Récit de la course : L'Ardéchois - 36 km 2015, par cabalex

L'auteur : cabalex

La course : L'Ardéchois - 36 km

Date : 2/5/2015

Lieu : Desaignes (Ardèche)

Affichage : 2350 vues

Distance : 36km

Objectif : Objectif majeur

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ARDECHOIS TRAIL 2015 : QUE LA MONTAGNE EST BELLE

 

En ce début mai, Laurence et moi revenons enchantés de notre participation à l’Ardéchois Trail. Nous venons de quitter nos hôtes du week-end de la maison du Pouchon à Désaignes et sur la route du retour, la « Montagne » de Jean Ferrat résonne harmonieusement dans la voiture, symbole d’un moment authentique, convivial et solidaire.

Deux jours où nous avons appris sur nous-mêmes et les autres. Car cette course à pied dans la nature ardéchoise ne laisse personne indifférent : paysages variés et escarpés, accueil simple et chaleureux des habitants. Le premier jour, Laurence a terminé son premier trail d’environ 10 km, heureux pour elle car nouvelle expérience sportive et humaine, avec l’importance dans ce genre de course du cumul de dénivelé (250m D+ au final au lieu de 165 m D+ prévus). Alors ce 2 mai au matin, j’arrive dans de bonnes dispositions. J’ai bien digéré les 26 km du Beaujolais Trail Villages couru trois semaines auparavant. Et nos hôtes, Monsieur et Madame Condette, nous ont gâtés deux soirées durant au niveau gastronomique : soupe à la châtaigne, ravioles, salaisons, criques, gâteau ardéchois et vin bio, un régal ! De plus, ils inaugurent cette semaine leur gîte et chambres d’hôte dans la maison du Pouchon, du nom du ruisseau qui coule en contrebas. Le village médiéval de Désaignes se situe à 5 km, nous sommes en pleine cambrousse. Rémi Condette est un ancien militaire de carrière qui après diverses expériences professionnelles dans le civil, notamment dans la pâtisserie (d’où le gâteau ardéchois qui est à tomber par terre !), a souhaité se reconvertir dans l’hébergement d’accueil éco-responsable et convivial. Nous faisons également la connaissance de Fabienne et Pascal Chamfroy, originaires de Bar-sur-Aube, près de Troyes. Pascal, organisateur d’un trail dans sa région (Trail de la Côte des Bar le 17 mai prochain) et bon connaisseur de champagne, prépare l’Ultra Trail du Mont Blanc et vient « s’entraîner » sur le grand parcours du 57 km et ses 2400m D+, tandis que j’opte pour le 36 km et ses 1550m D+.

LITTLE BUDDHA

 Le départ des deux distances est commun à 8 heures du matin. Les 850 engagés s’élancent sous le soleil, l’invité surprise. Le départ est donné par Louis Chantre, le directeur et fondateur de l’Ardéchois Trail, il y a 21 ans. C’est le pilier de cette organisation, épaulé notamment par les bénévoles du comité des fêtes de Désaignes. Un autre personnage du trail est présent ce matin, c’est le coureur népalais Dachhiri Dawa Sherpa. Tous les connaisseurs du trail louent sa gentillesse et sa disponibilité légendaire, lui qui détient un palmarès long comme le bras. Aujourd’hui, l’homme a le visage grave. Son peuple, sa famille et ses amis souffrent dans leur chair, suite au tremblement de terre du 25 avril dernier au Népal. Les organisateurs ont ainsi décidé de proposer une collecte d’argent au moment du fameux bœuf à la broche servi à l’arrivée. Car Dawa Sherpa est un ambassadeur de son pays. Après avoir fréquenté une école monastique dans sa jeunesse, Dawa a notamment découvert la course à pied dans les montagnes de l’Himalaya, a rencontré à cette occasion sa future épouse puis s’est révélé au plus haut niveau de son sport en France et en Suisse, là où il réside et travaille. Le trail, c’est pour lui la communion entre le corps et l’esprit, la performance est secondaire. Dawa est aussi un exemple d’humilité et de générosité : à la demande du comité olympique népalais, il a représenté son pays aux jeux olympiques d’hiver à trois reprises en ski de fond, même s’il a attendu 34 ans pour monter sur des skis. Aux J.O. de Vancouver en 2010, il termine 95ème sur 99 arrivants sur 15 km mais son embrassade avec l’Ethiopien Teklemarian fait le tour du monde. Et dès qu’il peut, il rentre au pays pour suivre divers projets solidaires. Dawa, c’est un peu « Little Buddha ».

MAUVAISE CHUTE A ROCHEBONNE

Aussi, le scénario du 36 km s’est déroulé de manière inespérée : un parcours technique et varié digne des Templiers, un départ à allure maîtrisé en côte, dans une ambiance festive, quelques orchestres instrumentaux rythment nos pas à plusieurs endroits du parcours. Les sensations sont bonnes dans la montée vers le hameau du Syalles, au pied d’un champ d’éoliennes. C’est un paysage rustique de moyenne montagne, alternances de pistes forestières, monotraces, traversée de quelques cours d’eau. Une vraie course d’orientation. Le moment fort restera la monotrace sur la barre rocheuse des vestiges du château de Rochebonne : une partie technique dans les pierriers et un beau passage au pied d’une cascade, sous les yeux et l’objectif photo de Louis Chantre et Dawa Sherpa, omniprésents sur le parcours. Jusqu’ici, j’ai dosé judicieusement mon allure mais emporté par mon élan enthousiaste et un manque de concentration, je trébuche lourdement sur une grosse pierre. Le genou gauche ensanglanté, le soutien des autres coureurs, je me relève difficilement. J’apprécie l’esprit solidaire du trail. Je repars en courant à petit trot. Peu à peu, la douleur s’estompe et la confiance revient. A l’unique ravitaillement du 36 km de Saint de Roure (km 22), je reprends des forces et repars l’air fringant, c’est de bon augure, le mental est mon point fort. Plus l’arrivée approche, plus j’accélère l’allure. Certaines parties roulantes me conviennent parfaitement. Je dépasse un à un des coureurs du 36 et 57 km. A 6 km de l’arrivée, les deux parcours se séparent, je file à toute vitesse, à près de 14 km/heure dans la descente finale. Cette fois, concentration maximale sur mes appuis, tout en jetant un œil parfois sur le beau panorama des Monts d’Ardèche. Je dépasse la première féminine à 3 km de l’arrivée, on m’annonce en 16 ème position.

Le trail court (de 20 à 45 km) me réussit décidément bien : c’est un mélange d’endurance et de vitesse, sur un terrain exigeant. A l’arrivée, Laurence est surprise de me voir arriver si tôt, en 3h47’. J’avais promis d’arriver avant midi pour la cuisson à point du bœuf à la broche ! Je finis sans être trop entamé, l’impression d’avoir donné le meilleur. J’échange quelques mots avec Dawa Sherpa qui accueille les coureurs arrivants. Je lui demande s’il compte retourner bientôt au Népal. Sa réponse est limpide : il repart cette semaine à la rencontre de sa famille et amis, qui ont survécu à la catastrophe mais n’ont plus de logement. Il me dédicace le livre « les cinq vies de Dawa Sherpa » de Luc Beurnaux. Les fonds récoltés financeront notamment des projets de reconstruction. Ma performance du jour me semble alors dérisoire. Puis Laurence et moi faisons connaissance avec un garçon sympathique, originaire de la région de Bellegarde sur Valserine (Ain), Damien Humbert, là même où nous avons vécu deux ans. C’est un espoir du trail, quatrième de la course. La journée s’est ensuite poursuivie avec la visite du château-musée de Désaignes et la rencontre avec un castanéiculteur. Au final, l’Ardéchois Trail, c’est la conjugaison du sport, de la fête et la découverte des produits du terroir, dans un environnement de toute beauté. On en redemande…


1 commentaire

Commentaire de Gibus posté le 13-05-2015 à 22:44:33

Bravo pour ta course

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