Récit de la course : Saintélyon 2010, par nanard7th

L'auteur : nanard7th

La course : Saintélyon

Date : 5/12/2010

Lieu : St étienne (Loire)

Affichage : 3740 vues

Distance : 69km

Objectif : Pas d'objectif

6 commentaires

Partager :

573 autres récits :

Saintélyon 2010 ?... Même pas mal !!!

La Saintélyon ... T'es pas fou ??? 

Natif de Saint-Etienne (mes parents habitent pas loin de Sorbier), je connais évidemment cette course depuis toujours. Mais, même depuis la vingtaine d'année que je cours, jamais il ne m'était venu à l'esprit l'idée de la faire !!! Courir de nuit, dans le froid sur près de 70 km et à près de 50 ans maintenant .... très peu pour moi !!

D'autant que mes trois dernier marathons courus et terminés dans la douleur avec chaque fois une récupération très difficile me dissuadaient de tenter des distances plus longues ...

Pourtant l'année passée, un compagnon de sortie kikouriste a décidé de se lancer dans l'aventure.

Au fil des entraînements communs et des discussions, j'ai ressenti comme une pointe d'envie qui suite à un coup de fil passé à 8h du matin, ce Dimanche 6 Décembre 2009 est devenue une évidence : l'année prochaine, j'y serais !!!   

 

La préparation ... Une révélation ... 

Un an de préparation et 2000km !!!

J'ai essayé de varier au maximum l'entrainement constitué de 4 sorties hebdomadaires : Mardi : 10 km de récupération,  Jeudi 10 Km VMA, fractionné ou côte, Vendredi : 10km allure spécifique, Dimanche entre 15 et 30km, sortie longue avec dénivelé (5 sorties de plus de 2h30 les 12 dernières semaines de ma préparation).

Mais la révélation est venue des sorties longues qui m'effrayaient de prime abord. En fait, j'ai pris un plaisir fou dans ces sorties de plus de trois heures dans les montagnes Grenobloise. Je découvrais à cette occasion que l'alternance marche/course me convenaient parfaitement mais surtout que je récupérais beaucoup plus rapidement que les séances spécifiques du marathon, malgré des distances plus grandes (jusqu'à 30km.

Et puis évidemment quelques sortie de nuit pour se préparer. Je n’aurais jamais cru possible apprécier ces sorties nocturne ou les sensations physiques et psychiques sont tellement différentes. Sans parler du regard ahuri de ma petite famille me regardant partir pour ces virées nocturnes ...

 

Ma course ... Même pas mal !!!

Dimanche 5 décembre, 0h00 : J'y suis !!!

J'avais décidé de partir lentement ... mais que ce fut dur !!!!

Sans vraiment comprendre comment, je me suis trouvé très près de l'arche de départ que je franchis à peine une minute après le coup de feu (certains mettront plus de 8'). Et là, je suis au milieu de fous furieux qui partent comme pour un 10km et je commence à me faire dépasser de tous les côtés. A vrai dire, ça ne fait que commencer ... pendant plus de 5 heures des milliers de coureurs au dossard noir vont me dépasser, sans compter les relais après Moreau.

Le temps est froid (-7°) et sec, le ciel voilé et sans lune ... La sortie de Saint-Etienne ne présente pas d'intérêt particulier mais elle permet (normalement) de se mettre en température tranquillement. Pourtant mon rythme cardiaque monte sans cesse et je suis presque à l'arrêt !!! En courant, je dépasse avec peine des marcheurs qui me re-dépassent dès que la route s'élève. Ce chassé croisé avec ces marcheurs qui m'impressionnent tant durera jusqu'à Saint Genoux. 

6 km de course, 44' de course et déjà un cardio à 150 !!! (à cette vitesse, d'habitude je suis à 120 ...). Dès premières pentes sur Sorbier, je commence à marcher, ce qui me permet de souffler. Après quelques kms, nous quittons enfin la lumière blafarde des lampadaires pour nous retrouver dans la nuit noire ... les frontales s'allument et ma SaintéLyon commence enfin !!!
Premier chemin et première surprise : à gauche et à droite, deux lignes de lumières crées par des coureurs en train de chausser leurs chaines. Je ne savais même pas que ça existait avant cette course !!! Du coup, grosse inquiétude : j'ai longtemps hésité entre une paire de route et une paire de trail et mes essais sur la neige dure (que je pensais rencontrer) m'avaient finalement incité à prendre mes routes. J'ai peur d'une nuit de galère ... 

Deuxième surprise : je m'attendais à une neige dure après le passage des milliers de coureurs qui me précèdent et bien ce n'est pas le cas, la neige est encore assez légère et bien présente.  Du coup, chaque foulée demande beaucoup plus d'effort que d'accoutumé. J'ai peur de m'épuiser alors c'est décidé : je marcherais sur le plat et en montée et je courrais en descente avec comme seul objectif : arriver et … profiter !!!

Arrivée à Saint Christo en 2h20, je ne m'arrête pas, mon Camel back est encore bien rempli (et le liquide bien chaud, miracle du sac isotherme) direction Moreau (ou malgré ce qui était annoncé par les organisateurs, il y avait tout de même un mini-ravitaillement) puis Sainte-Catherine. Autant dire que les 20 km entre Sorbiers et Sainte-Catherine passeront comme dans un rêve. Des paysages magnifiques (la vue sur la vallée du Gier), les champs d'un blanc immaculé, le bruit feutré des pas sur la neige, le silence des coureurs, une ambiance hors du temps. Je prends un pied pas possible, des souvenirs d'enfance qui surgissent, je voudrais que ça dure et ... ça dure effectivement puisque j'arrive à Sainte Catherine en 4h30, bien loin des 3h40 que je m'étais fixé. Mais 4 heures 30  de bonheur absolu !!! Bon, la neige n'a pas que des avantages et malgré les guêtres, les  chaussures sont trempées et je commence à avoir des ampoules au bout des orteils. Je profite de l'arrêt pour remplir le Camel Back (eau, thé et mon élixir) et panser mes doigts de pieds douloureux.

Après Sainte-Catherine, une autre course commence,  différente. Le passage de la SaintéExpress à fait son effet : la neige est vraiment tassée et le verglas apparait ... Comme après chaque ravito, ça monte mais je prends mon temps. 30Km de course, 5h10 ... je n'ai jamais couru (marché) aussi longtemps pourtant tout va bien, je m'ausculte mentalement : RAS, même les ampoules me laissent tranquille.

Nous continuons jusqu'au bois d'Arfeuille, véritable tournant de la course pour moi. La descente est apocalyptique, à la hauteur de sa réputation. J'y passerais près d'une demi-heure (pour faire 1,2km) ! D'habitude je suis assez à l'aise dans les descentes techniques mais là, entre les coureurs tétanisés par la peur, les chutes et la glace vive, difficile d'avancer ... La meilleurs solution semble d'abaisser son centre de gravité au plus bas quitte à poser les fesses par terre ... et même là, gare à la prise de vitesse!

Après de bien des frayeurs, j'en termine enfin et là je souris, heureux d'avoir vaincu le mythe et soulagé d'être passé à travers les chutes qui n'épargneront malheureusement pas un grand nombre de coureurs. Les routes glissantes voire dangereuses deviennent maintenant notre quotidien. Le verglas qui se cache souvent sous la neige est omniprésent et nous ne le quitterons plus avant l'arrivée. Il faut redoubler de prudence.

La longue remontée jusqu'à Saint-Genoux me semble interminable.

6h30 - Je ne fais qu'une courte pause à Saint-Genoux, encore une fois j'en profite pour remplir ma gourde de thé bien chaud, pour manger une barre de figue et pour changer de chaussettes. Encore une grosse montée et commence la descente vers Soucieu. Je l'accueille comme une délivrance, je vais enfin pouvoir courir !!!! Marre de ces marcheurs qui me narguent de leur marche rapide et que je suis incapable de suivre en montée. J'apprécie chaque km de goudron (même verglacé) et enfin, enfin je commence à dépasser ces satanés marcheurs mais aussi des coureurs imprudents qui payent leur trop  grande impétuosité du départ. Et puis il y a le passage au 42,195 km ... je n'avais jamais dépassé cette distance ... je m’avance maintenant dans l’inconnu …7h30 de course et même pas mal ... j'accélère (0,01g) pour arriver au ravitaillement de Soucieu.

8h de course et il fait maintenant bien jour. La frontale est toujours allumée et je sais que depuis plus d'une heure elle ne régule plus, mais je n'ai pas eu le courage de l'éteindre, peut-être de peur de quitter une nuit ou je me suis si bien senti. Je décide de me poser un peu a Soucieu, faire un point. Je sais que si j'arrive à Beaunant, ça sera gagné mais qu'il reste 12 km avant ce point  crucial pour moi. Au niveau physique, tout va bien, je suis très surpris mais l'entrainement doit payer ... Niveau mental, les premiers coups de fil m'ont donné une pêche d'enfer à tel point que je n'ai pas encore sorti l'ipod (je ne le sortirais pas d'ailleurs)...

Un gel, mon cachet de Sportéine (un toute les heures), une gourde de thé bien remplie et c'est reparti.

Ce passage entre Soucieu me faisait peur et pourtant je l'ai adoré, c'était presque ludique !!! Entre la descente (très technique parfois et évidemment glacée) vers le Garon, la passerelle ou comme certainement beaucoup de coureurs, j'ai failli terminer les quatre fers  en l'air, la remontée vers Chaponost, le tour du parc enneigé voir glacé et les marches très cruelles pour en sortir, on n'avait pas le temps de s'ennuyer. Non, juste une épreuve supplémentaire pour des quadriceps que je commence à sentir (enfin ...). 

La descente vers Beaunant nous réserve encore quelques surprises (chemins verglacés) et enfin j'y suis !!!

Beaunant, 10 heure de course, c'est dingue cette joie qui me submerge. J'essuie même une petite larme. Je me rends compte que depuis des heures et des heures, et peut-être même depuis le départ, je ne pensais qu'à ce ravito et à cette fameuse montée de Saint Foy. Beaunant : un véritable objectif !!! Du coup je ne m'arrête presque pas et le moral au beau fixe, je file vers Gerland, la suite du parcours ne sera finalement que du bonus !!!

La montée de St-Foix est vraiment raide, je rattrape un coureur très mal en point et je lui propose un antalgique avec les recommandations d’usage, nous discutons un moment puis je repars en courant. Je cours même en montée maintenant (!!!) et je ne m'arrêterais plus jusqu'à la fin malgré des genoux qui commencent à être un peu douloureux.

La descente vers le Rhone passe très rapidement entrecoupée de très nombreux coup de fils qui tous me font encore accélérer. Enfin les quais de la Saône avec de terribles rafales d'un vent du sud qui ne me gêne même pas ...J’espère l’arrivée de mon fis qui doit me rejoindre en vélo, mais les quais sont vraiment impraticables et je ne le verrais pas avant l’arrivée.  J'accélère encore sur les quais du Rhones faisant fi des plaques de verglas omniprésentes et la tête dans les étoiles, je passe l'arrivée au sprint avec l'impression de pouvoir encore faire des centaines de km de plus ...

40' pour faire les 6 derniers kms, plus rapides que les 6 premiers ...

11h21 et un sentiment de plénitude ... et une envie, irrésistible : vite recommencer et aller plus loin ....

 

Bilan ... que du positif !!!

Un bonheur absolu, la chance d'avoir échappé à la chute, la neige que j'ai finalement adorée et qui m'a incité à être très lent sur la première partie de la course et qui m'a évité de puiser trop profondément dans mes réserves, une fin facile ...Et aucune courbature deux jours après ...

Bon, je sais que si je l'avais faite moins de 10h comme prévu, ça ne serait certainement pas le cas !

Enfin respect total, pour tous les coureurs qui, en 5h30, 6h 7h 8h et plus, ont terminé cette course merveilleuse qui restera pour longtemps dans ma mémoire.

 

Alimentation/hydratation  ... ça a marché !!! (pour moi ...)

Suite à beaucoup de temps passé sur le net, j'avais décidé de me préparer un "élixir" de mon cru ...

La recette :
20g de Miel + 30 g de sirop d'agave + 20 g de maltodextrine + cuillérée à soupe d'acérola + un demi citron + une pincée de sel pour 1l d'eau.
Je suis parti avec 1,5l d'eau d'Évian (chaude) de ce mélange, la poche à eau étant placée dans un sac isotherme découpé à sa taille. J'avais mis dans une bouteille de 33cl un concentré du mélange pour remplir la poche à mi-parcours.

A partir de Saint Genoux, je porterais à la main une bouteille de 50cl que je remplirais de thé à tous les ravitaillements (et évidemment je devrais m'arrêter régulièrement pour "vidanger")

Je suis parti avec une dizaine de gels (j'en prendrais 5 au final) et 5 barre Figues/amandes (j'en mangerais 3). Je n'ai rien pris aux ravitaillements (ni sucré, ni salé), juste du thé !!! 

 

Mon équipement ... que d'hésitations !!!

Ah le choix de l'équipement, un an pour hésiter, comparer, tester puis finalement décider ...

Chaussures : Asic Gel 2150 GT (j'ai beaucoup hésité avec mes New Balance trail MT875)

Mizuno Breath Thermo ML + Carline Millet de rechange ML (pas utilisée)
Maillot  ML Kalenji  Decathlon  (je n’ai jamais eu froid avec ces deux couches malgré le -8°)
Veste GORE veste Axis II Gore-Tex (pas utilisée)
Collant Isolate Athlétic Décathlon
Shorty SH500 kalenji Décathlon
Bas Booster BVS
2 paires Chaussettes X-Socks Run Performance trail
Bonet  polaire Zoot
Bandeau Kalenji Décathlon
Casquette (sur le bonnet en début de course ....)
Buff
Gants Coupe vent Kalenji Décathlon + gants légers Asic (j'enlèverais les gants fins au bout d'une heure)

Sac à dos CamelBack iMule + poche à eau isolée par sac isotherme (j’ai eu de l'eau tiède toute la course)
Frontale Petzl Myo RXP + 3 Piles neuves
Lampe à main Petzl Tika (pas utilisée)
Lunettes de Soleil
Lecteur MP3/ téléphone portable
Cardio GPS Garmin 410 + Batterie + cable USB pour Garmin (j'ai rechargé la montre à mi-course, une vraie galère ...) - c'est décidé je vais acheter un 310XT !! 

Couverture de survie (pas utilisée !!!)
Stick pour lèvres (pas utilisé) 
Crème NOK (que j'ai utilisé à mi-course pour limiter l'échauffement qui apparaissait sur les hanches)
Sparadraps
3 paquets de mouchoirs jetables (pas utilisé)
Carte d'Identité/permis/Carte bleue + 20€
Profil course plastifié avec temps de passage (toujours en main, il m'a été d'un grand secours pour me repérer)

Un sac banane ventral Slomon contenant :
5 Gel Endurance Banane Decathlon
5 Gel Caféine Energit Fruits Rouges Decathlon
5 Barre Figues Gerblé
1 tube de Sportenine + Ibuprofène 400mg + Efferalgan 1000mg + Spasfon (j'ai pris un cachet d'Ibuprofène à mi course)

Bouteille 33cl (Concentré elixir perso) dans le sac
Bouteille 50cl eau puis thé à mi course (dans une main) ...

Poids du sac : 4,8kg !!! (vraiment lourd, mais psychologiquement très rassurant ...)

6 commentaires

Commentaire de chanthy posté le 11-12-2010 à 21:27:00

c'est du costaud ça, dis donc!!
bravo pour ta course.
question: pourquoi les lunettes de soleil, pour cette course :) ??

Commentaire de nanard7th posté le 11-12-2010 à 22:23:00

Merci pour ton retour !!!
Je suis myope et les yeux très sensibles au soleil et je savais que j'arriverais bien après 8h !!!
Finalement, vu temps couvert du Dimanche sur Lyon je n'en ai pas eu besoin.
Cordialement - Bernard

Commentaire de Pat'jambes posté le 11-12-2010 à 23:20:00

Félicitations! Comme quoi... Il fallait y aller!
Merci pour le CR.

Commentaire de yves_cool_runner posté le 12-12-2010 à 17:24:00

Un grand bravo pour cette première dans des conditions difficiles. Rdv en 2011 pour moins de 10h00 !

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 12-12-2010 à 18:02:00

Bravo, le terminer cette année, c'était pas évident !

Commentaire de robin posté le 13-12-2010 à 14:06:00

houlala malheureux ! Mais tu t'es choppé le virus du long pendant cette nuit!

Bonne recup et merci pour le CR

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Votre annonce ici !

Accueil - Haut de page - Aide - Contact - Mentions légales - Version mobile - 0.12 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !