Récit de la course : Raid Dentelles du Ventoux - 56 km 2010, par leeson

L'auteur : leeson

La course : Raid Dentelles du Ventoux - 56 km

Date : 15/5/2010

Lieu : Gigondas (Vaucluse)

Affichage : 1764 vues

Distance : 56km

Objectif : Pas d'objectif

2 commentaires

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Un genou dans le Ventoux

Préambule :

Noël 2009 sous le sapin une enveloppe avec à l’intérieur une publicité sur le raid du Ventoux, voilà comment je me suis retrouvé inscrit sur cette course qui se déroulera le 15 Mai 2010.

 La préparation :

Je commence donc la préparation dès le début de l’année avec un entrainement plus orienté « trail ». Jusqu'à présent je n’avais fait que des « trailhounets » de 20km. Je vais donc chosir des trails un peu plus long pour me préparer comme le trail de Font-Romeu, le trail des forgerons, la Verticausse et le test final de 40km en Avril lors du trail des Citadelles.

 Le doute :

Quelques semaines avant le raid je suis plutôt « inquiet » sans savoir si je serais capable de boucler cette distance encore jamais réalisé et surtout assez impressionné par l’ascension du Ventoux tant vanté lors des étapes du tour de France. Mon sac sera defait, refait, testé, pesé exploré plusieurs fois pour être sur de ne rien oublier.

La météo aussi est un critère de taille sur ce genre d’épreuve et elle se revelera même incertaine jusqu’au derniers moment.

 Le briefing :

La veille le président de l’organisation jette un froid : « finalement on conserve l’ascension du Ventoux malgré une météo et des conditions difficiles car de nombreux coureurs viennent de très loin pour courir sur le Ventoux (Allemagne, Belgique, Espagne et même de La Réunion), la météo annonce du vent à 80km/h, -1°C au sommet et  d’importants passage dans la neige.

 La course :

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 Départ à 8h30 pour le 56km l'ambiance est donné à l'entrée de Bedoin:

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, dommage aucun fléchage pour guider jusqu’au départ L et sur place quasiment personne, au final il y aura seulement 120 coureurs sur cette course.

 

Contrôle du matériel obligatoire par l’organisation : Aspi-Venin, Sifflet, couverture de survie, lampe, anti-septique et de qui se ravitailler. Au loin on aperçoit le Ventoux, ce géant de Provence dont le sommet est caché dans les nuages.

 

Le départ est donné

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avec un peu d’avance : tant pis pour les retardataires…

Comme d’habitude je pars tranquillement en queue de peloton sans vraiment savoir à quoi m’attendre et l’ascension qui commence à peine deux kilomètres après le départ.

Je me présente au pieds de cette ascension: "effrayé" Eminem - I am not affraid: http://www.youtube.com/watch?v=AX9MDuYRymE

 

Au pied du Ventoux,

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 il fait déjà chaud malgré l’heure matinale, je retire déjà mon blouson et mon tee shirt à manches longues. L’utilisation des bâtons est essentiel à mon point de vue sur ce genre de parcours, je prevoit 4h00 pour l’ascension mais je ne regarde pas vraiment mon chrono puisque aujourd’hui l’essentiel est bien d’arriver au bout.

Ambiance bucolique dans la montée:

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 Je rencontre un kikoureur venue de Paris qui court sur le 100km qui est parti depuis Gigondas à 4h30 : respect !!!

 

Je m’arrête de temps en temps pour prendre des photos et m’hydrater car il fait vraiment chaud à mi-ascension ou plutôt pour le week end de l'ascension. Au fur et à mesure de la montée je commence à remettre quelques couches et même les gants quand on arrive dans la brume,

Les arbres sont givrés, comme nous tous d'ailleurs:

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 maintenant le paysage est bouché par moment il devient même difficile de s’orienter.

Ambiance en haut du Ventoux:

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Je m’étonne d’être déjà rendu au sommet au bout de 2h30 de course aidé par des spectateurs qui m’indiquent la direction à suivre dans cette purée de pois et un vent qui vous ballottent dans tout les sens.

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Une photo pour immortaliser cette ascension:

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 Arrêt au ravito, une soupe de potiron qui fait le plus grand bien, je rempli mes bidons sans m’attarder car le climat est vraiment glacial. Pour repartir, ce sont aussi des spectateurs qui m’indiquent le bon chemin, en redescendant on voit plus de vélo que de coureurs.

 

Au sein d’un petit groupe de 3 coureurs nous reprenons un sentier maculé de neige fondante qui offre de belles glissades avec quelques frayeurs car la pente est vraiment raide à flanc de Ventoux la neige est bien là et surtout très glissante:

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J’essaye de descendre au plus vite car les bénévoles nous ont promis le soleil en bas, et effectivement au fur et à mesure de la descente on sens la chaleur qui remontent. Le paysage change assez vite, beaucoup moins de cailloux et maintenant c’est un sentier au fond de la forêt du Ventoux. Je profites d’un chemin assez large et lisse pour accélérer un peu, je me sens bien mais déjà un peu seul…rien pas un bruit pas un coureurs et plus de rubalise !!! Je me suis planté de chemin, je regarde autour de moi avant de faire demi-tour et de retrouver 1,5 kilomètres plus loin le croisement que j’ai raté. J’accélère pour essayer de rattraper du monde en me disant que à plusieurs ça sera plus facile pour s’orienter. Au bout d’un petit sentier j’aperçois un coureur mais je ne vois plus de rubalise, il semble perdu aussi !!! Nous rebroussons chemin, pour récupérer un autre coureur égaré lui aussi. Encore 500m à contresens et un autre coureur égaré pour reprendre le bon chemin, tout les 3 d’accord pour dire qu’il était impossible de voir ce changement de direction. Enervé par ce contre temps je décide de lâcher mes compères d’infortune en essayant d’être plus vigilant, à un carrefour de trois chemins je vois bien une dernière rubalise mais rien qui permet de savoir quelle direction choisir. Alors je repars au hasard, heureusement cette fois-ci avec plus de chance.

Une photo pour le fun mais déjà bien fatigué:

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Après 3 demi-tour et 18km de descente depuis le sommet du Ventoux, j’arrive au ravito de Rissas, les bénévoles sont souriant et très accueillant, je m’assois quelques instant en écoutant un coureur raconter sa préparation pour le prochain UTMB.

 

J’appelle ma chérie et ses parents pour leur donner rdv au ravitos de Malaucène dans 1h30 environ, Estelle doit courir avec moi jusqu'à l’arrivée à Gigondas. Le moral est bon mais le temps est des fois un peu long a courir comme ça tout seul sans voir personnes uniquement à chercher la rubalise en essayant de ne pas se perdre et surtout faire trop de kilomètres inutiles qui m’éloignent de mon objectif : arriver à Gigondas. Maintenant les pentes sont plus douces mais je commence à ressentir une douleur au genou droit comme sur la fin du trail des citadelles. En montée pas de problème j’arrive à bien trottiner mais en descente la douleur devient vraiment pesante. Il me tarde d’arriver à Malaucène, je ne m’arrête même plus pour profiter du paysage ni prendre de photos, je regarde le parcours au loin et je crains les prochaines descentes. J’essaye de calculer encore 25kilometres environ jusqu’à l’arrivée. En descente je suis même obligé de marcher en m’appuyant le plus possible sur mes bâtons. Alors je me dit qu’il est plus raisonnable d’arrêter là, je n’ai pas envie de rejoindre Gigondas en marchant, je suis venu ici pour courir par pour faire une randonnée, ma décision est prise, je détache mon dossard au prochain ravitaillement pour la première fois sur une course.

Au loin sur un sentier j’aperçois Estelle, qui me rejoins en courant contente de me retrouver enfin après m’avoir raté au sommet du Ventoux, impatiente elle de venir courir avec moi et de découvrir les sentiers des dentelles. Mais pour moi impossible de continuer, elle me demande d’attendre un peu, d’aller voir un kiné et de décider plus tard. Sous la tente des secours il y a quelques coureurs qui attendent pour repartir en voiture sur gigondas. Le massage me fait du bien, mais le kiné n’arrive pas à me strapper, a priori l’elasto n’arrive pas à tenir à cause de la crème qu’il a appliquer sur le genoux. Il commence à faire très froid et la tente est bien secouée par les bourrasques de mistral, je reprend un peu de soupe et je décide de repartir car je sais que Estelle a très envie de courir et qu’elle m’attend depuis le matin. Je change mes affaires trempée en décidant de repartir au moins jusqu’au prochain ravitos prévu dans 11 kilomètres seulement.

Cette chanson est parfaitement adapté pour la suite de la course: Muse- Resistance: http://www.youtube.com/watch?v=TPE9uSFFxrI

Nous voilà donc reparti tout les deux dans le vent et le froid malgré un soleil omniprésent. L’effet du massage s’estompe assez vite et je commence à regretter ma décision, notre course se transforme assez vite en jeu de piste à chercher les rubalises trop peu présentes sur cette course , d’après les organisateurs à cause du vent et des passants ou propriétaires du coin qui enlèvent le fléchages.

Au loin on aperçoit les dentelles...que de chemin à parcourir:

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 Même pour les traversées de route il n’y a personne pour sécuriser ou faire ralentir les voituresL. Je suis vraiment au plus mal, je n’arrête pas de regarder ma montre pour suivre l’avancement jusqu’au prochain ravito, mais il semble que celui-ci ai disparu, à un moment on se demande même si ce point de ravitaillement n’est pas déjà remballé compte tenu de l’heure qui commence à être tardive, en réalité il faudra 15 kilomètres pour le  rejoindre.

Ici ils attachents les arbres à cause du vent, j'ai compris pourquoi:

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Arrivé enfin au dernier Point de Ravitaillement il n’y a pas de kiné, il va donc falloir repartir, de toute façon pas d’autres choix sauf celui de descendre en voiture et maintenant il n’en est plus question, le seul hic c’est que les 6 derniers kilomètres restant sont tout en descente. Par moment j’ai envie de me mettre les bâtons entre les dents pour essayer de penser à autres choses.

On était là haut, la descente fut laborieuse, genre papy qui s'appui sur ces bâtons comme sur une canne pour descendre:

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La nuit commence à arriver après 11h00 de "carche", c'est à dire marche avec une canne:

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Enfin nous arrivons dans le village, quelques spectateurs nous attendent dans le village, j’accélère en oubliant la douleur, en oubliant tout d’ailleurs puisque je sprint comme un malade en oubliant ma chérie qui m’a permis de tenir jusqu’au bout, pressé d’en finir et d’abréger mes souffrances.

 L’arrivée :

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A l’arrivée, on me remet mon diplôme et une médaille mais je n’ai qu’une envie : m’allonger et me faire masser le genoux afin d’estomper la douleur.

 

Je suis certes déçu de mon temps car je me sentais bien physiquement, même pas de crampes et les jambes « légères » mais tout de même content d’avoir vécu ce trail avec des paysages magnifiques (surtout les deux premiers tiers) et aussi une certaine fierté d’être allé au bout.

 Bilan :

Les plus :

-La gentillesse des organisateurs et des bénévoles

-Le plaisir de courir pour une œuvre caritative.

-La beauté des paysages

-La variété du parcours : sentiers, éboulis, neige

-Les ravitos très complets : soupe, jambon, fromage, fruits secs, glucose etc…

-Le plaisir de finir le reste de la course avec ma chérie

-Un superbe week-end en Provence

 

Les moins :

-Pour ma part le balisage est trop léger, je sais qu’en trail cela fait partie du jeu mais ce n’est pas non plus une course d’orientation.

-Les 4 kilomètres supplémentaires sur le parcours.

 

Maintenant, reste à trouver un remède pour le genou: bilan apres analyse instabilité rotulienne 

http://www.youtube.com/watch?v=qrOeGCJdZe4 

 prochaines aventures : le trail des 3pics et le marathon des Burons programmé en Juin.

Le mot de la fin en musique:

http://www.youtube.com/watch?v=E1nbvplgElw

2 commentaires

Commentaire de chris78 posté le 04-06-2010 à 14:25:00

Impressionantes les photos !!! Merci Cyril pour ce témoignage !! Bravo pour avoir terminé cette course avec ces conditions climatiques et surtout le manque de balisage. Il faut avoir un grand mental pour continuer à courir malgre la fatigue et en ayant de gros doutes sur l'itinéraire à prendre !! Bonne prepa pour le GRP !!
Bisous

Commentaire de Marlène/Mô posté le 06-06-2010 à 19:34:00

Bravo pour avoir fini. Tu as vaincu le Ventoux !
bonne récup à la rotule, et @+

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