L'auteur : philou85
La course : Grand Raid du Golfe du Morbihan - 177 km
Date : 30/6/2017
Lieu : Vannes (Morbihan)
Affichage : 4012 vues
Distance : 177km
Matos : Runnings Hooka oene one Huaka
Bâtons Guidetti à partir de la seconde moitié de course
Objectif : Terminer
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Je connaissais déjà le Golfe après avoir couru deux fois le 87 km , et l’idée de faire le grand tour me
trottait dans la tête depuis deux ans ; cet automne la décision ( après l’autorisation de mon épouse )
était prise ; cerise sur le gâteau , un copain , plus rapide que moi , Benoit , s’inscrivait sur la même
distance et un autre ami Pierrick , ultratraileur expérimenté allait nous assister.
Après une prépa correcte , sans blessure , accompagné régulièrement sur les sorties longues de mes
deux compères ( mais aussi à plusieurs reprises de David et Manu ) du club d’athlé de Chantonnay,
nous sommes donc partis à 3 le matin de la course , direction Vannes .
Après avoir rapidement retiré nos dossards , nous sommes passés voir le stand de Bert dont j’ai fais
la connaissance et qui a gentiment accepté de dédicacer son livre à notre ange-gardien Pierrick.
Petit stress en début d’après-midi avec des pluies drues mais passagères , qui heureusement vont se
calmer au fil des heures .
Mon épouse et celle de Pierrick nous ont rejoint juste avant le départ , et la musique de Kavinski
retentissant, l’émotion est montée d’un cran ; derniers encouragements entre Benoit et moi et c’est
parti, Benoit plus rapide , s’éloignant doucement , j’ai quant à moi décidé de partir dès le
début en mode Cyranno 18/2.
C’est un peu frustrant , notamment lorsque l’on sent que les jambes sont bien là , mais je ne sais pas
comment peut réagir l’organisme sur une telle distance , donc prudence ; autour ça déboule à un
bon rythme.
Arrivée à Kerbilouët , km 18 , puis départ en 2H03’ ( 721ème place), le ravito est bondé et je ne m’y
attarde pas .
Chaussé de runnings , je reste prudent , de peur de heurter les racines ou les petites roches qui
affleurent ; pour une fois , je ne ferai pas de vol-plané, contrairement à d’autres autour de moi .
Arrivée à Port Blanc, km29 , puis départ en 3H38’ (461 ème place) avec le plaisir de voir Pierre et sa
famille venus nous encourager.
Parmi les supporters , le long du chemin , sur un poteau de barrière , nous attend un petit chaton
noir miaulant à chaque caresse reçue des coureurs ; il est là depuis un certain temps puisque Benoit
aussi l’a remarqué .
La vitesse restant très raisonnable nous avons la chance de profiter du paysage avec de belles criques
bordées de superbes maisons .
Arrivée à Larmor-Baden , km 36 , départ en 4H42’ (598ème place) avec la tombée de la nuit et je
manque de repartir sans voir mon assistance perso (ma moitié , Pierrick et son épouse )qui ne
m’avaient pas vu arriver ; j’écoute les conseils , je mange , change de teeshirt , de chaussettes et me
Noke les pieds.
Bien remonté moralement et physiquement, je repars , pépère , pour ma première nuit.
Je n’ai que peu de souvenir de cette période jusqu’au lever du jour , bienvenu ,au-delà de Crach .
Arrivée au Bono , km 52 , départ en 7H58’ (734ème place) , où j’ai mangé purée , jambon blanc et du
bon riz au lait .
A Auray , lors d’une belle montée, avec 3 autres coureurs distraits , on arrive enfin au bout de celle-
ci , à un croisement sans rubalise , visiblement on a loupé quelque chose … Heureusement , au
même moment passe une patrouille de gendarmerie , on leur explique le problème et , sympas , ils
redescendent la rue avec leur voiture puis remontent pour nous dire qu’effectivement , 300m plus
bas nous avions loupé un petit panneau fluorescent , bien visible , au début d’une rue sur la gauche.
Soulagés , nous les remercions , et rebroussons donc chemin , un peu en pétard contre nous-même.
Ensuite, comme d’habitude , j’ai un peu de mal à rester éveillé entre 3H et 5H du matin .
Arrivée à Crach , km 67 ,départ en 10H41’ (720 ème place) , je n’en n’ai aucun souvenir .
Avant d’atteindre , avec impatience , le Port de Locmariaquer , nous longeons la côte avec de
nouveau de superbes paysages .
Arrivée à Locmariaquer , km 82 , départ en 13H19’ ( 700 ème place),arrêt des chronos , je prends le
temps d’enfiler une troisième couche avant la chasuble et le gilet de sauvetage que l’on me met sur
le dos rapidement et efficacement , aucune attente , je descends direct sur un zodiac où des coureurs
attendent déjà . Visiblement , ils tournent à 6 embarcations.
Départ en douceur , puis le capitaine met les gaz , la mer est calme , on croise un autre zodiac qui
s’amuse à se rapprocher pour créer des vaguelettes , et l’on embarque un peu d’eau , en riant un peu
jaune car un des coureurs avait posé son sac au sol , baignant maintenant dans l’eau salée.
La traversée est bien agréable et rapide , la remontée sur le ponton un peu moins , et les robocops
se remettent lentement en route , le chrono redémarre .
On croise un groupe de jeunes , vers 7H30 , pas encore couchés et bien réchauffés puisqu’il y en a un
en simple maillot de bain (alors que j’ai 3 couches ) qui me propose gentiment sa canette de bière .
Il me faut près d’une heure pour gagner le stade , un peu fatigué.
Arrivée au stade d’Arzon , km 89 , départ en 14H12’ ( 684 ème place) . Pierrick m’y attends ,
m’encourage , malgré ma flemme, à aller me doucher , comme Benoit l’a fait près d’une heure
trente avant , et l’eau est super bonne ; cela fait un bien fou . Je me change totalement ,
me renoke et Pierrick me ramène un plateau repas , je dors ensuite 20 minutes.
Je sais qu’ensuite cela va être long et un peu galère , à la chaleur (relative) et au vent , jusqu’à
Sarzeau .
Le paysage reste vraiment typique du golfe , très découpé , on a une belle vue sur l’Ile aux moines .
On continue à enchainer les montées et des descentes de petits escaliers aux marches bien étroites
pour mes grandes palmes ; j’en ai assez de retirer du sable de mes chaussures , donc maintenant je
me contente de marcher sur les plages .
Arrivée à Port Nèze , Km 100 , tout un symbole , départ en 17H16’ ( 646 ème place) , je ne m’y
attarde pas et la suite va me paraître très longue , d’autant plus que ma Garmin me laisse une
nouvelle fois tomber ; je n’ai pas bien calculé pour cette portion ma quantité de barres
énergétiques ,et je n’ai plus de nougat à la fraise de chez Gelencser (ben oui , il faut bien se faire
plaisir ;) ).
C’est donc en hypo que j’arrive à Sarzeau , en marchant de moins en moins droit
(heureusement que j’ai mes bâtons), inquiétant d’autres concurrents , et j’ai le plaisir de tomber sur
un Fabrice très cool , en train de prendre un café sur une terrasse , avant de démarrer son 56 km .
Arrivée donc à Sarzeau , km 122 , départ en 22H13’ ( 566 ème place) cette portion a dû casser pas
mal de coureur. Pierrick me force à manger , et je m’écroule pour une demi-heure de sommeil.
Je change de teeshirt , de chaussettes , et je me renoke les pieds, je me sens nettement mieux .
Christophe vient gentiment m’encourager pour repartir.
Il est 16H31 et la portion suivante va être spéciale car les 56km vont partir à 17H pour donc débouler
dans notre dos ; il va falloir être vigilant , ranger les bâtons et ne pas gêner sur les monotraces.
Du coup cela s’est plutôt bien passé , avec des encouragements mutuels sympas , je revois Fabrice ,
puis Gaëtan , puis Steve , je crois que j’en oublie d’autres , c’est vraiment agréable , et cela me
booste de nouveau , m’aidant à trottiner sur une bonne partie du chemin .
Peu avant le prochain ravito , je vois débouler en sens inverse Christophe , fidèle
supporter, et une partie de sa petite famille attends au ravito , encore merci à lui et à Véronique, cela
fait toujours du bien , tout comme d’ailleurs les bips bips de mon portable qui m’arrivent aux
oreilles régulièrement de nuit comme de jour , témoins des encouragements reçus par SMS , je sais
que mes grands enfants , que certains de mes amis suivent à distance mon parcours.
Arrivée donc au Hezo , km 138 , départ en 25H13’ (512 ème place) ; je m’y fais un sandwich ,
recharge les bidons , puis repars en marchant , je suis incapable maintenant de trottiner .
Le prochain ravito est à près de 20 km , le parcours pour y arriver n’est pas très intéressant avec pas
mal de route , je vais le faire en mode zombie .
Une image cependant m’a ému dans mon brouillard , celle d’une gentille petite dame d’un certain
âge , toute seule dans la nuit sur son fauteuil pliant , à un carrefour, présente pour nous guider ; on
ne remerciera jamais assez tous ces bénévoles , de tout âge, qui nous ont encouragés , surveillés ,
nourris , et nous ont simplement permis de faire cette course.
Arrivée à Sene , km 158 , départ en 30H30’ (493ème place) . J’y arrive laborieusement , crevé ,
frigorifié , mais heureusement je ne me suis même pas rendu compte du débalisage de certains
petits rigolos, « l’organisation » patrouille pour corriger les erreurs éventuelles.
Cécile , Pierrick et Nicole sont là pour m’accueillir , m’aider à me changer , m’allonger sur un lit de
camp et me border ; Pierrick doit cependant repartir pour assister à l’arrivée de Benoit à Vannes , un
grand bravo à lui ; son épouse et son grand fils lui ont fait la surprise d’être présents à son arrivée ;
de grandes émotions en perspective .
En me retournant dans mon sommeil , je me demande si je n’ai pas vu , sur un autre lit de camp ou à
côté, des oreilles de lapin , ce doit être un des lapins runners.
Après une demi-heure de sieste , mes supportrices me forcent à bien manger, puis à me couvrir
correctement , car la nuit est fraiche et avec la fatigue , ce peut être franchement désagréable.
Couvert de 4 couches , je sors du gymnase pour la fin de l’UTMB ;) .
C’est reparti pour ma dernière galère de 21 km , mais avec , au bout , le Saint Graal , Vannes .
Motivé , j’essaie de pousser sur mes bâtons, me retrouve seul in the night ; j’aime vraiment ça , pas
un bruit , hormis soudain un âne qui braie (j’ai vérifié sur le dictionnaire) sur la rive d’en face , cela
résonne fort sur l’eau .
On a le droit à un petit grain de 10 minutes , sur un passage en bordure de l’eau , bien exposé , qui a
au-moins le mérite de réveiller, après Port Anna .
C’est long , on a l’impression de ne jamais se rapprocher de Vannes , voire parfois de s’en éloigner .
Ma lampe clignote , je change ma batterie ; une demi-heure plus tard , noir total , jurons ;
heureusement que j’avais pris une frontale de secours , j’aurais eu l’air fin .
Maintenant, j’en profite pour écouter une playlist spécialement créée pour l’occasion avec Pink
Floyd , Coldplay et le dernier London Grammar … c’est un vrai moment de bonheur , je sais que ,sauf
accident , je vais arriver au bout de cette course, je n’ai plus de pieds , plus de genoux (je sais , ce
n’est pas très pratique pour courir), je voudrais que ce moment privilégié dure , quelle chance j’ai
d’être là , en pas trop mauvais état par rapport à d’autres .
Me rapprochant cahin caha du port de Vannes , j’ai une dernière surprise : longeant une haie ,
j’entends un barouf dans celle-ci , je pense à un oiseau effrayé , mais le bruit me suis et se rapproche,
et , soudain , devant ma frontale apparait une espèce de gros ragondin, pas très aimable , qui fait
quelques pas vers moi , fait un drôle de bruit , type grondement-gargouilli , puis repart dans les
arbustes en courant ; je me demande ce qu’on pu penser les coureurs qui suivaient à 200m voyant
un cinglé brandissant ses bâtons et faisant des bonds .
Bref , la fin approche , mais ça n’arrête pas de tournicoter , et on ne voit toujours pas ce fichu port.
Une personne passe en sens inverse , signale encore une demi-heure jusqu’à la ligne d’arrivée ; je
suis un peu déçu , pensant être plus prêt , mais pense que l’on a enfin une estimation fiable après les
« encore 1 km » qu’il faut souvent multiplier par deux ou trois .
Et en effet , ce fameux port apparait , je le remonte, ému , la gorge serrée , c’était donc faisable ,
même pour moi ; je pense à mes proches , à Cécile mon épouse qui a supporté mes absences
répétées , mon humeur perturbée en fin de prépa, mes amis qui m’ont régulièrement encouragés.
Je tente de trottiner les 20 derniers mètres , encouragé par de sympathiques jeunes supporters à
l’arrivée, passe la ligne, un sourire béat scotché au visage ; un gentil monsieur avec un micro tente
de me poser des questions, je dois avoir répondu des banalités , il me demande , les yeux explosés ,
si je peux éteindre la frontale, je me sens un peu niais , mais je suis si heureux, si heureux de l’avoir
fait .
Je m’assois enfin pour manger un peu sous un barnum, envoie des SMS pour signaler que je viens de
terminer , au bout de 179,7 km , 35H03’ de course , classé 461 ème.
Le pauvre Pierrick qui dormait enfin un peu dans sa voiture accourt , désolé d’avoir loupé mon
arrivée , je le rassure , cela n’a aucune importance , je le remercie , je lui dois beaucoup sur cette
course , ses conseils , sa présence , son aide ont été précieux pour Benoit et moi.
J’ai du mal à imaginer comment cela se serait passé sans cette assistance , c’est un plus ,
un confort indéniable .
Encore un grand merci aux bénévoles , ma famille , mes amis dont Fred , bien entendu .
Respect et bravo à tous les participants de ce weekend , quelque soit la distance parcourue,
finishers ou non .
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11 commentaires
Commentaire de valdes posté le 07-07-2017 à 07:21:35
Bravo à toi d'être allé jusqu'au bout et merci pour ton récit qui me fait penser que l'on était à Sarzeau en même temps et que je t'ai peut-être vu siester pendant que le podologue me réparait les pieds ... Une très bonne chose que je ne sais pas encore faire : les micro-siestes de 10-20'. Récupère bien et passe un bel été
Commentaire de float4x4 posté le 07-07-2017 à 07:47:37
Intéressant ton récit, ça me donne envie d'y retourner... peut être l'an prochain :)
Commentaire de philou85 posté le 07-07-2017 à 08:14:33
Merci Valdes , c'est vrai, les micro-siestes m'ont sauvé , vraiment désolé pour tes pieds, bel été à toi .
Commentaire de philou85 posté le 07-07-2017 à 08:15:49
Merci Float 4X4 , ce qui m'empechera d'y retourner , ce sera le temps de prépa , avant la course
Commentaire de float4x4 posté le 07-07-2017 à 10:30:45
oui c'est le problème des ultras, c'est chronophage niveau entrainement. L'avantage avec l'Ultra Marin c'est qu'on peut s'entrainer en plaine facilement, donc ça évite les déplacements en montagne :) (genre tu peux caler des entrainements sur des trajets domicile->taff et tout).
Commentaire de philou85 posté le 07-07-2017 à 13:18:55
Tu as bien raison , au-moins , venant de Vendée , je n'avais pas trop de dénivelé à rechercher
Commentaire de bac063 posté le 05-02-2018 à 17:56:00
J'ai attentivement lu et relu ce récit.... Formidable !
Une toute petite question. Non, en fait deux !
1)les bâtons ? est-ce vivement conseillé ? J'ai fait plusieurs fois les 100 km de Belves, sans bâtons, mais est-ce recommandé pour le 177 ?
2) mis à part ce qui est indiqué sur le site organisateur, y a t-il des plans entrainement pour le 177 ?
A vos impressions ....
Commentaire de philou85 posté le 06-03-2018 à 18:59:39
Désolé bac063 , j'ai complètement oublié de répondre à ton commentaire ; pour les bâtons , franchement , j'étais ravi de les avoir pour la seconde moitié du parcours , pour garder un petit peu de dynamisme ; quant au plan d'entrainement , j'avoue m'être contenté de celui du site organisateur.
Bonne prépa à toi , tu verras cette course est pleine de charme et le public bien sympa .
Commentaire de bac063 posté le 07-03-2018 à 15:18:00
Merci pour ta réponse...
Je suis bien inscrit pour le prochain 177 !!!
J'ai commencé à suivre le plan du site pour la préparation.
Prochainement, je vais faire les 100 km de Belves (le 21 avril) en Dordogne. J'espère que cela ne va pas "faire" trop rapproché de l'ultramarin.
As tu des conseils à prodiguer pour le sac de départ et celui de mi-course ? Outre le change...
Commentaire de philou85 posté le 07-03-2018 à 18:38:14
Ton 100km me semble pas trop rapproché , fais-le cool , j'avais fait un 80 km avec dénivelé faible , 2 mois avant l'Ultramarin ; Pour le sac , tu verras , cela dépendra beaucoup de la météo annoncée quelques jours avant , du fait que tu aies ou non un accompagnateur et de ton anxiété...En tout cas garde du chaud pour attaquerla seconde nuit , car, avec la fatique , les sensations sont tout de même bien différentes ; des runnings semblent largement suffisantes (sauf si temps très pluvieux et terrain très détrempé) et tes pieds , sur la route , te remercieront , car ils vont bien sûr souffrir un peu .
Commentaire de bac063 posté le 07-03-2018 à 19:22:12
Merci pour ta prompte réponse.
Re tentes tu cette petite promenade ? Maintenant que tu es rodé !!!
Je le fais à deux mais "normalement" je n'ai pas d'assistance, du moins à ce jour.
pour l'instant, j'alterne footing à faible dénivelé tous les deux jours et marche de 30 km le we. Dès que l'hiver se sauve, j'ajoute le vélo de route.
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