Récit de la course : Trail Ubaye Salomon - 42 km 2011, par chirov

L'auteur : chirov

La course : Trail Ubaye Salomon - 42 km

Date : 7/8/2011

Lieu : Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence)

Affichage : 1775 vues

Distance : 42km

Objectif : Terminer

7 commentaires

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Trail Ubaye Salomon - Edition 2011 sous la pluie...

Avant le départ de la course

Arrivée samedi à Barcelonnette pour récupérer le dossard, le dernier communiqué de l’organisation est confiant, les services météorologiques annonçant un ciel couvert mais pas ou peu de pluie. Je craints le mauvais temps, l’organisation annonçant sur leur site que le passage au « Chapeau du Gendarme » (2682m) serait impraticable si le temps tournait à la pluie et le parcours ramené à 30km au lieu des 42km initiaux, ce qui serait bien dommage.

En soirée le temps est variable, mais sans pluie, on profite un peu des festivités mexicaines de Barcelonnette en famille, puis direction le camping pour préparer les affaires du lendemain et dormir un peu… C’est ma 3ème course de cette distance, après le marathon du Mont Blanc et la Nivolet-Revard, je me fixe un objectif très raisonnable : finir en moins de 7h30. La liste du matériel obligatoire est vraiment au minimum, mais je préfère me charger et ajoutant une veste et un bonnet, au monte quand même à presque 2700m et les conditions météo sont très incertaines, même si de toutes façons, en cas de mauvais temps, le parcours devrait être raccourci, c’est sans doute pour ça que je décide de mettre un cuissard plutôt qu’un collant, plus pratique.

A 3h du matin, je suis réveillé par l’orage qui sévit, impossible de dormir dans la tente, la pluie ne cessera que vers 6h. Au matin, même si il ne pleut plus, je suis pessimiste pour la conservation du parcours long et je pars pour Barcelonnette à 7h30 pour un départ prévu à 8h. A ma grande surprise l’organisation décide que le parcours long est conservé si le temps ne se dégrade pas plus, le PGHM est en train de sécuriser certains passages à l’aide de câbles, on part donc à priori sur 42km, bonne nouvelle !

 

Barcelonnette ->  Col de Baume-Longe (1811m)

Le départ est donné ! Et la pluie reprend… On part vite, les 6 premiers km sont roulants, il faut en profiter pour gagner du temps, sans se griller, je me mets dans le milieu du peloton et je suis en faisant attention à l’allure. Je croise un coureur avec un couvre-chef Kikourou, j’en profite pour discuter 2 minutes, il s’agit de Akunamatata qui ne tardera pas à s’arrêter pour faire des photos, un vrai paparazzi. On approche du 6ème kilomètre, on commence l’ascension vers le col Baume-Longe qui se déroule en 3 partie : un bonne montée de 250m sur moins de 1.5km, une partie un peu plus roulante puis de nouveau une nouvelle grimpette de 300m pour arriver à 1811m. Tout se passe bien sur la première partie, j’ai une bonne allure, je double quelques coureurs en peine et me fais doubler par d’autres, on rentre dans le brouillard et la pluie reprend de plus belle, je commence à avoir des doutes sur le maintien du 42km, mais je suis encore loin. 2ème partie, plus roulante, je relance à plusieurs reprises, mais je commence à avoir des crampes d’estomac et dans les mollets, alors qu’on n’a même pas encore fait 10 kilomètres ! Je ne comprends pas trop pourquoi… Peut-être le fait que j’ai peu dormi et que je suis parti un peu vite pour niveau… Je décide de ralentir un peu la cadence sur les parties roulantes et laisse passer quelques coureurs devant moi. On attaque la dernière partie de la montée de ce col, on voit rien à plus de 10 mètres, je garde mon allure sans trop forcer. Je m’arrête pour enfiler ma veste car il pleut de plus en plus et je vois 2 mecs me dépasser à une vitesse vertigineuse, une seule explication : on vient de se faire rejoindre par les coureurs du 23 au 11ème kilomètre, ce qui me semble logique vu mon allure et 1h30 de course, ils sont partis 30 minutes derrière nous.

Temporairement hors du brouillard

 

Col de Baume-Longe (1811m) -> Villard d’Abas (1456m) -> Le chapeau du Gendarme (2682m)

Le col est franchis, on redescend sur Villard d’Abas (1456m) pour le ravito, il pleut modérément, mais la boue reste raisonnable, pas de glissade, le paysage est complètement bouché pas les nuages. Je m’arrête pour prendre un gel pour essayer de minimiser mes crampes, je bois beaucoup malgré le temps. La descente se passe bien, on arrive au ravito peu avant le 15ème km, mes crampes d’estomac ont disparu, reste que j’ai toujours des crampes aux jambes et je dois faire attention. Je prends un peu de pain d’épice, chocolat, un verre de coca et je remplis mon Camel Back qui est presque vide, c’est reparti ! Quelques centaines de mètres de goudron pour souffler et ça repart de plus belle direction le col de Cloche (2053m). On monte sur un « single track » interminable, sous une pluie battante, je suis trempé, je sens de moins en moins les crampes et j’accélère un peu le rythme, surtout que je commence à me dire qu’il serait inconcevable que le parcours du 42km soit conservé dans ces conditions et que je peux me permettre d’accélérer si le parcours est ramené à 30km. On arrive un col de Cloche, la partie est roulante jusqu’au pied du Chapeau du Gendarme ou je m’attends à ce qu’on soit redirigé vers la vallée, le photographe qu’on croise nous dit que le parcours est raccourci, mais il n’est pas sûr de lui, la boue devient omniprésente, certains coureurs sont rassurés, d’autres déçus d’apprendre cette nouvelle… On arrive alors à l’intersection, et à la grande surprise de tous les coureurs, le parcours est maintenu, on redirige le 42 en direction du sommet, j’entends derrière moi 2 coureurs en pleine réflexions d’abandon à l’idée d’affronter le sommet dans ces conditions, moi je suis rassuré de pouvoir faire cette course jusqu’au bout malgré le temps.

Me voilà dans la grosse ascension de la course, plus de 600m de dénivelé sur 4km dont quasiment 200m sur les 500 derniers mètres ! Je suis bien, la pluie et la boue font partis du jeu et ne me démoralise pas même si je regrette de ne pas pouvoir profiter des paysages. J’ai peur que mes crampes reviennent au pire moment lors du franchissement des passages engagés, j’essaie de ne pas trop y penser. On s’approche du sommet et il commence à faire franchement froid, un vent souffle parfois de manière modéré, je range la casquette qui ressemble à une éponge et je sors le bonnet, j’ai les doigts qui se refroidissent de plus en plus… Devant moi, je vois 3 coureurs, en t-shirts !!? Des coureurs un peu inconscients qui partent à 2700m par mauvais temps sans même une veste, la course doit être vraiment compliquée pour eux… Je croise aussi une personne qui déambule avec peine, je m’arrête pour voir si tout va bien, il a l’air bien habillé, je ne me fais pas trop de soucis, mais en grande souffrance physique, il aura du mal à aller au bout, surtout que le pire reste à venir : les 500 derniers mètres avant le sommet. Avec cette pluie ininterrompue, l’eau ruisselle de partout, j’arrive au passage le plus engagé qui a été sécurisé par les gendarmes, je décide de ne pas utiliser la corde, je préfère le contact des doigts sur la roche. Encore quelques mètres et nous voilà au sommet ! Un peu plus de 24km et 4h30 de course, je suis dans mes objectifs malgré la météo, le moral est toujours au beau fixe.

Passage délicat 

 

Le chapeau du Gendarme (2682m) -> Le col de Fours (2314m) -> La Rente (1678m)

La descente s’annonce très compliquée, la roche est glissante, et la boue omniprésente. La roche glissante ne me dérange pas trop, je décide de descendre prudemment mais assez vite, plusieurs coureurs me laisse passer, j’arrive alors à une partie moins minérale et très boueuse, je ralentis, et je vois un coureur glisser devant moi et qui se met à gémir, il ne peut plus bouger… Je m’arrête pour l’aider, les crampes l’empêchent de se relever, je prends 3 minutes pour l’étirer et l’aider à se relever, il me remercie et me confie qu’il souhaite abandonner dès la première occasion, que la course est devenu un calvaire pour lui dans ces conditions, vu sa douleur, je ne cherche pas à le convaincre, je l’encourage à descendre prudemment en passant sur le côté plutôt que la boue et de prendre sa décision plus bas. Je continue prudemment la descente en « hors-piste », chacun essaie d’éviter la piste de luge de peur de ne pas pouvoir se relever d’une chute. Une petite remontée jusqu’au col du Gyp (2448m), puis de nouveau une belle descente dans la boue jusqu’à 2200m. Là c’est presque un miracle de ne jamais glisser, je vois des coureurs devant mois glisser et tomber à maintes reprises, et puis vient mon tour, j’ai le temps de me rattraper pour le pas prendre un bain de boue, mais je ralentis grandement mon allure, j’ai peur de réveiller mes crampes sur une glissade. On attaque le col de Fours (2314m), la dernière ascension ! Le reste du parcours étant majoritairement de la descente et du plat, je double des coureurs qui pestent contre l’organisation et les conditions météos, je ne prends pas parti : au col de Cloche on avait tous l’occasion d’abandonner et de redescendre, on connaissait à ce moment-là la météo et la difficulté de la course. J’arrive au col en un peu plus de 5h15 de course, je suis toujours dans mes objectifs, bien que dans ces conditions météos, je veux juste finir la course sans me blesser.

Montée vers le col de Fours 

La descente vers la Rente (1678m) se passe plutôt bien, les sourires réapparaissent sur les visages, on est sur un chemin assez large, parfois dans des prés un peu boueux mais toujours praticables. On arrive au ravito, je discute un peu avec les bénévoles qui ont peur d’être à court de nourriture et de boissons, je leur explique un peu les conditions de course et ils semblent étonnés d’entendre que certains passages soient si difficiles.

 

La Rente (1678m) -> Barcelonnette

Je repars, il reste 10 kilomètres avant l’arrivée, je pense avoir fait le plus dur. Beaucoup de plat, je suis sur une moyenne de 9-10km/h, ce qui est plutôt rapide pour mon niveau habituel à ce moment de la course, mais je me sens bien et je veux profiter des partis où on je peux enfin courir. Je suis maintenant un peu esseulé, un coureur me suis environ 30sec derrière, personne devant, on arrive sur de la roche friable et noire, ce qui nous donne maintenant, un chemin avec de la boue bien noire, très glissant, avec à droite un précipice assez impressionnant : il ne faut surtout pas glisser… C’est là où je croise 2 bénévoles, plein de boue sur les avant-bras, qui ont construit un renforcement de fortune pour sécuriser un passage devenu infranchissable par la boue, je les remercie pour ce qu’ils ont fait et je continue, on se retrouve sur une piste de boue impraticable sans faire plusieurs chutes. Je perds beaucoup de temps dans cette partie, je passe sur les côtés, je me tiens d’arbre en arbre, jusqu’à sauter dans une sorte de petite rivière boueuse 2 mètres plus bas mais non glissante que je suis pendant quelques dizaines de mètres avant de reprendre le chemin dans un pré, la course est devenu vraiment folklorique… Je le prends avec humour, si je fais du trail c’est aussi pour le petit côté aventure, mais les insultes fusent dans tous les sens de certains coureurs car on n’a pas tous ce point de vu. On reprend un chemin praticable, large, les sourires reviennent, la ligne d’arrivée n’est plus très loin, si c’est comme ça jusqu’à la fin ça devrait le faire… Désillusion… On arrive alors probablement pour moi au pire passage de la course : une piste de Bobsleigh avec de chaque côté des barbelés par intermittence ! J’ai pas envie de finir la course sur les fesses, je m’accroche de branche en branche en évitant les barbelés, je frôle la chute plusieurs fois, un Kikourou non identifié me double à toute allure, chute, puis repart, c’est juste après que je recroise Akunamatata qui a pris l’option de la boue, je le laisse passer et essaie de le suivre, mais je ne tiens pas debout sur la piste de boue ! J’arrive doucement en bas, la voix du speaker est de plus en plus forte, les chemins redeviennent goudronnés, on m’annonce 1km, puis 800m, 100m et enfin, la délivrance ! En 7h10, je suis largement dans mes objectifs malgré la situation, je suis content, complètement trempé et j’ai 2 énormes mottes de terre au pied au lieu de mes baskets, il est temps de prendre une douche avant le repas d’après course bien mérité !

7 commentaires

Commentaire de raspoutine 05 posté le 09-08-2011 à 10:18:08

Pas une simple promenade de santé, pour sûr.
Vous avez eu de foutues conditions, là-haut. Et, comme tu dis, c'est toujours étonnant les tenues légères de certains inconscients pour l'occasion. D'ailleurs, c'est à se demander si l'organisation ne devrait pas être un peu plus vigilante dans ce domaine.
J'ai retrouvé avec plaisir ces endroits que tu décrivais dans la descente fina. Lorsque j'avais participé à cette course pour la première fois, j'y avais vécu des sensations fortes dans la descente finale, j'étais cependant très loin du compte au regard de ce que tu as pu y vivre. Par contre, ça ne n'avait pas empêché de chuter dans ce que tu appelles la "piste de bob'" ( j'en porte encore les stigmates !).
Merci pour ce cr riche en émotions.
Raspa

Commentaire de chirov posté le 09-08-2011 à 13:08:10

Rendez-vous est pris, je reviendrais faire cette course lorsque mon calendrier me le permettra pour profiter des paysages grandioses de cette région - En espérant du beau temps cette fois, ça ne pourra pas être pire de toute façon :-)

Commentaire de Vestale posté le 09-08-2011 à 12:42:14

Un compte-rendu fidèle à ce que j'ai également vécu puisque je termine à 2 mn de toi ce mélange de crapahut et de glissades incontrôlées. On aura quand même bien rigolé! Je suggère la création d'un prix "Patin d'Or" pour récompenser les plus belles figures libres sur la boue.
Merci et à la prochaine (Dentelles de Montmirail)

Commentaire de chirov posté le 09-08-2011 à 13:04:51

Oui, j'ai vu plusieurs personnes qui auraient pu gagner ce prix :-) Ca me rappelait un peu les toboggans glacés de la SaintéLyon, mais ça fait quand même moins mal dans la boue !

Commentaire de akunamatata posté le 09-08-2011 à 23:54:38

oui quelle course et quelle rigolade cette fin vers barcelonnette !

Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 10-08-2011 à 11:04:28

En tant que berjallien d'origine je te félicite à mon tour !
Un récit passionnant à tout point de vue.
Je comprends sur le coup la colère de certains, à chaud. Mais je suis d'accord avec toi, au Col des Alaris ils pouvaient opter pour redescendre à Barcelo, et après tout si on "trail" on assume la partie d'aventure !
Les différents toboggans étaient extrêmes, vraiment, mais pour vous ça devait être bien pire, avec le passage des 600 concurrents des autres formats... Et la fatigue que vous deviez avoir.
Un grand bravo !

Commentaire de Babydoll posté le 14-08-2011 à 18:46:58

Félicitations pour cette course ou tu sembles avoir gardé beaucoup de volonté et de plaisir à participer !
Pour ma part je n'étais que sur le parcours découverte sans grande difficulté donc je n'ai pas bcp de mérite....
au plaisir de te lire.
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