Récit de la course : Altriman (format Ironman) 2014, par La Tortue

L'auteur : La Tortue

La course : Altriman (format Ironman)

Date : 12/7/2014

Lieu : Les Angles (Pyrénées-Orientales)

Affichage : 2721 vues

Distance : 234km

Objectif : Pas d'objectif

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Le gastriman

15 jours après un IM de Nice qui s'est finalement pas trop mal passé, je me retrouve aux Angles, en famille et en vacances, pour participer pour la cinquième fois à ma course préférée : l'Altriman. 
3800 de natation en lac à 1600 m d'altitude
200 km de vélo avec 8 cols dont le port de palhiere qui est le plus connu mais qui n'est pas le plus difficile du parcours
et un marathon toujours à 1600 m d'altitude et avec plus de 600 m de d+ sur un terrain parfois proche du trail..
de loin le triathlon le plus difficile que je connaisse, loin devant le norseman ou l'embrunman que j'ai eu aussi le plaisir de boucler.

cette année François, mon poto du TCN n'a pas fait le déplacement mais je peux compter sur 2 zanimos : le bœuf, venu effacer son échec de 2011 et le lapin venu pour confirmer que son accident de 2012 n'est plus qu'un mauvais souvenir.

la région du Capcir a vraiment des effets euphorisants sur moi car à peine le camping-car posė au camping du lac, je me sens tout de suite enjoué, oubliant le trajet pénible depuis aigues- mortes avec un vent terrible qui nous a retardé sur la route.

je fais ma petite routine pré-course habituelle ( les p´tirs vieux, ça a des manies) : petite natation dans le lac avec le lapin lejeudi soir en arrivant histoire de goutter à la pureté de cette eau de montagne que je trouve une peu fraîche cette année. puis petit tour de vélo habituel le vendredi matin : les angles, la Llose, bifurcation pour arriver au dessus de Railleu, 4 derniers km du col de Creu et retour au lac par Matemale pour une petit enchaînement de 25' de Cap. je me sens étonnamment bien et je suis surpris de voir les jambes répondre alors que je n'ai pas couru depuis Nice. seul petite ombre au tableau, Claire, mon épouse, a eu mal au ventre tout le vendredi et moi même en cette veille de course je ressens quelques ballonnements qui ne m'inquiètent pas plus que ça, persuadé que tout rentrera dans l'orde dans la nuit.

A 2 h du matin, je suis réveillé par des maux de ventre mais je me rendors bien jusqu'à 4h. cependant alors que le matin des courses, je dévore, je suis presque obligé de me forcer à prendre mon petit dej habituel que je mange sans appétit. bon, c'est l'heure d'y aller, on verra bien !

la nouveauté cette année ce sont les sacs bike et run que l'on a déposés la veille avec le velo, et comme je me suis mis en combi au camping-car car je réside juste à côté du parc à velo, je me retrouve prêt au moins 30' avant le départ, ce qui ne m'arrive jamais. je patiente en observant autour de moi et dans une zénithude totale qui contraste avec l'excitation notamment de mes voisins espagnols qui se préparent bruyamment. la seule chose qui me soucie, c'est un épais brouillard qui provoque une petite bruine très désagréable mais quelques percées dans le ciel noir me laissent espérer une belle journée d'autant que la météo est optimiste et que mon ventre à l'air de ne plus se manifester.

le "final countown" de Europe, les feux de Bengale rouges, le gyrophare de l'autre côté du lac et le coup de fusil de chasse, tout ce qui fait le charme du départ nocturne d'un altriman est bien présent. je m'élance dans les premières lignes, et je pose tout de suite ma nage peinard. aucune bousculade, aucun contact agressif ! on est loin du sale moment que j'ai passé dans la machine à laver niçoise. 37' pour le premier tour sans effort et je trottine tranquillement sur le ponton des pédalos. tout baigne :-) sortie de l'eau en 1h18 avec des petites erreurs de trajectoires sur le retour et surtout un fort clapot qui m'a beaucoup gêné au milieu du lac. un verre de thé chaud en passant que je garde en main jusqu'au parc car j'ai un peu froid aux mains et aux pieds et je me pose sur un banc au calme car j'ai décidé de me faire une transition pépère en prenant le temps de bien me sécher et de m'habiller avec tout ce que j'ai apporté car il fait pas chaud et le soleil a du mal à percer : tri fonction + maillot vélo manche courte + manchettes + veste vélo été + coupe vent sans manche + sous-casque fin + petits gants de soie + socquettes. A mijanes, je sais que je pourrais m'alléger si nécessaire et je ne veux pas comme tous les ans avoir froid au fond des Garotxes.

T1 en plus de 9' contre 6/7' les années précédentes. mais ces quelques minutes je vais les rattraper très vite dans la descente de la Llose que je ferais  dans un confort total car je n'aurais absolument pas froid et car j'en connais maintenant tous les pièges par cœur, sauf les éternels gravillonnages, spécialité de la DDE locale qui décidément n'aime pas les tri athlètes puisque tous les ans elle ne peut pas s'empêcher de gravillonner cette descente qq jours avant la course. bon cette année, seul les 3 premiers km sont gravillonnés.

Patrick, l'ami du lapin m'a dit en sortant de l'eau que le lapin était en difficulté à la fin du premier tour natation et le bœuf nage comme une enclume, j'en conclue que je suis le premier zanimo pour l'instant, mais je m'attends à un retour du lapin vers palhiere et je sais que le bœuf fera un gros marathon s'il gère bien son vélo.

Le col de Creu est selon moi, l'un des plus durs de la journée. on ne s'en rend pas trop compte car il est placé en début de parcours mais il est long et à partir de Railleu il monte de façon très irrégulière avec des coups de culs à fort pourcentage. au sommet du col, ne m'étant pas alimenté depuis le petit dej car j'avais toujours des petits ballonnements, j'essaie d'avaler quand même un peu de boisson énergétique et quelques km plus loin des nausées arrivent :-(

Matemale, formiguere, puyvalador, la descente de la vallée de l'Aude, bien que vent de face, me paraît plus courte que les autres années. bifurcation à la carrière et je monte le gentil col des Arrhes, en souplesse sur le 50. descente rapide sur Querigut, le Pla, bifurcation vers port Palhiere et c'est déjà le ravito de Mijanes. je mange quelques bricoles de la table de ravito qui me font envie, je récupère un deuxième paquet de cacahuètes de mon sac ravito personnel, et je garde tous mes vêtements sur moi car il fait pas très chaud et le sommet me paraît un poil encombré. en temps ordinaire, les pourcentages dans mijanes sont déjà forts, mais cette année il y a des travaux avec des petites passerelles qu'il faut franchir par dessus la route en travaux et cela augmente encore la difficulté. 

j'attaque Palhiere tranquillement. c'est mon moment préféré de la course d'ordinaire car le pourcentage régulier convient à mon style, pas grimpeur du tout et qui monte tout assis et en moulinant. mais cette année mon plaisir est doublement gâché : d'abord par la météo avec la pluie, le vent, le froid et le brouillard qui masque la superbe vue que l'on a d'habitude sur les montagnes alentours, et ensuite par mon estomac que je sens à la limite de la rupture. je monte plus lentement que d'habitude (1h10 au lieu d'1h, soit 1' au km de plus !). cela me paraît interminable. le vent est de plus en plus fort et défavorable la plupart du temps car les épingles dans Palhiere sont asymétriques avec les parties vent de face plus longues que celles vent favorable. A 300 m du sommet, juste avant la petite redescente, il y a une voiture suiveuse arrêtée au bord de la route. je préfère m'arrêter là en profitant de son abri pour enfiler mon coupe vent et me préparer pour la descente. bien m'en a pris, car comme je le pensais, au sommet c'est l'enfer. le Big avec sa large carcasse fait son possible pour protéger les coureurs, mais je ne fais que le saluer de la voix sans m'arrêter. 

je ne sais pas si c'est une sensation ou une réalité mais j'ai l'impression que le vent est encore plus fort de ce côté du col, et surtout avec des rafales qui me secouent avec ma grande carapace. dès la deuxième épingle, je commence a guidonner, de froid mais aussi, je l'avoue,de peur. je déteste cette sensation où je ne maitrise pas ma machine. je freine tant que je peu, mais j'ai toujours mes patins pour roue carbone que j'avais à Nice et ils sont très peu performants sur la jante alu de mes rsys. je descends à 25 km/h maxi, tétanisé de froid et d'angoisse sur le vélo. je me fais doubler par paquet, mais mon seul souci pour l'instant est de rester entier. je suis obligé de m'arrêter au bout de 4/5 km car je n'ai plus de force dans les doigts pour freiner. A partir du petit village que l'on passe en pédalant car ça remonte un peu, le vent se calme, on est un peu à l'abri dans la forêt, la route est moins détrempée et je descends un peu plus vite. mais quand je vois les première maisons d'Ascou, je suis soulagé. il m'aura fallu 35' pour faire la descente : une éternité !

j'ai jamais été aussi content de monter le col de Chioula que j'attaque pleine balle pour essayer de me réchauffer. la pluie a cessé et je le passe sans problème. ravito de camurac, n'ayant rien mangé depuis mijanes, je tente une bouchée de gatosport qui fait un aller retour immédiat ! belcaire puis le plateau de sault avec le vent dans le dos sont passés rapidement, et je passe bien le coups de cul de Rodhome sous les encouragements du fan club déchaînė de club de Blain triathlon (merci à eux pour leur dynamique et sympathique soutien tout au Long de la journée).

A Gesse, le soleil sort enfin, je mange une poignée de cacahuètes et quelques tucs. je laisse ma veste et mon coupe vent, mais je garde les manchettes au cas ou ! pour la première fois de la journée, je me sens bien sur le velo et je quitte la vallée de l'Aude, bien motivé, pour attaquer les gorges de l'Ayguette, prêt à en découdre avec le passage le plus difficile du parcours. mais mauvaise surprise, le soleil sort juste au mauvais moment, dans la montée encaissée vers rocquefort. c'est très difficile comme toujours à cet endroit, d'autant que je vomis tout ce que j'avais mangé à gesse. en arrivant à roquefort, le ciel se couvre à nouveau et les quelques gouttes de pluie, alors que j'ai attrapé une suée terrible dans la montée, me gèle sur mon vélo. heureusement que j'ai gardé mes manchettes. et comme tous les ans, je trouve la fin interminable jusqu'au col de Garavel.

descente prudente vers escouloubre, j'essaie de manger car je sais qu'un gros morceau arrive, mais je recrache tout car je sens bien que ça va pas passer.

dans carcagnieres, le soleil ressort et je reprend une suée. est ce l'habitude ? mais je passe pas mal carcagnieres puis Querigut mais les forces commencent à me manquer pour finir le col des harres qui me paraît bien long. au sommet, je suis cuit, plus de force, et la remontée vers le parc se fait péniblement malgré le vent favorable. en posant le vélo, je sens bien que je n'ai plus rien dans les canes. je n'ai quasiment rien mangé depuis Mijanes, et j'ai beau avoir tout fait en endurance et cramer essentiellement mes graisses ( et j'ai de la réserve), j'ai plus d'essence dans le moteur.

dès les premiers hectomètres, je sais que le marathon va être très long. la vue de la famille aux pédalos va me booster un peu. Ariane va me tenir compagnie en vélo sur le premier a/r au village du lac, mais il me faudra 1hpour faire ces 9 premiers km. je croise le lapin et le bœuf dans le bois, le lapin fait la grimace, mais le bœuf est parti avec le couteau entre les dents.

la première montée vers les angles sera interminable je marche tout le temps, j'arrive à trottiner sur la rue commerçante plate et encouragé par un nombreux public, mais la côte de Balcère me paraît n'en plus finir. arrêt, chez les disco qui tiennent le ravito comme tous les ans. cette année, ce sont les village people. a/r dans la souffrance au lac de balcere. je croise le bœuf en pleine forme et le lapin qui va beaucoup mieux aux alentours du semi que je passe en...2h50 !

descente sur le lac, prudente, mes pieds roule sur les cailloux, mes genoux flageolent et j'arrive vidé au ravito du bout du lac tenu toujours par le même couple sympa d'anciens. je m'assieds, j'ai la tête qui tourne, les mains qui tremblent.  je reste assis là quelques minutes à penser au chacal et seule l'idée qu'il ne reste qu'un tiers du marathon à faire m'incite à ne pas abandonner.

j'avale un morceau de quiche et un peu de salade de riz qui me font envie et je repars. miracle, moins de 500 m plus loin, je sens mes forces revenir..j'ai enfin gardé qq chose dans l'estomac et je rettrotine. je récupère la frontale car pour la première fois depuis ma première participation je vais finir de nuit, signe que je suis très loin de mes meilleures années (2h de plus au final qu'en 2012 !!!). un dernier bisou à la famille à la digue car il commence à faire frais et tout le monde va aller se mettre au chaud. un dernier a/r au village du lac qui se passe bien, tout en courant à 9/10 km/h environ. je croise le bœuf qui n'est plus loin derrière et le lapin sur lequel j'ai du reprendre un peu. j'essaie d'accélérer pour que l'on finisse ensemble mais il me rattrape au dernier passage au parc à vélo. je lui dis de filer et je fais la dernière montée dans les chemins creux, bien mieux que la première en trottinant sauf quand la pente est trop forte. 

pour la cinquième fois, je grimpe sur cette estrade d'arrivée, beaucoup plus en forme que quelques heures plus tôt. petite dédicace au chacal au micro. je retrouve le bœuf qui ma l'air bien fatigué, mais heureux. je dévore tout ce qui me passe sous la dent : pizza, poulet, chips, je suis complètement affamé ! et mon estomac est enfin à l'endroit. la gastro m'aura durée depuis la veille au soir, pas évident pour boucler l'une des épreuves les plus dures que je connaisse.
le lapin arrive peu de temps après, assez frais aussi et il est temps d'aller récupérer nos affaires au lac.

après une petite nuit, je me lève sans aucune courbature, je vais faire mon marché à formiguere en vélo en guise de récupe, et je rejoins mes petits camarades au lac pour la traditionnelle paella du dimanche midi. l'Altriman semble ne pas avoir laissé de trace. il faut dire qu'un vélo en 9h30 et un marathon en 5h30, c'est pas spécialement traumatisant :-)

bon, ce fut mon altriman, ou plutôt mon gastriman le plus difficile, mais bien sur...j'y retournerai, rien que pour voir mon raspa monter sur l'estrade d'arrivée !!!


-- 

bien cordialement,
damien boix

7 commentaires

Commentaire de Berty09 posté le 19-07-2014 à 00:49:33

Encore bravo pour cet exploit car ça reste un exploit, même si tu les enchaînes. Toujours aussi agréable de te lire. Bonne récup maintenant.

Commentaire de philkikou posté le 19-07-2014 à 18:00:40

Réussir son 5° Altriman sans rien manger et avec du mauvais temps en vélo : c'est trop fort..
C'est sûr que ce n'est pas l'idéal pour prendre son pied ;-(..

Bravo à toi pour cet enchainement ( nice, altriman ) et je crois que l'été n'est pas fini !!!!

Commentaire de ch'ti lillois d'vizille posté le 20-07-2014 à 11:27:17

Ah les plaisirs du vélo sous la pluie, ceci dit, la natation ça mouille alors....LOL.
Bravo pour l'enchainement avec Nice et ce 5è Altriman.
A quand la prochaine lecture ?

Commentaire de patrickND posté le 25-07-2014 à 23:22:59

Bravo à toi. Ton récit m'a rappelé de bons souvenirs de l'Altriman 2013. Combien d'IM enchaînes-tu cette année?

Commentaire de La Tortue posté le 25-07-2014 à 23:35:05

en réponse à vous tous, et bien décidé à ne pas rester sur ce demi échec de l'Altriman, je viens de m'inscrire à Embrun. Il restait de la place...Alors, faut pas gâcher n'est ce pas ? ;-)
merci pour vos petits mots

Commentaire de dajosport posté le 27-07-2014 à 10:47:07

Nice, Altriman, Embrunman... çà laisse rêveur ! ;-)

Commentaire de raspoutine 05 posté le 05-04-2015 à 22:40:56

Hum, je relisais ton cr et il me semblait y avoir écrit un com'
je n'avais sans doute pas encore les idées assez claires !
Content de t'y retrouver et prêt à en découdre.
Et perso, je serai carrément heureux de voir ton 6e passage sur l'estrade ;
t'es un foutu champion !
HEIA !

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