Récit de la course : L'Echappée Belle - Traversée Nord - 84 km 2022, par DavidSMFC

L'auteur : DavidSMFC

La course : L'Echappée Belle - Traversée Nord - 84 km

Date : 20/8/2022

Lieu : Vizille (Isère)

Affichage : 2449 vues

Distance : 84km

Objectif : Pas d'objectif

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Deuxième tentative sur l'EB, pas de cloche mais pas de regret

CR de ma demi Traversée Nord également disponible, illustré, sur mon blog : http://www.mesexperiencessportives.com/2022/08/20/08/2022-echappee-belle-traversee-nord.html
 
 
 
 
[20/08/2022] Echappée Belle - Traversée Nord
 
Le contexte

C'est la deuxième fois que je participe à une course de l'Echappée Belle. En 2017, j'ai abandonné au Pontet après 33 kilomètres sur les 47 du Parcours des Crêtes. Un échec qui m'a énormément permis d'apprendre énormément sur la gestion d'une course en amont et pendant. Depuis, je n'ai plus abandonné la moindre course et j'ai terminé le Grand Trail du Sonneur (68km), le Trail des Fantômes (70km), l'Oisans Trail Tour (87km), la SaintéLyon (78km) ou l'Eco Trail de Paris (80km) entre autres.

C'est donc un peu revanchard que je reviens 5 ans après sur cette épreuve pour avoir un beau défi mais cette fois, je tente la Traversée Nord soit quasiment le double de distance et de dénivelé au programme (84km - 6140mD+).

J'aborde la course avec absolument aucune préparation à M-1, quasiment pas de dénivelé depuis le début de l'année, peu de distance parcourue à l'exception de l'Eco Trail de Paris qui n'a pas été une partie de plaisir et seulement 4 jours en montagne (dans les Vosges en février avec un Trail de 14km). Mais une année sportive chargée pour autant (beaucoup de Badminton, de l'athlé, du vélo et quelques sorties aux 25 bosses ou courses variées).

En juillet, je participe à une sortie en OFF organisé par un ami kikoureur en compagnie de 12 autres traileurs dans le Massif de la Vanoise. 165 kilomètres et plus de 10 000 mètres de dénivelé positif (et négatif) en 4 jours dont 2 grosses premières journées. Malgré la difficulté du parcours, la fatigue éprouvée et les belles courbatures et ampoules subies, je sors confiant de cette sacrée balade car j'ai pu la terminer avec le sourire et de bonnes jambes malgré tout ! Superbe souvenir.

La semaine qui suit, logeant sur Grenoble, je fais quelques belles sorties en montagne en tant que bénévole sur l'Ut4M (une fois au balisage et deux fois en tant que serre-file). Un bon bloc sur 10 jours avec un dénivelé conséquent, une préparation qui me semble bien adaptée pour attaquer la Traversée Nord moins d'un mois plus tard.

Je reviens dans les Alpes le samedi qui précède la course pour une semaine du côté d'Allevard avec Mathilde. Je m'oblige à être raisonnable, juste deux belles petites randos en début de semaine (d'Allevard au Collet puis de Fond-de-France au Refuge des 7 Laux soit 35kms et 2200mD+), une courte balade à vélo, un peu de marche, une matinée accrobranches et c'est tout. Je suis physiquement bien en forme et prêt pour la course.

Ce sont donc les conditions du jour J, la gestion de l'alimentation, de mon énergie et le sommeil qui vont être déterminants. La nuit avant le départ est un peu trop courte mais le réveil est correct, à 02h45...

 
Samedi 20 août 2022

J'ai deux possibilités pour me rendre à Fond-de-France (lieu de départ). J'avais réservé l'option navette (départ d'Aiguebelle à 03h) mais finalement, Mathilde est avec moi ce week-end donc je gagne plus d'une heure de sommeil, elle m'emmène directement là-bas. Nous y sommes sur les coups de 04h, il ne fait pas très chaud pour l'instant.

Après un peu d'attente, je finis par entrer dans le sas de départ où je suis badgé environ 5 minutes avant l'heure initialement prévue pour le départ (05h00). Finalement, un problème de débalisage sauvage devant être résolu, nous partirons 4 minutes plus tard, le temps pour l'organisation de nous faire un briefing pas forcément très rassurant (chemins très humides, boue, rivières, cailloux glissants, 0°C au sommet... cela alors que la météo du jour sera bonne mais la veille, il est tombé de sévères averses dans le Massif de Belledonne notamment).

A 05h04, le peloton de la vague 1 s'élance, à priori composé d'un peu moins de 200 coureurs (il y a 3 vagues en tout, composées en fonctions de nos côtes ITRA, je suis en vague 1 grâce à certains de mes résultats, probablement l'Ut4M80 Challenge, la SaintéLyon voire l'Oisans Trail Tour s'il compte toujours). La deuxième vague s'élancera vers 5h30 et la troisième vers 6h. Il fait encore nuit, je n'aperçois malheureusement pas Mathilde une fois le départ donné. Je pars du fond du groupe pour éviter de me retrouver trop à l'avant où se trouvent les favoris de la course.

De Fond-de-France au Refuge de la Grande Valloire

La première partie de course est clairement la plus facile, peu technique. Cependant, l'humidité la rend moins évidente que prévue, de nuit. Le sol est relativement boueux et certains passages se font sur de petits ruisseaux. C'est l'occasion de faite un petit point sur mon équipement et ma tenue au départ de cette course car c'est la première fois que j'utilise des bâtons sur une épreuve, bâtons que j'ai achetés pour le OFF en Vanoise du mois dernier.

Au niveau des vêtements, je suis évidemment en short avec aux pieds mes chaussures Evadict Race Ultra qui me conviennent très bien. J'ai mis quelques morceaux d'élasto sur mes pieds pour prévenir d'éventuelles ampoules mais il n'en sera rien. Un simple tee-shirt par-dessus lequel je m'élance avec un coupe-vent qui recouvre donc mon dossard n°977 pour le début de course. La casquette est dans la poche, je la sortirai quand je rangerai ma précieuse lampe frontale GoLum que j'ai adoptée sans aucun doute. Enfin, je porte mon sac de Trail Salomon rempli du matériel obligatoire, de 2 litres d'eau, 2 compotes, quelques fruits secs et quelques pâtes de fruit.

Même si le terrain ne le nécessite pas vraiment pour moi, je choisis d'utiliser mes bâtons d'entrée de jeu dès que ça monte pour soulager mes articulations pas assez habituées au dénivelé cette année. En revanche, je m'en passerai en descente. La sortie en Vanoise m'a permis de bien comprendre l'intérêt des bâtons... et aussi les portions où ils me desservent.

Tout se passe très bien sur ce début de course, une montée progressive pas très pentue mais tout de même un peu plus de 500 mètres de dénivelé positif puis une descente qui se court bien mais pendant laquelle il faut être attentif car il y a quand même pas mal de cailloux et de racines. De nuit, les pièges sont partout. On arrive en bas au niveau de la Cascade du Pissou par laquelle nous sommes passés mardi avec Mathilde puis nous filons vers le Lac de Fond-de-France que nous longeons alors que le jour commence à se lever progressivement. Je retire rapidement ma frontale malgré quelques zones encore assez sombres que je passe prudemment.

Après une portion bien roulante où je cours à environ 12km/h, nous arrivons enfin au pied de la première grosse ascension du jour avec déjà 11 kilomètres parcourus. La première moitié de la montée nous permet d'atteindre le premier ravitaillement de la course.

La montée se passe bien. Il ne fait pas froid mais vues les températures annoncées en altitude, je préfère garder mon coupe-vent que j'ouvre quand j'ai trop chaud. On transpire déjà bien alors qu'il n'est même pas 07h. Je commence à m'hydrater car je sais que c'est très important et je mange une compote, enfin, la moitié en fait, je la finirai en plusieurs temps.

Je me fais régulièrement doubler en montée mais ça, c'est normal. Je trouve que je n'avance pas si mal malgré la pente. C'est une montée qui me plaît mais je sais qu'elle est très longue donc j'essaie d'y être régulier. En considérant cette première portion et la deuxième après le ravito, on cumule environ 1750 mètres de dénivelé positif sans le moindre plat ou la moindre descente pour se reposer.

Je suis finalement assez surpris lorsque nous arrivons au ravitaillement car nous avons avalé un peu plus de 800 mètres de dénivelé positif qui m'ont donné l'impression qu'il y en avait nettement moins que lors de mes deux balades de début de semaine faites à une allure bien différente, à vrai dire.

De mémoire, au ravitaillement, je bois du coca, mange un peu de pomme, du saucisson et du fromage. J'en profite également pour souffler un bon coup car on a quand même fait un beau morceau assez efficacement jusque-là et je marque légèrement le coup. 14,5 kilomètres et 1362mD+ en 2h20. Nous avons été badgés à l'arrivée au ravitaillement mais il n'y a pas de point de contrôle sur le suivi live ici donc je n'ai pas mon classement à ce point.

 
Du Refuge de la Grande Valloire au Col de Moretan

On attaque désormais la partie réputée difficile de la course, une portion très exigeante jusqu'à Périoule. Je repars du bon pied du ravito en finissant de boire mon coca tranquillement en marchant puis en reprenant mon rythme de montée avec les bâtons derrière une fille qui me dit de la prévenir si je veux passer. Mais je me connais et je lui dis que j'ai un coup de booste grâce au ravitaillement mais que ça ne durera pas longtemps vu mon niveau en montée.

Surtout que là, c'est quand même du très costaud : 919 mètres de dénivelé positif en 3,6 kilomètres pour rejoindre le sommet et ce n'est pas de la piste de ski mais plutôt du chemin étroit et beaucoup de cailloux en longeant pendant une partie un beau ruisseau bien chargé. J'en profite pour faire quelques photos car la vue est magnifique, il faut profiter de ces paysages. D'autant qu'il y a également quelques lacs dans cette ascension et ça, j'aime particulièrement.

Je ne suis pas un montagnard donc je ne suis pas le plus à l'aise quand ça grimpe et le plus à l'aise dans les cailloux mais je me satisfais globalement de mes choix, de mes trajectoires et de mon ascension de manière plus générale. Cependant, je sens que je manque un poil d'assurance, d'équilibre et probablement de gainage par moments, heureusement que la fatigue ne prend pas encore le pas sur la lucidité. Je laisse passer quelques concurrents mais je me défends, avec mes armes, sur ce parcours exigeant.

Le sommet du Col de la Valloire se fait bien désirer, il est long à atteindre car après une portion finalement pas très technique, le pente se raidit davantage vers le haut et les cailloux sont de plus en plus gros et ne laissent plus la place au moindre chemin. Il faut donc viser les jalons posés par les bénévoles de l'organisation tout en grimpant de caillou en caillou et en s'assurant que ceux-ci ne se dérobent pas sous nos pieds. Je ne me fais pas trop de frayeurs mais dans ce passage, c'est très silencieux, on entend simplement le bruit des petites glissades ou des cailloux qui tombent au passage de chaque concurrent.

Je finis par arriver en haut après un bel effort et apprécie la magnifique vue des deux côtés du col. L'horizon est un peu bouché mais on voit quand même bien les montagnes qui nous entourent. En revanche, maintenant, il faut basculer vers le Sous col du Morétan avec 600 mètres de dénivelé négatif à passer... et pas les plus simples.

C'est à mes yeux ici la partie la plus dangereuse du parcours, par son profil mais aussi beaucoup par les conditions du jour : la descente est très humide et glissante. Une première partie relativement technique se négocie prudemment afin d'atteindre les cailloux plus bas et un premier névé, un petit restant de glacier car la canicule des dernières semaines a bien fait fondre ce qui est habituellement une grosse portion de neige.

Je ne suis pas très doué pour ces parties de neige très dure, je glisse pas mal mais m'en sors grâce aux bâtons que j'utilise pour ne pas tomber. Nous avons un deuxième passage enneigé un peu plus bas avec une portion très caillouteuse entre les deux mais ça passe pas trop mal. C'est finalement la partie basse de la descente qui est la plus difficile à négocier, celle où il n'y a pas de neige et moins de cailloux mais plus d'herbe détrempée et une pente assez sévère quand même.

Je manque de peu de chuter une bonne dizaine de fois et tombe même à un moment, sans gravité. Un petit gadin qui n'est pas grand chose à côté des gamelles qu'on pourrait se prendre ici et l'hélicoptère de secours qui passe par-là n'est pas forcément le plus rassurant non plus mais tout va bien. Je finis par atteindre le bas de la descente pour prendre sèchement à droite la montée vers le Col de Moretan.

Que c'est dur d'attaquer droit dans la pente après une portion courue en descente, à chaque fois, ça me sèche et me coupe bien les jambes. Il faut se remettre dans le rythme, bâtons en main. Je fais une pause au bout de quelques mètres pour boire un bon coup, finir ma compote et surtout retirer mon coupe-vent que j'ai toujours sur moi après plus de 4h de course.

Depuis le bas de la descente, j'entends raisonner dans la montagne les chants de ceux qui nous accueillent au sommet du Morétan. Alors, c'est franchement super sympa... mais qu'est-ce que c'est long pour arriver là-haut ! Seulement 350 mètres de dénivelé positif mais les efforts commencent gentiment à peser, la pente est vraiment raide et les cailloux sont usants... Je les aime bien ces cailloux mais ils ne nous facilitent pas la tâche.

C'est donc assez péniblement et avec l'impression de progresser au ralenti que je finis par atteindre le sommet, après une dernière portion encore plus raide que le reste. 21,8 kilomètres et 2630mD+ parcourus en 5 heures 01 minute et 11 secondes. Je suis 127ème sur 469 partants.

 
 
Du Col de Moretan à Périoule

La descente du Morétan se fait en plusieurs temps. D'abord un premier passage assez pentu mais qui passe pas trop mal avec un chemin tracé sous forme de petits lacets, ça se court plutôt bien. C'est un peu plus délicat ensuite, à tel point qu'une corde a été installée pour aider si besoin. Je préfère ne pas m'en servir. Elle se situe en haut d'un nouveau névé à descendre, après avoir descendu une bonne portion caillouteuse et elle se prolonge au milieu d'un passage très pentu et très étroit où je zigzague pour éviter de trop me laisser emporter par la pente.

Je négocie correctement toute cette partie assez engagée. Il y a près de 700 mètres de dénivelé négatif du sommet jusqu'au ravitaillement, 4,6 kilomètres que je vais parcourir en 41 minutes, le rythme global est plutôt bon à ce moment de la course.

Après une nouvelle portion plus caillouteuse, on arrive au niveau du Lac Moretan où je retrouve la fille derrière laquelle je me trouvais au moment de repartir du premier ravitaillement. Elle grimpe mieux que moi mais je suis plus efficace en descente. On échange quelques mots puis je profite d'un passage plus propice à la course pour reprendre davantage de vitesse. Tandis que je me fais doubler en montée, je me rattrape dans ce type de portions où je dépasse quelques concurrents moins à l'aise.

Je reste méfiant pour éviter la moindre chute ou entorse qui pourrait arrêter net ma progression. Périoule est en vue, le plus dur est désormais derrière nous, je relance bien jusqu'au ravitaillement, ça va faire du bien de souffler.

Du coup, j'arrive avec une belle accumulation de fatigue à Périoule. J'ai bien avancé mais le chemin a été rude pour venir jusqu'ici entre des montées difficiles, des descentes dangereuses et la température qui commence à bien monter. Une fois arrêté, j'accuse le coup, je sens que ce n'est pas la grande forme. Je bois un peu d'Ice Tea et de Coca puis je prends des morceaux de pomme, d'orange et du fromage mais je n'ai pas très faim. Je me force à manger un peu car j'en ai besoin et je n'ai pas de problème d'estomac.

J'ai bien envie de me poser quelques minutes mais je préfère ne pas traîner même si je dois aller plus doucement plutôt que de risquer d'avoir du mal à repartir ensuite. Je commence à me poser des questions sur la suite de mon aventure mais de toute manière, s'il y a bien une chose de sûr, c'est que j'irai à Super Collet où il est prévu que Mathilde m'attende.

25,4 kilomètres et toujours 2630mD+ mais un peu plus de D- en 5 heures 42 minutes et 37 secondes. J'ai gagné 12 places dans la descente, je suis 115ème au classement.

 
De Périoule à Super Collet

C'est dans toute cette portion que je vais commencer à gamberger par intermittence. Mais pour l'instant, j'avance. Doucement au départ, je cours quand c'est roulant et je marche dès que c'est un tout petit peu moins praticable, une reprise hachée mais qui me permet de récupérer un peu d'énergie. Au moment où je commence à relancer un peu plus, au niveau d'un barrage, je croise trois kikoureurs en balade sur le parcours dont Benoît que je reconnais rapidement !

On échange quelques mots, je leur témoigne mon sentiment de fatigue mais ma bonne forme physique et ils me lancent quelques encouragements en plus d'une ou deux photos avant que nous reprenions chacun nos progressions en sens inverse.

Après cette courte halte, je repars avec davantage d'énergie et de motivation et j'avale très convenablement ce qu'il reste de la descente de plus de 500mD- entre Périoule et l'Alpage du Compas, la prochaine difficulté à se dresser devant nous. Je reste prudent car il y a là encore pas mal d'humidité, des cailloux, des racines en sous-bois. Mais je cours bien et je rattrape et double quelques concurrents. Les sensations sont plutôt bonnes en descente, je suis assez relâché.

Dans la partie basse moins accidentée, ce sont surtout des coureurs de l'Intégrale que je rattrape. Les échanges sont brefs mais qu'ils sont courageux ces gars qui ont déjà fait près de 100 kilomètres avec les conditions météo affreuses qu'ils ont eu le premier jour. Je n'aimerais pas être à leur place, honnêtement.

Je boucle les 4 kilomètres de descente plutôt rapidement, efficacement mais je bute très clairement dès que j'arrive dans les premiers mètres de la pente de l'Alpage du Compas. Aïe, il ne paraît pas vraiment si dur sur le profil mais il ne faut pas le sous-estimer celui-là car il fait mal. J'ai l'impression d'être un zombie dans cette très longue montée bien raide. Alors il n'y a rien de technique, c'est du chemin tout droit mais qu'il me fait mal après la bonne descente précédente. C'est clair qu'il ne faut jamais s'emballer sur un tel parcours.

Bon, c'est pas grave, j'y vais tranquille, je bois régulièrement, je fais de courtes pauses pour laisser passer d'autres concurrents par moments, je dépasse des gars de l'Intégrale de temps en temps. La montée est interminable, un bon 500mD+ d'un coup en à peine 2 kilomètres. Je suis séché par cette côte et je ne suis pas le seul à priori vus les échanges que je peux avoir avec les autres. La féminine déjà croisée plusieurs fois me repasse devant.

Je finis très péniblement par arriver en haut de cette montée sauf que c'est loin d'être fini, Super Collet est encore à près de 4 kilomètres avec un passage que je pourrais apprécier habituellement avec un enchaînement un poil technique de montées et de descentes mais là, je le subis pas mal. J'essaie de relancer dès que possible, je sais que mon allure est correcte mais c'est dans cette portion que je prends la décision de stopper ma course à Super Collet.

La raison principale, c'est que je sens que je prends de moins en moins de plaisir et pour moi, c'est la clé. Je ne fais pas ce genre de courses que pour le dépassement de soi. Je le fais avant tout pour profiter de la montagne, de beaux paysages, de beaux parcours, de belles organisations. Je veux apprécier l'instant global même si je sais qu'il y a forcément des moments de souffrance sur ce type de distances.

Après, plusieurs autres raisons me confortent dans l'idée d'abandonner à Super Collet. Je sens que je commence à subir un peu plus physiquement même si j'ai de bonnes jambes. Ce n'est pas terrible au niveau abdominal, je peine de plus en plus en montée, je connais la suite du parcours et je n'ai pas très envie de la faire avec ces sensations. En plus, je suis en train de terminer toute la portion très exigeante que je ne connaissais pas, c'est déjà un sacré beau morceau, cela me convient bien.

Je n'ai pas non plus envie de perdre de plus en plus en lucidité avec l'accumulation de fatigue et de risquer de me blesser sur la fin de course. Finir la course était l'objectif de départ mais il est devenu accessoire pendant car je n'ai finalement pas tellement envie de prendre ma revanche sur 2017 puisque j'ai beaucoup appris à l'époque, depuis et encore aujourd'hui. Je sais aussi qu'actuellement, ce n'est pas sur ce type de formats que je peux m'épanouir le plus, je vais privilégier des courses plus courtes (mais y compris en montagne dès que possible) voire en étapes.

Par ailleurs, Mathilde repart demain en début d'après-midi donc si je vais au bout de la course, nous ne pourrons pas vraiment profiter des derniers instants ici ensemble, la ramener à Grenoble risque d'être plus délicat et surtout, rentrer tout seul sur Allevard ensuite si je finis tard et que je suis très fatigué, c'est compliqué. Même si tout était clairement jouable. Mais je préfère passer du temps avec elle. Et je veux profiter de la semaine de vacances qu'il me reste pour aller me balader dans la montagne et être en forme pour ma prochaine course qui est prévue dès le week-end prochain, oui oui...

C'est donc sûr de ma décision que je file dans la dernière portion descendante qui mène au ravitaillement de Super Collet, là même où j'avais pris le départ du Parcours des Crêtes il y a 5 ans. J'ai donc désormais parcouru toute la partie reliant Fond-de-France au Pontet sans jamais rejoindre Aiguebelle en courant mais ce n'est pas un échec pour moi, loin de là. Sur l'Echappée Belle, je reviendrai peut-être, sûrement... Mais si c'est bientôt, ce sera probablement plutôt sur la SkyRace.

Je passe le portique au bout de 7 heures 52 minutes et 26 secondes d'effort pour 35,3 kilomètres et 3282mD+ parcourus d'après le Roadbook. A la montre, j'ai plutôt 34,9 kilomètres, 3337mD+ et 2737mD-. 109ème à ce pointage mais c'est évidemment anecdotique.

Fin d'une très belle matinée au final (départ à 5h04, arrivée à 12h56), un sacré chantier ce parcours. Je suis plutôt content de moi et n'ai aucun regret vis-à-vis de ma décision même si je n'ai pas connu l'émotion de finir la course et de sonner la cloche. Mais l'essentiel est ailleurs, vraiment. Et qui sait, un jour peut-être...

8 commentaires

Commentaire de Thomas74 posté le 21-08-2022 à 23:15:49

C'est dommage, je te voyais bien finir. Si je peux me permettre, je pense que tu as trop d'arrières pensées. La logistique avec ton entourage (même si tu ne peux pas forcément maîtriser), mais surtout avoir en tête une course / compet de badminton le WE prochain est une erreur qui t'empêche d'être serein. Bon tu sais que le court est ton format mais si tu reviens sur l'EB ou autre course longue accorde lui toute l'attention qu'elle mérite !

Commentaire de DavidSMFC posté le 21-08-2022 à 23:26:58

Je mets en avant tous ces points dans le fait qu'ils aient conforté ma décision mais ils n'en sont en rien à l'origine. J'ai justement appris d'il y a 5 ans en n'ayant pas de contrainte horaire (je reste à Allevard jusque samedi prochain), ma copine m'accompagnait sur la course donc je pouvais continuer malgré son départ du lendemain et la course de la semaine prochaine n'était pas un objectif plus important du tout (mais je suis content de l'avoir dorénavant). Donc la course était vraiment au centre de mon attention et mon défi de cette année. Cependant, je suis vraiment certain d'avoir fait le bon choix même si je pouvais aller au bout ;-)

Commentaire de Benman posté le 22-08-2022 à 09:06:58

Bravo pour ton récit. Pour avoir appris à te connaître plus au cours de notre off de juillet, je sais que tu es très pudique et exprimes en finesse tes sentiments, donc si tu as décidé d'arrêter, c'est que tes raisons étaient les bonnes et ton absence de regret vient le confirmer.
Cela dit, j'étais abasourdi quand Élisabeth m'a dit qu'elle ne t'avait pas vu à Super Collet, et qu'ensuite j'ai lu sur le bouzin que tu avais abandonné.
Je suis allé rechercher mes temps de l'an dernier, où j'avais le sentiment d'avoir fait une bonne perf (21h09 -124eme).
J'avais 17 minutes de retard sur toi à Perioule, mais surtout 48 minutes à Super Collet.
La partie avant Perioule est difficilement comparable, car nous n'avions pas les mêmes conditions de neige du tout.
J'avais eu les mêmes difficultés que toi dans la rude montée de la Pierre du Carre, et malgré ça tu m'as repris beaucoup de temps entre les 2 portions (30 min).
Pour,cette annee, avoir fait du pacman dans la remontée après t'avoir croisé, il y avait beaucoup de monde dans le dur sur cette montée. C'est normal, c'est le 1er moment où il fait chaud, elle est exposée sud-ouest, sans vue, et bien pénible car ni technique, ni facile.
Donc tu étais quand même objectivement en bonne forme. Ta décision est d'autant plus courageuse, ou étrange selon qu'on est dans ta tête ou pas. Tu as encore largement le temps d'aller vers des formats plus longs, et si tu t'éclates sur du court, tant mieux, tu y es devenu très fort avec tes entraînements sur piste.
Merci pour ce récit très fluide. Bonnes vacances.

Commentaire de DavidSMFC posté le 22-08-2022 à 09:37:11

Merci beaucoup Benoît (et Thomas au passage) pour la pertinence de ton retour, c'est très utile pour prendre un peu de recul ! C'est aussi dans ce but que j'ai rapidement réalisé mon récit, à chaud. Quand j'ai vu que j'ai mis 2h10 pour faire les 10 kilomètres entre Périoule et Super Collet tout en ayant en tête le parcours, je me suis aussi dit que j'étais quand même encore bien efficace. Les jambes étaient bonnes, c'est certain. Mais je n'ai pour autant toujours aucun regret car les raisons de mon arrêt me suffisent personnellement et c'est l'essentiel.
Je vais effectivement rester sur du plus court pour le moment et reviendrai sur du plus long quand l'envie et la motivation seront plus forts pour ce type de défis :-)

Commentaire de loiseau posté le 22-08-2022 à 12:33:07

Merci David pour ton récit. On avait fait la descente de la Grande Valloire dans la neige plutôt bien tenante l'été dernier, c'était un régal. Les canicules de cet été ont fait beaucoup de dégâts.
T'avais sans doute des bonnes raisons pour ne pas continuer après Super Collet, le seul regret est que du coup on n'a pas pu se croiser !
Profites bien de ta dernière semaine de vacances !

Commentaire de DavidSMFC posté le 22-08-2022 à 12:46:18

Merci Jan ! C'est vrai que ça aurait été sympa, bravo pour ton Parcours des Crêtes ! Je suis certain que nous aurons l'occasion de nous refaire une balade ensemble un prochain été ! :-)

Commentaire de Spir posté le 28-08-2022 à 16:54:20

Merci pour ce récit. La décision que l'on prend est de toute façon celle qui nous semble la meilleure au moment où on la prend. Le chemin qui nous y a conduit est plus ou moins complexe, de la blessure invalidante au "simple" manque d'envie. Le plus important est de prendre ensuite le temps de revenir sur sa course (même si on a été au bout d'ailleurs) et voir ce que l'on peut en tirer sur ses motivations, ses forces et ses faiblesses. Parfois on s'arrête, souvent on arrive, toujours on apprend ;)
Je n'aurai pas eu la chance de te croiser cette fois. En partant dans la vague suivante, j'avais d'autant moins de chances de me retrouver sur ton passage. Mais une prochaine fois peut-être !

Commentaire de DavidSMFC posté le 29-08-2022 à 10:05:32

Merci pour ton retour, je suis complètement d'accord avec toi. Je n'ai aucun regret même si je pense que ceux qui disent que l'envie aurait pu revenir plus tard dans la course ont raison et que vivre l'émotion de finir ce type d'épreuves aurait été un beau moment, je pense. Mais il faut que j'arrive à savoir davantage quels sont mes objectifs sur ce type d'épreuve pour le moment où j'y reviendrai. Si c'est juste finir, il faudra peut-être plutôt que je me trouve des compagnons de route... Si c'est plus, il faut que je sois prêt à en baver, ce que je sais faire sur du plus court. Tout cela fait partie des apprentissages :-)

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