L'auteur : akunamatata
La course : Annecime New Maxi Race
Date : 29/5/2011
Lieu : Annecy (Haute-Savoie)
Affichage : 4287 vues
Distance : 78km
Objectif : Balade
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Selamat datang ami(e)s traileurs,
Départ de la course à 2h30 du matin, je retrouve Badgone et Martine ainsi que de nombreux kikoureurs sur le parking d'Annecy le Vieux. Et l'endroit est désert ! Mais petit à petit, traileurs et médias envahissent les lieux, tout le monde est un peu endormi sauf les noceurs nombreux qui finissent leur soirée en arpentant les abords du lac d'un pas un brin éméché. Venant directement de Marseille, j'ai pu toutefois un peu dormir (45 min) avant le départ. Stéphane, l'organisateur de la maxi race et d'autres événements Tecnica, fait le briefing. Mon pass média n'est pas disponible, toutefois j'aurais accès au ravito comme prévu. Les coureurs regagnent la ligne d'arrivée située non loin de la plage du Paquier. il y a pratiquement 500 coureurs avides de dévorer une journée qui s'annonce belle et chaude. Même en cette heure très matinale, il ne fait pas froid. Entre les médias officiels et les accompagnateurs, les traileurs sont bombardes de flash, un vrai bronzage avant l'heure !
Les "teamés" se mettent en première ligne pour prendre un peu d'exposition médiatique, je fais un focus spécial sur Tine de sport2000 Epagny. Des le départ, le peloton prend la poudre d'escampette, Tine s'en tient a son allure contrairement à d'autres qui partent très fort. J'avais dans l'idée de suivre les coureurs depuis le col de Leschaux km à Doussard km. Or je réalise qu'il y a un bon coup à jouer avec le lever du soleil depuis le sommet du Semnoz km. Badgone, chargé du ravitaillement de Martine, ira de points en points atteignables en voiture tout au long de la course. J'espère profiter de sa voiture pour faire aussi quelques sauts de puce.
Le Col de Leschaux avec Badgone, à 5h du matin est ... tout noir, à ma grande surprise il ne fait pas froid, le réchauffement global a ses bons cotes....Juste avec ma top r-light c'est parfait d'autant que la pente vers le sommet du Semnoz se révèle pentue sans être très technique toutefois. Je force l'allure pour arriver avant l'aube et le passage des premiers coureurs au crêt de Chatillon. La montée est émaillée de rencontres ruminante (vaches, équidés...), puis des premiers postes bénévoles. Ceux ci doivent signaler quelques barrières électriques inopinées à franchir en travers du chemin. Le ciel noir parsemé d'étoiles cède la place à une douce lumière bleutée, suivie d'un liseret orangé délicatement posé entre ciel et terre. Cela m'inspire évidemment, je prends le reflet de la ligne de crête illuminée sur la vitre du minibus avec l'affiche de la maxi race.
Je suis presque au sommet, plus que 15 mètres et ... soudain, je vois débouler les deux premiers devant moi. Vite mettre le flash...trop tard. Iker vient de passer telle une balle basque, je prends Pascal G. au vol. Je connais les noms de coureurs à posteriori car il m'est impossible de reconnaitre qui que ce soit dans mon petit viseur sauf Christophe avec ses mèches rasta blondes . Julien (vizcacha) arrive bien après, déjà sensiblement décroché.
Les médias sont là, Photogone, les cameramen de Tecnica et quelques badauds. Tout les matins du monde...c'est la réflexion que je me fais, maxi race ou "maxi spectrace" ? Les éons ont passé sur cette crête, sculptant et peuplant cette dernière d'un fragile écosystème, et seulement pouvons nous capter qu'une infime fraction temporelle et spatiale de ce magnifique spectacle répété "ad vitam aeternam".
Frénétiquement je m'active, j'essaye tous les angles de vue, je sais que cette lumière rasante ne durera pas. D'une minute à l'autre Tine devrait arriver et j'aurais pour mission de la suivre jusqu'au col de Leschaux et plus si affinité...
Virginie Govignon est la première à franchir le sommet, heureuse de passer visiblement. Elle est en tête assez nettement devant Cathy Dubois et une invitée surprise: Ingrid Terrier dont c'est le premier long. Tine n'est point encore au sommet, et je me réactive car l'excitation du moment passé, le froid me saisit à présent et rappelle que l'on est en montagne à l'heure de la rosée matinale (et non du rosé provençal...). Je vois Fastoch, Tounik (que j'ai vu dimanche dernier à Marseille pour le final du relais aRett toi pour courir). Le soleil perce notre bulle de semi obscurité, les couleurs éclatent à nos yeux. Mon objectif devient manichéen, selon la direction visée d'ombre chinoise en traileurs bariolés façon brésil, les coureurs se métamorphosent dans l'œil numérique du Nikon. D'ailleurs dommage que ce dernier commence à accuser son age, la dmla le guette et à moins de trouver un moyen d'enlever ces satanées poussières, je vais devoir faire avec avant de pouvoir changer de boitier.
Tine est en vue, accompagnée de David, cela signifie qu'il va falloir reprendre sans échauffement un rythme de descente. La descente en plein jour est un régal pour les yeux, et avant de passer dans la forêt je ne peux m'empêcher de prendre des photos ce ces vertes prairies parsemées de couleurs florales. Bien sûr, je perds le contact avec Tine, mais j'ai confiance en mes qualités de descendeur. D'ailleurs je vais prouver d'entrée de jeu ma coordination œil pied en remarquant les barreaux métalliques bien luisant de rosée du passage randonneur. Je vise donc direct le petit plateau en plastique vert, croyant bizarrement que ce dernier pouvait être exempt d'humidité...Le temps que je réalise l'erreur, le match est déjà fini, le passage randonneur me terrasse d'un ippon ravageur. les jambes partent à l'horizontale tombe lourdement sur le dos, heureusement le matériel obligatoire (polaire, sac 15l etc..) me sauve d'un sévère mal de dos en absorbant l'impact. Miraculeusement j'ai conservé l'appareil en main et mon coude heurte l'herbe sans gros dégâts apparent (un bleu quand même). Au moins je me suis prouvé à moi même qu'un vrai photographe ne lâche jamais son appareil en toute conditions !
Un traileur me suivant me lance un "ça va?" avant de lui même de glisser sur ce foutu bout de plastique vert. A la lisère du bois, je range mon reflex dans le sac (interdiction de tomber en arrière désormais), la lumière est trop faible pour espérer prendre les coureurs en pleine vitesse. Je ne descends pas à tombeau ouvert, préférant ne pas tenter le diable. On verra si Tine apparait dans le radar, or je voudrais bien prendre la voiture du col de Leschaux à Doussard. Une pause pipi de Tine me permet de revenir à son niveau, j'ai sorti de nouveau l'appareil pour prendre le ravitaillement, à titre d'information sur les produits proposés pour les futurs participants mais surtout pour prendre l'ambiance, l'atmosphère bien particulière de ce moment de course.
Je discute avec Sylvain qui revient juste de l'outback down under (530 km dans le bush et une étape de 130 km, ils ont couru sur Uluru !!!!! mon rêve), il est chargé du pointage, puis ensuite avec Jean-Michel qui veut finir son triptyque Tiranges (80 km, 4300m+) - GR73 (73 km, 5000 m+) - Maxi Race (80 km, 4300 m+) en ... 3 week end ! Je cherche Badgone et Martine, mais l'assistance est déjà partie, bon alors c'est à pince que je vais aller à Doussard. Je papote avec Jean-Mi, mais il n'est pas trop en forme et j'estime avoir 10 - 15 minutes de retard sur Tine, alors j'enclenche le turbo sur cette partie de transition qui mêle partie bitumées et montées sèches dans les bois. La dernière descente commence par une départementale en légère descente. Toujours pas de Tine, alors que j'ai rattrapé une vingtaine de coureurs, je jette mes dernières forces dans la bataille et déboule à 15 km/h dans la descente en sous bois. Jusqu'à la panne d'essence, aussi rapide que brutale... damned, j'étais revenu à moins de 3 minutes, rebelote à Doussard je rate le taxi de 5 minutes.
Cette fois ci avec les jambes lourdes, je ne me vois pas enquiller la montée vers le col de la Forclaz, c'est la solution au stop qui s'impose. Cool, la première voiture s'arrête et m'amène à Talloires, ensuite petit temps d'attente de 5 minutes avant que deux jeunes randonneurs allant faire la tournette me font l'amitié de m'épargner la montée vers le col de la Forclaz. Je descends juste de leur voiture pour voir Tine et Marielle se diriger vers le col de l'Aulpe, pas le temps de retrouver Badgone, j'enquille de suite les pas de la désormais 3ème féminine. Je suis dans le dur de suite car Martine est une excellent grimpeuse, je lui dis que je risque de sauter d'un moment à l'autre tant j'ai brulé toute mon énergie avant Doussard. Ça envoie du lourd dans les sous bois, nous doublons les nombreux coureurs de la marathon race (partis de Doussard à 9h) et Tine ne faiblit pas. Badgone fait sonner mon téléphone de nombreuses fois et je ne peux absolument pas répondre sous peine de perdre définitivement le contact. Avec tout cela, je m'emmêle les pinceaux dans les réglages de mon appareil et quelques photos se révèleront floues témoignant de mon manque de lucidité à ce moment de la course.
Je laisse Tine au niveau du passage de corde, 1 km en dessous des chalet de l'Aulp, et je rassure Christian sur ma position. A présent, je peux prendre mon temps, reposer la machine, enfin façon de parler car quand je découvre au loin là haut le zig zag de petits points multicolores...Ici plus qu'ailleurs le paysage est somptueux, la Tournette nous écrase de sa hauteur, de ses couleurs ardoise et serpentine. Le lac d'Annecy, joyau dans un écrin montagneux, rayonne de sa couleur turquoise. La chaleur est maintenant éprouvante, peut être moins que la rudesse de la pente après le chalet de l'Aulp. Un traileur devant moi, fait demi tour pour se payer un perrier grenadine au chalet, la plupart grimpe lentement, certains à la dérive, font de trop nombreuses pauses. Je me concentre sur la photo, une dérive mentale bien utile qui permet d'atténuer les signaux de douleurs venant des cuissots martyrisés. Le col de l'Aulp est de toute beauté, la présence d'un troupeau de chèvres ajoute au charme insolite de l'endroit, il y a vraiment un sentiment de hauteur ici, de tutoiement du ciel. J'ai l'impression fugace d'être sur le liseret orangé entraperçu ce matin depuis le Semnoz. Je reste un long moment ici, à prendre les photos, mais aussi à absorber par tous mes sens le présent simple, sans arrière pensées, sans notion de temps. Les amis ne sont pas loin, Tounik, Jean-Mi, Franck ils arrivent au fur et à mesure. J'essaye de prendre les expressions à la sortie du col, mais il me faudrait le 70- 300 mm.
Il faut descendre sur terre quelque fois et plus particulièrement à Bluffy, prochain ravitaillement. La descente est très très longue, je descends lentement tant l'amplitude de mes foulées est minuscule. Je suis Joshua à 20 m et croise Yannick sans son tribute de Werner Schweitzer. J'arrive à Bluffy détruit des jambes, il me faut de longues minutes à l'ombre pour me réhydrater et me remettre en ordre de marche. Pas de navette de prévue pour les abondons, je suis bon pour faire de l'auto stop. Je suis un peu dépité de ne pouvoir monter au superbe panorama du mont Veyrier pour y retrouver Hélène (c'est le seul endroit où l'on peut dominer l'ensemble du lac d'Annecy). Je regagne Annecy le vieux grâce à la famille d'un coureur, j'apprends que Tine à conserver sa troisième place tandis que Virginie a dû céder le leadership à Cathy, Ikker gagne devant Pascal et Vizcacha, revenu du diable vauvert, finit sur le podium. La chaleur est accablante sur la plage du paquier, je vais prendre une bonne douche régénératrice et commence à comater sérieusement après ma nuit blanche.
Sur la pelouse, je suis absent, mon esprit est ailleurs sur les contreforts du Semnoz ou de la Tournette, le film de la journée défile sous mes yeux. Je suis fatigué, mais reposé mentalement comme si cette faim inextinguible d'espace, de beauté, de nature s'apaisait... drôle d'addiction, et je ne compte pas en guérir de si tôt ;) La remise des podiums se fait vers 17h, bien avant l'arrivée de nombreux traileurs encore sur le Veyrier (certains arriveront vers 21- 22h), Stéphane a un peu forcé sur le sponsorship de Tecnica, le trophée promis au premier est une chaussure tecnica diablomax sur un socle, les autres reçoivent des chaussures tecnica...un peu too much. Sinon le reste de la cérémonie se fait dans une ambiance bon enfant, je suis vraiment content pour Tine qui avait fait de ce trail un des objectifs principaux de sa saison. Badgone est aux anges, 4 de ses poulains du très récent Team sport2000 Epagny sont montés sur le podium.
En attendant Jojo l'éduc, je pique un somme avant d'aller chez Badgone et Tine pour une soirée sage et bien conviviale, Quelle Journée mes ami(e)s !
Akuna
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7 commentaires
Commentaire de lapinouack posté le 05-06-2011 à 21:11:00
qu'est ce que c'est beau... merci pour le recit
Commentaire de millénium posté le 05-06-2011 à 22:36:00
Que du bonheur de t'avoir "accompagne" durant cette journee memorable.Sacre exploit que ces 600 photos , la plupart en courant !
Commentaire de mic31 posté le 06-06-2011 à 13:37:00
Toujours doué pour la photo et l'écriture, bravo !
Commentaire de martinev posté le 06-06-2011 à 15:50:00
Super ton recit et bravo. Il fallait le faire : courir, prendre des photos, faire du stop. Merci pour les super photos. Ce fut un plaisir de partager un bout de chemin avec toi
Commentaire de Mrtrail posté le 07-06-2011 à 07:48:00
Merci akunamatata pour tes photos (certaine seront utilisées pour le site 2012 en fonction début juillet) et ton récit, même en tant que directeur de course, cela me donne des frissons... Tu es bien sur de nouveau invité en 2012. Et n’hésite pas en cas de besoins. Stephane AGNOLI
Commentaire de eric41 posté le 07-06-2011 à 12:56:00
Merci Akuna pour ces belles photos.content de t'avoir revu.
Eric
Commentaire de manu3842 posté le 10-06-2011 à 10:05:00
Merci pour ces belles photos.
Je suis sur la photo (casquette SaintéLyon) avec Yohan au sommet du Semnoz. Est-ce possible de me faire parvenir cette photo par mail ?
ebonnard@hotmail.com
Amitiés sportives
Manu
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