Communauté des sports d'endurance

Préambule

Défié au mois de mars par nos amis de la “Team DSK”, nos éternels rivaux de la Sainté-Lyon en relais, nous décidons avec mon frère et équipier Christophe de nous inscrire à notre tout premier Raid : La Fraggle-Rocs à Crémieu (38).

C’est un tout nouveau sport pour nous qui sommes plutôt habitués aux compétitions de trail en milieu de peloton (UTMB comme objectif cette année pour moi et la Moins’hard pour Christophe), ça veut dire se mettre très vite au VTT et comprendre un minimum les cartes de course d’orientation. Pour ne pas faire les choses à moitié, on s’inscrit directement sur le parcours le plus difficile (Aventure), notre nom d’équipe sera “Raid is Dead” (en référence à la Cité de la Peur pour les cinéphiles), le départ en prévu pour le 26 avril à 9h30. Détails du parcours aventure: http://www.fragles-rocs.fr/images/Sorties/Raid/Feuille_de_Route_Raid_Aventure_2015.pdf

L’entrainement

Côté endurance on se sent plutôt prêt pour le raid, on a repris l’entraînement course à pied depuis février/mars, 6h15 d’effort c’est dans nos cordes, mais 4-5 heures de vélo, beaucoup moins ! On essaie donc de se remettre au VTT en se programmant 3-4 sortie de 1h-2h max, c’est court pour vraiment s’entrainer, mais c’est mieux que rien…

La dernière fois que j’ai fait du VTT, ça remonte à 4 ans et pour mon frère ça remonte carrément à l’enfance il y a une vingtaine d’année… On a donc ressorti nos vieilles bécanes, Christophe prendra le vélo le plus récent, et je prendrais mon vieux VTT datant d’une vingtaine d’années qui m’accompagnait partout quand j'étais gamin: il est vieux, poussiéreux, pèse 1 tonne, mais il semble rouler, c’est le principal :-)

Les 2 premières sorties sont un peu difficile:  habituer son postérieur à la selle et monter dans la boue est un peu déconcertant, on se dit que la course va vraiment être compliqué, surtout qu’on a régulièrement des problèmes avec le petit plateau avant qui nous limite à 12 vitesses.

Les 2 dernières sorties nous redonnent un peu confiance, on a beaucoup plus d’aisance même si en fin de sortie Christophe m’alerte sur des tiraillements annonciateur de crampes, pas de très bon augure sur le raid.

Le Raid Fragles-Rocs

Le départ

Dimanche 26 avril, 8h45, le matériel est prêt, on se rend à Crémieu pour chercher nos dossards. On croise tout de suite nos amis de la Team DSK qui explosent de rire en voyant ma vieille bécane débarquée de la voiture. Leur équipe est composée de Romain (un excellent coureur de trail inscrit à l’UTMB cette année et un habitué des raids) et de Bruno, bon sportif mais aussi un bon vivant qui n’a pas été très sérieux la veille :-) ce qui nous rassure sur nos chances de les battre ! La règle : toujours avoir son coéquipier à vu, donc chaque équipe doit prendre le rythme de l’équipier le moins préparé.

9h15: on écoute attentivement le briefing, tout est nouveau pour nous, on nous annonce que parmi les 34 équipes présentes, ça allait certainement se jouer entre 5-6 équipes au dessus du lot, nous notre objectif c’est simplement d’éviter la dernière place.

9h30: C’est parti !

1ère section

La première section se compose de 3 épreuves qui se suivent:

1: Un trail urbain en suivi de balisage d’environ 1.5km (dans Crémieu)

2: VTT en suivi balisage d’environ 2.5km pour rejoindre la zone VTT’O

3: VTT Orientation, avec 17 balises à la clé

Comme prévu ça part fort sur le trail, on suit à notre rythme à 10-14km/h selon la pente, la perte de temps est minime sur ce genre d’épreuve mais on se laisse vite prendre au jeu. On arrive à la Halle où on récupère nos VTT pour partir sur la 2ème section, je pars sur mon vélo comme un dératé et oublie complètement que Christophe n’a pas le même rythme, je me suis fait prendre au jeu, mais je ralentis au bout de 500m lorsque je m’aperçois qu’on commence à se perdre de vu. Ca tombe bien, la première montée commence et s’engage sur un single track compliqué, le passage est court, mais on se retrouve tous à pousser le vélo à la main.

Après 150m de D+, on rejoint la première épreuves à balises: le VTT’O: on nous distribue une carte IOF de la région, on est entre Crémieu et Moras, un coin qu’on ne connaît pas beaucoup. Il y a 17 balises marquées sur la carte, on doit en récupérer un maximum en un minimum de temps. Initialement on a prévu de se laisser 2h30 sur cet épreuve, mais on a aucune idée de la difficulté, on décide d’aller chercher la balise la plus proche, la N°1 pour se faire une idée avant de planifier les autres. Ça commence mal… on s’engage dans un chemin “large” qui n’est pourtant pas sur la carte et qu’on confond avec le chemin tracé, on perd pas mal de temps avant de se rendre compte que la carte n’est pas si fiable (On apprendra plus tard que la carte qu’on nous a distribué n’était pas la version finale, ces chemins apparaissent sur la carte que personne n’a reçu). On décide de prendre des points de repères et de calculer les distances pour s’assurer de prendre les bons chemins, c’est tout de suite mieux ! On trouve enfin la première balise et on établit notre plan : on va commencer par 1,2,3,18, 13 et 4, puis selon le temps qu’il nous reste on avisera sachant qu’on récupérera la 9, 11 et 17 sur le retour.

 

C’est parti ! Avec les nouveaux réflexes, la lecture de la carte est simple, mais je dois souvent m’arrêter car mon support de carte est très artisanal (une simple feuille plastifiée attaché avec du câble électrique :). On arrive rapidement à la balise 2, puis la 3, mais les choses se compliquent pour la 18: introuvable. On croise une autre équipe qui nous dit que tout le monde cherche la 18, le chemin censé nous y amener n’existe pas… (On apprendra plus tard qu’il s’agissait aussi d’une erreur sur la carte) Au bout de quelques minutes on décide de continuer en se disant qu’on va prendre un autre chemin (en arrivant du sud-est-est), on repère avec un peu de mal où on se trouve en observant les champs à notre gauche et la proximité de la route, c’est bon ! Il suffit de prendre à droite aux 2 prochaines intersections. On tombe alors sur la balise 16 qui ne figure pas sur notre plan ?! Néophyte en CO, on décide de la récupérer : ça ne peut pas faire de mal ....

On continue, YES ! la 18, l’adrénaline est à son comble, on décide d’aller récupérer la 13 en allant chercher un chemin à 100m au sud pour éviter de descendre pour remonter, on se retrouve avec le vélo sur les épaules pour couper à travers bois, mais on est vite récompenser par le fameux chemin et on trouve facilement la balise 13, idem pour la 4.

On fait le point, on décide qu’on peut se permettre en retard de 20-30 minutes sur notre planning si c’est pour ramener 4 à 5 balise supplémentaires, on va donc aller chercher la 12, 15, 10, 14, 5, 9, 17 et 11, ce qui nous permettrait de finir cette épreuve avec 14/17 balises, les 6,7 et 8 nous éloignent beaucoup trop du chemin de retour.

Les balises 12 et 15 sont un peu bizarres: on les trouve aux endroits annoncés, mais le numéro sur le poinçon ne correspond pas, on décide de poinçonner aux numéro 12 et 15 et on verra bien (On apprendra aussi que c’est dû à l’erreur de cartographie). On enchaîne les autres balises, mais ça commence à être vraiment dure: Christophe pousse son vélo à la main dès que la pente monte un peu de peur de prendre des crampes, je fais de même car ça ne sert à rien d’essayer d’aller vite. Je prend parfois un peu d’avance en restant à vu pour aller chercher certaines balises et lui éviter des efforts inutiles.

Il nous reste plus que la balise n°11 à aller chercher avant de rejoindre la 2ème section à Dizimieu. La balise est notée sur un chemin très boueux dans une bonne descente, mais on ne la voit pas, on rencontre une autre équipe qui cherche aussi la balise, on revient un peu en arrière mais la perspective de remonter la pente nous refroidit, surtout qu’on est pas du tout sûre de la trouver (on repense à la balise 18), on décide de laisser tomber la 11. Je me rendrais compte plus tard que sur la carte IOF il y a des informations sur l’emplacement des balises, pour la 11, l’indication était “source” (confirmé par un bénévole): la balise se trouvait au niveau d’une source d’eau et pas forcément très visible sur le chemin.

A ce moment, on pense avoir récupérer 13 balise sur les 17 + 1 autre balise (erreur ? bonus ?)

2ème section

On arrive à Dizimieu avec 30 minutes de retard sur nos prévision, et on se rend compte qu’avec la fatigue accumulé il va falloir revoir considérablement nos ambitions à la baisse et probablement sauter des épreuves. Cette 2ème section se compose de 3 épreuves optionnelles que l‘on peut prioriser:

1: Run&Bike de 10km avec 4 balises valant double (8 points)

2: Un labyrinthe mémo de 6 balises valant pour moitié (3 points)

3: Une course d’orientation avec 9 balises à la clé

On décide de faire le Run&Bike et le labyrinthe mémo, puis de se laisser jusqu’à 14h15 pour essayer de faire les balises les plus simple de la CO.

On tombe sur nos amis de la Team DSK, ils ont déjà terminé le Run&Bike et ne feront pas la CO, ils sont déjà sur le départ de la 3ème et dernière section. On se dit qu’ils sont soient vraiment très fort, soit ils prennent beaucoup de risques en faisant des impasses sur les épreuves.

C’est une première pour nous le Run&Bike, on décide de se passer le vélo toute les 2 minutes environ selon la typologie des lieux (Christophe préfère courir en montée plutôt que de risquer des crampes sur le vélo), celui qui a le vélo prend toujours un peu d’avance pour laisser le vélo à terre et part en courant pour gagner du temps. C’est donc parti pour une grosse séance de fractionner de plus de 50min. On connaît un peu le parcours, on était passé dans le coin 2 semaines auparavant, mais on découvre très vite de nouveaux chemins sympathiques. Les organismes sont fatigués, on essaie de tenir une moyenne de 13km/h mais c’est compliqué lorsque le dénivelé fait son apparition sur le parcours, heureusement ce ne sont que 150m de D+, dont une bonne montée en single track.

Retour au village de Dizimieu, on a réussit à récupérer les 4 balises du Run&Bike (il suffisait de respecter le balisage), on passe au labyrinthe mémo. C’est une épreuve très simple, où les 3 points sont quasiment donné, il suffit de trouver les bonnes balises dans un petit labyrinthes de quelques dizaines de mettre, avec a carte consultable à volonté (on aurait pensé qu’il fallait mémoriser la carte une seule fois pour toute ce qui aurait compliqué un peu la tâche). On pense avoir récupéré 3 points facile sur cette épreuve.

Reste la CO… Il nous reste 15 minutes sur notre timing de 14h15, on décide d’aller récupérer les balises 2,3,6, 7 et 1.

On trouve rapidement la 2, puis on contourne près du lac pour aller chercher la 3. On part en direction de la 6 en traçant tout droit et on tombe de nouveau sur une balise hors carte, la 4… On décide de la poinçonner. On navigue 2-3 minutes dans la forêt avant de tomber sur la 6, il est déjà 14h25, la 7 à l’air assez proche mais en haut de la colline et pas si simple de trouver un chemin pour la rejoindre. On décide d’essayer, mais on perdra facilement 15 minutes avant de renoncer: on suivait un chemin alors qu’il aurait probablement fallu sortir des sentiers battus.

On est en retard ! On va alors poinçonner la 1 avant de partir à la 3ème section. Cependant, je ne pas sûr que ce soit la 1 que j’ai poinçonné (peut-être une autre balise non signalée à 50m de la 1, je n’ai pas fait attention…) On pense repartir avec 4 balises (sur 9) + 1 autre à ce moment.

3ème section

Il est 14h30, il nous reste qu’1h15 pour terminer la 3ème section et on se rend compte qu’on a très largement sous-estimée cette section, la preuve en est que nous sommes les derniers à quitter Dizimieu, il n’y plus que nos vélos sur le parking. Cette section se compose de 3 épreuves, dont 1 optionnelle:

1: Rejoindre la zone de CO vers Siccieu grâce à un suivi IGN en récupérant 2 balises: 7km et 200D+

2: La CO (optionnelle), mais composée de 15 balises !

3: Rejoindre l’arrivée à Crémieu en récupérant 2 balises: 7km et 50D+

A la lecture de la carte IGN, je m’aperçois qu’on ne va pas faire 5+5km comme annoncé, mais plutôt 15km sur 250-300D+. A ce stade de la compétition, la moindre monté en vélo est un supplice. On se dit que le but c’est d’arrivée à l’heure en récupérant les 4 balises, tant pis pour la CO ! Au mieux si on a 5 minutes de marge on peut essayé d’aller chercher 1 balise.

La chance pour nous c’est qu’on connaît une partie du parcours, je perd moins de temps à lire la carte, même si certains chemins sont vraiment inédit et un peu casse gueule pour nous (la grande descente en direction de St-Julien). Gros moment de stress par moment, on est vraiment limite sur l’horaire, au moindre problème c’est finit !

On rejoint finalement la CO, on se dit : “Allez ! 1 balise pour le fun”, on part avec la carte en estimant à 5-10 minutes le temps de récupération de la premières balise. On court en direction de la balise, je regarde ma montre, je m’arrête, un moment de lucidité me traverse l’esprit:  “Qu’est-ce qu’on est en train de faire ? on laisse tomber la balise, la barrière horaire est dans 30 minutes à Crémieu, il faut qu’on parte maintenant !”. On rend la carte 1 minute après l’avoir récupéré, sans balise.

On repart à fond sur Crémieu, contrairement à l’heure précédente, il y a beaucoup de monde qui rejoint Crémieu, je prend quelques risques en laissant parfois la carte IGN de côté en suivant les coureurs qui ont l’air bien plus expérimentés que nous. Mais dès la première montée on est lâché puisqu’on doit pousser le vélo… Puis vient la grande descente en direction de l’étang de Ry, mon frère prend un peu d’avance et fait une énorme chute à plus de 30km/h, je prend un peu peur en le voyant à terre, mais il se remet très vite debout, il me dit qu’il pense que ça va, le vélo fait une drôle de bruit mais on continue, son pneu avant se dégonfle, ça va se jouer à la minute près !

15h35, il reste 10 minutes ! Je fais un dernier point sur la carte en bas de la descente, c’est bon, je connais le chemin ! On trace, cette fois on descend plus des vélos en monté, on aperçois la dernière balise qu’on poinçonne rapidement, il reste moins de 5 minutes, on voit Crémieu en bas, plus que de la descente ! On fonce, un mec me double en rigolant et me sort “Respect ! Finir le raid avec un vélo comme ça”, j’en rigole moi-même, on arrive finalement à 15h43-44 à 1 minute de la barrière horaire (on avait 2-3 minutes de marge grâce à un arrêt chrono à Dizimieu).

L’après-course

Ca fait du bien de descendre du vélo ! On prend quelques minutes pour s’étirer mais on retombe très vite sur nos amis de la Team DSK qui sont arrivées 10 minutes avant nous. On continue d’échanger sur nos aventures et mésaventures autour du repas d’après-course et d’une bonne bière bien méritée offert par la brasserie locale (les Ursulines). Nos challengers ont concentrés leurs efforts sur la dernières CO où ils ont ramenés pas mal de balises, mais ont commis une erreur sur le parcours Run&Bike en partant dans le sens inverse et loupant un balise double par la même occasion, on se dit que le classement sera serré entre nos 2 équipes, mais certainement en fin de classement quoi qu’il arrive !

Faute de connaître le classement, on décide d’aller fêter ça avec 4 bon pichets de bières aux Ursulines, ni vainqueurs, ni vaincus !

Debriefing sur le raid

Difficile d’être objectif sur le jugement du raid puisque c’est le tout premier pour nous, en revanche on a l’habitude des compétitions de trail, que ce soit avec de petites organisations locales ou de grands évènements (templiers/utmb/…).

L'organisation de Fragles-Rocs est tout simplement géniale: organiser autant d’épreuves sur plusieurs villages avec toute la préparation que cela demande en terme de reconnaissance et de cartographie, c’est vraiment appréciable ! Je pense que aussi bien les locaux que les équipes qui viennent de plus loin ont pu découvrir de superbes parcours dans notre belle région où les chemins en forêt ne manquent pas (ils ont réussit à nous faire découvrir pas mal de nouveaux chemins, alors que l’on coure souvent dans le coin). La bière et le repas d’après course était tout aussi appréciable :-)

Concernant les problèmes sur la cartographie, ce sont des erreurs qui peuvent se produire et qui font parti du jeu, tout le monde est logé à la même enseigne même si c’est forcément frustrant pour tout ceux qui viennent pour gagner, tout comme lorsqu’un vole de balise est commis.

En seul point négatif, c’est concernant le classement final, où il y a eu un petite confusion sur un premier classement publié par “Terre de Running” où on se retrouvait à la 23ème place davant la Team DSK (dernier carton oublié non comptabilisé ?), mais 2 jours après le classement détaillé est sorti : on serait 29ème sur 34, à 0.5pts de la team DSK (à priori on a oublié une balise à la mémo…), mais on est pas dernier, objectif en parti rempli :-)

Je ne pensais pas dire ça, mais finalement je crois bien qu’on reviendra sur ce raid et peut-être même qu’avec un peu d'entraînement et l’achat de vélos plus appropriés on pourrait faire mieux que cette année, merci à la Fragles-Rocs !