Récit de la course : Trail du Lac d'Annecy - Maxi Race 2022, par centori

L'auteur : centori

La course : Trail du Lac d'Annecy - Maxi Race

Date : 28/5/2022

Lieu : Annecy (Haute-Savoie)

Affichage : 1621 vues

Distance : 88km

Objectif : Objectif majeur

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Le récit

Début 2022, je décide de chercher une belle course dans les Alpes. Objectif 80-90km et 5000d+. J’ai été recalé au tirage au sort du 90KM du Mont Blanc dit 90 MMB, et je souhaite faire une distance équivalente pour me tester.

C’est ainsi que le choix va se porter sur la Maxi Race Annecy et ses 88km pour 5000D+. La ville d’Annecy est magnifique, faire le tour du lac par les sommets environnants me semble être une belle idée.

L’entrainement sera rude avec une montée en puissance à partir de Janvier. 4 weekends choc avec pour les 2 derniers 60km et 4000D+ sur deux jours ce qui est énorme pour un Normands.

J’estime donc être fin prêt pour la course et déterminé à en découdre. L’objectif est fixé à 15h30-15h45 ce qui doit pouvoir être jouable. J’ai un plan de course assez précis, mais donc la philosophie est que la course démarre à Doussard et donc je dois y arriver frais et en mode sans effort.

 

 

Partie 1 – Départ – Semnoz. 18km 1364d+.

Le départ est à 2h50. Le lever sera donc à 2h00 pile. Petit déjeuner exprès, une douche et à 2h30 je me dirige vers le départ. Je suis étonnement bien, j’ai bien dormi, je suis prêt.

Il fait 14 degrés et donc déjà chaud. Top départ c’est parti et ça part incroyablement vite, je me retrouve très vite en queue de ce premier sas. Je suis en 5’30-5’40 j’ai du mal à comprendre pourquoi autour de moi cela part aussi vite. Moins d’un KM de course on est encore sur la piste cyclable et un coureur se prend les pieds dans quelques choses et il s’étale. Je me dis que la course risque d’être bien longue pour lui.

Après 3Km de plat, c’est parti pour la montée vers le Semnoz en forêt. On est dans le noir forcément en forêt, et directement des cailloux. La montée n’est pas linéaire, ça monte c’est plat ça descend un peu, c’est finalement assez pénible car les changements de rythme sont permanents (tout ce que je n’aime pas).

J’ai très chaud, je sue énormément même si je suis toujours dans cette idée de ne faire aucun effort ce qui est d’ailleurs le cas.

Enfin nous sortons de la forêt après 16km et nous avons une petite vue avant d’arriver au ravito.

J’arrive au Semnoz en 2h50 alors que j’avais prévu 3h30. Je me doutais que la prévision était un peu lente, cela me permettra de perdre du temps ensuite 😉

Le passage au ravito est éclair, je refais le plein des flask et c’est tout. J’ai ce qu’il faut à manger sur moi.

Classement : 722.

 

Partie 2 – Semnoz – Col de la Cochette. 1100d+ - 1000d-.

Cette partie débute par la fin de l’ascension du Semnoz. Il fait froid, je trottine tranquille pour me maintenir au chaud. Je reste en T-shirt, la veste est tout au fond du sac et avec le bordel que je trimballe je n’ai pas envie de tout bouleverser.

Passage au sommet du Semnoz et ensuite descente vers Saint Eustache. Malheureusement on replonge quasi immédiatement en forêt pour une descente lors de laquelle nous ne verrons strictement rien du paysage. Et encore une fois des racines des cailloux, bref c’est très pénible.

Arrivé en bas, on remonte direct vers le col de la Cochette. Et même topo montée en forêt sans aucune vue avec cailloux et racines. C’est assez pénible de ne pas voir ou l’on va car il est impossible de calibrer l’effort.

Néanmoins, je reste autant que possible dans une zone très confortable.

Col de la Cochette, petite trouée dans la forêt, j’essaie de faire une photo, mais Iphone est verrouillé pas de bol.

Temps : 5h53

Classement : 702.

 

Partie 3 – Cochette – Doussard. 11km. 300d+ 1000d-.

Cette partie est importante dans la mesure ou elle nous amène vers le premier ravito. Je suis toujours très bien dans les jambes, mais je me fais vraiment chier. J’en ai marre de ne rien voir, on est toujours dans cette foutue forêt, on ne voit rien, aucun paysage, c’est vraiment gavant. Et toujours ces putin de cailloux et de racines.

Bref je peste. J’avance, mais je me fais chier. Je prends mon mal en patience. J’ai par contre vraiment la sensation de beaucoup doubler sans pourtant faire d’effort particulier.

Je suis tranquille, dernière descente avant Doussard, je suis dans un bon groupe on file bien, et je tape dans une pierre, je suis déséquilibré et fait un vol plané. Je manque de faire tomber le gars qui était devant moi en lui touchant les jambes avec les mains, et je m’écroule par terre.

Il y a des pierres partout, les mains prennent cher je suis écorché de partout, le genou gauche tape fort et est aussi écorché. Mais je me reçois surtout sur le tibia gauche qui lui est ouvert et se met à pisser direct. La plaie est d’environ 5cm de long. Tout le monde s’arrête, je me relève, les gars me demandent si ça va, oui oui ça va.

Je les laisse filer. 2 minutes plus tard, je repars, de toute façon en pleine montagne pas le choix, il faut aller.

Finalement ça a tapé fort, rien de cassé, le tibia pisse mais ça va. Au final je recommence à trottiner puis courir, et je double tout ceux qui m’ont passé pendant mon arrêt.

Arrive le plat, j’ai du sang qui coule jusque dans ma chaussette, forcément j’ai mal mais je suis bien. J’arrive à Doussard en position 604. J’ai gagné 100 places malgré ma cabriole MDR.

Je sais que je suis bien, les jambes sont top, le tibia pisse mais rien à foutre je décide de continuer. Je mange un bout et fait un passage express dans ce qui est un mouroir pour Trailer. Je ne comprendrai jamais tous ces coureurs qui partent pleine balle et sont complétement morts à mi-course. Bref. Je ressors du Ravito 537eme ! J’ai gagné 67 places dans le ravito. Dingue.

Temps : 7h51.

J’ai programmé 7h31 je suis en retard. La cabriole a quand même laissé des traces.

 

Partie 4 – Doussard – Col des Nantets 14km 1500d+ - 400d-.

Et c’est reparti pour une foutue montée en forêt sans aucune vue. Je commence à être bien agacé. Ça me gonfle. Toujours des pierres et des racines. Mais en montée ça va.

Les deux petites descentes vont sonner les alertes. J’ai la jambe gauche très abimée (genou – tibia) et même si je suis très bien physiquement inconsciemment je vais compenser. Et c’est la jambe droite qui prend. Et elle va lâcher en descente. Je me retrouve avec une grosse douleur dans la cuisse, j’ai du mal à descendre fort et je vais ralentir de plus en plus. C’est dommage car en montée tout se passe bien.

J’arrive à cette fin de section en 540eme position et 11h03.

J’avais programmé un passage en 10h45. Je suis donc encore pas mal, mais la descente au ralenti coute du temps.

 

Partie 5 – Col des nantets – Lancrenaz. 2km 250d+.

On sort enfin de cette putin de forêt de merde. J’en ai raz le cul à ce stade de ne rien voir !

Mais là enfin, des paysages, des vues sur le lac, je suis venu pour ça. Et après 62km de course enfin ça y est.

Je décide cependant de me poser 15 minutes. Je n’ai fait que des ravito expres, sans m’arrêter et là j’ai besoin de repos. Je sens que le dernier weekend 15 jours avant la course c’était un peu trop tard. La prochaine fois 3 semaines ce sera mieux.

Bref je m’installe dans un pré, le bob sur les yeux et hop je dors 15 minutes. Je suis réveillé par un toubib qui vient voir ce qui se passe, il me demande si ça va, ben oui et il avise mon tibia. Et là il me dit que ça ne va pas du tout, il touche et hop ça se remet à pisser. Du coup, il m’oblige à aller à sa voiture pour me soigner. Nettoyage, désinfection et strap.

Et il veut que j’arrête et redescende dans la vallée !

Même pas en rêve, je lui fais observer que c’est dans cet état depuis 20km qu’il ne reste que 26km à faire et donc je vais finir. Je ne lui laisse pas le choix et c’est ainsi. Il me donne néanmoins injonction de passer au poste de secours à la fin de la course pour me faire poser des points de suture. Ça calme quand même un peu.

Je me suis donc arrêté 25 minutes.

Bref je démarre. On est cette fois bien dans la pente, c’est violent, c’est raide, mais on a de la vue. C’est tout ce que j’aime et je double par grappe. La sieste à fait du bien c’est le bonheur. Au sommet la vue est belle, je suis heureux, j’ai mal au tibia mais tout va bien.

 

Temps : 11h49

Classement : 599.

Je n’ai donc pas perdu beaucoup de place malgré cet arrêt.

 

 

Partie 6 – Lancrenaz – Villard dessus. 7km 50d+ - 1000d-.

Malheureusement nous n’aurons pas profité longtemps du paysage, nous allons vite plonger dans la forêt. Ma cuisse droite commence à vraiment bruler. Je suis obligé de réduire l’allure.

J’y vais donc cool. Je vais quand même arriver au ravito 578eme en 12h53.

Cette fois je suis bien en retard sur les prévisions 12h14. Je ne me laisse pas abattre, je refais le plein, je mange, mais c’est le dernier ravito. Et comme il ne me reste plus rien je demande une banane au ravito.

La demande est originale, et oui Madame moi je veux la peau pour manger plus tard. Et je repars avec ma banane qui dépasse du sac façon Flask ce qui fait marrer tout le monde.

Je suis en forme, je trottine.

 

Partie 7 – Villard – Arrivée. 18km 800d+ - 1000d-.

Il faut savoir qu’après ce ravito cela descend légèrement. Il ne faut donc pas trop manger sous peine de se retrouver bien ballonné. Bon moi je suis bien, je trottine mais dès que ça descend je ne peux plus ma cuisse droite me fait trop mal.

Ça remonte ensuite vers Mont Veyrier et le lieu dit « plateforme de l’ancien téléphérique ». Je tiens le rythme, je suis vraiment bien en montée. Je réussi à grapiller quelques places.

De fait j’arrive 556eme au sommet de la dernière montée.

Mais là ça va devenir hyper galère. Déjà des cailloux encore et toujours, ma cuisse droite me fait mal et donc c’est dur de passer et ma jambe gauche est amochée avec la peur de taper un caillou. Je suis donc assez lent sur cette zone plate pourtant facile.

Et ensuite c’est la dernière descente et ça a été l’horreur. On plonge dans une forêt impénétrable, aucune vue encore une fois, des cailloux tout le temps, des foutues racines, et c’est raide du coup avec mes pattes amochées impossible de courir. Je descends en mode marche nordique et forcément je perds des places.

Cette descente est d’autant plus chiante, qu’il y a des passages à plat (je peux courir) et même on remonte (je peux envoyer), et comme on ne voit absolument pas ou on va on ne peut pas calibrer l’effort ni même dire c’est bon ça se finit (au-delà de regarder la montre).

D’ailleurs, un mec avec qui je suis depuis 40km s’arrête d’un coup, et il me dit j’en peux plus j’arrête. Je lui dis qu’il reste au plus 3km et qu’il faut y aller. Il va finir.

En enfin cette fichue descente se termine. Nous finissons la course au bord du lac sur le ponton c’est vraiment sympa. Qui dit plat, dit plus de douleur à la cuisse et je repasse à un bon rythme 6’10 au kilo après 86km de course c’est plutôt bien. Je tiens ça pendant les 2 Km de plat le long du lac ce qui me permet de grapiller quelques places.

Un bénévole me dit « oh ben lui il a l’air bien frais ! », je finis même les 500 derniers mètres en 5’20 histoire de cramer un dernier coureur. Je m’abstiens d’en doubler encore un au finish, il courre avec sa fille cela me semble naturel de rester derrière.

 

Finish : 16h26

Classement : 585.

 

Partie 8 – Arrivée – Poste de secours.

Si tôt l’arrivée passée je fais quelques étirements je ne peux pas m’en empêcher. Et je vais au poste de secours.

Les médecins enlèvent le strap et découvrent mon tibia bien ouvert. Ils me nettoient tout ça et me demandent depuis quand c’est ouvert pour savoir si la blessure est fraiche ou pas. Je leur dis Km41 donc en gros 8h ! Ils sont stupéfaits et se demandent comment j’ai pu tenir autant de temps avec le tibia ouvert et sanguinolent.

De fait, la plaie est longue 4-5 cm et profonde. Tout est râpé en profondeur (y a même un petit bout qui se balade) et assez large. Le verdict du médecin urgentiste tombe : pas de point de suture c’est trop large on va tout arracher !

Il me dit nettoyez tout ça, faites attention à l’infection (sympa) et bandage de protection.

 

Partie 9 – Restaurant.

On va ensuite manger au restaurant. La fatigue tombe d’un coup, pour un peu j’aurai vraiment la tête qui tombe dans la fondue. Je m’écroule, c’est dur. Peut-être la partie la plus dure de la course.

Il est 23h00 on rentre à l’appartement, et nous entendons le speaker qui annonce les arrivées. Amicale pensée aux Trailers qui finissent leur course. Ils sont partis depuis 20h00 et ils font un finish dans le noir et sans doute l’anonymat. C’est dur.

 

Avis Global sur LA course :

Organisation : vraiment au top. Très bien balisé, les signaleurs sont partout, les ravitos sont top (j’ai vu qu’il y avait du choix) même si je n’aurai pris que de l’eau, un verre de limonade et une banane. Pour le reste j’avais tout sur moi.

Parcours : sans intérêt du KM1 au KM60. C’est de la forêt impénétrable sans aucune vue. Bref chiant et sans intérêt. De plus de la pierre de la pierre de la pierre et des racines. Bref pénible.

En gros il y a 20Km sympa c’est trop peu à mon gout.

Avis final : est-ce que je referai NON. C’est ferme et définitif.

 

Avis global sur MA course.

1 : je suis déçu de mon temps. C’est d’un coté logique puisque j’ai fait plus que je ne l’escomptais, mais avec les circonstances de course c’était impossible pour moi de faire mieux.

2 : Je suis content de la gestion de course et nourriture.

J’ai appliqué ma tactique habituelle : partir cool – continuer tranquille – finir pépère.

L’objectif est d’avoir une vitesse constante, ce qui se vérifie a l’analyse des données de la course. En montée à la fin j’étais dans la même vitesse ascensionnelle qu’au début de la course. Cela permet de finir en bon état et surtout de doubler.

Coté nourriture, j’avais embarqué 10 compotes salées/sucrées de chez BAOUH, 3 sandwichs jambon/beurre + 250g de noix de cajou salées. 1 flask Eau pure / 1 flask Isostar. + 1 rabe Eau sur 2 sections longues.

Le protocole était le suivant : 1 compote salée ou sucrée toutes les 1h-1h15. A chaque ravito je dévorais 1 à 2 poignées de noix de cajou et démarrait un sandwich que je finissais tranquillement dans la montée suivante.

3 : Je suis très content de ma course. Faire plus de la moitié de la course en étant blessé je pense que c’est improbable. Réussir à la boucler dans un temps honorable c’est sympa. J’ai de plus fini la course dans une bonne forme. Et finalement après 4 jours j’ai repris la CAP sans aucune douleur.

L’entrainement était donc bon, et il n’y a plus qu’à dupliquer ce qui a été fait pour me lancer dans un prochain défi.

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