L'auteur : Shoto
La course : Marathon du Mont-Blanc
Date : 25/6/2017
Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)
Affichage : 3658 vues
Distance : 42.195km
Matos : Bâtons BLACK DIAMOND
Chaussures SALOMON SPEED CROSS 4
Objectif : Terminer
Partager : Tweet
167 autres récits :
42 km - Marathon du Mont Blanc 25 juin 2017
Et voilà …. je suis finisher du Marathon du Mont Blanc 2017.
Cette belle course mythique de référence dont le départ est situé dans le chaudron et la Mecque du trail … Chamonix !
Etant donné mon début de saison de trail marqué par le retour d’une vieille blessure chronique bien handicapante, je suis bien heureux de finir cette magnifique course … surtout en bon état.
Flash back rapide : en février 2017, de retour d’une semaine de ski, je ressens une douleur au genou droit. J’avais souffert dans le passé d’un syndrome rotulien mais loin de penser qu’il pouvait y avoir une résurgence, je néglige le signal de la douleur et « évidemment » comme de nombreux traileurs têtus (ils se reconnaitront !) , je ne lâche rien et continue ma préparation à l’Ecotrail de Paris 45 km.
On est dur au mal, hein les gars ! (…. Pffff…foutaise ;-)
Je vais finalement voir un doc du sport qui me fait passer un IRM, verdict : chondropathie rotulienne avec inflammation. Pour faire court ; le cartilage du genou se détériore ... cela fait 40 ans que je pratique différents sports plus ou moins traumatisants pour mes gentilles articulations ! … et mon corps tire le signal d’alerte … logique.
Je rate la MARATHON RACE D’ANNECY en mai. Les boules !
Une chance, mon médecin du sport est aussi mon coach de trail ! çà aide !
Repos puis montée en puissance pour le Mdm 2017 que je croyais donc rater aussi.
Et je me retrouve finalement un dimanche matin (le 25 juin 2017) sur la ligne de départ heureux comme un gamin à qui on a rendu son jouet ! Avec une banane d’enfer … mais un volume d’entrainement plus limité que d’habitude (2 sorties CAP par semaine (1 long et 1 fractionné) + 1 VTT). D’habitude, j’arrive serein sur mes départs de trail … à vrai dire, là je suis un peu inquiet pour mon genou et à cause de mon manque d’entrainement …
Je suis descendu tout seul vraiment tout seul à Chamonix … sans famille et sans amis coureurs. Ce qui m’oblige à être plus prudent sur la course pour éviter entorse et grosse casse… Il faut bien pouvoir rentrer à Paris après !
Réveil 5h.
Je dors à l’hôtel « Fleurs des neiges » situé à 15 mn à pied du départ, ce qui me laisse tranquillement le temps de rejoindre la ligne d’arrivée sur laquelle j’arrive avec presque 40 mn d’avance. L’hôtelier avait prévu un petit dej spécial marathon à 5 heures pour ses résidents, sympa !
La ligne de départ :
Je pensais qu’il y aurait beaucoup de monde sur la ligne de départ … mais surprise, pas vraiment. Sans jouer des coudes, je rejoins la 1ère ligne et me retrouve collé à la rubalise qui limite le sas d’accès des élites ! Petit moment de doute … je ne suis pas à ma place ici, vais-je me faire piétiner par les cadors et les formules 1 ?
Après tout, pourquoi ne pas se faire plaisir … un peu de FUN ! je vais peut être voir en chair et en os notre fabuleux Kilian JORNET et d’autres stars du trail que je ne vois que sur internet ! Trop fort !
Je suis à donc 5 mètres de la ligne de départ !
Je vais prendre un pied d’enfer ! Et filmer le départ avec ma go pro.
Pour ceux qui aiment la vidéo : voici mon lien youtube : Départ Marathon du Mont Blanc 2017 : https://youtu.be/M5nw0A5V6BY.
Les élites commencent à arriver et à rejoindre leur sas réservé VIP. Je suis surpris car, pour la plupart, je les juge plutôt petits de taille et assez frêles (par rapport aux images vidéos). Je reconnais Max KING et suis impressionné par sa musculature sèche et son physique affuté, on dirait un triathlète.
Des centaines de traileurs s’agglutinent derrière moi. Ca va être le rush lors du top départ, çà va pousser !
Autre bonne surprise, la rubalise est retirée assez rapidement par les organisateurs, je suis désormais au contact des élites … je suis parmi eux ! Quel pied ! j’observe l’américain Max KING à moins d’1 mètre de moi (il arrivera 3ème) et Marc LAUENSTEIN le suisse (il arrivera 4 ème). Ils se font un selfy avec le norvégien Stian ANGERMUND que je ne connais pas (il arrivera 2ème juste derrière Kilian !) et la suédoise Ida NILSSON (2ème féminine). Ces 4 aigles du trail sont juste sous mes yeux et je vais partir avec eux (NB : j’ai bien dit partir et non pas arriver avec eux ;-) vous saisissez la nuance ? ).
Connaissez-vous beaucoup de sports qui permettent à des amateurs de prendre le départ avec des pros quasi sur la même ligne de départ ? Magie de l’instant, ambiance terriblement magique et festive … je suis tellement excité que mon cardio bat à 140 bpm !
Mise dans l’ambiance par la musique et le speaker qui, après le briefing, organise une levée de bras.
Mister Kilian JORNET, la légende du trail, n’arrive que 3 mn avant le départ … star oblige ;-) une nuée de photographes se précipite pour le flasher. Lui semble serein, calme et souriant somme à son habitude. Il est à 10 mètres de moi sur le côté gauche de la ligne de départ à côté du fameux Sage CANADAY (3ème au classement ITRA mondial).
J’ai l’impression de vivre un rêve éveillé. Le speaker annonce qu’il y 10 athlètes classés à plus de 900 sur la cote internationale ITRA des traileurs sur la ligne de départ … je suis entouré par des dieux du trail !
Le niveau est particulièrement relevé cette année.
N’oublions pas les dames. Beaucoup de très bonnes coureuses dans le groupe élite à mes côtés, dont l’américaine KIMEL qui gagnera la course féminine (32ème au scratch général) et Ida NILSSON (2ème féminine).
La température ambiante est clémente ce matin (environ 15°C). L’air est chargé d’humidité car il a plu une bonne partie de la nuit. Je craignais la chaleur des derniers jours mais les dieux du trail (j’évoque ceux du ciel et non les bêtes de combats debout à mes côtés en chair et en os ;-) sont avec nous … il fait ni trop chaud ni trop froid … cool.
A l’aide de ma perche télescopique, je filme avec ma caméra portative go pro les élites ainsi que la nuée de camarades qui constituent la grande famille du trail. Mon voisin est lui aussi équipé d’une go pro et échange avec moi sur les capacités techniques de la petite bête technologique. Stian ANGERMUND est également équipé du même type d’engin et filme tout en discutant avec ses pairs. Sa go pro est plus fine et moins lourde que la mienne … ce qui explique probablement qu’il va beaucoup plus vite ;-)
Le compte à rebours est enclenché. Et TOP le go est donné à 7h00, je pars comme une balle ! Je pensais être écrasé par la masse de traileurs mais je suis bien dans le rythme … du moins les 200 premiers mètres jusqu’au virage … à part que j’ai l’impression d’être un avion Corsair de la seconde guerre mondiale lancé au milieu d’avions de chasse de dernière génération ! Les formules 1 s’éloignent à près de 20 km/h … sacrées cylindrées ! Voir ma vidéo youtube « Départ Marathon Mont Blanc 2016 » qui se passe de commentaires.
L’ambiance est de folie, les spectateurs nombreux sur les côtés hurlent comme des fous … c’est un moment d’apothéose que je ne suis pas prêt d’oublier.
1 km plus loin, je lève gentiment le pied pour ne pas finir trop cramé et je continue à me faire doubler, mais je m’en fous … le plaisir est là ;-) j’ai la banane !
1er tronçon : 9 km
Chamonix – Argentière (ravito léger).
Je tente de faire baisser le cardio après l’excitation du départ. Je me laisse doubler sans regret privilégiant une course sure pour ne pas griller mes cartouches. Je me rappelle que je suis de retour de blessure et mes 3 objectifs sont :
- prendre du plaisir,
- éviter l’aggravation ou la sur-blessure,
- être finisher.
Le rythme global de la course me semble assez rapide.
Je m’installe dans une vitesse de croisière bien décidé à profiter au maximum de chaque minute de ce beau et magnifique trail.
Nous quittons rapidement la ville de Chamonix, les supporters se font plus rares et nous déroulons en forêt en suivant la rivière L’Arve.
La chaleur et les pluies de cette nuit forment un léger brouillard au bord de la rivière tumultueuse d’un vert vif.
Quelques petites montées … personne ne marche ou presque … ils sont fous ces marathoniens des montagnes ;-)
2ème tronçon : 17,7 km depuis le départ
Argentière – Vallorcine (ravito complet)
Après Argentière, la pluie commence à tomber assez régulière. Je chausse ma surveste imperméable Salomon qui me protège aussi du vent, celui-ci s’étant levé. Pas froid. Le vent et la pluie me font du bien. Celle-ci ne dure qu’une vingtaine de minutes.
Les sensations sont bonnes.
J’arrive à me détacher assez facilement de la course et de la pression de la compétition en me coinçant dans ma bulle. Je déroule à mon rythme.
Je me détache complètement du chrono bien décidé à ne pas consulter mon GPS avant la fin … ce que je ferai sauf pour un contrôle du cardio de temps à autre pour éviter un éventuel surrégime. Je préfère en fait courir à la sensation sans regarder l’heure, la vitesse ou la distance… me laisser surprendre par les ravitos. La course est morcelée dans ma tête en étapes … chaque étape l’une après l’autre … un pas après l’autre jusqu’au bout.
Je pense aux CR du célèbre Kikou BUBULLE qui semble-t-il adore les Road Books et les timings bien calés. Malgré tout le respect que je lui dois et sans le juger, je suis aux antipodes de voir le trail comme lui sur ce point … je me laisse porter par la course, le chrono me m’intéresse pas sauf à l’arrivée … juste « pour voir ».
3ème tronçon : 22,3 km
Vallorcine – col des posettes (ravito léger)
Arrivée au ravito de Vallorcine, coup de stress … je ne vois plus ma GO PRO dans sa poche !!! Horreur. Et je découvre tout simplement qu’elle est dans ma main avec les bâtons … logique j’avais filmé l’arrivée sur le ravito.
Fatigue = perte de vigilance.
Incroyable ce manque de lucidité dû à une légère fatigue et surtout un mauvais sommeil cette nuit (1er sommeil gâché par des fêtards bruyants décidés à injurier un 2 roues ayant décidé de les klaxonner en pleine nuit !)
Tucs, Bananes, Coca cola, pâte de fruit + remplissage de la gourde.
Je ne tarde pas et repars. Je sais que vient la grosse montée du marathon … vers le mythique col des posettes.
Impressionnant cette longue file indienne de traileurs à la queue leu leu gravissant la montagne. Je reconnais les images vues sur internet notamment de la descente en sens inverse des winners finishers de l’UTMB 2016 à cet endroit (sauf erreur).
Il n’y a pas vraiment de bouchon même s’il y a beaucoup de monde. Je pensais rester planter à attendre plusieurs minutes sur certains passages de la course mais je n’ai rencontré que très peu de ralentissements … l’avantage de partir dans les 1ers sur la ligne de départ.
Je me refais une santé dans la montée, le cardio bien calé à 140 bpm. Je réalise que mon cœur battait aussi à 140 bpm sur la ligne de départ ! Un départ avec Kilian et les élites vaut une montée au col des posettes ;-)
Les chemins sont assez larges dans certaines portions de la montée, ce qui permet de doubler ou de se faire doubler sans contrainte.
Dans la montée, je « ramasse » 2 crampeux à qui, selon mes habitudes, j’offre du sel. Je jouerai gentiment au chat et à la souris avec un des traileurs crampés puis reparti grâce à mon sel. Nous nous doublerons plusieurs fois. Je lui redonnerai du sel au 30ème kilomètres, il m’aidera en m’encourageant plus loin dans une montée lors de mon coup de faiblesse … puis je le ramasserai lors d’une chute sans gravité 3 km avant l’arrivée … c’est ce que l’on appelle du trail solidaire et amical.
4ème tronçon : 28 km
Col des posettes – Le Tour
Petite déception pour moi qui avais visionné moultes fois les vidéos de traileurs sur les crêtes aériennes de l’aiguille des posettes … je suis la haut au milieu de mes frères de trail et les rhododendrons … mais la vue est bouchée par des volutes de brouillard … au moins il ne fait pas chaud. La haut, on est bien.
En fait nous sommes à mi course et je me sens bien. Pas de fatigue particulière, les jambes répondent bien. Le climat m’aide beaucoup, pas de grosse chaleur que je vis en général assez mal (cf. mon CR de l’Infernal Trail des Vosges 2016). Là il fait assez frais. Le soleil reste caché pour l’instant. Je prends mon pied.
Je redoutais un peu la descente que je savais un peu technique mais je vais vivre alors un moment de trail « extatique », du plaisir euphorique. Un moment de grâce trailique J.
Je suis dans un train de 4 à 5 traileurs actifs avec qui nous imprimons un bon rythme dans la descente. Normalement et habituellement, je suis un piètre descendeur mais je me rends compte que le « métier commence à rentrer ». J’ai bien progressé depuis le TNR (Nivolet Revard 2016) où mon pote Alexis me donnait une leçon de descente. Bien projeté en avant, appuis impeccables des jambes et des bâtons, les pieds bien chaussés dans des Salomon Speed Cross 4 bien crantées, je ne suis pas en tension, bien relâché, les appuis sûrs, je cramponne allègrement la roche, les racines et la terre. La pose du pied est sure et efficace. Je pense que mes dizaines de sorties sur les 25 BOSSES de Fontainebleau ont petit à petit formaté mon corps pour la descente … mais ne nous emballons pas … je suis encore loin de certains traileurs qui descendent en cavalant à plus de 16/17 km/h. certains descendeurs sont impressionnants … ou complètement fous et inconscients en doublant sur les côtés dans des espaces que je réserverais aux chamois ! Personnellement, je pense que couper à travers les Rhododendrons n’est pas écologique et abîme l’écosystème … tout çà pour gagner quelques places sur le classement général…
Le mono trace en descente en lacets vers LE TOUR est superbe par endroit. Avec mon train de traileur, nous pulsons dans la descente à un rythme bien supérieur à ce que j’ai l’habitude de faire. Je me prends au jeu et nous doublons pas mal de traileurs qui commencent à fatiguer. A 1 km du TOUR, je mets volontairement le frein souhaitant garder de l’énergie mais j’ai pris énormément de plaisir avec mes bâtons et mes copains de trail dans cette belle descente … et je n’ai pas mal à mon genou ! . Et hop un bon souvenir dans ma besace de traileur passionné !
L’utilisation des bâtons est optimale dans cette course. Mes Black Mountains font merveille, je les ai bien en main et je m’en sers sur le plat, en montée et en descente … soit environ 85 à 90% sur toute la distance de course. Je suis un adepte des bâtons, les ayant sorti tôt dans la course alors que les autres traileurs ont pour la plupart attendu les grosses montées pour les sortir.
Ils sont d’autant plus bénéfiques pour moi que je soulage l’articulation de mon genou malade. Lorsque je les tiens à la main pour filmer avec ma GO PRO dans une montée, je ressens le travail plus intense des mollets et des quadriceps. L’utilisation des bâtons me permet de transférer une partie non négligeable de l’effort sur les épaules et je n’hésite pas à m’appuyer dessus pour bien pousser. Ce qui me donne une bonne dynamique en montée tout en m’aidant à me stabiliser correctement et donc perdre beaucoup moins d’énergie dans les passages techniques … je crois même pouvoir dire qu’ils m’ont sauvé d’une entorse lorsque en fin de course, dans un pierrier, à cause de la fatigue et une moins bonne concentration, ma cheville se tord. La traileuse derrière moi crie de peur pour moi (merci !), je rattrape par une bonne proprioception et grâce à mes 2 bâtons. Il faut dire que j’ai préventivement strappé mes 2 chevilles !
Après la course, peu de courbatures et aucune crampe pendant la course. Je peux remercier mes black Mountains et mes chaussures de trail.
Je fais attention aussi à ne pas trop gêner les autres coureurs avec mes bâtons.
5ème tronçon : 31,1 km
Le Tour – Tré le champs (ravito complet)
Barrière horaire LE TOUR 12h30 – j’arrive à 11h27 (+1h03 mn).
Barrière horaire TRE LE CHAMP 13h00 – j’arrive à 11h51(+1h09)
Question humoristique à un bénévole par un traileur : il est déjà passé Kilian ? … ouaih, çà fait plus de 2h ! (Kilian est passé à 9h29 !).
J’arrive à Tré le champs en bonne forme, je prends le temps de bien m’hydrater. J’aime le thé. Je mange du salé et du sucré. Il y a même de la soupe au vermicelles. Des bénévoles exceptionnels de gentillesse et de serviabilité. Ils sont au TOP. Merci à tous les bénévoles qui font un travail sensationnel en nous bichonnant.
Un grand échalas italien fatigué mais heureux d’arriver à ce ravito me prend dans les bras en me faisant l’accolade … j’aime la chaleur humaine démonstrative de nos voisins transalpins ! Il est tout heureux avec la banane ! Trop sympa.
6ème tronçon :37,3 km
Tré le champ – La Flégère (ravito léger)
Je suis un peu fatigué mais je me sens bien. En sortant du ravito de Tré le champs, un traileur me dit qu’il reste environ 12 km … et je me dis que compte tenu que je suis relativement frais et peu entamé, je vais finir ce marathon du mont blanc sans gros coup de mou … petit présomptueux ! crois tu que les dieux du trail ne vont pas te rappeler à ta misérable condition de petit animal crapahuteur ! Pourquoi les traileurs sont-ils pour la plupart humbles … c’est parce qu’ils souffrent et subissent des fins de course difficiles !
Je vais en effet me prendre le Mur un peu plus loin …
P… çà grimpe et il commence à faire chaud 3 km après TRE LE CHAMPS. Je commence à faiblir … ma nuit avec sommeil gâché se rappelle à moi.
Moi qui suis en général plutôt bon grimpeur, je sens que je vais bientôt taper dans le dur.
La fatigue me tombe dessus presque d’un seul coup. Pourtant les jambes répondent bien mais c’est la tête et le cardio qui plombent la machine chez moi. On n’a à priori pas tous les mêmes symptômes et faiblesses … Une envie de dormir démoniaque et le moindre effort où vous avez l’impression que votre cœur tourne à vide et pompe difficilement le sang vers les artères. Si un Kikou pouvait me dire à quoi est dû ce coup de mou fantastique ? une hypoglycémie ? une mauvaise alimentation ? un manque de sommeil ou d’entrainement ? un peu de tout à la fois ? … je lui serai reconnaissant.
Je m’accroche. Ne pas regarder le haut de la pente mais seulement ses pas. Il n’est évidemment pas question de s’arrêter et d’abandonner mais je connais cette partie du parcours qui monte vers LA FLEGERE … car je l’ai courue en 2015 sur le 23 Km du Mont Blanc (mon 1er trail) … et je sais que çà grimpe surtout en arrivant sur les pistes de ski !
Je mets mon cerveau en mode SURVIVOR … et j’avance pépère. Hydratation régulière mais le liquide passe moins bien. Gel et pâtes de fruits.
Dans une montée, j’avance à mon rythme mais un train de traileurs me rattrape. Aucun ne me doublera … pourtant ils ont la place sur le côté, en fait je comprends qu’ils sont aussi fatigués que moi. C’est moi qui les tire !
Le soleil cogne, les passages à l’ombre font du bien mais des endroits ensoleillés et peu venteux sont des moments de calvaires pour moi … plus envie d’admirer et de filmer avec ma go pro le sentier en balcon et le paysage pourtant exceptionnel en contrebas sur les hauteurs de la banlieue de Chamonix … je regretterai plus tard de ne pas avoir profiter de cet endroit et de la vue sur les magnifiques sommets enneigés et glaciers bleutés. Faire autant de km depuis Paris pour ahaner comme une bête de somme les yeux rivés sur ses pieds pour éviter la chute et la blessure …. Trop bête avec un peu de recul !
Je me fais évidemment beaucoup doublé mais je m’en fous.
Lors d’une portion en montée interminable, un type « Thibaut » est assis sur une pierre. Sa poche à eau est percée et il n’a plus d’eau … pourtant il n’a pas l’air contrarié le moins du monde, pas l’air non plus fatigué le gaillard. Il apostrophe les coureurs en les appelant par leur prénom inscrit sur les dossards.
« Vas y Kiki » me lance t’il quand je repars après une courte pause pour reprendre du jus.
Kiki ? il m’a peut être confondu avec Kilian ?
Merci Titi Amigo.
7ème et dernier tronçon : 42,3 km
La Flégère - Planpraz
Barrière horaire LA FLEGERE 15h15 – j’arrive à 13h56 (+1h19)
Je suis heureux d’arriver à LA FLEGERE même si mon rythme de course est proche de la vitesse de l’escargot au galop (pourtant je continue à gagner des minutes sur les barrières horaires)… pressé d’en finir alors que j’ai rêvé de cette course depuis des semaines ! C’est ce que l’on appelle le PARADOXE du traileur … content de venir et content de finir.
Le ravito n’est pas positionné au même endroit à LA FLEGERE que lors du 23 km de 2015. Je me ravitaille bien … j’aurais bien aimé une soupe … ras le bol du sucré (coca cola).
Après un repos de 5 à 10 mn bien mérité, vautré sur le sol … j’aurais bien aimé un transat ! je repars sous le soleil pour les 5 derniers kilomètres qui me paraitront bien longs.
Le ravito m’a quand même un peu retapé.
Des traileurs me voyant dans la peine m’encouragent. Sympas les amis. Même une petite tape dans le dos de temps en temps ; vive la grande famille du trail.
Les passages sur le chemin en balcon à flanc de pente sont de toute beauté – le monotrace passe dans des pierriers et des zones plus ombragées. Descentes techniques avec beaucoup de racines … attention les chevilles. Et cette montée finale interminable qui nous rapproche de la ligne d’arrivée à 1 km … on entend le speaker de très loin et la montée nous tue bien.
Je suis cramé mais heureux.
Le nez dans les chaussures, mes cervicale souffrent … il faut que je relève la tête pour mieux m’oxygéner … et des trains de traileurs qui me doublent sans vergogne.
J’y vais au mental !
Je me souviens de la fin de mon 23 km de 2015 où je m’étais pris un monstrueux coup de mou à 1 km de l’arrivée. Là au même endroit 2 ans plus tard je suis tout aussi cramé … c’est ce que l’on appelle avoir de la constance !
Elle est où l’arrivée ? je ne vois pas l’arche cachée !!!! Le coup au mental quand je cherche à voir l’Arche d’arrivée au même endroit qu’il y a 2 ans … et bien non, nos gentils organisateurs ont pris un malin plaisir à la coller 500 mètres plus loin cachée derrière les infrastructures de la station de ski en haut d’une butte. Méchants !
Le final est quand même fichtrement sympathique avec toutes ces personnes qui vous encouragent par votre prénom pour vous aider à finir et courir jusque sur la ligne d’arrivée.
Je franchise la ligne d’arrivée heureux et souriant.
Moi qui ai volontairement oublié le chrono sur toute la course pour profiter du plaisir de courir dans un cadre naturel exceptionnel (bravo moi :-), je regarde l’écran d’arrivée et découvre que je finis en 8h13 avec une place de 1 354ème … pas terrible mais pour un retour de blessure, je ne vais pas me plaindre. Ma cote ITRA me permettait de penser pouvoir finir (avant blessure) en 7h30 environ. 43 mn de + est cohérent. Dont acte.
On nous offre une bière et du thé. L’amertume de la bière ne passe pas bien ….
Quelques statistiques de la course.
Nous étions 2 271 partants dont 384 femmes (elle est où la parité ? ;-) … oui je sais … ma femme me dit que la gente féminine préfère le qualitatif au quantitatif ;-)).
179 abandons ou hors délai (environ 8% des partants, ce qui est peu).
Nous serons 2092 arrivants.
Conclusion :
Mes 3 objectifs sont atteints :
- Prendre du plaisir : yes !
- Ne pas aggraver ma blessure et finir en bon état : yes, mon genou m’a foutu la paix car je l’ai ménagé,
- Etre Finisher : double yes !
Quand il ne fait pas trop chaud, charger la poche à eau à 2 litres ne sert finalement à rien … autant courir avec plusieurs gourdettes accessibles.
J’ai pris beaucoup de plaisir à courir le Mdm malgré mon appréhension du départ dû à mon manque d’entrainement et mon retour de blessure. Quel pied. La course est très bien organisée.
Le problème, c’est le monde ! 2 271 coureurs au départ … c’est trop pour un trail montagneux avec des singles monotraces où doubler est parfois un peu acrobatique … j’ai assisté à une prise de bec entre traileurs car le premier du train de traileur n’avançait pas assez vite… dommage pour l’ambiance ! … et le piétinement de la végétation heurte mon âme naïve d’écolo traileur.
Finalement je découvre que partir vite dans les 1ers a plutôt des avantages. J’ai lu sur des CR Kikourous que ceux qui sont partis en milieu et en fin de peloton ont subi des bouchons et des ralentissements. Je n’ai pas vraiment souffert de gros ralentissements lors de la course … donc la morale : partez vite … mais pas trop quand même pour ne pas totalement vous cramer.
Courir au cardio me va bien.
Mes meilleurs moments dans la course :
- le départ ! D’habitude je hais les départs … mais quand tu pars juste à côté de Kilian JORNET et de ses potes … çà change tout ;-)
- Le passage aérien sur la crête de l’aiguille des posettes … trop beau même dans le brouillard,
- ma descente de l’aiguille des posettes … le pied. Moi qui suis d’habitude mauvais descendeur, j’ai découvert que j’avais bien progressé.
Bilan physique :
- pas de crampe,
- pas d’ampoule,
- pas de problème digestif,
- pas de nausée ,
- pas mal au genou,
- grosse envie de dormir à partir de 35 km,
- cardio faiblard en fin de course vers le 35ème km,
- Sensation de grosse fatigue à l’arrivée.
Curieusement 2 jours après la course, je n’ai pas de courbatures dans les mollets ou les jambes … mais plutôt dans les muscles fessiers ! Pour ceux qui veulent un cucul bien musclé pour la plage cet été … allez donc faire le Marathon du Mont Blanc !
Accueil - Haut de page - Aide
- Contact
- Mentions légales
- Version mobile
- 0.04 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !
2 commentaires
Commentaire de julvin posté le 01-07-2017 à 20:49:33
Je crois qu'on s'était déjà croisé au Trail de Senlis en décembre ... on a du se recroiser sur la ligne de départ ! :)
Bravo pour ta course, avec si peu de prépa c'est costaud.
Je retiens de ton CR que l'utilisation des bâtons t'a bien aidé pour soulager tes genoux. J'ai aussi posté un CR de ma course, et j'y raconte que j'ai également eu des soucis de genou sur la fin de course. Donc je prends l'idée des bâtons dans ce but !! A+
Commentaire de Shoto posté le 02-07-2017 à 08:25:03
Merci Julvin pour ton commentaire.
Tu as fait une très belle perf. Sacré Chrono !
Je vais lire de ce pas ton CR.
Au plaisir de te rencontrer sur une prochaine course.
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.