Récit de la course : L'Ardéchois - 57 km 2006, par totote01
80 autres récits :
- Les récits de 2019 (1)
- Les récits de 2018 (1)
- Les récits de 2016 (1)
- Les récits de 2015 (4)
- Les récits de 2014 (8)
- Les récits de 2013 (4)
- Les récits de 2012 (9)
- Les récits de 2011 (8)
- Les récits de 2010 (8)
- Les récits de 2009 (13)
- Les récits de 2008 (8)
- Les récits de 2007 (10)
- Les récits de 2006 (4)
- Les récits de 2004 (1)
l'Ardéchois
Dans 15 jours c’est le trail l’Ardéchois.
Mais…
Je commence un CR aujourd’hui car à l’heure qu’il est, je ne sais pas encore quelle distance je vais parcourir. Deux sont proposées : un 34km et un 57km. Mon objectif premier est de faire le 34. C’est l’option raisonnable, celle que je suis sûre de mener au bout, celle que je pense savoir gérer au niveau mental et physique. Celle qui reste dans la logique de mon entraînement depuis cet hiver, des courses auxquelles j’ai participé et qui se sont dans l’ensemble pas trop mal passées.
Mais…
Je me suis inscrite à cette course tout d’abord pour la beauté du parcours. Puis ma sœur habite pas loin, alors pour l’hébergement c’est pratique. Ayant visionné à plusieurs reprises les photos des deux circuits des années précédentes, je m’aperçois que pour ne rien louper du paysage il faudrait partir sur le 57.
Mais…
Il y a un mois environ, je coche donc la case 34km avec encore la certitude de m’en tenir là, sagement, n’écoutant que le bon sens, celui qui dit que c’était encore trop tôt pour envisager plus gros, et que pour la préparation de la Saintélyon j’avais encore le temps.
Mais…
Les jours passent, le printemps arrive, il fait beau, j’enchaîne les sorties, et j’ai la pêche. Les vacances de Pâques approchent, il faut planifier le boulot, les congés, les quelques jours dans l’Hérault, le week-end en Ardèche et le trail. Et oui, ce trail, avec ma forme du moment ça va être super !. Un petit tour sur le site, je suis bien inscrite, ouah les photos… que c’est beau. On disait quoi ? oui, le 34.
Mais…
Comme la nature qui met ses couleurs estivales, commence à fleurir l’idée que finalement j’ai énormément envie de le tenter ce 57km. Retour sur le site, le dénivelé est costaud, 2500m D+, il va falloir les grimper !!! mais étalés sur 57 bornes ça devrait pas être trop cassant, puis le profil indique une arrivée en descente, sauf que avec tous ces kilomètres dans les jambes, que ce soit en descente ou pas, est ce que je vais y arriver à la franchir cette ligne, puis dans quel état ?
Mais…
Voilà les interrogations que je me pose à 15 jours du trail.
Et…
Me voilà donc le 7 mai au petit matin. Réveil à 5h moins le quart, allez ! debout ! je dois pas traîner, Balazuc Desaignes par les petites routes j’suis pas arrivée et faudra bien tout ça.
J’arrive à Desaignes sous un ciel gris, le plafond nuageux est bas et on ne voit pas grand chose. Le village est animé, des stands, de la musique et ça grouille de traileurs dans toutes les ruelles. Hé bé ! y’en a du monde !
Moi aussi je déambule à travers les rues à la recherche de la salle où l’on récupère les dossards, puis celle où l’on dépose ses affaires, c’est un peu compliqué et je suis pas en avance. Je vais enfin me placer au départ, plus que 10mn à attendre, profitons de l’ambiance, je suis noyée au milieu des coureurs, ça me serre les tripes. Cette attente me fiche le trac, le 57km est toujours bien ancré dans ma tête, mais l’inconnu de parcourir cette distance me fait peur, vivement que l’on parte !
Enfin le compte à rebours et on nous libère. Petit tour d’échauffement dans le village et direction la montagne. Pendant les 8 premiers km le peloton est toujours compact, il en faudra quatre de plus pour que les 902 paires de gambettes trouvent leur place.
Ce démarrage serré me va bien finalement, il m’empêche de partir trop vite. Mais la cadence des entraînements reprend vite le dessus, et me voilà comme sur l’autoroute, allez je double celui là, puis l’autre encore, argh lui aussi il me gène, et zou ! un de plus… Un coup d’œil au cardio, hop hop hop ma grande, on se calme, t’arriveras pas au bout à se rythme là !!!
Je reste donc sur mes gardes et je gère du mieux possible mes efforts, marchant dans les montées, lâchant les gaz dans les descentes et trottinant le reste du temps.
Les côtes sont raides, on passe du chemin de rando au sentier de mule voire de bouquetins. Il faut sauter comme un cabri pour passer les branches, troncs d’arbre, cailloux et autres obstacles. Les passages à flan de montagne sont pas mal aussi, je voudrai être un Dahu Ardéchois. Les pieds, les chevilles, les orteils ramassent (Aie les ongles ! encore…). Dans ces franchissements délicats, le troupeau se rassemble et c’est à la queue leu leu que l’on chemine tranquillou. Pas moyen de doubler et je prends pas le risque de me vautrer sur le côté.
On traverse des paysages superbes, dommage que le soleil soit pas là pour illuminer le décor. Perso, ça m’arrange bien cette météo, j’aime pas la chaleur pour courir. Les forêts de sapins sont si denses que lorsqu’on y pénètre, une frontale serait pas de trop, le temps que les yeux s’acclimatent, c’est limite si l’on distingue où poser les pieds.
L’arrivée aux vestiges du Château de Rochebonne restera un moment fort. J’étais concentrée sur la course, je regardais au sol, ça descendais fort et pas question de perdre de la lucidité sur ce genre de terrain . Un peu d’inattention, un moment d’égarement, et bing ! on court à la catastrophe. Puis je lève le regard et il est là tout en bas.
Magnifique !
C’est cette ruine qui au départ ma donnée envie de venir, j’avais tellement envie de passer moi aussi entre ces vieilles pierres. Donc je ralentis et j’en prends plein les mirettes.
Km 22, le ravitaillement, je ne fais pas le plein d’eau, je pourrai tenir jusqu’au prochain, par contre durant trois minutes je me lâche sur le saucisson, barre énergétique, banane, coca… On a l’impression en arrivant que l’on se trouve invité à un pique nique, y’a plein de monde, ça discute, ça rigole, ça s’étire pour certain. L’ambiance est sympa, plus personne court, on est tous regroupés autour d’un buffet. Entre les plâtrées de pâtes avant course, ravito perso toutes les heures, puis ceux de l’organisation, celui du final et le repas campagnard de clôture, ben demain on va remettre un ptit 20km pour éliminer tout ça !!!!
Au 28 eme, c’est la délivrance, je quitte le circuit commun et je m’engage sans réfléchir vers le fléchage 57km.
J’y suis !!!
Je peux plus reculer maintenant.
T’as pas le choix ma vieille, faut y aller, plus que 29 !
Et c’est la libération de tous ces doutes que je trimbalais encore dans un coin de tête, adieu les hésitations, la peur, les questions sans réponses. La vraie course elle commence là, l’émotion aussi, mais je sais que c’est gagné, que je vais pas fléchir. J’ai la forme, à aucun moment je me suis dis « Mais qu’est ce que tu fous là ». Je n’ai pas de baisse de moral, ni de coup de pompe, je gère bien l’alimentaire et la boisson.
En parlant de bouffe, le ravito du 33 est là, avec toutes ses victuailles et je m'abandonne à 6mn de dégustation... C’est que déjà 5h de passée et l’estomac à 13h il a faim. Et re belote, que ça fait du bien. Bon, je repars avec le ventre suffisamment rempli. Je sais maintenant que tout passe, courir et digérer ne me pose aucun problème.
Jusqu’à celui du 45 je fais l’accordéon avec trois quatre coureurs, et ça papote joyeusement. Les jambes se font sentir (ha ben quand même !!!). Surtout dans les côtes quand je marche. Courir me délasse, me détend les muscles et je suis bien, j’ai la sensation que de courir c’est naturel, que c’est normal, que je suis dans mon élément. Drôle de perception, c’est l’ultra qui veut ça ?
Dernier ravito, et fini les vacances, 40 secondes d’arrêt, le temps d’avaler un morceau et boire deux verres de coca et youpi ! me voilà reparti pour les 12 derniers km. Toujours la patate et le bonheur d’être là. Je commence à doubler pas mal de monde, la pluie arrive, super ! puis le déluge, super ! ça lave un peu la transpiration. Par contre faut y aller mollo dans les descentes, y’a de la gadoue, des cailloux et fatigue aidant, on a plus la vivacité et la lucidité pour éviter une pierre et choisir les trajectoires.
La fin du tracé longe une rivière, et tel un rat d’égout, trempée et crottée je regagne Desaignes.
Et je passe la ligne en 8h 02mn13s, déjà fini ! déjà arrivée ! c’est fou comme le temps passe vite.
Accueil - Haut de page - Aide
- Contact
- Mentions légales
- Version mobile
- 0.08 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !
10 commentaires
Commentaire de béné38 posté le 11-05-2006 à 19:28:00
Alors là totote01 respect. C'est superbement écrit, et comble de tout, ça donne envie... malheureusement je reprends difficilement cette année après une longue longue contracture du mollet qui ne veut pas se faire oublier.
Bravo, bravo à tous dailleurs !
Eh, t'as bien fait d'hésiter et de changer, ça aurait été trop dommage de louper le 57...
Commentaire de mag 42 posté le 11-05-2006 à 21:00:00
bravo totote! moi j'etais sur le 34 km
j'espere trouver 5 min pour faire un petit cr
tu as l'air de l'avoir bien vecu et bien avalé ce 54 km bravo !
Commentaire de L'Castor Junior posté le 11-05-2006 à 21:46:00
Félicitations totote, pour la course et pour le CR, qui m'a fait revivre par moments les émotions vécues lors de mon premier ultra-trail.
Même sentiment au final : que du bonheur, comme celui que j'ai eu à te lire.
@+
L'Castor Junior
Commentaire de NoNo l'esc@rgot posté le 15-05-2006 à 21:35:00
Les mots me manquent... 57 km ? C'est comment qu'on fait pour faire 57 km avec 2500m D+ ?... Courir pendant + de 8h ?... Chapeau bas, vraiment ! Et joli CR de surcroit... NoNo l'escargot
Commentaire de raideur69 posté le 16-05-2006 à 05:52:00
Bravo, félicitation!!! pour ta course et ton CR et bonne route dans le monde de l'ultra.
Commentaire de Bourdonski posté le 29-05-2006 à 22:10:00
Epatant en effet car la distance et le dénivellé force le respect. Mais dangereux pour les gars qui te suivent car il doit être difficile de se forcer à dépasser une chouette nana (enfin d'après la photo). Allez bon courage pour la suite bien que tu dois avoir, au vu de tes récits, encore une bonne marge de progression.
Commentaire de samontetro posté le 15-06-2006 à 15:01:00
Très chouette CR qui vient de m'emmener un bref instant quelques mois en arrière sur ce magnifique parcours. Je ne devais pas être très loin de toi, vu qu'on s'est fait "doucher" a peu près au même endroit ;-)
T'as juste "oublié" le petit muret sur lequel il fallait jouer les équilibristes au dessus de la rivère dans les derniers Km... Ou alors tu y es passée trop vite! Moi, il m'a marqué!
Merci pour ce moment d'évasion.
Commentaire de akunamatata posté le 23-04-2007 à 12:20:00
mais c'est qu'il a l'air bien ce Trail!
félicitations Totote, si je comprends bien c'était l'hésitation le plus dur?
Commentaire de Startijenn posté le 15-06-2007 à 09:42:00
Bravo pour cette course que tu as faite dans la plaisir et la joie de la découverte : cela donne l'impression d'un fort bon souvenir.
Bonne continuation en course
Commentaire de lulu posté le 13-11-2007 à 14:08:00
Bravo pour ta course !
Chouette comte rendu....et ça me confirme, j'irais bien à l'Ardéchois en 2008 .
A bientôt
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.