L'auteur : leptitmichel
La course : 12 heures de Bures-sur-Yvette
Date : 18/5/2003
Lieu : Bures Sur Yvette (Essonne)
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Distance : 0km
Objectif : Se dépenser
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Introduction
Les 12h de Bures. Une organisation du JDM… Jogging du dimanche matin… tout un programme !
Ma première course horaire. Je n’ai aucun repère et aucun objectif autre que celui d’aller au bout et de me tester à tourner en rond sur un circuit de 2,5 km. Par chance le circuit est sympa, et la monotonie ne s’installera pas.
Pour la présentation du tout de circuit, j’ai repris celle réalisée par Phil et Atomik JF suite à la participation de l’année précédente. Le parcours n’ayant pas changé celle-ci est toujours d’actualité.
Côté physique, malgré un manque d’entraînement long, ça a tenu pendant la moitié du temps, ensuite je n’ai fait que gérer pour aller au bout tout tranquillement, aider en cela par quelques accompagnateurs de choix. Merci à Phil, à Rodio et au Bourrin pour les tours fait ensembles.
Pour cette première participation, j’hérite d’un dossard de choix :-))) Le n°1. Bon, j’ai du quelque peu négocier car au début j’avais le n°…2… Mais vous verrez dans le CR comment obtenir le dossard de l’élite !
Et comme l’ambiance est à l’image du circuit (voir plus haut), il n’y avait aucune raison de s’arrêter avant la fin du temps réglementaire
Le CR de la course
Mais qu’est-ce qui peut bien nous pousser à aller tourner pendant des heures sur un circuit d’à peine 2,5 km ???
Bonne question, et je me la suis posé plusieurs fois avant de me décider d’aller rencontrer dame Yvette en ce WE de mai !
12 heures… 12 heures à tourner en rond…
Malgré cela, cette course me fait envie !
Je ne sais d’ailleurs pas très bien si c’est spécialement cette course là qui me fait envie, ou plutôt le principe d’une course horaire. Il est vrai que cela fait pas mal de temps que le mythe du 24h me trotte dans la tête sans que pour l’instant je n’aie osé l’affronter.
Alors pourquoi aller à Bures ?
L’envie, toujours l’envie… c’est aujourd’hui mon principal moteur
Seulement ne faut-il pas être légèrement dérangé pour se livrer à ce type d’exercice…
Si je regarde un peu en arrière, de quel retour d’expérience est-ce que je dispose pour me lancer sur cette épreuve.
Certes, j’ai une belle collection (en nombre, pas en perf) de courses sur route à mon actif, mais essentiellement des courses situées entre 10 et 21km…
Il y a aussi cette dizaine de marathons, lesquels (si j’extrais les deux éditions du médoc – hips !) ont été couru entre 3h30 et 5h… on est encore loin du compte !
Les raid… c’est ça … je vais m’appuyer sur mon expérience des raids… Mais en fait, tous les raids long que j’ai pu faire, n’ont jamais présenté une durée de course ou une distance aussi importante sur une seule journée :-(( Parfois la distance totale a été importante (pour moi), mais que ce soit le Verdon ou le REV, aucune des étapes intermédiaires n’a fait plus de 7h ! ! !
Que me reste t-il donc… Les Templiers… 11h de course… Oui, là on commence à s’approcher !
Et puis il y a le Raid 28… Mes différentes participations à ce raid représentent mes records, que ce soit ma plus longue distance parcourue (72 km) ou bien ma plus longue durée de course (15h15 cette année)…
C’est un peu léger quand même.
Enfin, avec tout ça je n’ai pas trop de références ni de points de repères précis !
L’entraînement… je vais me caler sur mes repères d’entraînement… Là encore, ça fait un " flop "
Avec mes " contraintes " physiques –sur lesquelles je ne reviendrait pas - qui m’empêchent de faire du volume, je tourne avec entre 20 et 30km de CAP par semaine ! ! ! Si, si… puisque je vous le dis…Comment ça c’est suicidaire de se lancer sur un 12h avec si peu de kilomètres… En temps normal, peut être, mais si on se connaît suffisamment pour s’imposer un objectif cohérent avec son entraînement, je suis certain que c’est faisable
Un événement va me faire prendre conscience de la durée d’un 12h… Un samedi soir vers 19h, je pars faire une petite heure de footing… je rentre à la maison, puis après une bonne nuit, je me lève le lendemain vers 7h00… Et là ça fait schboing ! ! ! Pour le 12h, il aurait fallu que depuis mon entraînement de la veille je ne me sois pas arrêté jusqu’à maintenant ! pffffffffff ! ! ! Ça va faire long !
Je commence donc à cogiter tout ça sérieusement avec le seul neurone qui me reste (puisque à partir de 2 neurones on réfléchit et on reste au chaud à la maison) et fixe mes objectifs et ma stratégie de course.
Objectifs : Ne pas me blesser… c’est LA priorité number one… Cette course n’est pas un objectif pour moi, (ou plutôt je ne me l’identifie pas comme un objectif formel, mais plus comme une étape) l’objectif visé reste le Mercantour fin juin… donc pas de risques. Depuis le début je me suis mis en tête de m’arrêter si je ressens la moindre douleur anormale dans les genoux !
Ensuite, je veux en profiter pour battre mon record de distance (les fameux 72km). Je suis assez confiant, mais je refuse de me fixer un volume au-dessus de mon record.
Troisième objectif, et pas des moindres, me faire plaisir… c’est bête, mais c’est aussi ce qui me motive désormais en CAP !
Les autres objectifs sont plus ou moins anecdotiques, comme celui qui vise à faire quoi qu’il arrive au moins 5 tours pour clouer le bec au Maître Lapouneur (aussi appelé Félon Normand ou Le Transfuge Havrais) qui a osé prétendre que , [ pour Michel 1, 2, 3, 4, 5 petits tours et puis s’en vont ]
L’objectif en arrière plan restant évidemment pour moi un test grandeur nature de course horaire sur un petit circuit…. Une forme de répétition pour un 24h en fait !
Pour la stratégie, c’est simple… je pars très lentement, je marche régulièrement (je ne sais pas encore tous les combien) et tout ça tant que je peux… ensuite, ce sera marche, marche et marche
Sur ce point, une rencontre avec Rodio va être importante dans ma démarche course-marche… Après quelques échanges par le biais du forum UFO complété par un entraînement commun, je vais me conforter sur l’importance de la marche dans les épreuves longues (surtout quand on sait déjà qu’on n’a pas la capacité à courir pendant toute l’épreuve)
En me basant sur les 2,632 km du tour, et sur la description du parcours que nous en a fait Atomik JF, j’établis mon ordre de marche sur la base de 8-9 minutes de course, 2 minutes de marche, puis course jusqu’à la fin du tour et arrêt au ravito… puis on recommence, et encore, et encore…..
Avec tout ça, il n’empêche que l’envie de faire cette course est toujours là… Je sais que je peux le faire…
C’est dans ces conditions que je me réveille le dimanche matin vers 2h30 (dur, dur)… Petit déj classique. Pour une fois, je n’ai pas envie de pâtes ni de jambon ! Etrange, alors que d’habitude je peux m’avaler une plâtrée de pâtes sans aucuns soucis. C’est peut être à cause de l’heure et du (léger) manque de sommeil… ce sera donc croissant avec un chocolat.
3h00 je pars de la maison, et j’arrive à Bures à 4h00 (soit 1h avant le départ). Le plan fait par le Chacal me permet de trouver facilement le lieu, d’autant que c’est situé à quelques centaines de mètres du départ du Raid 28 !
Je me gare dans l’impasse qui mène au bassin, et je vais vers les tentes… C’est calme, noir, pas un chat à l’horizon… c’est pourtant la bonne date.
D’un seul coup j’entends aboyer… et je me retrouve avec deux vigiles qui sont là pour surveiller les tentes et tout le matériel pendant la nuit en attendant que les organisateurs arrivent…
Ils me prennent pour un organisateur ;-) Je leur explique que je ne suis qu’un humble et modeste coureur… On discute un petit moment en attendant les premiers arrivants !
Deux autres coureurs arrivent, puis en retournant chercher quelques affaires à la voiture je tombe sur une silhouette que je connais… Le Chacal. Lui aussi est arrivé en avance pour avoir le temps de se préparer.
Michel et le Chacal
Les premiers organisateurs commencent à s’affairer, branchement de l’informatique, sortie des dossards…
Les inscriptions s’ouvrent et je me retrouve avec le dossard n° 2.. Une grande première pour moi, d’autant que comme ça, je commence avec un meilleur score que Phil l’an dernier avait du se contenter du dossard 6 :-)
Mais voilà, Michel n’est pas UFO pour rien… et en nous entendant plaisanter avec légèreté sur ces numéros de dossard, voilà que Gilles (Montambaux) me propose d’échanger son n°1 contre mon n°2…
Vous comprendrez, qu’après avoir accepté avec pudeur (YYYOOOUUUUUPPPPPIIIIIIIIIII ! ! ! ) je ne me soit pas senti capable de le battre à l’arrivée ;-)
Ceci dit, avec le dossard 1, y’a pas le choix…il va falloir assurer maintenant. Cela ne ferait pas sérieux de s’arrêter avant la fin.
Bref, après quelques papotages de rigueur, direction la voiture pour me mettre en tenue. Je suis étonné car malgré l’heure matinale, il fait (relativement) doux ! J’opte donc pour un dry-fit à manches longues avec par dessus le maillot " quirendfou ", un cuissard (pour attacher mon dossard), mes chaussures de route avec des chaussettes DK 600 (il s’agit en fait d’une double chaussette) et bien sur du seul, unique et véritable béret UFO ! ! ! (quoi ? vous n’avez pas encore reçu les votre).
Je teste aussi 2 trucs pour les pieds. Des semelles sorbo---biiiiippppp--- , et là je sais qu’on ne fait jamais ça le jour d’une course. Mais bon, j’ai mes anciennes semelles dans mon sac pour me changer au cas où !
Et je me pose des morceaux d’elasto derrière les talons et sous les voûtes plantaires pour essayer d’éviter les ampoules à ces deux endroits généralement sensibles pour moi ! On verra ce que ca va donner.
Je prépare aussi mon sac à ravito. 2 bouteilles de 1,5l de Maxim neutre, + 1 bouteille de St Yorres, + Des barres énergétiques Maxim, + des gels Maxim, + les comprimés de sodium et les tubes d’homéo, + 4 petits sandwichs jambon/comté, + Plein de trucs qui ne serviront à rien mais que je veux avoir sous la main en cas de besoin… L’avantage de ce type de parcours, c’est que comme on ne porte rien et que l’on repasse régulièrement au ravito, on peu prévoir même des trucs inutiles sans avoir à se les porter ;-)
Je suis fin prêt. Il est 4h53. Dans 7 minutes on va devoir se lancer, et tous les voyants sont au vert…
Je dépose mon sac dans la tente à ravitaillement (encore fermée à ce moment) et je rejoins la cinquantaine de coureurs regroupés au départ… y’a du monde qui s’es levé tôt quand même, même si je sais que plusieurs d’entre eux ne feront qu’une partie de la course.
Les premières centaines de mètres sont balisées par des torches, et ensuite… je sais pas. Il fait nuit, on devine quelques lampadaires sur une partie du tracé, mais dans le doute je décide de partir avec ma frontale. Le béret restera dans le sac jusqu’au lever du jour
Le Chacal me présente Atomik JF, puis on cherche le raton laveur partout, mais point d’autre maillot UFO en vue… Il n’a probablement pas pu venir. Dommage !
Attention, prêt…….Partez 5h00
Le départ de nuit
Le départ est donné ! Ca y est on est lancé.
L’objectif de ce premier tour est simplement de repérer le parcours. J’ai en tête la description de Phil et d'Atomik JF de l’an dernier, et comme le parcours n’a pas changé, je dois pouvoir retrouver mes petits. On passe devant la tente du ravitaillement, virage à gauche, quelques centaines de mètres sur la digue éclairée, puis virage à droite passage d’un pont et virage à gauche (il n’était pas utile de placer des chicanes pour nous faire ralentir). La petite descente, puis un chemins agréable à moitié sous les arbres. On finit par entrer carrément dans la forêt avant d’arriver au petit pont glissant (je confirme Phil, il glisse vraiment ! ) qui marque pratiquement le point de retour.
Au fait, dans sa description, Phil faisait état d’une petite montée ! Je n’ai rien vu… Etrange. Je ferai plus attention au prochain passage.
On continue quelques centaines de mètres entre les arbres, on passe un pont en béton, puis on accède à la partie " difficile " du parcours. Je dis difficile entre guillemets car le tracé est plat, large et assez roulant, mais c’est surtout sur le plan mental que cela peut s’avérer contraignant au fil des tours, car dès le début on voit au (très) loin la ligne d’arrivée, puis au détour d’un virage celle-ci disparaît pour réapparaître, toujours aussi loin, au bout d’une ligne droite. Et là, il faut tenir, tenir et tenir encore…
Fin du tour de chauffe… Celui ci a été effectué en 16’30. Beaucoup trop rapide par rapport à mes calculs, mais il faut dire que je n’ai pas marché à mi-parcours et qu’il n’y a pas eu d’arrêt au ravito.
Hop ! c’est parti pour le second tour, au train, tranquillement. J’ai décidé pour progresser de me fixer des objectifs " courts termes ". A quoi bon se motiver sur un objectif situé au km 72 quand on en a fait moins de 3 ?
Je choisis des objectifs de quelques tours, et probablement qu’au fur et à mesure de l’évolution de mon état, ces objectifs seront de plus en plus rapprochés. Le premier objectif (et non des moindres) est de faire les fameux 5 tours, en réponse au Félon Normand (cf plus haut).
Les premiers tours de nuit
A la fin du premier tour, je fais l’impasse sur le ravito et me lance dans le second tour. Cette fois ci je prends le temps d’identifier la montée dont parle Phil. Ce n’est vraiment pas grand chose et je comprends pourquoi je ne l’ai pas sentie lors de mon premier passage ;-)
Arrivé au pont de bois, je décide de mettre en oeuvre dès à présent mon cycle d’alternance course-marche. Je suis à peu près à mi-parcours et je marche rapidement pendant 2 minutes. Après ces deux minutes de marche j’arrive exactement à la fin du petit bois. Cela me fera un repère pour la suite.
Passage sur la ligne en 17’00. Toujours un peu vite, mais avec les arrêts au ravito, je devrais retomber dans ma fourchette prévue entre 18 et 20’ au tour (fourchette à tenir le plus longtemps possible).
Je me lance dans mon troisième tour avec cette fois ci un arrêt au ravito. En fait désormais, mes tours vont être fait à la même vitesse, et seul le temps d’arrêt au ravito va en modifier la durée. Si je m’arrête juste pour boire, ça va vite, et si je m’arrête pour manger, et bien ça prend un peu plus de temps. De toutes façons, j’ai décidé de m’arrêter à tous les tours en alternant boisson ou solide ou les deux…
Le troisième tour est bouclé en 17’30 (avec marche et ravito), le quatrième en 17’40 et le 5ème en 17’50.
Mon premier objectif est atteint… J’ai pourri le Félon Normand en repartant au delà des 5 tours ! ! !
Allez hop… Je suis bien dans ma tête et soyons fous… Un autre objectif à 10 tours… ça fait un compte rond ;-)
Le Chacal
Le Chacal a déjà commencé à me doubler, et c’est l’occasion pour nous deux d’échanger quelques mots d’encouragement. Il en sera de même avec Atomik JF et Gilles, mais aussi avec de nombreux autres coureurs qui ont, comme nous, démarré cette aventure à 5h… Au fil des tours et des nouveaux arrivants sur la course, on a l’impression qu’il se crée quelque chose de spécial entre ceux qui étaient là au départ… Ce n’est certainement pas un " rejet " des autres (esprit incompatible avec l’ambiance sur place) mais plutôt un point d’attache entre ceux qui veulent se faire " la totale "…
Atomik JF
Au passage j’en profite pour prendre le portable. J’ai décidé environ tous les 5-6 tours de modifier mon message d’accueil pour laisser des informations à jour (au cas où certains souhaiteraient prendre des nouvelles ;-) J’utilise les 2minutes de marche au fond du circuit pour lire et écouter les messages arrivés, et changer mon message en laissant des nouvelles rassurantes (on ne sait jamais, des fois que madame Neutron ait envie d’appeler !)
Enchaînement des 6èmes et 7èmes tours en 18’50 et 17’15 (à la fin du 6ème j’ai pris le temps d’un ravito solide un peu plus long) puis sur la fin du 8ème tour (il me semble) je suis rattrapé par Phil. Il s’ennuyait à la maison et a eu la bonne idée de nous apporter les croissants sur le circuit … Il va m’accompagner durant quelques tours. Le 8ème est bouclé en 18’05, le neuvième en en 17’35 et le 10ème en 17’35 également… un vrai métronome (aidé par Phil, il est vrai…).
Objectif suivant… 14ème tour… Pourquoi ? Parce que cela fera 36,8 km, soit la moitié de mon objectif.
C’est reparti avec Phil pour le 11ème tour qui passe toujours sans problèmes en 19’00 après un bon arrêt ravito et la pause téléphone portable.
A la fin de ce tour, Phil me laisse car il doit être rentré pour 9h00. C’est donc tout seul que je me relance, enfin, tout seul, si on peut dire car les coureurs sont depuis longtemps répartis sur tout le parcours et on est jamais véritablement tout seul… sauf parfois dans " sa " course…
Ce redémarrage est un peu dur pour moi… L’approche des 30 (avec le 11ème tour on en était 29km) et le fait de ne plus avoir Phil me donnent l’impression de faiblir un peu… mais je me reprends et je boucle ce tour en 17’40, soit dans le même temps que précédemment… C’était tout dans ma caboche ;-)
Au 13ème tour j’ai une barre au niveau des intestins qui commencent à me gêner… je continue quand même, termine ce tour en 18’10. Mais la douleur est de plus en plus pénible sur le 14ème tour. Je décide d’un arrêt " technique " aidé en cela par les toilettes judicieusement installées par les organisateurs entre la ligne de départ et le ravito… Certes je vais perdre quelques minutes, mais par rapport aux 12h et à mon rythme actuel de course, ce n’est vraiment pas grave !
Du coup le 14ème tour sera bouclé en 22’30… Pas grave car en compensation, j’ai réalisé la moitié de mon objectif… Yes ! Cela fait à peu près 4h15 que le départ a été donné… il me reste 7h45 pour faire l’autre moitié…Ne vous y fiez pas, ce n’est quand même pas encore totalement gagné (en fait ce n’est jamais gagné tant que la ligne n’est pas passée).
Nouvel objectif court termes… Le 16ème tour Il correspond tout simplement au Marathon…
Après cet arrêt, je me sens terriblement mieux, j’ai l’impression de repartir facile… mais je me rends vite compte que mon rythme a un peu baissé. 18’30 au 15ème tour et 19’00 au 16ème. Le marathon est bouclé en 4h53’.
Désormais je suis dans le terrain de jeu des UFOs.
De plus, les messages s’empilant sur le portable, je décide de le garder désormais avec moi. Comme ça je n’aurai plus besoin de modifier l’annonce et j’aurai directement mes correspondants en ligne …
Depuis le début je suis resté fidèle à ma tactique. Course jusqu’au petit pont de bois, puis marche (200-250m jusqu’à la fin du petit bois et course jusqu’au ravito.
Un nouvel objectif en tête (les 50km du 19ème tour) et je me relance.
Pour la première fois je vais m’autoriser un tour tout en marchant (mais pas trop lentement quand même). Ce 17ème tour est bouclé en 24’10 après un gros arrêt au ravito.
Les deux tours suivants sont faits en courant un peu plus doucement en 20'30 et 21’40 car à plusieurs reprises j’ai senti des crampes arriver aux mollets… Phil m’avait bien conseiller au 30ème d’essayer de me faire masser, mais comme il n’y a pas de kinés, je n’ai pas voulu ennuyer la croix rouge… Erreur qui sera lourde de conséquences. Toujours est-il que cela me permet de boucler les 50km en 5h59’45… Je suis à mi-course (en durée) et il ne me reste que 32 km à faire…
Je relance… c’est dur sur les mollets et je dois ralentir pour ne pas trop les solliciter… Le 20ème tour est fait en 21’20…
Petit bilan. Le genoux tiens le coup , les cuisses aussi, pas de bobos si ce n’est ces pµt@/ns de crampes… Dès que je marche, ça va tout seul et dès que je cours, elles arrivent aussitôt. J’ai aussi en tête le Mercantour dans 5 semaines, et je me rappelle qu’ici ce n’est pas l’objectif prioritaire… Mais je n’ai pas non plus envie d’arrêter… Ca ne va pas cogiter trop longtemps et me remémorant une discussion avec Rodio lors d’un entraînement commun il y a peu de temps je décide d’en rester là…
Enfin, d’en rester là pour la course… Pas pour l’épreuve. C’est que j’ai encore deux objectifs à atteindre moi (mon record et boucler les 12h).
Alors je me lance dans ma seconde épreuve. Une épreuve de marche. Pas de la promenade, ni de la marche athlétique avec le déhanchement qui va bien… non, non, juste une marche rapide qui doit me permettre d’aller le plus loin possible.
Et hop ! c’est reparti. Mes arrêts au ravito restent les mêmes que tout à l’heure, seule la section de marche après le petit pont de bois disparaît, absorbée dans mon rythme général…
Les 22ème et 23ème tours sont bouclés tout en marchant en 23’00 et 23’30… Finalement, l’écart entre la marche rapide et mes derniers tours en trottinant ne sont pas très éloignés.
C’est à ce moment que Rodio me rejoint (je ne sais plus exactement à quel tour). Il a décidé de venir s’entraîner ici et de tirer les copains…
A partir de maintenant il va m’accompagner par tronçons, profitant du circuit pour faire des accélérations (toujours en marchant, rassurez-vous) en vue de son challenge… Paris Colmar… THE race of marcheur ;-))
560km… un truc ouf de chez ouf ! ! !
Au fil des tours et des passages des UFOs, il va accompagner tantôt les uns, tantôt les autres revenant me chercher de façon régulière pour me faire aller le plus loin possible…
Je ne pense plus à noter mes temps au tour. Je suis totalement pris par mon allure de marche, avancer le plus vite possible en contrôlant sans cesse la mécanique afin d’éviter tout risque de casse…
Des échauffements sous les pieds me laissent penser que je vais probablement avoir quelques ampoules. Ca chauffe juste à des endroits non protégés par l’elasto, donc ma protection semble efficace…
Au fil des tours et malgré l’assistance de Rodio, les cuisses commencent à se raidir… Les mollets ? plus de nouvelles, le changement d’allure ne les sollicitent plus de la même façon et du coup, les crampes sont oubliées, mais ce sont les cuisses qui commencent à tirailler dur ! ! ! Quelques échauffements sous les aisselles aussi. En marche, on sollicite beaucoup plus les bras qu’en course et du coup les frottements se positionnent différemment…
Un coup de fil du papy (j’ai oublié de citer tous ceux qui m’ont appelé ou laissé des messages, j’espère qu’ils m’excuseront !) m’indique que je dois m’attendre à une visite prochaine du Bourrin qui arrive directement de champagne où il a couru la Champenoise la veille (il doit être dans un bel état, quand on sait que la champenoise, c’est comme le Médoc, mais avec des bulles ;-)))))
Les tours se font un peu plus lent, mais avec l’aide de Rodio, je ne lâche pas prise… J’ai toujours un record à battre moi !
24, 25,----26ème tour… Je tiens le cap… Ca marche rapidement tout le tour et une pause au ravito à chaque tour… J’en profite aussi pour plaisanter quelques instants avec les pointeurs (histoire qu’il n’oublient pas de me compter un tour !). En fait, je fais ça depuis le tout début de course… alors après 9h de course, ils commencent à me reconnaître …
Claude Hardel (à droite)
Depuis un moment c’est Claude Hardel qui est au pointage… Imaginez, il a remporté cette épreuve à plusieurs reprises, couru les plus grandes courses d’UFO (la 333 par exemple) et ce matin à 5h du mat’ il était là avec nous, il a tourné pendant quelques heures, en tête de la course, et puis il s’est arrêté… Il lui reste une course de 200km à faire la semaine suivante, alors il préfère se réserver un peu… Du coup, il file un coup de main aux organisateurs, et c’est lui qui va m’encourager à continuer, me pousser à repartir pour quelques tours supplémentaires… Beaucoup de sympathie et de gentillesse de sa part… Je peux vous dire que ça, ça motive…
C’est dans cette période aussi qu’en arrivant au ravito je suis hélé par un coureur avec un blouson jaune fluo que j’avais repéré de loin plus tôt pendant la course… il se présente à moi : " salut, Michel, je suis le raton laveur "
" cornebredouille… ben je croyais que tu étais pas venu… "
" Si, si, mais je ne vous ai pas vu au départ ! "
" Avec nos maillots qui rendent fou, tu n’aurais pas du nous rater ! "
Bref on papote très rapidement pendant que je me ravitaille puis il m’indique qu’il est 3ème V1 et que je suis 4ème… et que comme il s’arrête, je vais passer 3ème et donc avoir une place potentielle sur le podium… Je suis un peu sceptique, et pis je suis pas venu pour un podium, et pis ça me fout la grouille dans la tête tout ça… Je commence à avoir du mal à me gérer tout court, si en plus il faut que je gère ma place… Mais bon, puisque j’y suis… essayons de maintenir le rang ;-))
On se salue puis, je retourne dans mes tours…
Michel et le Bourrin
L’arrivée du Bourrin correspond presque au départ de Rodio qui est resté un peu plus longtemps que prévu avec moi. Je me lance sur mon 27ème tour avec mes deux accompagnateurs. Pour la première fois je dois faire une pose, quelques instants au milieu du tour pour essayer de détendre mes cuisses… puis ça repart Fin du 27ème tour.
L’objectif est proche… Encore un tour et je passe mon record, le 28ème tour correspondant à 73,4 km… C’est dur, mais la motivation de l’atteinte de l’objectif me fait tenir le rythme… et je boucle ce tour tant attendu…
Ca y est… tout ce qui peut arriver maintenant c’est du bonus !
Dans la foulée, et après avoir remercié Rodio, je repars pour un tour de plus avec le Bourrin… on boucle le 29ème tour, et les 76,3 km …
Là, j’ai un flou… je ne sais plus si c’est à la fin du 29ème ou du 30ème , mais j’ai les cuisses tellement dures, que j’accepte la proposition du bourrin de me masser… Comme nous n’avons pas de pommade et que je ne suis pas tenté par une séance d’épilation à mains nues, on va voir l’équipe de la croix rouge, qui non seulement nous proposent ce qu’il faut, mais en plus se proposent pour me masser… Mais pourquoi ne suis-je pas venu les voir plus tôt :-(((
Je perds du temps mais ce n’est plus grave… il me faut juste tenir mon dernier objectif du jour, aller au bout des 12h…
Après un massage des deux quadriceps, je me dirige vers la tente de ravito… Mais j’ai commencé à me refroidir… A peine arrivé au ravito, il se met à pleuvoir fort… et j’ai froid… Je commence à me dire que je vais attendre la fin de la course à l’abris, car je n’arrive pas à me remotiver pour me lancer sous la pluie battante, malgré les relances incessantes du Bourrin.
Cette pluie dure un bon moment, et à la faveur d’une accalmie et d’une séance acharnée de pompoculthérapie bourrinesque, je sors mes guêtres de la tente et repars pour un trentième et probable ultime tour…Le redémarrage est dur… Je me suis complètement refroidi, je suis raide comme un bout de bois et mes ampoules que je gérais fort bien tant qu’elles étaient chaudes, je n’arrive plus à les supporter …
Petit à petit au fil des hectomètres les mouvements reviennent, les automatismes se retrouvent et la machine se remet (modestement) en route… Les massages ont fait de l’effet, non pas que j’ai retrouvé des cuisses de Chacal, mais elles sont nettement moins raides…
On termine ce trentième tour et je me pose la question de continuer… Pour le Bourrin et Claude (toujours au pointage) non seulement, je dois continuer, mais j’ai encore plus de 45’ avant le gong final… il est 16h15 !
Pas possible d’en rester là. On redémarre donc pour un 31ème tour qui portera la distance à 81,6km.
A la fin de celui-ci, il reste moins de 15mn (alors qu’il m’en faut près de 30 désormais pour en boucler un. Cette fois c’est sûr… J’en termine là avec ce 12h !
Je passe une dernière fois la ligne, avec le Bourrin, content d’avoir atteint tous les objectifs que je m’étais fixé… Il reste juste celui de ne pas me blesser, mais là je ne saurai que dans un jour ou deux s’il a été atteint…
On attend l’arrivée du Chacal et des autres participants qui bouclent leur dernier tour. Le Chacal est en tête depuis un bon moment, et il s’est sorti les tripes pour le rester d’après le Bourrin qui l’a suivi un peu lors des passages au ravito pendant ma pause !
Quelques coups de fil pour rassurer tout le monde un vêtement sec et chaud et là j’ai un gros coup de pompe…En plus j’ai promis de rentrer voir ma petite famille que j’ai encore abandonnée dès que possible. Je préviens Papy Turoom que je ne peux pas rester après la course et le remercie pour son animation, et ses encouragements réguliers au passage…
Le Bourrin me dit que je suis probablement troisième, mais avec l’arrêt prolongé pendant l’averse, il y a peu de chances que j’ai conservé ma place… je le salue ainsi que le chacal chez qui la pression est aussi en train de retomber.
Ce qui m’inquiète dans mon coup de barre c’est que j’ai une heure de route pour rentrer, et je préfère y aller tout doux… ce n’est pas le moment de prendre de risques…
Finalement, j’ai conservé ma troisième place en V1. Un podium… un vrai de vrai en course à pied… Après nos récentes perfs avec le Bourrin en CO et en multi-sports, c’est encore un peu grâce à lui (et aussi aux autres) que je suis allé au bout ! ! !
Le Chacal sur la plus haute marche du podium
Puis sur la 3ème pour récupérer ma coupe
Un AAB sera organisé un peu plus tard chez le Chacal afin que je puisse récupérer ma coupe, cérémonie incluse
La remise de la coupe
Voilà, je rentre fourbu à la maison, j’ai du mal à sortir de la voiture, mais la douche qui va suivre va me faire drôlement du bien…
Finalement, cette première expérience est tout à fait conforme à ce que j’attendais de ce genre d’épreuve… convivialité, contact entre les participants, motivation à répétition… tout y était… jusqu’au parcours qui est très agréable…Peut être quelques kinés seraient les bienvenus… mais sinon, vraiment un très grand bravo à tous ceux et celles qui ont rendu possible une telle épreuve… Soyez en toutes et tous remerciés.
Merci aussi à ceux et celles qui m’ont soutenu par leurs messages, leurs sms, ou leurs coups de fil, avec une attention particulière pour Phil, Le Bourrin et Rodio, que j’ai découvert quelques temps avant la course et sur les conseils de qui je suis persuadé de pouvoir l’an prochain passer au cran supérieur… A suivre
Côté physique, le bilan est satisfaisant. Les crampes vers les 6h de course… peut être des massages dès la 4ème 5ème heure auraient pu me permettre de prolonger l’effort… un hydratation, insuffisante probablement (bien que régulière)… A surveiller au Mercantour.
Les ampoules… une action ciblée doit permettre d’en venir à bout. En tous cas les morceaux d’elasto ont été parfaits…
Les cuisses… Ca a tiré fort lundi, présent encore un peu mardi, et depuis mercredi, tout est redevenu normal !
Le point critique… les genoux… Aucune alerte en course. Pas de douleurs, ni de tensions, tout juste une petite raideur après mon arrêt prolongé. Dimanche soir compresse de flector pendant toute la nuit, puis massages au ketum lundi… Petite tension (raideur) lundi et mardi, et depuis plus de traces…
Une semaine complète de récupération là dessus (aucun sport, si ce n’est un tout petit peu de marche tranquille) et je me sens frais comme un gardon !
Madame Neutron, probablement effrayée par l’expérience papyesque à St Fons et par ce qui est arrivé au Chacal, n’a pas pu s’empêcher de me prélever quelques flacons de sang pour contrôler " au cas où ! "
Désespérément normal… tout juste un taux de potassium faiblement supérieur à la normale et une taux d’acide urique un petit peu élevé… peut être du à la mauvaise hydratation… bref pas de quoi fouetter un chat… ni un chacal
Voilà… fin de cet épisode, qui même s’il n’était pas un objectif, n’en était pas moins important pour moi…
Comme quoi, même avec peu de km on peut faire de l’ultra… il suffit juste de se connaître un peu et de s’avoir où et quand s’arrêter…
Rendez-vous le 21 juin pour le Mercantour…
D’ici là, je vais me contenter de quelques CO, courtes, juste pour le fun ! ! !
J’ai été un peu long, ceux qui ont déjà lus mes CR y sont habitués… quand à ceux qui m’ont rencontré, ils savent que je peux aussi prendre beaucoup de temps pour raconter…
Un Michel, c’est comme ça et ça ne se refait pas !
Michel_objectif_Mercantour
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