L'auteur : jpoggio
La course : Trail des Lavoirs - 64 km
Date : 27/4/2014
Lieu : Chevreuse (Yvelines)
Affichage : 3509 vues
Distance : 66km
Matos : Asics Fuji Trabucco.
Objectif : Terminer
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Mon crétin de GPS s’est mis à parler anglais, l’essuie glace de la vitre arrière émet un grincement sinistre et je me demande ce que je fous sur cette 118 sous une pluie battante.
En fait, je le sais très bien : je m’en vais vers Chevreuse pour le trail des Lavoirs, édition 2014, pour laquelle météo-France nous annonce 80% de risque de pluie.
Je manque singulièrement de sérénité. L’édition 2013 avait été particulièrement douloureuse pour moi, perclus de troubles digestifs qui m’avaient mené droit à l’abandon après la seconde boucle. Cette année, ce sont les soucis de facia plantaire de l’hiver qui me préoccupent : je me promets de rentrer au bercail s’il les douleurs reviennent au pied gauche. Je suis sous-préparé, n’ayant pas vraiment couru depuis deux mois – uniquement de la marche entrecoupée d’un peu de trot circonspect – et si je ne crains guère les montées, je sens que je manquerai encore plus que d’habitude de vitesse de base pour relancer dans les portions roulantes.
Inutile de dire que je ne fais pas le malin, pendant le briefing d’avant course où je retrouve Patricia, Sabine, Bikoon, pendant la montée à la Madeleine et les dernières minutes d’attente – Gwendalito est là, Etienne vient faire du soutien psychologique ainsi que je ne sais plus qui, j’essaie de gratter un peu de concentration et je m’y perds, dans les Kikoureurs.
(Patricia, Sabine et Bikoon, que de la graine de podium !)
Je pars doux, doux, doux, attentif aux signes. Il pleut plus ou moins fort au fil du temps, ce n'est pas gênant, j'ai plié la goretex. Parfois je crois sentir une douleur sous le talon, parfois je crois avoir mal au ventre. Je passerai dix heures à alterner entre les deux inquiétudes. Il pleut, mais globalement la boucle se passe plutôt bien : je croise la tête de course au niveau de Port Royal, comme l’an dernier. La boucle autour du site de l’abbaye se passe mieux que l’an dernier et tiens : n’est-ce point Patricia là-devant ?
(z'avez vu la vitesse, quand même ?)
La première boucle est pliée dans un temps raisonnable, et nous repartons pour la seconde. Le début est un peu laborieux et c’est Patricia qui fait le rythme jusqu’à ce que je reprenne du poil de la bête, et que nous reprenions la routine d’un rythme honorable – au-dessus des 7km/h s’entend.
(Séquence touristique N°1, le Château de Breteuil)
Les châteaux défilent et nous voici bientôt à Choisel – sa balise et son lavoir et nous pouvons constater sur la section commune boucle 2 et boucle 3 que ça devient bien boueux-glissant avec la multiplication des passages et qu’il y a quelques bons coups de cul : je décide de sortir les bâtons du sac pour la troisième boucle.
Fin de la seconde boucle à 11h45, ravito un peu désordonné, plein d’eau, sortie des bâtons, et un énorme coup de cul dès les premières centaines de mètres. Frayeur sur le plat car la rubalise se fait rare dans une longue ligne droite où, manque de bol, j’avais trouvé un rythme. L’inquiétude résolue, nous repartons par des sentiers un peu vallonnés, puis beaucoup, avec une paire de murs dans lesquels je bénis le bâtons, et qui passent sans trop de mal. Je rattrape un coureur handicapé par un essuie-glace qui semble vraiment lui faire un mal de chien, et réalise que dans mon trip, j’ai lâché Patricia.
Toujours aucune alerte venant du pied, mais par contre côté digestif, c’est moyen. Je multiplie les calculs pour un ETA en 9h55 à condition de ne pas ralentir pendant les trois heures qui suivent, et je suis un peu inquiet, mais insiste lourdement en mode « on ne lâche rien » et perds quelques secondes à photographier un joli lavoir.
(Un Lavoir, d'où le nom du trail. Etonnant, non ?)
Je maudis toutefois les sections très boueuses qui ne me permettent pas de relancer efficacement sur les sections roulantes qui normalement, me permettraient de remonter un peu ma moyenne. Je m’accroche cependant, partout où c’est possible, à trottiner de balise en balise. Nous passons Dampierre et son pointage pour filer vers les Vaux de Cernay.
(Séquence touristique N°2 : Dampierre. La on descend, pointe la balise et remonte de l'autre côté. La routine, quoi)
J’échange quelques mot avec un randonneur qui prétend que je suis au 54ème kilomètre, le GPS indique cinquante et je ne le crois pas, et après les Vaux de Cernay, je me demande si je vais rentrer dans les délais tant ma moyenne tombe.
Mais une traversée plus tard, alors que je pense être, justement, au km 54, on m’apprend qu’il n’en reste que dix. Cent mètres plus loin, un signaleur me précise qu’il reste 9.9km. J’en suis à 8h de course, dix divisés par deux font cinq. Cinq kilomètres heure, même dans la boue vallonnée, ça doit le faire, sacrénom !
(En fait, je n’ai pas pensé « sacrénom », mais j’essaie de garder un peu de tenue dans ce CR).
Un peu plus loin, c’est la surprise du chef, on nous envoie dans une putain de buse ! Noméhomaison estpasaurRaid28bordeldebite !
(et là, plus question de garder un peu de tenue dans ce CR)
Il faut quand même repartir et tiens, bon, il y avait c’te connerie de buse, mais on est à Choisel, en fait ? Choisel, son lavoir et le début de la partie commune B2/B3, la quille, quoi !
Ma dernière inquiétude, c’est de savoir combien exactement il reste de côtes un peu cassantes sur cette partie ? deux ou trois ? Je me prépare à trois et attaque la première – celle-là même le matin, où je faisais observer à Patricia qu’il était inopportun de se mettre à râler, rapport qu’on est inscrit à la Montagn’hard pour dans deux mois et des poussières.
Elle passe.
La suivante aussi, mais quelqu’un revient. C’est Benoît, un « petit jeune » dont s’est le premier trail long. On papote tranquillement, avant d’attaquer la dernière descente sur Chevreuse ou un comité d’accueil bruyant l’attend. Je le laisse filer avec sa bande et je trottine jusqu’à l’arrivée en 9h52, plus soulagé qu’autre chose de finir enfin une course après cette longue chaîne de ratages – pour mémoire : Origole 2012 (1ère BH), et en 2013 Lavoirs, MH60 (repli sur la Moins’hard) et UTMB (arrêt à Trient)…
Patricia arrive peu après, tranquille et d’excellente humeur.
Nous traînons un peu avant de nous séparer sur le chemin de nos parkings respectifs en nous donnant rendez-vous au plus tard pour la pasta-party à St Nicolas…
PS : remerciements à l'Organisation et à tous les bénévoles, surtout ceux qui, au début de la première boucle, avaient remplacé le traditionnel "bon courage" par "amusez-vous bien", ce qui est quand même le but de la sortie !
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6 commentaires
Commentaire de trailaulongcours posté le 28-04-2014 à 22:46:46
Bravo! Sympa ton récit. J'ai bien rigolé! L'objectif était de terminer! Objectif rempli. Prêt désormais et confiant pour la Montagn'hard. Ce sera l'occasion de se rencontrer.
Commentaire de Patricia.B posté le 28-04-2014 à 23:17:32
Ah oui la vitesse dans la boucle bleue est impressionnante. ça doit être pour cela que je n'avais plus de jus dans la jaune. :).
Merci pour ce récit Jacques. On revit les affres du traileur face à ses douleurs.
Quant à la buse elle m'a fait sourire après les 500m de la buse du Raid28. Celle des lavoirs, ce n'est qu'une busette, une businette, une busitounette. Même pas besoin de frontale et juste à peine d'eau pour vous couvrir les orteils. Ils auraient du prévoir la traversée des lavoirs en marchant sur le fond.
Enfin sympa l'organisateur qui continue d'animer jusqu'à la fin. Etant habituée à profiter au maximum du temps imparti sur les courses, bien souvent c'est le silence qui accueille les derniers arrivants.
A bientôt sur la Montagn'hard. D'ici là il va falloir enquiller les km de D+ histoire de faire face au 8000 m de D+ qui nous attendent à St Nicolas.
Bonne récup
Commentaire de Bikoon posté le 29-04-2014 à 14:26:32
Bravo Jacques, je suis certain que tu renoues avec une loooonnnggguue série de t-shirt finishers !
Merci pour la photo de ce joli lavoir que je n'ai pas trop vu (je subodore qu'il se situait près d'un petit pont à la moitié de la B3) quand je faisais face à un coup de moins bien.
Bien d'accord avec toi : marre d'entendre "bon courage" dès début des courses ;o)
On ne se croisera pas à St Nicolas cette année, alors bonne accumulation de D+ !
Commentaire de caro.s91 posté le 29-04-2014 à 16:02:41
La buse de Choisel on la passait déjà en 2013, et en effet rien à voir avec les buses du dernier Raid 28, qui était plutôt du style aigle royal que buse!
Très heureuse de voir en tout cas que tes soucis physiques semblent derrière toi, et peut-être au plaisir de te revoir à la MH (eh oui, j'y pense) ou ailleurs !!!
Bises et bonne récup,
Caro
Commentaire de sabzaina posté le 29-04-2014 à 20:44:52
La buse m'a fait mal partout: aux genoux car j'ai marché à 4 pattes, impossible de rester accroupie, aux mains et à la tête car je me suis écorchée aux parois! Faites du trail qu'y disaient ! Nan mais j'te jure.
Ravie d'avoir pu te croiser de nouveau Jacques et à bientôt pour un prochain défi qui va pas être de la tarte!
Commentaire de Arclusaz posté le 30-04-2014 à 22:39:41
Bravo LeJacques pour ta course et ce CR sans concession comme d'hab !
St Nicolas, ça va passer tout seul, tu vas voir : de toute façon, y a pas un mètre de plat pour poser une buse (une buse en pente, ça s'appelle une conduite forcée...)
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