Récit de la course : Ultra Trail du Vercors 2019, par bubulle

L'auteur : bubulle

La course : Ultra Trail du Vercors

Date : 7/9/2019

Lieu : Lans En Vercors (Isère)

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Distance : 86km

Objectif : Pas d'objectif

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Bubulle : mission UTV

« Pas d’ultras de plus de 80km cette année » était le mantra 2019. Donc, interdit d’aller cliquer par erreur sur une Echappée Belle, un GRP, une Swisspeaks et encore moins un Tor.

L’avantage de l’inconvénient, c’est que je peux enfin rendre visite à samontetro et voir ce à quoi ressemble son Vercors et cet UTV qui est un des haut-lieux de la kikouterie.

C’est que, le Vercors, je crois n’y avoir mis les pieds qu’une fois dans ma vie, lors d’un week-end de ski alpin voici environ….40 ans.

Autant dire que je n’en connais rien si ce n’est ce qu’on en voit « de l’extérieur », donc depuis les massifs environnants : des falaises énormes derrière lesquelles doivent se cacher des coins tout plats puisque, c’est bien connu, c’est le paradis des fondeurs et des biathlètes.

Bon, je me doute bien qu’entre les trucs tout plats et les falaises énormes, il doit bien y avoir un peu de dénivelé puisque notre ami Patrick et ses compères de Cap Vercors annoncent tout de même 4600m de dénivelé pour 87km.

Ce que me confirme d’ailleurs ma traditionnelle préparation millimétrée le nez dans la carte : ça monte, ça descend, ça monte, ça descend. Et les courbes de niveau sont bien serrées par endroits, on dirait.

Donc, bon, pas plat.

Ça tombe bien car, je ne sais pas si je l’ai dit dans un des 100 et quelques récits précédents mais si c’est trop plat, j’aime pas trop beaucoup ça. Je préfère quand c’est un tout petit peu trop plus moins plat.

Le roadbook est donc construit avec toute la science dont je sais faire preuve, avec force calculs alambiqués basés sur des vitesses ascensionnelles et descensionnelles recalculées avec minutie à partir de ma course du Trail du Cenis, ainsi que de l’Ultra de Madère. Le tout assaisonné d’un coefficient de fatigue lui aussi déterminé avec la précision d’une horloge suisse. Bref, cela nous donne ça (l'original est là) :


Donc, 16h22 prévues. Avec un départ à 5h du matin. Juste de quoi remettre un bout de frontale sur la fin. Je donne aussi rendez-vous à coco38 au Pas de la Clé à 17h22 puisque le roadbook le dit.

Avant les courses, quand je peux, j’aime bien prendre mon temps et avoir mon confort. Donc, les plans où on arrive à l’arrache la veille de la course, où on dort dans la voiture en chien de fusil, très peu pour moi. Arrivée le jeudi en début d’après-midi, installation à l’hôtel situé à 100m de l’église de Lans en Vercors et on profite de la belle journée pour aller faire un petit tour sur les premiers kilomètres du parcours.

Ce qui me confirme une chose : ce n’est définitivement pas plat. En gros, au bout d’un kilomètre, on va partir sur du bien montant, d’autant plus que ce sera la plus longue montée de la course, jusqu’à son point culminant, le Pic Saint-Michel.

Petite bière du soir avec samontetro qui rentre de balisage….et me propose de venir baliser 12km avec lui le lendemain. Le pire….c’est que j’accepte… :-)

Fort heureusement, un éclair de lucidité dans la soirée me fera décliner : non c’est pas le plus malin d’aller passer 4 heures à poser des balises la veille d’une course de 15 heures. Enfin, pas plus malin que de monter à La Jonction à Chamonix la veille du 90km, on dira.

Du coup, je glande le vendredi, en attendant mes colocataires. Parce que, eh oui, je partage la Suite Royale de l’hôtel avec loiseau, nanard7th et banditblue29., qui vont arriver le vendredi après-midi. Nanard, sénateur du Vercors (il a couru toutes les éditions de l’UTV), loiseau qui a reconnu le parcours en détail récemment et banditblue29 qui….a gagné son dossard au tirage au sort Kikourou. On ne se connaissait pas (ou à peine) et maintenant….eh bien on se connaît très bien !

Ajoutez à cela un petit AAB Kikourou qui nous amène à croiser quelques kikous supplémentaires, notamment les incontournables Xavhië et Françoise84, tout aussi piliers de l’UTV que nanard7th. Bien évidemment, nous n’échapperons pas à quelques vannes avec Xavhië, en prévision d’un Raid 28 qui s’annonce épique car on sait bien que quand on l’attaque, l’Empire du Mordor contre-attaque.

Bref, des trailers de haut rang, même s’il serait mieux qu’ils soient d’Alexandrie.

L’avantage de loger à côté de la ligne de départ, c’est qu’on met presque le réveil à une heure décente. Chacun ses petites habitudes : loiseau et ses deux bananes, moi et mes nouilles japonaises. C’est bien ça, le problème avec moi, je fais toujours comme on a fait tout le temps. Oui, bin on a tout le temps fait comme ça….

Le petit Bubulle met ses habits qui courent vite (cours, Bubullisme, cours !) : le caleçon rose délavé ; le short-Kalenji-qui-a-plein-de-poches-pour-mettre-les-trucs-qu’on-met-toujours-dans-les-poches, le débardeur-Adidas-qu’on-ne-fait-plus-que-c’est-un-scandale et, spéciale dédicace Benman, de belles chaussettes jaunes toutes neuves. Casquette, lunettes de soleil que j’ai l’air d’un con avec mais que comme ça j’aurai pas à les sortir du sac quand il fera jour., et la vaillante Stoots Minimax un peu vintage.

Et zou, nous voilà en direction de la ligne de départ. Bon, le débardeur, c’est un peu ambitieux car qu’est-ce que c’est que ce pays ? C’est pas possible, il fait au moins -8000…. Alors, hop, le tee-shirt manches longues sort illico du sac.

Ambiance....euh, calme....à 4h30 du matin

Arrivés au départ, il ne nous faut pas 30 secondes pour nous perdre….et je me faufile un peu histoire de viser un secteur de peloton où je serai à ma vitesse. Le repère, c’est Xavhië. SI je suis un peu derrière Xavhië, c’est bien.


Tout d’un coup, bin ça part. Pas de musique à mettre les poils, à peine un décompte, paf c’est parti, il est 5 heures du matin, nous voilà en route pour une bonne grosse journée.

Comme toujours, au début faut courir, c’est chiant. C’est le problème avec ces platitudes vertacormicoriennes…. qui durent un kilomètre. Et là, c’est parti pour la grimpette. Je pars tranquille, pas se mettre dans le rouge à tout de suite vouloir jouer le kakou de c’est moi que je suis le boss de la marche nordique.

On se fait un moment une montée au milieu du troupeau de vaches, c’est rigolo, elles montent toutes avec nous. Elles doivent être déçues, en haut : si ça se trouve elles seraient bien venues avec nous.

(Oui, je sais, y'a un doits de gant Kalenji en haut à droite)

La montée au Pic Saint-Michel va se faire relativement tranquillement. Un petit bouchon à un passage plus rocheux va se former, bien rien de bien méchant. Comme toujours, il suffit de se dire qu’à la fin de la journée, on n’en sera plus à compter les secondes, pour prendre tout cela avec philosophie. Et c’est d’ailleurs ce que font tous les coureurs. J’ai d’ailleurs été très impressionné par la belle ambiance entre coureurs, d’entraide, d’échange, sans chichis, sans un mot plus haut que l’autre. C’est aussi cela l’esprit d’une course réussie et c’est forcément l’influence de l’équipe d’organisation, aussi (samontetro, il va avoir les chevilles qui enflent, ça va lui faire un 64 fillette).

L’avantage de la montée au Pic Saint-Michel, c’est qu’on voit où on va. La petite guirlande de frontales emmène jusqu’au sommet où luisent les frontales des bénévoles. Depuis Grenoble en bas, ça doit faire comme un phare, il doit y avoir un type en haut qui s’appelle On, forcément. C’est son phare.

Le phare à On


Cela dit, la lumière du phare du Pic Saint-Michel ne fait pas naufrager les papillons de ma jeunesse : le roadbook disait 1h26 et j’y suis en 1h24. Et toc. J’ai venu, j’ai vu, j’ai vaincu. Vous m’en graverez 3 exemplaires.


Descente. Technique, il a dit, le grand. Bon, OK, y’a des cailloux un peu en bordel et y’a un poil de vide à gauche, m’enfin l’un dans l’autre, ça se descend, leur truc Col de l’Arc, là. Bon, OK, je me fais dépasser de partout par des chamois isérois qui doivent manger du lappiaz au petit déjeuner. Mais je reste fidèle à ma nouvelle résolution de maintenant : pas de bâtons. Je finis par me trouve un lièvre qui doit être aussi parigot, comme ça je n’ai pas l’impression de ne voir que des chamois passer en trombe. Du coup, c’est presque tout surpris que je me retrouve sur le Sentier Gobert, qui part en balcon en direction de Villard.

Un vrai bonheur, ce sentier. Bon, OK, faut courir, mais j’aime bien et j’avance bien. D’ailleurs, j’ai trois coureurs qui doivent être d’accord avec ça car on va faire tout le sentier ensemble en discutouillant un peu (enfin, surtout eux). Je vais bien, tout va bien. Imhotep.


L’avantage du sentier Gobert (quand on ne se prend pas une gamelle, n’est-ce pas, Loiseau ?) c’est qu’on voit où on va : Villard est en bas, on doit aller bien au-dessus, avant d’y plonger, donc on sait qu’il y a quand même une bonne distance, mais c’est roulant, agréable, on ne voit pas le temps passer. La frontale est rangée sur cette section, le jour est levé (sur une étrange idée…), c’est couvert en altitude, il fait encore un peu frais, je prévois de retirer les manches longues à Villard.

Villard de Lans, en bas


Je finis par laisser partir mes compagnons à l’occasion d’une pause technique : à force c’est un peu pesant d’avoir 3 coureurs qui te suivent en permanence. Mon côté « ours » se rebelle.

Au bout d’un moment, un bénévole signaleur….je fais sa photo.


« C’est une bonne situation, ça, signaleur ? ». « Tu sais, moi je ne crois pas qu’il y ait de bonne ou de mauvaise situation. Moi, si je devais résumer ma vie aujourd’hui avec toi, je dirais que c’est d’abord des rencontres. Des trailers qui m’ont tendu la main, peut-être à un moment où je ne pouvais pas, où j’étais seul sur mon chemin. Et c’est assez curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent une destinée… Parce que quand on a le goût de la course, quand on a le goût de la course bien faite, le beau geste, parfois on ne trouve pas l’organisateur en face je dirais, le Patrick qui vous aide à avancer. Alors ça n’est pas mon cas, comme je disais là, puisque moi au contraire, j’ai pu : et je dis merci à samontetro, je lui dis merci, je chante samontetro, je danse samontetro… je ne suis qu’amour ! Et finalement, quand beaucoup de gens aujourd’hui me disent « Mais comment fais-tu pour aimer te geler dans la montagne ? », et bien je leur réponds très simplement, je leur dis que c’est ce goût de l’amour ce goût donc qui m’a poussé aujourd’hui à venir vous dire qu’il faut descendre la descente, mais demain qui sait ? Peut-être simplement à me mettre au service de la communauté, à faire le don, le don de soi… ».

Je le laisse à son bonheur et on part dans une belle descente vers Villard.


J’y vais assez tranquillement en ne me formalisant pas des 2-3 dépassements (nous sommes déjà pas mal espacés) et en accompagnant un temps un coureur dont c’est le premier ultra et….qui me parle de Kikouroù (j’ai la casquette, la vraie, la rouge). Un peu la litanie habituelle « je ne participe pas sur le forum, mais je lis les récits et ce qui se dit sur les courses »….je ne compte plus ce nombre de rencontres, étonnant le nombre de personnes pour qui Kikouroù est «read-only » (je ne leur en veux pas, je pense juste qu’ils ratent quelque chose).

Arrivée sur Villard de Lans

Le tout nous amène tranquillement au ravito de Villard. Objectif : ne pas trainer, être efficace. Donc, rangement définitif( ?) de frontale, passage en mode « débardeur guerrier », remplissage de la flasque que j’ai vidée (500ml en 2h30, quel exploit), une poignée de bouffe diverse, et je repars aussi sec.

Désormais j’applique souvent cette technique pour les ravitos : y rester le moins possible, quitte à repartir en mangeant tranquillement. Cela permet aussi de pianoter sur le téléphone : j’ai fait un petit groupe Whatsapp avec mes proches et amis et je vais y envoyer des messages vocaux réguliers. L’avantage c’est que c’est simple à faire : pas de manip compliquée de clavier avec des doigts trop gros, pas de messages dictés et déformés (« sa moto trop »). Le seul inconvénient c’est que si on n’est pas bien, ça s’entend… 

Bref, Villard, 3 minutes d’arrêt, sortie en 2h44 pour….3h06 prévues ! 185ème.

Whatsapp : « Donc, alors là, je repars de Villard de Lans. Genre j’ai 20 minutes d’avance, donc c’est parti pour le grand n’importe quoi. Ça va hyper bien, donc on va continuer à aller hyper bien. Là y’a 2-3 kilomètres de plat, donc….je vais marcher. Y fait beau. Pas très chaud, genre 7-8°, mais je suis en débardeur, normal. Bisous à ceux à qui je fais des bisous, et puis voilà »

Là, pas de problèmes, je suis super bien. Le fait d’être en avance sur le roadbook me donne le moral : je savais que je pourrais être plus rapide que prévu si ça allait bien, je ne m’inquiète donc pas d’un départ trop rapide.

L’avantage, aussi, c’est que ça meuble un peu la longue section plate qui suit Villard. Comme je ne suis pas sûr d’avoir dit que je n’aimais pas le plat, c’est l’occasion de le confirmer une nouvelle fois. Je marche donc tranquillement (tranquille à 7 km/h, hein) en faisant mes petites affaires. Puis je repars au petit trot en me faisant dépasser par ceux qui se croient sur un marathon. Grand bien leur en fasse, on en reparlera à la montée qui vient.

Le Pic Saint-Michel, au milieu

Justement, paf. Fini de rigoler. Montée à la Croix Chabaud. Il y a 300 mètres de dénivelé bien sérieux au début, genre 20-25%. Le chemin laisse la place pour dépasser, donc vavavoum : là, contrairement au Pic Saint-Michel, c’est tout à l’attaque que ça se fait. A l'abordage ! Souquez les artimuses ! Les marathoniens sont laissés sur le bord, je fais des pas de 5 mètres…et je compterai 20 coureurs dépassés une fois arrivé en haut. Ce tombeau sera leur tombeau.

Rah que ça fait du bien ! Je me sens bien bien bien…..même la partie un peu plus plate en haut, qui zigzague un peu dans la forêt de mélèzes, elle m’amuse bien. C’est l’avantage avec un tracé fait par samontetro : au lieu de suivre les grandes allées toutes plates avec plein de sapins, qu’on appellerait les grandes allées avec plein de sapins, il cherche les monotraces les plus tortueux possibles. Donc même le plat de samontetro, il n’est pas chiant, même s’il est plat.

On redescend vers Méaudre. Pas trop de souvenirs de cette descente, en fait. Juste qu’on arrive dans la vallée, non pas de Mana, mais de Méaudre. Juste que le village, au lieu de le mettre tranquillement au pied de la descente, comme on se doit de mettre un village, ils sont allés le mettre au bout d’un grand plat pas drôle et un peu montant (un plapapla, quoi).

Le plapapla

Fort heureusement, une belle surprise m’attend juste avant ce ravito. Je ne sais pourquoi, mais il a dû se savoir qu’un fan ultime de Bob l’Eponge était sur la course. Et voilà que j’aperçois à l’entrée du village, une jeune fille avec un énorme Bob, le même que celui de notre famille (parce que, dans la famille, on est tous des fans ultimes de Bob). Evidemment, je ne peux que faire un check géant et un selfie-Bob. J’en oublierais presque que je n’aime pas le plat, tiens (presque, j’ai dit !).


Je suis, ce cher ami, très heureux de le voir. Un alexandrin à Méaudre.

C’est peuplé, Méaudre. C’est qu’il y a un passage de relais, donc ça déboule aux taquets et ça repart aux taquets (pour l’instant, seuls deux relais m’ont dépassé, cela dit). Je me mets dans un petit coin, de ravito et je fais mes courses pour la suite : banane (obligé ! C’est un deal avec ma fille…ce n’est pas « eh, mon pâté », mais « eh, ma banane ! »), saucisson, fromage, chips, une flasque, check par rapport au roadbook, check du téléphone, et c’est reparti en mangeant.

2 minutes 30, c’est plié.

Le message traditionnel en repartant : « Bon, alors je devais ressortir en 4h36, je ressors en 4h (NDLR : ce que confirment les bruits de cloches de l’église). Donc c’est complètement le bordel. Ça va hyper bien. Là, il commence à faire soleil un peu plus chaud, mais bon, 12-15° qq chose comme ça. Là, on a une bonne montée, là, quand même, et pis une belle descente derrière, et pis une belle remontée, et pis une redescente et pis on est à Rencurel la base vie ». « Bon, normalement, là je dois en avoir pour 3h, qq chose comme ça » (suffirait que je regarde le roadbook pour vérifier, nouille). « Bon là, on commence à être bien espacés, y’a quelques relais qui nous doublent ». « Dans la p’tite montée après Villard, j’ai bien dû dépasser 20-25 personnes, trop cool. Là, ça va repartir en marche nordique, ça va envoyer bien. Voilà, à toute ! »

Bavard, le mec, quand même. Donc 4 heures tout rond. 151ème (+36, toc)

3heures, mouaaaaaarf, z’allez voir… :-)

Bon, c’est clair que la remontée sur le Gros Martel, c’est du bien velu, bien raide, tout comme j’aime. Et y’en a pour 500D+ au moins, donc y’a le temps de jouer. Et donc, gnap gnap gnap gnap. 1, 2, 3, 4, 6…euh, 5 ! Plus c’est droit dans la pente, mieux c’est. Par moments, la pente s’adoucit un peu et je m’applique bien, on dirait quasiment un local qui fait du ski de fond toute l’année.

Et puis, surtout, en haut, je rattrape enfin Xavhië….je commençais à désespérer. Se pourrait-il qu’enfin, pour une fois, j’arrive à finir devant lui ?

Plus ou moins au sommet du Gros Martel (noter les excellentes balises de la course, toute réutilisables d'année en année)

La redescente de ce Gros Martel (on passe sur un sommet à plus de 1500 mais on ne voit quasiment rien) se fait en trois temps. D’abord 350D- sur un chemin forestier caillouteux à la pente bien régulière. Je régule tranquillement. Il est normal que je me refasse passer, j’ai un genou à gérer et, de toute façon, j’ai toujours estimé qu’on ne gagne pas grand-chose à avoiner en descente.. Ensuite, on a 2 bons kilomètres plus ou moins à niveau sur une route forestière avec une belle vue sur les Gorges de la Borne. Puis, enfin, le Pas de la Rage, un passage un peu exposé où il a été recommandé d’être vigilant. En gros, c’est vrai que c’est un peu vertigineux, avec des sections comportant 10-20 mètres de vide sur le côté, mais c’est en forêt, donc finalement peu impressionnant. J’y mène d’ailleurs un petit groupe de 4 coureurs qui ont l’air très content de l’allure.

La partie roulante entre les deux descentes

Cette descente est à mon avis un des plus beaux passages du parcours. C’est rare que je dise cela des descentes qui ne sont pas totalement mon terrain préféré, mais ce chemin raide, mais régulier, en forêt, qui descend très bas, à 800m d’altitude, est très sympa à courir et je ne l’ai pas trouvé cassant du tout. Un vrai bonheur.

EN gros, on va descendre dans le trou en dessous, là (la-itou)

Un peu de monde en bas car le passage est sur la route des suiveurs entre Méaudre et Rencurel et nous longeons la route sur 200 mètres environ.

Et qui vois-je arriver, avec un petit sourire en coin : bien évidemment le maillot « Cap Bollène » de l’ami Xavhië. C’est qu’il descend mieux que moi, le gamin (il a quelques mois de moins) et il ne se prive pas de faire quelques photos, genre « je dépasse bubulle ». Pffff.

Non, mais ça va chier.

D’abord, y’a une montée qui suit, en direction de la Croix Collet. A peu près 300D+ raisonnablement raides pour que je puisse mettre de la distance avec l’autre morpion, là….

Donc, c’est parti mon kiki. Je fais déjà exploser le groupe qui me suivait, à l’exception d’un coureur que j’entends s’accrocher au pic-pic. Il va profiter de l’aspiration sur toute la côte et ne finalement rendre les armes qu’à 500m du sommet, à la Croix Collet. Il me voit, il me voit plus. Il me voit plus, il me voit. Il me voit, il me voit plus.

350 D+, 26 minutes. 810m/h. Moi je dis qu’au bout de 6h de course, ça se défend, rogntudju.

Il ne reste plus qu’un petit bout de descente pour rejoindre la base-vie de Rencurel qui marque presque la mi-course (pas tout à fait, mais on ne va pas chipoter).

C'est central, quoi.

Belle ambiance dans le petit village. Animation micro, passage de beaucoup de relais, beaucoup de suiveurs.

L’organisation de ce ravito est bien fichue, je trouve : une zone avec la partie liquide/solide et une zone avec de quoi utiliser le sac de délestage que nous avons laissé au départ.

Je fais rapidement mes courses sur les tables du ravito et, après une petite hésitation, je récupère le sac de délestage. J’y avais mis un peu tout pour me changer, mais je ne change que le tee-shirt, juste pour la sensation de confort. Adieu le débardeur fétiche, place au tee-shirt bleu Raidlight (fétiche aussi).

Seul petit défaut d’organisation : au moment de repartir, je me rends compte que je n’ai pas rempli la flasque que j’ai vidée (bin oui, 500ml en 2h30, ahem ahem). D’où retour au ravito où je croise…..l’inévitable tee-shirt Cap Bollène. Pffffff.

Je me sauve vite fait.

Du coup, les 20 minutes prévues se sont transformées en…12 minutes.

Le message Whatsapp : « Et donc, je repars de Rencurel avec 1h05 d’avance, toujours n’importe quoi. Ça va toujours très bien. Prochaine étape, Autrans ». « Bon, alors, pour Autrans, c’est une longue montée jusqu’à 1600m puis…….pchoufroutbrouftmkgolqlkqslkoufoufoufou »….mes messages sont parfois imbitables à cause du vent…. :-). Bart va se payer ma fiole en me demandant d’arrêter le sèche-cheveux.

Rencurel, donc. Il est un peu plus de sable et demie. Les pierres sont chargées, il faut y aller, là.

Je repars effectivement en 6h36 pour 7h40 prévues, à la 112ème place (39 places gagnées, y compris les abandons à Rencurel car on est bipés en sortie). On est donc sur les bases d’un 15 heures, que je me dis (car j’imagine qu’à un moment, je vais arrêter de prendre de l’avance sur le roadbook).

Juste au-dessus de Rencurel, on est encore sur une petite route

Faut aller plus ou moins tout là-haut

Bien tout seul, que je repars. Aucun solo à l’horizon loin devant, pareil derrière. On est sur une petite route, puis un chemin assez large, en légère montée dans la vallée (toujours pas de Mana). Juste de temps en temps, un coureur de relais me dépasse : ils sont en tout début de leur relais, donc tout frais, et ils courent évidemment tous sur cette partie en légère montée, alors que moi, j’alterne largement marche et course.


Je cours quand même ponctuellement car ça va plutôt bien et que, comme ça, ça semble moins long. En effet, en 5 kilomètres, on monte de 300 mètres seulement, avec parfois des parties quasi plates.

Quelque part dans les alpages au-dessus de Rencurel

En pratique, la montée redevient raide vers 1120m. Je m’attends à 500 mètres de dénivelé car j’ai mémorisé 1600m pour la Pas de Pertuson, mais c’est en fait 1435m. Je suis donc presque surpris qu’après un passage final bien raide, on soit au sommet. J’ai dû encore dépasser une dizaine de coureurs dans la montée.

La descente vers Autrans est sans histoire : 400D- en forêt, pas trop longs. Je vais descendre cela à 1100m/h, donc à une bonne vitesse, mais sans exagérer. Il reste ensuite 2 kilomètres de terrain assez plat avant d’arriver au village.

On descend de "par là-haut"

Ce ravito est en fait assez rapproché du précédent, encore : 1h40. J’y passe donc un temps minimum, il y a peu de monde. Je prendrai un peu plus de temps à Gève qui n’est pas très loin non plus, encore. Bref, 3 minutes, et c’est reparti. Et là, niark niark, niark, pas de tee-shirt Cap Bollène.

Comme on repart par une petite route montante, j’en profite pour donner de longues nouvelles, je leur envoie même un petit film.


Whatsapp avant Autrans : « Bon, bin là j’arrive à Autrans. C’était quand même assez long la montée au Pas de Pertuson, mais ça va toujours bien. Il fait beau et chaud, assez chaud maintenant, mais ça va, on gère… »

Whatsapp après Autrans : « Voilà, je repars d’Autrans en 8h30 au lieu de 9h48 sur le roadbook. Je sais pas si ça va s’arrêter un jour de prendre de l’avance. Là, le terrain va changer, ça va moins monter, mais être plutôt parfois roulant…enfin, roulant, on va voir… »

Pat suggère que je porte plainte contre celui qui a fait le roadbook, sur Whatsapp. Comme je suis vraiment tranquille pépouze sur ma petite route….bin je lui réponds qu’effectivement il est vraiment nul, ce gars, il me prend pour une limace alors que je suis un Guerrier des Montagnes. Puis je pars totalement en sucette en indiquant que je pense avoir une bonne avance sur les BH et surtout (avec délectation) que je suis « devant Cap Bollène » : c’est que le lion ne s’associe pas avec le cafard, aussi.

Je suis sorti d’Autrans en 8h30, effectivement, en 91ème position (+21 encore).

On a ensuite 2,5km en faux-plat montant où j’alterne tranquillement marche et course. Il n’y a personne derrière et 3 coureurs devant à quelques dizaines de mètres.

En attendant, je remonte tranquillement sur ma petite route, en profitant du paysage, des chalets montagnards. Je me dis même que là, on pourrait mettre un petit géranium. Ouais, ça va être bien, ça va être très bien, même.

Une bonne bosse de 200D+ à 15% me permet de repasser quelques coureurs avant d’attaquer une longue longue section en forêt, tantôt montante tantôt descendante. Là, il s’agit de commencer à gérer. Je sens que la fatigue a augmenté, on arrive sur un terrain moins dans mes cordes et je fais plutôt le yoyo avec les autres coureurs : je reprends de l’avance en montée, et maintenant en descente…..mais sur les plats je me force à marcher pour ne pas trop tirer sur la machine.

Quelques coureurs dépassés me demandent la distance qu’il reste jusqu’au prochain ravito (ça doit être écrit sur mon front que j’ai une carte dans la tête). C’est un des rares moments de la course où je vais regarder régulièrement la montre qui, c’est rare sur une course de montagne, a été passée sur l’écran du kilométrage.

Lassitude, quoi. Fallait bien que ça arrive.

Lac du Naveté

Comme arrive, d’ailleurs, le ravito de Gève. Là, il est clair qu’il faut que j’y passe un peu plus de temps qu’aux autres. Déjà, penser à m’alimenter en insistant sur le salé. Je vais aller prendre deux petits bols (des bolinettes : c'est des petits bols) d’un bouillon hyper salé (trop, quand même, faudra que je l’indique à samontetro...la bénévole aurait du me dire "doucement, je l'ai peut-être un peu chargée, là") et c’est un des rares ravitos où je m’assois un peu.

On croirait que le suis en train de boire un seau de bouillon

Je vais y passer 10 minutes. Quand je repars, misère d’hostie de crisse, devinez ce que je vois ?

Eh oui, c’est bien le maillot Cap Bollène qui arrive quand je repars. Il est décidément increvable, ce Xavhië. A partir de là, je sais que c’est foutu, ce qui suit va être plus son terrain que le mien. Reste à savoir quand il va me rattraper. Si c’est à La Molière, j’ai peut-être une chance de sucer la roue… :-).

Donc, départ de Gève en 88ème position et 9h57 (pour 11h18 prévues : en gros, j’ai arrêté de gagner du temps sur le roadbook).

Et, rapidement, en repartant, je sens que ça va être très très chaud. Je n’ai soudain plus de jus, même dans les montées (il faut encore se hisser de 200 mètres jusqu’au Pas Brochier). Et on a 15 kilomètres à faire, dont une grand partie sur les crêtes, avec un terrain probablement difficile (les fameux lapiaz des Préalpes).

La suite va largement le confirmer, je ne vais vraiment pas vite… Heureusement, on est suffisamment espacés pour que ce ne soit pas trop déprimant de voir les autres défiler (beaucoup sont encore des relais).

Par contre, dès qu’on est sur ces crêtes, la vue est parfois superbe, plongeant d’abord sur le secteur de Moirans et Voreppe, puis au-dessus de Noyarey et face à la Chartreuse.

Vue depuis le Pas Brochier


Il faut bien ça, car dès qu’on y est, sur les crêtes, cela devient le chaos sur le chemin. On ne cesse de monter ou descendre, on va moins vite en descente qu’en montée (moi, en tout cas), ça n’en finit pas. En fait, il me faudrait des pouvoirs magiques, mais oui ! Je ne vois pas en quoi c’est une bonne nouvelle, mais c’est ça.


C’est que La Sure qu’on voit parfois….elle est bien loin.

Au Pas de la Clé, coco38 est bien là. J’étais tellement en avance que j’aurais pu le rater, mais je l’ai vu au ravito de Gève, avant qu’il ne monte à son poste de signaleur.

Je lui avais donné rendez-vous à 17h12, il est….15h50. J’ai donc toujours 1h20 d’avance sur le roadbook. En fait, même en commençant à galérer, je suis resté dans les temps prévus.


Jean-Claude me fait une photo et…le temps que je reparte, que croyez-vous qu’il se passe ? Eh oui, l’inamovible Xavhië débarque. C’est quand même improbable qu’on se retrouve pile à trois kikoureurs à cet endroit.

Heureusement qu'il y a de petites vues sympa comme ça pour compenser ces saloperies de lapiaz : vallée d'Autrans

Nous repartons tous les deux et je vais réussir à suivre…..dans la montée au Rocher de Combe Noire.


Mais ensuite, on ne joue plus du tout dans la même catégorie : Xavier avance très bien et il est bien à l’aise et moi, je suis emprunté au possible. Je le vois irrémédiablement s’en aller devant et, connaissant le profil qui reste, je sais que c’est définitif. Il faut être juste : il a fait une course superbe et toute en gestion, comme bien souvent. Et la ½ heure d’avance qu’il aura à l’arrivée est largement méritée.

Et c’est qui, le lion, maintenant ? Il est où le magneau bubulle, ils l’ont mangé, le magneau, les crocodiles vertacomicoriens ?

Bin, le magneau, pendant ce temps….bin il galère. Je me console en faisant des photos, mais j’attends avec grande impatience la bifurcation sous la Sure, où nous avions arrêté de baliser avec Patrick, hier.


Un coureur avec moi pendant un petit moment me demande s’il y en a encore plus longtemps. « Oh, c’est simple, tu suis les cailloux. Et ça devrait être au bout. Je t’accompagne pas, hein, je vais rester un peu là et réfléchir ».

 Surtout, cette section me fait d’un coup tomber une grande fatigue et une grosse lassitude sur les épaules et sur les jambes. C’est assez curieux, je n’ai mal nulle part, pas de crampes, d’ampoules, de mal de genoux, juste plus d’envie de courir et aussi pas mal d’approximation dans les trajectoires, les choix de placement…..et au bout du compte, une progression très lente.

Le Sure, c'est loin, ça c'est sûr. Surtout que ça a pas l'air tout droit pour y aller

Bref, pas de jus, pas de course. Pas de course, pas de podium. Pas de podium….pas de podium.

C’est que le terrain est quand même plus que particulier, ici. En fait, il est bizarre, ce sol, il est pas palpable.

Tout a heureusement une fin et j’atteins enfin la Sure qui marque la fin de la galère. Je sais qu’il reste 5 kilomètres jusqu’au ravito de la Molière. « Tu vas voir, demain, tu te feras plaisir à courir, ici », me disait samontetro, hier. Moi, déjà, j’étais un peu sceptique et….j’avais raison. J’ai beau essayer de faire quelques relances sur ces chemins roulants un coup descendants, un coup montants, je reviens assez vite à la marche. Il me reste donc à essayer de garder ma meilleure technique (à ce stade de course, en général, les restes sont moins brillants et académiques qu’en début de course).

La vue à la Sure, c'est pas trop moche, quand même


A la Sure, j’ai été pointé 87ème aux dires du signaleur qui enregistrait manuellement les passages. J’y passe en 12h03 de course pour 13h18 prévues. Donc, 1h15 d’avance et donc….eh bien je suis enfin dans le rythme prévu du roadbook. Pas très optimiste, ce roadbook, quand même.

Bon, à part ça c’est quand même méchamment long, cette arrivée sur La Molière et je ne peux vraiment plus que marcher. Clairement, ce n’est pas compliqué, je suis en train de payer l’addition du début de course euphorique. C’est d’ailleurs ce qui me maintient un peu la tête hors de l’eau : de toute façon, il n’y a plus qu’à arriver, j’ai tout mon temps et je sens même confusément que, malgré tout cela, le résultat final va être bien au-delà de mes espérances.

Mais, quand même, quand j’y arrive enfin, je ne suis vraiment pas frais, à La Molière. Je tente de prendre quelque nourriture pour faire les 8-9 derniers kilomètres : une moitié en crête, montant/descendant…et une descente finale pas très difficile. Normalement, ça doit être une formalité, mais depuis là-haut, sur ma chaise dans cet alpage, ça me paraît un peu être une montagne. De la relativité des points de vue pendant une course. Il faut quand même mobiliser un peu toute l’expérience des courses précédentes pour se rappeler que, OK, on a toujours des hauts et des bas et que, là, bin je suis juste dans un bas, quoi. Abyssus abyssum invocat.

J’ai pointé à La Molière en….105ème position (-17). Bon, voilà, quoi, ce n’était pas qu’une impression, j’ai pris cher. Xavhië est passé 17 minutes plus tôt. Il me dira le lendemain, d’ailleurs, qu’il m’a attendu quelques minutes, pensant qu’on arriverait à finir ensemble et que c’est un peu en désespoir de cause qu’il est reparti tout seul. S’il le fallait encore, cela vous prouvera que cette « guéguerre » que je fais transparaître dans les récits ou les commentaires, c’est évident totalement du bidon. Il y a évidemment un grand respect mutuel et Xavier (avec Françoise, bien sûr) sont d’excellents amis et des personnes en or. Bisous !

Bon, par contre, faut que je donne des nouvelles sur Whatsapp. Le contraste dans la voix est assez frappant, je pense….et le contenu du message aussi « Bon, là je suis au dernier ravito, La Molière. J’ai pris cher, je suis un peu épuisé. Reste à passer deux petites bosses, vers 1700, puis la descente vers Autrans. Je pense que j’en ai pour 2 heures. Là, c’est dur… ». Et encore, je ne vous fais pas le souffle court…. Le signe, d’ailleurs, que je suis un peu…ailleurs, c’est « descente sur Autrans » alors que c’est évidemment « descente sur Lans en Vercors ».

Je repars donc un peu en mode cadavérique à une vitesse d’escargot. L’impression d’avoir passé une éternité assis sur cette chaise alors que j’y ai à peu près passé les 7 minutes écrites dans le roadbook. Donc « deux petites bosses » qu’il a dit. Bin, c’est des bosses qui font quand même deux « Collines d’Elancourt » chacune. Cela a un avantage : c’est que marcher n’y est pas une honte. De toute façon, vu le monde qu’il y a, je peux bien avancer comme je veux, personne ne le verra.

La lumière de fin de journée est trop magique, mais je ne sais pourquoi, j'ai un mal fou à en profiter

A un moment, c’est Aziz, l’ « amidu42 », qui me reconnaît en me dépassant et qui fait un bout de chemin avec moi. Un peu plus loin, je reste quelques minutes avec un autre coureur qui m’a demandé mon téléphone pour prévenir son amie de son arrivée à venir et la rassurer (je l’avais dépassé….c’est dire qu’ il allait lentement, le pauvre).

Des relais continuent à passer ponctuellement. De moins en moins fringants, quand même : on commence à être sur la queue de peloton des relais. Les « deux petites bosses » (sommet de Charande) finissent pas passer. Le problème….c’est que ça n’en finit pas, ensuite. On va avancer encore pendant au moins 3 kilomètres sur cette crête interminable vaguement descendant, maintenant. Ils sont pénibles, aussi, ces vermitacomachinchoses, y’aurait qu’à tracer un sentier qui descend tout droit, là. Pourquoi est-ce qu’on part loin où c’est qu’il va falloir revenir ensuite ?

Camarades trailers ! Sommes-nous revenus aux temps des Dauphins ? A trimer sur les lapiaz ? Et pour qui ? Pour samontetro ! Nooooon, qu'il aille les courir à Belledonne, les cailloux ! Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées ! Hiparoucoucou, hinouchem, Houchem Himnihatch! Et franchement.....voilà.


Vous êtes d'accord que c'est quand même du foutage du gueule, non ?

Mais pas assez pour que j’arrive à me motiver pour courir à nouveau. Il aurait certainement fallu, car le temps perdu ici est impressionnant, et je devais en avoir la capacité, une fois passé au-delà du manque d’envie de le faire. Hue, Bubullis.  Tu n’avances pas du tout, Bubullis !

Mais on ne commande pas la tête. Quand ça veut pas, ça veut pas. Donc j’avance en marchant, de mon mieux. En fait, je vais mettre une heure pour faire les 5 kilomètres jusqu’au début de la descente. Pas trop glorieux.


PAS CONTENT, PAS CONTENT !

Mais c’est ce que j’avais mis sur le roadbook… ! Et donc, c’est amusant de constater a posteriori que mon roadbook est juste….sur les 30 derniers kilomètres.

La descente tant attendue est enfin là, après avoir passé pas loin d’une heure sur cette crête….à entendre le micro de l’animation d’arrivée, en bas.

Et je vais enfin arriver à me motiver pour y courir. Passer le cap où ça fait mal partout et me motiver pour arrêter de me faire dépasser au moins par les solos.

Bon, la vitesse de descente ne sera pas glorieuse (820m/h), mais il est vrai que la pente pas trop marquée n’aide pas à avoir une vitesse de descente élevée.

Mais de toute façon, l’objectif est depuis un bon moment d’en finir. Le plaisir n’est plus guère là (comme souvent sur une fin de course, il faut bien le dire). Je vais d’ailleurs à nouveau un peu baisser les bras sur le dernier kilomètre plat qui nous fait traverser tout le village pour rejoindre la ligne d’arrivée. Je n’ai pas envie d’arriver hors d’haleine et j’en marche donc la moitié, laissant à nouveau passer pas mal de coureurs.

L'arrivée, c'est au bout, tout au bout de cette purge....

Ce n’est vraiment que sur la toute fin que j’arrive à profiter de l’arrivée, avec les encouragements des nombreux spectateurs qui attendent leur coureur….surtout que je croise à nouveau la sœur de spongebob28 et son énorme Bob l’Eponge, ça fait du bien !

Finalement, c’est avec une certaine surprise que je fais la dernière ligne droite, en découvrant que je suis toujours sous les 15 heures (14h56’)….et donc que j’ai conservé mes 1h20 d’avance que j’avais à Autrans. Pour l’anecdote, je suis 130ème et….16ème V2 (y’a un sacré niveau sur cette course, je trouve). Et Xavier est 90ème, 41 minutes devant. Ce qui illustre bien la difficile fin de course que j’ai subie.

Mais, malgré tout cela, je suis plus que content. J’ai quand même fait les 2/3 de la course dans un état extraordinaire de forme et d’euphorie. J’ai donc très bien profité des paysages superbes du Vercors, du parcours très varié concocté par somontetro et ses acolytes. J’explique encore difficilement pourquoi cela s’est un peu débranché ensuite car je n’étais pas physiquement au bout du rouleau (sauf peut-être à La Molière). Peut-être un petit manque de motivation pour me battre contre l’envie d’avancer sans me mettre la pression. Au final, j’ai peut-être besoin de cela, pour me motiver, d’un certain côté compétitif. Quand il disparaît un peu (par exemple quand les écarts sont très importants), j’ai peut-être trop tendance à me mettre en mode « confort » et donc laisser filer. Est-ce bien grave ? Peut-être pas, après tout, le seul défaut est que ça peut laisser un peu de frustration…..mais après la course.

L’avantage d’être arrivé tôt, c’est que je vais finalement pouvoir suivre l’arrivée de mes acolytes de l’hôtel. Certes pas sur la ligne d’arrivée, un peu trop éloignée (un des rares défauts de l’organisation à mon avis), mais soit à l’hôtel (où j’attends banditblue29 avec une bière : je sais parler aux femmes, c’est une tradition chez nous…c’est la Gaule !) ou au repas d’arrivée, pris avec Aziz que j’ai retrouvé (ce qui nous fera un moment très sympa de discussion). Puis avec loiseau et nanard7th, une fois ce dernier arrivé et que nous soyons allés le retrouver avec loiseau.

Au final, une bien belle réussite que ce week-end dans le Vercors….et encore une course terminée même si ça a été un peu dans la douleur.

Érimététéké !

 

(petit jeu additionnel : il y a 36 éléments particuliers à retrouver dans ce récit, vous pouvez jouer....)

14 commentaires

Commentaire de LiliRun posté le 22-09-2019 à 16:43:49

Trop bien : un CR de Bubulle à lire un dimanche après-midi en rentrant d'une bonne sortie trail en Belledonne. Je me suis régalée, merci encore Bubulle ! (J'ai adoré le passage sur le signaleur)
Et bravo pour ta course rondement menée. Et comme le physique a l'air d'avoir plus que bien tenu la route, peut-être qu'on aura le droit à d'autres récits bubullesque de plus de 80km en 2020 ??
En tout cas toujours un plaisir de te lire.

Commentaire de bubulle posté le 23-09-2019 à 22:30:01

C'est dans les plans, oui. J'espère pouvoir faire un récit d'UTB, un récit de Pica-Pica et un récit d'Ultra de Serre-Ponçon.

Commentaire de L'Dingo posté le 22-09-2019 à 17:05:23

C'est marrant un CR de l'UTV , ca fait de Bubulle un "vertacoRmicorien" , et de NRT21 un "stacKanoviste".

Hey, les gars, pour eviter cela, utilisez des mots avec 2 syllabes max (par ex GABU ZOMEU ...), faites comme les pro-chasse :-)).


Au passage je corrige une injustice:
c'est pas le loup qui a mangé le magneau, mais c'est le même qui a croqué Odile (le petit Chaperon Raouge)


( Je ne croyais pas que je pourrais troller jusqu'ici, loin des 2 fils idoïnes.
aarrfffff :-))) . ça mérite le méga-bonus!! )

Quant au récit, il est vraiment très plaisant avec toutes ses références subliminales: 1,2,3,4,6. Euh, 5..peut-être.

ah, un dernier truc si tu veux poutrer Xavhië, à la place des batons, il faut utiliser un sans-efforceur parce que cela permet de monter sans effort :-))

Commentaire de L'Dingo posté le 22-09-2019 à 17:13:24

"staCkhanoviste" , au temps pour moi , oops !

Commentaire de NRT421 posté le 23-09-2019 à 18:33:20

Miarrrhhhniargl (rire sardonique), et un L'Dingo le nez dans la bouze vertacomicorienne !

Commentaire de samontetro posté le 22-09-2019 à 17:42:59

Tu aurais pu te dire "traileur tu trailleras ce trail" pour t'encourager sur la fin, mais ça aurait fait un peu trop trail! Un peu moins de lucidité, sans doute pas mal de fatigue accumulée à ce stade, peut être un brin de déshydratation (ce besoin de 2 bols de soupe)... Je vous avais prévenu que cette ultime section allait être terrible malgré son profil bon enfant! Le Vercors ça peut être pas roulane parfois!
La dernière descente, oui elle est longue. J'ai cherché en vain une coupe mais il n'y a aucun sentier dans ce flanc et la pente y dépasse localement les 60%. Autant dire qu'avec 80km dans les jambes...
En tous cas j'ai eu beaucoup de plaisir à t'accueillir sur le Vercors et partager avec toi cette fin d'AM de balisage à discutailler dans le brouillard sur la crête de la Molière! C'était vraiment cool! Merci d'être venu chez les Vertacomicoriens!

Commentaire de lamidu42 posté le 22-09-2019 à 18:23:12

Ouah, quel récit Bubulle... quel talent. Une belle course bien résumé.
De belles rencontres sur les chemins du Vercors avec encore des souvenirs pleins al tête.
En espérant te voir sur le puy firminy.
Bonne reprise et au plaisir de se vroiser sur d'autres chemins

Lamidu42

Commentaire de Françoise 84 posté le 22-09-2019 à 20:02:18

Et bien, encore un beau récit, merci, Bubulle!!! Et un "retour" sur le long qui c'est plutôt bien passé, finalement... Donc, on s'y retrouve l'an prochain??!! Bisous!

Commentaire de banditblue29 posté le 22-09-2019 à 21:03:50

Merci Bubulle pour ce compte rendu, riche en photos. Ça m'a rafraîchi la mémoire loll
Finalement, on a presque tous adopté la même stratégie "arrêt-express" :-).
A te lire, 87 km, ça passe plutôt vite.

Commentaire de Xavhië posté le 22-09-2019 à 21:18:52

Arghhh! Quel courage, ce Bubulle, de faire des récits pareils… Avec des citations en latin en plus, il va nous faire péter des neurones…
Et merci aussi pour avoir sauvé ma course, quand j’étais en perdition après Méaudre… Non mais, c’est qu’il me passerait devant sans effort, un vrai chamois vertacomicorien! Humilié jusqu’à la douzième génération, le Xavhië… La risée de tout CAP Bollène… Obligé de serrer les dents, tenir le coup jusqu’à la fin de la montée, marcher sur tous les coureurs dans la descente pour réussir à faire une petite photo en le doublant l’air de rien… Bon, c’était raté, on était juste avant une belle montée, adieu le Bubulle encore une fois, même avec les jumelles je ne le voyait plus, c’était foutu, j’allais devoir me cacher dès que je mettrai les pieds sur le Raid 28.
Mais bon, il y a une justice en ce bas monde, pour le coup de mou c’est chacun son tour ! A force de serrer les dents, j’ai fini par rattraper l’ennemi, même s’il avait changé de T-shirt pour essayer de tromper son monde. J’’ai lâchement profité des lappiaz pour prendre le large et sauver l’honneur CAP Bollénois en face des vils coureurs Mordoriens. Obligé de courir toute la fin de course, même sur le plat...
Bien fait pour moi, j’ai chopé un torticolis dans les derniers kilomètres afin de surveiller un éventuel sursaut Bubullesque, ça m’apprendra à être aussi mesquin…
Bon, le principal, c’est d’avoir bien rigolé!
Merci pour ton récit!

Commentaire de Cheville de Miel posté le 23-09-2019 à 15:00:40

Et mince, encore un truc a faire avant mon jubilé, t'es pas sympa Christian!!!!!

Commentaire de NRT421 posté le 23-09-2019 à 18:45:39

En-cy-clo-pé-di-que ! Utilises-tu la fonction dictaphone de ton stupidphone pour accumuler autant de matos à récit ?
A mon avis, y avait un truc bizarre dans l'air entre Buffe et Sure. A l'instar du granit breton et de son radon, je ne serais pas étonné que les lapiaz verticomachin diffusent du gaz comme par hasard nuisible aux ceusses de la plaine ...
Question pour le champion : alexandrin à Méaudre, Alexandra au Pic St Michel ... Aloxe-Corton à la maison ?

Commentaire de robin posté le 25-09-2019 à 13:54:42

"Bref, des trailers de haut rang, même s’il serait mieux qu’ils soient d’Alexandrie".

"Depuis Grenoble en bas, ça doit faire comme un phare, il doit y avoir un type en haut qui s’appelle On, forcément. C’est son phare."

Rien que pour cela j’étais content de lire ton récit !
Robin fan de mission Cléopâtre

Commentaire de Arclusaz posté le 24-11-2019 à 08:53:26

J'ai mis le temps mais je suis arrivé au bout de ce récit. Bravo pour ta course et bravo pour les références chabatiennes. Le passage sur le bénévole, façon Baer est effectivement très bien vu comme les petites références semées de ci de là : je n'ai pas compté mais il y a en bien au moins 3 douzaines.
Le Vercors n'est pas mon massif préféré mais qu'est ce qu'il est bien habité !!!!

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