Communauté des sports d'endurance

Vous avez lu l'histoire des machine-gones ?

Comment ils coururent, comment ils grimpèrent... ça vous a plu, hein ? vous en demandez encore ?

Alors voici l'histoire de Verticale musa et Musca double K

Qu'est-ce qu'on n'a pas écrit sur lui et moi ?

On prétend que nous courons de sang froid...

C'est pas drôle mais on est bien obligés

De fouler les sentiers qui se mettent à couiner...

Lui c'est le Muscardin

Elle c'est la Musaraigne

A eux deux, ils forment le gang Machine-Gones...

Leur noms : Musa Grimpante et Musca Géant !

Voici donc l'histoire de la musaraigne et du muscardin à l'assaut du K2 de Villaroger-les arcs. Le premier du nom... (Merci à Serge Gainsbourg pour l'intro, on reprend la main maintenant, c'est bon, merci).

 

A l'origine de cette aventure, il y a cette (im)pitoyable campagne de désinformation et de dénigrement montée contre les machine-gônes dans le but de vendre du papier sans accorder le moindre égard à la vie privée des "rongeurs" !

 

 

L'écho des chèvres :

"Alors Musa, on renonce à la première grimpette ?"

Le kéké diplomatique : "Ascenseur social en panne chez les rongeurs, c'est la parité qui trinque"

 

Bouk-info-soir : "Tic et Tac sont devenus de vulgaires croc-bitumes"

 

Bouc89 : "Quand Musa se donne en spectacle, les spectateurs prennent l'eau..."

Paris bouc-bouc : "Préparation à la montée pour les machines-gones : presque aussi balaise qu'une séance d'entraînement du PSG !"

Médiabouc : "La musaraigne préfère faire des emplettes dans les magasins ouverts le dimanche plutôt que de la course à pied"

Dude-express : "Le muscardin, roi des flemmards !"

 

La Croix Cornue : "L'insectivore a un petit vélo (jaune) dans la tête !"

 

Le Rossagaro : "Le muscardin n'en branle plus une !"

 

Arclu7jours : "Musa n'amuse que la cornemuse..."

Caprivoici : "Le muscardin est à bout de souffle !"

 

Lekéké Match : "Poudre aux yeux : Musa s'envoie en l'air avec un baron de la drogue !"

 

Le Papi-Point : "Scandale à la Forticime : Aucune opposition réelle pour le joyau Corail Bugnard qui devance facilement ses 2 dauphines en eau trouble !"

Direct-Capri : "Le muscardin champion toutes catégories... de la diététique !"

 

Les Inrossuptibles : "Musa enchaîne (un peu trop) les conquêtes !"

 

Bouc-Society : " Pathétique, le muscardin obligé de jouer les rois du sprint pour exister aux yeux de musa !"

Ici-le-bouc: " Périlleux ménage à trois chez les rongeurs : qui c'est qui va chialer comme une madeleine ?"

 

Autant d'excès impardonnables d'une junk-press incapable de saisir dans l'activité estivale des machine-gônes la cohérence d'un programme de préparation à La Course. The Race. Sa majesté le K2....

Quand il a lu tout ça le muscardin, il est monté sur une cime enneigée, et il s'est mis à danser avec une grosse chaîne en or autour du cou et des ray-ban en chantant :

"j'me tire, me demande pas pourquoi je suis parti sans motif... pour garder le sourire, j'me disais qu'y a pire. Si c'est comme ça, bah fuck la vie d'artiste. Je sais que ça fait cliché de dire qu'on est pris pour cible, mais j'veux le dire juste pour la riiiiimmme. J'me tire dans un endroit où j'serais pas le suspect. Après j'vais changer de nom comme Cassius Clay. Un endroit où j'aurais plus besoin de prendre le mike, un endroit où tout le monde s'en tap' de ma life. Stop, plus réfléchir, stop qu'est-ce que je fais ? stop, j'me tiiiire.."

ça a été bien difficile de le rattraper par les oreilles pour le faire redescendre sur terre et de lui redonner un but dans le monde du trail...

Alors il est bien temps de rétablir quelques vérités :

1) Non, la musaraigne ne baisse pas les moustaches devant la première petite pente venue. En témoigne la bonne tenue de route de ses pattes postérieures à la Crozet-Raide. Kilomètre vertical de rôdage en vue du fameux K2 :

2) Non, le muscardin n'est pas (complétement) à mettre au rebut. En témoigne, son accélération dans les 50 derniers mètres de la même Crozet-Raide pour éteindre l'enthousiasme d'un supporter stéphanois qui s'y voyait déjà.

3) Oui la musaraigne se sert bien d'un petit vélo jaune, mais elle ne peigne pas la giraffe avec, et ce n'est pas celui dont les caricaturistes l'ont affublé :

4) Si on se contente de ne regarder que les 100 premiers mètres de la course, même Corail Bugnard paraît une "bouffeuse d'asphalte". Et effectivement, elle évolue dans une autre dimension, mais si les batraciens, boucs, hermines et autres espèces évadées du zoo veulent tenter de la suivre, on leur souhaite bien du courage...

5) Non, la musaraigne n'a pas perdu tout contact avec la montagne. Au contraire, elle travaille secrètement son sens de l'équilibre

Et pourquoi fait-elle tout ça la musaraigne ?

La réponse est simple : c'est pour que, lorsqu'elle sera là haut, sur le glacier de l'Aiguille Rouge, en face du col du petit St Bernard, elle se sente comme chez elle, prête à décrocher les nuages dans un ultime effort.

Et ce n'est pas rien, de trouver encore assez d'oxygène à s'envoyer dans les bronches à 3200 mètres quand on vient de monter d'une traite 2000 m de dénivelé dans le temps le plus réduit possible. En plus, tout le gratin des grimpeuses, ou presque, sera là... avec la championne du monde en titre et une quinzaine de funambules du vertical. De quoi, faire naître des rêves d'ascension dans l'esprit de Musa et des cauchemars dans celui du muscardin...

Justement, c'est en montant le col du petit St Bernard qu'on distingue le mieux le parcours du double kilomètre vertical de Villaroger. Avec le village, au centre gauche et en bas de l'image. Et la fameuse Aiguille Rouge enneigée, même en août, qu'on doit rejoindre dans le délai le plus bref possible.

Ce dimanche matin, on est venus à trois depuis Albertville et Bourg-st-Maurice dans une seule voiture mais en admettant qu'on arriverait pas forcément ensemble au sommet. Mais chacun avait son petit défi en tête... stephane voulait juste terminer, le musca savoir s'il était encore bon à quelque chose et musa essayer d'accrocher un peu le pas de ses modèles. Pour tout le monde, le jeu consistait donc à suivre des petits fanions oranges, dangeureusement disposés dans la pente.

Pour l'occasion, on s'est équipés de petits cardios. Sur la ligne de départ, au repos, le muscardin remarque que le sien indique 110. Peut-être qu'il est déréglé, se dit-il, avec optimisme. Pourtant l'échauffement a été des plus légers.

En fait, ça part sur un rythme très très soutenu. En l'occurence, en courant à 8 ou 10 km/h dans une pente à 20%. Au bout de 5 minutes, une dizaine de concurents sont partis en éclaireurs. Un premier gros wagon s'est détaché. Musa est bien installée dans le deuxième. Un troisième est en panique. Le muscardin court après le train. Il est suivi par une dizaine de participants médusés. Au delà Stéphane garde les attardés du gruppeto en point de mire.

Evidemment tout cela s'effiloche rapidement. Au bout d'une demie heure, il y a des segments dispersés un peu partout dans la pente et quelques chenillettes. Mais sur des pentes aussi raides, on ne peut pas trop compter sur l'aspiration (au grand dam du muscardin qui de toutes façons est isolé). Ceci dit, tout ça fait bien marrer Christelle Dewaelle, qui a de bonnes raisons, vue qu'elle est championne du monde de kilomètre vertical.

"La pente est raide mais c'est la pente". Chacun essaie de contrôler le coureur de derrière et de ne pas lâcher le coureur de devant. Le muscardin se dit que c'est dommage de ne pas se mettre en cordée. La musaraigne trace sa route. Stephane trouve qu'il n'aurait pas du mettre une doudoune.

Jessica Pardin repère un faux plat de 10 mètres : l'occasion de mettre une bone mine, histoire de montrer ce qu'on peut faire avec des Hoka !

Les 6 ou 7 meilleures filles sont dans le premier wagon (en cours de dislocation). Musa est bien placée dans le second - celui qui garde un peu de tenue - Un leitmotiv : "D'abord s'organiser". Dans le 3e wagon, pas d'envoyé spécial. Dans les gruppetos qui suivent, le muscardin note qu'il est à 153 bpm, c'est à dire tout près de sa fc max. ça sent la crise d'asthme d'effort... Stéphane n'a pas abandonné, on le voit en bas, en tout petit, il a rangé sa chapka et son anorak dans son sac de l'armée et il mange une banane.

Au bout d'une heure : il y a deux genre de gens : ceux qui attaquent les pierriers du dernier tiers du parcours et les autres, les normaux, ceux qui viennent de passer ou vont passer le ravito du premier 1000 m de D+. Musa est passée en 58', ce qui est pas trop mal. Mais bizarrement, au niveau respiration ça se complique. Le muscardin est en apnée. Il passe en 1h10. Stéphane, pendant ce temps, cherche s'il a des cacahuettes quelque part car il a très envie de salé.

On pensait que c'était déjà assez pentu comme ça mais en fait non, après un répit entre 2200m et 2600m où on aurait presque pu imaginer reprendre un petit trottinage, ça se complique sérieusement...

Il y en a qui sont parfaitement à leur aise dans ce genre de situations. Comme Corinne Favre ! Aux alentours d'1h45, on voit arriver les premières dames (1h37 pour Christelle D. échappée). Musa qui avait fait bonne figure jusque là, commence à coincer. Elle coince ses bâtons dans les cailloux pour être précis, même si le coeur et la respiration vont plutôt bien. C'est dommage ces pierres qui roulent sous les orteils parce qu'elle tenait compagnie à Rachelle Bontaz, qu'elle admire mais qui a plus le pied alpin on dirait.

Pendant ce temps, le muscardin est perdu dans un névé. Stéphane, lui, s'est installé à l'ombre pour mettre un peu de crème solaire. Il n'a absolument pas renoncé, mais il a soif.

On fait comme on peut. Chacun sa technique. Pour beaucoup, le chrono n'a plus vraiment d'importance. On se demande juste si on va finir.

Musa est toujours dans le sillage des 8 ou 9 premières, mais sur la glace elle patine un peu trop à son goût... Elle ne savait pas qu'il fallait des pneus-hiver.

En regardant plus bas, elle n'aperçoit pas le muscardin. Il est avant le glacier, plus dans les vapes qu'autre chose.

Quand on croit que c'est fini, non ce n'est pas fini, ça chahute les chevilles et on a l'impression de constamment repartir en arrière. Peu d'endroit où planter correctement ses bâtons et quand on y parvient, c'est quelques fois un mal pour un bien parce qu'on peine autant à les arracher du sol qu'à les enfoncer.

La récompense est grandiose : En haut une vue à 360°. Un panorama d'enfer. Le Mont Pourri qu'on pourrait presque toucher. Un ravito salutaire où on engloutit bouteilles après bouteilles et où on se gave de fruits, fromage et délices chocolatés en tous genres.

La redescente est tout une affaire. Plus facile mais presqu'aussi longue que la montée. Un télécabine pour parcourir à l'envers le tiers du parcours. Une longue ballade jusqu'à un bar où l'organisation offre une bonne bière fraîche, une somptueuse part de pizza et un t-shirt finisher. Puis une nouvelle longue ballade sous le soleil jusqu'aux remises de prix et autres collations.

 

Ah oui, on oubliait... qu'est-ce que ça a donné pour les médailles et tout ça ?

Le muscardin a pu être redescendu après un effort de presque 3 heures sans l'intervention des pompiers. Stephane n'est pas arrivé bien après. Il a dit qu'après ça, il était prêt pour Koh-Lanta ...

Musa a atteint son but en 2h15 d'un train solide : repartir avec un panier garni supplémentaire et une photo sur la boîte en compagnie de ses idoles. Et oui, un petit top-10 suffisait pour gagner son petit coin de paradis.

C'est juste comme ça qu'elle grimpe au 7e, la musaraigne. Tout simplement. Alors allez pas inventer des histoires les journaleux. Venez plutôt faire de la vertical race avec nous. C'est magique !

D'ailleurs, maintenant, chaque fois qu'on essaie de se ranger,

De s'installer tranquille dans un terrier,

Dans les trois jours voilà, le tac à tac

De l'envie du KV qui revient à l'attaque.

De toutes façons ils pouvaient plus s'en sortir,

La seule solution c'était courir.

Mais plus d'un les a suivi en enfer.

Quand musa et musca y grimpèrent...

FIN

Photos Crozet-Raide : Sebastien Cusin (les belles), Le Musca (les autres)

Photos K2 : Alexandre Garin (en bas), Eric Lamugnière (en haut), Le musca (vu d'en face)

Photos des MG : Les MG ou des copains

Intro et conclusion : featuring Serge Gainsbourg (Bonnie & Clyde)

Intermède musical du muscardin en milieu de récit : Maître Gims

Special guest : Merci à Christophe Lemaître qui a eu la gentillesse et le Culoz d'apparaître dans un récit Machine-gonesque.

Notes de l'éditeur : "Tic et Tac" est le sobriquet donné aux MG par le bouc lors de leur week-end d'intégration au sein du Zoo de l'Isère, il y a quelques années. Depuis, certains les appèlent encore "les rongeurs", bien qu'à proprement parlé, la musaraigne soit un mammifère insectivore. La variété alimentaire étant source d'équilibre dans un couple, on ne peut que s'en féliciter.

 Making-off : Pour ceux qui ne sont pas à l'aise avec le planté de bâtons, on peut aussi y mettre les mains. Ah ! Ah ! Ah !