L'auteur : Yannick74
La course : Trail du Pic de Bure - 30 km
Date : 25/7/2010
Lieu : Montmaur (Hautes-Alpes)
Affichage : 2104 vues
Distance : 30km
Matos : Nike vomero 4 (route)
Sac,
camel 2l (longue partie arride)
Batons (pas indispensable)
short + tshirt mais ca pincait en haut.
Objectif : Se dépenser
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6 autres récits :
Je connais "bien" le Devoluy pour y trainer mes basquettes et mes skis depuis 6-7 ans maintenant...
Un massif surprenant, qui sait se faire aimer de tous car il propose une diversité étonnante.
Et ce n'est pas facile pour un haut-savoyard, originaire du massif du Mont-Blanc de reconnaitre la beauté d'autres montagnes!
C'est donc tout naturellement que je scrutais l'apparition de trails dans ce secteur. Je ne pouvais pas participer à la première édition de ce fameux Pic de Bure, mais notais d'hors et déjà 2010 sur mes tablettes.
Peu importe la distance, qui ne correspond pas à mes habitudes, je me contenterais de ce qui se fait.
Je calle mes vacances avec cette course, histoire d'éviter les aller-retour dans le sud, et de pouvoir aborder cette course avec quelques jours sur place.
Finalement un enterrement de vie de jeune garçon me bloquera le samedi, puis la route sera avallée, ainsi qu'un repas festif au village le soir même! Rouge, gnoles... Un repas de champion!
6h30 le reveil sonne, haie ca fait mal... Le bide est un peu à l'envers, la bouche pateuse et les lèvres engourdies...
Le petit dej est avalé en deux deux, j'ai encore des doutes sur l'horaire de départ de la course (trop bien préparé).
En route pour Montmaur.
7h15 Je tourne dans Montmaur, impossible de voir un lieu de RDV, je suis maintenant sûr que le départ est à 8h.
Je trouve 2-3 voitures qui tournent aussi, on discute, le RDV serait à la salle des fêtes, mais certain en suivant les panneaux se sont retrouvés en dehors de Montmaur.
Je décide de suivre les panneaux, je tombe sur une voiture qui me fait des appels de phares, la vitre se baisse, ce sont des bénvols!
La salle des fêtes est à 1kms du village, il faut juste continuer sur la route.
Là, il y a déjà pas mal de monde, la ligne d'arrivée est en place.
7h30 retrait des dossards, il y a un peu d'attente, certains s'inscrivent sur place!
Mais un petit casse croute permet d'attendre. Je retrouve Gilles, un habitué des trails, on a souvent les mêmes courses sur nos calendriers!
Il en est à son 6ème trail ce mois ci et ce n'est pas finit!!!
7h45 Briefing, on nous parle du froid, du vent, les bénévoles du sommets sont gelés, il faut prévoir le coupe vent.
8h00 On part de la marie de MontMaur, 800m de plat avant la première montée.
J'ai oublié le cardio et donc mon Garmin, toute la course se fera au feeling.
Je part rapidement (je m'étais échauffé un peu en me rendant au départ), je trouve que la tête de course ne va pas très vite.
En effet dans tous ces coureurs (100), ils y en a qui font un 16kms, d'autres qui ne font que la montée sèche!
Je m'attendais donc à un gros départ, qui coupe les jambes de ceux qui font le 30kms...
Finalement je vire en tête et me retrouve dans la première montée, qui commence doucement.
Fidèle à moi-même, je respect mes propres règles de mauvais grimpeur, ne pas courir à partir de telle pente, sortir les batons à partir de telle autre inclinaison, et être capable de relancer le moindre plat d'entrée de jeux... Le trail, c'est la relance!
Forcément, les forts grimpeurs passent en trotinants là où je marche (le plus vite possible), je vois environ 6-7 coureurs passer.
Mais je semble rester dans le rythme, une fois le premier souffle utilisé, je ne perd pas de terrain sur ceux que je poursuit.
On retrouve une petite section de plat (faux plat montant), je relance donc de suite et rattrape les quelques dixaines de mètre qui me séparaient du concurent direct. Ca a l'air d'aller pas si mal!
Je constate que les arrières goût de la soirée d'hier sont passés! J'ai bien décrassé ma carcasse en quelques minutes...
De plus je vois que le gars qui me précède est en débardeur, sans sac, avec juste un petit bidon, je me dis "c'est bien, tu accroches un gars du 16kms".
Arrive très rapidement la fameuse montée du Calvaire, et elle porte bien son nom.
Un coup de cul directement en entrée, je sers les dents pour suivre mais je me rends compte que j'ai perdu mon dossard!!!
Etant sûr de l'avoir vu sur moi quelques secondes auparavant, je me lance dans un demi tour, redescendant le fameux coup de cul.
J'entends un groupe qui arrive et hurle: "vous n'avez pas vu mon dossard"
Sortant sur le plat, je vois un des gars se baisser pour le ramasser et il me le donne à ma hauteur, zou re-coup-de-cul!
Et 3 gars devant!
En même temps, ils grimpent tous plus vite que moi, je prends un peu le wagon, ca me booste mais c'est trop raide, je préfère économiser pour le prochain long plat DESCENDANT !
Peu avant de sortir les denrières épingle, un jeune remonte très fort, en marche ultra rapide (par rapport à la pente).
On discute 2 secondes à son passage, je lui dit qu'il grimpe super bien!
On sort avec 30m d'écart sur le début du plat, je le reprends en à peine 100m, bloqué par le groupe de trois qui ne relance pas, on double ensemble et il me laisse rapidement passé, en me disant "à toute à l'heure dans la montée"!
Je décide de profiter de ma vitesse sur le plat pour bouffer un max de conccurents:
1. C'est bon pour le morale
2. C'est bon pour la moyenne, vu que je monte pas très bien
3. C'est sans grande conséquence, vu le ravito au bout de cet effort et la montée suivante qui se fera principalement en marchant.
Je donne tout, sans aucune retenue, une foulée bien travaillée, qui ne traumatise pas. Résultat c'est très efficace.
Je regrette vraiment le Garmin pour cette partie, le ressentie est souvent faux, mais je pense avoir fais du 16km/h.
Arrivée au ravito, on me pointe (avec mon dossard à la main), on m'annonce 2ème!
2ème??? Il y a plein de gens devant moi! Oui mais montée sèche et 16kms en majorité.
Houla il faut que je me calme, je vais profiter du ravito, car après c'est no-man-land.
Je donne mon dossard et mon porte dossard à l'organisateur qui est monté, il me rafistole gentillement le tout pendant que je me prends du coca de la banane.
Je vois arrivé un autre dossard du 30kms, il montait pas mal tout à l'heure, il faut que je relance.
La montée principale de ce trail est là devant moi, je l'ai déjà parcourue en off sur une longue sortie.
C'était une vraie bavante, car j'avais des kils dans les pattes, plus vraiment de ravito et il était midi !
Ca ne pouvais donc que mieux ce passser aujourd'hui, surtout s'il faisait froid là haut dans le pierier.
Il fallait une stratégie de course, pour une fois que j'avais une place à défendre!
Je savais que le jeune grimpeur allait me bouffer dans la montée, que l'autre concurent intercallé était aussi un client sérieux.
Apparement je descendais bien plus vite que ces 2 concurents directs, mais est-ce que je serais aussi frais là haut?
Avec quel écart sur une montée aussi longue?
Il fallait que j'utilise tous mes atouts, ne rien garder sous le pied pour le regréter ensuite.
C'est un trail court, arrêtes de garder de la réserve, donnes tout.
La première partie en sous bois n'est pas technique ni trop raide, je relance donc et trotine un peu plus qu'à mon habitude en montée.
Je sors surpris de ce premier quart, personne ne me rejoint.
Arrive alors la vraie partie montagne, je la découperais en 3:
1. un petit amuse bouche en sentier caillouteux jamais trop raide, avec des lacets bien désinés.
2. Le premier resaut, ca comment à monter droit dans la pente, a patiner dans les gravillons
3. "Les marches": des dales qui formes des marches naturelles de 20cms à 50cms de haut, assez husantes.
Après c'est la sortie sur le plateau, et le sommet à proprement dit qui est une petite ascension bien tracée.
Le jeune grimpeur me doublera finalement à la fin du premier resaut.
Je ne perdrais plus de terrain sur lui depuis les marches jusqu'au sommet du pic de Bure.
Avec dans la tête, la certitude de le rattraper peu être même dès la fin du plateau (2kms de plat).
Je suis 3ème, je vais peut être faire 2, c'est con, mais ca motive!
Le premier descent du pic de Bure, il n'a pas tant d'avance finalement!
Je remonte un concurent intercallé, mais il reste devant moi jusqu'au sommet, se retourne et repart plein pot!
Un gars du 30kms?!?! Effectivement on m'annonce 4ème!!!!!
Tout change! Il va falloir se démener.
Le concurent avait au fait calmé l'allure de montée pour mieux aborder la descente, je le vois partir très vite.
Le plateau est un paysage lunaire, c'est que du cailloux, exposé au soleil et à tous les vents avec sa vue à 360°!
Le vent est là, la fin de la montée à été difficile, le froid pincait et le hurlement du vent prenait la tête.
J'étais pressé d'attaquer la descente, de me protéger de ces conditions.
Impossible de rattraper ce concurent, il en avait vraiment gardé sous la semelle, et les pierres qui roulent sous les chevilles n'engagent pas à lacher trop fort.
En arrivant au bord de la combe de Mai, une bénévoles nous indique qu'il sagit de la partie technique, qu'il faut faire très attention et bien suivre le balisage. Là, en arrivant sur le bord, je retrouve mon prédécesseur, qui avance avec grande précaution dans ce dédalle de gros bloques instables.
Habitué à ce type de terrain et voyant là une chance prendre de l'avance, je me fais plaisir dans une descente un peu artistique, sauvée quelques fois par mes batons en dernier recourt.
La bascule suivante dans une pente encore plus raide, me laisse apercevoir le jeune grimpeur qui pour la peine s'est tranformé en super descendeur!!!! Il a pris une sacrée longueur d'avance. Il veut retarder l'échéance au maximum.
La suite est un vrai bonheur, une espèce de parc d'attraction de la descente, un manège grisant!
La sente va droit dans la pente, un bon 30-35° a vu de nez.
C'est du gravat de moyen calibre, qui roule sous les pieds en amortissant le tout sur 10-15cm.
On se croirait dans la neige de printemps! Résultat: Tout schussssssssssssssss!
Quel plaisir de voir autant de dénivelé bouffé aussi vite. :)
Je rejoint le même chemin qu'à la montée en 2 coups de cuillière à pots.
Finalement, mon prédécesseur n'a pas une si grande avance, c'est ce passage qui lui a permis d'être "aussi loin" visuelement.
Je relance donc de plus belle, après m'être retourné pour estimer les poursuivants (ca va ils sont à bonne distance).
Dans cette descente, je suis en grande forme, je me surprends moi même car les descentes longues sont souvent signe de calvaire pour moi.
Je croise 2 touristes qui m'encourage "3ème vas-y ! Le gars devant toi n'avances pas!"
Je demande s'il est tombé s'il s'est fait mal, "Non, il va juste bien plus doucement que toi, tu vas le rattraper dans 2 minutes"
Ca ca fait du bien, mais je me méfies des spectateurs, va savoir où ils l'ont croisé? Passage plus technique?
Je termine la partie caillouteuse du trail, et me retrouve dans le sous-bois, je relache mon attention, la chaleur + la concentration commencait à me peser. Je reprends une foulée efficace mais plus économe, il y a encore 10kms après le ravito, je dois en garder un peu pour le long plat.
Là, en passant à côté d'un ado et de son père, je me prends une racine, la crampe me saisie immédiatement le mollet pendant ma chute.
Je me bouffe lamentablement de tout mon long sur la terre batue du chemin, mes batons volent!
Je me tords un eu de douleur, le temps de gérer au mieux la crampe qui me tétanise le molet. L'ado à peur que je me soit fait très mal, mais je n'ai rien et lui demande s'il peut juste me repasser mes batons. Je repars immédiatement, la situation ne peut qu'empirer si je ne refais pas travailler ce muscle. Je trotine, ca tire, ca se détent, ca passe, je relance avec un peu plus d'attention aux racines.
Là je pense que dans ma tête je suis passé en mode protection de place.
Je suis 3ème, un podium c'est génial !
Si tu forces trop, tu vas reveiller cette crampe, comment vas-tu gérer le plat?
Si quelqu'un déboule maintenant, tu as quoi en réserve pour relancer? Rien!
Ouf le ravito de la montée est là aussi à la descente.
Il faut boire, ca chauffe déjà dur dur et le camel sonne creux.
J'en profite pour demander bêtement "Y a plus de montée après?" "Non non, un grand plat et la descente finale"
Comment se rassurer !
Je cours ce fameux plat en en gardant un poil (mais pas grand chose) au cas ou.
Histoire de pouvoir bluffer un éventuel poursuivant.
Je pense tenir le 12km/h mais qu'il est long ce plat! Aucune ligne droite de plus de 200m, donc aucun moyen de surveiller derrière.
Je commence à avoir les mêmes sensations que sur du long, cette envie présente de voir la ligne d'arrivée, un peu raz le bol.
Mais pas pour les mêmes raisons que d'habitude, là, la fatigue est plutôt nerveuse, ce type de pression m'est inconnue, c'est grisant certe, mais très prenant...
Enfin la descente annoncée se découvre dans à 180° gauche, et je lache tout ce qui reste sans me retourner.
Une montée sur la crête me coupe un peu les pattes, mais j'entends alors le haut parleur du speaker, et tout repart.
J'en termine enfin, large sourir en franchissant cette ligne. Pfffffffff décompression!
Je retrouve le jeune grimpeur, on se félicite, et je lui dis qu'il a bien caché son jeux! Il a fait une sacrée descente.
Il me dit qu'il pensait me voir arriver et qu'il a envoyé tout ce qu'il pouvait, si bien qu'il a rattrapé le premier concurent et à gagné le trail!
Le deux se sont tirés une sacrée boure sur le plat et m'ont finalement claqué un écart conséquent sur la fin de course.
Je gouterais à mon premier podium, scratch qui plus est, les vacances commencent bien!
Le jus de pomme offert aux finishers est une tuerie! Le miel de Montmaur est divin.
Merci à l'organisation, à l'année prochaine.
ANALYSE POST-COURSE:
1. Je cherche plutot à être finisher d'habitude, 30 ou 40ème peut importe, mais là, dès que l'ont touche à une place d'honneur, je peux vous dire que vous vous laisserez prendre au jeux.
2. J'admire encore plus les cadores du trail, surtout de l'ultra-trail, vous savez à quel point notre esprit travaille et est complètement accaparé par la gestion de course pour arriver au bout, gérer ce petit coup de moud, nous faire repatir du ravito... Alors maintenant que j'ai vu la prise de tête pour incorporer une "stratégie de course", ou "garder sa place", je me demande encore plus comment ils font. C'est épuisant.
3. Ce petit jeux sur une courte distance (30kms) a le côté plaisant que je ne me suis plus poser les questions habituelles! J'ai l'impression d'avoir "survoler la course", dans le sens ou j'étais détaché des contraintes de base car accaparé à autre chose. Par contre à moyen terme je serais allé dans le mur, oubliant mes règles de gestion de l'effort au fur et à mesure.
4. La courte distance ne m'attire pas, mais force et de constater que c'est là ou je suis le plus performant (pas par rapport à ma place mais par rapport aux stats de rodio sur d'autres courses). Je ne sais toujours pas comment interpréter la chose, mais là je confirme. Un petit plus, j'ai pris du plaisir sur cette course, et je ne souhaitais pas qu'elle ne dure 20kms de plus!
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5 commentaires
Commentaire de TomTrailRunner posté le 29-07-2010 à 01:28:00
Apparemment cette "nouvelle" dimension te plait bien :-)
Bravo pour ta course au feeling ;-)
Commentaire de Yannick74 posté le 29-07-2010 à 12:21:00
Je ne pense pas y regouter de sitôt ! ;)
C'était exceptionnel.
Commentaire de jepipote posté le 29-07-2010 à 12:53:00
tu auras au moins la chance de pouvoir dire "je l'ai vécu". félicitations.
Commentaire de millénium posté le 31-07-2010 à 16:36:00
Et ben ! Très belle perf !
BRAVO
Commentaire de raspoutine 05 posté le 02-08-2010 à 08:26:00
J'étais à la salle des fêtes pour vous voir arriver, un peu triste de n'avoir pu vous accompagner sur ce superbe trail, très divers et très technique comme tu le racontes.
On vous voyait arriver depuis le réservoir, ça attaquait sec au bout des 30 km !
Sinon, l'arrivée des concurrents avec le dossard en boule dans la main... Il sera sûrement plus solide l'année prochaine... (sourires)
En tout cas, félicitations pour ta course si bien menée et ta place sur le podium. Et merci pour ton récit, du vrai live en tête de course !
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