Récit de la course : Grand Raid du Golfe du Morbihan - 177 km 2017, par valdes

L'auteur : valdes

La course : Grand Raid du Golfe du Morbihan - 177 km

Date : 30/6/2017

Lieu : Vannes (Morbihan)

Affichage : 4139 vues

Distance : 177km

Objectif : Terminer

11 commentaires

Partager :

88 autres récits :

Ultra Marin 2017 : il y en aura d'autres ...

Une fois n'est pas coutume, je me fends d'un petit compte rendu. Enfin petit, façon de parler, comme vous allez rapidement vous en apercevoir. Amateurs de courts récits et de belles illustrations : passez votre chemin.

Après mon arrêt à Sarzeau, j'ai reçu beaucoup de messages de soutien et de réconfort d'amis qui ne comprennaient pas que je puisse être aussi heureuse, après avoir abandonné sur une course. Et bien si, chers amis, je suis heureuse. Malgré mon abandon. Pour une fois – et c'est rare chez moi – je vois le verre à moitié plein (j'ai parcouru pour la première fois 122,6 km en 21H03') et non le verre à moitié vide. Et puis surtout, cette course m'a procuré énormément de joie, de plaisir et de bien-être. Le but essentiel de tout coureur amateur de niveau moyen.

Je suis rentrée mercredi soir du Morbihan. Le jour suivant, j'ai détaché mon bracelet jaune de mon poignet ; il va rejoindre, dans la boîte aux souvenirs, le bracelet rouge de 2013 et les deux bleus de 2014 et 2016. J'espère bien y adjoindre un autre jaune en 2018. Il me reste à finir les quelques gâteaux qui s'effritent solitairement dans la jolie boîte en métal de la Trinitaine  - cela ne saurait tarder - à finir ce compte rendu et je pourrais passer à autre chose. En attendant 2018 ...

Je me suis demandée comment réaliser le récit de cette course que j'ai arrêté après avoir parcouru - très exactement - 122,6 km et alors qu'il m'en restait encore 57,1 km à faire. Dans ma tête, c'est un peu le fouillis ; mais un fouillis sympathique et joyeux. Je vais vous déballer ce pêle-mêle, tel quel, sur le papier ; comme de grands traits de pinceaux ou une esquisse sur une toile. Peindre les impressions heureuses que m'ont laissé cette course. Cela semblera peut-être peu clair et très brouillon, à ceux qui n'y ont pas participé ; mais j'aurais vraiment du mal à faire mieux. Le reste, le classement, les temps, la compétition, n'a que très peu d'importance. Cette course est une aventure intérieure. Je l'ai toujours envisagé ainsi.

 

Il y a au départ la grosse journée de stress du vendredi avant 18H00'. Se rendre cent fois aux toilettes et s'inquiéter de ne rien pouvoir manger. Ne pas pouvoir se reposer, tellement on est une fébrile et tourmentée. Voir @Fa2 et @Spads, complètement zens et détendus, à quelques minutes du coup de pétard. Le sourire et la gentillesse de @Bert et de @Cathy qui m'encouragent et me réconfortent. La musique tonitruante qui accompagnent toutes les courses de l'Ultra Marin, depuis ma toute première en 2013 ; celle qui vous fait venir les larmes aux yeux et vous souvenir fugitivement de vos proches qui ont, depuis, disparu. Se dire qu'on va avoir du mal à rentrer dans la course et découvrir que « #savamieu », dés le franchissement de l'arche. La foule, incroyablement dense et compacte, tout le long du port de Vannes. Partir vraiment très très très tranquillement, pour ne pas dire totalement confort. Recevoir une petite averse sur la tête. Sortir un sac poubelle de son sac et l'y remettre même pas cinq minutes après. Solliciter l'aide d'autres coureurs, car l'on y arrive pas et la recevoir de suite. Dépasser le doyen de la course, âgé de 83 ans qui vient de prendre son 7eme départ. Dire un petit bonjour, en passant, à @Mico. Passer la piscine de Conleau et penser, en son for intérieur, qu'il vaut mieux courir, car il y a trop de clapot pour nager aujourd'hui. Sourire aux photographes embusqués avant la pinède. Rentrer sur les chemins du Vincin qui marque véritablement le début de la course et la fin des paquets de spectateurs qui encouragent les participants.

Arriver dans le petit bois, du côté d'Arradon : dans mes souvenirs, je ne le voyais pas aussi proche de Vannes. Admirer les superbes villas, nichées dans la douceur paisible d'une soirée d'été, dans le Golfe du Morbihan. Les jolies vaches rousses, dans un champ, le long de la route. La plus jeune a vraiment une bonne tête et je crois même qu'elle m'a adressé un sourire d'encouragement. Les murets en pierre disjointes, qui longent le bord de mer. Il est heureux que la marée soit basse, autrement, on aurait barbotté dans l'eau. Là encore, découvrir que ses propres souvenirs défaillent : dans ma tête, il n'y en avait autant, ou alors, je courais plus vite. Se faire dépasser par les flèches du 177 km en relais. Découvrir le premier ravitaillement à Kerbilouët. Wouah, le choix, nan mais le choix quoi … Apercevoir au détour suivant, la tête de la course, déjà arrivée à Port Blanc qui se ravitaille en musique. Le petit passage technique qui me rappelle Guerlédan ; mais en plus facile et plus court. Le ravito de Port Blanc, sa musique et ses danseurs. Mon gobelet est déjà tendu, « à votre bon cœur messieurs dames ! ». J'y reviendrais Lundi, pour prendre le bateau et me rendre à l'Ile-aux-Moines.

La nuit qui commence à s'installer bien avant Larmor Baden et la loupiote soigneusement rangée tout au fond du sac. « Ca va le faire, hein, ça va le faire … ». Ah ben nan, ça le fait pas. Le noir de la nuit est bel et bien là et cette petite sente en sous-bois qui n'en finit pas ... « Mademoiselle s'il vous plaît, puis-je profiter de vos lumières ». « Oui oui, pas de problème ! ». Toujours cette incroyable solidarité que je découvrirais tout au long du parcours. Enfin, le ravito et la tête souriante de @Cathy. « Ah ben dis donc, c'était chaud patate ! La prochaine fois, il faudra sortir la frontale au ravito de Port-Blanc ». Déjà, le présage d'une prochaine fois à venir … La soupe chaude. Le change. Les manches longues. La météo est idéale et clémente pour cette édition ; aux antipodes de la catastrophe pluvio-venteuse annoncée la veille et le matin encore. Je repars. La nuit. Noire, la nuit. Noire du premier quartier de la Lune et noire de la grosse couverture nuageuse. La Stoots. L'éclairage ultra light ultra efficace. Je n'ai jamais eu une frontale qui éclairait aussi bien. Les kikous avaient raison. Suivre un groupe de coureurs et se tromper de chemin avec eux. Zut, on a perdu les balises, il faut faire demi-tour. Redoubler ensuite des coureurs qu'on avait déjà doublé, genre « coucou c'est nous, on a fait un peu de rab ».

La nuit. Toujours la nuit. Noire et silencieuse. Plus silencieux aussi, sont les coureurs, avec leurs loupiotes comme des petites bougies qui vascillent sur les chemins du Golfe du Morbihan. Et les bandes refléchissantes de leurs sacs et de leurs vêtements qui me font fredonner l'air du fameux clip de Daft Punk : « Around the world, around the world » ... C'est amusant. Il y en a même un qui porte des mini-guêtres jaune fluorescent. A chacun de ses pas, je vois une mini-guêtres qui s'envole dans le noir, pendant que l'autre retombe. Cet aspect visuel me fait drôlement sourire. Ah, j'en entends un qui trébuche derrière moi, c'est vrai qu'il faut faire attention où l'on met nos pieds, la nuit est si noire. Le son des drisses qui claquent sur les mâts et qui nous annonce notre arrivée dans le petit port du Bono. « On est pas loin les gars, on est pas loin ». Ah ben, ça grimpe quand même un peu, il faut le mériter celui-ci. Le ravito du Bono et son lot de bénévoles toujours ultra-souriants, ultra-gentils : ultra-marins quoi. C'est incroyable cette course, cette organisation. Délicieuses, sont les coquillettes. Ca fait du bien et ça revigore. « Un petit potage aussi ? » « Oui, oui, je veux bien, le bonus du potager ». Je repars. Un coureur qui me rejoint et qui me demande s'il peut rester avec moi, car il ne se sent pas très bien : il a voulu dormir sur un banc et il s'est refroidi. Il s'appelle Philippe et il vient d'un petit village près de Rouen. Il loge, avec cinq autres coureurs de son club, dans le même endroit que moi. Il a plus l'habitude de faire des courses horaires, comme des 24H00' ou des six jours. Il marche vite Philippe, super vite même et sans bâton en plus. On cheminera ainsi, en prenant soin l'un de l'autre, jusqu'au prochain ravito. Toujours cette incroyable solidarité entre coureurs, prononcée à un point que je n'avais jamais vu.

La nuit est noire. Vraiment noire. On ne voit même pas la lune. Philippe marche tantôt derrière, tantôt devant. Ma loupiote éclaire bien. Vraiment très bien même. C'est rassurant une loupiote comme ça. On parle par moment ; à d'autres, on avance en silence. Concentrés sur nos pas. Ca fait du bien d'être à deux. Les coureurs sont de plus en plus espacés. Ou bien est-ce la nuit qui donne cette impression ? Les lumières de la ville au loin. Le bruit du trafic sur le pont de la voie rapide, au-dessus Auray. Même la nuit, voitures et camions semblent circuler en grand nombre. Le ravissant petit port de Saint-Goustan et sa fête foraine endormie. Le demi-tour qui amorce le passage dans les terres et les longues lignes droites des pistes cyclables qui nous mèneront jusqu'à Crach. Des bénévoles à Auray qui nous annonce une descente dangereuse. Un coureur derrière nous qui prodigue ses conseils à un autre : « relâche relâche dans la descente ». Le pote qui dérape et qui manque tomber dans le ruisseau. « Ah ben tu vois, t'as pas relâché ! ». Ca nous fait sourire.

La nuit est longue. La nuit est noire. Il est plus de 3H00' du matin et d'ordinaire, à cette heure-ci, je suis avec Morphée ; là, je chemine avec Philippe. Vivement que le jour arrive. La nuit est douce cependant. Même pas froide et presque sans vent. Et je ne vois toujours pas la Lune. Etrange cela : une Lune qui dort pendant la nuit ; alors que nous, nous veillons. Bientôt le ravito de Crach. Ca arrive ça arrive. Ah nan, pas encore. Ah si, bientôt. C'est bon là, c'est là. La tente, les bénévoles, les sourires, toujours ces tables très bien garnies. Dernière ligne droite avant Locmariaquer, l'embarcadère et déjà la mi-course. Je perds mon Philippe après le ravito. Je retrouve ponctuellement d'autres coureurs. Encore 15 km. C'est rien 15 km. Une petite CAP du lundi matin.

Il est 4H30' et le jour va bientôt se lever. Ah non, pas du tout. Il est 5H00' et le jour va bientôt se lever. Ah ben nan, toujours pas. Il fait quoi le jour aujourd'hui ? Il fait la grasse matinée ? Il est 5H30' et le jour va bientôt se lever. Ah ben nan, c'est toujours sombre. Peut-être un peu moins que tout à l'heure. Elle était noire, cette nuit. Vraiment noire. J'entends un coq. J'entends des oiseaux. J'entends plein de chants d'oiseaux. C'est un vrai concert qui débute à présent. C'est incroyable, cette brusque sortie du silence et de la nuit qui annonce le jour. Le jour arrive presque d'un coup, juste avant Locmariaquer ; un peu avant 6H00'. Il a pris son temps le jour. Moi aussi d'ailleurs. On est à même pas un kilomètre du port, mais à 7 km de l'embarquement. Les bénévoles qui veillent à ce que personne ne prenne le chemin le plus direct. Mais personne ne triche sur cette course. L'enjeu est ailleurs. L'enjeu est dans nos cœurs. On vous dit quoi, les bénévoles ? « Bonjour ? Ah oui, c'est samedi matin, alors bonjour ! ». Pendant toute la nuit, on ne savait que vous dire. Bonjour ou bonsoir ou bien bonne nuit. Elle était bien noire cette nuit quand même. Ma lampe s'éteint. Je l'avais complètement oublié, tellement elle est légère. La batterie a tenu 6H00' : pile-poil comme dans mes tests.

Un bénévole qui passe avec un carton dans les bras, rempli de cafés et de viennoiseries. « C'est pour moi ? ». « Ben nan, faut pas exagérer quand même » … Le port. Enfin. Le bateau. Les bateaux. Plein de zodiacs qui font l'aller retour. J'adore le bateau. J'adore la mer. Vite vite, je veux embarquer. Mais je ne vais quand même pas griller des places. Ayé, c'est à moi. « Trop la chance » , comme dirait les d'jeuns. Je me retrouve sur le banc arrière. Planquée derrière le pilote, bien à l'abri du vent et des grosses giclées d'embruns. Heureusement que les vents annoncés à 27 nœuds ne sont pas là ; car ils nous auraient bien secoué. La météo n'arrête pas de se planter en matière de prévisions. Déjà l'arrivée ! Nan, mais c'est pas vrai, c'est trop court ! « Est-ce que je peux refaire un tour s'il vous plait, vu que les compteurs sont arrêtés ? » Tout le monde rigole.

On repasse un portique, les compteurs repartent. Moins de 5 km et c'est la mi-course. La douche. Cathy. Cathy, dont je vois le visage souriant qui m'attend devant le gymnase. Cathy qui m'apporte un pain au chocolat !!! Wouah lala que c'est bon, nan mais que c'est bon. Je me jette dessus. Je mets des miettes partout. Je n'ai jamais mangé un aussi bon pain au chocolat de ma vie. Avoir une assistance, c'est vraiment top. Je file à la douche. Je me change. Je refais mes bandages de pieds afin de protéger mon hallux valgus. J'ai mal à mon deuxième petit orteil à gauche. Que faire ? Un bandage ne tiendra pas. Un digitude en silicone ? Oui, ça a l'air de bien protéger. J'enfile mes chaussures et fais tout de suite la grimace. Cathy : « ça ne va pas ? ». « Hum, nan pas trop, j'aurais du prendre les autres, celles-ci me semblent trop serrées ». Je demande à Cathy de m'apporter mes Terra Kiger au prochain ravito, à Sarzeau et je repars. Je suis dans les temps. Je suis bien. Trois kilomètres après, je commence à souffrir de mon hallux valgus. La douleur me lance ponctuellement, au début, puis ne me quitte plus. C'est insupportable. J'essaye de l'occulter, mais c'est impossible. Je desserre mes lacets au maximum, mais mon pied droit est trop comprimé. Il a mal et me le fait savoir. C'est dommage. Le paysage est magnifique. Il fait beau. Un temps idéal pour courir. Ni trop froid, ni trop chaud.

J'adore cette partie du GR entre Arzon et Sarzeau, mais j'ai mal au pied et ça me gâche tout mon plaisir. Je veux téléphoner à Cathy et je réalise alors que j'ai commis une erreur monumentale : j'ai changé de sac à Arzon et j'ai oublié mon téléphone portable dans mon premier sac de course ! Si je suis contrôlée, je suis bonne pour la pénalité. C'est entièrement de ma faute. Une erreur énorme. Je n'ai plus qu'à espérer que ma bonne fée Cathy s'en aperçoive au plus vite et se positionne sur une partie du parcours entre Port-Nèze et Sarzeau, afin que je puisse échanger avec elle, sans transgresser le règlement. Des coureurs me proposent leurs portables. Toujours cette incroyable solidarité. Mais le numéro de mon amie est dans la mémoire de mon téléphone et non dans la mienne. Enfer miraculeux de la technologie moderne ...

Les bénévoles du ravito de Port-Néze. Aux petits soins pour les coureurs. Comme tous les bénévoles sur cette course. Ils nous appellent pas nos prénoms et font de drôles de jeux de mots avec. Quelle ambiance, nan mais quelle ambiance ... Je mange des chips. Je me bourre de chips. C'est délicieux et salé. Je suis bien, mais j'ai mal aux pieds. Vraiment mal. Je compense en sollicitant de plus en plus mes talons ; mais du coup, j'ai mal aux talons maintenant. J'ai du choper des ampoules. Je m'arrête à la pointe de Bernon. Je vois des coureurs couchés sur les coques des bâteaux retournés. Je fais pareil et je mets les pieds en l'air. Ca ne me soulage pas tellement. De surcroît, l'endroit est exposé au vent et je me refroidie. Je repars. Petit à petit, la décision se forme dans ma tête, de stopper ma course à Sarzeau. Je connais mes pieds. Mon hallux valgus droit est complètement enflammé et je ne peux rien faire contre cela. Mes pieds ont vraisemblablement pris deux tailles depuis le début de la course et ça, je le savais pas. C'est bête, c'est complètement stupide, mais je ne l'avais jamais lu. Je ne l'avais pas non plus anticipé, car je n'avais pas l'expérience des courses au-delà 87 km.

C'est à faire que l'on apprend dit-on. La leçon est rude. Je m'étais néanmoins promis de ne pas courir dans la souffrance, parce que quand je souffre, je suis désagréable. Vraiment très très désagréable. Un genre de Gremlins avec une mèche blonde. Et je n'avais pas du tout envie d'être désagréable avec les coureurs autour de moi, qui souffraient sans doute tout autant que moi ; je n'avais pas envie d'être désagréable avec ces bénévoles incroyablement serviables sur cette organisation ; je n'avais pas envie de m'isoler dans la douleur, au point de ne plus profiter de ces paysages fabuleux, par une si belle journée. J'ai pensé aux armées Napoléonniennes. A ces soldats si pauvres qui n'avaient pas de bonnes de chaussures et qui cheminaient pendant des kilomètres, dans le froid, les pieds en sang, le ventre vide, la plupart du temps. A l'échelle terrestre, seulement quelques siècles nous séparent ; mais nous vivons dans des mondes radicalement différents. Sans connaître l'opulence, mes pieds sont habitués à plus de confort. Moi aussi d'ailleurs. Ca y est, la décision est prise, je m'arrêterais définitivement à Sarzeau.

Au détour d'un chemin, je vois enfin Cathy qui s'est effectivement rendue compte que j'avais oublié mon téléphone dans mon sac. Je lui fais part de ma décision et elle me demande de bien y réfléchir. Nous prenons rendez-vous à Sarzeau, mais je sais déjà que je ne changerais pas d'avis. Les quelques kilomètres qui me séparent de ce ravitaillement se feront très très très lentement, avec de fréquents arrêts pour tenter de calmer les élancements de mon pied. J'ai tellement compensé avec ma jambe gauche que j'ai à présent une énorme contracture qui part du bas du mollet et remonte dans tout l'arrière de ma cuisse. Je rattrape @DoroT sur un joli passage avec des planches de bois. Nous finirons la course ensemble, jusqu'à la salle du Pâtis où je rendrais mon dossard après m'être fait pointer et soigner les pieds.

Est-ce que je le regrette ? A dire vrai, pas vraiment. Bien sûr, je m'étais préparée dans le but de finir cette course, mais j'avais néanmoins en tête que plus de 40% des participants, des éditions précédentes, ne la terminaient pas. Je pouvais en être. C'était une éventualité que je n'ai jamais occulté. Ces coureurs non finisheurs n'étaient vraisemblablement pas tous des rigolos qui prenaient le départ d'un 177 km, comme d'autres prennent le départ d'un triathlon XS sans même savoir nager le crawl en mer. Il existait donc des raisons x ou y qui les faisaient abandonner et que l'entraînement ne pouvait pas anticiper. Pour moi, ce fûrent mes pieds. Mon choix de chaussures. Si je devais refaire la course, je changerais de chaussures pour des chaussures plus grandes et plus larges ; mais voilà, la course est finie depuis dimanche midi : aussi, ne la referrais-je pas cette année, mais l'an prochain … Ah lala, l'an prochain, bien sûr que oui ! Bien sûr que j'en serais. Des Ultra-Marins : il y en aura d'autres ...



En conclusion, j'ai adoré cette course. Je ne m'en prends à personne d'autre que moi sur mon choix de chaussures. Peut-être que je n'avais pas assez d'expérience. Peut-être qu'entre 87 km et 177 km, il y a 140 ou 150 kilomètres qui sont là pour vous apprendre que vos pieds s'allongent et s'élargissent après cent bornes. C'est ainsi. C'est ce que l'on appelle la progressivité. La progressivité ne sert pas seulement à adapter nos muscles aux efforts de longue durée ; elle nous sert aussi à apprendre. J'ai pris là une belle leçon. Une belle leçon, pour une si belle course, cela me semble normal et juste. Je vais faire un 24H00' cet hiver, à Ploeren, pour peaufiner ces histoires de choix de chaussures et de « métamorphose » des pieds après 100 km et tenter d'imprimer une marque entre 140 et 150 km.

Pour l'heure, je vais très bien. Je suis heureuse. J'ai fait 122,6 km en 21H05' et ça me semble correct, pour mon niveau à moi. Je ne me suis pas blessée. Le surlendemain de la course, avec mon amie Cathy, nous avons fait le tour de l'Ile-aux-Moînes, 17 km en prenant tout notre temps et en nous rassasiant des jolis paysages. Nous avons cru apercevoir, au loin, le clocher de l'église d'Arzon ou bien était-ce celui de Sarzeau ? Dur dur de se repérer, dans cet environnement maritime, avec ces côtes aussi découpées que des festons de dentelle. Des entrelacs de bel ouvrage. Le mercredi suivant, ce fût une ballade sur la presqu'île de Quiberon. C'est beau. Si beau. Je reviendrais. Promis, je reviendrais. L'an prochain. Et je finirais. Du moins, je l'espère. Je vais bien. Je suis bien. Il fait beau. C'est l'été. Je suis en forme et je compte bien en profiter pour courir, rouler, nager, marcher. Etre en vie. Vivre et être heureuse de vivre après avoir vécu une aussi belle expérience. C'est la raison pour laquelle, je ne suis nullement attristée ; aussi ne vous attristez donc point vous aussi ...

11 commentaires

Commentaire de philou85 posté le 07-07-2017 à 09:33:43

C'est que la première nuit était hyper noire, vraimen de l'encre ; tu as été sage de ne pas gâcher tout le plaisir que tu avais pris jusqu'à mi-course par des douleurs qui se seraient irrémédiablement aggravées par la suite , bravo à toi car quand même 122 km

Commentaire de philtraverses posté le 07-07-2017 à 10:05:05

Je me trouve beaucoup de points communs avec toi dans tes affres précédant la course, ta perception de ce qui t'entoure et de tes sensations durant la course. Pas d'illustrations mais ta description permet de s'imaginer ce que tu as vu. Ce qui est aussi bien, voire mieux. et 122 kms en 21 h c'est une superbe perf qui n'est pas donnée à tout le monde, surtout sans se blesser.

Commentaire de Spads posté le 07-07-2017 à 11:09:05

Bravo, et je me retrouve énormément dans ton récit ! ;)
A bientôt, bises !

Commentaire de valdes posté le 07-07-2017 à 20:28:03

Je compte sur toi pour 2018 et si tu veux qu'on se fasse des off de prépa ensemble ... Pour septembre, je suis définitivement marathon (Tours), alors bon trail dans la forêt de la fée et de son enchanteur ...

Commentaire de Caracole posté le 07-07-2017 à 15:55:47

Tu m'épates, Valdès! 122 km c'est pas rien! Mais pourquoi ne te fais-tu pas opérer de ce fichu pied dont tu parles régulièrement et qui te gâche ton plaisir?

Commentaire de valdes posté le 07-07-2017 à 20:26:06

Selon le podologue, il n'est pas encore en état d'être opéré : soit pas assez prononcé. Le droit est plus prononcé que le gauche à cause d'une chute d'un balcon, il y a 20 ans et d'une fracture du cuboïde non diagnostiqué. L'os s'est ressoudé de lui-même, mais le pied droit est plus déformé. Je chausse du 38/38,5. Mes chaussures de CAP vont généralement, selon les marques, de 39 à 40 1/3. Je pense qu'après 100 bornes, il m'aurait fallu du 40/41. Ce que je ne savais pas ... Bien strappé mon hallux ne me gène pas trop (ça dépend néanmoins des chaussures). C'est l'étroitesse de la chaussure, après plus de 100 bornes, qui l'a réveillé. Quant au talon, un podo sur l'ultra marin, m'a montré (trop tard) comment le strapper. Strap = protection super efficace contre les ampoules. Enfin là, ça ne m'aurait pas protéger de la chaussure trop étroite. Il faut les deux. Au moins une chose que je saurais pour l'avenir.

Commentaire de Japhy posté le 08-07-2017 à 07:55:41

C'est déjà un énorme morceau, tu arriveras bien à manger la dernière part du gâteau un jour.
Pour le lever du soleil, tu étais très optimiste, le Morbihan c'est quand même très très à l'ouest, et nous à l'extrême est de la France, il ne se lève pas non plus à 4h30!
(et sinon si, on peut très bien faire un XS sans savoir crawler, c'est super court un XS ;).

Commentaire de float4x4 posté le 08-07-2017 à 14:06:36

Qui fait 122 peut faire un 178 :D - C'est quand même con pour une histoire d'ampoules... mais en même temps on met généralement le clignotant pour des bêtises, et on apprend de ses erreurs. Sinon récit sympa à lire :) ça change des déroulés plus classique.

Commentaire de Fa² posté le 08-07-2017 à 14:50:59

Ton récit est vraiment très semblable au mien de 2013 (j'ai terminé en 2014, en trouvant mon rythme grâce à un Philippe), tu as galéré, tu as découvert des choses sur toi, tu as adoré et tu sais déjà que tu vas revenir.
Si tu avais réussi du premier coup, tu aurais eu beaucoup de chance et tu n'aurais pas appris grand chose sur les ultras ou sur toi.
Là, tu viens de gagner plusieurs années de tests en une seule course. Gestion des ravitos, du matériel, de ta tenue, de tes pieds, de ton allure de course, bien se préparer pour le sac de mi-course,...
L'an prochain sera une excellente année !!!!
Et tu peux dés à présent te lancer sur du un peu moins long mais long quand même.

Je suis content d'avoir pu te rencontrer et d'avoir échangé avec toi, ta bonne humeur fait un bien fou au moral.
Je n'ai pas pu rester le dimanche pour la piscine ;-), mais qui sait, peut être un jour.....

Commentaire de benoitb posté le 10-07-2017 à 10:30:01

Merci pour ce très beau récit. Nous aurons peut être l'occasion d'en reparler cet hiver en tournant sur le circuit de Ploerer en ;-)

Commentaire de benoitb posté le 10-07-2017 à 10:40:10

Euh... Ploeren. Mais tu avais compris.

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Votre annonce ici !

Accueil - Haut de page - Aide - Contact - Mentions légales - Version mobile - 0.08 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !