L'auteur : barney
La course : Swiss Canyon Trail - 105 km
Date : 8/6/2019
Lieu : Couvet (Suisse)
Affichage : 2185 vues
Distance : 113km
Matos : Batons BD
Mafate
Objectif : Terminer
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Après une année riche en trail où j’avais monté le curseur sur des formats plus longs et des courses plus engagées comme le trail hivernal de la moselotte (42k), le trail des Tranchées (55k), le trail long de la Vallée des Lacs (58k) et l’Infernal Trail (70k), j’ai commencé à avoir des projets un peu fous pour 2019. Enfin on se rend compte de la folie qu’une fois le dossard enfilé et notre cinquième aller-retour aux toilettes du gymnase.
L’automne et le début d’hiver m’ont permis de remettre à plat mes envies et de préparer leurs réalisations, de grâce ne me parlez pas de programme d’entrainement ça me file de l’urticaire même si au final empiriquement c’est ce que j’ai fait. Donc, on peut dire que le vélo « biking » d’appartement m’a bien servi et que le renforcement musculaire a été l’épine dorsale de mon sport hebdomadaire. Je déteste m’obliger à, il faut parfois se forcer un peu mais je suis relativement satisfait de mon organisation cette année : plus de temps pour la famille, du trail très souvent, des soirées avec les amis et ma dose obligatoire d’escalade toute les semaines.
A partir de décembre/janvier, j’ai augmenté la dose de sorties trail et notamment de sorties longues. Pour agrémenter tout ça j’ai rajouté bon nombre de course de 10km assez courantes dans la région. Ca change et ça permet de bosser la vitesse ! Je me suis aussi organisé un 50 bornes en solo autour de chez moi histoire de se tester, de voir si la motivation dépasse le simple fantasme. Pas de soucis là-dessus, j’ai pu tester aussi la frontale en forêt, des barres de céréales et autre pom’pote !
Février, je m’inscris
Vendredi 7 juin je pose mes valises à Couvet, monte la tente et me dirige avec la petite famille au centre sportif pour rechercher mon dossard. Le stress de cette dernière semaine s’est mû en une excitation incroyable. Du coup, à l’instar de beaucoup de coureurs j’ai pas vraiment bien dormi !!! Si je tenais le neurone qui foutait le boxon dans ma tête ce soir-là, je le pendrai haut et court.
Ca y est ce moment redouté et fantasmé depuis six bons mois est en face de moi. Il est 5h et le directeur de course nous donne les dernières consignes et nous souhaite bonne chance. Départ avec ceux du 82k, on fait un tour de stade et on se dirige vers le camping où je réside !!!
Direction « Noiraigue », le premier ravitaillement après une douzaine de kms. Pas de soucis, ça passe crêpe, comme dirait mon fils, quelques singles et pas mal de chemins stabilisés.
Il est temps de taper dans le dru et de découvrir un des premiers points de vue exceptionnel emblématique de la course, on monte aux « petites fauconnières » et on se retrouve en haut de magnifiques canyons. Un peu moins de trois heures de courses, 20 kilomètres avalés et un peu plus de 1300 de d+. Si seulement je pouvais avoir ce rythme tout au long de la course, breffff !
Et on redescend pour remonter sur l’autre point de vue exceptionnel du Swiss Canyon Trail, « le Chasseron ». Pour l’instant tout va bien, les sensations sont bonnes, je cours plutôt bien même si ça devient vraiment technique, de multiples pierriers et des descentes raides accompagnent notre traversée de la région. Quelle joie de pouvoir manger du bœuf séché, du fromage et du chocolat suisse au ravitaillement, ils savent faire !!! Bonheur de voir ma femme et mon fils aussi à cet endroit, j’en ai les larmes aux yeux, leur soutien m’est indispensable et ça me relance pour l’aventure.
Mais nous nous séparons des 82k pour faire une boucle rien que pour nous et qui va se révéler bien coriace. Ça commence par une descente interminable, certes elle est roulante mais on s’ennuie un peu….tu m’étonnes on vient de reperdre 1000m de d+…
Là au ravito de « Vuiteboeuf », je fais la grossière erreur de ne pas refaire les stocks en flotte, sur le papier y a juste dix bornes mais dans les faits tu commences par une magnifique montée de 900m dans les cascades, un passage assez sublime et tu bascules sur les arrêtes de Beaulmes. Il ne faut pas avoir le vertige ou faire ça de nuit, c’est un passage très technique où il est difficile de courir (à mon petit niveau). Je crois que j’y passe pas loin de trois heures et je commence à cruellement manque d’eau, heureusement un mec me passe un demi litre d’isotonique sur la fin. Quand tu crois que c’est fini, que tu te dis que le ravito devrait être tout proche, nous arrivons sur un site d’escalade où l’on doit descendre dans une pente raide caillouteuse à l’aide d’une corde. Les cuisses vont moyennement apprécié. Quand arrive le ravito, on comprend que l’on est tous dans le même état, on vient de vivre un des moments les plus durs de l’ultra. Il serait présomptueux de dire que le plus dur est derrière nous mais nous sommes contents d’avoir passé ça. Et oui 3400m de d+ d’avalé !
On retrouve du roulant jusqu’au prochain ravito et nous continuons avec un petit groupe de joyeux lurons alternant course et marche jusqu’aux gorges de Noirveaux (première base de vie). La famille est là, je change de tee shirt et de chaussettes, je me déleste des affaires inutiles, me fait poser un taping placebo qui fait du bien avec l’arrivée de ces petites douleurs aux genoux !!!
On peut courir assez souvent, on a quitté la montagne pour retrouver des chemins forestiers et même parfois un peu de bitume. Sacrilège chez un traileur : mais je suis presque content de courir dessus, tu peux enfin débrancher le cerveau !!
Les ravitos se succèdent, il est plus que temps d’avaler une bonne assiette de pate à la tomate, c’était devenu un fantasme obsédant !
L’arrivée à 23h30 au ravito du 95eme k. au « Chapeau de Napoléon » est juste incroyable. Des potes m’ont fait la surprise de m’attendre à cet endroit, je saurai plus tard que nous nous sommes ratés de peu aux ravitos précédents. Je suis ému mais les larmes ne coulent pas, mes canaux lacrymaux sont bouchés par le sel et la poussière. Qu’est ce que ça fait du bien de voir tout le monde, il est dur de quitter ce petit cocon de tendresse.
Alors que j’avais l’impression de bien rouler jusque-là, je me suis transformé en escargot à partir de cette distance. YESSSS je suis centbornard mais je commence à être vraiment dans le dur.
Encore une fois sur le papier ça n’a pas l’air menaçant par rapport à ce que l’on a déjà fait mais on reprend encore deux-trois coup de cul de 300-400 m de d+ et dans des chemins super compliqués. Au menu : des descentes dans des pierriers avec ces fichus rolling stones, des montées dans le raide, des fausses joies que les kms ressentis et les kms réels parcourus ;-)
On en chie tous, je reste sur la fin avec un mec adorable qui faisait tout comme moi son premier ultra mais qui passait du Marathon à 115k…Un fou.
5 heures pour faire 18 kilomètres, ça parait dingue !
On réussira même à se tromper sur l’arrivée à Couvet et faire 500m de plus. La lucidité est mise à mal. Quel bonheur de voir l’arrivée et de parcourir les derniers mètres avec mon fils fraichement réveillé. Un petit tour de stade et je bascule dans le monde de l’ultra. C’est confus, partagé entre l’émotion, la fatigue, le soulagement et un petit blues… Tout s’achève alors que ça hantait mes pensées depuis tellement de mois.
Dans un gymnase endormi, je récupère mon tee shirt de finisher, je prends une douche et je remballe les gaules pour aller finir ma nuit dans la tente….
Nous avons profité d’une fenêtre météo exceptionnelle, il a plu la veille et il va pleuvoir ce dimanche. Il est temps de remballer, de remercier les propriétaires de la ferme et de repartir dans nos contrées.
Je suis fracassé par le sommeil et j’ai les jambes douloureuses mais bordel quelle aventure. Je repasse en boucle ces point de vues incroyables, la gentillesse des bénévole, le chocolat suisse, la viande de grison, les discussions avec mes compagnons d’infortune et la bienveillance des suisses en général. Reste marqué dans le marbre de mes synapses les nombreux messages reçus, la présence de potes et la confiance indéfectible de ma femme et mon fils (même si ce fut dur de le réveiller pour mon arrivée, promis la prochaine fois j’arrive plus tôt ou plus tard).
Le Swiss Canyon trail étant partenaire de la Diag’ : mon titre de finisher me donne directement accès à cette course sans passer par les tirages au sort, le prochain gros défi est d’ores et déjà tout choisi. Et la première édition de l’ultra trail de Nancy, tant qu’à courir à la maison.
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6 commentaires
Commentaire de Bert75 posté le 05-07-2019 à 15:42:12
Merci Barney pour ton récit qui me fait découvrir ce trail que je ne connaissais pas. C'est bien tentant pour 2020, même si le nancéen d'origine que je suis regarde avec intérêt les 1res infos pour l'ultra de Nancy.
Commentaire de tikrimi posté le 05-07-2019 à 17:05:37
Merci beaucoup pour ton récit... c'est presque à la maison, et ça me donne bien envie.
Commentaire de barney posté le 09-07-2019 à 13:36:21
En effet moi aussi je regarde pour l'ultra nancéein :-) Aprés c'est pas du tout le même genre de course, le swiss canyon trail c'est vraiment l'ultra de montagne alors que celui de Nancy, ça va être des dizaines et des dizaines et des dizaines de montées et de descentes...On s'y verra surement!
En tous les cas je vous encourage à visiter le jura suisse, c'est trop chouette
Commentaire de PhilippeG-641 posté le 17-12-2019 à 14:20:15
Sympa ton récit Barney, ça donne vraiment envie d'aller y faire un tour et ça tombe bien, c'est prévu pour 2020 :)
Et alors cet ultra de Nancy ?
Commentaire de barney posté le 18-12-2019 à 11:20:56
Oh je vais voir pour peut-être faire le 40 mais j'ai d'autres gros projets à venir comme l'xtrail du Ventoux en Mars, la CCC si je suis pris et surtout la montagnhard en juillet.
J'espére que tu auras les mêmes conditions météos que moi pour le SCT, hâte d'avoir vos retours sur cette aventure ;-)
Commentaire de PhilippeG-641 posté le 18-12-2019 à 14:31:27
Merci Barney, ok, on fera un retour avec plaisir !
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