Récit de la course : Transju'Trail - 72 km 2016, par Overnight

L'auteur : Overnight

La course : Transju'Trail - 72 km

Date : 5/6/2016

Lieu : Morez (Jura)

Affichage : 2556 vues

Distance : 72km

Matos : Chaussures riot6
sac lafuma

Objectif : Terminer

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On a mangé notre pain blanc

On a mangé notre pain blanc... 


Phrase entendue à plusieurs reprises avant d'atteindre Prémanon qui résume assez bien cette course.

1ere course dans le Jura et quelle course! L'héritière de la transjurasienne bien connue des skieurs de fond. 
D'ailleurs chaque année la version pédestre prend de l'ampleur avec des versions pour tous (enfants,  course verticale,  marche nordique, 10/23/36/72 et relais 2x36)... Et un record de participation explosé avec + de 3000 inscrits et sur le 72kms on sera 551 à prendre le départ.

 

Je l'attendais, je la préparais depuis un moment... 10 à 11 mois que j'avais dans la tête d'en faire l'objectif 2016. À vrai dire depuis que j'avais réussi à boucler une course de 40kms du côté de Saint Nicolas de Véroce avec un dénivelé similaire mais du coup en + condensé.

L'objectif était simple: Terminer! Et pour y parvenir j'avais mis l'accélérateur sur l'entraînement. Guère sur le rythme mais sur le volume et le dénivelé... Pas l'envie de souffrir inutilement le jour J donc autant être préparé. 


Une montée en charge progressive jusqu'à un mois de mai record de 310kms pour 7000m de dénivelé réalisé principalement "derrière la maison" (pas le temps de partir à la montagne, pas de virée du côté de Fontainebleau car ça fait loin mais pas grave y a de quoi quand même s'occuper dans le secteur).
Pas trop de rythme car le volume en soit peut déjà être sujet à blessure, donc je préfère la jouer sécurité de ce côté même si je me garde une séance avec du travail sur piste histoire de ne pas trop rouiller. 
Je m'étais déjà bien rassurer 2 mois avant avec un trail des 2 amants (GTDA) fini dans le dur mais avec un chrono qui me convenait bien pour un premier 50kms (53kms/1800d+ en un peu - de 6h)..un peu en mode y a plus qu'à partir - vite et rester cool pour finir la transju'trail.
Oui mais voilà ça c'est avant le coup de fusil du départ...

 

Bâtons / Pas bâtons ? sachant qu'il faut les garder toute la course.

Départ vallonné mais qui n'a rien d'insurmontable où l'usage semble inutile puis à partir du 35ème jusqu'au 62ème on voit bien que ça peut servir avant une nouvelle section roulante où a priori ça ne sera pas d'une grande aide.
15 jours avant le départ j'avais pris le choix de ne pas les prendre ne disposant que de monobrins mais ma femme faisait basculer la donne en m'offrant des 3 brins Rigolant.  Oui mais voilà, un petit défaut de conception sur ce lot, et paf, retour magasin sans possibilité d'en récupérer avant la course donc ça sera avec les cuisses et les mains.


État d'esprit 
Pour une fois,  je ne prévoyais pas de classement, pas de roadbook, et puis, quand même, je regarde pour avoir une idée d'un temps de course. A l'analyse de quelques chronos j'entrevois un 11h... 
Je me dis qu'il y a sûrement moyen de faire un peu mieux mais je me méfie du parcours, de la durée de l'effort qui reste nouveau pour moi et aussi des conditions très humides qui pourraient ne pas aider dans l'affaire.
Ce chrono me sert surtout à essayer de caler un timing pour que la petite famille soit là à l'arrivée et que je puisse finir fièrement avec mon fiston à la main! Du coup, je fini par faire un roadbook plus précis pour se voir aussi à mi parcours et à Cuvaloup. 
Donc au final,  un effort rythmé par les prévisions de se croiser plus que par la course mais l'air de rien ça met une pression équivalente (pas fou j'explique le fonctionnement de livetrail à ma femme histoire d'affiner en route).

 

 

Météo: la bonne nouvelle c'est que la température sera bonne pour courir. 
La mauvaise c'est qu'il a plu abondamment avant la course et que la douche semble promise après 12h. Et bien sûr, n'ayant pas le niveau pour arriver avant que les autres courses démarrent ça risque d'être bien labouré par les participants des autres épreuves.
Le temps pourri des derniers jours m'a également fait attraper un bon rhume ce qui ne devrait pas changé grand chose sinon que c'est jamais très agréable de courir dans ce cas là.

 

La course


J'arrive au point de départ à Mouthe tranquillement 45min avant le départ. 
T-shirt et buff kikou histoire d'être repérable. 2 verres de thé histoire de se réveiller et je scrute un peu la salle mais pas de tonton trailer qui est lui aussi de la partie.

Dans le gymnase, ça se prépare, ça se repose...

Finalement je rentre dans le sas de départ prudemment vers la fin et là je reconnais tonton qui doit être en 5 ou 6ème lignes (gloups!). Je remonte en lui disant qu'il s'est bien placé et me dit qu'il se laissera dépasser.... Mouais mouais... Je le sens moyen cette affaire Clin d'œil.
On cause un peu réveilet puis c'est le moment... Donc là, à Mouthe, c'est pas genre on donne le départ discrètement comme quelques trails des yvelines hein... Si tu loupes le départ c'est que tu n'es pas dans le village... L'impression qu'un chasseur vient de tirer à notre oreille et devant ça part tel le gibier pourchassé (euh...c'est un marathon c'est ça ? Surpris )!
Ça part en léger faux plat sur la route..  Facile quoi... Oui sauf que 1km + loin Strava à la relecture me confirme l'impression du moment. On part proportionnellement + vite qu'au trail des 2 amants avec quasi du 11kms/h mais avec 22m de dénivelé ! Euh...
Et puis derrière comme ça descend sur un chemin ça accélère sauf que non là je sens que je vais déjà devoir m'employer donc je laisse filer tonton trailer que je ne pensais pas perdre si vite de vue!

Histoire de ralentir le troupeau y a un ruisseau qui s'est invité en travers du chemin ce qui crée un petit bouchon que je négocie + facilement que la moyenne en attaquant le ruisseau par un endroit un peu + large (ça sert les grandes jambes).
Du coup, je me retrouve dans une petite bosse à être un des premiers à marcher sachant que tonton trailer est du coup derrière mais qui ne tarde pas à revenir, et puis assez vite me redistancer.
Ce début de parcours est essentiellement en forêt à tendance montante avec de la boue mais rien de très surprenant et perso ça me dérange assez peu même si on va forcément y laisser un peu d'énergie. Au profit d'une bosse je réussi un rapproché sur tonton trailer vers le 4ème kms mais à la relance il me perd pour un moment.
On redescend gentiment avec une musique en fond de vallée qui vient du tremplin de saut à ski de Chaux Neuve au km6.

Allez, il faut monter jusqu'à la cabane!


Avec un 1er pointage - 229ème en partant trop vite...

La montée se fait à la queue leu leu. J'ai bien l'envie de doubler mais je sais que cette sensation de monter doucement est justement qu'une impression et qu'on doit pas être si mal question allure. Ça bouche un peu mais rien de bien méchant quand on sait ce qui nous attends.

Déjà une bonne partie de faite

On arrive au sommet et c'est reparti en forêt... Le mot d'ordre c'est "relance": des petites bosses,  des petites descentes, juste assez technique pour toujours bien faire gaffe à ses pas. J'ai levé un peu le pied, comme tout le monde j'ai l'impression, même si le rythme reste assez élevé. Finalement vers le 14/15ème kms je crois apercevoir tonton trailer au loin et effectivement en descendant à Chapelle des bois, accueillis par des sons de cloches, je le retrouve au ravito:).

 

Le ravito de Chapelle des Bois (-7 places / 7 min d'avance sur le RB en réalité basé sur un peu + de 11h)


Pas mal de choix,  je mange 2/3 bouts de fromage, un abricot sec et bois un verre de coca après une petite hésitation (sur le coup il me fait envie donc bon... Heureusement je m'étais promis d'éviter).

2min d'arrêt en gros et je bip à la sortie voyant au passage que ça fait pas tout à fait 2h de course... Je ne me souviens plus du roadbook pour cet arrêt mais je sais que c'était au moins 2h par contre le ravito est 1km + tôt à ma montre. 

Bon, devant, ça remonte doucement (Montée de la Roche Champion) avec un peu de visuel devant ce qui me permet de voir que tonton trailer, reparti un peu avant, a l'air d'avancer plus cool maintenant donc je décide de revenir tranquillement (bon...  Ok... Je suis reparti un peu vite en vrai) et je mets un petit coup de boost au moment où la pente se raidit un peu pour recoller et où on se prend aussi une petite pluie. 
Ce coup ci on est ensemble et il me signale d'ailleurs qu'on est bien en avance sur les prévisions (d'un certain côté ça me rassure car je ne me suis pas vraiment ménagé donc quitte à finir dans le dur autant avoir de la marge)... ça continue de monter en forêt maintenant avec quelques lacets (de la bosse comme je l'aime)..

L'ascension me plaît bien,  on devine la vallée en-dessous,  on passe à côté d'un pierrier que si l'organisation nous avait fait passer là-dedans je les aurais maudit à vie. Et puis on arrive en haut à pic au-dessus de la vallée où on distingue les lacs des Mortes et de Bellefontaine mais la vue est gâchée par la pluie qu'on devait pas avoir avant 12h grrr. 

Point de vue - Roche Champion (presque dégagée...)

Dernière photo... après faut venir voir :D

Bon après coup je découvrirai que les 1ères ascencions jusqu'à la remontée de Morez incluse ont été faites entre 800 et 850m d+/heure d'après la montre: heureusement que j'essayais de me freiner...tsss.  

 

Après la petite photo, je me recale derrière un relayeur rattrapé sur le haut de la bosse. Au début, je me dis qu'on va rester sagement derrière mais en fait son rythme ne me va pas du tout.  En gros il freine quand je pense dérouler et inversement quasiment. Finalement je fini par dépasser mais j'ai un peu de mal à trouver une allure qui m'aille. Je lève un peu le pied quand je vois que tonton trailer est un peu + loin ou que je sens que j'exagère un peu, mais j'accélère pour faire quelques dépassements (comme s'il n'y avait pas assez de relances :-/) notamment dans des petites descentes.

Bon avec tout ça j'ai fait un trou mais le ravito approche sur lequel je dois faire le plein de la poche à eau et sur l'avant dernière descente qui y mène je reste sagement bloqué par un coureur avec qui je discute et qui me dit justement qu'on a mangé notre pain blanc et qui commence à me parler des barrières horaires... Euh... je lui dis que quand même on est sur un bon train là et qu'on en est loin! Et puis du coup, je m'enfuie comme si des serres files arrivaient :). On remonte un peu, puis descente,replat et ravito.

 

Ravito de Bellefontaine – Environ 3h11 de course (15min d'avance sur le roadbook)


Je fonce refaire le plein (enfin on me propose de me servir: royal :D) et je grignote un peu. A priori 4min d'arrêt en gros mais je ne vois pas tonton trailer et j'en déduis qu'il a été plus efficace que moi et je repars et l'aperçois quelques dizaines de mètres plus loin en train de remonter dans un lacet ce qui nous permet de se faire un petit coucou.

Je décide d'y aller + cool cette fois tout en m'inquietant de ne pas avoir pointer. Du coup,  j'accélère pour revenir sur celui qui me précède et lui demander s'il a pointé. Non plus... Ouf... par contre, je me dis qu'il faut que j'appelle ma femme pour qu'elle ait une idée de quand je serai à Morez. Oui mais ici c'est le Jura et pas franchement urbain donc pas de réseau... Je me promène du coup un moment avec mon téléphone, parle avec un gars qui me rattrape dans la petite bosse,  puis j'accélère l'air de rien et puis bah tient voilà Tonton le retour :).
Il me dit qu'il a chaud et que les sensations sont pas top. J'essaie de rassurer en disant que moi aussi je transpire à grosse goutte (sûrement l'humidité cela dit c'est quand même habituel chez moi), demande s'il a bien mangé... Par contre c'est vrai qu'il ralentit maintenant assez franchement et du coup je prend le large me disant qu'il me récupérera sûrement encore à Morez.

Un gars qui nous remonte tel un fondeur qu'il est me demande le kilométrage... Bon je fini par avoir du réseau, laisse un message sur le répondeur que ma femme n'écoutera jamais et je reviens sur le fondeur. J'ai l'impression qu'il accélère d'ailleurs une fois que la jonction est faite: particulièrement en montée où il garde un super geste de poussée de bâton en trottinant. Je lui loue sa technique (l'impression de voir une démo de pratique) et du coup on se met à papoter en réduisant un peu l'allure. En descente en revanche il me dit ne pas être très bon surtout qu'il a une cheville en délicatesse. Il me parle un peu de la course qu'il fait pour la 4ème fois (+ deux 36!!) me dit qu'on est en train de manger notre pain blanc Rigolant... Pas de surprise, il est du coin et le ski de fond ça le connaît. Puis comme on parle de cheville, forcément, je manque de m'en vriller une: pas trop inquiet même si j'ai une douleur je sais qu'à chaud et la torsion modérée c'est pas ça qui me gênera même si sur le coup ça va tirer une dizaine de minutes (finalement sans séquelles).
On arrive au dessus de Morbier avec un peu de vide sur le côté et normalement un point de vue sur la Dôle (à défaut sur Morez) mais l'horizon est bouché! On descend tranquillement jusqu'au ravito de Morbier en reprenant une féminine en longeant l'un des fameux viaduc de la ville.

 

Ravito de Morbier
Arrêt express pour prendre du Morbier et c'est reparti par une descente a priori récemment réaménagée. 

J'ai un petit mal de tête qui se réveille... Je pense à l'hydratation donc je bois davantage mais je ne sais pas trop si c'est ça ou le gros rhume qui fait son œuvre.
On file (On fait du 10,5km/h quoi) avec un relayeur rejoindre le ravito tout en passant à 50m de la maison d'enfance de mon papy ce qui n'est pas sans me mettre un petit coup de nostalgie :-/.

 

Ravito de Morez (+30 places / 31min d'avance sur le roadbook) où je laisse filer mon fondeur car ma femme et mon fils de 4 ans sont à l'entrée avec une pancarte d'encouragement Langue tirée (la seule que j'ai vu hein!! Enfin, Ok, j'ai pas trop fait gaffe le reste du temps mais quand même !)
Ça me donne la banane. On est au 35eme kms et pour le moment tout va bien (le mal de crâne semble s'apaiser avec la fin de la descente). Des bisous pour remercier le fiston et ma femme. Je leur dit qu'on se retrouve à la sortie du ravito.


Mon fondeur a priori est déjà reparti! Je fais le plein de la poche à eau, de fromage, un verre de bouillon, un changement de sparadrap sur tétons car je sens que ça risque de pas le faire et après près de 9min d'arrêt je ressors courir avec mon fils sur 200m ce qui nous vaut quelques copieux encouragements. 

J'arrête mon fils avant d'attaquer la montée de la Roche au Dade (la falaise comme dit mon fils) mais il veut m'emmener jusqu'à la ligne d'arrivée (sacré gamin).
Je laisse la famille là et attaque la bosse/falaise pour sortir de Morez. Je reviens rapidement sur des coureurs qui avaient profité de mon arrêt ravito pour passer.  Et puis le terrain devient franchement gadouilleux (normal le 36kms est passé par là). Un relayeur me passe mais sinon je double quand même pas mal de monde même si la plupart ont les bâtons maintenant. Un gars au couleur du Brésil m'emboîte le pas et finalement un coureur assez trapu poussant fort sur ces bâtons nous passe quand même alors qu'on fini la partie bien montante avant de retrouver un terrain où il faut de nouveau souvent relancer. 

Le coureur à bâtons a pris un peu le large mais on reste stable tout comme le brésilien qui fait un peu l'accordéon derrière. Je fini par reprendre la féminine doublée à Morbier moment où je me dis que j'ai compensé l'arrêt de Morez... Et puis les dépassements vont se faire + rares. Mon brésilien a disparu derrière mais j'ai toujours mon gars à bâtons devant... Et puis on se met d'un coup à remonter pas mal de coureurs dans une partie + vallonnée que j'identifie comme des coureurs du 36kms car ils ont un dossard vert. Bon là, c'est la preuve que je dois rentrer doucement dans le dur sans m'en rendre compte car moi aussi j'ai un dossard vert :D.

Je poursuis l'effort et fini par recoller le coureur à bâtons grâce aux parties en descente car dans les montées on est dans le même tempo.  On traverse un petit ruisseau qui fait un petit bouchon de coureurs que je passe rapidement, une pente en dévers qui en fait encore un petit. J'entends un gars devant qui demande où on peut abandonner et c'est là du coup que je vérifie la couleur de mon dossard (ah bah non en fait on est bien de la même course.. Y avait sans aucun doute les derniers du 36 mélangés mais comme j'étais persuadé que tout ce monde était du 36 je ne regardais plus les dossards).

Un dernier raidillon avant de retrouver un peu de roulant avant Prémanon et au pied je me rends compte que je n'ai plus d'eau !! (je comprends toujours pas comment j'ai pu boire 2l en 10kms.. Sûrement mal rempli mais ça me surprend même si je sais que j'ai bien bu). 
Une montée où je reprends du monde encore sauf un gars qui me revient dessus et avec qui je vais finir le faux plat jusqu'au ravito en alternant course et marche. Il me donne d'ailleurs très gentiment un peu d'eau (encore merci à lui): encore soif malgré que je viens de finir la poche à eau. Je lui dis que je viens de me rendre compte que je pensais depuis un moment être l'un des seuls 72 au milieu des 36. Une fille du 36 devant entend et indique que son dossard est jaune et le coureur avec qui je suis me confirme qu'on n'a pas vu beaucoup de coureur du 36 encore.

 

Ravito de Prémanon – 5min d'arrêt  (+46 places / 43 min d'avance sur le roadbook)


Jusque là tout va bien. Pas eu vraiment de coup de mou, mais voilà... pour moi la course se "termine" ici. 
À ce ravito, je bois l'équivalent de 3 verres d'eau gazeuse et forcément je prends mal au ventre dès que je repars. 

Bien malin, car du coup j'ai un mal fou à relancer surtout quand je prends un peu de vitesse. Bon je reviens quand même sur la fille du 36kms qui m'a fait remarqué que le bas de leur dossard était jaune et qui a fait un stop + rapide. Un petit mot d'encouragement en passant pendant qu'on se reprend la pluie. Un coureur du 72 me demande sil faut mettre la veste... Euh... bah moi non pas tout de suite :)
Je le double mais il me reprends en descente avant que je recreuse un peu avant d'attaquer la longue remontée vers les jouvencelles. 2 coureurs qui discutent que je double aussi avant de passer sur un petit passage en dévers et d'attraper machinalement le fil tendu à côté...et vlan une décharge !!. Quelle idée ! Au cas où, je me retourne pour prévenir derrière moi mais je crois qu'ils ont compris Rigolant

Et puis je me retourne de + en + régulièrement car je sens bien que ces dépassements ne reflètent pas ma forme réelle... Alors qu'on arrive sur la piste la Darbella, que je connais d'ordinaire sous la neige,  ça commence à revenir fort derrière... Un, deux puis 3 coureurs alors que l'on arrive au dessus du bassin d'eau des jouvencelles... Et l'hémorragie va se poursuivre alors qu'on tire vers le haut du téléski des tuffes. Je suis vraiment cuit. Je sens que la fin sera longue alors je garde un petit train de sénateur qui n'a rien d'extraordinaire mais si ça tient ça sera pas si pire.

Bon au moins on a un peu de soleil, le mal de ventre va mieux. À défaut de force,  pour le reste pas de problème. Les cuisses un peu raides mais sans + donc je m'occupe juste du terrain, du paysage et laisse filer les quelques coureurs encore vaillant.
En passant le sommet je reprends un coureur du 36kms, c'est toujours mieux que rien, et on commence à descendre par la piste le balcon de la Dôle avant de bifurquer sur une piste + récente que je ne connaissais pas ou dont je ne me souvenais pas en tout cas (quelques années que je ne suis pas venu skier ou surfer).
Ça se descend tout seul jusqu'au raivto des Dappes où je retrouve un peu + de monde et quelques coureurs du 36 + fréquents.

 

Ravito des Dappes – 7h56 – dont 4min d'arrêt - 36min d'avance sur le roadbook et un pointage en vrac (snif et mon classement de la montée ? Non en fait je préfère pas savoir Rigolant)

La montée de la Dôle n'est pas bien différentes de la précédentes si ce n'est un peu + grasse. La progression reste difficile mais moralement ça passe mieux... Quelques coureurs du 72 qui dépassent mais rarement aériens et quelques coureurs du 36 qu'on reprend. Au moins ça occupe :). Le problème c'est que je suis trop cramé pour à la fois monter,  ne pas glisser,  regarder un peu le paysage et discuter. Donc, une montée en mode dans ma bulle. 

Bon c'est pas mirobolant et puis histoire de faire un temps de montée encore moins bon on se prend une grosse pluie alors que je suis à 30m du sommet. J'hésite pas cette fois,  je sors la veste et bien m'en prend car ça s'intensifie (manque juste le gel douche).
Le sommet sous les trombes d'eau et puis Crac! Tiens la lumière et le son sont quasi simultanés! Bien 2/3 éclairs qui me poussent à filer car pas franchement envie de rester en haut par orage ! Juste le temps de voir qu'il reste un peu de neige sur le flan Suisse et je "file". Oui, enfin, j'essaie de filer car la descente de la Dôle côté Suisse va être épique!


ça ralenti! (- 9 places / 29min d'avance sur le roadbook)... 540md+/heure qu'il dit Strava (128 de cardio)... loin des 850m des 3 premières bossesLangue tirée

D'abord je me viande et 2 trailers en train de me dépasser demandent si ça va (je réponds que je crois que c'est OK... ). Je me relève et cette fois la pluie devient de la grêle et ça tombe bien (le sol va même être rapidement plein de grêlons)... 2 nanas qui s'étaient abritées sous un arbre (par orage?) repartent (en t-shirt elles ont la foi).
Je me replante encore.  Ça m'agace un peu car je devine que ça va se reproduire car franchement je n'adhère pas du tout au sol(pas de bâtons et pas de fellreiser aux pieds y aura pas de miracle)... Je tente dans l'herbe je tombe, je tente dans la boue je tombe Incertain
Finalement c'est presque sur les rochers que je passe le mieux mais j'ose moins car je sais que la chute sera plus dure. 

On descend à un moment dans un chemin/ruisseau où on bouchonne. C'est la que la féminine que j'avais repris juste avant Morbier puis entre Morez et Prémanon me reprends... ou plutôt... me dépose et définitivement. J'essaie bien d'emboîter le pas dans la descente mais je reprends une gamelle.
On arrive dans le creux avant d'attaquer le col de Porte. Au sol c'est de la mega flaque d'eau, à droite une tente de secours où plusieurs personnes s'abritent(ou abandonnent? ) alors que la pluie se calme et en face une belle vue sur l'ascension du col. Je ne connaissais pas mais je trouve le coin très joli. On monte des marches dans la roche à la queue leu leu. Je recolle une autre féminine qui m'a doublé dans le creux. Elle demande si je veux passer mais je suis déjà rassuré de me dire que j'arrive à suivre sans trop de mal dans la montée.
c'est marrant elle monte en posant les pieds à 45 degrés (je crois entendre qu'elle me dit que c'est une technique d'alpi).

On arrive au sommet où les bénévoles se veulent rassurant. Du genre : "La descente c'est catastrophique"et bah on est prévenu. Bon ça semble pas si terrible au début... Enfin je retombe quand même rapidement et puis je vais encore me planter dans un passage assez raide et bien une fois encore. Bon sur la fin de la descente je décide que y en a marre,  qu'elle va voir cette descente ce qu'elle va voir,  vas y que je prends de la vitesse, le corps en avant,  un jeu de jambes + rapide et vlam vas-y que je me vautre avec + de vitesse et puis voilà ça fera un bon bleu.

Au ravito de Cuvaloup, point de famille ,mais vu les conditions je peux les comprendre (ça me rassure même de me dire qu'ils ont dû éviter l'orage) surtout que ma femme doit être avec les 2 enfants cette fois et que ça se prête pas vraiment bien pour encourager avec eux (en fait elle n'est pas venue car attendait le pointage des Dappes et quand elle a vu le pointage du sommet de la Dôle ça faisait du coup trop juste : mais vu le temps tant mieux!).

La pause ravito me permet de refaire le plein de la poche (à la réflexion c'était pas vraiment utile vu le temps de course restant) je mange 2/3 bouts de fromage et l'annonce des bénévoles de l'arrivée à 8kms et 1h10 devant pour boucler ça en 11h (10 min de marge sur le roadbook) me fait repartir aussi vite. (enfin après 5 grosses minutes quand même:) )

 

Le final

Le fait d'être finisher n'est plus trop un doute dans ma tête, du coup ma raison d'avancer va être cette barre des 11h pour le reste de la course.  Je sais qu'il reste un peu de dénivelé mais que c'est très roulant globalement. Je reprends quelques coureurs du 36kms en descendant vers les tremplins de saut à ski (bon ça me rassure de passer ce petit monde en descente). Je me fais quand même bien déposer par des coureurs du 72 sur les parties plates (aller à la montagne pour se rendre compte que c'est sur les sections roulantes que j'aurai le + galéré au niveau du classement me laisse un peu perplexe :D... Surtout que côté cardio, je reste dans un effort équivalent à la montée de la Dole voir un peu mieux). On passe sous un petit pont les pieds dans l'eau qui me permet de repasser quelques coureurs du 36kms. 

Puis je reviens sur 2 coureurs V2/V3 du 72 au profit d'une descente (je me souviens les avoir doubler déjà à Prémanon, et crois me rappeler qu'ils étaient repasser dans la Dole).
Petit motif de satisfaction, mais de courte durée car derrière je me fais remonter aussi par plusieurs coureurs et puis la dernière partie vallonnée se profile. J'améliore un peu mon classement du 36kms mais sur la fin de la bosse y a un gros paquet de coureurs qui pointe son nez et va me doubler un peu avant le fort des rousses et dans le fort: une fois l'escalier passé c'est un peu le défilé. Mon v2 et v3 me repassent à leur tour,  et je ne suis vraiment plus en mode course si ce n'est contre ce chrono de 11h. 


On sort du fort,  je vois sur le côté un panneau indiquant l'arrivée dans 1 km. Normalement ça devrait me mettre un coup de fouet mais je pense juste à ma petite victoire sur les 11h voyant que ça va le faire sans problème et que j'aurais le temps de prendre tranquillement mon fils par la main pour courir jusqu'à l'arrivée. Je tiens quand même mon V2 et V3 à proximité qui se font copieusement encouragés (ça sent les gars du coin). Une petite bosse (la montée de l'opticien?) suivi d'une relance qui me permet de les recoller. Je reste sagement avec eux (pas de sprint pour moi en prévision et derrière y a un coureur à une quinzaine de secondes donc ça devrait passer).


Un ultime talus à monter, qui déclenche un sprint ma fois bien efficace entre mes 2 compères, j'aperçois ma mamie qui est venue avec mon fils occupé depuis un moment à taper dans la main des finishers (pas rancunier il voulait que je gagne Rigolant...enfin je l'avais préparer à ne pas se faire trop d'illusion qu'il ne soit pas déçu à ce moment-là  Sourire) : je l'attrape par la main pendant que ma femme + loin me propose de prendre ma fille dans les bras mais j'ai pitié d'elle, vu comme je suis trempé, sale et claqué on va éviter.
Passage de la ligne avec le fiston (pas de photographe snif) ravi de pouvoir partager ça avec lui qui se demande toujours pourquoi je m'entraîne d'habitudeet à qui je donne mon ravito d'arrivée (bon OK j'avoue j'ai dû grignoter 2/3 trucs quand même Clin d'œil)

Et à l'arrivée -21 places depuis le haut de la Dôle

Je me pose ensuite dans un coin 5 min histoire de récupérer après avoir récupérer le polo finisher. C'est surtout l'envie de s'assoir qui s'impose à moi plus qu'autre chose.  

J'apprends que le V3 est en fait le papa de la championne de biathlon Anais Bescond (ça me rassure presque, je me dis que c'est dans les gênes !... 2ème V3... Respect vraiment... Si seulement je pouvais avoir ce niveau encore dans 25ans ça me laisse rêveur.

Une petite douche froide histoire d'être propre et on file vite (je saute le repas... Bon ok je me suis vengé en faisant un mixte morbiflette/Comté fondu dans des proportions à faire sauter un nutritionniste au plafondRigolant ) car l'air de rien la petite famille patiente depuis un moment !

 

Bilan: 

Côté course,  pas déçu ! C'était ce à quoi je m'attendais si ce n'est le gros orage sur la Dôle. Le terrain est varié et usant (boue,  cailloux, très nombreuses relances: l'allure varie assez souvent) mais du coup ça évite de tomber dans la monotonie même s'il y a de bons morceaux en forêt.

Niveau organisation c'était au top: choix au ravito (bon le 6 mois d'affinage pour le comté a fait jaser quelques coureurs locaux :)), balisage impeccable, dispo des bénévoles.
Les douches, certes froides mais j'imagine que c'est lié au volume de coureurs :).

Côté recup je vais être très surpris car très peu de courbatures => la partie finale à cardio faible a dû faire office de récupération et le gros volume du mois de mai a sûrement aidé.

Bon ça manquait juste un peu d'éclaircies pour être parfait même si le lac Leman se laissait deviner en partie au col de Porte.

Du coup, une impression d'inachevé quand même cette affaire.  OK c'est allé au bout,  OK c'est dans le timing prévu mais l'envie de retenter l'affaire différemment en partant un peu - vite et voir si ça peut tenir + longtemps... Et puis... Je m'y suis senti bien sur cette course avec la famille à mes côtés et j'y ai vraiment pris du plaisir.
Bref aucune raison de ne pas y retourner en fait Rigolant... Et du coup une envie grandissante d'aller voir les autres courses du massif aussi !:)


Prochaine étape: Le Courchevel Xtrail... Un peu rassuré de tenir la durée du coup, mais question technique je sens que ça sera une autre histoire encore... !

 

 

8 commentaires

Commentaire de Tonton Traileur posté le 15-06-2016 à 10:01:55

Bien joué ! Over-The-Night ;-)
je t'ai croisé aussi à Morez: tu attaquais "la falaise" avec ton fiston quand j'arrivais au ravito ...
Visiblement, tu as pris beaucoup de plaisir sur cette transju', et c'est bien le principal. Je n'en dirai pas autant pour ce qui me concerne ... et pourtant, j'étais content d'y revenir dans ce Jura, depuis les années 99-2000, avec mes Forestières VTT. Eh bien non, c'était (vraiment) une journée "sans" pour moi :-(
encore BRAVO ! c'est du tout bon pour la suite ...

Commentaire de Overnight posté le 16-06-2016 à 21:10:57

Merci Jean-Luc :)
Je n'ai pas fais attention à Morez. J'ai bien vu qu'on croisait les arrivants du ravito mais pas vraiment fais gaffe! J'espère que ta prochaine course te remettra bien "en selle" (je vois que le carnet d'entrainement n'a même pas faibli :D)! A bientôt j'espère!

Commentaire de olicursor posté le 15-06-2016 à 18:44:19

Beau récit détaillé, j'y étais (pour une première sur cette distance aussi) et ce fut très dur:12h30 de course avec de gros problèmes pour m'alimenter...
Alors bravo à toi pour ce chrono !
Par contre avec un peu plus d'une heure de retard aux Dappes j'ai pu profiter du soleil en haut de la Dole et sur la partie Suisse ;)

Commentaire de Overnight posté le 16-06-2016 à 21:17:15

Merci! Pas cool quand ça passe mal côté alimentaire :(. Pour le moment, je m'en suis pas trop mal sorti même si parfois ça "travaille" pas mal quand même... Bon j'avoue le soleil au sommet vaut une belle récompense pour la persévérance et tu as tenu le coup malgré tout :)! Bravo à toi!

Commentaire de robin posté le 21-06-2016 à 13:47:35

Merci pour le récit et bravo pour ta course. J'ai bien tout lu car j'ai grande envie d'y aller en 2017. J'essaierai de commander du soleil !!!

Commentaire de Overnight posté le 26-06-2016 à 22:38:43

Merci! Si ça peut servir tant mieux c'est un peu le but :)... je suis toujours bien content d'en lire avant de participer à une course, alors si je peux rendre service à mon tour ça me va bien.

Oui tant qu'on tombe pas dans l'extrême inverse ça ira (je préfère encore ce temps à la canicule ) :D! Sûrement à l'année prochaine alors!

Commentaire de Shoto posté le 04-07-2017 à 05:14:34

J'ai beaucoup apprécié ton CR. Je pense faire la prochaine Transju 72 en 2018 ... et ton CR me donne vraiment envie de la faire. Merci à toi pour tes impressions. J'aime bien aussi le soutien de ta famille et ces chouettes moments avec ton fils qui resteront des souvenirs communs plein de saveurs :-)

Commentaire de Overnight posté le 04-07-2017 à 19:20:35

Merci ! Je te souhaite bien du plaisir sur cette course en espérant que le temps soit au rdv.
J'y reviendrai ptet aussi même si je risque de retourner sur la course mystère si elle est renouvelée;)

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