme baisse encore, je tire les dernières gouttes de ma flasque et le mal au ventre de la déshydratation revient avec force. La chaleur est terrible et je commence à voir de plus en plus de marcheurs.
Me voilà à l'UCPA ou je bois eau pétillante et Cola. J'ai peur que cela soit trop tard et j'en fait mettre dans la flasque… Encore du gaz qui réduira la quantité mise dans la flasque.
Je repars, espère le dernier tour sur l'esplanade, vois mon fils qui n'y croit plus trop à cette cloche virtuelle. J'ai envie de lui dire "Alors peut-être ?" de Patrick Montel mais les mots restent coincés et au final, est ce que cela en vaut la peine de se mettre la rate au court bouillon ?
12/ Le reste du marathon
Au court bouillon ? Mais j'y suis avec cette chaleur.
Je sens qu'irrémédiablement le rythme baisse et quand j'imagine devoir faire 2 nouveaux tours sur ce parcours insipide, j'ai le moral en berne. Las, je commence à avoir des images négatives, je tente de les chasser, mais c'est compliqué. Surtout que, pour suivre un rythme en dessous des 6'/km, je dois supporter de grosses douleurs abdominales. Elles ne sont pas identiques aux premières, le goût de l'eau devenant désagréable, je me doute de rentrer dans une grosse déshydratation. Je me force à boire, même de l'orangina. Les mélanges de ce qui est disponible aux ravitaillements sont détonants.
"Mal au ventre tu as, Hydratation tu feras" Vouiiiimé, j'oublie souvent la seconde phrase qui compléte cela "Dosage tu réfléchiras, aux sensations tu adapteras"
Avec le manque de poudre énergétique, pourtant marqué dans la description de la course, je suis refait pour doser efficacement. C'est donc à l'inspiration que je tente de m'hydrater, cela s'aggravant de kilomètre en kilomètre.
J'arrive au parking de l'Esplanade quand j'entends le speaker annoncer les dernières secondes de la cloche. Je dois être à 5-600 m, trop tard pour la sonner.
C'est ainsi que se termine la partie "compétitive" de la journée, je marche jusqu'au ravitaillement de l'UCPA.
Je repasse sur l'esplanade sous les applaudissements des spectateurs compatissant de mon loupé.
Merci à vous, même si je n'en méritais pas autant.
Là, j'apprends que l'ami Fred D. vient de s'arrêter, ayant loupé la cloche d'une minute. Fatigué, j'ai du mal à le croire, car son niveau vélo aurait dû largement lui permettre de monter au Semnoz. J'y reviendrais. Il va falloir me motiver à finir…
Je ne m'attarderais pas plus avant sur ces 2 tours où le seul fait marquant fut mes vomissements suite à la concentration (osmolarité) trop importante des différentes solutions mélangées dans mon estomac. Hydratation bloquée, j'ai tout rejeté, Cola, Orangina et eau gazeuse.
J'ai marché autour de 10'30"/km, un bon rythme pour un 6 jours !
Je termine avec le fiston, content d'avoir fini cette galère, profitant du magnifique paysage offert par le lac.
Conclusion
Comme dans tout projet, les feedbacks, l'analyse post-course, le bilan de son action, de ses introspections, sont à faire pour être plus performant sur les points suivants de son planning.
Qu'est ce qui peut venir à l'esprit après une telle journée mouvementée ?
Pertinence du projet ?
(*)Ayant 3 mois de retard de préparation et cet Alpsman s'inscrivant comme un bloc pour l'UltraMarin, j'ai donc prévu un enchainement progressif de 3 "grosses" épreuves avant l'UltraMarin.
Tout d'abord, le Tiken Trail de 50 km 1500D+ ou j'améliore notoirement mon temps tout en faisant 45 km "facile". Mis en confiance, j'attaque le trail de Guerlédan, 60 km 2500D+ "en dedans". Pas suffisamment "en dedans" au final car je prends l'une de mes plus belles claques en ne voulant pas abandonner, explorant des sensations que je m'étais interdites lors de mes abandons sur l'UltraMarin. Ceci avec l'aval médical de tous les différents tests faient pour en trouver les causes.
https://www.kikourou.net/recits/recit-22269-trail-de-guerledan_-_65 km-2024-par-papy.html
J'ai mis 10 jours à m'en remettre avec l'Alpsman en point de mire. Je crois que c'est la récupération la plus longue que j'ai jamais connue depuis mes premiers 100 km, il y a plus de 30 ans.
Le moral n'était pas au beau fixe.
Heureusement, la surcompensation s'est bien faite ressentir quelques jours plus tard, me donnant un regain de confiance.
Après cet Alpsman, j'ai repris l'entrainement spécifique UltraMarin 3 jours après. J'ai une fatigue générale compréhensible, la machine répond bien, aucune douleur ni séquelle du triathlon, nous verrons bien dans 20 jours, si la pertinence de ce projet d'urgence est avérée et si mon cas personnel répond aux sollicitations.
La fatigue
Je trouve que je bascule trop rapidement de l'euphorie à la fatigue importante.
Cela fait 2 ans que je le ressens sur des trails au dessus de 60 km.
Pour les Triathlons, mon dernier, l'Altriman, remontant à 2012, je ne peux en tirer de conclusion.
Il me souvient quand même d’avoir exprimé une certaine lassitude sur la vidéo officielle au retour du lac de Balcère.
Le paramètre de l'âge n'est pas, non plus, à négliger évidemment. Il impact le niveau de performance global et à l'aune des dernières épreuves, il semble aussi impacté le niveau d'endurance, à valider dans quelques semaines. Je dois améliorer mon introspection pour ralentir la machine et la recharger dès les premiers signaux lors de l'UltraMarin. Apôtre de la pause marchée ravitaillement sur Marathon jusqu'à 2h45', de la Marche alternée en trail, il serait temps que je l'applique moi aussi sur les ultra-trails.
L'ami JM Dewelle, alias Cyrano, nous l'avait protocolisé, je me dois de l'appliquer.
L'accumulation
Là aussi, la question de la pertinence se pose.
Cette accumulation de grosses épreuves en 3 mois, dans une stratégie de bloc, va-t-elle porter ses fruits ou simplement me mettre en fatigue chronique ?
J'y ai cru 2 jours avant l'Alpsman, je suis de nouveau en doute. Bien évidemment, j'ai déjà fait tester ce type de préparation avec mes athlètes, très majoritairement avec bonheur.
C'était des athlètes sérieux, avec une préparation dans les temps, pas dans l'urgence.
Pour mon cas, comme d’habitude, c'est l'inconnue.
Les copains Bretons
Je tiens à remercier les copains, David, Fred, Damien, Paul, Elouan et notre premier supporter, Fabrice.
Elouan et Damien sont montés, c'était logique au vu de leurs qualités et de leur préparation.
Bravo à eux, ils ont été à la hauteur de leurs ambitions.
Paul s'est très bien débrouillé sur le half, c'est sa première année de triathlon, il est monté aussi.
David et Fred n'ont pas réussi à sonner la cloche pour des raisons différentes.
Fred, nageur et cycliste émérite, est presque arrivé 3 h avant la cloche, c'est déjà un exploit. A-t-il cru que c'était dans la poche ? S'est il laissé aller ? Ou a-t-il connu des soucis digestifs ou des crampes ?
Ses rythmes kilométriques, entre 7' et 8'/km ne laissent pas apparaître ses qualités pédestres maintes fois démontrées dans les trails locaux. La déception compréhensible qui l'a fait s'arrêter sitôt le 3ème tour fini, n'a pas permis un débrief complet. Incontestablement, pour nous, ce fut une mauvaise surprise de ne pas le voir monter... pour 1' !
Et David, notre président ?
Il a fait une préparation importante tout l'hiver sur Zwift, quelques démonstrations, dans les Pyrénées, quand le pourcentage ne dépassait pas 6 %. Autant je m'attendais à ce qu'il souffre dans le Semnoz avec quelques km à 7%/8%, autant dans les descentes, où il est royal, et dans les pourcentages "faibles"(4%/6%) des Bauges, où il aurait du exprimer sa puissance, je m'attendais de nouveau à une démonstration. La encore, quand je l'ai rattrappé à la fin du premier tour, dégustant son sandwich, je n'ai pas compris. A t il connu des vissicitudes sur la première partie du vélo ?
La aussi, le débrief chez P&J ou au V&B vaudra son pesant de "cacahuètes".
Dans tous les cas, je les remercie, nous avons passé un excellent moment ensemble et nous féterons bientôt nos valeureux finishers !
Merci au Coureurs de l'Aff pour leurs encouragements. Tout le monde ne comprends pas encore l'attrait pour ce monde de l'ultra. Petit à petit les challenges se montent et les ambitions viendront au fur et à mesure que les corps s'adapteront.
Le marathon de Paris est déjà au programme de certains.
Mes proches
Bien évidemment, on ne peut tenter une si belle épreuve sans avoir autour de soi une belle équipe.
Avec 5 enfants, je suis bien équipé, même s'ils sont loin de moi pour certains maintenant. Au vu de la multiplication des épreuves, ma dernière, Emilie est resté en Bretagne avec ma sa Maman, ma chérie. Elles étaient au Tiken et Guerlédan, elles se préparent pour une nuit blanche à l'UltraMarin, elles ont donc pris du repos en préparation. Merci à elles de me supporter au quotidien dans ce projet. C'est Théotime qui a admirablement représenté le reste de la fratrie vivant en Champagne, (Jean Christophe, Sébastien) et Suède (Mylène) sans oublier les conjoints (Laurène, Luca).
(Pour information, Sébastien est en Suède actuellement pour disputer les mondiaux d'athlétisme en sport adapté. Déjà champion d'Europe et du Monde de 3000m steeple, il va disputer en plus le 400m Haies... Et je viens d’apprendre qu'au championnat d'Europe d'Upsala en Suède, il vient de gagner une médaille de bronze au 400m haies)
Théotime a relayé les images du terrain avec ma chérie sur les réseaux sociaux et ce fut un régal de relire les échanges et encouragements lors du retour.
Les réseaux sociaux où nous avions construit une forte communauté de Zanimoss qui, s'ils ont bien vieillis, sont toujours fringants derrière le clavier.
Les Sparnaciens, bien occupés avec le Champman, étaient aussi de la partie.
Il y en a qui prépare l'Icon, cliquez pour voir l'épreuve
Une pensée très forte aussi à mes parents qui auraient été présents comme à l'époque, s'ils n'avaient pas 83 et 90 ans, des parents en or !
Merci de vos messages et soutien qui ont toujours été présents.
Merci aussi à la famille qui a émigré dans cette région. Je reviendrais, dans une autre configuration, et vous nous ferez découvrir votre magnifique pays !
Voilà, c'est fini pour quelques jours, nous nous retrouverons après l'UltraMarin.
Cela fait 2 ans que l'écriture d'un CR sur l'UltraMarin est en souffrance avec mes 2 abandons (120ème et 90ème km). Je n'ai jamais réussi à les écrire malgré qu'ils aient été pensé. Il a fallu le choc de Guerlédan pour me remettre à la plume (électronique).
Je vous donne rendez-vous en juillet pour, je l'espère, une meilleure réussite au bout.
J'espère simplement ne pas me perdre encore, car en particulier du coté de Sarzeau, le balisage est pauvre sur cette course. Je vais mettre quelques cierges au bon endroit.
Merci de votre attention, à bientôt !
L'Papy
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6 commentaires
Commentaire de TomTrailRunner posté le 19-06-2024 à 16:45:47
Ben mon papy quel aventure au bord du lac et au fond du trou (ou l'invesrse ?)
un bon bloc tout de même et bonne balade au bord du Golfe
NB: une petite trace GPS dans la montre pour éviter de se perdre ??
Commentaire de Papy posté le 28-06-2024 à 09:15:27
Merci mon Tom !
Pour la trace, il aurait fallu que j'ai la montre. C'est dailleurs l'une des raison pour laquelle je louperais le premier GRF, sur la pointe de Crozon.
L'épreuve se court au GPS.
Je m'y mettrais quand j'aurais investi (si la retraite ne le rattrappe pas avant 😊
Commentaire de Gibus posté le 19-06-2024 à 21:34:05
Oups ! Quelle épreuve. Chapeau.
Commentaire de Papy posté le 28-06-2024 à 09:16:23
Merci Gibus, surtout quand on se la complexifie à volonté 😂
Commentaire de le_griffon posté le 20-06-2024 à 11:15:34
Bravo pour ta combativité et ta motiviation mais faudra revoir la préparation des courses. Pour un expert en hydratation, apparemment la pratique ne suit pas la théorie. Si tes "élèves" réussissent mieux leurs courses que toi c'est peut-être qu'ils les préparent mieux aussi parce que partir sans connaître un minimum le parcours, sans gps et sans carte, c'est un peu osé. Se perdre avant le départ, c'est pas banal non plus. En espérant que tes prochaines courses se passeront mieux mais si j'étais toi je les préparerais un peu mieux (et pour tant je ne suis pas un adepte des reconnaissances et autres car j'aime bien avoir la surprise des paysages le jour J mais je connais au moins le nom de cols et des villages dans lesquels je vais passer ainsi que la topologie du parcours). Le point positif c'est que tu auras des souvenirs à raconter...
Commentaire de Papy posté le 28-06-2024 à 09:28:00
Merci le_griffon, tu as tout à fait raison.
Le fait est que lorsque tu as prôné durant des années de ne pas faire de patatoïde, de PDT (Pommes De Terre = Prise De Tête) et bien... Tu n'en fais plus du tout.
J'avais juste oublié que cela faisait 12 ans depuis mon Altriman et 10 ans que je ne préparais plus rien du tout.
Même mes Ultramarins se sont fait à l'arrache.
La, pour cette année, je me suis mis ces blocs de compétition pour m'obliger à m'entraîner.
Mais... Quand j'ai fait 21 ou 22 à l'Altriman avec 1500km de vélo, j'avais une belle cyclosportive de montagne dans les jambes et ... 12 ans de moins 😂, la je n'avais que 1070km et une cyclosportive mancelle tronquée.
Demain, si j'arrive à Vannes, je saurais si j'ai eu le combo entraînements/résultat performant 🧐
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