L'auteur : Knet
La course : Marathon de Florence
Date : 30/11/2014
Lieu : Florence (Italie)
Affichage : 1083 vues
Distance : 42.195km
Objectif : Faire un temps
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Je viens de passer deux semaines à Oslo (température extérieure = 0°C) pour le boulot, et j'arrive à Florence (température extérieure 19°C) sans passer par la case "maison", chargée comme une mule.
J'avais programmé un entrainement sur 10 semaines pour le marathon. Tout se passait bien jusqu'à la semaine 4, je me sentais progresser et l'enthousiasme grandissait : je me savais capable de passer sous les 3h30. C'était sans compter sur les surprises professionnelles : j'ai enchaîné 2 semaines en Norvège, 2 semaines chez moi et de nouveau 2 semaines à Oslo. Plutôt moyen pour garder un entrainement à peu près de qualité entre des séances de fractionnés réalisées sur tapis de course, les heures de boulot, la fatigue, et des bricoles de santé qui en découlaient. Deux sorties longues de 2h20 ont également été zappées du programme à cause des voyages... Pas vraiment la meilleure préparation qu'il soit...
Mon objectif reste malgré tout les 3h30 qui m'avaient échappées à Rome de 3 petites minutes et 55s. J'ai progressé en VMA, mais sur cette préparation pour Florence, aucune des sorties longues que j'ai pu faire ne m'a vraiment rassurée...
J'arrive donc à Florence dans un état d'esprit un peu mitigé... Heureuse de revenir en Italie. Une envie folle de courir, qui plus est dans une ville superbe. Envie de me surpasser. Mais aussi pleine de doutes : ne pas être prête, ne pas avoir fait assez de volume, avoir fait trop de tapis de course, etc.
Je sais aussi que j'arrive fatiguée avec le déplacement professionnel, pas forcément dans les meilleures dispositions mentales... ni physique. Moi qui aime avoir une alimentation carrée et pesée quasi au gramme plusieurs semaines avant un marathon (non je ne suis pas une psychopathe !), il m'a fallu gérer et adapter les repas, entre restos et cantine d'entreprise... Pas évident... J'ai l'impression d'avoir gonflé comme un ballon de baudruche pendant les deux dernières semaines.
Je n'ai de toute façon plus rien d'autre à faire maintenant qu'attendre dimanche matin, où dès le départ, je me calerai sur l'allure que je me suis fixée (4'55). Restera à voir où cela me portera. J'exploserai peut être en route. Ou peut être aurai-je encore de la gouache pour tenir mon objectif. On verra bien !
J'ai récupéré mon dossard vendredi après midi. F531. Je me suis lancé un challenge personnel en faisaient imprimer au stand Asics le bracelet et les temps de passage tous les 5km pour un temps final à 3h28... Vediamo... Je n'en ai parlé à personne.
Purée, c'est fou d'avoir la trouille avant une course !!! Ce n'est que courir... Je ne suis pas pro, c'est un loisir. Mais j'arrive malgré tout à me mettre la pression pour tenter de tenir un objectif. Je me couche à 21h30, je suis crevée.
Samedi matin. Réveil en douceur après une nuit complète. Des rêves, de course à pied, étonnant ! Je me lève tranquillement et je me prépare pour aller trottiner à jeun. Depuis mon premier marathon, c'est mon rituel. 25 min à courir dans la ville, et à chaque fois, le même sentiment de jambes lourdes, de ne pas être prête, de ne pas être dedans...
Petit déjeuner en rentrant... Et une balade dans le centre historique s'impose ! La ville est superbe, complètement différente de Rome. Je me sens bien ici, en Italie. J'ai passé plusieurs semaines à Oslo, où tout est nickel, carré, propre, calme voire même silencieux. Ici, les gens parlent, parfois fort, sont proches, se bousculent, ça klaxonne, ca s'interpellent, c'est le foutoir aux intersections, personne ne respecte les passages piétons... Mais c'est ici que je me sens le mieux !
Je suis rentrée à l'appartement pour manger. Petite sieste, puis retour en ville tranquillement... Un cappuccino, puis à flâner dans les rues piétonnes de Florence. Je repars à l'appartement vers 17h30, je prépare mes affaires pour le lendemain et prends la décision de ne pas prendre les portes bidons que je n'ai testés qu'une seule fois. Je crains que la ceinture ne me serre trop le ventre et je ne suis pas assez en forme pour risquer un problème digestif en cours de marathon.
Mes vêtements sont prêts, chaussettes, chaussures, montre chargée... J'ai massé mes jambes à l'huile à l'arnica et je me suis calée devant la télé. J'ai commencé à trop réfléchir... J'ai envie d'être au lendemain, j'ai envie de courir... C'est étrange comme sensation, je n'ai pas encore vraiment la course dans la tête, je n'arrive pas à me dire que dans quelques heures, je pars pour 42,195 km.... Mais je ressens malgré tout la pression, une légère angoisse qui arrive...
J'ai envie de bien faire, d'être fière de moi et de ma préparation, me dire que malgré les dernières semaines, j'ai quand même les capacités de tenir mon objectif. Et puis j'ai envie que les encouragements des amis et de la famille soient également récompensés !!!
On est le jour J. Réveil à 6h, en forme. J'ai rêvé du boulot, incroyable ça... Je petit-déjeune tranquillement, creme petit déj, un café serré, quelques abricots réhydratés pendant la nuit.
J'ai le bide en vrac ce matin, comme depuis plusieurs jours. Ca me conforte dans l'idée de ne pas prendre avec moi la ceinture porte bidons. J'espère que ça va aller. Il ne faut pas que j'y pense, c'est tout. Mon rythme alimentaire des dernières semaines a quelque chose à voir là dedans, sans aucun doute...
A 7h30, je quitte l'appartement pour rejoindre le départ de course. Il pleut par intermittence ce matin mais il n'y a pas de vent, et il ne fait vraiment pas froid; ça devrait aller pour courir.
8h15, après avoir déposé mon sac dans le camion prévu à cet effet et m'être échauffée tranquillement, je rentre dans le sas des 3h30 - 4h00. Peu de monde, j'ai pu me coller devant. Quelques mots échangés avec les autres coureurs en attendant le compte à rebours. La pluie s'est arrêtée et on voit que le soleil n'est pas loin. Lorsque le départ est donné à 9h20, je mets à peine 2 min à passer la ligne effective.
Le premier km est lent, beaucoup de monde et ça bouchonne pas mal malgré la large avenue, mais dès le km 2 je prends le rythme de croisière : je me cale au cardio, 152/153 bpm pour ne pas refaire la même erreur qu'à Rome à partir trop fort. Je suis sur l'allure que je veux : environ 4"55. Je me sens vraiment bien, je suis dans ma bulle, je regarde mon cardio et ne fais pas attention aux autres coureurs. Ça se double, ça s'enflamme aussi pas mal mais je n'y fais pas gaffe. Je n'ai pas envie de me laisser aspirer par les coureurs et vouloir suivre certains qui me semblent avoir un bon rythme. Le parcours est sympa, au bout de 5 km on arrive aux abords du Parco delle Cascine, c'est vraiment agréable.
Je m'arrête quelques secondes aux 5km pour boire un peu d'eau : il fait vraiment doux (16 degrés au départ) et je transpire déjà. Je ne perds pas de temps sur mon chrono lors de cet arrêt, je relance sans problème.
Je continue à m'isoler, je ne pense à rien, juste à respirer, à gérer ma vitesse pour maintenir le rythme cardiaque, et avancer en étant la plus légère possible à chaque foulée.
On sort du parc au 15eme et je commence à sentir mon ventre faire quelques gargouillis. Ah non ! Pas de connerie !!!! Ca passe rapidement, mais je reste un peu inquiète. Un peu avant le 20ème, nous rejoignons les berges de l'Arno après être passés devant le musée d'art moderne (palazzo pitti) : le public est présent en masse, encourage à tout va, c'est génial. Un groupe de bretons avec le drapeau est là, je passe tout sourire en lançant un "allez les bretons" qui me vaut des applaudissements bruyants !
Je me fais dépasser par les meneurs d'allure des 3h30 juste avant le semi. J'hésite à les accrocher, je tente le coup mais je me rends compte que ça ne passe pas, le rythme ne me va pas, ça ne sera pas pour aujourd'hui, je laisse tomber. Et je me prends un gros coup de frein vers le 25eme. J'ai pourtant l'impression d'avoir les jambes, le cardio est monté un peu c'est vrai, mais j'ai la sensation de ne plus avancer et mon ventre se remet à se faire sentir.
Je sais que mon objectif "secret" de 3h28 n'est plus tenable depuis que les meneurs m'ont dépassés, du coup je décide de lever le pied le temps que mon ventre arrête de me faire mal. J'envisage même un instant l'abandon vers le 27eme alors qu'on longe la gare de Campo di Marte, la partie la moins agréable du parcours. Et puis, alors que les temps aux km 28 et 29 me plombent, mon mal de ventre disparaît presque d'un coup.
Et je me remets en route, plus fluide dans mes foulées. Le moral revient, juste avant le 30eme. Je prends le temps de boire et manger 2 morceaux de banane au ravitaillement, tant pis pour le chrono, et je repars, avec des jambes qui réagissent bien. Je décide de ne plus regarder mon temps au km, je sais que je ne suis plus dans l'objectif, je vérifie seulement mon rythme cardiaque. Je veux finir en forme et profiter des km dans le centre. Je ne me mets plus de pression avec le chrono.
Je gère correctement la montée au dessus de la voie ferrée qui nous ramène vers le centre historique de Florence. Elle fait du mal autour de moi. C'est vrai que c'est raide, et les crampes sont nombreuses chez beaucoup de coureurs.
Un espagnol me suit depuis le 25eme, on s'encourage lorsque l'un des deux commence à ralentir. On arrivera d'ailleurs ensemble sur la Piazza Santa Croce, à se féliciter mutuellement de notre course ! Je détends un peu mes bras dans la descente, je sens que les trapèzes sont un peu raides, preuve que je n'ai pas fait assez de renforcement musculaire pendant la préparation.
Au 35eme, on passe devant le Duomo, sublime. J'y suis presque ! Le public nombreux donne de la force, et de la motivation supplémentaire. Quelques français, tiens ! de nouveau le drapeau breton, je hurle cette fois "allez la Bretagne" et je me fais applaudir à tout va par le groupe !
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Je fais une parenthèse ici concernant les pavés... Nombreux sont les coureurs qui pestent les sanpietrinis pendant le marathon de Rome, mais ceux de Florence ne sont pas mal non plus, et les dalles mal ajustées sont loin d'être une partie de plaisir pour les pieds et les chevilles en fin de course ! Il faut vraiment faire attention aux appuis, et j'ai trouvé la portion de pavés peut être plus difficile à gérer qu'à Rome.
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Je sais que je vais arriver au bout de ce marathon, et j'ai confiance en mes jambes qui n'ont donné aucun signe de crampe ou de durcissement : du coup, je fais monter le cardio vers 160 bpm sur ces derniers km. La traversée du ponte Vecchio est exceptionnelle ! Les encouragements du public sont incroyables, ils me donnent le sourire, et me font apprécier encore plus ces derniers instants du marathon. Au 40eme, j'accélère puisque j'arrive à le faire, je double pas mal de monde, je me dis que toutes les secondes sont bonnes à grappiller. Je n'ai pas regardé mon temps réel de toute la course, je ne sais pas du tout où j'en suis en terme de cadence depuis plus de 10 km, mais je m'en fiche : je voulais profiter.
Je finis les 195 derniers mètres au sprint et je passe la ligne d'arrivée avec un sourire énorme et la satisfaction d'avoir fait une belle course malgré une portion de 5/6 km en demi teinte après le semi. Je récupère la médaille et comme à chaque fois, elle me remplit d'une fierté énorme.
Lorsque je suis rentrée à l'appartement, j'ai regardé l'enchaînement des km sur ma montre. J'ai été surprise : mon coup de moins bien vers le semi n'était pas visible sur les temps de passage. Par contre, le cardio était plus haut effectivement. Je me dis que c'est le mental qui a péché à ce moment là avec mon ventre qui m'inquiétait. Et chose étrange, alors que je croyais être bien en terme de vitesse à partir du 30eme, je me suis rendue compte qu'elle en avait au contraire pris un gros coup (mais le cardio était en revanche était bien stabilisé) ! Et pourtant je me sentais vraiment bien, le moral, le sourire, et avec mes jambes et ma tête qui avaient "envie" ! Comme quoi, après 30km avalés, on perd de sa capacité à analyser ce que l'on est réellement en train de faire !
Toujours est il que je suis heureuse de cette course. Je n'ai pas atteint mon objectif, mais je savais que je n'étais pas forcement en condition pour cela. J'ai surtout fini la course en "bon état" avec des jambes fatiguées oui, mais pas sensibles et des articulations sans aucune douleur. Le lendemain, pas de courbature, juste la sensation d'avoir donné la veille.
J'ai géré la course au cardio, je me suis fait plaisir, j'ai levé les yeux vers les monuments de Florence et j'ai pris toutes les ondes positives que le public pouvait transmettre le long du parcours. Les dix derniers km, même si au final, je les ai couru plus lentement que le reste de la course, m'ont paru passer à une vitesse folle !
Un beau marathon... Je ne me lasse pas de cette distance et de son exigence, des surprises qu'elle apporte à chaque fois. J'apprends à chaque course, sur moi, sur la préparation, sur ce que je dois améliorer ou corriger pour la prochaine.
Je ne suis pas "taillée" physiquement pour cette distance, mais n'empêche : elle me plait et je progresse à chaque fois. Et quand je parle de progression, je ne pense pas forcement au chrono mais bien plus à ce que j'ai dans la tête...
Pour finir, un mot pour rendre hommage au coureur décédé 1km avant l'arrivée du marathon. Comme je l'ai dit à mes amis, je ne le connaissais pas, mais on fait un peu tous partie de la même "famille " : quand on court un marathon, on ne le fait pas pour le classement (sauf l'élite bien sur) mais pour progresser, se connaître, et titiller ses limites. Sauf que la mort ne devrait pas en faire partie...
Bilan : 3h33'49 (soit quelques secondes de moins qu'à Rome en mars)
Classement général : 2014/8716
Classement féminin : 128/1460
Classement féminin catégorie 35-40ans : 37/242
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4 commentaires
Commentaire de laurent05 posté le 04-12-2014 à 14:09:19
Bravo pour ta course, avec un chrono pas si loin que ça
de ton objectif.
Merci pour ce beau récit. Bonne récup
laurent
Commentaire de Berty09 posté le 04-12-2014 à 23:00:22
Dommage pour la prépa pas au top. Sinon ça passait sûrement pour ton objectif. T'as été sage de lever le pied au bon moment pour éviter une fin difficile. Le prochain marathon tu vas tout casser. Lundi je commence ma prépa pour Séville, je suis déjà dans l'ambiance. Objectif sous les trois heures...Vive le marathon!
Commentaire de CROCS-MAN posté le 05-12-2014 à 19:35:17
bravo, mais pas beaucoup d'images dans ton récit !! oui ça secoue toujours un décès dans une course que l'on fait, ça m'est arrivé. Merci pour ton récit
Commentaire de Knet posté le 08-12-2014 à 07:30:38
Merci à vous pour vos commentaires !
Crocs-Man : j'ai rajouté quelques photos ;)
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